L'amertume se lisait clairement sur mes traits épuisés tandis que je cheminais en tète de colonne à la tète de mes deux cents chevaliers et de la poignée de partisans avec laquelle j'avais quitté mon fief il y avait désormais un peu plus d'une semaine de cela. Une amertume puisant racine dans le monumental échec retentissant qu'avait été ma déclaration d'intention à l'échelle de Dorne. Pas une maison noble de la Principauté ni même de l'est ne s'était prononcé en ma faveur et n'avait pris le parti de rallier ma cause. Pis que cela, l'on m'avait raillé et injurié. Les plus audacieux des réfractaires avaient osé jurer de me faire rendre gorge de mes prétentions déplacées. Il fallait convenir que j'aurais pu prétendre à plus de légitimité si j'avais eu le bon sens d'impliquer quelques commensaux parmi les pairs de la Principauté. Au moins la maison Dalt celle de naissance de dame ma mère la terrible Asharra. Les Montbrun dans laquelle j'avais des cousins par mon père. Les Ronciers et les Conquets au sein desquels mes sœurs étaient mariées. J'avais voulu me montrer plus empressé qu'un franc coureur dépouillant le cadavre d'un reitre du camp ennemi et j'en avais payé le prix fort. 

Un prix terriblement élevé pour mon égo et mon amour propre qui avait été dans l'affaire bien plus froissé que le vélin du plus vieil ouvrage de la citadelle. Cependant, je disposais à présent d'une solide base de cavalerie et d'un noyau dur pour ma future armée. Une modeste élite de l'élite guerrière de la contrée des dunes et des oasis me suivait à présent dans ce combat titanesque semblant perdu d'avance. Je disposais encore de quelques atouts dans ma manche. Entre une fortune cachée relativement intéressante, un port pouvant recevoir des renforts maritimes des puissances centrales et surtout surtout la seule position crédible au regard de la scène politique Dornienne. Car les ennemis de l'empire Braenaryon n'avait aucune autre option que la mienne. Se rabibocher avec le parti Allyrion et donc l'empire aussi improbable qu'une lueur de lucidité dans le regard d'un benet. Quant aux partisans d'une alliance avec les Valtigar ils se rendraient bien compte de la folie de cette alliance tant les Valyriens ne pourraient jamais s'implanter durablement sur nos terres. 

Enfin, le dernier de mes points forts apparaissant aux yeux de beaucoup comme un point faible était mon épouse. Née du peuple avant son anoblissement par mes soins, elle serait infiniment plus proche des petites gens que ne le seraient jamais aucune dame de pouvoir qu'il s'agisse d'Arianne Martell ou de Mahée Allyrion. Et ceux là s'en rendraient bien compte d'une manière ou d'une autre. Sans compter qu'elle pouvait me permettre de venger moult offenses de bien funeste manière. Cependant, bien que je savais pertinnement à quel point la tache s'avérerait lourde je restai un simple homme fait de doutes comme de craintes et cet homme là eut pu aisément se décourager face à l'ampleur de cette débandade politique. Une nouvelle était venue nous trouver en cours de route vers ma forteresse nominale ou du moins celle de mon premier cadet à présent. Lancéhélion avait été plongée dans les horreurs du nettoyage ethnique le plus méthodique et le plus monstrueux. J'avais acceuilli la nouvelle d'un haussement d'épaules désabusé. 

Comme je l'avais anticipé depuis l'attentat les Valtigar avaient basculé dans la folie furieuse la plus dégénérée et le peuple de la capitale en avait payé le prix. Les Valyriens se retrouvaient sans sujets ni ressources isolés au milieu d'un pays presqu'entièrement hostile à leur cause. Pourtant, pourtant pareille réjouissance car prémice évident de la fin inévitable de la maison Volantaine ne parvint guère à me dérider. Les réfugiés au lieu de venir se réfugier sur mes terres les plus septentrionales par rapport à la capitale allaient certainement décider de se contenter de s'installer sur les fiefs les plus proches de la cité. Mes montagnes étaient sures et je n'aurais que besoin de bras supplémentaires afin de préparer mon unique fief princier à la tornade à venir... Le stratège que j'étais se figurait que seule une poignée de légionnaires devaient encore ètre capables de tenir debout à la capitale suite à un tel déferlement humain. L'ironie du Destin s'avérait bien cruelle. Tandis que je n'aurais eu besoin que de quelques milliers d'hommes pour mettre un terme à l'aventure Valyrienne et me poser en libérateur éclairé je ne pouvais que prendre la direction de mon fief pour m'y retrancher. 

Un hurlement de rage fila droit vers la voute nocturne illuminée d'étoiles alors que je menais ma troupe au trot. Foudre ne broncha pas un seul instant et se contenta de suivre le chemin à la mème allure. Une fois ma rage sourde évacuée de la plus primale des facons, je laissais mes émotions tumultueuses se dissiper dans l'immensité du désert. Nous arriverions à Spectremont au milieu de la nuit et Daemon y avait été envoyé en éclaireur afin de faire préparer notre arrivée. Mon couronnement décalé au soir suivant se ferait au coeur de mon septuaire. Le coeur gorgé de fiel et la bouche amère, je me perdais dans mes pensées au moment ou un contact sur ma joue me tira de mes orages intérieurs. Un contact aussi doux que fugace. Un contact aussi salvateur que réconfortant. Un contact aussi appréciable que nécessaire. Un contact aussi désirable qu'opportun. 

La senestre de ma compagne sur mes pommettes couvertes de chaume brun. Nos regards se croisèrent pour ne plus se quitter durant un instant interminable avant que je ne détournasse le regard. Drapé dans ma mauvaise humeur et mon ressentiment envers le monde entier, je ne parvenais mème pas à me réjouir du fait que ma dulcinée allait enfin découvrir mon foyer avec lequel j'avais su tiré des étoiles dans ses yeux au cours de nos retrouvailles passées. Et puis... Je n'étais pas suffisamment insouciant pour ne pas avoir conscience que mon choix conjugal allait susciter nombre de réserves au sein mème de ma maison natale. Asharra, Tremor...”Nos montagnes ces déesses immuables se dresseront bientot devant nos yeux ma mie !”

En rangs serrés les Dorniens sous la bannière Toland sur le point de devenir Garland parcourrent les Dunes se dirigeant au nord du bras cassé. Ils chevauchent depuis quelques heures maintenant et la nuit recouvre le désert. Les torches et les étoiles pour seule lumière guide dans les sillons de sable, Jasmyne se rend pour la première fois à Spectremont où Moran sera couronné, et où ils se marieront par la suite. Elle a hâte et elle a peur en même temps de se retrouver là bas, le contaxte fait qu'elle a quelques appréhensions mais qu'elle ne montre pas à Moran car il y a plus important a penser ces derniers temps.

