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- Ouest : Gp_Ouest
- Orage : Gp_Orage
- Bief : Gp_Bief
- Bief Fédéré : Gp_BiefFed
- Dorne Martell : Gp_Dorne
- Peyredragon : Gp_Peyredragon
- Etranger : Gp_Etranger
- Conflans Fédéré : Gp_ConflansFed
- Empire : Gp_Empire
- Foi : Gp_Foi
- Dorne Allyrion : Gp_DorneA
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Bridget Regan est <a href="/t9931-ar" target=_blank"><span class="Gp_Orage">Argella Durrandon</span></a> - Scénario pris

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Argella Durrandon - Reine Fédérée de l'Orage - <a href="/t9931-ar" target=_blank" >Scénario Pris</a>

Elle avait été bien décidée à se battre et tant pis si Wensington devait devenir son tombeau. Il était hors de question qu’elle ne laisse son Royaume à l’envahisseur Bieffois. La défaite à Malefosse avait déjà été particulièrement difficile à avaler. Elle avait joué, se ruant sur son adversaire comme elle l’avait toujours fait, sans attendre que l’Empire lui vienne en aide. Aujourd’hui, elle priait pour qu’il lui sauve la mise tant la situation était devenue désespérée. Impulsive, elle l’avait toujours été. Elle tenait cela de son cher père, Argilac, qui n’avait jamais réussi à faire entendre raison sa tendre fille. Avec du recul, il avait probablement essayé de faire de sa fille une personne plus réfléchie sur les conseils de sa mère, Rowenna, pour qu’elle soit plus sage dans ses décisions. Mais leur ressemblance avait perduré, et le caractère d’Argella s’était affirmé, rendant son père indubitablement fier d’avoir une fille aussi tempétueuse que lui. Cette ressemblance était ce qui faisait perdurer la mémoire du feu Roi de l’Orage. Il était mort comme il avait vécu, en combattant. Et sa fille suivait le même chemin.

Allait-elle mourir sur le champ de bataille comme son paternel ? Sa main trouva rapidement son ventre qu’elle couva de ses doigts pour le protéger. Elle n’était pas prête à partir, pas tout de suite, pas maintenant. Même si mourir en défendant son Royaume était une mort des plus honorables, elle n’était pas prête à disparaitre. Qu’aurait-elle laissé dans son sillage ? Comment se souviendrait-on d’elle ? Et le ferait-on seulement ? Sans enfant pour rendre hommage à sa vie, elle finirait dans le néant. Et son Royaume rejoindrait celui du Bief, enfonçant une épine particulièrement massive dans le pied de l’Empire et des personnes qu’elle chérissait tant. Ses doigts se serrèrent sur la maille qui recouvrait son ventre. Il était impensable qu’elle disparaisse tout de suite, pas comme ça. Elle ne pouvait pas perdre le Royaume de l’Orage, pour lequel son père avait perdu la vie.

Non.

Mais une guerre ne se menait pas qu’avec la détermination. Les armées du Bief étaient violentes, malines, et ne lui laissaient pas de répit. Elle devait décider de la suite des évènements alors que l’armée de l’Orage se battait farouchement. Ses hommes étaient affamés, affaiblis, et bien moins déterminés qu’au commencement de la campagne. Elle le voyait dans leurs regards, dans leurs postures. Il n’était plus question de combattre l’envahisseur, mais de négocier, d’après eux, car la victoire n’était plus qu’une illusion qu’ils ne parviendraient pas à atteindre. Et même si Argella aurait souhaité y croire, elle était incapable de mener cette guerre seule, armée de son désir féroce de repousser les Bieffois. Si ses seigneurs ne la suivaient pas, elle avait perdu.

Sous sa tente de commandement, Argella dardait sur chacun de ses hommes un regard anxieux. Les seigneurs qui lui faisaient face, se tenaient difficilement sur leurs jambes, tenant de ci et de là, des blessures à peine bandées. La Reine, couverte de saleté et de sang séché, ne pouvait plus nier l’évidence. Dehors, elle entendait les gémissements et les hurlements de ses hommes qui se tordaient sur le champ de bataille, vociférant leur douleur et leur désespoir face à ce qu’il restait de l’armée Orageoise. Ces hurlements déchirants lui retournaient l’estomac, tandis qu’elle se tenait droite, une main sur son ventre comme si elle voulait taire ces cris au témoin invisible de sa défaite. Amaigrie tout comme chacun de ses hommes, Argella voulu faire face mais l’évidence était belle et bien là : Elle avait perdue. Si elle poursuivait ce combat, l’Orage serait écrasé, détruit, pulvérisé. Elle ne pouvait pas laisser cela arriver. Pour la mémoire de son père. Pour l’avenir de son enfant.

