Impossible de nier que quelque chose s'est illuminé sur son gracieux visage par trop gracile pour le rôle de bouchère des océans qu'elle s'est attribuée pour des raisons qui lui sont propres. Inutile de nier l'évidence. Ses yeux se sont bel et bien éclairés d'un éclat vivace alors qu'elle m'évoque ses gredins et ses gibiers de potence de marins. Elle les aime cela ne fait aucun doute. Et ces derniers le lui rendent avec une ferveur certaine si je me fie à l'incident de tout à l'heure. Mon admiration pour cette jeune femme m'ayant poussé à me présenter moi illustre seigneur de ces terres septentrionales au chevet de cette barbare dans cette vulgaire bicoque n'en ressort que renforcé. Mais, une partie de moi préfèrerait souffrir de la soif entre Denfert et le Tor plutôt que de le reconnaitre. J'effectue aussi le constat mécanique par habitude qu'elle est bien mal en point et qu'elle serait bien plus efficacement soignée dans ma demeure là ou elle ne souffrirait ni de la faim ni de la soif et aurait des serviteurs pour pallier à tous ses besoins. "Et cela fait de vous une excellente commandante car il n'y a rien de pire que les officiers incapables de montrer l'exemple." Un rire flutée aussi chantant que celui d'une véritable femme capable de minauderie face à un homme. Ainsi, la tueuse des océans était également capable de réagir de la sorte. "Cela doit s'avérer d'autant plus délicat que vous êtes une femme et qu'ils ont des instincts bien masculins. Cependant, je vous fais confiance et ne m'inquiète donc guère pour les villageoises de mon fief." L'apaisement verbal des instants précédents ne tarde pas à s'effacer face à sa mention de l'hospitalité. Intérieurement, je me reproche ce tic du visage bien que déjà effacé. Suis-je trop susceptible ou la capitaine ne possède t'elle pas le moindre tact politique face à une situation profondément détestable pour tout local se respectant ?

Elle semble du reste comprendre prestement sa bourde puisqu'elle s'excuse dans la foulée. Je ne relève en rien le gant car cela reviendrait à reconnaitre quelque chose que j'ai cherché à enfouir sous un masque impassible. Me contraignant à me parer d'un sourire amusé, je contemple le reflet de ce sourire sur son visage d'albâtre à peine marqué par la puissance de l'astre flamboyant dominateur en nos rivages. "Eh bien. Eh bien ! Vous avez du en bavé pour parvenir à ce rang si prestigieux. C'est hélas le lot de toute femme souhaitant accomplir œuvre d'hommes en ce bas monde. Pour moi une femme peut faire aussi bien si ce n'est mieux que moi. Sauf dans un seul domaine celui du combat individuel. Mais, il faut dire que je suis un Dornien et que la princesse Nymeria nous a apporté une nouvelle manière de voir les choses. Nous ignorons tous tout des desseins des Dieux. Bien sur, la fonction colle à la peau comme le miel avec les abeilles." Mon regard se détourne naturellement suite à sa demande relative à son surnom dégradant. Oh vous pensiez qu'un seigneur capable de pénétrer sur les lieux de la convalescence d'une femme serait dénué de scrupule à user de pareil vocabulaire. Encore une erreur à votre actif. Je dois prendre sur moi de toussoter pour m'éclaircir la gorge avant de finalement reprendre. "Ils disent qu'elle est féroce, implacable, assoiffée de sang, qu'elle ne tolère pas le moindre manquement à la discipline alors qu'elle même est parfois bien indisciplinée et qu'elle cherche toujours à s'attirer toute la gloire."


Reportant finalement mon attention sur la veuve, je me permets d'observer sa pitance d'un regard peu appréciateur. Il vaudrait réellement mieux pour elle qu'elle accepte de venir à Spectremont. Mais, elle avait l'air du genre acharnée et n'appréciait guère les Dorniens. Ce que je ne pouvais point lui reprocher au vu de la réciprocité du fait. "Si vous suivez la faim alors vous ne vous rétablirez pas car nul malade n'a jamais trouvé appétit comme si le mal par ruse souhaitait le maintenir dans l'état le plus vulnérable. Mais, je ne puis vous y contraindre. Il est fort naturel que votre contrée vous manque car c'est votre origine. Les proches représentent le ciment qui nous lie à un sol. Ma bataille favorite alors... Celle de Lancéhélion de l'an dernier. Les fer nés ces pillards des mers ont osé souillé notre sol en s'attaquant à la capitale elle même. Si la bataille fut brouillone car menée de nuit dans un chaos total défendre mon pays en son coeur fut un honneur indiscible. Menant des hommes dans les rues ce fut un bain de sang incomparable. Je me souviens l'adrénaline, la rage, la crainte de voir le port bruler entièrement, la témérité et la soif de sang. J'ai équarri une demi douzaine de fer nés en presqu'autant de minutes mais je n'eus que peu de mérite harnaché de pied en cap face à des fantassins peu protégés. Elle est ma préférée car j'ai senti tout Dorne unie face à un ennemi insidieux et que ma contrée n'est point familière d'une telle solidarité. Parlez moi de l'est. Je n'y ai jamais mis les pieds. Racontez moi."

