Sundering Seas (An 2, Mois 6, Semaine 3) [Tour X - Terminé]

Sundering Seas

Torrhen Braenaryon & Orys Baratheon & Rhaenys Braenaryon & Isla Chelsted

Haystack Hall, Auberge, MOIS 6 Semaine 4 de l’an 1 DE L’ERE DES LUTTES

Les navires sont halés sur la plage, pour les plus légers d’entre eux. Les autres, plus gros, sont liés et encordés les uns aux autres, ancres chaînées elles aussi. Le grain menace. Ce langage de marin, toujours si riche en métaphores et en euphémismes… C’est un putain d’enfer qui roule sur l’horizon, droit sur nous. Je suis content que nous ayons décidé de naviguer si près des hauts-fonds et des côtes orageoises… Ca nous a permis de vite organiser les escadres sitôt que l’expérience de l’amiral, appuyé par les chefs d’escadre en ce sens, décide de la jouer avec prudence. Je ne peux que lui être gré de ses efforts pour préserver la flotte et les effectifs qu’elle transporte, et ce, au prix de notre vitesse. Le ciel se couvre. On entend les grondements, à l’horizon. Ils roulent jusqu’à nous. Je presse Isla de débarquer ; je sais elle aussi qu’elle n’est pas rassurée par les tempêtes de la région depuis l’abominable vécue ensemble la dernière fois que nous avions pris la mer dans l’autre sens. Je demande à ma compagne de ne prendre que le nécessaire avant de débarquer avec les Demalion, l’embrasse sur le coin des lèvres, lui souffle que ce soir, nous dormirons dans un village de pêcheurs sis dans les dunes battues par le vent.

Quand nous sortons, tout ce qui n’est pas attaché, sanglé aux vaisseaux, est en train de rouler sur le pont. Des milliers de cris et de clameurs, d’ordres crachés au porte-voix, et tout le monde se dépêche d’embarquer dans les chaloupes pour aborder la terre ferme au cours de l’heure qui suit, ou de la suivante sous une houle qui forcit. Même si je déteste l’océan, les navires, et tous les dangers que ces éléments représentent, je me force à rester… Le paraître, c’est aussi important sinon plus qu’être, au sein d’une armée en campagne, et plus encore quand on endosse des responsabilités comme les miennes. Et alors que l’on m’annonce sous les embruns que l’on va bientôt devoir me hisser à bord d’un des frêles esquifs pour toucher terre avant que le gros de la tempête ne nous arrive dessus, je reprends mon souffle.

Et entends des cris, des gardes qui agitent hampes et drapeaux et qui pointent le ciel de leur main gantée.

Deux masses se faufilent entre deux nuages noirs comme la nuit… Mon cœur se serre. Certains crient l’alerte, craignant les Valtigar. Mais moi, j’ai trop vu Meraxès –de la taille d’un moulin- et Ebryon –bien plus petit- pour ne pas les reconnaître.

Rhaenys.

Les deux masses tombent du ciel, alors que le vent forcit encore, et leur piquée fait craindre le pire. A leur vitesse, les dragonniers abordent la côte bien avant moi. Je sais qu’Isla leur fera bon accueil, alors que le camp est toujours en train d’être monté dans et autour du village de pêcheurs. Je suis la Garde, rassemblée en haie d’honneur sur la grève, jusqu’à ce qu’on me guide à grand renfort d’éclaireurs jusqu’à une taverne, réquisitionnée pour être le quartier général provisoire de l’armée et de la flotte. Je retire mon casque à cimier, avant d’entrer, et le boucle à mon ceinturon pour entrer.

Enfin, ces retrouvailles. Ils sont près du feu, tous trois, et m’approche.

| C’est en pleine tempête que vous nous rejoignez donc. Ma Dame, Prince… |

Je les salue, en inclinant la tête en signe de respect.

| Au sens littéral comme au figuré. Nous l’avons su avant-hier ; Argella Durrandon a dû se rendre avec son armée encerclée et affamée à Wensington. L’Orage n’aura jamais autant mérité son nom ; c’est le chaos qui nous attend. Mais d’abord, comment s’est passée votre propre mission ? Et le trajet ? |

Je me tourne, vers les pages et aides de camp, demandant à boire et à manger d’un signe de tête, alors que les officiers de l’armée et de la flotte reprennent leurs discussions sur les autres tablées, plus éloignées du feu. Le brouhaha masquera bien vite notre conversation.

(c) DΛNDELION

Fire, Blood & Winter | House Braenaryon
Let it be War

I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

Spoiler:

Sundering Seas

Torrhen & Rhaenys & Orys & Isla

Un nouveau grondement vint secouer les parois du vaisseau, serrant les entrailles d'Isla, accoudée près de la petite fenêtre qui donnait sur l'horizon. Le ciel n'avait cessé de s'assombrir depuis quelques heures, devenant toujours plus menaçant, déversant une atmosphère sombre et inquiétante sur l'eau et les navires qui y avaient élu domicile. Jamais vraiment rassurée en mer, Isla ne faisait pas vraiment la fière dans ces conditions qui lui rappelaient la dernière tempête qu'elle avait subi avec Torrhen, plusieurs mois auparavant. Décidément, les flots ne leur étaient pas très favorables. Devaient-ils y voir un signe et arrêter de naviguer ? Probablement, mais ils n'avaient pas le choix. La situation de l'Orage était critique, et ils étaient là pour récupérer le royaume, coûte que coûte.

Torrhen semblait aussi peu à l'aise qu'elle, comme elle pouvait le voir à ses sourcils froncés. Il l'embrassa délicatement, lui proposant de mettre pied à terre avec quelques hommes du navire et trouver une petite taverne dans le village de pêcheurs près duquel les navires étaient ancrés. Elle hocha la tête, incapable de toute façon de prononcer un traitre mot, l'estomac noué par la houle. Elle sortit de la cabine, s'agrippant à ce qu'elle pouvait attraper : une porte, un mur, un cordage, un mat. Le navire tanguait tantôt à gauche et tantôt à droite, peinant à résister à l'assaut des vagues et du vent combiné, sous une pluie qui commençait tout juste à tomber mais qui heurtait déjà le bois avec fracas. Un Demalion vint à son encontre, plaçant une main salvatrice dans son dos pour la guider jusqu'à la petite embarcation qui les transporterait jusqu'au rivage. Un frisson de panique la parcourut. Si un navire de cette taille ne pouvait pas faire face à la tempête en préparation, comment ce petit bateau le pourrait ?