Les informations qui leur avaient été données dans le pavillon avaient été si affreuses a entendre que jasmyne avait eu un moment d'absence, ne croyant pas que telle barbarie était possible. Des civils, des innocents, des enfants, tués et brûlés pour leur seule origine dornienne par les Valtigar. Un massacre catastrophique qui noua la gorge de Jasmyne tandis qu'elle avait observé la réaction de son futur époux. Lui déjà sous le contrecoup du constat qu'il n'aurait pas de soutient de maisons Dorniennes y compris les maisons les plus proches de sa famille...Par les sept, elle n'oserait pas imaginer sa peine. Lui qui défendait la mémoire de Nymeria et poursuivait sa volonté, et voilà comment il étit remercié. Une réaction a laquelle il ne s'était certes pas attendu elle est certaine...Jasmyne s'était montré supportive, parfois les choses sont plus dures qu'il n'y paraisse et l'effort doit être colossal, surtout quand ça ne se passe pas comme prévu. Qu'importe ce qu'il pouvait décider, elle le suivrait, mais elle  ne voulait surtout pas qu'il perde espoir. Et les voilà en train de quitter le désert pour se rendre a Spectremont, juchée sur son cheval, Jasmyne suit derrière Moran, le regard rivé sur lui. Elle l'entend pousser un cri de rage, qui lui déchire le cœur. Il fait tout a fait légitime d'exprimer sa colère après telle désillusion, mais il ne faut pas qu'il baisse les bras pour autant, il savait que la tache ne serait pas facile et rien n'est définitif. Les gens changent d'avis, présentement ils ne croient pas a ce qu'il fait, cela ne veut pas dire que ce sera toujours le cas plus tard.

Jasmyne fait avancer un peu plus son cheval pour chevaucher a sa hauteur, tend la main et a bout de bras parvient a toucher la joue de son aimé. Une douce caresse, pour lui montrer qu'elle est encore là, comme ceux qui le suivent, il n'est pas seul là dedans, ils le suivent tous. Elle met de côté toutes les craintes qu'elle a de rencontrer ses partisans et sa famille, de quelle manière elle sera accueillie tout en sachant que le choix de Moran de faire d'elle son épouse ne ferait pas l'unanimité. Un autre combat, mais qui pour elle est secondaire puisque le plus important est de faire en sorte que Moran puisse faire changer d'avis ces gens qui ont tourné leur dos, et rallier des dorniens a sa cause. Il lui indique que ses montagnes seraient bientôt visibles. Ils arrivent de nuit, ils ne verront pas grand chose pour le moment, ils auront tout le temps en plein jour de les contempler. «Je sais que tu es déçu et en colère...Ne baisse pas les bras mon amour, il n'y a rien de définitif. »

Foudre était semblable au siroco en personne tandis que nous nous dirigions avec volonté vers le seul fief m'ayant soutenu dans ma prétention à la couronne princière. L'étalon à la robe métallisée aussi grise qu'une lame d'acier damasquinée avec une finesse digne des plus grands armuriers de Qohor ou de Norvos je ne parvenais guère à me souvenir de l'origine exacte donnait l'impression de flotter au dessus des bancs de sable ocre tapissant le chemin humiliant vers ma forteresse natale. Le présent équestre de ma douce compagne avait été récupéré par l'un de mes partisans qui avait réalisé l'exploit d'un aller retour expéditif à Bourg Cabane en moins de deux jours sans se reposer lors d'une halte. Desmond avait dormi à dos de sa jument sable tout en s'assurant de la docilité de cet étalon exceptionnel d'une inestimable valeur. Tellement inestimable que je n'imaginais pas la somme exorbitante qu'avait du versée ma moitié pour son acquisition. L'ayant baptisé Ténébreux au regard de sa sombre robe aussi lustrée qu'un miroir étincelant mais néanmoins profondément nocturne, j'avais préféré me rabattre sur mon palefroi le plus vif pour cette chevauchée à bride abattue vers ma cité natale. 

En effet, il eut fallu que j'apprivoise le présent de ma future épouse pour pouvoir entamer le long processus de notre amitié fusionnelle or je ne m'en étais senti ni l'humeur ni les épaules eu égard à la catastrophe sans nom qu'avait représenté ma proclamation princière. Aussi, c'était les cuisses entre ma monture coutumière que je laissai le vent de cette nuit sans étoiles me fouailler les cheveux et me fouetter sans une once de ménagement le visage. Les torches de mon avant garde composée en tout et pour tout des quelques cavaliers avec lesquels j'avais quitté Spectremont deux semaines plus tôt nous guidaient telles des lueurs offertes par les Dieux au milieu d'un enfer poisseux. Le cliquetis des pièces d'armures de ma suite d'armes de gentilhommes faisaient résonner d'un étrange fracas le silence terrible de notre avancée ayant tout d'une fichue retraite honteuse. D'ailleurs, seuls les murmures du vent puissant tentant de nous décourager dans notre entreprise et les hennissements nerveux des chevaux brisaient sans la moindre décence le recueillement digne d'une veillée funèbre de notre échappée mortifère. 

Comme j'eus voulu avoir un ennemi devant moi juché dans son insolence indolente me défiant de sa prestance pleine de morgue afin de pouvoir faire bondir mon sabre de mon fourreau et passer mes nerfs à vif sur son immonde mufle indélicat. Hélas, à part mon cri furieux passé je n'aurais nullement la chance d'évacuer ma colère d'une manière aussi radicale. Ma douce se montra aussi brave que d'ordinaire puisqu'elle fit fi avec un mépris ostentatoire de mon humeur meurtrière pour venir tenter d'atténuer le tumulte de mes pensées. Sa main sur ma joue suffit à elle seule à apaiser mon courroux intérieur envers le monde et ma propre personne. Cette délicatesse charnelle parvint à me rétablir dans un état un brin moins belliqueux. Cependant, ma face semblait toujours aussi morose et engoncée dans la plus cynique des désillusions alors que je lui répondis. "Je ne baisserai jamais les bras ma lune ! Jamais. Ce que j'entreprends je le fais pour Dorne et non pour moi. Mais, ces insolents ! J'ai manqué de clairvoyance. J'ai péché par orgeuil." 

