Où est-elle ?

Alors que le soleil s’élevait de plus en plus haut dans le ciel dornien, Maïssa et moi avions terminé de charger notre carriole de vivre et de remèdes en tout genre. J’ai rencontré Maïssa aux Météores il y a quelques mois, l’a voyant dans le besoin, je l’ai prise en tant qu’assistante pour la Compagnie de Jade. Ainsi, je n’ai plus à m’occuper de la gestion toute seule, et elle apprend auprès de moi. Puis, cela fait une compagnie agréable sur qui je peux compter en ces temps troublés. Nous installant à l’avant, le cheval nous tira afin de quitter Salrivage en direction de Grâcedieu. J’ignore si les rumeurs sont vraies, mais d’après certains Roward serait là-bas. Je n’ai donc pas beaucoup attendu avant de me mettre en route. J’ai seulement prit le temps d’échanger des produits de luxe contre des vivres. Je ne souhaite après tout pas arriver les mains vides, et s’il y a des blessés je pourrais potentiellement aider avec quelques remèdes trouvés chez l’apothicaire.

Des voiles sur nos têtes afin de prévenir du soleil, nous discutions alors que je dirigeais le cheval sur les chemins sinueux. C’est alors que Maïssa m’apprit que nous n’étions point seule, en haut d’une colline, deux hommes à cheval nous observaient. Ils finirent par s’approcher, le coeur battant j’avertis mon amie de ne pas paniquer, peut-être n’était-ce rien. Mais peut-être s’agirait-il d’hommes à la solde des Valtigars, ce qui ne me rassurerait guère. J’arrête la carriole lorsqu’ils sont à portée et déglutis difficilement quand ils nous adressèrent la parole.

- Salutation mesdames, où allez vous donc comme ça ? Demanda l'un d’entre eux en nous examinant.
- Messieurs. N-Nous allons vers Grâcedieu p-pour du commerce .. Répondis-je alors qu’un regard acéré fixait mon visage.
- Sa peau est aussi blafarde que celle des Valyriens, nul doute qu’elle doit être une espionne à leur solde ! Lance le deuxième en sortant sa lame.
- Non, non ! Vous vous méprenez, je suis au service des Martell, je vous le jure ! Scandé-je, sentant la panique me parcourir, visiblement ce n’était pas des Valtigars.
- Fermes-là si tu veux garder ta tête. Rétorqua le premier en m’attrapant le bras pour me faire descendre. Je l’emmène au conseiller Martell, ligote la deuxième et ramène la carriole.

Pourquoi faut-il toujours qu’il y ait des complications ? Me prendre pour une espionne de l’Est alors qu’il n’en est rien … Je ne dis pas un mot de plus tandis que l’homme me ligote les mains avant de me faire monter sur son cheval. Je suis bien incapable de prouver mon innocence à ce garde qui ne m’a jamais vu de sa vie, d’autant plus que la peur de mourir m’étreint la poitrine. Il n’y a que Roward qui puisse me croire, je n’aurais jamais crû cela possible autrefois …

Après plusieurs minutes de chevauchée inconfortable, je repère un camp militaire. Quelques regards intrigués se tournent vers nous alors que l’éclaireur me fait descendre sans ménagement. Je peine à le suivre vue ma petite taille et ses grandes jambes alors qu’il me traîne derrière lui. Devant une grande tente, l’éclaireur fait part de sa découverte à un autre homme en me retirant le voile pour prouver ses dires. Je me mords la lèvre, inquiète par ce qu’il se passe. Par les Anciens, faites que Roward ne me pense pas capable de trahison.

On finit par me faire entrer et je me retrouve face au demi-frère d’Arianne, je suis à la fois soulagée et craintive de le voir dans de telles circonstances. Lui-même semble étonné que l’on dise que je sois une espionne … Il fait donc partir l’éclaireur, ainsi que toutes les personnes de la tente, ce qui m’intimide un tant soit peu. Je garde le silence pendant ce temps, attendant le moment où l’on me donne la parole sagement. Je suis soulagée d’apprendre qu’il pense en un premier lieu qu’il s’agisse d’un malentendu et non pas d’une trahison. Je remarque à travers ses paroles et les cernes sous ses yeux que le sommeil ne doit pas être courant chez lui, certainement que les derniers événements non pas dû être simples.

