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Sarah Bolger est<a href="/t9005-el" target=_blank"><span class="Gp_Nord">Eléanor Stark</span></a> - Scénario Pris  /a>

Code Recensement : Le Nord

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Eléanor Stark - Reine- <a href="/t9005-el" target=_blank" > Scénario Pris </a>

Silence. Rien ne semblait pouvoir troubler la quiétude du septuaire. Il fait sombre et doux, entre les murs du lieu saint. Celui-ci est désert. ll était tard; la plupart des habitants de Villevieille dormaient, ou du moins s'y essayaient. Une n'y parvenait pas. Lentement, la porte principale s'ouvrit, les gonds gémissant sous l'effort de poussée. Puis tout aussi doucement, l'entrée fut refermée. Des bruits de pas hésitants et une respiration saccadée troublèrent la sérénité ambiante. Une silhouette s'agenouilla sur un Prie-Dieu disposé dans un coin, et ses doigts s'entrelacèrent. La personne semblait luire d'une aura fantomatique; ses ongles rentraient dans la peau fragile de ses mains, mais elle semblait n'en avoir que faire, les resserrant toujours plus, comme pour maîtriser des tremblements... Bien vainement. Eléanor cherchait des réponses.

Dieux, que les Hommes sont cruels. Vous êtes bien au-dessus de nous, ceci dit, ne sommes-nous pas un peu fait à votre image ? En ce cas, à qui dois-je m'adresser ? Sur qui dois-je déchaîner ma colère, mon angoisse et ma haine ? Qui d'entre vous se fera le dépositaire de mon réquisitoire, de ma complainte ? Toi, le Guerrier ? Toi, par qui les hommes jurent lorsqu'ils se lancent dans leurs grandes batailles ? Lorsqu'ils t'acclament, ils pensent à la gloire, aux honneurs; à la richesse et à la renommée suivant les grandes victoires. Pourtant, ce n'est pas ce que j'ai vu aujourd'hui. Ou bien toi, l'Etranger ? Après tout, tu es sûrement le plus craint des Sept; à raison après tout, puisque la mort de nos proches te revient. Si tu es celui qui amène la mort, choisis-tu ses modalités ? Est-ce de ta faute, ce qu'il s'est passé aujourd'hui ? As-tu voulu, désiré, ce carnage ? Pourquoi ?!

Pourquoi... L'écho de la voix secouée de sanglots d'Eléanor fit trembler les murs du Septuaire. Aujourd'hui, son grand-père, Kian Tully, avait été tué de la plus horrible des manières. L'empereur et son fils étaient arrivés trop tard pour renverser le cours de la bataille, et la seule chose qu'avait pu faire le vieil homme pour sauver le plus jeune héritier de leur famille c'était de le pousser vers les murs de Vivesaigues et de se rendre à l'ennemi. Voilà comment un guerrier, un père, un grand-père, un homme de foi, un homme d'honneur et un Seigneur avait été récompensé de ce don de soi. Une immolation par le feu. Il avait connu le bûcher, et ses cris de douleurs mêlés à ceux des centaines d'autres soldats massacrés avec lui, avaient rejoint jusqu'aux murailles de Vivesaigues. L'ennemi avait bien fait attention que la scène présentant cet hideux spectacle soit assez proche pour être à portée de vue et d'ouïe. Eléanor était, bien qu'en arrière, sur les remparts à ce moment-là. Son frère était revenu du champ de bataille, l'Empereur et le Prince Héritier juste arrivés, elle avait voulu voir ce que pouvaient trafiquer leurs adversaires, qui créaient encore un sacré boucan. L'aînée avait bien cru défaillir devant cette affreuse représentation. Elle avait pourtant tenu bon, et ce jusqu'à cet instant où elle se laissa aller. Toutes les larmes de son corps roulèrent sur ses joues d'albâtre, purgeant tant bien que mal la douleur qui la rongeait. Et alors qu'elle se redressait, son chagrin extirpé de son coeur pour la nuit à venir, Eléanor le promit devant l'assemblée des Dieux : elle n'oublierait pas le nom de Serrett. Jamais.