Lorsqu'elle mit pied à terre, elle crut que ses jambes se déroberaient sous son poids mais tint bon en prenant de grandes inspirations, tentant de dissiper ses hauts le cœur. Des cris attirèrent son attention, et elle leva la tête, comme l'ensemble des hommes autour d'elle. Le ciel était presque totalement masqué par les nuages à présent, mais on pouvait voir du mouvement, et quelques légères traînées de nuage au passage des dragons. L'insulaire esquissa un sourire, semblant deviner de qui il s'agissait. Retrouvant subitement de la force, elle pressa le pas jusqu'à la zone d'atterrissage des magnifiques bêtes... et de leurs cavaliers. Isla garda une certaine distance néanmoins, les laissant mettre pied à terre tranquillement. Déjà on s'affairait pour transporter les affaires. Un Demalion vint lui glisser à l'oreille que la taverne était réquisitionnée et que des appartement leur avaient été préparés. Elle hocha la tête en guide se remerciement, puis se concentra à nouveau sur Rhaenys et Orys en s'approchant d'eux.

Elle ne pouvait pas se souvenir la dernière fois qu'ils avaient été tous les trois réunis.

« Rhaenys. Orys. Bienvenue. Venez vous mettre à l'abri. » leur dit-elle en haussant le ton pour couvrir le bruit et en les invitant à la suivre, alors que les vents se renforçaient, trimbalant avec eux de grosses gouttes de pluie.

Une fois à l'intérieur, Isla observa Rhaenys. Elle semblait épuisée. Et elle était trempée. Ils l'étaient tous les deux. Sans quitter sa Princesse des yeux, elle reprit à voix haute, chassant l'eau de son visage. On leur indiqua l'étage et leur donna les précisions pour trouver leurs chambres. Isla tendit le bras en observant Rhaenys pour qu'elle la précède. Elle s'inquiétait pour son amie mais ne voulait pas montrer quoi que ce soit en public. Après tout, c'était l'Impératrice. Une fois dans la petite chambre, Isla resta près de la porte, laissant à la Targaryen l'espace dont elle pourrait avoir besoin. Voyant qu'elle se mouvait avec difficulté et lenteur, elle s'approcha de quelques pas, lui glissant avec douceur, dans leur langue natale :

« Laisse-moi t'aider, Rhae. »

Isla laissa ses doigts courir sur la tenue de Rhaenys, détachant ou déficelant ce qui devait l'être. Les tissus et cuirs étaient trempés et lourds, ne facilitant pas la manœuvre. D'une main lente et calme, elle attrapa sa tresse qu'elle passa par dessus son épaule pour obtenir accès à son dos et terminer de desserrer les liens retenant ses vêtements. Elle observa un instant sa peau, qu'elle sentait si douce du bout de ses doigts mais ne s'y attarda pas. Ce n'était ni le lieu, ni le moment. Repassant devant elle, elle observa son épaule blessée.

« Je pense qu'il faudrait changer le pansement, tu me permets ? »

Avec délicatesse, elle attrapa un bout du bandage et l'enleva. Il était trempé et glacé. Elle se détourna un instant pour attraper ce dont elle aurait besoin dans les bagages et premiers soins puis elle revint vers elle, nettoyant doucement la plaie avec un chiffon. Elle s'appliqua à remettre un pansement ressemblant au maximum à l'ancien pour qu'elle ne soit pas gênée, puis l'aida à mettre une autre tenue, propre et sèche, ce qui lui ferait sans doute du bien. Lorsqu'elle fut de nouveau habillée, Isla leva les yeux vers Rhaenys. Avec tout ce qui s'était passé entre elles, elle sentait une certaine distance à présent. La plupart du temps, elle parvenait à l'ignorer. Mais là, avec elle en face, c'était une autre histoire. L'insulaire avait tant de choses à lui dire. Mais elle ne trouvait pas les mots. Inclinant la tête avec respect, elle lui dit simplement, la gorge nouée :

« Je t'attends dehors. »

Lorsqu'elle sortit, elle tomba nez à nez avec Orys qui s'était lui aussi visiblement changé. Elle lui sourit, s'avançant vers lui pour lui offrir une étreinte chaleureuse.

« Je suis soulagée de voir que vous allez bien, toi et Rhaenys. Torrhen ne devrait pas tarder. »

Lorsque Rhaenys les rejoignit, ils descendirent jusqu'à la pièce principale, là où le reste des officiers s'était déjà installés. Une table était encore vacante, près du feu, et ils s'y installèrent. Les discussions alentours s'éteignirent lorsque l'Empereur fit son entrée. Il vint prendre place à leurs côtés et commanda à boire et à manger en exposant la situation dans l'Orage. Isla resta silencieuse, désireuse d'en apprendre plus sur leur mission.

(c) a m i t y

dark have been my dreams of late

Where now the horse and the rider? Where is the horn that was blowing? Where is the hand on the harpstring and the red fire glowing? Where is the spring and the harvest and the tall corn growing? They have passed like rain on the mountain, like a wind in the meadow. + aeairiel.

hēnkirī:

Sundering Seas
SEMAINE 3 DU MOIS 6 DE L’AN 2

Le trajet du retour avait plus rapide que je ne l'avais pensé. Et plus silencieux aussi, même si cela était de mon fait. Depuis notre "discussion" à l'aller, je coupais court dès que mon Valonqar s'aventurait sur un terrain plus intime. J’avais besoin de temps pour assimiler ce qu’il m’avait dit, du temps pour accepter que, s’il restait l’une de mes priorités, la réciproque n’était pas vraie. Il s’était construit une nouvelle vie, dans laquelle je n’avais plus vraiment de place. Il était passé à autre chose, tourné une page. Au fond, c’était lui qui avait raison même si j’avais du mal à l’accepter et que la pilule était difficile à avaler. Quoi qu’il arrive, quoi qu’il fasse, je serai incapable de cesser de l’aimer. Il était mon premier amour. Et même lorsque je serai une vieille femme, mon cœur continuerait à l’aimer, comme le frère qu’il était mais aussi pour le garçonnet, puis le jeune homme, et enfin l’homme qu’il est. Finalement, ce n’était que la continuité de ce que j’avais toujours connu : un amour sentimental à sens unique. Un temps, il s’était égaré mais désormais ce n’était plus le cas. Il avait été clair, avant il m’aimait. Avant. M’aimait. Il avait employé le passé et non plus le présent.