Les envoyés du Roi du Bief vinrent la trouver alors qu’elle tenait son dernier conseil de guerre. Malgré l’espoir qu’elle avait voulu conserver, elle n’était pas aveugle et pouvait aisément discerner la résignation dans les prunelles des hommes de son Royaume.

Elle laissa choir son épée à ses pieds.  

Ce qu’il se passa ensuite, elle ne s’en souvint pas tout de suite. Une telle fureur sourde l’habitait et elle eut envie de se jeter au visage du premier homme qui vint à sa rencontre, lui saisissant brusquement le bras. Elle se souvient avoir eu un geste de recul et, par réflexe, avoir frappé l’homme qui avait posé la main sur elle.

« — Ne me touchez pas ! » Vociféra-t-elle au premier et alors qu’un autre se précipitait sur elle pour la maitriser. Il eut un moment d’hésitation, cherchant à savoir s’il pouvait risquer d’être giflé de la même manière que son confrère. Dardant un regard noir sur lui, elle poursuivit d’une voix forte « Je sais marcher, vous n’avez pas intérêt à me tenir. Même désarmée je peux aisément vous arracher la peau. » Grinça-t-elle en le toisant de haut en bas.

L’homme fut piqué au vif et fut sur le point de l’attraper par pure provocation mais il n’en fit rien. Fulminante de rage, Argella se redressa et tenta de ne pas montrer cette fureur qui l’habitait, mais son corps tremblait et son cœur battait dans sa poitrine. Elle savait que si elle essayait quoi que ce soit, elle risquerait gros. Elle était impulsive mais pas stupide, aussi elle s’abstint, se mordant les joues avec fureur pour ne pas leur cracher au visage. Elle ne leur donnerait pas le loisir de la voir les supplier non plus. Elle consentit simplement à s’extirper de la tente et à les suivre, sous les regards voilés de ses hommes.

Les jours passèrent en captivité, et chaque jour on venait lui annoncer les nouvelles. Elle n’était pas coupée du monde mais peut-être aurait-elle dû. Les conseils et négociations avec le couple royal du Bief achevèrent de lui ôter toute énergie. Le manque de repos, de nourriture et l’angoisse qui la tourmentait à toute heure, eut raison du petit être qui grandissait en elle. Et alors qu’elle s’agitait comme une folle dans son lit en pleine nuit, prise en étau dans un cauchemar de sang et de guerre, elle fut subitement réveillée par une vive douleur et une sensation d’humidité dans ses couvertures. Quand on alluma les bougies, elle découvrit avec horreur que ses cuisses étaient maculées de sang. Elle s’était mise à hurler en pleine nuit, hurler de chagrin, hurler de fureur. Car elle avait à nouveau perdu son bébé. Pourquoi les Sept s’acharnaient tant contre elle ?

Elle avait refusé que l’on retire ses draps jusqu’au petit matin, refusant qu’on lui enlève sa chair. Elle en voulait à la terre entière mais encore plus au Bief car elle les tenait pour responsable de tous ses malheurs. Quelques jours après, on vint lui conter les mots du Roi Consort. Il la répudiait et répudiait son enfant à naître. Cela lui fit encore plus mal, alors que cet enfant avait cessé de grandir dans ses reins. Il y était mort. Devait-elle y voir le symbole de son Royaume ? Par deux fois, elle avait été enceinte de pleutres auxquels elle avait tenu serment, et par deux fois elle avait perdu l’être innocent qui avait germé en elle. Que cela voulait-il dire ? La jeune femme en vint à imaginer à nouveau l’homme qu’elle avait désiré le plus ardemment, il y a quelques années de cela. Aurait-elle pu garder l’enfant de Kevan Gardener ? S’il l’avait rejoint plus tôt, peut-être sa vie aurait-elle été différente.

Argella échappa un long soupir. Elle n’avait même pas la force de pleurer la perte de son enfant, l’éloignement de son mari ne lui arracha rien d’autre qu’une grimace. La rage qui aurait dû l’habiter face à la trahison, de son mari, lui donnait l’irrésistible envie de rire. Un rire hystérique qui n’irait que rajouter des rumeurs de folie chez la Reine de l’Orage. Et Reine de quoi désormais ? D’un royaume affamé, humilié et détruit. Que pouvait-elle espérer désormais ?