- J-Je … C’est une erreur, Sir … Je n’ai jamais eu l’intention de trahir Dame Arianne ou votre famille. Je vous ai toujours été loyal, je vous prie de me croire. L-Laissez moi vous expliquer ma pr-présence ici …

Je sers mes poings en sentant que je perds mes moyens comme à mon habitude lorsque je suis en sa présence. Bien que ce n’est rien comparé à mes débuts à Dorne, je ne me suis pour ainsi dire jamais sentie à l’aise auprès des hommes pleins d’assurance, même si ici il semble bien plus épuisé qu’autre chose, ce qui me pousse à le faire entendre raison à mon propos. Je me lance donc dans mes explications, après avoir calmé ma respiration et être sûre que l’homme face à moi m’écoute.

- Dame Nymeria Gargalen m’a prévenu que je devrais quitter Lancehélion puisque quelque chose allait arriver. Elle m’a conseillé de me rendre à Salrivage, chose que j’ai faite. J’ai ensuite appris ce qu’il s’est passé. Je ne savais ensuite pas quoi faire, où aller, vers qui. Alors j’ai essayé de me renseigner sur votre position, afin de vous venir en aide si je le peux ! Je m’apprêtais à me rendre à Grâcedieu pour vous apporter de la nourriture et des remèdes, ma carriole doit être dehors, mon assistante aussi …

Mes mains attachées entre elles, je ne peux qu’enfoncer mes ongles dans ma chair afin de garder contenance, d’évacuer mon anxiété qui doit s’entendre dans ma voix tremblotante. Ne sachant pas quoi faire d’autres, je me mets à genoux et continue à plaider mon innocence.

- Je ne suis pas une espionne, comment le pourrais-je auprès d’un peuple soumettant les autres ? J’ai été esclave, grâce à Dame Arianne je ne le suis plus. Jamais je ne pourrais aider des esclavagistes, c’est hors de mes principes …

Ajoutais-je en secouant la tête, le regard baissé, priant pour qu’il me croit malgré que l’on ne connaisse pas si bien que cela.

Où est-elle ?

De tous les Martell, Roward était bien la personne avec qui j’avais le plus de mal autrefois. En vérité, je n’étais à l’aise qu’auprès d’Arianne. Elle avait le don de m’apaiser et de me faire sentir à ma place. Deria et Anders quant à eux étaient très différents, leur caractère m’intimidait, mais j’arrivais à m’y faire. Mais Roward était celui que je trouvais le plus envahissant. Il était confiant, presque arrogant. Si cela s’était arrêté là, j’aurais seulement pris mon mal en patience, comme avec le reste de la fratrie. Seulement, il s’est montré séducteur avec moi. Rien de bien grave n’est-ce pas ? Si je n’étais point aussi abîmée de l’intérieur, cela n’aurait été rien. Je me serais peut-être prêtée au jeu, après tout il reste un homme charmant. Malheureusement il était trop tôt pour moi, après ce que j’ai vécu, j’esquive les hommes, ou je reste tétanisée. Une personne au fort caractère est intimidante, mais si celle-ci s’intéresse à vous, c’était d’autant plus le cas.

Mais nous sommes bien loin de ce genre de problème ici … Voilà de longs mois que nous ne nous sommes pas vues, et le doute de la trahison plane. Je comprends, je suis avant tout une étrangère, je dois certainement encore faire mes preuves. Mais, c’est si terrifiant, cette lourdeur dans l’atmosphère m’oppresse, autant que ma cage thoracique m’empêchant de respirer correctement. Voilà qu’il me questionne sur Nymeria, logique. Pour lui, elle n’est qu’une traîtresse qui s’est liée à l’ennemie. Les Dorniens sont bornés, d’autant plus les Martell qui sont de surcroît rancuniers. Quoi de plus normal après toutes ces trahisons ? Il est alors légitime qu’il doute de ma sincérité. Mais je ne suis point une espionne, je suis de son camp, je l’ai toujours été. Mon regard baissé, mes lèvres tremblotantes s’écartent pour m’expliquer :

- Je … Je ne l’ai rencontré qu’une seule fois … Sentant ma voix trembler dangereusement, je déglutis et clos mes paupières quelques secondes pour me reprendre. C’était pour du commerce, rien de plus.. Elle m’a également questionné sur mon passé d’esclave … J’ignore si c’était par pitié mais … elle m’a dit de fuir la capitale.

