SOCIABLE
Sociable, personne capable de relations humaines faciles, qui recherche la compagnie.
Sybelle avance doucement entre les étals de marchandises, s’arrêtant de temps en temps pour observer les différentes denrées. Le soleil de l’après-midi réchauffe sa peau tandis qu’elle marche en observant les marchands et ce qu’ils proposent. La jeune femme se poste près d’une table précise, léger sourire au coin des lèvres.
« Bonjour Daven. » L’homme lève les yeux de son ouvrage et sourit à la demoiselle.
« Ma Dame. »
« Combien de fois devrais-je te demander de m’appeler par mon prénom ? »« Probablement encore quelques-unes, Ma Dame. »
Sybelle sourit à l’homme et secoue doucement la tête de droite à gauche. Daven est probablement son marchand préféré, il est toujours gentil avec elle, plein d’attention et de tendresse. Pour l’avoir observé à plusieurs reprises, elle s’est rapidement rendu compte qu’il était de nature calme et gentille avec tout le monde, pas d’exception pour elle et cela lui a fait plaisir. Elle sait bien que son titre est important, qu’elle est de naissance noble, mais les années à Belcastel lui ont fait prendre en considération qu’elle ne valait pas vraiment mieux que les paysans. Au moins, eux, ils mettaient de la nourriture sur leur table et travaillaient pour le bien commun. À partir de ce moment, Sybelle a travaillé dur pour se forger : apprendre à comprendre rapidement les choses (que ce soit les tactiques, la politique, les ruses ou même les états d’âme des gens d’un seul coup d’œil). Elle s’est renseignée et a écoutée plus attentivement les enseignements de son père. En tant que future Lady de Belcastel, il était important qu’elle soit douce, attentive et compréhensive. Certaines de ses qualités ne sont pas encore totalement acquises.
La jeune femme attrape un fruit sur la table de Daven et dépose quelques pièces dans la main de l’homme. Elle lui fait un sourire et quitte son étal pour un autre, un peu plus loin sur la place. Sybelle avance doucement en mangeant son fruit, elle n’est attendue nulle part aujourd’hui et elle a bien l’intention de profiter de ce moment de calme pour discuter avec ceux qu’elle croise. Elle distribue des bonjours à tout ceux qui lèvent les yeux dans sa direction.
« Lanna. Je suis heureuse de te voir aujourd’hui. » « Il fait un temps superbe, tu as bien fait de venir. »
La marchande de fleurs décroche un bulbe rouge de sa tige et la place doucement dans les cheveux de Sybelle.
« Cela te va à ravir. »
La jeune femme tourne sur elle-même, laissant sa robe flotter dans les airs avant de s’arrêter et de prendre la place de Lanna sur le siège de son étal. Elle croise ses jambes l’une sur l’autre et observe la marchande.
« J’ai envie d’aller à la falaise pour observer la mer plus tard, viendras-tu avec moi ? »« J’ai du travail plus tard. »
« Oh, s’il te plait ! Tu as du travail tous les jours, de toute manière. »Lanna lève les yeux au ciel en secouant la tête. Elle prend une grande inspiration et baisse les yeux sur le visage pétillant de Sybelle.
« Bon, d’accord. Mais va-t’en. Laisse-moi terminer ce que j’ai à faire. »
Sybelle se lève d’un bond, laissant son siège à la marchande. Un grand sourire éclaire son visage lorsqu’elle se pousse pour laisser passer Lanna. Avec un petit rictus aux lèvres, la demoiselle articule :
« À vos ordres, chef. »ENTÊTÉE
Entêtée, personne qui s’attache avec énergie et de manière durable à une manière d’agir, à une idée.
« Ce n’est pas dans cette direction que nous devrions aller. Sybelle ! C’est beaucoup trop compliqué. »
« Althea, ne fais pas ta poule mouillée. »Sybelle observe la montée, elle n’est pas si raide. Lorsqu’elle observe les alentours, elle voit bien qu’il n’y a pas de chemin plus court. Elles doivent grimper. La jeune femme se tourne vers sa sœur et pose les mains sur ses hanches en poussant un soupir.