Moran semble être très perturbé par les annonces, Jasmyne elle est choquée, pense a tous ces Dorniens qui ont perdu la vie par le simple fait qu'ils soient Dorniens. Ca lui donne la chair de poule...Les Valtigar comptent  ils régner sur des cendres ? Sont ils devenus fous ? Elle en a pleuré, pour ces pauvres gens, ces familles qui n'ont rien demandé et qui avaient juste eu le malheur de se trouver là. Elle en a vu des choses mais jamais d'aussi radicales. Elle espère qu'ils pourront accueillir des réfugier, elle désire aider, prendre soin d'eux et leur montrer qu'ils partagent leur douleur. La diligence continue son chemin a travers le désert qui commence a prendre fin alors que l'on aperçoit ça et là quelques buissons et parfois quelques habitations. Elle a hâte d'arriver, de pouvoir discuter plus calmement avec lui. En espérant qu'il puisse trouver le sommeil, elle veillera a ce qu'ile se repose, en se montrant attentive et bienveillante, une présence qui se veut rassurante. Il lui dit qu'il n'abandonnera pas, mais la rage en lui est réelle, déclare ceux dont il attendait le soutien d'insolents. Tous n'ont pas eu le courage de faire ce qu'il fait, mais en y réfléchissant bien et vu les circonstances c'est peut être qu'ils ont oublié un paramètre...


« Non, Prince Moran, ton règne débute a peine, il ne savent pas de quoi tu es capable encore... » Elle espérait aussi qu'il puisse avoir nombre alliés et surtout du côté des maisons avec lesquelles il partage des liens de parenté, ça aurait été mieux, plus facile, elle avait espoir que cela se passe ainsi. Mais il faut reprendre le contexte derrière, l'attentat et le conflit, l'urgence de quitter la ville, la menace et finalement Cette purge sanglante....Tout ça a de quoi paralyser. Même en ayant fui la capitale, en étant toujours proches de celle ci sur le plan géographique il est sans doute compréhensible que certaines préfèrent faire profil bas un temps, le temps de décider, le temps de voir et de se protéger de la menace immédiate que représentent les Valtigar avant de penser a les attaquer. « Laisse leur le temps de comprendre tes desseins, tu leur prouvera certainement dans les semaines a venir qu'ils peuvent avoir foi en ce que tu as entrepris. » Elle ne désire pas le voir ainsi rongé dans la frustration, après tout peut être que c'était prévisible et qu'ils ont besoin de plus de temps pour accuser le coup. Elle continue de chevaucher a ses côtés, espère que ses mots sauront peut être apaiser la tempête qui sévit en lui. « Rien n'est définitif » Elle répète, ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas choisi de le suivre maintenant que ce sera toujours le cas.

Les mots se souhaitant profondément réconfortants de ma moitié s'imprimaient au fer rouge dans les méandres les plus tortueux de mon esprit encore embrumé par le contrecoup détestable de l'échec politique de ma proclamation. Règne débute à peine. Capable. Comprendre mes desseins. Foi dans ce que j'ai entrepris. Rien n'est définitif. Rien n'est définitif. Définitif. Défini... Mon peuple se faisant exterminé par milliers dans les rues de la ville ombreuse par une armée conquérante vengeresse. Des murmures de spectres tombés sous mes assauts de taille ou d'estoc vinrent chatouiller mes esgourdes engourdies par la course implacable de la bise nocturne. Des paroles de certains de mes proches morts de Nymeria tueuse de Dragon à feu mon redoutable pater Mors Toland dit le Sombre. Tout cela s'entremêlait indistinctement dans mon crane infertile en apaisement mais riche en atermoiements empreints de fureur sourde contenus à grand peine par ma carcasse ankylosée par la chevauchée. Les Valtigar sont des monstres Moran ne t'avais je point prévenu soufflait le fantôme de feue la princesse opportuniste de la maison Gargalen. Tu leur feras payer leur mépris et leur insolence mon fils ! Ne montre pas la moindre once de pitié. Un bon ennemi est un ennemi dont les ossements gisent dans le désert grinçait la voix terrible du seigneur précédent de la blanche citadelle du nord. Galope galope mon amour galope et retrouve moi dans notre tendre alcôve lançait quant à elle la voix mielleuse de mon épouse disparue. Des images de massacre défilèrent devant mes yeux avant de se voir soutenues dans la charge délétère par les regards empreints de condescendance de l'aristocratie Dornienne puis ce fut le visage de mon ancienne suzeraine inquisiteur et accusateur qui vint achever mes tourments. Assez ! Assez par les Sept ! Un dragon constitué de milliers d'ombres superposées représenta la dernière épreuve que je dus affronter dans mon for intérieur soumis à une tension atrophiant mes émotions. Pourtant, pourtant ce fut dans le contact avec ma compagne que je parvins à repousser l'assaut de la noirceur cafardeuse tentant de me happer entre ses retorses griffes. Contact essentiellement visuel cette fois en raison de notre cavalcade effrénée vers la sécurité de mon domaine de naissance. "Rien n'est définitif princesse Jasmyne de la maison Garland en effet." Formule laconique signifiant à ma douce moitié qu'il était certainement trop tôt pour me voir me montrer capable de rebondir agilement suite à cette catastrophe diplomatique. Il faudrait certainement moult caresses, baisers, étreintes et bien davantage pour prétendre me faire fuir de cet océan de désillusion cynique dans lequel je m'enfonçai à chaque instant un peu plus.   

Moran répond simplement a ses mots, sans trop épiloguer. Elle voit qu'il est préoccupé et elle ne veut pas trop le déranger dans ses réflexions. Elle lui a apporté quelques mots de soutien, maintenant elle n'a pas non plus envie de trop l'embêter, ils en parleront peut être davantage en arrivant a Spectremont. En attendant la chevauchée reste assez sportive, les sabots au galop frappent le sable avec dureté tandis qu'ils quittent le grand désert de Dorne et que la vie commence a se voir sur leur chemin, de petites maisonnettes éparses. Jasmyne reste silencieuse, auc côtés de Moran, elle lui jette quelques oeillades souieuses, voudrait pouvoir apaiser son cœur mais le contexte la dépasse et elle a conscience que la situation ne peut pas être sous contrôle. Il ne peut que subir le cours du temps, et elle ne peut que prier les sept de lui envoyer un message. Il croit a sa cause, mais elle voudrait qu'il puisse voir du positif, qu'il ne se perde pas dans cet état d'esprit de colère qui ne le servira pas.

