Cher père,

Je suis désolée. Désolée de ne pas être à la hauteur de vos attentes, désolée d’avoir pensé vivre avec l’homme que vous avez choisi pour moi un amour aussi beau et fort que celui qui vous unissait avec mère. Je suis désolée que vous l’ayez perdue, je perds aussi quelqu’un d'irremplaçable et bien que cela ne soit pas raisonnable, je suis triste de ne pas avoir pu venir à ses funérailles et de ne pas pouvoir être présente pour vous, Brandon et Charissa. Je sais que vous perdez une alliée de choix et l’amour de votre vie, le pilier infaillible de notre famille, eux perdent une mère à l’heure où je le deviens moi même. J’aurais aimé qu’elle voit la merveilleuse Princesse du Nord, elle ressemble beaucoup à son père, mais elle a le nez de mère et vos cheveux. Je vous remercie de m’avoir préservée de cette terrible nouvelle le temps que je mette au monde Sigyn, cela n’aurait fait qu’empirer mon état je le crains, mais à présent je suis assez forte pour pleurer ma mère et affronter la réalité. Je crois que l’enfant que j’ai eut change beaucoup de choses si ce n’est tout, je comprends à présent les risques que vous avez pu prendre pour nous protéger et pour faire en sorte que nous vivions en paix. J’ignore si cela sera un jour possible, j’ai parfois l’impression que la guerre se nourrit elle même et qu’elle n’en finira jamais. Vous m’en aviez toujours protégée malgré vos absence, je pensais être à l’abri tant vous étiez doué, vous et mère pour m’épargner ses atrocités et préserver mon innocence, pour cela je vous remercie, mais j’ai grandi depuis et je sais qu’elle n’épargne personne, qu’elle fait partie de nos vies à tous, surtout de la vôtre, de celle de l'Empereur et de celle de mon époux. Je vous fait confiance à tous pour faire ce que vous devez faire en tant qu’homme sur les champs de bataille comme en politique. Et moi, je vais faire mon devoir de femmes, d'épouse et de Reine pour que la paix soit solide entre nos Royaumes.

Je ne voudrais pas vous inquiéter avec les difficultés de ma grossesse et de mon accouchement, sachez seulement qu’il m’est impossible de voyager jusqu’à Vivesaigues pour le moment et je ne puis donc vous apporter le soutien que je voudrais que par cette missive et celles qui, je l’espère, suivrons. Mais je vais bien, je récupère doucement et me ménage afin que cet enfant ne soit pas le dernier que je puisse donner à la Maison Stark. Vous m’avez offerte à une autre famille que je tâcherais de chérir du mieux que je peux, de toutes mes forces, mais je n’oublie pas pour autant Vivesaigues et ma famille de naissance. Je ne peux que vous remercier pour tout ce que vous m’avez donné et j’espère m’en montrer digne et transmettre à mon tour aux enfants que les Dieux me donneront l’amour qui régnait dans notre demeure. Winterfell est bien différente, le Nord est froid et morne, parfois je rêve de soleil, je rêve de nos prairies, de nos fleuves, du soleil de nos étés, je rêve que la bise mordante devienne douce brise et que, depuis les hauts remparts gris, j’apperçoit la ruffurque et la culbute se disputer pour le lit qu’elles ont creusées ensemble. Je me souviens que, lorsque j’avais deux ou trois ans, je montais sur les remparts pour essayer d'apercevoir le nuage de poussière qui marquerait votre retour du front. Mais j’étais haute comme trois pommes, il me fallait sauter pour voir par delà les grosses pierres des créneaux. Vous me manquiez tant, mère m’avait expliqué les raison de votre absence, mais je n’y entendais rien à cette époque. Tout ce que je voulais, c’était que vous me fassiez sauter sur vos genoux et que vous me lisiez des histoires. J’ai dit à mère qu’Harren était un vilain sadique détestable de vous enlever à nous et j’ai récolté une bonne gifle. Ce ne fut pas la dernière et j’appris après des annés seulement à tourner Sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler. Je crois que j’avais à nouveau oublié ce précieux enseignements lorsque j’ai rencontré Jon.

La guerre et la politique m’ont donné un rôle pour lequel je n’avais pas été préparée et je crois que si j’ai si fort refusé ce mariage, ce n’est pas tant parce que vous n’aviez pas tenu votre promesse que parce que je ne me sentais pas à la hauteur. J’ai ainsi enchaîné les maladresse et pire que ça, j’ai fait honte à notre nom et à notre famille. Je souhaite de tout coeur me racheter et ferais tout à présent pour vous faire honneur et faire honneur à mon époux et Souverain. J’ai compris ce qui vous a poussé à accepter ce mariage malgré ce que nous avions convenus et si j’en ai été peinée, je sais le devoir qui est mien et ce qui repose sur mes épaules. Et aussi sur les vôtres père, surtout avec la campagne en cours, les débuts plus que catastrophiques de mon union avec Jon et tant d’autres choses qui dépassent mon entendement et ma place. Je doute qu’il soit possible d’oublier et de chasser nos erreurs de débutants en matière de mariage d’un revers de main, mais je prie l’Aïeule de m’aider à trouver la sagesse et la force pour construire notre famille et consolider notre mariage afin que les ennemis du Nord et de l’Empire ne puissent pas avoir raison de nous. Dites moi comment mère était devenue votre pilier, qu’elle devienne ma lumière dans l'obscurité dans cette mort prématurée qui me serre le coeur. Elle me manquera tant, j’ose à peine imaginer combien cette épreuve vous accable, mais elle nous guide à présent depuis sa paisible demeur, elle nous apprends l’humilité et la persévérance dans l’adversité