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Impossible de ne pas suivre la direction de son regard suite à mon compliment sur ses capacités de commandement. Ses prunelles semblent rechercher quelque chose par la fenêtre la plus proche et je ne puis que me figurer qu'il s'agisse de son navire de guerre. L'un des plus terribles de la flotte Valyrienne selon les rumeurs qui étaient parvenues jusqu'à mes oreilles. Il s'agit donc bien d'une véritable marin car elle semble avoir l'océan dans le sang. Pour ma part bien que seigneur d'un domaine côtier, je n'avais absolument pas le pied fait pour la navigation. Et ce à l'instar de la plupart de mes pairs au sein du royaume. Elle ne saurait le discerner depuis sa position car le port est bien loin d'ici. "Les affres de la bravoure représentent des marques de qualité qu'importe la douleur qu'elles entrainent capitaine. Cessez de vous dévalorisez de la sorte. Cela donne l'impression que vous cautionnez les propos désobligeants à votre encontre. Or ceux ci me semblent immérités."

Quelque peu gêné par son observation personnelle de ses blessures, je détourne le regard l'espace d'un instant pour le fixer sur la fenêtre à travers laquelle l'on pouvait déceler les ruelles du bourg situé en contrebas de ma forteresse immaculée. Conformément à nos coutumes, la population est confinée chez elle en raison de l'ardeur de la chaleur. Le crépuscule devrait voir l'agitation revenir en ces lieux. "Il est vrai que cette profession sert aux hommes n'ayant point d'autres expectatives. Ils n'ont donc pas d'excuses. Votre sens de la discipline me semble aussi radical que le mien." Tandis que la Valryienne convalescente chassait sa soif en s'abreuvant d'une coupe d'eau fraiche, je lissai ma barbe d'un geste familier. Je me fais par ailleurs la réflexion que lorsqu'elle sourit son visage change du tout au tout. Passant d'une mine revêche et agressive à un minois charmant et solaire. Je lui rends par conséquent son sourire avant de répondre. "Oh mais je ne vous comprends que trop bien capitaine. Si, mon rang m'oblige à de nombreuses responsabilités je me sens souvent bien plus chevalier que tout le reste."

Elle secoua vigoureusement du chef en guise de dénégation comme si elle refusait absolument ce que je lui avais rapporté. Elle semblait réfuter les langues de vipères avec la plus farouche énergie. "Je vois. Je me doutais bien qu'il s'agissait probablement de calomnies. Les hommes ne supportent que bien difficilement le joug ou les exploits d'une femme dans ce genre de domaine. Pour ma part, j'apprécie la gloire comme n'importe quel noble et peux parfois devenir cruel au point d'exiger beaucoup de sang. Des traits propres à mon peuple." Un sourire énigmatique s'impose sur mes traits tannés par le soleil alors que je l'écoute répondre à ma tirade sur ma bataille préférée. Mi triste mi mélancolique mi matois, ce simple étirement de mes lippes est suivi par un soupir alors que je porte ma propre coupe de vin à mes lèvres et en avale une rasade.