Jasmyne n'aime pas le voir en colère, mais en même temps elle ne peut que comprendre son ressenti. Alors pour cete raison elle demeure silencieuse, jusqu'à ce que quelques heures plus tard ils passent les portes de Spectremont plongée dans la pénombre. La nuit bien installée, la lune est haute dans le ciel, éclaire de sa lumière laiteuse les bâtiments clairs. Elle observe, étant donné que c'est le première fois qu'elle vient ici, que Moran lui a beaucoup parlé de cet endroit et qu'elle va y rester, qu'ici deviendra sa maison. Son cœur tape un peu plus vite d'appréhension et d'adrénaline, elle respire lentement, un peu inquiète de rencontrer les autres proches de Moran. Tandis qu'ils arrivent a son palais, Jasmyne descend de son cheval, ne sait ni quoi faire ni quoi dire. Elle reste non loin de Moran, qui a surement des personnes a voir avant de s'occuper d'elle. Jasmyne caresse l'encolure de son cheval avant qu'un écuyer ne l'emmène avec les autres aux écuries. La jeune femme lève le nez sur son palais, reconnaît des caractéristiques de cet endroit ainsi qu'il le lui avait décrit. Il lui tarde de voir cet endroit en plein jour.

Tandis que je me trouvais aussi engoncé dans mes noires pensées néfastes à l'instar d'un imprudent coincé dans un sable mouvant menaçant de l'engloutir purement et simplement, je me rendis soudainement compte de l'attitude déplorable que j'affichais vis à vis de ma dulcinée. En effet, ma tendre moitié n'était en rien responsable ni de mes mauvais calculs politiques ni du mépris offerts par l'aristocratie pleine de morgue de la contrée des monts et des unes. Or, elle était en train de se récolter le contrecoup de mes attentes surréalistes à travers un comportement détestable de ma part. Aussitôt ce constat posé que je m'en voulus ardemment. Cependant, l'ampleur de la débâcle était telle que je ne parvins guère à rectifier le tir et me laissais emporté par le sens du courant de mes émotions antagonistes. Un prince devait savoir se montrer inatteignable lors de certains évènements déplaisants. Car il manifestait ainsi la supériorité de son autorité. Les grands hommes ne connaissaient point jamais d'échecs mais prouvaient qu'ils étaient de cette étoffe en y réagissant de manière plus prompte et efficiente que le commun des mortels. Aussi, alors que les sables des dunes cédaient peu à peu leur place à la rocaille des monts de mes terres natales bien que toujours profondément abattu par la morosité mon cerveau se mit bille en tète à tenter de me permettre de rebondir face à cette déception terrible. Nous traversâmes finalement une Spectremont endormie dans une douce léthargie. Et si l'arrivée impromptu de deux cents chevaliers cuirassés de pied en cap provoqua un furieux vacarme, nul chat ni curieux ne pointa le bout de son nez à l'extérieur de la chaleur de leurs foyers. Fait aisément compréhensible au regard de la fraicheur nocturne de la région... Lorsque nous arrivâmes fatalement à la forteresse, je sentis une pointe de réconfort poindre le bout de son effroyable musette dans mes veines. Ici, j'étais chez moi et je n'y possédais que des amis capables de mourir mille fois pour ma cause. Bondissant lestement de Foudre, je vis bien rapidement émerger mon cadet Tremor nouveau seigneur de la maison suite à la fondation de la maison Garland ainsi que dame ma mère Asharra venir à ma rencontre en compagnie de quelques officiers de la maison Toland. Les embrassades de retrouvailles avec ma parenté furent brèves mais chaleureuses. "Oncle Lyonnel organisez le casernement de tous ces braves je vous prie ! Daemon conduit Jasmyne dans mes appartements. Ceux de feue mon épouse au dernier étage du beffroi. Mère. Frère. Ils m'ont humilié ! Ils m'ont désavoués ! Ils m'ont bafoués !"  Faisant signe à Jasmyne d'approcher de notre petit conciliabule, je fis les présentations de manière expéditive. "Dame ma mère. Seigeur mon frère. Jasmyne ma promise votre future princesse. Jasmyne. Dame Asharra douairière de la maison Toland. Et son deuxième fils Tremor." Puis, les plantant là sans un mot supplémentaire je rejoignis mon oncle qui discutait logistique avec un serviteur. 

Arrivés, Jasmyne descend de son destrier qui est de ce pas emmené avec les autres. Elle observe un peu les gens s'agiter à droite et a gauche, chacun ayant son rôle. Il va falloir qu'elle s'habitue a tout cela et qu'elleé vite d'avoir l'air aussi perdue qu'elle l'est à ce moment là. Moran est occupé, et ici pour le moment elle est une étrangère. Des gens passent devant elle, la regardent avec curiosité, se demandant même ce qu'elle fait ici. Jasmyne déglutit, cherche Moran du regard, elle ne connait pas cet endroit. Et finalement Moran l'appelle qu'elle vienne a ses côtés.

Jasmyne se rapproche de Moran où sa mère et son frère sont présents. Moran fait les présentations et Jasmyne s'incline avec respect devant eux. « C'est un honneur pour moi de vous rencontrer. Moran m'a tant parlé de vous. » Jasmyne s'essaye, elle le pense réellement, elle avait hâte de rencontrer sa famille mais voit dans leurs regards que l'honneur n'est pas partagé. Ils ne sont sans doute pas satisfaits du choix de Moran d'épouser une fille de Dorne n'ayant pas d'ascendance noble. Mais elle espère qu'ils seront réceptifs à sa personnalité, son sérieux, et qu'ils verront a quel point ces deux là s'aiment. Daemon a ses côtés propose a Jasmyne de le suivre ainsi l'ordre donné par Moran. Elle s'incline une nouvelle fois avant de disposer et de suivre Daemon, espérant que Moran la rejoigne plus tard pour dormir a ses côtés. La future princesse découvre alors les lieux éclairés par les chandelles. Elle observe d'un regard curieux et attentif, un léger sourire se dessine sur son visage tandis qu'elle reconnaît quelques détails dont il lui avait parlé. Arrivée aux appartements, des domestiques lui font prendre un bain pour se débarasser de la poussière sableuse accumulée par la chevauchée. Ele n'a pas l'hébitude d'être ainsi traitée. Elles nettoient sa peau avec attention, brossent ses longs cheveux cheveux noirs et l'habillent avec des vêtements de nuit si doux et si légers.

Puis elle se retrouve dans cette chambre, qu'elle découvre, se demande si ce sera la sienne, puisqu'il a dit que c'était celle de feu son épouse. Elle espère simplement que cet endroit n'est pas source de tristesse pour Moran, s'il doit passer du temps avec elle, elle préfèrerait qu'il se sente a l'aise en sa compagnie et dans un lieu qui lui convient aussi. Jasmyne ouvre la fenêtre et découvre le balcon donnant sur Spectremont. Dans la nuit l'on ne voit pas bien la cité, mais elle en devine la beauté. Elle la verra mieux au lever du soleil. Les domestiques la laissent seule dans l'intimité, puis la jeune femme va s'asseoir sur le bord du lit, le regard vers la porte, espérant que son aimé finira par la rejoindre.