J’esquisse un léger mouvement oculaire dans sa direction afin d’essayer de savoir s’il me croit. Mon corps est sous tension, je me sens incertaine, apeurée. Actuellement, ma vie est entre ses mains, il pourrait très bien m’éliminer s’il pense que je mens. Mais comment lui prouver la vérité alors que je n’ai que mes mots pour me protéger ? A priori, il prend les conseils de Dame Nymeria que j’ai suivi comme une loyauté envers elle. Mais il n’en est rien. Je secoue la tête de droite à gauche, sentant la panique arriver, ma respiration s'étiole, mes yeux me brûlent, la menace des larmes n’étant point loin. Je prend sur moi, une boule à la gorge, je plante mes prunelles dans les siennes pour essayer de lui montrer la véracité de mes propos.

- Je ne savais que faire d’autre Sir … Ignorant où vous étiez, vous ou votre sœur, je ne savais où aller … J’ai fait ce que j’ai pu pour survivre … Emris était avec moi, nous sommes restés un temps à Salrivage pour nous renseigner sur la situation. Je finis fatalement par baisser à nouveau le regard, je n’ai jamais été très douée pour affronter les autres du regard. De ma voix toujours tremblotante dû au stress de l’instant, je reprends : J’ai entendu des rumeurs parlant de votre armée à Grâcedieu … Je comptais m’y rendre pour vous y retrouver. Sachant qu’il m’interrogerais à propos d’Emris, je prends de l’avance d’un ton plus équilibré : Quant à Emris … Il souhaitait en savoir plus sur l'auto proclamé prince Garland, il s’est rendu à Spectremont …

Mon palpitant battant à un rythme effréné, je force ma respiration à se calmer afin que ma tête ne me tourne pas. Que pourrais-je dire de plus ..?

Il me demande alors où aurais-je pu trouver les vivres que j’ai mentionnés. Je comprend donc que Arianne n’avait donc point souligné son action auprès de Roward. Ou alors ignore-t-il que j’en fais partie ? Arianne souhaitait garder cela secret, mais il s’agit de son frère, s’il n’est point au courant, il doit bien avoir le droit de le savoir, non ..? Mais encore une fois, il s’agit d’une compagnie non officielle, pourrait-il me faire confiance à ce propos ?

- Vous l’ignorez sans doute.. mais en début d’année, Dame Arianne a secrètement créé une Compagnie Commerciale qui.. collabore avec des contrées du Sud de l’Essos.. dont mes terres natales. Elle m’a confié la gestion de la Compagnie avant de partir. J’ai … Donc échangé nos marchandises contre des vivres..

Je ne sais que dire de plus.. Je remonte prudemment mon regard pour savoir dans quelle optique il se trouve, la peur au ventre.

Où est-elle ?

Le silence suit mes révélations, je sens Roward désemparé, voir bien plus épuisé qu’à mon arrivée. Je le vois alors sombrer dans ses pensées. Je ne pipe mot, le laissant digérer mes paroles alors que je suis dans l’attente d’une quelconque réaction ou question. Mes tremblements ont presque cessé, mais les doigts de mes mains toujours attachées, continuent leur torture, triturant ma peau près de mes ongles. Le rouge les atteint lorsque je pivote mon regard vers ces derniers. Je ne peux m’en empêcher lors de ce genre de situation. Cela agit presque comme un déstressant, sauf que cela ne le fait pas totalement disparaître.

Finalement, Roward sort de son mutisme et il ne semble plus vraiment m’inculper, ce qui me soulage. Il me demande alors des précisions sur la compagnie, enchaînant les questions à son propos avant de me laisser le temps de répondre, ce que je fais.

- Dame Arianne souhaitait rester dans l’anonymat. J’ai donc gardé secrètement l’identité de la fondatrice avec Emris. Pour ce qui est de la compagnie, nous sommes en contact avec des marchands d’Essos, plus particulièrement des Yitish et des Qarthiens. Ils nous rapportent diverses marchandises, notamment des féculents, du thé, des tissus, de la soie, de la porcelaine, et des cosmétiques en tout genre. Dame Arianne m’a recommandé certains marchands d’ici afin de les intégrer dans la Compagnie. Ils sillonnent Westeros pour vendre nos marchandises. A terme, Dame Arianne souhaitait en faire des sources d’informations … J’avoue ne point avoir touché à cette partie là de la compagnie, n’étant point à l’aise avec ce genre de pratique. Avec une partie des bénéfices, je venais en aide aux petites gens de Lancehélion …

Des dorniens qui ont certainement brûlé sous les ordres du Prince Valyrien. Mes paupières se closent un instant, comme pour me recueillir de leur fin brutale. Encore aujourd'hui je me demande comment il est possible d’être à ce point sans cœur. Pourtant, ce n’est point le premier homme cruel à ma connaissance. Les monstres habitent les coeurs des hommes, ils se nourrissent de l’abomination qu’est leur hôte. Je ne vois que cela. Comment un être sain d’esprit serait capable d’une telle immondice ?