"Vous m'en dites beaucoup tout en m'en disant si peu. Tout cela relève du lieu commun. J'aurais apprécié que vous ne me parliez que de Volantis ou des ruines fumantes de l'antique Valyria mais avec plus de précision. Il y a bien peu de chance pour que je mène une armée pour envahir votre foyer vous savez. Il est bien normal que cela vous ait émue capitaine Cellarys. Ces potions sont atroces il est vrai. Permettez vous que je vous soulage quelque peu ? Parlez moi de vous capitaine. Il y a certainement des passions autre que la guerre dans ce cœur de guerrière. Parlez moi de vos aspirations." Puis, me levant je me dirige vers un sceau d'eau propre et fraiche avant de ramasser un linge sur un meuble et le tremper dedans. Une fois de retour auprès de la Valyrienne, je passe le linge sur son front avec délicatesse avant de le laisser sur son front. "Je vais faire venir mon mestre après ma visite. Vous êtes un élément précieux pour l'empire. Vous ne pouvez pas mourir aussi bêtement et surtout dans ma ville."  
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La gestuelle agitée de la Valyrienne trahissait un certain mal être que j'associais de facto à son état de santé relativement complexe. La bicoque se situait pourtant à l'ombre d'une modeste oliveraie ce qui représentait un avantage certain pour la fraicheur. Chose ne pouvant que lui ètre hautement salutaire. Pourtant, nul besoin d'avoir fait des études de mestre pour se rendre compte que quelque chose cloche. Sa fièvre devait revenir à la charge à vitesse grand v. Pour avoir déjà veillé au chevet quelques malades de ma famille, je connaissais les gestes à effectuer mais rien de plus. "Cela constitue une attitude bien noble." Notre conversation présente couplée à sa réaction pleine de vivacité prouve qu'elle est bien une femme d'action que peu d'obstacles ne sauraient freiner. Une véritable force de la nature qui devait terrifier autant que susciter l'admiration en dépit des calomnies la visant. Seul ce genre d'accident malheureux la bloquait dans une immobilité dont elle ne devait pas être coutumière. "En effet, les filles de joie de mon bourg vont s'en mettre plein les poches. Elles sont notoirement dépensières aussi le commerce enrichira la place. Un cercle vertueux en somme. Vous avez raison pour la discipline. Nous autres officiers nous devons de montrer l'exemple qu'importe le poids de la charge." Si son histoire personnelle l'avait conduite à ce rang, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait d'une vocation et qu'elle serait la plus malheureuse des femmes si elle avait du se contenter de produire des héritiers et servir de trophée à un amiral vantard. 

"Cela doit aider en effet. Bien sur que cela ne plait pas. Le premier réflexe est de se sentir humilié. Cela est stupide. Mais c'est humain ou du moins les choses sont ainsi faites. La gloire est le ciment de la postérité. Il s'agit d'une récompense flattant l'orgueil. Ne pas y être sensible est une force. Le sang est la sueur des braves et le carburant des conflits. Je veux que le maximum de mes hommes s'en sortent mais ne lésine jamais sur les moyens de remporter une bataille." Je me fais finalement la réflexion que la brièveté de sa description de son continent d'origine ne provient probablement pas d'une envie de me laisser dans le flou un brin hautaine mais d'une difficulté à s'exprimer dans la langue locale. Si je m'étais un peu plus intéressé aux leçons du mestre étant enfant j'aurais certainement pu maitriser quelques axiomes de Valyrien quand bien même celui ci eut été abâtardi par ma prononciation. Hélas, l'outre détroit ne m'avait jamais passionné contrairement à d'autres jeunes nobles du continent n'aspirant qu'à découvrir ce géant colossal aux multiples cultures et peuples. Mon amour de ma contrée l'avait toujours emporté sur ce genre de sentiment. Dorne est si belle et si intéressante à elle seule.  

