Code avatar :

Code:

Alexander Dreymon <a href="/t9896-et" target=_blank"><span class="Gp_IlesFer">Godric Timbal</span></a>

Code Recensement : Sel et Roc

Code:

Godric Timbal - Seigneur de la maison Timbal - <a href="/t9896-et" target=_blank" >Personnage inventé</a>

L'atmosphère étouffante semblait voir peser sur le monde telle une sombre chape de plomb écrasant toutes les consciences atrophiées des spectateurs rassemblés autour de ce lieu sacré consacré par les prêtres du Noyé et ce en dépit de la luminosité éclatante d'une acuité douloureuse de ce début de journée. Le clergé de notre culte n'était nullement connu pour sa décadente prospérité aussi il n'y avait rien de curieux à constater l'état de dénuement complet dans lequel se trouvaient engoncés les représentants du Noyé. La vivacité de la lumière semblait presqu'agresser les rétines tant la clarté se faisait éclatante. Pourtant en dépit de cette luminosité de sombres auspices planaient avec une malveillance vielle comme le monde au dessus de cette plage exposée aux volontés du Dieu. Le destin de deux hommes vaillants du terrible peuple des iles de Fer se jouait en ce lieu mémorable chargée d'une histoire millénaire. L'archipel aux mille rois avait vu se nouer et se dénouer de nombreux moments incroyables de son épopée sur ce sable rocailleux et hostile. Or, j'étais particulièrement bien placé pour savoir que le destin pouvait s'avérer parfois aussi cruel que roublard et que ce dernier apparaissait quelquefois comme la pire des pourritures capable de se gausser à nos dépens de certaines situations détestables. A l'instar d'une pucelle dévergondée se perdant niaisement en rires de pintade au premier trait d'esprit nimbé d'une pointe de finesse pour peu que celui l'ayant prononcé soit bien fait de sa personne. Quelque chose de vicié rendit ma bouche pleine d'amertume, je sentais bien que le drame était prompt à venir souiller la gloire de cette journée. 

Dans les cieux ouverts le vol de multiples oiseaux marins entrecoupaient les cris rageurs des deux combattants engagés dans une lutte mortelle pour le prix de la couronne de bois flotté. Immergés jusqu'à la taille, les deux puissants combattants ne se faisaient grâce du moindre répit et jetaient toutes leurs forces dans la bataille comme deux bersekers animés d'une folie meurtrière. L'exploit en disait suffisamment long sur leur qualité en tant que guerrier car l'eau ne pouvait s'avérer autre que profondément glaciale. La hache du prétendant Botley trouva de nouveau le chemin de la lame du glaive d'abordage de mon frère ainé, meilleur ami, compagnon de toujours, sauveur, protecteur, mentor et modèle. Le fracas de l'acier contre l'acier provoqua un frisson à travers toute l'assemblée spectatrice à l'affut du moindre signe d'avantage de part ou d'autre des deux belligérants. Deux bêtes féroces en lutte l'une contre l'autre. Les corps musculeux et couverts de cicatrices témoignant de leur immense valeur respectives accrochaient les regards des scrutateurs. Le Botley intrépide et insolent partait visiblement favori au regard de sa jeunesse et de ses capacités de combattant exceptionnel. Là ou Tormund se voyait accablé par la fleur de l'âge mais contrebalançait le déficit physique par l'expérience accrue de toute une existence de rapines et d'affrontements.

L'ancien lieutenant du roi Yoren menait la vie dure au souverain légitimé des insulaires. Nul doute qu'une écrasante majorité de l'assemblée s'attendait fort logiquement à assister au triomphe du Botley mais pour ma part j'ai placé toute ma confiance en mon ainé. Je connaissais ses capacités guerrières mieux que quiconque sur ces iles aussi si Stig représentait un sacré client à digérer l'inquiétude ne me déchirait point trop atrocement les entrailles. Cette sensation horrible dont j'avais été si longtemps coutumier du temps ou notre salopard de pater était en vie m'avait déserté depuis des années déjà. Cette sensation déplaisante qui m'avait été si familière autrefois alors que je n'étais qu'un marmot chétif et craintif. J'avais tué ce gamin pathétique et je conchiais à présent sur cette sensation dès qu'elle osait de nouveau se présenter dans ma carcasse insensible. Un large rictus cruel empreint d'un vice triomphateur s'imprima sur mes lippes closes tandis que le suzerain tranchait la natte de l'oustider impudent. A un cheveu près sa gorge eut été aussi ouverte qu'un livre de ces foutus mestres par trop bavards. Mes yeux s'écarquillèrent de surprise véritable aussi palpable que la fraicheur de l'air ou le souffle du vent marin lorsque le ventre de Tormund se vit poinçonné d'un coup leste. 