- Pour ce qui est d’Arianne … Pardonnez-moi, mais je n’ai point de nouvelle depuis des mois. Je relève mes prunelles brillantes vers mon seigneur. A sa mine désespérée, mon cœur se serre. Il ne lui reste plus qu’elle comme famille, je comprends alors sa détresse. Si j’avais un soupçon d’espoir pour Jie, je m’y accrocherais coûte que coûte. Puisque malgré ma nouvelle famille, un trou béant reste omniprésent dans mon âme. Sensible à ses émotions, je fais un pas vers lui et m’arrête lorsque j’ai son attention, j’esquisse un faible sourire. Ne perdez pas espoir Sir, je suis persuadée qu’elle est en vie. Elle finira par revenir. La Principauté retrouvera son soleil un jour.

Arianne était tel le soleil dans mon cœur. Je l’ai rencontré alors que ma vie n’était que tempête et pleurs. C’est dans son regard, que j’ai sentie la lueur attirante. C’est dans ses paroles, que j’ai reconnu la beauté du soleil. C’est dans ses bras, que j’ai ressentie la chaleur de son cœur, aussi magistral que le plus grand de tous les astres.

Aux sujets d’Allyrion et de Toland, je fais profil bas. Je ne sais que dire envers le Martell qui fait réellement partie d’une longue lignée de Princes. Je le sens amer, et il n’y a rien de plus normal. Il doit se sentir volé, trahi et surtout perdu face à tous ces évènements qui se sont enchaînés. Quand je pense à tout cela, j’ai peine à y croire. Tout s’est vite enchaîné, comme un déluge de mauvaises nouvelles. Les défunts Martell, l'usurpation des dragons, toute cette violence pourquoi ? Pour engouffrer les Royaumes dans des guerres infinies ?

Tout à coup, sa voix m’extirpe de mes pensées. Il me demande à nouveau, à qui va ma loyauté. Mes paupières papillonnent alors que je l’observe. L’homme qu’était Roward semble avoir bien changé, sa confiance n’est plus ce qu’elle était. En un sens, cela me peine. Pourtant sa confiance d’autrefois, souvent mêlée à l’arrogance, me tétanisait. Il continue, en me demandant pourquoi je suis là alors qu’Arianne ne l’est pas. Mon regard brillant se fait alors plus doux alors que je lui concède :

- Ma loyauté était et sera toujours vôtre Sir … autant qu’elle le sera envers votre soeur. Elle m’a offert ce que personne d’autres ne m’avait donné : une seconde chance. Ma voix se fait plus émotive malgré moi. Une chance de revivre. De me battre pour cette vie. Pour ce que je veux. Et non ce qu’un autre souhaite. Je prends une inspiration pour me reprendre, afin de ne pas finir en larme. Les terres de Dorne me sont importantes, tout comme ses habitants. J’ai appris à les connaître, à vivre avec et à les aimer. J’ai vu la détresse et la reconnaissance des dorniens que j’aidais à Lancehélion. Ils sont tous innocents dans cette guerre, c’est pour eux que je veux me battre. Et je sais que vous le désirez également, voilà pourquoi je suis là. Pour vous apporter mon soutien afin de voir les dragons tomber.

Ma poitrine monte et descend, je n’ai point fait attention à ma respiration délicate alors que les mots sortaient naturellement de ma bouche. Je ne suis pas née dornienne, mais j’aime Dorne. J’aime sa chaleur d’esprit, sa liberté d’être et sa bonté contagieuse. Je ne suis pas une guerrière, mais j’aspire à la liberté de ce peuple et à la fin de ces guerres. Je rêve de revoir le soleil éblouir les sourires et la joie des dorniens après cette éternité de tempête de sable et de feu.

Où est-elle ?

