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Sarah Bolger <a href="/t10407-el" target=_blank"><span class="Gp_Nord">Eleanor Stark</span></a> - Pv pris </a>

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Eleanor Stark - Reine fédérée du Nord - <a href="/t10407-el" target=_blank" >Pv Pris</a>

L'air froid glissait sur son visage sans qu'elle ne semble s'en soucier. Les mains jointes sur son ventre rond, elle courait, le visage déformé par la douleur. Face à elle Jon, qu'elle tentait désespérément de rattraper alors que la salle du trône de Winterfell ne faisait que s'agrandir l'éloignant un peu plus à chacun de ses pas. « Jon ! » La voix enrouée par l'émotion s'évaporait à peine la barrière de ses lèvres passée. Comme les rivières serpentant entre les collines de son Conflans natal, le sang qu'elle perdait se rependait. Dans un dernier espoir, elle poussa un nouveau cri, mais il n'était plus là. Le roi du Nord avait laissé sa place à une silhouette sombre et inquiétante. Était-ce l'heure ? L'Etranger se présentait-il pour l'emmener elle et son enfant à naître ? Un clignement d'œil et la silhouette lui faisait à présent face. Un battement de cœur et une main se posa sur son épaule …

Dans un sursaut Eleanor se réveilla. Le soleil ne filtrait pas encore par les fenêtres de ses appartements de Blancport et pourtant, elle pouvait déjà entendre la maisnie des Manderly s'activer. Incapable de refermer les yeux, elle se redressa. Depuis cette horrible journée, ou elle avait perdu du sang aux côtés de Jon, de pareils songes l'assaillaient à chaque fois que l'inquiétude se faisait trop forte. Dans un réflexe pour rechercher une accroche au monde réel elle fit lentement glisser ses mains le long de son ventre rond jusqu'à son bas-ventre. Rien. Les anciens et nouveaux dieux soient loués. Bien que sa deuxième grossesse se passait sous de bien meilleurs hospices que pour Sigyn, la reine du Nord ne pouvait s'en empêcher.

Tout en essayant de faire le moins de bruit possible Eleanor quitta sa couche. Les pieds nus sur le sol froid, elle soupira. Nul besoin de se faire des idées, il ne faudrait pas longtemps pour que l'on vienne s'enquérir de son état et l'aider pour sa préparation matinale. Son état avait ça de dérangeant, elle pouvait de moins en moins se mouvoir avec l'aisance habituelle de sa jeunesse. Un sourire aux coins des lèvres elle s'amusa à imaginer la petite agitation de sa suite en entendant les bruits dans sa chambre. La même agitation qui l'avait tant perturbé après son mariage avec Jon. Tout comme son père Eleanor n'était pas née pour porter un jour une couronne. Pourtant, les jeux de la politique et des guerres avaient fait leurs œuvres et elle était là, Reine du Nord et Princesse du Royaume des Rivières et des Collines.

L'enfance passée dans les couloirs de Vivesaigues lui semblait si loin. Le temps de l'insouciance et des leçons avait été si doux. On la disait à l'image de sa mère, alors que son esprit résonnait en harmonie avec celui de son père. Elle se souvenait parfaitement de ce sentiment de vide qui s'insinuait en elle à chaque fois que Lyham partait guerroyer sous les bannières du Noir. Un vide qu'elle avait appris à combler lentement. Il avait fallu bien des lunes pour que l'enfant comprenne que la naissance de Brandon ne signifiait pas la perte de l'amour et de l'attention de ses parents. Pour cela elle avait été corrigée et remise sur le chemin d'une jeune lady de nombreuses fois par Alysanne et sa Septa. Elle était née Tully de Vivesaigues et son rôle n'était pas à la jalousie, mais à seconder sa mère comme elle devrait le faire avec le seigneur qui serait un jour son époux. Entre les leçons et les moments de détente, elle forgea son éducation. Maîtriser l'art de la conversation et de l'étiquette n'était pas aisé pour une enfant. S'extirpant de ses souvenirs, elle fut prise d'un nouveau sourire, se remémorant les innocents tours qu'ils avaient joué à leurs professeurs.