Combien d'heures avaient défilées depuis notre retour dans le siège ancestral de ma maison natale ? Combien avaient défilées depuis que je m'étais isolé dans les entrailles de Spectremont pour laisser libre court à ma frustration vengeresse ? Combien avaient défilées depuis que je m'étais séparé temporairement de la gardienne de mon équilibre émotionnel ? Combien d'heures avait elle du patientée seule persuadée que je l'avais relégué au second plan de mes charges inhérentes à mon ambition débridée ? Je ne saurais parvenir à le définir. Tout ce que je savais c'était que la lune miroitait de manière fort gironde bien haut dans la voute nocturne enténébrée lorsqu'épuisé par ma séance de défoulement sur un mobilier innocent, je rejoignis le beffroi au sein duquel dominait mes nouveaux appartements princiers. La colère patentée que j'avais déversé il y a encore quelques dizaines de minutes avait disparu de mes traits durs tannés par le soleil de la garrigue locale et tandis que s'inclinaient devant moi les quelques soldats en faction mon visage n'exprimait rien de plus qu'une profonde lassitude. Il ne me fallut que quelques minutes pour mener à bien l'ascension vers le sommet de la tour la plus majestueuse de la blanche forteresse tant j'étais furieusement impatient de retrouver ma future compagne. Lorsque les deux chevaliers en faction devant les portes me virent, ils voulurent s'incliner mais je les en empêchais d'un geste vif aussi ils se contentèrent d'ouvrir avec force et maitrise les vastes battants de mes appartements. Appartements ou je retrouvai ma lune personnelle d'ores et déjà fort logiquement assoupie dans le baldaquin conjugal aux tentures vespérales. Une fine tenue de nuit sur le corps laissant transparaitre la beauté satinée de son épiderme parfait aux arabesques sombres s'étendant à l'instar d'un feuillage touffu. Tout mon être se révolta contre cette vision ! Qu'avais je fait ? J'avais entrainé un ange véritable dans les tréfonds du pire de la nature humaine. Car qu'étaient la politique, la royauté et la guerre si ce n'étaient les plus manifestes preuves de la noirceur humaine... Mes trippes se retournèrent de culpabilité tandis que je reculai doucement sans un bruit. Hélas, je percutai un édredon malvenu qui de malchanceux devint l'artisan de ma découverte. En effet, embrumé par le vin consommé je n'avais guère prêté attention à sa présence trompeuse. Ma moitié elle ne dormait que d'un sommeil troublé et s'éveilla prestement. "Mes excuses ma reine... Je ne souhaitais point vous troubler. J'ai été retenu par des questions personnelles. Mais me voila à présent." Puis, je m'approchais d'elle et m'asseyais sur le lit avant de caresser son visage avec douceur et dévotion. 

Désormais seule dans cette chambre qui sera désormais son lieu de vie, Jasmyne en découvre toutes les particularités, jusqu'à la terrasse qui donne un apperçu de ce qu'est Spectremont. Elle la découvrira sous les rayons du soleil, en attendant il lui faut se reposer. Elle se demande combien de temps mettra Moran a la rejoindre, s'il finira aussi par la rejoindre car il a beaucoup a faire. Elle espère néanmoins qu'il finira par se reposer car le voyage a été long et éprouvant. Assise sur le bord du lit, elle observe quelques instants la porte, plongée dans ses pensées. Toute sa vie va être chamboulée, elle en a conscience et il lui faudra faire preuve d'intelligence. Voir le regard de sa mère lui a d'ors et déjà mise devant le fait accompli mais elle svait que cela ne serait pas si facile. En tout cas elle s'est montrée courtoise et polie, demain il lui faudra peut être faire plus ample connaissance avec elle ainsi qu'avec sa famille.

Jasmyne s'allonge dans le lit, prise d'une petite fatigue mais garde encore les yeux ouverts quelques heures dans le cas où Moran la rejoindrait, se souciant de son état au vu de la colère qui l'avait prise pendant leur chevauchée et le fait qu'il ne soit pas très bavard pendant cette période là. Il devait être noyé dans ses pensées, et elle s'inquiète de le voir ainsi, espère que voir ses proches lui a passé un peu de baume au cœur et que cette colère là s'est apaisée pour revenir a cette détermination qui sommeille en lui. Jasmyne finit par s'endormir, la fatigue devenant plus pesante, elle ne s'en rend pas compte et se laisse aller dans les méandres du sommeil. Apaisée, elle se repose quelques heures, la chandelle qui continue de se consummer non loin, elle n'entend pas Moran revenir jusqu'à ce qu'un bruit la tire de ses songes. Elle se réveille un peu en sursaut, il lui faut quelques instants pour se souvenir où elle se trouve et le visage de Moran la calme instantanément. Il es revenu vers elle, s'excuse pour le temps que cela a pris et elle lui offre un doux sourire.

Jasmyne se redresse, heureuse de voir qu'il a fini par la rejoindre, nullement fâchée du fait qu'il ait tardé a le faire puisqu'elle comprend que son engagement lui demandera bien du travail et qu'ils ne pourront être en compagnie de l'un et l'autre autant qu'ils le désirent. Sur son visage ne s'affiche qu'un sourire sur son visage chaud et légèrement encore endormi. Sa main se pose sur la joue de son aimé, tandis qu'elle vient poser ses lèvres sur les siennes. « Rejoins moi... » Elle murmure, sa main tirant sur sa tunique pour le faire basculer et qu'il vienne se blottir contre elle. Il lui a manqué, maintenant elle a besoin de sa présence et de le retrouver dans son entièreté.