J'étais fatiguée, et le manque d'alcool se faisait ressentir chaque jour un peu plus. Je m'étais habituée à boire pour dormir, pour oublier cette douleur qui oppressait encore et encore mon coeur, et mes entrailles. Ce voyage ne m'avait pas donné l'opportunité de noyer ma souffrance. Je ne pouvais, de toute manière, pas me le permettre alors que je guidais Meraxès et Ebryon. Les cauchemars avaient repris sans me laisser le moindre répit, les rares fois où je finissais par tomber de fatigue. Mais désormais, ils étaient plus clairs… Ou du moins j’arrivais à m’en souvenir certaines brides. Je n'arrivais pas vraiment à me reposer et je sentais que mes réflexes en souffraient. J'anticipais moins rapidement les bourrasques de vent et j'avais manqué deux fois de glisser. Sans Orys et surtout la prévenance de ma soeur, j'aurais fini dans les eaux troublées de l'orage. Tempête et Pluie étaient devenues nos compagnes de voyage depuis quelques heures maintenant et la vue de la terre fut un véritable soulagement. Comme celles des bateaux en contrebas. J'avais attendu qu'ils soient eux aussi proches de la côte pour amorcer notre descente. En attendant, nous étions restés au-dessus des nuages, nous épargnant le plus gros de l’eau que déversait les énormes nuages. Nous nous étions un temps approché plus près des bateaux pour signaler notre présence. Certains redouteraient les dragons ennemis mais les peyredragonniens reconnaitraient la carrure de Meraxès. Elle était gigantesque et son échine était unique pour ceux qui avaient pu la voir plusieurs fois.

Je laissais Orys mettre en premier pied à terre. Il était trempé, et ses vêtements devaient lui coller à la peau. Nous avions fait prendre ses mesures dans le Conflans mais il faudrait quelques temps pour qu'il puisse recevoir une tenue de voyage adaptée. Si la mienne n'était pas imbibée, elle n'avait pas pu empêcher toute l'eau de venir ruisseler sur ma peau. Je ne craignais pas le froid, mais je sentais que mon corps était plus faible et qu'il fallait un rien pour que je tombe malade. Je laissais mon Valonqar s'occuper d'Ebryon pendant que j'en faisais de même avec Meraxès. Les hommes de l'Empire vinrent à notre encontre, menés par Isla que je saluais d'un signe de tête avant de la suivre. Elle nous mena dans une auberge puis à l'étage dans des chambres pour nous changer. Elle semblait avoir tout prévu... Elle ou Torrhen... Ou même Nelya d'ailleurs. L'intendante était une femme redoublement efficace après tout.

Elle montra d'abord ses quartiers à Orys puis vint avec moi ensuite. Je la laissais m'aider à me délaisser de mes vêtements de voyage et me sécher, la remerciant dans notre langue natale. Elle refit également mon pansement avant que je n’ai besoin de lui demander son concours. Je m'habillais sommairement avec ma seconde tenue de voyage, sèche pour sa part, avant d'enfiler une cape pour masquer le bandage de mon bras, toujours avec l’aide de l’insulaire qui prit tout de suite congé laissant mourir mon merci contre la porte qu’elle avait refermé. Je pris le temps d'étaler les pièces de cuir devant le feu pour qu'elles sèchent puis sortais de la pièce pour la voir quitter l’étreinte d’Orys. Elle nous mena dans la pièce commune assez rempli de monde. J’évitais de toucher la moindre personne et m’installa le plus près du feu que je le pouvais. Mon regard se perdit dans ce dernier, mon esprit fatigué vagabondant et ne revenant à la réalité qu'à l'arrivée de Torrhen.Je l’écoutais, tout en l’observant. Il semblait aller… Aussi bien que cela était possible. Son tient semblait encore un peu pâle mais je savais que cela était surement mieux à ce trajet en bateau. Les loups n’aiment pas l’eau, ce n’était pas un secret. Je lui fais un sourire pour le saluer – maigre mais c’était tout ce dont j’étais capable – avant de lui répondre doucement. Seul l'avenir nous le dira. Je pense que, pour l'instant, cela ira. Nous allons devoir nous contenter de ce espoir. Tout en parlant, je tirais sur le fin morceau de cuir qui tenait mes cheveux attachés. Je sentais qu'il était en train e tremper ma cape. Je défaisais d'une main, tant bien que mal la tresse emmêlée tout en continuant Avons-nous un moyen de la libérer ? Plus d'informations la concernant? Elle est notre Reine, nous devons lui porter secours. Cela devient notre priorité. Et elle est aussi notre amie même si les choses ne se sont pas déroulées comme elle l’aurait voulu, même si elle nous avait rejeté. J’avais promis de la protéger et je tiendrais ma promesse. Je regarde tour à tour Torrhen et Isla tout en abandonnant l'idée de défaire totalement ma coiffure pour ne pas dévoiler mon épaule. A quoi avez-vous pensé pour la suite ? Vous avez dû envisager cela sur la route. pour se préparer au pire, ils avaient sûrement établi plusieurs plans de batailles et d'actions. Torrhen était un stratège aguerri et Isla était loin d'être bête, très très loin de l'être même. C'était d'ailleurs ce qui nous avait tous charmés chez elle. Elle était belle oui, mais son esprit est brillant, vif, bien plus qu'elle ne le pensait. Cette place, elle l'avait gagné sans la voler.

La tourmente de mes chants viendra réchauffer les cœurs 

Réchauffer mon cœur ☽Il fait toujours beau au dessus des nuages. Mais moi je suis de ces oiseaux, qui vous font danser sous l'orage. Je traverserais tous les nuages comme le fait la lumière, en chantant sous la pluie, la symphonie des éclairs.

Sundering Seas

Torrhen Braenaryon & Orys Baratheon & Rhaenys Braenaryon & Isla Chelsted

Haystack Hall, Auberge, MOIS 6 Semaine 4 de l’an 1 DE L’ERE DES LUTTES

Je n’ai pas le visage grave des mauvais jours, mais fermé malgré tout. Neutre. Décidé. Objectif. Pragmatique, jusqu’au bout de ce qui est normalement admis et partagé eu sein de mes congénères. Je fais en sorte de tenir bon, de ne rien montrer de mon embarras, de mon angoisse, même. Le cœur serré, les choses vont de mal en pis depuis plusieurs minutes. Je vois déjà sous mes yeux les pièces se déplacer sur le plateau de Cyvosse de l’Orage. Le Roi Manfred. La Reine Eren. Tous deux unanimement connus pour leurs qualités martiales ou stratégiques, l’un froid et calculateur, l’autre vive, et cruelle, prête à tout. Tout cela porte bien leur marque. Les erreurs produites à mes yeux par Argella, en recherchant la bataille plutôt que de l’attendre, nous privent des étapes suivantes de notre plan commun. Qu’il aurait été bon, et infiniment plus facile, de re-courir sus au Bief, avec trente mille orageois et impériaux de plus, le flanc des Montagnes Rouges sécurisé par Mahée et avec qui nous aurions pu marcher directement sur Hautjardin…