Sans plus chercher à se faire silencieuse Eleanor démêlait ses cheveux. Dans ses rares moment d’intimité solitaire elle retombait une nouvelle fois dans ses souvenirs d’enfance. Charissa, sa douce truitelle. Combien de fois avait-elle brossé ses cheveux ? Le lien qui l’unissait à sa sœur était particulier. Bien différent de ceux qu’elle partageait avec Brandon ou Lyssandre. La cadette de la maison avait été un cadeau pour Eleanor. Aujourd’hui encore elle agissait avec Sigyn comme elle l’avait fait avec sa sœur. Leur père de nouveau appeler par les cors de la guerre, elle avait tout fait pour aider sa mère. Leur relation n’était peut-être pas toujours paisible, mais Alysanne Tully représentait un idéal. L’idéal d’une mère, d’une épouse et d’une Lady. Un exemple qu’il lui avait fallu de nombreuses lunes pour suivre …

Chassant les souvenirs de sa conduite dans les premières lunes de ses épousailles Eleanor porta son regard sur sa tenue aux couleurs des Stark. La rancune était tenace, et si elle pensait avoir compris les rouages se cachant derrière les actes de son père elle n’arrivait pas à le pardonner pleinement. Cette année-là, il lui avait de nouveau promis. Magnifique dans sa panoplie de guerriers, il s’était de nouveau engagé à ne pas la fiancer sans en parler avec elle. Il l’avait rassuré. « Le moment venu, nous en parlerons. » Pourtant, il n’avait pas tenu sa promesse. Les événements s’étaient enchaînés sans qu’elle n’ait le moindre contrôle. Il n'était revenu que pour un court moment avant de s'en aller une nouvelle fois à la guerre. Puis cette sombre missive avait posé la première première d'un nouveau chemin pour elle. Son père défait et capturé par les forces du Nord. L’inquiétude l’avait rongé comme jamais encore. Elle qui avait toujours vu le spectre de la guerre et de la violence au loin commençait à peine réaliser qu’il pouvait les atteindre. Une vérité qui s’imposa violemment après une seconde lettre de son père, demandant à ce qu’elles le rejoignent. Profitant du convoi de la Louve et des Lions, ils avaient pris la route.

Un frisson la parcourut alors que les souvenirs remontaient en nombre. Comment oublier ? Le bruit des armes et des hommes combattant pour leur survie. Le visage des deux hommes aux tabards de sa maison fauchés par des flèches. Jamais elle ne pourrait oublier la violence qui l'avait touché. La peur alors qu'elle tentait de se cacher derrière sa mère. La peur et le sang étaient de ces choses que l'on n'oubliait pas facilement. Tout comme un dragon. Malgré l'émotion qui aurait pu la submerger à chaque instant, elle avait vu le dragon et la femme aux cheveux argentés. Celle qui avait sauvé leur convoi. Celle à qui elle devait la vie. La mort n'était plus ce spectre lointain, mais une menace qui pouvait surgir à tout moment. Et il n'y aurait pas toujours de dragon ou de noble dame aux cheveux argentés pour la sauver.

Assise dans ses appartements de Blancport Eleanor savait que son père n'avait pas eu le contrôle de tout ce qui s'était passé. Il avait fait au mieux pour les préserver, pour garantir la paix pour le Conflans. Il aurait fait n'importe quoi pour eux, tout comme elle-même serait prête à donner sa vie pour Sigyn. Pourtant, elle était la digne fille de Lyham Tully attentive et réfléchie quand il fallait, mais obstinée et rancunière quand le sang venait à battre contre ses tempes. Nul scandale n'avait suivi, elle s'était murée dans le silence et les regards noirs. Une promesse avait été rompue certes, les devoirs eux ne s'évaporaient pas pour autant. Des devoirs qu'elle n'avait pas pleinement respectés. Comme à chaque fois qu'elle venait à penser aux premiers temps de son mariage Eleanor frémissait de honte. Elle s'était confrontée comme une lady effrayée et enfantine. Tout à la fois charmée et intimidée par la stature de celui qu'elle devrait épouser la toute nouvelle princesse s'était réfugiée dans les histoires que l'on racontait. Cela par fierté, incapable d'accepter de demander conseil à ses parents. Longtemps, elle avait été persuadée d'avoir agi au mieux. Que de mensonges. Elle n'avait fait que creuser le faussé des différences entre Jon et elle.