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Le plus étrange, dans un pays en guerre, était que les événements passaient plus vite qu'on avait le temps de les appréhender. Voilà un mois que Vivesaigues tout entier portait le deuil, sinon la mémoire, de Kian Tully. Pourtant, en l'un de ces tous premiers jours de l'an 2, le château s'était paré comme possible de ses plus belles couleurs pour célébrer le mariage du Roi du Nord, Jon Stark, fils de l'Empereur Torrhen Stark, avec Eléanor, fille du nouveau Roi Fédéré des Rivières et des Collines, Lyham Tully. Autant dire que l'une des deux principaux concernés avait tiré une tête de trois pieds de long lorsqu'elle avait appris, quelques mois plus tôt par une simple lettre, que sa main avait été accordée sans même la consulter. Depuis, ça avait été la guerre froide entre elle et son géniteur. Oh, elle ne lui en voudrait sûrement pas éternellement; elle l'aimait trop pour cela. Pour autant, elle comptait bien lui en faire baver. Il ne regretterait peut-être jamais son acte, qu'elle considérait comme de la trahison envers tout ce qu'il avait jamais pu lui promettre; au moins, la jeune fille aurait pu faire connaître son point de vue, et ce sans impliquer ni heurter celui qui dans, quelques minutes, serait son époux. Alysanne avait bien tenté de la raisonner, d'autant plus que la demoiselle était connue comme sage et réfléchie. Que nenni, la mère de famille s'était poliment faite envoyer paître par son aînée. Ainsi, alors que Lyham était venu prendre son bras pour l'amener jusqu'au coeur du septuaire, Eléanor le lui avait donné - bien évidemment, être en colère n'empêche pas de se comporter avec la plus élémentaire dignité - mais sans lui accorder pour autant le moindre regard, ni même la trace d'un sourire ou d'un quelconque signe affectueux. Lorsqu'agacé par ce comportement qui durait depuis son retour à Villevielle, il le lui fit remarquer à bas-mot en remontant l'allée du Septuaire, il ne reçut en retour qu'un froid : Je ne vous ai jamais promis d'être agréable; au moins, je ne rompts pas de serment, moi. Et ce fut tout, jusqu'à ce qu'il la laisse auprès de Jon, à qui elle dédia un timide sourire. Elle n'en voulait pas à ce jeune homme, d'autant plus qu'il avait son charme et s'était toujours montré très courtois envers elle. Cependant, les rumeurs de couloir laissaient entendre qu'elle n'était jamais que la troisième à qui il était promis, ce qui avait contribué à émietter le coeur de la jeune princesse. Le chemin à parcourir avec lui serait long, aussi essaya-t-elle de mettre cette pensée de côté; ils avaient un engagement à contracter, et en tant que Fille Tully, elle ne comptait pas y déroger. Famille, Devoir, Honneur.

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Eléanor détacha le chignon qui retenait ses lourdes boucles brunes, les laissant dévaler en cascade dans son dos. Soupirant d'aise, elle s'assit devant son petit bureau, dans lequel elle rangeait précieusement les missives de ses proches. La dernière lui venait de Jon, dans laquelle il lui annonçait l'arrivée prochaine de Torrhen Glover à Winterfell. La jeune Reine avait passé ces derniers jours à tout organiser, afin que ce pauvre garçon puisse se sentir chez lui, au plus possible. Entre ceci, administrer - bien qu'en étant aidée - les affaires courantes, prendre soin de Sigyn, et enfin un peu d'elle-même... Heureusement, d'ailleurs, que cette nouvelle grossesse se révélait jusqu'ici moins exténuante que la précédente. Peut-être que son corps se faisait enfin à son rôle ? Autant les premiers temps de vie commune avec son roi de mari n'avaient pas été simples, autant Eléanor ne se verrait pas autrement désormais que dans cette posture de mère de famille, clan qui s'agrandit petit à petit. Une vraie meute en devenir ! Elle sourit à cette fugace pensée, se disant qu'elle commençait vraiment à réfléchir comme une Nordienne. Laissant ses réflexions vagabonder, elle finit par sortir de quoi coucher le fruit de ses méditations sur un support plus concret que sa simple imagination. Une personne, pourtant disparue, apparut soudainement dans son esprit. Sa mère.

Au souvenir de ma mère,
Alysanne Tully

Voilà bien longtemps que je n'ai pu connaître la joie d'entendre votre voix, Mère. Vos justes réflexions et votre bon sens me manquent, souvent. J'espère un jour faire preuve d'autant de sagacité que vous le faisiez. Mais, laissez-moi vous écrire comme s'il nous était encore possible de nous voir après quelques semaines passées sur les routes.

Il semblerait que, petit à petit, je me sois faite au Nord. Vous seriez surprise (ou probablement pas) d'apprendre que je me suis réconciliée avec Père. Bien sûr, je lui tiendrai toujours rigueur de n'avoir tenu sa parole envers moi. Pour autant, j'ai grandi je pense, et ai accepté que tel était mon Destin. Jon est un époux respectueux, fidèle et il adore Sigyn, notre fille. J'ai d'ailleurs la joie de vous annoncer que nous attendons un deuxième enfant. Je n'en oublie pas Vivesaigues, et reçoit régulièrement des lettres de Brandon comme de Charissa. Lyssandre me manque, également. Malgré tout, je vis bien à Winterfell, et la seule chose que j'espère est que la guerre saura un jour s'arrêter.

Je vais devoir vous laisser, Mère; il serait inconvenant qu'une Reine dorme jusqu'après-midi, n'est-ce-pas ? Je me dois de rester consciencieuse et prudente, d'autant plus en l'absence de mon Roi et époux.



L'hiver vient.

Votre fille, Eléanor.

Codage par Libella sur Graphiorum, parchemin de ftourini

Epuisée par son petit exercice de discussion imaginaire, Eléanor se releva, un léger sourire ornant son doux visage. Après avoir soigneusement rangé ce courrier comme s'il avait été l'un de ceux dont elle pouvait être la destinataire, la maîtresse de céans caressa son ventre rebondi. Il va être temps d'aller dormir, tu sais, déclara-t-elle à la bosse qui avait été formée par un coup de pied rebelle. Déclaration qu'elle mit à exécution quelques minutes plus tard, après une nouvelle journée bien mouvementée..