Cela ne s’est pas fait. D’abord parce qu’Argella l’Impétueuse s’est montrée à la hauteur de son surnom, prenant sur elle de rompre la stratégie collective, quittant ses forteresses pour attaquer seule les troupes de l’ennemi, avant que je ne revienne. Etait-ce parce que les mauvaises nouvelles de mes propres campagnes l’ont fait douter, au pire moment ? Ou parce que son peuple, n’en pouvant plus des déprédations de l’ennemi, l’a forcée à se mettre en route ? Je ne sais pas. Et ce qui me taraude le plus, c’est que je ne le saurais peut être jamais. Parce que je ne la reverrais peut être pas. Aux mains de l’ennemi, tout peut arriver désormais. J’ai péché par manque de clairvoyance, et même si je sais qu’il n’est jamais possible de tout prévoir, a fortiori dans une guerre, mais j’aurais peut être dû me montrer plus prudent….

Avant de tout miser, y compris ma vie, sur mes intuitions et ma lecture de la situation.

Rhaenys me sourit, quand j’arrive au milieu des officiers rassemblés dans l’endroit. Un petit sourire. Mais elle est contente. Mon cœur aurait pu rugir, à tout autre moment. Mais là, il ne se réchauffe qu’à demi, et ne tire du coin de mes lèvres qu’un réflexe pincé, signification évidente du « je suis content de te voir, mais tout est si difficile » silencieux que je ne peux formuler. Isla est déjà là. Je note le retard d’Orys.

Tant mieux.

Je l’apprécie, mais trop de choses nous opposent. Rhaenys d’abord, Isla maintenant. Il faut que je fasse avec lui. Et il faut aussi que je garde raison gardée. C’est mon frère d’armes. Mais nous ne pouvons nous entendre que dans la boue et le sang jusqu’aux genoux.

Je hoche la tête aux paroles de Rhaenys. Et la belle aux allures rugueuses, ce jour, se défait de ce qui maintenait ses cheveux en place. Elle n’a pas totalement réussi avec le Tully, à ce qu’il semblerait, dont le comportement devient de plus en plus erratique et versatile… Et une autre donnée dont nous devons tenir compte. Voir, sentir sa loyauté totale, sa fidélité éternelle envers Argella malgré leurs différents… Ca me fait chaud au cœur. Le sujet reste grave, je ne souris pas. Mais je ressens d’un coup d’un seul bien plus de chaleur encore. Tant qu’il y a de l’amitié, de l’amour, alors il y aura devoirs et honneurs. Et surtout, il y aura de l’espoir.

| Je ne sais rien de plus. Aux dernieres nouvelles, il y a eu affrontement à Wensington, et reddition. La Biche s’est retrouvée prise au piège, et les meutes hurlantes autour n’ont eu de cesse que de mordre garrot et jarrets. Elle n’a pas dû pouvoir se sortir du piège. Quant à où elle se trouve, maintenant… |

Je me tourne pour faire signe plus loin à un Demalion, un préposé aux cartes. Rhaenys me demande pour la suite. Sérieusement, déjà impliquée. Nous sommes dans l’Orage, dans un pays en guerre. J’ai un regard pour Isla, plein de sérieux, mais aussi accrocheur, l’incitant à se dévoiler ; pouvoir avoir discuté avec Mina Swann en route, nous avons quelques pistes.

Je soupire, baisse la tête sur la carte.

| Je ne pense pas que tu doives aller la délivrer. On ne sait pas exactement où elle est, et ça pourrait être un piège, comme celui que le Noir a tendu à ton frère et à ta sœur. |

(c) DΛNDELION

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I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

Spoiler:

Seuls les trombes de la pluie frappant notre petits groupes et les grondements des orages s’étaient fait entendre durant notre périple. Rhaenys avait été vexée par mes propos, agacée, énervée… et tous les qualificatifs que vous voulez. Je devenais lasse de ces histoires alors j’avais préféré répondre à son silence par vingt-deux, c’est-à-dire une autre forme de mutisme. Que tout cela cesse rapidement, que ce conflit se termine -d’une manière ou d’une autre- et que tout un chacun soit libre de déployer ses propres ailes. Le faix des devoirs auxquels se soumettre devenait particulièrement lourd. Le voyage semblait long, très long, infiniment long. Et pourtant alors que nous approchions de notre destination, tout semblait en un instant s’être accéléré. Les bourrasques des zéphyrs avaient suffisamment pimenté le périple pour le rendre un peu distrayant. Malgré les ressentiments, je tentais au mieux d’aider ma sœur à tenir le choc du voyage. Pour une fois nous étions presque en parfaite harmonie avec Méraxès, tentant chacun notre tour d’offrir un confort moindre à notre impératrice pour la soulager des douleurs qui la parcouraient certainement même si elle tentait d’en montrer le moins possible. Il était difficile d’être une grande aide en n’ayant pas le luxe de la toucher alors c’était plus en jouant avec la selle que je tendais de manière timorée de l’appuyer. Plusieurs fois, la billevesée de lâcher prise pour se laisser porter par la zéphyr me paraissait moins effrayante que les sentiments négatifs qui habitaient Rhaenys.

Finalement, nous arrivâmes à destination. Une dernière fois Meraxès transperça l’épaisse couche de nuages pour atterrir non loin de la côte suivi de près par Ebryon, son jeune frère, celui qui serait peut-être -s’il acceptait- mon futur dragon. Je descendais en premier, suivi de Rhaenys qui semblait fébrile. Nous nous occupions chacun de notre dragon. Se mouvoir correctement était difficile tant mes habits étaient gorgés d’eau. Les premières troupes impériales ne tardèrent pas à faire leurs apparitions ainsi qu’un visage reconnaissable entre mille : Isla. Elle avait donc finalement pris parti de suivre les troupes sur le front. Une surprise aussi agréable qu’amer avant que ne résonne dans mon esprit les rares mots de Rhaenys sur le sujet, plus loquace sur certains thèmes que d’autres. Nous sommes escortés sous bonne garde jusqu’à une auberge faisant certainement office d’éphémère quartier général. Suivant les pas d’Isla, nous nous retrouvons à l’étage, chaque allant vaquer dans une chambre. Profitant nouvellement du plaisir de jouir d’une chambre et d’un vrai lit, je me change rapidement. La tentation de me jeter sur la paillasse fut grande cependant je craignais trop de fermer les yeux pour partir vers d’autres lieux bien loin des problèmes séculiers.