Toute la sombre et détestable étendue morose de mes ressentiments trouvèrent une fin abrupte aussi brutale qu'inattendue dès l'instant délectable au cours duquel ma lune personnelle déposa avec une délicatesse téméraire le bout de sa paume échaudée sur la surface relativement boisée de mon visage. Un visage entre autre profondément marqué par les diverses émotions synonymes d'instabilité et de désespoir avec lesquelles je venais de me fouailler férocement dans l'intimité ténébreuse d'un monde oublié et ce même des principaux concernés par son existence reculée. Une face burinée de soleil transpirant en ces moments douloureusement réalistes au niveau politique à un masque en décomposition de tombeau digne du sort funeste attendant les fols et les idéalistes par trop imbus d'eux mèmes au point de se figurer s'avérer hautement différent du commun des mortels. Une expression empreinte d'une amertume amère rendant la tentative de sourire que j'esquissais aussi douteuse qu'inconséquente à l'instar d'un rictus souillant un élan de grâce. D'ordinaire, je semblais aussi rayonnant que l'astre flamboyant régulant de sa majesté impériale la vie de tous les sujets de la Principauté et à présent je me fis l'effet de ressembler à un mort ne se trouvant capable de se mouvoir qu'en vertu d'une dangereuse nécromancie. Cependant, tout cela se dissipa comme par enchantement lorsque sa peau au teint finement halée de l'ouest vint caresser affectueusement mon épiderme couturé avec toute la tendresse d'une mère pour son enfant, d'une amante pour son compagnon, d'une épouse pour son mari, d'une sœur pour un frère, d'une amie pour un confident. Ce simple contact aussi fugace qu'évanescent semblait porter en lui tellement de choses... Tout l'amour dont était capable une personne pour une autre du sexe opposé. Mes yeux se fermèrent lestement afin que je puis savourer avec davantage d'acuité la félicité réconfortante de sa présence ancrée dans mon monde fait de noirceur et de déception ainsi que de tromperie et d'ambition. Puis, ses lèvres vinrent prendre possession des miennes avec une autorité altière et je me laissais faire sans la moindre opposition soulagé par les retrouvailles salées avec ce miel d'ambroisie. Lorsqu'elle me tira jusqu'à elle pour nous plaquer l'un contre l'autre dans une étreinte salvatrice je sentis tous les poids s'envoler loin de ma carcasse meurtrie... 

Il a une mine éreintée, son soleil terni, cela lui serre douloureusement le cœur. Alors l'astre lunaire enlace son astre solaire afin que l'éclipse offre de sa magie revigorante. Elle l'incite a venir se coller à elle, l'invite dans le lit conjugal. Jasmyne se redresse, pour le débarasser de ses vêtements qui ne lui seront pas utiles pour la nuit. Avec soin elle prend le temps de lui ôter et défaire les liens de toute pièce de protection, les laisse sur le côté de leur lit jusqu'à ce qu'il soit plus a l'aise, le torse nu. Ainsi elle revient dans les couvertures, la hisse jusqu'à lui pour qu'il soit tout aussi recouvert et lui fait face, posant son front contre le sien. Elle sent au travers de ce contact sa colère, sa frustration mais aussi sa fatigue. Il lutte, il est fort Moran. Jamais elle ne l'a vu comme ça et même si elle s'en inquiète ce n'est pas pour autant qu'elle se détourne de lui. Il est de son devoir, de son rôle d'être là a ses côtés même quand l'hummeur n'y est pas. Bien qu'elle n'ait pas forcément réponse a ses tourments, elle est une présence, une épaule sur laquelle il peut se reposer. Jasmyne s'approche un peu plus de lui, collant son corps contre le sien tandis qu'ils sont tous deux allongés sur le flanc. Son bras glisse a sa taille pour se retrouver dans son dos et l'autre une main dans sa nuque, guide le visage de Moran pour qu'il se love dans le creux du cou de sa future épouse. Elle commence alors a fredonner une chanson, une berceuse. Puis caresse sa peau, dessine des motifs en arabesques et le laisse trouver au creux de ses bras la source de repos et de paix.

Sa douce voix s'élève tel un murmure mélodieux, un chant qui lui dit qu'il trouvera toujours refuge en son cœur, qu'au creux de ses bras il peut se cacher. Elle dit que si dans ses pas il trouve son chemin sombre et incertain alors il n'a qu'à lever les yeux au ciel et alors il verra les milles lanternes symbolisant l'amour qu'elle lui porte brûler dans le ciel. Elle lui chante des mots d'amour, de flamboyantes déclarations, lui répète qu'elle l'aime dans le creux de l'oreille. Jasmyne accompagne ces mots doux de ses tendres caresses. Puis elle vient embrasser sa tempe, le serre un peu plus contre elle, qu'il s'imprègne de tout l'amour qu'elle lui porte afin qu'il puisse souffler et laisser de côté un moment tout ce qui lui pèse sur le dos. « Je suis fière de toi. Comment te sens tu mon amour ?  » Il sait que s'il a besoin de parler, s'il a besoin de mettre des mots sur ce qui le tracasse elle sera une oreille attentive. Avec elle il n'y a pas de mesures a prendre, il sait qu'elle peut tout entendre et qu'elle préfère qu'il lui dise plutôt qu'il garde pour lui dans la crainte de l'inquiéter. Ils forment un tout et elle compte garder cette dynamique entre eux qui fait qu'ils sont tout aussi confidents qu'amants.

Incapable de dissimuler aussi bien que je le souhaiterai les effets de la plus implacable des désillusions marquant les traits de mon visage éprouvé, je me laissai libérer de mes atours princiers encore souillés de la folle cavalcade du désert par les doigts habiles et lestes de l'étoile de mes jours. Ma future compagne fidèle à elle même et sa nature profondément bienveillante se mit à s'occuper de moi avec la tendresse innée d'un cœur aimant. Alors que je sentis le poids de mon manteau s'éloigner de mes épaules puis ceux plus mesurés de mon pourpoint et de ma tunique, la mélancolie lancinante semblable à une plante sournoise rampant favorablement pour s'enraciner sur une pousse saine revint à la charge à l'instar d'une avant garde hibernale lors d'un automne pluvieux. Du reste, je n'avais plus la force de porter un masque de charisme aristocratique devant l'élue de mes sentiments suite à ma partie de défoulement secrète dans les entrailles du palais de nacre. Aussi, m'abandonner à la détresse de ma réalité impitoyable me fit énormément de bien. Une fois torse nu, ma lumière salvatrice m'entraina contre sa silhouette féline avec une douceur troublante avant d'attirer mon visage dans le creux de son cou. De cette position réconfortante, je pus retrouver contenance eu égard aux effluves doucereux de son entêtant parfum tout en savourant la chaleur bienveillante d'une étreinte énamourée. Ainsi choyé, je me sentis protégé de tous et de tout. Des ennemis innombrables et déterminés à me faire rendre gorge pour mes prétentions, des déceptions politiques en tout genre, des traitres tapis dans l'ombre et attendant ma chute, des alliés récalcitrants s'imaginant pouvoir m'imposer leurs vues... Ce qui était quelque peu cocasse car j'eus du selon toute vraisemblance m'avérer représenter le protecteur immuable de ma lune adorée. Pourtant, c'était elle qui prenait soin de moi en cet instant précis et me sauvais de tous mais surtout de moi-même... Les mots délicats qu'elle susurrait d'une voix mélodieuse ne tardèrent guère à faire effet sur mon esprit embrumé et endolori. Le fredonnement caractéristique d'une chanson locale célébrant l'amour porté envers son aimé m'apaisa rapidement tant la magnificence totale de cet aveu sentimental flamboyant s'avérait superbement manifesté. Mes yeux se fermèrent dans la foulée afin que je me baignasse avec plus de portée dans le son langoureux d'une voix suave et délectable aux élans solaires. Les caresses affectueuses sur mon épiderme tanné vinrent encore davantage chasser avec plus d'acuité mes adversaires invisibles mais bien présents. Les baisers me firent fondre et un frisson de plaisir courut le long de ma colonne. Mes prunelles ambrées s'ouvrirent fatalement pour se plonger dans celles de jais de mon aimée. "Ta fierté est la plus belle chose que je possède en ce bas monde avec mes enfants ma douce. Pas un jour ne passe sans que je ne loue les Dieux pour leur bonté de t'avoir placé dans mon existence. Je me sens..." Un léger flottement s'imposa par pudeur tandis que je devisais sur la nécessité de réprimer ma sincérité afin de ne point l'inquiéter. "Je me sens abattu et profondément désabusé ma mie. J'ai l'impression de me jeter à corps perdu dans un défi perdu d'avance. Je ne sais pas si j'en ai les épaules... Je me sens insignifiant face au destin de Dorne. Après tout, je ne suis qu'un homme." 