Les battements de mon palpitant ralentirent instantanément alors que le combat entrait dans sa phase finale. Mon ainé était une force de la nature aussi ce dernier brisa le nez de son adversaire comme s'il ne s'agissait que d'une formalité avant d'armer son bras pour l'abattre une bonne fois. Mais, son rival ne semblait pas le moins du monde à crever la gueule ouverte. Il ne faisait que retarder l'échéance inévitable. Nous avions une guerre à mener. Abats le Tormund que l'on en finisse par le Noyé ! Un soupir de frustration s'en fut hors de mes lèvres en découvrant la parade salvatrice couteuse en doigts du Botley. Et au moment précis ou cette épreuve était censée s'achever de la meilleure des manières tout bascula implacablement. Déséquilibré le Timbal chut dans les flots rageurs clapotant d'une écume d'un blanc nacré sur les deux corps entrelacés de funeste manière. Mon frère était fermement maintenu sous l'eau par Botley. Cette fois la sensation furibonde de mes terreurs antiques enfouies revint à la charge sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Et avant que je n'ai le temps d'esquisser le moindre geste mon meilleur allié n'était plus de ce monde. Son corps inerte se mit à flotter paresseusement comme un monceau de bois envoyé au large. Interloqué par ce dénouement, je fus incapable de me mouvoir les yeux résolument fixés sur la carcasse livide et boursouflée par la noyade de Tormund. 

Puis, une fois que mon esprit embrumé me permit d'accepter pleinement toute l'horreur déchirante de cette vérité immuable j'hurlais des blasphèmes immondes à la face de cette assemblée lugubre de voyeurs décomplexés. Je les maudissais tous des soutiens des Hoare aux indécis des états généraux aux ambitieux avides de gloire en passant par les sans couille de suiveurs sans oublier les prêtres du Noyé eux mèmes. Tous furent abreuvés d'invectives abjectes et le vainqueur en premier lieu. Puis, sans crier gare je dégainais mon acier Valyrien et ressentis une bouffée de réconfort avec Pluie Pourpre dans la dextre. Mais avant que je n'ai pu bondir dans l'eau sur la grève automnale devenue mortifère une vingtaine de solides gaillards de ma maison me ceinturèrent pour me préserver de l'irréparable. Je m'échinais à lutter encore et encore avec toute la furie vengeresse de ma souffrance indicible. Tuer le Botley. Abattre ce chien d'usurpateur. Cet assassin infame. Le débiter en morceau. Je manquais d'empaler deux de mes hommes avant que l'on ne m'arracha ma compagne des mains et la cruauté de ce veuvage ci fut le signal de mon abandon. Pourtant, je continuais de frapper de toutes mes forces à poing nu afin de faire passer ma rage dévorante sur ces imbéciles me privant de la loi du Talion naturelle. 

Je brisais quelques nez, cotes et mâchoires sans même m'en soucier. Ce ne fut que lorsque les hommes de ma maison se mirent à genoux devant moi et m'appelèrent par mon nouveau titre que la raison se fraya un chemin sinueux dans les sentes escarpés de ma caboche frappée de mutisme. Mes yeux se perdirent dans le vide alors que je basculais dans un souvenir. Plusieurs mois auparavant sur cette même grève sacrée s'affrontaient deux prétendants au trône de grès Rodrick Harloi et Eren Hoare. Ayant suivi les Hoare fidèlement jusqu'à leur chute, je penchais intérieurement pour la seconde là ou mon ainé avait plus d'accointance avec le premier. Cependant, je savais ce que la majorité des iliens ne savaient pas. La maison Timbal souhaitait changer les choses. Je revis mon frère proclamer sa candidature lors des états généraux de la royauté. Je le revis convaincre la foule vociférant de ses arguments bien placés et de sa vision neuve et pleine d'un espoir sincère pour un peuple n'ayant que trop souffert au cours des deux dernières années. Je le revis rallier les indécis et quelques soutiens de ses rivaux. Je le revis bondir sur un roc surélevé afin de ramener le calme avec l'autorité d'un souverain naturel. Je le revis recevoir la couronne antique de bois flotté sur son front affirmé. Je revis le sourire de connivence qu'il m'offrit durant la cérémonie. 

