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Freddie Thorp est <a href="/t8819-m-ben" target=_blank"><span class="Gp_Nord">Benjen Corbois</span></a> - Scénario pris

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Benjen Corbois - Aide de camp du Roi Jon Stark - <a href="/t8819-m-ben" target=_blank" >Scénario pris</a></a>

C’est pendant son enfance qu’il s’employa à connaître et apprendre tout ce que pouvait lui conter son mestre. Sa mère aimait lui répéter combien il était important qu’il connaisse tout ça, pour devenir un bon seigneur plus tard, et savoir défendre les siens ainsi que lui-même. Ben, lui, n’écoutait que d’une oreille distraite les conseils de sa mère. Il ne comprenait pas tout à fait pourquoi il fallait être méfiant, tout le monde était si gentil avec lui. Mais il écoutait tous ses conseils, apprenant sans relâche ses leçons, davantage pour faire plaisir à sa mère, que pour lui. Il voulait la rendre heureuse, et la rendre fière, et visiblement cela passait par l’apprentissage de ces vieilles histoires. Cette volonté de rendre fière sa mère resta bien présente à chaque instant : il fallait que le regard que porte sa mère sur lui soit un regard empli de fierté et d’amour. Et ce fut toujours ce regard là qu’elle soutint sur son rejeton, gonflant celui-ci d’une certaine force et de cette évidence qu’on les enfants d’être invincible. Tant que sa mère était auprès de lui, il pouvait tout réaliser.

Son père, dans tout ça, était bien plus en retrait. Toujours à droite et à gauche, quand il était présent il ne montrait pas beaucoup d’intérêt pour l’éducation de son bambin. Certes, il avait beau veiller sur lui avec la même bienveillance qu’avait sa mère, mais Ben voulait que son père passe plus de temps avec lui. Égoïstement, il aurait aimé les avoir tous les deux pour lui et ne jamais avoir à partager le temps qu’il passait avec eux. Et puis sa mère tomba enceinte et Ben suivit avec grand intérêt ce ventre qui grandissait de jours en jours. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Un quoi ? Il était fasciné par cette histoire d’enfant qui grandissait à l’intérieur du corps de sa mère, et comprit que c’était comme ça qu’il avait commencé son existence également. Et puis un jour, il entendit sa mère crier et, ses souvenirs étant bien flous de ce moment-là, il en fut presque traumatisé. Comment pouvait-on faire mal à sa mère ? Pourquoi criait-elle si fort ? Elle avait vraiment l’air de souffrir et cela lui fit si mal qu’il voulut la rejoindre. Mais on le retint, en expliquant à l’enfant apeuré qu’il était, que ce n’était pas sa place.

Il ne sait pas s’il se souvint réellement ou si on le lui avait conté une fois plus grand, mais il semblerait qu’il avait rapidement voulu découvrir le visage du petit être qui s’était alors extirpé du ventre beaucoup moins rond ensuite, de sa mère. Cette petite bête rouge du nom de Lyarra Corbois, ne faisait que crier mais Ben avait entendu qu’il devrait prendre soin d’elle plus tard. Il ne comprenait pas bien tout ce que cela signifiait, mais il promit de la protéger, et de protéger toutes les personnes importantes de sa vie.

L’apprentissage du combat, de l’utilisation d’une arme et de l’équitation furent plus difficiles pour le jeune garçon. Mais il s’y employa avec autant de ferveur dont il avait fait preuve auprès des livres. Il était bon, pas excellent, mais assez pour bon pour savoir se défendre et attaquer intelligemment un adversaire mouvant. Quitte à choisir, il était meilleur avec une épée entre les mains qu’avec un arc, mais il savait tout de même toucher une cible. À cheval, c’était une autre histoire et il avait bien souvent du mal à gérer et son cheval, et son arme. Qu’importe ses résultats, ce n’était jamais assez pour le jeune garçon qui chercha vainement une reconnaissance chez toutes les personnes qui suivirent son apprentissage. Il fut déçu de ne pas être meilleur qu’il n’était, même après des années de dur labeur, s’entrainant avec exigence, sans obtenir davantage de lui-même. Il n’était pas mauvais, mais à ses yeux il n’était pas assez bon. Il comprit bien vite qu’il lui faudrait obtenir cette reconnaissance d’une autre manière afin de pallier ses lacunes. Il commença donc à travailler les stratégies de guerre en s’inspirant des grandes épopées anciennes que lui contait jadis son mestre.

