Mon séjour à Boisdoré s'avère particulièrement agréable. C'est avec une indicible joie que je retrouve les terres sur laquelle j'avais grandi au service de lord Lucian Rowan. Chaque recoin de cette forteresse ainsi que du vaste domaine forestier recèle en son sein son lot de souvenirs impérissables. Autant de réminiscences d'une époque révolue aussi bien que relativement bénie par cet élan que ressentait chaque homme dans la force de l'âge lorsqu'il se penchait sur sa jeunesse. Le fait que je sois seigneur de ma maison depuis plusieurs années désormais aussi le regard posé sur cette période ne pouvait que se parer d'un attrait évident quant à l'insouciance que le rang d'écuyer de l'un des plus prestigieux seigneurs du Bief représentait en comparaison au rang de pair tout aussi puissant de celui-ci. Mes yeux pétillent littéralement de mélancolique joie au gré de mes détours au sein de la demeure ancestrale de la maison Rowan. Mon visage semble par ailleurs condamné à rayonner de sourires solaires en sourires solaires face aux remarques agréables des membres du personnel désormais bien plus âgé me reconnaissant aisément malgré le poids des années. Si le galopin téméraire et rieur d'antan avait cédé sa place à un seigneur expérimenté et redouté je n'en resterais pas moins le jeune garçon aventureux et impudent de jadis. Car, telle était la magie de l'âge en ce bas monde. Chaque époque semblait se graver dans l'esprit de chacun à l'instar du marbre marqué du sceau du sculpteur. Mon comparse de toujours était pour l'instant absent et l'intendant m'avait informé que ce dernier avait accompagné son pater chez un de leurs vassaux afin de régler une question épineuse mais qu'ils avaient annoncés qu'ils rentreraient dans quelques jours tout au plus. Me trouvant à Boisdoré sur invitation de mon sérieux et austère meilleur ami, je ne pouvais que ronger mon frein face à cette péripétie inopinée. Cependant, si mon compagnon favori de beuverie, de joute, de combat, de ripaille, de chevauchée et d'une litanie d'autres choses était absent de même que l'homme que je respectais le plus au sein de ce royaume et pour lequel j'éprouvais autant de piété filiale que je ne l'avais fait envers mon propre pater sa cadette elle se trouvait bien ici à ce que l'on m'avait dit. Ainsi que son épouse et leur jeune fils au demeurant. Restait encore à les dénicher car personne n'était venu m'accueillir à mon arrivée si ce n'était l'oncle de Ghabrielle et d'Aldus. Aussi, je tuais le temps présentement laissant mes pas me mener ou mes souvenirs les porteraient. L'écurie relativement calme s'avère ma destination finale. Et je prends le temps de flatter l'encolure d'une bète superbe avec affection tout en laissant le lieu m'imprégner vigoureusement.