"Oh mais ne dites pas cela. Cette seconde description est relativement saisissante. Je peux presque contempler les puissants murs et les bâtiments raffinés de Volantis dans mon imagination ainsi que sentir les vapeurs nauséabondes et brulants de l'antique Valyria. Cessez donc de vous mésestimez." Et je ne mens absolument pas. Je peux presque imaginer la capitale Valyrienne en fermant les yeux l'espace d'un instant. J'irais interroger mon vieux mestre par curiosité. Par réflexe, je sais bien que mes questions seraient teintées de stratégie. "Survivre est une bonne aspiration je dois bien le confesser. Peut être que cela se réalisera un jour prochain à moins que les Dieux n'en décident autrement. Vous êtes donc une lettrée. Quelle bonne nouvelle. Ma bibliothèque vous serait ouverte. Mes livres vous permettrait de passer une convalescence plus intéressante. Les étoiles de Dorne sont les plus belles du monde je vous l'assure." Une fois son front humidifié par mes soins délicats, je prends le temps de noter le soulagement sur ses traits avant de reprendre. "Je crains fort que le vieux sage ne vous conseille de rejoindre ma demeure afin de pouvoir prendre plus aisément soin de vous. Il n'est plus tout jeune et supporter la descente lui couterait bien trop d'efforts. Pour le reste, je partage vos gouts pour la lecture, la pâtisserie et les étoiles. Si j'avais su je vous aurais emmené quelques unes de nos spécialités. Pensez vous que la paix entre Dorniens et Valyriens soit possible capitaine ? Y croyez vous réellement ? Votre empereur aspire t'il vraiment à une cohabitation équilibré avec mon peuple ?"
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Le point de vue de la Valyrienne sur certaines choses s'avérait quelque peu atypique et cela presqu'autant que sa présence au sein de ce monde d'hommes rustres et cruels que celui de la marine impériale Valtigar. En effet, le dédain de la postérité et de la saveur de la gloire de son vivant représentait une qualité d'âme bien rarissime. Les hommes ne couraient pas nécessairement derrière ces deux choses mais nous autres puissants en étions dépendants car la vie était ainsi faite. Il s'agissait d'une sorte de système au sein duquel cette compétition pour faire briller le nom de notre maison incarnait la norme. Mais si cela ne l'intéressait pas le moins du monde, elle devait forcément avoir des motivations à se battre plus subtile que celles ci notoirement vénales car je doutais quelque peu qu'elle agissait comme elle agissait simplement parce que c'était son devoir ou qu'elle y avait été formatée par une maltraitance sans égale. Quelque chose me disait qu'elle ne me le révélerait pas qu'importe à quel point cette conversation avait radicalement évoluée vers un apaisement complice. "Quand l'économie tourne, le peuple est paisible et le seigneur satisfait. Je ne puis que vous suivre sur ce point." Plus je discutais avec la jeune femme plus je comprenais que cette invalidité toute temporaire qu'elle soit lui devait être insupportable à l'instar d'une capture par l'ennemi sur un champ de bataille. Elle parvenait d'ailleurs à se contrôler fort efficacement au vu de son caractère flamboyant, de son gout prononcé pour l'action et de sa nature propre à diriger. Cela ne pouvait que représenter une véritable épreuve pour elle. Et je ressentis alors une pointe de compassion bien sincère à son encontre. "La réputation est en effet parfois un outil incomparable dans le domaine martial mais hélas elle peut également devenir un fardeau pour les âmes humanistes. Je n'ai aucun doute sur le fait que votre réputation atteindra ce point un jour prochain." 

Mon intuition quant aux raisons de sa relative mesure vis à vis des descriptions de son continent d'origine trouve une confirmation certaine dans la manière dont elle se met à hacher les mots en Westerosi pour s'exprimer convenablement. Cela et son ennemi intime le plus acharné qui semblait vouloir revenir à la charge afin de la rendre suffocante et brulante. En effet, la fièvre était bel et bien en train de lui mener la vie dure. Cela se voyait à l'œil nu quand bien même je n'étais pas patricien de médecine ou du moindre soin. La tristesse de son rire empreint de douleur m'inquiéta un instant. "Je ne sais pas si affirmer que l'on ne dirait pas serait juste. Vous avez le physique des Valyriens de sang pur. C'est plus en lien avec le fait qu'une vulgaire capitaine ne saurait probablement pas le faire. Mais vous ètes loin de n'ètre qu'une vulgaire capitaine. Hélas, je n'ai pas le pied marin du tout. Je préfère les observer au milieu du désert en charmante compagnie. Notre climat est favorable à l'étude des phénomènes célestes." Il ne faisait pas le moindre doute que la fièvre empirait de minute en minute sous mes yeux impuissants car je doutasse que le tissu imbibé d'eau soit un remède suffisant en terme d'expédient. J'allais certainement devoir envoyer l'un de mes chevaliers chercher le vieux sage. "Vous n'avez pas tort capitaine Cellarys. Nul ne peut savoir ce que votre maitre ambitieux a en tète. Mais il faut reconnaitre que vous avez eu une approche diplomate. Auriez vous eu les moyens de mater une Dorne dressée contre vous ? Nous ne le saurons pas. Mais ce que vous me confiez me rassure. La paix est souhaitable. Elle est source de prospérité. De la prospérité découle la puissance. De la puissance découle la sécurité." Soudain une grande agitation se fit entendre au niveau de l'entrée et des mots de Valyriens nous indiquèrent qu'il s'agissait d'un nouveau venu de la marine. Comprenant que c'était mes chevaliers qui bloquaient l'entrée, je leur lancai. "C'est bon messieurs. Laissez le donc entrer. Ser Lyonnel escorte le."
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De nombreux doutes s'insinuèrent dans mon esprit tortueux quant au gout de la capitaine blessée pour des questions telles que celles de l'économie locale ou des avantages de la prospérité sur une ville et à fortiori une contrée. Non pas qu'elle n'en eut les capacités intellectuelles car c'était d'ailleurs tout le contraire pour ce que je découvrais au fur et mesure de cette désormais bien agréable conversation. Une noble Valyrienne devrait à priori s'intéresser à ce genre de questions liées à un rang supérieur d'une aristocratie impériale de sang. Seulement, la jeune veuve qui au demeurant devait avoir à peu près mon âge et n'était donc pas aussi jeune que cela avait embrassé toute entière la carrière d'officière de la marine Valtigar et oblitérée toute autre étiquette que celle ci. Elle s'était drapée complètement dans ce rang martial et en avait fait le leitmotiv de son existence. "Oh bien sur que vous avez une âme capitaine. Ne confondez pas la noirceur de vos actions militaires avec votre essence en tant qu'individu. Même les pires monstres de ce bas monde en ont une. Souillée et noire comme une nuit sans étoile certes."  