Les années passèrent et le jeune garçon apprit à s’améliorer, à bien utiliser sa cervelle pour arriver à ses fins. Les petites frustrations d’enfant laissaient peu à peu place à des réflexions plus poussées sur ce qu’un homme devait faire, comment il devait se comporter, et tout ce qu’il devait faire, ou non, conformément à l’étiquette d’un seigneur. Toujours bien décidé à rendre ses parents fiers, il continua à s’entrainer sans relâche. Quelque part c’était sa façon de remercier sa mère de veiller si bien sur lui, ainsi que de remercier son père de l’avoir entrainé afin de faire de lui son digne héritier. Et plus généralement, un homme droit et bon. Honneur et loyauté furent ses préceptes comme un véritable chevalier du Nord. La peur qu’il conservât fut surtout celle de décevoir l’un ou l’autre de ses géniteurs.

C’est alors qu’un corbeau revint un jour, « noires ailes, noires nouvelles » disait l’adage. Et celui-ci apporta la mort de son père. La tristesse dont sa mère fit état à l’accueil de la nouvelle lui brisa le cœur. Il ne saurait accepter que sa mère souffre tant. Cela fit naitre en lui la flamme d’une ambition. Celle de devenir assez puissant pour protéger les siens. Et cela passait par un entrainement laborieux avant de rejoindre son Prince Jon Stark comme aide de camp dans ses campagnes. Quant à sa propre tristesse à l’annonce de la mort de son père, Ben fit son possible pour ne pas trop montrer son chagrin. Tout enfant qu’il était, il fit son possible pour ravaler ses sentiments, muant son chagrin en une colère déraisonnée à l’endroit de son meurtrier. Il tuerait celui qui s’en était pris à sa famille et vengerait la mémoire de son défunt parent.


Il y a dans les contes des histoires formidables avec de grandes batailles que de célèbres seigneurs et guerriers ont mené les uns contre les autres. Si celles-ci semblaient lointaines dans les oreilles du jeune enfant qu’il était quand son mestre lui faisait apprendre ses leçons, elles perdaient grandement de leur beauté une fois sur un champ de bataille. On ne vous conte pas les odeurs nauséabondes des corps démantibulés et la couleur vermeille du sang dans ces fabuleuses histoires. On ne vous conte pas non plus la pestilence de la peur qui emplit les poumons de chacun quand l’ennemi marche sur vous. L’élan d’adrénaline quand on lève son épée pour la première fois contre le pion de l’ennemi adverse, non plus. Et encore moins cette satisfaction malsaine quand cet ennemi s’écroule à vos pieds, la gorge a moitié sectionnée, assez pour tâcher de son sang le sol et vos bottes. Il n’est pas question de sentiments, simplement de faits, dans ces vieilles histoires. C’est la première leçon qu’apprit le jeune Corbois quand il prit les armes auprès de son futur Roi.

Il y avait quelque chose de grisant dans les batailles. Il n’était plus question d’un individu isolé mais d’une foule, d’une meute comme les Stark les dénomme, fondant sur son ennemi gueule béante et crocs acérés. La vague pensait tel un seul homme avec un unique objectif : vaincre son adversaire. Le jeune homme le comprit lors de sa première confrontation avec la mort à la bataille de la Mort-Aux-Loups. Mais au-delà de la volonté de vaincre se cachait la volonté de tuer. Ou plutôt le besoin de le faire. Car si on ne devenait pas un meurtrier, c’est le charnier que l’on rejoignait. Ben s’était pourtant cru bien préparé. Il avait lu des centaines d’histoires et s’était entrainé avec tant d’acharnement… Mais comment retranscrire l’horreur d’un champ de bataille dans les apprentissages d’un enfant ? Il y avait des leçons qu’il ne valait mieux pas enseigner. Celle de tuer un adversaire croyant lui aussi sa cause juste, lui ôter la vie sans même y penser plus que ça, jubiler de le faire s’écraser dans la marre de son propre sang, puis reprendre ce même schéma sur le suivant. Il n’était pourtant pas question de pleurer la mort de quiconque dans la frénésie de la bataille, seulement de continuer à serrer les dents alors que les épées s’abattaient.