« Écoute, tu peux revenir sur nos pas si tu veux, mais c’est ce chemin qui est le plus rapide. »« Je ne veux pas salir ma robe. »
« Fais ce que tu veux, je t’attendrai en haut. »Les deux sœurs se séparent ; Althea part vers l’ouest, direction opposée d’où elles arrivent tandis que Sybelle se plante face à la pente. Elle secoue négativement la tête et entreprend de grimper le long de la côte escarpée. La terre est boueuse, mais les quelques pierres qui s’accumulent dans le sol l’aident à ne pas perdre totalement pied. De temps en temps, son soulier s’enlise un peu plus profondément, la terre mouillée n’aidant pas la jeune femme à rester debout. Elle grogne de mécontentement lorsque sa main, essayant de garder l’équilibre lâche sa robe et plonge dans la terre. Sybelle commence à avoir chaud et à regretter d’avoir emprunté ce chemin, mais elle n'abandonne pas. Elle passe une main dans ses cheveux et repousse ses mèches rebelles sans se soucier de la tête qu’elle aura en haut de la côte.
Lorsqu’elle pose finalement pied sur la terre sèche, ses chaussures et le bas de sa robe sont souillés, son visage est crispé de frustration et de la boue s’accumule à la base de son oreille. Ses lèvres se contractent encore plus lorsqu’elle voit le visage, tout sourire, de sa petite sœur, les bras croisés, qui l'attend.
« Je t’avais dit que… »
« Rah ! Ne fais pas ça. Ne sois pas condescendante, cela ne te ressemble pas. »L’ainée dépasse Althea en secouant le bas de sa robe pour tenter d’y déloger la terre collée.
« Je sais, mais… »
« La côte était plus glissante que je ne l’avais cru au premier regard. Mon chemin restait le plus rapide. » Sybelle ne le voit pas, car elle avance avec rapidité vers Belcastel, mais sa sœur trottine dans son dos avec un sourire aux lèvres, une chevelure impeccable et une robe propre.
COURAGEUSE
Courageuse, personne qui a du courage et agit malgré le danger ou la peur.
Sybelle se regarde dans les reflets de l’eau du bassin, son visage est le même, ses vêtements sont semblables, mais elle a l’impression d’avoir tant changé en quelques semaines. Belle Ile lui manque cruellement, ses longues balades dans la nature et surtout le vent qui sifflait parfois si fort. Parfois, on s’imagine qu’une personne qui possède du courage est vouée à de grandes aventures périlleuses. La jeune femme considère que le vrai courage n’est pas celui d’une seule action spectaculaire, c’est celui de plusieurs petites actions qui, avec persévérance, œuvre dans un but précis. Cela prend énormément de courage pour quitter sa famille, son foyer et ses habitudes pour une vie un peu plus mouvementée à la Cour.
En deux mois à Castral Roc, la jeune femme s’est retrouvée fiancée et Dame de Compagnie. Deux rôles qu’elle endosse avec la précision d’un marionnettiste, sautant de l’un à l’autre en un claquement de doigts lorsque la situation l’exige. Nous ne naissons pas courageux, nous apprenons simplement à le devenir. Sybelle a appris. Très rapidement.
« Lequel de vous deux y passera en premier ? »Elle se redresse en souriant, regardant les deux garçons qui jouent à côté d’elle. Sybelle attrape Tybalt et lui fait des chatouilles sur la peau douce de son petit ventre. De l’autre bras, elle répète l’opération avec Cadwyn et se retrouve assise sur le plancher, dos à la bassine d’eau, à jouer avec les enfants de la Princesse au lieu de les laver.
PERFECTIONNISTE
Perfectionniste, personne qui cherche à la perfection de ce qu’elle fait, qui fignole (à l’excès) son travail.