Il ne faisait absolument aucun doute que la Valyrienne s'enfonçait de plus en plus dans une fièvre dévorante qui ne tarderait sans doute guère à la pousser dans ses retranchements les plus coriaces. Le délire devait se tapir dans un recoin de son esprit prêt à se voir libérer dès que la digue de sainteté de son cerveau lâcherait sous les assauts renouvelés de ce fléau insidieux intrinsèque à toute blessure mal soignée. "Vous rabaissez semble ètre un réflexe chez vous capitaine. Comme si le mépris des hommes à votre encontre avait finalement fatalement porté ses fruits. Vous ètes une guerrière et une officière de renom et ce choix de vie ne vous laisse point la latitude de vous épanouir autrement que par la voie des armes. Vous progresserez nécessairement à notre contact." Nous n'eûmes guère le temps de nous exprimer sur des questions plus politiques telles que les visions de son empereur et notre sensibilité de Dorniens à ce sujet car le temps pressait concernant son état d'une part et son homme de confiance pénétrant sur les lieux à vive allure visiblement très inquiet constituait une distraction suffisante d'autre part. 

Le jeune homme au teint de bois noueux typique des iles d'étés avait au moins le mérite d'avoir plus d'éducation que ses rustres de compagnons des mers puisqu'il s'inclina respectueusement bien que de manière expéditive devant moi avant de rejoindre sa capitaine d'un pas vif. La familiarité avec laquelle il toucha son front et sa main dénotait une relation de confiance entre les deux individus. Je m'interrogeais sur l'étendue de leur lien. Etaient ils amants ? Ou simplement un second et sa capitaine ? Une telle réaction dépassait de loin ce que l'on s'attendrait à observer chez un loyal matelot d'équipage. Quant à un lien de parenté il parait bien compliqué à établir. Le nouveau venu se mit à observer les lieux à la recherche de quelque chose en particulier avant de reporter son attention sur moi. "Votre respect des formalités d'usage est déjà suffisant. Comme je l'expliquais à votre capitaine mon mestre se fera un devoir de la remettre sur pieds et de veiller sur elle dans ma forteresse car ses vieux os ne lui permettent hélas plus des allers retours impérieux. J'ai cru comprendre que votre capitaine est du genre têtue et méfiante mais ma citadelle représenterait le lieu idéal pour son rétablissement. Si vous pouviez la convaincre que c'est pour son bien... Je vous en serais grée ser."
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La réponse pleine de sarcasme de la veuve de l'amiral Valyrien du nom de Cellarys traduisait à mes yeux la manifestation d'une certaine rancœur envers un destin fatalement injuste. J'eus l'impression d'avoir mis le doigt sur une contradiction étonnante et paradoxale quant à ses déclarations précédentes relatives à cette vie de bain de sang placée sous le sceau d'une loyauté implacable envers son seigneur et maitre. Cependant, je décidais de ne point relever son trait d'esprit cynique et gardai le silence face à son sourire amusé assorti d'un regard résolument fixé sur le plafond de la bicoque. Une brève observation des traits de son visage suite à ma remarque quant à sa manie détestable de se rabaisser lorsqu'elle s'évoque elle-même me signale qu'elle semble au moins réfléchir sérieusement à la question. Ce que j'apprécie sincèrement car je trouve les gens laissant les commentaires de leurs détracteurs les influencer bien peu solides. "En cessant purement et simplement de vous dévaloriser. Vous êtes une incroyable exception en ce bas monde capitaine. Imposez le au monde !" L'interrogation de la femme convalescente aux cheveux d'argent typique des descendants de l'antique Valyria ne fut guère satisfaite à son gout en raison de la panique totale affichée par l'homme que j'identifiai comme son second. 