Un mouvement de l'enfant qu'elle portait l'aspira dans les douleurs de sa première grossesse. Ce qu'on avait pu lui raconter n'était rien avec ce qu'elle avait vécue. Rapidement elle s'était retrouvée comme prisonnière de ce royaume qui était à présent sien. Dans le lit des appartements royaux de Winterfell elle avait longtemps questionné les Sept. Elle avait cherché leur pardon. N'avait-elle haï les envoyés des dieux pour le sort horrible qu'avaient dû subir son grand-père et les valeurs combattant du Conflans sous les murailles de Vivesaigues ? N'avait-elle pas remis en question sa foi face à la peur de perdre Brandon ? Tout cela ne pouvait être qu'une punition. Elle avait péché et se trouvait maintenant prisonnière de sa nouvelle maison, alitée et laissée aux soins de gens qu'elle ne connaissait pas. Étrangement, c'est face au barral des loups qu'elle trouva du repos. Seul endroit où elle avait l'impression de se retrouver avec elle-même, Eleanor s'était mise à questionner les Sept et les Anciens Dieux. Sa grossesse douloureuse n'était peut-être qu'une épreuve ?

Un nouveau souffle l'avait trouvé, pour le pire. Refusant de revenir ces sombres heures marquées par ce sang qu'elle ne voulait plus voir, la jeune reine se mis à volontairement faire du bruit. Si quelqu'un ne se montrait pas elle finirait vite pour retomber dans ses souvenirs. Trop tard, un simple bruit de pas dans le couloir suffit à la submerger de souffrance et de bonheur. À quelques lunes d'écart, l'Etranger lui avait pris Alysanne, et la mère lui avait offert Sigyn. Dans ces brumes qui encombraient son esprit, elle avait trouvé son plus grand soutien aux côtés de sa grand-mère. C'était elle qui avait entrouvert les voiles noirs de la peur. Ces mêmes voiles qu'avait fini d'arracher Sigyn. Le jour de la naissance de leur fille Eleanor compris enfin. Il n'y avait plus de place pour l'enfant naïf et léger. Accepter la meute ne ferait pas disparaître son cœur Tully. Une princesse était née. Une louve s'était éveillée. Son mariage n'était pas à l'imagine de celui de ses parents oui. Elle n'était pas une lady, elle n'était plus une jouvencelle. Elle était reine et mère. Truite au milieu des loups qui se muait doucement en une louve au pelage d'écailles argentées. Une mère qui se serait prête à tout pour sa fille. Une épouse qui se sentait prête à jouer son rôle. Une reine qui prenait enfin le chemin de la famille, du devoir et de l'honneur.

Sourire mélancolique aux lèvres, elle accueillit d'un signe de tête une de ses dames. Déjà la lumière commençait à filtrer par les fenêtres. Le présent reprenait ses droits. Tout en se préparant, elle restait silencieuse, songeant a combien les lunes s'étaient enchaînées en un souffle. Westeros s'embrasait, Jon appelé pour les défendre face aux menaces de l'Ouest et du Val. La Foi et Hautjardin menacés aussi plus au Sud. Pourtant, c'était dans cette atmosphère si lourde que la Mère avait fait un nouveau passage. Alors qu'elle s'impliquait un peu plus chaque jour dans son rôle, son ventre lui avait pris le chemin de la rondeur. Enfin, elle commençait à jouer son rôle sur l'échiquier. L'inquiétude se faisait plus lourde et pourtant, elle se sentait plus vive que jamais. Sigyn n'était plus la seule à occuper ses jours. Torrhen était des leurs à présent. Le fils de feu Lord Glover venait agrandir la maisonnée royale. Aux côtés des deux enfants Eleanor était moins seule que jamais.

La famille s'imprimait définitivement en elle. Le devoir, lui, l'avait conduite à Blancport pour rencontrer son homologue du Val. Et il était une question d'honneur de ne plus se comporter comme elle avait pu le faire. A présent plus que jamais, alors qu'au Nord la menace des Lions et Fer-nés se profilait, elle devait se montrer digne.