Roward est comme un lion en cage, la colère semble irradier de chaque pore de sa peau. Cela m’intimide, mais je reste attentive à ses paroles, le coeur tambourinant. Il évoque le fait qu’Arianne n’ait jamais voulu apprendre le maniement des armes. Je me sens presque piquée lorsqu’il mentionne les activités dites féminines. Qu’il y a t-il à ne pas vouloir corrompre ses mains par le fer ? Par des armes capables des pires horreurs dans ce monde, qui déclenchent des guerres pour un oui ou pour non. Qui arrachent la vie d’innocents ou de guerriers, souillant les terres de liquide carmin. Alors qu’il y a tant d’autres manières d’agir, par diplomatie, par commerce, par l’art. Toutes ces choses sont capables de réunir, alors que la violence ne fait que les entacher. Les hommes préfèrent la facilité, celle de la fatalité de l’être humain.

Je ne dis pas un mot, mais je n’en pense pas moins. D’autant que j’ignore ce qui pourrait convenir en cet instant précis. Il revient alors sur le fait qu’Arianne soit seulement accompagnée de Baldyr. Je souris faiblement à son souvenir, en effet, il n’aurait jamais laissé notre Dame sans protection. J’aurais dû me trouver avec elle, mais je pensais pouvoir être plus utile auprès de la Compagnie. Je culpabilise alors encore. J’ignorais que pendant des mois je serais sans nouvelle, qu’elle serait portée disparue, et surtout que tout basculerait à Lancehélion. Alors oui, Dame Arianne sait y faire avec son éloquence et ses charmes, et je suis certaine que cela l’aidera pour plus d’une situation en Westeros, et que Baldyr aura surveillé ses arrières.

Lorsqu’il mentionna finalement les ordres qui me sont dédiés, je réussis à ne pas détourner le regard. Je réalise alors que mes paroles n’ont eu aucun impact sur sa personne. Je dois prouver, alors que tout ce que j’ai fait jusqu’à lors était pour le bien des dorniens. Prouver que je sois toujours fidèle aux Martell. Je déglutis, je me sens mal. Après tout, je ne suis qu’une étrangère, je ne devrais pas me sentir ainsi blessée … Pourtant c’est bien le cas. Mais je me maîtrise, je garde une respiration cohérente pour cacher mes émotions. J’ignore si cela marche, mais il continue.

La suite fut tout autant difficile à avaler. Bien que l’essentiel collait avec ce que je voulais, retrouver Dame Arianne. Me retirer ainsi la liberté d’agir qu’Arianne m’avait octroyé me fait l’effet d’une lourdeur dans mon ventre. Lorsque je suis arrivée à Dorne, elle m’a donné ma liberté, et m’a laissé le choix sur ce que je voulais faire. Et j’ai choisi de rester à ses côtés. Cela peut paraître anodin, mais pour une ancienne esclave, cela fut énormément pour moi.

J’accuse le coup, et lorsqu’il me rappelle, pour savoir si nous avons un accord. Je me sens amer, en vérité je ne l’ai pas vraiment. Si je choisissais de lui dire non, je supposais que je finirais mal. Très mal. Pourquoi je pense comme cela ? Je ne sais pas … Pourtant mon objectif était de le servir en le rejoignant, et cela n’a pas changé. Je reprends alors contenance et réponds le plus calmement possible :

- C’est ce que je souhaite, mon Seigneur. Vous servir en ces temps troublés, et retrouver Dame Arianne. Lorsqu’elle reviendra, je ne la quitterai plus, je vous le jure. Devant vos Dieux et les miens.

Je m’abaisse à nouveau en une révérence, appuyant mes paroles solennelles. Scellant un pacte que je ne pourrais enfreindre. Puisque les paroles sont d’or, nous ne pouvons aller contre celles que l’on a prononcées face aux Anciens. Puisqu’ils entendent tout, et nous damneront si nous dévions notre chemin.

J’attends alors qu’il me congédie, pour qu’on me retire enfin ses cordes qui me torturent la peau. La sensation de ne point être libre de mes mouvements physiquement m’est insupportable, me rend vulnérable. Autant que les paroles de Roward qui m’ont touché d’une bien mauvaise manière. Je n’ai qu’une envie, souffler un peu pour que mes émotions se stabilisent. Et prier pour que notre soleil nous revienne, intact.

Ce qu'il finit par faire, certainement satisfait par ses paroles. Un garde vint à elle, lui libéra ses poignets qu'elle frotta machinalement. L'air pourtant aride de l'extérieur lui parut bien plus viable que celui de cette tente, et se sentit bien plus légère une fois cette conversation passée. On l'a mena alors à une autre tente, où dames de camp partageaient celle-ci. Elle se demandait alors si Perle se trouvait dans les parages, mais pour l'heure, elle avait une lettre à ouvrir...

// RP Terminé //