Ce dernier pénétra sur les lieux avec un empressement préoccupé avant de se placer au chevet de la patiente. Patiente qui eut un rire d'amusement face à un tel déploiement d'inquiétude. Leurs mains se lacèrent de manière complice ne laissant que peu d'imagination quant à la profondeur de leur lien potentiel. Quoi qu'il en soit, la Cellarys semblait à présent dans de bien meilleures mains que les miennes aussi je pris le pas de me lever avant de m'éloigner et ce afin de leur laisser toute l'intimité nécessaire. D'autant que ces derniers s'engagèrent prestement dans une conversation particulièrement animée dans leur langue vernaculaire bien étrange à mes oreilles de Dornien. Impossible pour moi de comprendre ne serait ce que la moindre bribe de cette conversation aussi plutôt que de tendre l'oreille, je m'en détournais purement et simplement. Je sortais donc de la petite pièce pour avertir mes hommes qu'ils devaient chercher à acquérir un brancard et se préparer à transporter des effets personnels vers la forteresse. 

Puis, une fois mes directives données à mon escorte de gentilhommes locaux je retrouvai la chaleur relativement suffocante de la bicoque et ce au moment le plus opportun puisque le moment fatidique se déroulait sous mes yeux. La capitaine acceptait de rejoindre mon domaine personnel pour y récupérer en toute sérénité. Propos également transmis par l'homme brun dont elle était très proche. " Bien, ce sera un honneur de lui offrir l'hospitalité le temps qu'elle se rétablisse. Votre méfiance me froisse mais je comprends fort bien ses motivations aussi j'accepte la présence de gardes devant sa porte et de votre passage. Est elle transportable immédiatement ? Ou préférez vous que nous la déplacions plus tard ? A t'elle des effets à emmener ?" 
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La capitaine convalescente entreprit de me rassurer quant à la nécessité d'une présence de ses marins auprès d'elle en tentant de me convaincre qu'il ne s'agissait là de nulle offense quant à mes capacités à assurer sa sécurité au sein de ma propre forteresse. Je ne fais absolument pas grand cas de sa réponse courtoise car au fond je me moque comme d'une guigne de ses motivations à faire pénétrer des soudards Valyriens dans le cœur de mon fief. Si j'agissais ainsi envers elle c'était uniquement par admiration pour l'anomalie qu'elle représentait au sein d'un homme dominé de manière écrasante par les rustres que nous étions. Cela et le fait que j'appréciais son caractère bourru et son abnégation à dévouer sa vie à son rang de guerrière. Soyons direct ! Je l'appréciais et si je pouvais m'en vouloir de ressentir pareils sentiments amicaux envers une de ces envahisseuses d'outre détroit j'étais trop grand chevalier pour me laisser aveugler par mes préjugés. 


"Oh mais je comprends bien votre point de vue. Moi-mème en des circonstances similaires ne manquerais d'exiger la présence d'hommes de confiance afin de ne... de ne point me sentir trop dépaysé sans visages familiers. Parfait capitaine Cellarys ! En ce cas nous allons pouvoir y aller. Mes hommes vont vous transporter."

L'opération de transfert de la veuve aux cheveux d'argent se réalise bon gré mal gré dans un climat tendu. Je ne peux que constater l'étendue des dégâts sur le corps de la capitaine Valyrienne car quand bien même j'eus souhaité détourner le regard par courtoisie chevaleresque ma curiosité prend le pas sur mon sens des convenances. Je me contente néanmoins de brefs coups d'oeil anodins afin de ne pas mettre mal à l'aise ma future invitée. Le tout se déroule avec une certaine difficulté au vu du sang s'échappant des lippes durement mordues de la Cellarys. L'homme brun identifié comme son second se montre précautionneux et efficace mais en mème temps très prévenant. J'admire la mesure empreinte de douceur avec laquelle il est parvenu à s'occuper de sa capitaine. Quant à cette dernière, il apparait clairement qu'elle souhaite par fierté masquer le plus longtemps possible la douleur infligée par ces mouvements. 

Suite à l'approbation de la blessée, j'appelle mes hommes afin qu'ils viennent soulever le brancard. Ser Lyonnel m'envoie ser Garth et ser Nymor deux solides chevaliers aux expressions impassibles. Ces derniers saisissent chacun une extrémité du brancard et le soulève sans le moindre effort comme si la capitaine ne pesait guère davantage qu'une enfant. "Nous y allons capitaine. J'espère que vous ne regretterez pas cette bicoque. Votre second peut nous accompagner s'il souhaite se rassurer de votre installation." Conclus-je avec un sourire amusé au coin des lippes. Nous prenons le chemin de la montée vers la forteresse d'un pas paisible bien que résolument martial. 