De douces caresses dans ses boucles aux reflets cuivrés, Jasmyne sent la respiration de son aimé dans son cou s'apaiser au son de sa voix. Elle fredonne quelques paroles aimantes, pour qu'il se sente mieux, pourqu'il retrouve l'apaisement le temps d'être entre ses bras. Avec elle il n'a pas besoin de jouer les coqs, il est un être humain avec ses moments hauts et ses moments bas. Devenir son épouse signifie aussi pour elle être présente quand il se sent vulnérable. C'est ainsi qu'elle voit l'amour et le mariage et Moran ne se prive jamais d''être lui même en sa présence, qu'importe l'état d'esprit du moment. Elle pose quelques baisers sur sa tempe, dans cette étreinte presque maternelle. Elle lui demande comment il se sent et Moran ainsi se confie a elle, sur ses doutes, sa déception. « Tous les plus grands rois et les plus grands Princes ne sont que des hommes mon amour. Ils saignent rouge, leurs os sont blancs et leur chair est rose. » Elle lui rappelle, il n'y a pas de monarque fait de d'or ou de fer, tous commencent quelque part. « Quoi que tu décides, tu sais que je resterai toujours a tes côtés. Ce n'est que le début, attends peut être un peu de voir comment cela se passe sur les prochains jours avant de perdre espoir mon aimé. » Son règne n'a pas encore commencé, elle sait qu'il se sent abattu parce que ceux qu'il pensait être ses alliés n'ont pas répondu a son appel et il le vit comme une profonde trahison. « Laisse leur le temps de découvrir quel Prince tu es, laisse leur le temps de comprendre ta valeur. Ils ont peur, contrairement a toi car tu as été le seul a te redresser ainsi contre les Valtigar. » Elle lui rappelle, les événements sont encore tout frais, elle sait que beaucoup de gens les craignent a cause du feu du dragon. Mais grâce aux sept quand ils verront la détermination de Moran ils se rallieront, quand ils verront qu'il n'est pas fanfaron aux lubies passagères ils sauront qu'ils peuvent compter sur sa position. Il faut laisser le temps aux choses.

« Laisse quelques jours s'écouler, et vois. Si tu penses être sur la mauvaise voie alors prends une décision mais n'abandonne pas sans avoir essayé tu vas le regretter. » Une nouvelle fois elle embrasse sa tempe et le serre un peu plus, elle fait glisser la tête de son aimé tout contre sa poitrine, qu'il entende le cœur de sa promise battre comme une mélodie rassurante. « Ne reste pas abattu mon tendre amour, il te faut garder le courage face aux obstacles comme tu sais toujours le faire. En attendant nous irons nous occuper du plus important : les civils exilés.» Car au delà de la validation des seigneurs, le plus important c'est le peuple de Dorne qui vit un déchirement colossal entre les clans et qui a subi de manière injuste un massacre. « Tu te trouvera des alliés, si ce ne sont pas des Seigneurs Dorniens ils viendront d'ailleurs. » Moran a surement dans ses connaissances étrangères d'autres puissants seigneurs qui seraient sans doute intéressé par une alliance. Il est plein de ressources et il sait mieux qu'elle, elle sait qu'il finira par trouver une solution a cela sans peine. Est ce que ces mots là sauront lui faire du bien et lui redonner de l'espoir ? Elle l'espère grandement. Ses doigts agiles continuent de s'enrouler dans ses belles boucles, tant qu'il aura besoin qu'elle le rassure elle sera là. Jasmyne inspire longuement, l'invite a faire de même puis de souffler tout le poids sur son cœur.