Sybelle déteste le claquement que ses souliers font sur le sol de Castral Roc, elle se déplace donc le plus rapidement possible jusqu’à la chambre de la Princesse Megara. La demoiselle toque à la porte et pénètre dans la pièce. La fête donnée aujourd’hui est importante, c’est d’ailleurs pour cela que Sybelle porte ces souliers au son épouvantable, ce sont ses plus beaux et, qui plus est, ceux qui vont le mieux avec la robe qu’elle porte. La jeune femme s’approche des vêtements qui ont été sélectionnés pour la Princesse et grimace. En soi, la robe n’est pas hideuse, Sybelle sent qu’elle pourrait bien aller à n’importe quelle occasion, mais… pas aujourd'hui.
La demoiselle met son nez dans les plus belles robes de Megara et en sort une, qu’elle pose aux côtés de celle précédemment choisie. Elle s’empresse de choisir les accessoires parfaits pour agrémenter cette majestueuse tenue et dans sa tête, elle fait une liste des coiffures les plus adaptées pour contribuer à cette splendeur.
Lorsque la Princesse arrive, Sybelle remarque qu’elle est lavée. La demoiselle inspire un bon coup et se tourne vers l’autre femme.
« Officiellement, tu as deux choix de robe. Officieusement, un est meilleur que l’autre. »Sybelle se tourne vers les deux propositions, l’une magnifiquement décorée de bijoux et l’autre, simplement posé sur le lit, semble fade. Combat déloyal des robes. Megara choisit – évidemment – la dernière à être apparue sur le lit. La Dame de Compagnie propose à sa Princesse de s’asseoir à la coiffeuse, puis elle s’active autour d’elle. Bientôt, ses cheveux sont coiffés de manière fort élégante, sa robe contraste magnifiquement avec son teint et les légers accessoires sont tout aussi appropriés que magnifiques. Sybelle sait en faire juste assez, ni trop, ni trop peu. Juste… la perfection.
Finalement convaincue, elle regarde Megara avec un sourire en coin :
« Voilà. Tu es parfaite. Tu en feras pâlir la Reine d’envie. » VIVE D’ESPRIT
Vive d’esprit, personne qui est vif, de son caractère, de son comportement et de son esprit ; rapide à comprendre, plein de vie et d’élan.
Déjà enfant, Sybelle avait une facilité à trouver des solutions à ses problèmes, ne demandant l’aide d’autrui que lorsqu’elle avait épuisé ses propres solutions. Prompte à vouloir résoudre les choses à sa manière, elle a appris très jeune que les problèmes du monde pouvaient reposer sur un seul mauvais choix.
Aujourd’hui, elle a vieillis, elle comprend mieux la politique, la guerre et les devoirs de tout un chacun. Lorsqu’elle s’installe confortablement dans son fauteuil pour écouter les missives que Megara lui transmet – lorsqu’elle en a envie – elle est capable de comprendre les enjeux de la majorité des décisions, sans pour autant trouver de solution plus adéquate. Parfois, il faut se contenter du moins grand sacrifice et c’est une notion que Sybelle a du mal à digérer. Pour elle, le moins grand sacrifice sera toujours cette solution où il n’y a pas de sacrifice à faire, même si elle est difficile - voire impossible - à trouver.
« Je comprends qu’il faut faire la guerre, qu’il en a été décidé ainsi, mais est-ce réellement de cette manière que les problèmes se régleront ? »Elle berce l’un des jumeaux de Megara en lui flattant doucement le haut du crâne. La jeune femme s’étonne encore de l’énergie débordante des enfants de la Princesse, mais lorsqu’ils sont endormis, les jumeaux ressemblent à des anges tombés du ciel. Elle lève les yeux vers son amie et lui sourit tristement. Encore une fois, elle se dit combien il est injuste que des familles soient séparées au nom de la justice… Justice qui n’arrivera peut-être jamais.
« Ne t’en fais pas. Si Lyman a choisi cette voie, c’est que son choix est logique et réfléchit. »Sybelle sourit doucement à Megara et repose son regard sur le visage endormi de Tybalt. La Dame de Compagnie continue de bercer l’enfant dans ses bras, puis songe à sa propre famille, au rôle qu’ils ont dans cette guerre. Elle soupire doucement, son visage plus sérieux que d’habitude avec une petite ride d’inquiétude qui marque son front. Lorsque Megara le lui fait remarquer, elle plaque un sourire sur les lèvres et détend son visage. Elle sait pourtant très bien que cela ne trompera personne, particulièrement cette Princesse qui la connait beaucoup trop.