Ce sourire qui avait voulu dire. Mon bras droit appuie moi pendant mon règne petit frère comme tu l'as toujours fait. La main d'os a besoin de tous ses doigts pour accomplir ses ambitions et toi tu seras mon pouce. Le pilier de tout cela. Mes yeux revinrent à la réalité douloureuse pour se reposer sur la preuve la plus manifeste de cette tragédie. Le corps de mon ainé serpentait paisiblement vers le large à l'instar d'un souvenir réémincent que l'on contemplait se désagréger dans le palais intime de la mémoire. Des larmes culpabilisatrices dévalèrent le vallon boisé de mes joues alors que je me remémorais ma première campagne en tant que mousse sur le navire de notre oncle. Tormund m'avait formé patiemment sur le boutre. M'expliquant avec pédagogie tout ce que je me devais de savoir sur la navigation, les voilures, les rames, les bastingages, le gouvernail. Il m'avait enseigné comment s'orienter et comment lire les étoiles. M'avait appris à devenir un bon combattant en me soumettant à un entrainement effréné. Il m'avait pris sous son aile et préservé des mauvais traitements des loups de mers exaspérés devant la présence d'un vermisseau dans leurs pattes. Les mots de feu mon roi résonnèrent longuement dans mes esgourdes endolories par les cris d'acclamation de la foule qui sonnaient comme des injures à ma personne. 

Claquant des talons sans m'incliner ni manifester le moindre signe de respect, je quittais les lieux avec les membres de ma maison et nos hommes sans faire cas de l'offense infligée. Pluie Pourpre de nouveau rangée dans son fourreau, je calais un coude nonchalant sur sa garde avant de me frayer un chemin en bousculant quelques épaules sans ménagement. La cohue se fendit finalement d'elle même sur mon passage tant la lueur meurtrière dansant sur mes prunelles en narraient long sur le soulagement que je ressentirais à étriper le premier gonze suffisamment stupide pour chercher à me défier. Et tandis que je quittais les lieux d'un air cynique et désabusé, je revis une ultime fois mon frère le matin même. Ce dernier m'avait rassuré en affirmant que cette victoire lui permettrait d'assoir définitivement sa domination sur ces requins aux cœurs changeants et que Stig lui avait offert un moyen peu couteux de consolider son règne. Il avait semblé si sur de lui que cette fin me paraissait encore plus irréelle. A l'aube, nous étions en train de rire ensemble sur les déboires des continentaux et les putains des contrées vertes et alors que midi n'était pas encore arrivé voilà que j'abandonnais le corps englouti de mon meilleur ami. Au revoir Tormund, sans toi je n'aurais jamais pu devenir l'homme que je suis. Je t'aime mon frère. 

Les jours qui suivirent virent mes oncles me presser de prendre une épouse afin d'engendrer des héritiers valeureux et vigoureux avant mon départ pour la campagne du nord du nouveau souverain. Je ne pouvais pousser l'affront jusqu'à prendre mon navire amiral et les boutres de la maison Timbal pour m'en aller piller seul dans mon coin. Cela représenterait un bras d'honneur trop virulent à avaler et ce même pour un Botley. Mes oncles reçurent des fins de non recevoir et fustigèrent mon gout commun à feu mon ainé pour les femmes orientales et délicates du continent. Si Tormund m'avait initié au raffinement mon histoire personnelle m'avait privé de son caractère hédoniste, j'étais un fer né jusqu'au bout des ongles. Mais les femmes de mon peuple ne me transcendaient guère... Trop semblables à nos iles... Balayant d'un geste la question de mon union, je préférai me focaliser sur le dilemme intérieur m'agitant les neurones. Que faire à présent ? Me venger ? Devenir un lieutenant du souverain ayant assassiné mon ainé ? Chercher à devenir roi ? Partir combattre pour Eren ? M'en aller piller Essos avec ma flotte seigneuriale ? Je dormis peu et mal me noyant dans la boisson et mes femmes sels sans oublier quelques catins de premier choix. Des hurlements de colère terrifiants hantaient la forteresse du Vieux Wyk des jours durant jusqu'à ce que je ne rejoigne le Soudard Nécromant pour partir en campagne dans le Nord. Ma meute de fidèles charognards aussi redoutable qu'indomptable m'accueillit comme un prince. Je connaissais ces pillards depuis plus de dix ans. Les survivants de mes premières expéditions avaient une décennie d'expérience. Nous allions enseigner au Nord que si l'hiver venait les fer nés ne semaient pas... Et quand je reviendrais j'épouserais Baela Merlyn devant le Noyé et elle me donnerait pléthore de rejetons. Ensuite peut être provoquerais-je Stig en duel pour venger mon frère qui savait ?