Toute mon escorte derrière nous, je salue les habitants du bourg me reconnaissant et prend le temps d'échanger avec quelques uns écoutant les doléances de plusieurs femmes avant de promettre à un artisan que je lui ferais parvenir ce qui lui manque. Puis, j'envoie un de mes hommes au trot réquisitionner une cariole dans le village après avoir estimé que nous irions plus vite. J'étais descendu à pied car cela me permettait de faire un peu d'exercice cependant le chemin serait long et mon invitée paraissant affaiblie. "Excusez moi capitaine Cellarys. Je ne parviens jamais à ne pas accorder de temps à mes gens. La cariole arrive. Souhaiteriez vous une chambre avec vue sur la mer ou sur les terres ?"

Une bien étrange litanie montait jusqu'à mes oreilles entre deux conversations avec mes gens. Une bien doucereuse litanie murmurée à l'instar d'une berceuse bienveillante par un cœur éploré. Une bien attachante mélodie car à défaut de pouvoir en comprendre le sens en vertu de la langue en laquelle elle était prononcée, je ne pouvais que m'incliner devant la beauté de ce fredonnement. Prenant le temps de rassurer les habitants de la cité se trouvant sur mon chemin quant à leurs doléances et la résolution de leurs menus soucis, je jette un coup d'œil en biais à mon invitée convalescente. Icelle lutte visiblement contre la souffrance causée par ce déplacement nécessaire à l'instar d'une énième bataille au cœur de laquelle elle mènerait son équipage au plus profond du danger afin d'éliminer la menace. Sauf que cette fois la bataille est intérieure et qu'elle est la seule à pouvoir se battre contre cette douleur qui souhaite la dévorer et la dévaster dans sa chair. Je sens une pointe d'admiration s'insinuer en moi et venir renforcer l'image que j'ai d'ores et déjà d'elle. 

"Et c'est pour cela que vous êtes une excellente capitaine comme je l'ai déjà souligné. Qui s'intéresse sincèrement à celui se trouvant en dessous de lui est fait pour mener. Je comprends bien que vous vous languissiez de ces vastes étendues salées. Vous aurez celle donnant sur la baie en ce cas. Courage capitaine Cellarys. Je vais faire préparer un festin pour votre arrivée. Une fois reposée et examinée par mon mestre. Puis, une fois lavée et apprêtée. Je ferais parvenir de quoi vous sustenter convenablement et mangerai avec vous."

Soulagé de voir finalement la cariole arrivée, je fais signe à mes hommes de se préparer à l'y installer le plus délicatement possible tant les traits tendus de son visage témoignent de la souffrance incomparable à laquelle mon invitée est soumise. Son compliment sur ma personne m'arrache un sourire amusé bien que celui-ci me touche. "Nous sommes tous de bons seigneurs tant que les circonstances sont favorables. Une fois qu'elles ne le sont plus on nous honnit de tous les noms. Je fais ce que je peux pour mériter la loyauté que le sang a placé entre mes mains." Une fois la veuve malheureuse bien parée pour le départ, je m'installe à mon tour à l'avant à coté du conducteur tandis que le reste de l'escorte va continuer à pied. Son second à son chevet, la capitaine serre sa main et résiste à l'ouragan de peine physique qui l'assaille. 

Nous arrivons finalement dans la cour de la forteresse une douzaine de minutes plus tard car le cheval étant contraint au pas notre cadence s'avéra fort lente. Cependant, nous ne pouvions pas nous permettre d'empirer son état en nous précipitant. Faisant signe à deux gardes de venir saisir le brancard je leur ordonne d'emmener la Valyrienne dans la chambre donnant sur la baie et de l'y installer le plus confortablement possible. Posant une main sur son épaule avant qu'elle ne quitte la cour. "Mon mestre est quelque peu excentrique. Ne vous offensez point capitaine. Il accomplira néanmoins son devoir avec célérité. Je vous rejoins plus tard. J'ai deux trois points à régler." 

Je me trouvais dans la quiétude bienheureuse de mes appartements privés en train de plonger mes prunelles usées par la lecture estudiantine des parchemins d'un vieil ouvrage de médecine traditionnelle Dornienne lorsque l'un des serviteurs de mon seigneur vint me déranger dans mes travaux. Mestre Meros que le gandin m'interpelle lord Toland vous fait mander au chevet d'une blessée. Ni une ni deux, je saisis toutes mes affaires adéquates face à ce genre de situation et demande au blanc bec de transporter le reste car mieux vaut être paré à toute éventualité. Ce garçonnet sans poil au menton n'ayant pas l'étoffe du conteur le plus loquace de Spectremont. Non, en effet ce rôle était d'ores et déjà dévolu à Moran. Le messager de funeste augure donc achève de me conduire jusqu'aux appartements préférés de feu la dame de notre maison. Ceux que lord Moran évite avec soin par pudeur face à une mélancolie encore vive. Non, que le gourgandin n'ait pas remplacé feue notre seigneuresse dans son coeur comme dans sa couche car ser Lyonnel m'avait confié sa passion folle pour une jeune marchande du septentrion opposé cependant tant d'années dans un mème lieu ne laissait personne indifférent. 