Fermer les yeux suffisait à faire revivre ces longues journées en mer à la jeune reine. Pour une première dans un bateau elle en était vite venue à espérer vivre cette expérience dans un état différent du sien. Ses jambes lourdes la faisaient souffrir alors le mouvement qu'imposait la mer au bâtiment de bateau n'était pas pour l'aider. Pire elle avait plusieurs fois été contrainte de rendre son repas. Ce que lui imposait de manger le mestre n'était déjà pas bien ragoutant, suffisant simplement à lui donner l'impression d'être rassasiée … alors devoir rendre ses repas à la nature n'avait pas aidé à améliorer son humeur. L'évidence semblait claire, elle n'avait pas le pied marin. Un membre de sa suite lui avait dit, après une énième plainte de sa part, que sa grossesse y était surement pour beaucoup. Peut-être, mais les fait eux étaient simple. Elle n'était pas prête à remettre les pieds sur un bateau avant un moment. Aussi inconfortable qu'avait été le voyage de Winterfell à Blancport, elle préférait largement ces désagréments à ceux, nouveaux, de l'aventure marine.

Comme pour persuader ses sens qu'elle n'était plus à des lieues de la côte, Eleanor agrippa le rebord en pierre. Par les Sept, pourquoi fallait-il que le corps se souvienne si parfaitement de ce genre de choses ? L'arrivée à la capitale n'était plus récente et pourtant elle revenait souvent à penser à ce voyage. Jon serait bientôt de nouveau à leur côté. Cela signifiait qu'ils regagneraient leurs terres. Peut-être était-ce simplement cela. Son esprit redoutant un probable retour par bateaux. Un petit rire s'échappa d'entre ses lèvres. Ridicule, elle était ridicule. Il y avait bien plus important que de petites angoisses. Un bras solidement accroché à celui d'une de ses dames elle s'en retourna à ses débats intérieurs. Son beau-père lui avait conseillé de se rendre sur certains sites en constructions, de profiter pour découvrir ce qu'offrait la capitale Impériale. Force était de constater que les Sept ne lui en avaient pas laissé l'occasion. Le repos ordonné par le mestre l'avait privé de toute sorties. Nul doute que le souvenir de sa première grossesse était encore vif. Lorsqu'enfin elle avait pu quitter son lit c'était un petit prince qui avait capturé la plupart de ses attentions. Bowen, un prénom donné en l'honneur du père de Torrhen. Un petit prince pour qui son amour en était presque douloureux. Eleanor se souvenait parfaitement de ce qu'elle avait ressentie à la naissance de leur fille. Tout recommençait. Elle était envahie de sentiments indescriptibles, son esprit continuellement ramené par devers eux.

De retour dans ses appartements elle se laissa tomber lourdement sur un fauteuil ridiculement recouvert de coussins de diverses tailles. Le confort avait, lui aussi, ses désavantages. L'oreille tendue elle écouta une de ses dames l'informer que les enfants s'étaient endormis. L'excitation d'un nouvel environnement avait laissé place à celui de la curiosité. Jamais elle ne pourrait oublier le regard de Sigyn en découvrant son petit frère. L'espace d'un instant la reine s'était retrouvée bien des années en arrière, à une époque où elle vivait dans l'insouciance et découvrait Brandon puis Charissa. Déjà elle priait pour qu'ils connaissent un monde en paix, et le même amour qu'elle avait pu avoir avec ses deux cadets. Si le second ne semblait pas être impossible, le premier, lui, provoquait des angoisses chez la jeune souveraine. Jon combattait, tant par les armes que les mots pour l'Empire. Loin d'eux depuis des mois et enfin il revenait. Un nouvel espoir semblait souffler sur l'Empire. L'aboutissement des négociations avec l'Ouest offrirait ce dont le Nord avait besoin. Fidèle et loyale à ce qu'avait édifié ses beaux-parents, Eleanor n'en restait pas moins reine du Nord. Une terre qu'elle avait lentement appris à connaître, à qui elle avait offert prince et princesse, et qu'elle voulait encore plus découvrir. Un royaume pour lequel elle s'inquiétait, le sachant victime des coups combinés des lions et fer-nés. Plus important le royaume pour lequel Jon ne cesserait jamais de combattre. Le loup qui partageait à présent sa vie restait un mystère sur de nombreux aspects, mais son amour sincère pour le Nord n'avait jamais fait aucun doute. Un amour pour lequel elle respectait Jon. Un amour qu'elle redoutait d'être un jour la raison de la disparition de son roi.