Je finis par sortir dans le couloir attendant je ne sais trop quoi, comme si mon esprit partait vaquer ailleurs. Je ne su combien de temps cela dura, mais lorsque je me remis en marche, une porte s’ouvrit et Isla en sortit. Nos regards se croisèrent et alors que mon visage se montrait jusqu’alors plutôt inexpressif, je ne pu m’empêcher de répondre à son sourire par un autre sourire. L'ilienne s’avança vers moi pour m’enlacer. Pendant quelques brefs instants, je restais surprise, ne sachant pas si je devais répondre à son étreinte. Puis finalement, malgré ma promesse à Rhaenys, je cédais bien volontiers. « Il ne risquait pas de nous arriver grand-chose avec deux dragons tu sais. Je suis heureux de voir que tu es là, et que Thorren et toi allez bien. » Nous ne serons pas trop de nous quatre dans les évènements à venir. La conversation ne perdura pas longtemps, à peine commencions nous à nous écarter de nouveau que Rhaenys sortit de sa chambre. Mon regard croisa celui de ma sœur comme pour lui signifiait je sais. Guidés par Isla nous descendons dans la partie inférieure de l’auberge bien plus populeuse et bruyante. Je n’ai pas le luxe de les accompagner jusqu’à la dite table car un de nos soldats vient m’indiquer qu’il y a quelques tracas avec Ebryon. « Je m’en occupe. » disais-je à Rhaenys avant de m'éclipser ce qui m’arrangeait plutôt pas mal.

La pluie était encore battante à l’extérieur et le dragonneau semblait montrer une certaine inquiétude. Le roi de la nuit n’était pas encore habitué aux longs périples, certainement la fatigue devait-elle se faire ressentir durement. J’avais l’impression de mieux le comprendre depuis nos premiers échanges sur la route de Vivesaigues. Du mieux que je pus, je tentais de raisonner la créature ailée qui semblait sensible à mon approche. C’était raté pour conserver les vêtements secs cependant l’apaisement semblait revenir. Je l'autorisais à partir en chasse mais à faire attention, nous étions loin d’être en territoire amical.

Après quelques minutes, je finis par revenir à l’auberge, rejoignant mes comparses déjà attablés, saluant comme l’étiquette le demandait l’Empereur, même si cela me faisait divinement chier. Ayant raté le début de la conversation, je compris très vite que la discussion tournait autour de la périlleuse situation de la biche.

Je n’ai rien à dire aux propos de Torrhen sur la possibilité que Rhaenys aille la délivrer. Plutôt que de dire une bêtise je me tus sur cette phrase d'autant que je n'ai pas entendu l'entierté de la conversation. « Savons nous ce qu'il en est de la loyauté des principales maisons Orageoises et de la population ? »

Sundering Seas

Torrhen & Rhaenys & Orys & Isla

La petite taverne sentait l'humidité, charriée par tant d'hommes entassés dans la petite pièce principale, dégoulinant sous le poids de l'eau de pluie et de leurs armures. La tempête frappait avec force le bâtiment, cognant contre la vitre et lançant de nombreuses gouttes de pluie. Pourtant, près du feu, une forme de sérénité régnait, comme si la lassitude du voyage et la terre ferme retrouvée enveloppaient les impériaux d'une douce chaleur réconfortante. Quelques paroles recommencèrent à s'élever une fois l'empereur assit. L'insulaire observa l'impératrice, tentant de ne pas laisser paraître une quelconque inquiétude pour son état. Elle la devinait épuisée, et son teint pâle ne faisait que renforcer l'idée que se faisait la Chelsted des dernières journées et nuits qu'elle avait du passer. Ne parvenait-elle toujours pas à trouver le sommeil ? Orys n'avait pas très bonne mine non plus, même s'il paraissait moins harassé. Elle se nota, si elle en a le temps, d'enquêter un peu sur l'état de Rhaenys. Même si elles ne se parlaient plus trop, ou du moins plus comme avant, Isla ne pourrait jamais l'oublier, ou la délaisser. Elle tenait trop encore à elle pour cela, et elle continuait de l'aimer, même de loin. Et même si c'était sans doute la dernière de ses considérations.

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SEMAINE 3 DU MOIS 6 DE L’AN 2

La tourmente de mes chants viendra réchauffer les cœurs 

Réchauffer mon cœur ☽Il fait toujours beau au dessus des nuages. Mais moi je suis de ces oiseaux, qui vous font danser sous l'orage. Je traverserais tous les nuages comme le fait la lumière, en chantant sous la pluie, la symphonie des éclairs.

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Torrhen Braenaryon & Orys Baratheon & Rhaenys Braenaryon & Isla Chelsted

Haystack Hall, Auberge, MOIS 6 Semaine 4 de l’an 1 DE L’ERE DES LUTTES

Baratheon revient, enfin. Il a dû finir de s'occuper de ses tâches dehors, auprès des dragons... J'imagine qu'il apprend encore. Je ne sais pas de toute façon s'il est possible de cesser d'apprendre, un jour, pour passer directement à la pratique. Il a l'air bien. Autant que faire se peut j'imagine, compte tenu des circonstances de leur chevauchée dans le ciel... Au moins sont-ils de retour, pour notre gloire ou pour notre baroud d'honneur. Qu'importe. C'est important en revanche qu'il soit là, auprès de Rhaenys, au regard des épreuves qui nous attendent encore... Ca compte pour elle, qu'il soit à ses côtés. Peut être que ça compte pour moi, par rapport à tout ce que nous avons eu à traverser ensemble sans l'avoir jamais choisi.

| Non. Aucune idée. Tout ce qu'on sait, ce sont les assertions des uns ou des autres. D'après Lady Swann, il y a fort à parier que les maisons principales chercheront à rester dans l'Empire et à voir la lignée royale perdurer autant que possible. Je pense qu'il faut s'attendre toutefois à une dilution de l'intérêt public dans le personnel, sitôt que la nouvelle se répandra. Selmy, je l'ai rencontré. Un jeune général compétent, valeureux. Dondarrion est plus passionné, mais on le dit loyal. Estremont est occupé depuis des lustres, maintenant. Rocvert est la première ville à être tombée sous l'emprise bieffoise, dans leur offensive maritime. J'ai foi en lui, mais peut-on faire une confiance absolue à quelqu'un dont la famille et les terres sont aux mains de l'ennemi... Vaste question. |

Je me sens si petit, devant une montagne de problèmes qui s'accumulent. Mais c'est ainsi. Je suis familier de la sensation. Elle ne m'émeut pas. J'affronte. Je suis aux côtés de deux femmes que j'aime, et j'ai aussi avec moi un ami avec qui j'entretiens une relation compliquée, mais forte. J'ai quelque part partagé un moment plus personnel avec lui qu'avec aucun autre, au moment d'être hissé sur l'échafaud d'Harren le Noir, visage en lambeaux, benoîtement bandé.