Me demandant pourquoi le jeune homme me précédait alors que je connaissais parfaitement les appartements en question pour y avoir fait accouché feue notre dame, je me remémore que ce dernier transporte certains de mes effets entre autres potions et onguents. Je me fais la réflexion que j'aurais du essayer de sortir les verres du nez de ce petit épicurien depuis longtemps. Ah qu'il avait bien grandi l'enfant frondeur et intrépide. Il était devenu un grand seigneur bien qu'il se reporta un peu trop sur sa parenté pour gouverner à mon gout. Les enfants du seigneur des lieux me saluèrent lorsqu'ils me virent et je leur rappelai vertement à ces gredins braillards que leur prochaine leçon d'histoire ne tarderait point. L'éclat de leurs rires me poursuivent tandis que je soupire dans ma longue barbe. Si seulement, ils prenaient de leur pater qui n'avait jamais rechigné à la connaissance. Ah l'insouciance crasse d'une jeunesse tumultueuse et dorée. Grand bien leur en fasse au sein d'une époque si troublée qu'elle en devenait opaque. Parvenant finalement à destination, je passe le pas de la porte de mon pas trainant avant de constater la présence d'un jeune homme originaire des iles d'été si je me fiais à son teint. Toussotant dans ma barbe, je ne pus m'empêcher de dévisager le visage de la patiente accueillie avec compassion par mon maitre. 

Une Valyrienne rien que cela. Curieux choix au vu de la situation actuelle de la Principauté. Seulement, je connaissais trop bien Moran pour savoir qu'il agissait toujours à sa guise en toute circonstance ce qui lui avait parfois valu quelques soucis au demeurant. Fouillant dans ma mémoire pour me souvenir de mon apprentissage de la langue vernaculaire Valyrienne en usage à Volantis, je m'approche de la convalescente demande au soldat de se pousser afin de me permettre de faire mon travail. Puis, une fois l'espace dégagé je me mets à ausculter la jeune femme. Fièvre excessive, hygiène insuffisante, souffrances tangibles, aucune blessure visible à l'oeil sur le haut du corps mais inertie silencieuse de son bas nul doute qu'elle a été victime d'un choc par trop violent. "Bien le bonjour ma dame. Je suis Meros le mestre de cette citadelle. Depuis combien de jours l'accident s'est il produit ? Avez vous pris des traitements avant d'arriver ici ? Je vais devoir vous toucher afin d'estimer certaines choses. N'y voyez nulle malice ni offense. Je ne fais qu'accomplir mon devoir. Mais avant toute chose. Gamin apporte moi la fiole de lait blanc nacrée." Une fois la fiole dans mes mains, je la place dans la bouche de la femme aux mèches argentées constatant que son état de faiblesse actuelle lui rendrait l'opération par trop délicate. Une fois le lait de pavot ingurgité, je n'attends pas qu'elle s'endorme avant de poursuivre mon examen. Je soulève le drap et découvre l'état de ses jambes meurtries.

Mon buste se tourne difficilement vers le soldat tandis qu'elle bascule dans un sommeil profond et réparateur. "Ne vous en faites pas jeune homme. Le pavot va l'apaiser et lui offrir un sommeil nécessaire. Lorsqu'elle se réveillera dans plusieurs heures vous devrez lui administrer le traitement que je vais vous confier. Vous en sentez vous capable ? Vous ne devrez pas vous tromper dans les dosages je vous préviens. Je resterais bien disserter en Valyrien avec vous mais j'ai du travail qui m'attend. Je passerai chaque jour ici pour surveiller son état." Puis, une fois cela dit je lisse ma longue barbe en réfléchissant. Jambes brisées, immobilisation complète, la colonne n'a pas l'air d'avoir été touchée les Sept soient loués pour elle. Il lui faudra de très longs mois pour s'en remettre et encore d'autres pour se remettre à marcher. Elle ressemble à une guerrière aussi j'espère qu'elle est consciente qu'elle devra se tenir loin des batailles pour un temps. Une tueuse en moins dans les rangs de l'ennemi me dis-je nonchalamment. Déposant les fioles et les onguents sur la table la plus proche et expliquant avec pédagogie à l'homme brun comment il devait les faire appliquer je m'éponge le front de ma manche. Quelle chaleur écrasante ! Puis, je quitte les lieux le messager sur les talons.