Ce fut dans un instant de doute et d’effroi que le jeune Corbois manqua de perdre ses boyaux. Enfin, s’il n’avait pas été couvert de mailles, peut-être cela serait-il arrivé. N’ayant pas eu la rapidité d’éviter le coup d’une masse, il la prit dans le plastron de son armure, un peu au-dessus du ventre. Une douleur indescriptible lui avait alors transpercée le corps. En plus du choc qui l’avait envoyé trébucher quelques pas plus loin, il sentit qu’il devait y avoir une ou deux côtes de brisées sous son plastron. Par chance, un homme lui vint en aide alors que son assaillant revenait à l’attaque. Remerciant ce dernier d’un mouvement de tête, il poursuivit son combat en serrant les dents, seulement tenu par l’adrénaline et par la peur de laisser sa mère dans le chagrin d’apprendre la mort de son fils lors de sa première bataille. Heureusement pour lui, le combat cessa quelques temps après ça. Le charnier qui résultat du combat le marqua à vie, mais eu surtout pour effet de l’endurcir. La chevauchée de retour jusqu’à Winterfell fut longue et douloureuse mais ce fut victorieux, et vivant surtout, qu’il rejoignit le défilé du retour de la guerre.

Ce fut la première bataille, la plus traumatisante, mais pas la dernière de celles qu’il devrait mener au cours de sa vie. Vivant mais abîmé, il en était tout de même sorti. Quelques temps après, ce fut la bataille d’Eysines à laquelle il participa auprès de son Roi. Bien décidé à venir au bout de celle-ci pour des raisons de vengeance personnelle, il s’élança corps et âme dans le combat. Entre temps, il avait pu se préparer psychologiquement à faire face aux horreurs de la guerre. Bien que ce ne soit jamais facile à mettre en œuvre. Il fit face. Son épée s’abattait çà et là sur ses adversaires, tranchant les membres tels des morceaux de viande. La lame s’enfonçait durement dans la chair d’un ennemi trop distrait par-ci, grattait en déviant contre le métal d’armure par-là. Les combats conservaient cette sensation grisante où l’adrénaline grimpait en flèche afin de conserver la tête sur ses épaules, littéralement. Contrairement à la première bataille, celle-ci se déroulait dans un épais brouillard. Ses opposants apparaissaient de nulle part pour fondre sur lui et ses compagnons à la manière de centaines de fantômes. Mais des fantômes armés jusqu’aux dents. Ce n’étaient plus des sauvageons qu’ils combattaient, mais des hommes presque aussi bien armés qu’eux.

Puis il y avait la cavalerie. Il s’agissait d’être aussi vif qu’un cheval lancé à pleine vitesse sur les lignes ennemis. Parfois il valait mieux éviter le coup en se vautrant sur le côté. D’autre fois, il avait tout juste le temps d’abattre sa lame contre le poitrail de l’équidé dont, la peau pourfendue par l’arme, s’écroulait quelques mètres plus loin, la tête baisant la neige et son cavalier catapulté encore quelques mètres devant. Il y avait des cris dans tous les sens. Les cris et gémissements d’agonis et de souffrance se mêlaient aux hurlements des hommes de Roi pour encourager l’armée du Nord à continuer à avancer pour assurer une progression constante sur les troupes adverses. Les vieux hymnes du Nord grondaient sur le champ de bataille alors qu’ils continuaient chacun leurs avancées, perdant de nombreux compagnons dans le procédé, défigurés par flèches ou carreaux. L’odeur de fer si caractéristique du sang empestait la zone de combat et il arrivait que Ben trébuche sur un cadavre, malgré tout l’effort dont il faisait preuve pour garder un pied devant l’autre sans se trouver distrait. De nombreuses entailles couvraient son corps, des hématomes également, et le sang semblait ruisseler sur son visage sans qu’il ne parvienne à discerner le sien de celui de ses ennemis. Il crut tomber de fatigue à plusieurs reprises mais ses jambes continuèrent à le porter jusqu’à la fin. Soudain, une ombre gigantesque s’abattit sur le champ de bataille, en plein milieu de la mêlée. Puis le ciel s’embrasa et l’odeur carbonisée recouvrit les environs quand les flammes brulèrent les soldats ennemis. C’était un joker qu’il valait mieux avoir dans son camp, pensa le jeune Corbois qui braquait sur le lézard géant un regard fasciné.