Vous souvenez tu quand j’étais petite ? Vous disiez que j'étais vive, trop parfois et il m’arrivait, je le sais d’être capricieuse et éotive jusqu’à l’excès, imprudente et même impudente. Quelle enfant impossible ais-je été, père, et quelle enfance heureuse j’ai eut malgré mes incartades. Grâce aux Dieux, les années et votre ténacité à tous deux, différente dans la forme, mais pas dans le fond. ainsi que celle du Mestre et de ma Septa m’ont enseigné la patience et la sagesse, pas suffisamment à priori, mais peut-être avais-je oublié que mon devoir va bien au delà de l’amour de Jon. Il est si différent de vous, je ne sais pas comment le prendre ni comment lui parler, et moi je n’ai ni la miséricorde de la Mère d’En Haut, ni l’indulgence de ma mère qui est au Cieux. Sigyn est mon maître en la matière, car malgré toutes mes erreurs, elle me pardonne toujours et ses sourires sont plus lumineux que le soleil lui même, ils me donnent chaque fois le courage d’essayer à nouveau, d’avancer dans l’adversité. Je sacrifierais ma vie sans hésiter pour elle, comme tu m’as dit pouvoir le faire pour nous lorsque nous étions à Vivesaigues et comme mère l’a fait, pour le peuple du Conflans tandis que tu étais en campagne. Chacun à sa place, solides comme les fondations du Royaume des Rivières et des Collines, soutiens indéfectibles l’un pour l’autre, remplissant vos rôles, de Souverains et de parents avec abnégation et sens du devoir.

Je n’ai jamais manqué de rien, j’ai toujours ressenti l’amour que vous me portiez dans vos actes et dans vos gestes et je sais que, malgré le poids que je porte à présent, c’est une nouvelle preuve de ton amour et de ta confiance que tu m’as faite en m’envoyant à Winterfell comme Reine du Nord. Je regrette de ne pas l’avoir compris avant, je regrette de ne pas avoir, comme tu me l’as conseillé ainsi que Grand Mère et bien d’autre, gagné le coeur du Nord avant de chercher à gagner celui de mon Seigneur Époux. Car en vérité, je l’aime père, il m’a plut au premier regard et j’ai cru bon de le lui montrer, trop vite, sans retenue, emportée que je suis. Mais vous aviez raison, nous sommes différents et j’aurais dû être prudente, respectueuse avant d’être amoureuse, Reine avant d’être épouse. Il est dur et froid, je ne m’y fais pas, mais je le sais aussi fidèle, loyal et droit et quand je le vois avec notre fille, un père aimant et tendre, j’ai les larmes aux yeux. Je suis consciente que si notre mariage est si compliqué à présent, c’est de ma faute, une fois de plus je n’ai pas écouté vos précieux conseils, je me suis laissée guidée par mes sentiments. J’ai manqué de pudeur, oublié les enseignements de ma Septa et des Sept. Quand je suis avec lui je perds mes moyens, ou plutôt je perds la tête et ne sais plus ce que je fais, tantôt je lui saute au cou, tantôt je m’emporte sans raison.

Chléa m’a parlé des première semaine de ma vie, les difficultés rencontrées par mère, l’amour qui, toujours, se lisait dans ses yeux. Je suis maladroite aussi, du moins ais-je l’impression, même si je me souviens avoir maintes fois porté Charissa quand elle était bébé et avoir aidé mère  la bercer pour l’endormir. Les gestes reviennent naturellement, mais la responsabilité est si lourde, l’amour est si grand, la fragilité de ce petit être si impressionnante, que je ne suis jamais sûre de ce que je fais. Heureusement, je suis bien entourée et, que cela reste entre nous, mais Jon est un père aussi attentionné que tu as pu l’être. Je suis presque surprise de le voir ainsi craqueler son armure pour ce petit bout, mais je vous assure que vous aussi, même avec toutes ses guerres, malgré les défaites récentes dont on m’a fait part, vous perdriez vos défense et poseriez les armes. Je prie pour elle, et pour que vos enfants et vos petits enfants soit les seuls à vous désarmer, je prie pour le Royaume des Rivières et des Collines et pour vous, le prie pour le peuple du Conflans Libre. J’ai connu la peur de vous perdre lorsque vous avez été capturé par les Armées du Nord, mais vous êtes revenu avec une couronne. J’ai connu la peur de la bataille et aidé du mieux que je pouvais mère et Grand Père pour préparer le siège de Vivesaigues, Kian est mort pour nous sauver tous, mais nous avons survécu, les Tully ont survécu. J’ai connu la peur de mourir et de perdre mon enfant durant toute ma grossesse ou presque et lors de mon accouchement, mais je suis là, et Sigyn aussi. N’est-ce pas la preuve qu’il ne faut jamais renoncer ? Qu'il y a toujours un espoir, un élan de vie ?

Que les Sept soient avec vous mon bien aimé père

Votre fille qui vous aime

Eléanor Stark
Reine du Nord et Princesse du Conflans Libre.