Le coup fit voler Hura à même le sol. Elle secoua la tête et s’essuya le nez d’un revers de main. Du haut de ses six ans, son père venait de la gifler avec toute sa force qu'il avait pour la punir de sa distraction.Hura. La petite dernière, celle née durant une pleine lune. Celle dont le père ne savait pas quoi faire, sans doute un bon mariage, enfin, il avait déjà sans doute trop bien mariée ses sœurs aînées. Cependant il avait d'énormes doutes sur sa capacités même à tenir autre chose que sa propre personne La petite était si perdue dans ses rêves et ses pensées, qu’elle prenait par la lame la moindre arme. Et l’instructeur qui subissait sa présence depuis deux ans n’arrivait à rien. Et pourtant la petite était intelligente, enfin, il croyait… Il l’avait vu lire des livres plus gros qu’elle, s’intéresser à des langues. Son précepteur en était content sur certains points ! Elle apprenait les langues plus vite que tous ses frères et sœurs et était passionnée d’histoire et de géographie. Du haut de ses six ans, elle parlait déjà le braavien, et le haut-valyrien. Elle apprendrait plus tard le Westerosi.

« Petite idiote ! »

Hura se recroquevilla sur elle-même lorsque sa sœur lui administrait une série de coup de pieds dont un en plein visage. Non, nul amour entre Hura et le reste de sa fratrie. Son père faisait tout pour la cacher. Du haut de ses huit ans, il estimait qu’elle était une perte de temps et était persuadé qu’elle n’était pas de lui malgré les promesses de son épouse, qui se chargeait tant bien que mal de l'éducation de sa petite dernière. Mais qu’est-ce qu’il clochait avec cette gamine. Les armes ne marchaient pas… Soit ! Il essayait de la mettre aux services de ses sœurs ! Mais elle était une catastrophe ambulante, à part broder de jolis motifs quand on lui demandait… Elle déchirait les robes, les tachait, comme à cet instant elle venait de renverser une coupe de vin sur la toilette jaune de sa sœur, les nettoyait mal… Non, rien n’allait. Alors que cela ses frères, ses sœurs ou même ses parents, s’il y en avait un pour lui faire une crasse elle était faite. Elle se prenait, coup moqueries, insultes… même des quelques serviteurs bien que ceux-ci soient légèrement plus discrets. Le seul qui semblait l’apprécier un tant soit peu… c’était le précepteur. Après le Haut-Valyrien, le braavien, voilà qu'on lui avait appris, enfin surtout sa mère, le Westerosi. Cette jeune rêveuse, en plus d’être douée avec les histoires dessinait très bien. Mais ce n’était pas grave si on ne l’aimait, elle pouvait s’asseoir à sa fenêtre, ou grimper sur les toits, pour regarder les étoiles et le ciel nocturne et leur raconter des histoires. Ou écouter les leur. Celles aussi que le vent portait.

Scène d’agression sur mineur:

Ce fut après cette période que les affaires commencèrent à mal tourner pour son père, de mauvais investissements, des navires qui ne revinrent pas… Bien des mauvaises choses durant les années suivantes Il a trop honte, son père. Trop honte de Hura… Il n’en peut plus de cette enfant qui ne fait que lui causer des soucis, même lorsqu’elle ne fait rien, elle est gênante ! Que devait-il faire de ce fardeau ?! Ses fils prenaient leur place dans ses affaires, bien que mauvaises, il ne lâchait rien, ses autres filles mariées à d’excellents partis, des mariages trop beaux qui lui avaient coûté les bénéfices de ses investissements et ses réserves !, et il lui restait Hura. Il finit par trouver une solution… Elle avait seize ans. Seize ans quand il la vendit discrètement à un bordel, parce qu’elle lui faisait honte, mais aussi parce qu’il avait besoin de renflouer ses caisses durement impactées par de mauvais placements. Il n'y avait presque plus de serviteurs ou de gardes dans cette demeure, La mère maintenant obligée de cuisiner, nettoyer à la place de serviteurs… Quel désenchantement !. Il ne fallait pas mentir. Hura y arriva, elle avait déçu son père et toute sa famille, mais elle ne les avait jamais aimés… Alors… un bordel… Est-ce que cela pouvait être pire ? En réalité, pas tant que cela ! Elle mangeait bien plus à sa faim que chez elle, elle n’avait pas de coups… Si le gérant aurait voulu qu’elle se mette tout de suite au travail, la maquerelle préféra attendre un peu, la petite racontait bien les histoires et cela faisait rester et consommer les clients ! Alors elle attendit un peu, la laissant dans la salle, raconter les histoires, aidant ses collègues à s’habiller, se soigner… Et apprendre le métier avec elles après tout. Elle ne devait pas rester à faire l’étoile de mer après tout. Elle fit sa première passe à dix-sept ans.