Si j'eus pu réfréner mes élans de faiblesse devant n'importe quelle autre personne de mon entourage en dehors de ma virulente mater, je n'avais nul besoin de me soucier de mon image seigneuriale et à présent princière en compagnie de ma future compagne. Car, s'il y avait bien une chose que Jasmyne était capable de faire c'était de prendre soin de moi lorsque je me trouvais au plus mal comme c'était de nouveau le cas en cet instant précis. Il fallait dire que ce fut au plus dur de mon deuil de mon épouse que je l'avais rencontré et depuis lors l'orpheline des Météores n'avait eu de cesse de me réconforter de mille manières différentes n'hésitant jamais à mettre du sien afin de me faire retrouver contenance. Mon astre personnel favori était celle qui m'avait redonné gout à la vie lorsque cette dernière n'avait plus que celui de la cendre pleine d'amertume. Aussi, je me permis de m'abandonner aux affres du désespoir, de la déception et de la mélancolie désabusée en sa compagnie lumineuse. Je me fis l'impression de n'être qu'un amas enchevêtré de ténébreuses émotions là ou elle représentait le phare de mon existence. "Tes mots sont empreints de sagesse ma fleur des sables. Mais, nous sommes néanmoins différents de tous les autres hommes. Car nos décisions pèsent des milliers de vies humaines. Un poids bien détestable en pareils circonstances..." Les caresses voluptueuses nimbées d'une bienveillance absolue de ma compagne de cœur avant de devenir l'officielle dans quelques heures produisirent petit à petit leurs salvateurs effets alors que ses doigts s'entremêlaient à mes boucles cuivrées. "Je sais bien que tu ne m'abandonneras jamais ma sirène des dunes. Tu es la source de ma force intérieure Jasmyne j'espère que tu le sais... La patience n'est guère mon fort je le crains ma douce. Mais, je n'ai point le choix j'imagine." Mes yeux clôturés, je me laissai aller dans la douceur affectueuse des gestes de ma tendre moitié tandis que mon esprit luttait âprement pour parvenir à l'apaisement tant désiré. Les doigts graciles de ma lune cherchant à déchirer de son éclat la noirceur dans laquelle je m'étais engoncé suite au dépit absolu de ma situation politique m'offraient des attentions d'une rare délicatesse. "Le seul en effet ma mie. Mais ne doutes pas un instant que ces derniers me traiteront de parjure et me jetteront au visage un statut de tourne casaque pour autant. La politique n'est qu'un nid de vipères avides de distiller un poison infame. Elle souille ceux qui la pratiquent..." Les yeux résolument clos, j'imaginais par anticipation les réactions diverses à mes missives. Des réactions dans le ton de celles que j'avais d'ores et déjà essuyé gorgées d'un mépris sans égal. "Je n'abandonnerais pas ma douce. Cela n'est pas dans mes gènes. Et puis quand le calice est tiré il faut le boire jusqu'à la lie... Il est trop tard pour reculer à présent." La chaleur des lippes charnues et désirables de la jeune marchande sur ma tempe me plongea dans un monde ou l'espoir renaissait. Un monde au sein duquel tout était possible. Ou tout était dans la balance du destin. Un monde au sein duquel je ne pouvais me permettre de me morfondre. Mon chef fut placé avec une fermeté maternelle au niveau du buste aimé tandis que les mouvements doucereux ne cessaient point leur sarabande énamourée. "Que ferais je sans toi mon existence ?" Un long silence s'étira entre nous me faisant baigner dans le repos bienvenu d'une paix relative jusqu'au moment ou ma dulcinée eut pu m'imaginer assoupis. Mais finalement, je répondis. "Le peuple de Dorne voilà qui nous servons. Que les puissants se querellent... Qu'ils prouvent leur vacuité et leur égoïsme. Nous sauverons notre peuple des griffes des Valtigars et de l'opportunisme des Allyrion. Je saurais trouver des alliés de circonstances bien davantage que d'amitié. Mais un souverain n'a point d'amis seulement des ennemis et des sujets. Et une femme sans laquelle il ne sait guère comment il s'en sortirait..." 

Son Prince bien aimé trouve le réconfort entre ses bras, et cela lui fait toujours immensément plaisir de voir qu'il lui fait bien assez confiance pour ça, qu'il parvient a être transparent sur ses émotions avec elle. Cela amplifie un peu plus l'harmonie qui règne dans leur couple et Jasmyne aime aussi toujours se sentir utile pour soulager son cœur de ses maux. Elle sait que même le plus grand des princes peut traverser un épisode de doutes, pour elle le fait qu'il l'assume devant son épouse est révélateur de grande humilité. Alors elle prend soin de lui, veille a trouver les mots pour l'aider a réfléchir a cette problématique. Il lui confirme être toujours déterminé, elle le sait, alors il ne doit pas s'arrêter devant les détails de ces seigneurs frileux de le rejoindre. « La politique n'a rien d'honnête, mais tu es un homme intelligent, tu as l'expérience, tu sauras réagir en temps voulu et tu le sais. » Elle pourrait lui faire la liste de ses innombrables qualités qu'elle a appris a connaître a force de le fréquenter et plus récemment en le voyant entouré de ses hommes. Jasmyne lui rappelle qu'au delà des alliés, c'est le peuple de Dorne qui est prioritaire et que des alliés il s'en fera d'autre. Les autres seront bien assez vite convaincus. Il gardera la foi, les dieux ont béni sa couronne, maintenant bien des obstacles se poseront sur son chemin, ceux là ne seront guère les derniers et il s'en doute aussi certainement. « Et moi que ferai je sans toi mon univers ? » Elle le laisse s'imprégner des mots échangés tandis qu'un instant de silence flotte dans l'air. Un moment elle le pense assoupi, continuant de caresser ses boucles avec tendresse pour accompagner son sommeil.


Mais il finit par hausser de nouveau la voix, comme s'il avait pris ces instants là pour réfléchir à tout ceci. Jasmyne l'écoute de nouveau hausser la voix tandis qu'il trouve l'équilibre dans ces instants de doute. Elle perçoit sa détermination revenir et laisser cet épisode de moral bas derrière lui. Jasmyne sourit, elle sera toujours là pour faire de son mieux afin de l'accompagner dans les instants sombres, et qu'ainsi il retrouve la lumière. Lorsqu'il parle comme ça, elle sait qu'elle a réussi.  « Tes paroles sont si belles mon Prince, elles font trembler d'émotion le cœur de l'humble Dornienne que je suis. Elles toucheront le cœur de nos semblables, le peuple sur lequel tu règnera croira en toi parce que tu as fait d'eux ta priorité. » Ses caresses tendres ne cessent pour autant, car elle même se complait dans cette posture où elle prend soin de son cœur entouré d'un brouillard. Elle l'a tant fait par le passé, elle aime prendre soin de lui, et le réconforter. Cela fait parti de son devoir de future épouse mais elle le fait avec envie de le voir se rassurer. « Tu es intelligent Moran, tu t'en serai sorti même sans moi, car tu es ta propre source de détermination. » Elle pose quelques baisers sur son visage, le baptise de démonstrations amoureuses et presque maternelles. « Crois en toi avant tout, car tu as toutes les qualités pour te sortir de n'importe quelle situation. » Elle le serre dans ses bras, contre sa poitrine où bat son cœur d'un rythme apaisé et profond. « Mais moi je serai toujours là, mes bras t'accueilleront toujours dans les moments où tu as besoin d'y réfléchir » Telle une muse, pour toujours et a jamais. Ses doigts redessinent l'arrête de son nez, le contour de son visage, se perdent dans cette barbe taillée puis son pouce redessine ses lèvres. « Tu es un homme incroyable. » Elle souffle a son attention avant de poser un baiser sur ses lèvres. « Il te faut dormir maintenant mon amour, tu as beaucoup travaillé ce jour, Dorne a besoin d'un Prince en forme et je veillerai sur ton sommeil. »

Elle sourit, ses caresses tendres se poursuivent dans sa nuque, elle pose sa joue contre con front, reste ainsi en le gardant dans ses bras aimants pour lui insuffler un sommeil reposant et profond. Jasmyne chantonne encore, de douces paroles afin de l'aider a trouver le repos et qu'a l'aube il soit déterminé plus que jamais, que ces sombres instants de doute restent derrière lui et qu'il avance sans crainte, sans plus de doutes, et sanas plus de colère envers ces seigneurs qui n'ont pour le moment pas choisi de l'accompagner. Des alliés il en aura d'autre, ce n'est pas ça qui manque.