Isla reprend la parole, et intervient fort à-propos sur l'image qui se joue de l'Empire en cet instant fatidique. Je hoche la tête, le regard gris, concentré. Et me relève. Hèle un Demalion. Et leur glisse, un ton plus bas, au regard de la cohue alentours qui lentement se calme.

| Nous montons dans une des chambres de voyage, là-haut. Ici, tout est ouvert aux quatre vents et la moitié de la noblesse ou du corps d'officier de l'armée peut être informée de nos mots d'ici la fin de nuit. C'est trop important. |

Et pour cause... J'attends juste la confirmation que tout est prêt pour nous recevoir, je ne bouge pas, dans l'attente. J'adhère à la vision, toutefois, alors que des Demalion élargissent notre cercle de discussions en repoussant les gens d'armes qui boivent ou se sustentent.

| Nous devons agir pour elle. Pour la Reine. Elle nous a rejoint sans nécessité, à l'époque. De son plein gré. Tu l'as convaincue, ma dame. ... | Je m'adresse à l'Impératrice | Et malgré les désaccords politiques ou personnels, elle nous a toujours embrayé le pas. |

Mais nous devons réfléchir. Nous devons nous préparer. J'ai bien des idées... Mais il faut d'abord les confronter. Isla est concentrée. Forte. Elle réfléchit vite, et parle sûrement. La belle connaît la Constitution, pour les heures où elle s'est appliquée à son étude approfondie. Elle m'épate. Ca ne me surprend pas, mais je reste impressionné. Elle la fille d'un entourage princier, née d'une maison somme toute modeste, brimée par un époux abusif, à la destinée sans cesse contrariée. Elle qui finalement n'a eu aucune autre préparation que son éducation. Et qui brille, et se conduit sous nos yeux comme un membre à part entière du Collège, une femme forte, puissante même, qui sait ce qu'elle vaut et ce qu'elle apporte. Pour le reste, elle a raison. La méthode compte autant sinon plus que la finalité de tout ça.

(c) DΛNDELION

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Let it be War

I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

Spoiler:

Sundering Seas

Torrhen & Rhaenys & Orys & Isla

(c) a m i t y

dark have been my dreams of late

Where now the horse and the rider? Where is the horn that was blowing? Where is the hand on the harpstring and the red fire glowing? Where is the spring and the harvest and the tall corn growing? They have passed like rain on the mountain, like a wind in the meadow. + aeairiel.

hēnkirī:

Sundering Seas
SEMAINE 3 DU MOIS 6 DE L’AN 2

La tourmente de mes chants viendra réchauffer les cœurs 

Réchauffer mon cœur ☽Il fait toujours beau au dessus des nuages. Mais moi je suis de ces oiseaux, qui vous font danser sous l'orage. Je traverserais tous les nuages comme le fait la lumière, en chantant sous la pluie, la symphonie des éclairs.

Sundering Seas

Torrhen Braenaryon & Orys Baratheon & Rhaenys Braenaryon & Isla Chelsted

Haystack Hall, Auberge, MOIS 6 Semaine 4 de l’an 1 DE L’ERE DES LUTTES

Je devrais évidemment me douter que cette conversation ne se passera pas comme prévu. Que rien en fait, ne peut être prévu, planifié à l'avance, à propos de ce qu'elle aura comme finalité et comme conséquences. D'abord, régler le sort de l'Orage. L'urgence absolue, puisqu'il s'agit d'un des plus gros atouts de l'Empire, de par sa position, ses forces... Du moins, du temps où son armée existait encore. Désormais, c'est une branche en train de mourir, et il faut faire attention soit à la relancer, soit à la couper net. Je dois prendre garde à chacun de mes mots. Car ils sont plus que tout autres scrutés, analysés. Interprétés, aussi. Je suis l'Empereur. Ma parole fait Loi, ou peu s'en faut.

Orys a raison de parler de précaution ; je le sous-entendais déjà, et ne pensais pas pouvoir me passer de conseils avisés ni de la plus grande prudence. Consensus... je ne sais si nous en avons le temps, mais c'est de toute façon mieux ainsi, si c'est possible. Je réagis à la volée, sur ce point.

| Il faut quelqu'un co-opté par Mina Swann a minima, et si possible par Lord Connington qui est sensé être l'héritier par défaut, le cas échéant. Je ne sais pas si sa participation à lui sera possible... |

Il y a beaucoup d'inconnues de toute façon, dans toutes cette histoire, dans tout ce déroulé. Je trouve au moins le soutien du bâtard quand je reprends le plan de Rhaenys pour le modifier et l'amender, pour l'éloigner de la folie qu'elle incarne, de la bravoure presque téméraire... Non, vraiment téméraire. Elle est à moitié folle, pour faire ce genre de proposition. Le genre de folie qui emmène son monde avec elle. Lui aussi appelle Rhaenys à de la mesure, et à prendre conscience qu'au delà de son rôle et de son rang, c'est de sa personne et de sa nature dont sa famille a tant besoin. Y est-elle encore sensible ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je l'ai cru, et puis, cet espoir s'est à nouveau amenuisé.

Orys fait une belle proposition, pleine de verve et de fougue. Ni Isla ni Rhaenys n'y répondent.

Le Prince était volontaire pour aller chercher la Durrandon, ce qui ne m'étonne pas. Il a toujours été fougueux, lui aussi, prompt à relever les défis. Il a accumulé les blessures, de son côté, et n'est plus le guerrier qu'il était. Peut être aurait-il pu devenir le meilleur de Westeros... Mais quand sa main d'épée est handicapée, on plafonne. Le jeune homme parle d'Ebryon et de leur lien. Il est d'accord sur tout, en définitive. Je note mentalement que face à Rhaenys, il semble se positionner comme moi dans le camp de la mesure.