Elle avait tout juste vingt ans lorsqu’elle dut faire appelle à une guérisseuse… Celle des bordels. Elle avait dans son ventre une petite vie qui grandissait… et cela elle ne devait pas ! Alors elle s’approcha de la guérisseuse et lui offrit une partie de ce qu’elle avait réussi à économiser durant ses années de travail pour payer ses services et se sauver la mise. C’est bien ainsi qu’elle rencontra sa lumière des étoiles, celle-ci lui sauva la vie et elle ne put qu’avoir envie de rester à ses côtés. Les prostituées étaient gentilles entre elle, Hura les amusaient avec ses histoires et aidait toujours sans rechigner. Mais avec sa Lumière c’était différent.

Et alors, elle leva les mains vers le ciel et les étoiles se déposèrent dans ses yeux. Elle savait ce que cela impliquait pour tout un peuple… mais elle l’avait fait.

Elle glissa un regard vers son amour une fraction de seconde alors qu’elle venait de terminer son histoire. Il eut quelques secondes de suspens avant que les hommes applaudissent et en réclament, comme d’habitude la suite. Elle la promit pour le lendemain alors que certains montaient déjà avec des prostituées dans les chambres. L’un d’eux prit Hura par les épaules, baissant la bretelle de sa robe pour embrasser et caresser toute la peau disponible. La jeune fille glissa son regard vers sa belle, désolée, avant d’aller faire sa passe sans rechigner. Dès que la soirée finie, elle courut se réfugier en pleurs dans les bras de son aimée. L’un des hommes avait la même odeur que le soldat… Plusieurs fois, elle se réveillait en sursaut, trempée de sueur sans parler de sa jeunesse. Elle se réfugiait dans les bras de son étoile en attendant que la terreur passe.

Peut-être avait-elle mérité de finir ainsi… Étendue sur les pierres, le sang glissant sur son visage alors que son regard flottait sur le ciel obscur. Mais n’avait-elle pas assez souffert ? Soit… Ainsi elle se sacrifierait une nouvelle fois pour ceux lui ayant fait du mal…

La nouvelle histoire du jour. Elle en inventait aussi facilement qu’elle respirait. Des histoires tristes, joyeuses, amusantes, sexuelles parfois… Elles économisaient, les deux jeunes femmes, pour racheter leur liberté… Ce qui finit par se faire, mais sans qu’elles aient besoin de dépenser leur or durement gagné.

Lorsque la guerre arriva, les histoires marchèrent moins… Et Bientôt il n’eut plus que des passes avec des soldats… Le tigre… tout cela… Hura restait surtout entre le bordel et la taverne où parfois elle allait boire un peu… Et après le tigre… Ce fut les Valyriens et, celui dont elle ne retenait pas le nom et qu’elle appelait Patrick, qui lança une nouvelle guerre. Autant dire que Hura restait dans son coin, refusant de se frotter à une quelconque politique ou arme.

Le petit tournant, encore un, de cette histoire ce fut lorsqu’avec son étoile, elles se faufilèrent dans un bateau et dans ses voiles pour regarder les étoiles… S’y endormant… Elles finirent par se réveiller en pleine mer, au milieu d’un équipage médusé… Autant dire que Hura fut tout à fait ravie d’avoir quitté Braavos et le bordel… Et puis elle avait de l’argent en poche maintenant ! Elle qui gardait toujours ses économies sur elle. Et bien maintenant ! Bienvenu sur le fameux d navire des Chattes Humides !