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Adelaide Kane est <a href="t8530-je" target=_blank"><span class="Gp_Ouest">Jeyne Lannister</span></a> - Pv pris

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Jeyne Lannister - Reine - <a href="t8530-je" target=_blank" >Pv Pris</a>

Ce qu'elle se disait lorsqu'ils prononçaient tous ces mots qu'elle n'entendait pas, c'est que ça ne comptait pas. Un symbole au mieux, une maigre trahison au pire. Sans savoir pourquoi, la seule et unique image qui revenait au beau milieu de ce septuaire pour se convertir à une foi qu'elle ne reconnaissait pas, c'était son père. Son père qui hurlait devant l'arbre cœur, à s'en déchirer la poitrine. La sienne aussi, qui s'est brisée de l'intérieur quand elle a compris que sa mère ne reviendrait jamais et qu'il lui faudrait vivre ainsi maintenant. Quand elle s'est dit que jamais elle ne voulait d'un amour aussi puissant si c'était pour le perdre, en être détruite, ne jamais s'en remettre.

Elle s'est fermée d'un coup.

Au monde, aux émotions, aux insouciances bêtes de l'enfance. Elle a décidé que ce serait à elle de prendre en charge tout ce qu'il était en son pouvoir de réparer. Elle est devenue pansement d'une blessure qui a toujours refusé de se refermer, et ça l'a progressivement effacée.

Mais c'est différent aujourd'hui, pas vrai ?

Les cris et la stupeur ont interrompu la cérémonie et cette fois la première personne à qui Jeyne a pensé, c'était son fils. L'image du paternel s'est progressivement effacée pour laisser place à celle du nouveau né. Elle a su qu'elle était piégée à jamais à l'instant où elle l'a vu, l'amour inconditionnel auquel elle se refusait l'a heurté de plein fouet. Depuis plus longtemps mère que tout autre chose, le lien qui la lie à Martyn est néanmoins au dessus de tout ce qu'elle a pu imaginer, essayé d'anticiper. Et c'est effrayant. Plus que tout le reste. Les visages de ses frères se superposent alors à celui de son fils, Jeyne peinant de plus en plus à se rappeler de leurs contours au fil que les jours passent et rendent sa vie à Winterfell de plus en plus lointaine. Ce qu'elle déteste. Ce qu'elle déteste profondément.

Quand elle comprend, le pire est déjà arrivé.

Plusieurs cris de stupeur s'élèvent dans l'assemblée, c'est le roi qui est visé. Le roi de l'Ouest, son roi et le père de Lyman qu'elle cherche du regard sans le trouver. Un autre visage qui s'impose à ses pensées, qu'elle ne pensait pas aimer, qu'il aurait sans doute été plus facile de détester. Pourtant, la gentillesse et l'esprit du Lannister sont rapidement venus complétés ses traits de caractère radicalement différents et pourtant proches. Jeyne est douce, pas gentille. Elle n'est pas une intellectuelle mais a de l'instinct, a toujours préféré lire dans les cœurs que dans les livres. Elle s'est peu à peu laissée charmée par son originalité, la finesse de ses mots quand les siens viennent souvent à manquer. Le souffle coupé, Jeyne n'a pas manifesté sa peur en criant. Elle est restée simplement là, immobile en ce jour si spéciale, terrifiée. Terrifiée qu'il meurt et que ce soit son tour de porter la couronne alors qu'elle ceint si bien le front d'une autre Lannister. Terrifiée de devoir la plus extrême loyauté à un royaume qu'elle n'aimera jamais autant qu'elle a aimé celui dans lequel elle est née.

Et toutes ces pensées, Jeyne doit les taire.

Quelque chose qui aurait pu s'avérer couteux pour quelqu'un d'autre mais qui ne l'est pas pour elle, qui a toujours mis de côté ce qu'elle ressentait. Les tristesses comme les joies, Jeyne a contenu et encaissé ce qu'il fallait supporter. Elle s'est toujours faite appui, personne solide que l'on sait impossible à briser. C'est aussi ce rôle qu'elle a joué lorsque le roi Loren est mort et que Lyman a de nouveau dû endurer la mort et le vide qu'elle laisse dans une demeure. C'est à son oncle qu'elle a pensé, alors. Son oncle qui était un peu deuxième père et qu'elle n'a jamais vu revenir une fois parti. Parfois, elle se demande comment sa mémoire fonctionne et pourtant certains détails sont aussi vifs tandis que d'autres peinent tant à lui revenir. Elle se souvient de cette phrase qu'il avait dit, ce fameux jour où plus rien n'allait, où la nuit ne se terminait jamais.

"Jeyne pleure mais elle se cache, tu lui laisses trop de poids sur les épaules."

C'est vrai, elle se cache. Elle s'est toujours cachée et s'est dissimulée derrière la peine de son mari pour éviter de penser à ce qui suivrait. Elle a fait de son mieux pour sécher les larmes comme elle le fait à chaque fois et laisse s'écraser les siennes sur le dos de sa main avant que quiconque ne les voit. C'est beaucoup pour dix-huit années, jamais assez pour la principale intéressée qui s'aperçoit de plus en plus qu'il s'agit de sa manière de fuir. Plutôt aider les autres à panser leurs blessures plutôt que regarder les siennes et s’apercevoir qu'elle ment, qu'elle ment tout le temps, à tout le monde, presque pour tout. Plus la guerre s'approche, plus la nordienne prend conscience qu'il faudra un jour agir. Cesser de se dissimuler derrière les autres et la maternité pour enfin se positionner, faire un choix. Un jour, il faudra laisser la lionne tuer la louve.

Ou laisser la louve dévorer la lionne.

Elle s'imagine souvent les visages qu'elle n'a pas connu. Celui de Nymeria qu'elle n'a fait qu’apercevoir et qui a laissé un si grand vide dans le cœur des personnes qui l'entourent. Ceux boursouflés des espions qu'on a pendu et qu'on lui a refusé de regarder, qu'elle a tout de même pleuré en ayant envie d'hurler. Les visages des morts qui la hantent parfois, quand elle se demande quel est son camp, où va son cœur et quelles sont ses allégeances.