La première vraie surprise vient d'Isla. Qui convient certes comme nous de l'impossibilité de laisser Rhaenys accomplir cette mission... Avant de se proposer, elle. Froidement. Sans émotion. De manière purement détachée. Je l'écoute jusqu'au bout. Les similitudes entre les deux femmes. Origines, langue, apparence, jusqu'aux coiffes. Leur connaissance réciproque. La supercherie, et le reste. Dispensable ? Mon cœur se serre. Est-ce vraiment ce qu'elle pense, ce qu'on lui a laissé penser ? J'ai le sentiment de n'avoir de cesse que de l'en détourner. De soutenir son importance, cruciale à mes yeux. Moi l'homme d'épée, qui ne respecte finalement que le savoir et ce qu'il implique de puissance. L'intelligence, qu'elle représente. Je suis les muscles, Rhaenys le cœur, et elle l'esprit. Orys est comme moi. Je regarde Isla, comme si je la découvre à nouveau. Tout ça pour moi, pour nous.

Non, pour Rhaenys.

C'est pour elle, qu'elle le fait. Je le comprends à leurs mots, échangés dans leur langue d'origine. Je ne saisis pas tout, mais l'essentiel est compris. Elle regarde Rhaenys, longtemps, puis Orys. Elle ne vient pas affronter mon propre regard, alors que je la regarde, front plissé, regard meurtri.

Rhaenys enfonce le clou. Et tout le temps qu'elle parle, je n'entends qu'une chose. « Tu es celle qui est la plus précieuse ». La plus précieuse. Celle qui l'est le plus.

Je baisse les yeux. Ainsi, nous en sommes là. Encore. Devant cette cruelle injustice, et cette erreur que j'ai commise sur conseil, et qui est devenue quelque chose que je ne peux plus nier, ni rejeter, ni même cacher en aucune manière. C'est toujours aussi injuste. Et dur. Cruel, aussi. Je me fiche des blessures. Je les encaisse, et je continue de tracer ma route même si je ne progresse plus qu'avec difficulté dans des torrents de sang et de larmes. Nous nous dirigeons vers une forme de synthèse, de consensus... Mais c'en est trop.

| Ca suffit. |

Mon visage déjà laid devient hideux, cicatrices fragmentant mes traits, découpant de petits morceaux de ma chair et la striant de marques tantôt blanches, tantôt rosies.

| Je n'ai rien voulu de tout ça, au départ. Je n'ai rien prémédité. Je n'ai pas prévu de tomber amoureux d'une autre femme que la mienne. |

Mauvais, je fais un signe de main par-dessus ma tête, comme pour jeter au diable vauvert tout ce que m'inspire cette situation.

| Je sais pas ce qu'elles t'ont dit ou pas, Baratheon. Mais on en est là. Je suis marié à ta sœur, et l'amant d'Isla. Mais par les dieux, j'en ai assez de cette situation! |

Je pointe un doigt rageur vers Rhaenys ; nulle haine, ni mâle intention, mais je la dénonce, moi qui ne m'énerve d'ordinaire qu'avec une rage contenue, et la plus extrême froideur.

| Tu m'as POUSSE à le faire ! A m'ouvrir à d'autres femmes, à d'autres émotions, d'autres amours ! Tu m'as dit que tu le VOULAIS ! Je n'en voulais pas, moi ! J'ai mis des MOIS à assumer qu'au fil du temps, je me sentais proche d'Isla, et plus encore que je pouvais la désirer. Tu crois que c'est facile, pour moi, sachant ce qu'il m'est arrivé par le passé ? Tu crois que je le vis bien ? J'en ai assez, de ces petits mots lâchés presque de façon détournée ! Isla, la plus importante ? Oui, je l'aime, et elle le sait ! Par amour pour elle, je prends sans cesse le risque que l'on nous découvre, que je sois le dindon de la farce, et plus encore la cible de mes adversaires politiques ! Et elle, tu crois qu'elle le vit comment ? Etre liée à moi, c'est se priver de tout ce qui fait la normalité de la vie d'une jeune femme ! Mais est-ce que ça veut dire que je ne t'aime plus ? Que tu ne comptes plus ? Mais ouvre les yeux, Rhaenys ! Ouvre les yeux ! |

Je lui montre mon visage, tire sur ma tunique, et mes mailles, passe en revue les marques et cicatrices les plus accessibles.

| Il y en a beaucoup que j'ai récoltées pour toi, ton nom sur mes lèvres, la pensée de toi chevillée au corps alors qu'on me tuait dans la neige ! Je ne mérite pas que tu me repousses, même si j'ai eu mes torts, commis d'autres erreurs! |

Lèvres pincées, frémissantes de colère et traits plissés, retroussés, paupières mi closes de furie, je cherche quelque chose à casser. Rare est mon ire, surtout à ce stade. Et c'est plein d'émotion, démoli, que je tempète d'une voix plus tremblante.

| Je suis désolé pour notre fils ! |

Le voilà, le nœud du problème qui nous dévaste. Yeux exorbités, pleins de larmes, j'ai la gorge serrée par l'émotion.

| Que veux-tu que je te dise ? Que je te remplace ? Mais par les putains vérolées de Blancport, je ne rêve que d'une chose, c'est de te retrouver ! Tout ça, c'est ma faute ! Jamais je n'aurais dû t'envoyer à Dorne, enceinte, sans moi ! Bien sûr que je mérite que tu doutes de moi ! Mais pas pour Isla, par les Dieux, ça tu as autant de responsabilités dedans qu'elle, ou que moi ! Si tu dois m'en vouloir, c'est parce que je vieillis, que j'ai pris trop de coups sur le coin de la gueule, que je deviens impotent, et stupide, et que je prends plus que mon lot de décisions hasardeuses ! |

J'inspire, lentement. J'expire. Je me force à me calmer.

| Je t'aime, Rhaenys. Je t'aime plus que tout. Et je t'aime aussi, Isla, bien plus que je ne le devrais devant les dieux. Mais ce n'est pas un stupide concours. J'en ai assez que ça nous poursuive. Soit on fait la paix avec ça, soit je deviens fou. |

Et grimaçant en sachant très bien qui était le témoin de cet esclandre, je me tourne vers Baratheon.

| Si je ne vois qu'un putain de début de sourire sur ta belle gueule, je te la casse. |

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SEMAINE 3 DU MOIS 6 DE L’AN 2

La tourmente de mes chants viendra réchauffer les cœurs 

Réchauffer mon cœur ☽Il fait toujours beau au dessus des nuages. Mais moi je suis de ces oiseaux, qui vous font danser sous l'orage. Je traverserais tous les nuages comme le fait la lumière, en chantant sous la pluie, la symphonie des éclairs.