« Je me demandais simplement… Ce que je pensais de la situation. De l’accord avec les Valyriens. » Sybelle prend un instant et relève le visage vers la femme assise à ses côtés.
« J’ai simplement l’impression que ce sera nous qui serons floués à la fin. » Elle enroule doucement son doigt dans les mèches de Tybalt et pousse un long soupir. Megara ne lâchera pas le morceau si facilement, Sybelle en est consciente.
« D’accord. Ce que je pense réellement, c’est que cet accord est très défavorable pour nous dans les faits. J’ai entendu bon nombre de gens dire qu’ils ne comprenaient pas que l’on puisse donner notre confiance à des hérétiques d’une autre terre venus pour conquérir. Ce ne sont pas mes propres paroles, je te rapporte simplement ce que j’ai entendu, mais il est vrai qu’en aucun cas, nous n’avons eu la preuve qu’ils méritaient une quelconque forme de confiance de notre part. D’autres se disent que nous avons poignardé dans le dos ce qu’il reste de la famille Martell, et je ne suis pas sûre d’être en désaccord. Évidemment, personne ne se plaint vraiment, c’est seulement qu’ils se questionnent sur les décisions du Roi et sur les répercussions de ces décisions. »Sybelle prend une pause. Elle-même ne sait pas vraiment ce qu’elle pense de l’accord, de ce que cela implique pour elle, mais aussi pour tout le Royaume.
« Il y avait des choix à faire. Certains ont été faits. Il ne reste plus qu’à attendre et prier les Dieux pour que les résultats soient favorables à notre cause. »FRANCHE
Franche, personne qui s’exprime ou se présente ouvertement, sans artifice, ni réticence et qui présente des caractères de pureté, de naturel.
Assise aux jardins, la jeune femme observe les fleurs autour d’elle. Pour la majorité, elles ne valent pas celle qui pousse sur Belle Ile. Lyman lui a dit qu’elle devait considérer Stefan Lefford, ce qu’elle fera pour faire plaisir à son Roi, mais le cœur n’y est pas. Elle reconnaît aisément en son for intérieur que la situation n’est pas simple, qu’elle ne peut plus se permettre de faire n’importe quoi : son rôle a changé dans les dernières années et c’est peu de le dire. Elle passe distraitement la main sur l’une des fleurs, flattant, en chantonnant, les pétales les plus douces. Sybelle adore le contact de la nature, le sable sous les pieds, le vent dans ses cheveux, l’odeur de la mer salée, mais surtout l'odeur et le touché des fleurs.
Le bruit des bottes contre la pierre fait relever la tête de la demoiselle. Stefan est devant elle. Ce rendez-vous arrangé lui semble d’autant plus ridicule depuis qu’il est arrivé. Elle avait presque espéré qu’il ne vienne jamais.
« Vous êtes en retard. »Elle se décale un peu pour lui laisser de la place sur le banc qu’elle occupe en observant la moindre de ses réactions. Il a un certain sourire aux lèvres qu’elle s’explique mal.
« Le Roi m’a retenu un moment, veuillez m’excuser pour ce retard. »
« Si c’est Sa Majesté qui vous a mis en retard, je tâcherai de le lui pardonner. »Elle sourit franchement à Stefan qui semble comprendre la plaisanterie et légèrement se détendre. L’atmosphère lourde du début de conversation s’évapore doucement pour laisser place à une conversation sur tous les sujets ; politique, famille, voyage, guerre, paysage. Sybelle se perd dans des récits sur son enfance à Belcastel, Stefan parle de La Dent d’Or et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il soit l’heure de se séparer. Ils se quittent, non sans un dernier sourire.
Depuis, lorsque Sybelle évoque cette rencontre forcée, elle en parle en bien.