Cette bataille sembla durer des jours tant la fatigue qui pesait sur le corps lourdement armé du jeune homme peinait à continuer à avancer. Galvanisé par les hurlements des loups, il avait continué à abattre son épée sur les adversaires de son camp. Et quand l’empereur porta le coup fatal à Harren, une clameur reprit de plus belle sur les combattants. La bataille reprit à nouveau pour finalement s’adoucir peu à peu à mesure que certains s’écroulaient sur le sol gorgé d’écarlate et que d’autres finissaient prisonniers de l’empire. L’empire était vainqueur, et avec lui le Nord. Et son père fut vengé.

La guerre faisait rage et le jeune homme poursuivit son chemin en suivant docilement son Roi du Nord. Ainsi, il s’engagea à sa suite vers Fort-Darion puis jusqu’à Vivesaigues quand le Nord rejoignit les forces de l’empire contre les forces de l’Ouest. Il fut très à l’écoute de toute la stratégie qui se mit en place autour de ce siège qu’il fallait briser, des généraux du Roi qui grognaient d’attaquer alors que Jon Stark souhaitait attendre avant de lancer l’affront. Le Nord était ressorti victorieux au cours des dernières batailles, aussi il régnait une certaine fièvre au cœur des lignes du front. L’armée chantait, hurlait tout en faisant marche vers Vivesaigues. Ce n’était pas une ambiance de fête pour autant, mais plutôt la manière des Nordiens de se concentrer dans la bataille à venir. Puis ce fut à nouveau la mêlée et le carnage de concert quand les armées se rencontrèrent et que le fracas de l’acier se fit assourdissant. Et même quand les épées s’abattaient et que les cadavres s’amoncelaient, les clameurs des chants Nordiens ne cessaient guère. C’était rendre hommage aux combattants tombés, et encourager ceux qui continuaient à faire face. Le combat fut à nouveau particulièrement rude, et le Nord cru perdre son Roi mais il n’en fut rien et Vivesaigues fut libérée, baignant dans le sang. Quant à Benjen, il en ressortit avec des blessures mineures et s’attela donc à la tâche d’apporter son aide aux blessés.

À mesure qu'il combattait aux côtés de son roi, Benjen en vint à s'imaginer plus proche de celui-ci, à le conseiller afin de prendre les bonnes décisions aux bons moments. Il se savait encore assez novice dans les combats mais il n'oubliait pas toutes ses recherches dans l'idée de former les meilleures stratégies pour abattre la défaite sur les adversaires de l'armée du Nord.


À mesure que le jeune homme gagnait des années et que son caractère se faisait plus affirmer, la relation avec sa mère se modifia peu à peu. Dans une volonté de s’émanciper, Ben n’hésitait plus à dire ce qu’il pensait de l’ambition démesurée de sa mère. Par excès d’amour ou d’incompréhension quant à ce besoin d’être au-dessus des autres, il ne pouvait pas soutenir toutes les décisions de Nelya. Et quand celle-ci fut promise à un certain Conrad Omble, mère et fils s’éloignèrent un temps. Le jeune Corbois considéra ce nouveau mariage comme une trahison de sa mère envers son défunt père. Comment pouvait-elle aimer un autre homme ? Ou pire, comment osait-elle accueillir un autre homme-là où son père l’avait aimé ? Les relations entre Nelya et son fils se tendirent sans pour autant se briser. Ben ne pouvait s’empêcher de garder un œil sur sa mère bien qu’il continuait de lui exprimer à quel point il désapprouvait cette union. Le jour du mariage se passa cependant sans aucun incident. Il était assez bien éduqué pour garder ses remarques acerbes en privé. Et il ne se montrait pas pour autant chaleureux en présence de son beau-père, conservant une façade polie et respectueuse.

Mais le jeune homme ne se lia jamais réellement à cet homme. Il avait décidé qu’il ne l’aimerait pas et il lui était donc impossible de considérer ses actes d’un regard naïf. Chacune de ses apparitions l’agaçait et il faisait tout son possible pour ne pas le voir trop longtemps en compagnie de sa mère, incapable d’accepter que cet homme remplaçât son paternel. Une année passa et son beau-père perdit la vie, laissant sa mère veuve à nouveau. Ben reprit alors sa place auprès d’elle. La maturité avait également modulé le jeune garçon et il avait désormais compris que c’était de cette manière que des alliances se créaient. Cela n’avait jamais changé l’amour que portait Nelya pour Lucan, ni la place que ce dernier avait dans les cœurs de la famille. Et cela ne changerait désormais plus l’amour incommensurable que portait le fils sur sa mère.