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Where now the horse and the rider? Where is the horn that was blowing? Where is the hand on the harpstring and the red fire glowing? Where is the spring and the harvest and the tall corn growing? They have passed like rain on the mountain, like a wind in the meadow. + aeairiel.

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Haystack Hall, Auberge, MOIS 6 Semaine 4 de l’an 1 DE L’ERE DES LUTTES

Je lui lâche tout ce que j'ai à lui dire. Et je menace le Prince de Peyredragon. Plus jeune, plus vif, plus vigoureux, peut être. Mais j'ai l'expérience. Et j'ai la rage. Des hommes, j'en ai bien plus combattus que lui. Je ne souffrirais plus d'être la risée de quiconque, pour les aventures réelles ou supposées que l'on me prête. J'assume aimer deux femmes. J'assume les problèmes qui vont avec cette situation. Mais au bout d'un moment, c'est trop pour moi. Je ne suis pas habitué à vivre comme ça. A ressentir autant de choses, et à devoir m'y confronter en permanence. C'est un fait que la guerre est plus simple. Dangereuse, mais bien plus proche de moi, de ce dont j'ai l'habitude. C'est triste, même à mes propres yeux. Mais c'est comme ça.

De toute façon, quand on voit comment ce conciliabule stratégique est en train de tourner, je me rends compte qu'il y a plus triste d'être bon à se battre ; c'est bien pire de se bercer de doux espoirs pour une autre destinée. Rhaenys répond, furieuse. J'encaisse, droit dans mes bottes, le regard sombre non pas de rancoeur, mais d'une colère encore brûlante ; je ne lui en veux pas au fond. Mais je lui en veux de la manière dont elle revient, encore et encore, sur ce sujet là. Elle assène, à son tour.

Je projette sur elle mes angoisses. Vraiment ? Est-ce que c'est le cas ? Ai-je peur du jugement des hommes ou des dieux, à propos de ce lien en dehors du mariage ? Plus les semaines passent, et moins est-ce le cas. Quant à savoir si c'est parce que la perspective du danger et de la mort me libère, que je m'accoutume autant aux rejets de Rhaenys qu'à la proximité avec Isla qui sans cesse s'étend...

Et Rhaenys lâche, devant Isla et Orys, pour Sigyn. Elle ne dit rien de plus. Je prends le nom, et l'événement auquel elle fait allusion, comme une gifle en plein visage. Je reste là, sonné. Elle pleure, brisée, notre fils disparu. Et je baisse les yeux, tout à mes propres tourments. D'imaginer cet être qu'on lui retire du corps. Si petit. Si fragile. Couvert de sang et d'humeurs, dont le teint déjà se fâne. Ce petit prince, que j'aurais aimé comme j'aime tous les autres. Rhaenys considère qu'on l'a abandonnée. Ce n'est pas tant elle, que mon enfant à venir, que j'ai abandonné aux affres d'un destin que je n'ai rien fait pour le maîtriser. Elle veut mourir. Ma femme, que j'aime tant, veut simplement mourir. Parce que j'ai échoué à la protéger. Je suis là, le regard vide. Regard rougi de larmes qui me brûlent. Mon garçon, mon tout petit garçon... Que j'aimais déjà, depuis les premiers coups sentis dans le ventre de mon épouse, depuis son ventre qui a commencé à s'arrondir. Et tous ces salopards, dehors, qui veulent encore tuer leurs aînés. Et Rhaenys, brisée par mes propres inconséquences.

Orys craque le premier. Il cogne. Renvoie Rhaenys dans les cordes. Je ne réagis pas. Pas tout de suite. J'ai provoqué ça. Rhaenys aussi. Nous avons ouvert une boîte qui nous fera mal. Et le voilà qui, à son tour, lâche tout ce qu'il a sur le cœur. Je ne comprends pas ce qu'il dit. Quel prince valyrien ? Je coule un regard rougi mais mauvais vers le Prince de Peyredragon.

Je pourrais le frapper. Je le devrais, peut être. Il aime Rhaenys. Je le savais déjà. Elle aussi. Isla. Tout le monde, peut être, pour ce que j'en sais, moi le crétin qui comprend toujours tout après les autres. L'homme parle de victoire. Pour redonner le goût à la vie de Rhaenys. Est-ce encore possible ?

Tous ces mots qui ont heurté Isla, choquée, chamboulée. Je ne sais quoi dire, ni quoi faire. Je suis vieux. Plus vieux que mon père ni aucun de mes frères ne l'ont jamais été, et ne le seront jamais. Et pourtant, je suis perdu. Grand dadais perdu dans des histoires qui le dépassent.

Toujours un cabot plutôt qu'un Loup, pas vrai, fils ? Médiocre aîné, destin contrarié, maudit. Les dieux t'ont aimé, mais ça fait bien longtemps qu'ils t'ont rejeté.

Tout cet édifice tremble et vacille depuis sa création. Les secousses sont sans cesse renouvelées, sans cesse plus fortes et se renforcent encore par rapport aux précédentes. Je rêve, parfois, d'un océan de sang ou d'un désert de crâne dans lequel je m'enfonce et m'étouffe à mort.

Isla reprend. Douce Isla, qui ne méritait tellement pas que par amour pour moi, elle subisse tout cela. Elle évoque deux choix. Deux options. Et recentre les débats autour du sort d'Argella. Elle-même pointe du doigt, dans son intelligence coutumière, la bassesse dont nous avons tous fait preuve par faiblesse et par isolement. Ensemble et pourtant si seuls. Elle est à deux doigts de craquer, elle aussi, sous le poids des mots, des chocs émotionnels. Du trop plein de tout. J'ai envie de la prendre dans mes bras. De la réconforter. Je n'en fais rien ; ce serait trahir ses efforts alors qu'elle se place au dessus de la mêlée. Tout ce qu'elle dit est si vrai, si beau... Mais ce n'est pas plus fort que les drames affreux et les renoncements, les blessures peut être mortelles reçues et confiées par Rhaenys, par Orys. Je doute, comme toujours, que nous réussissions à passer outre.

Le doute est le premier pas vers l'échec, gamin. Vers l'abandon. Vas-tu te recroqueviller sur ta paillasse, après avoir été rossé à nouveau par le maître d'armes ?

Isla a raison, quand elle parle à Orys. S'ils étaient restés ensemble, les choses auraient été différentes. Pour elle, comme pour lui. C'est sans doute ce qu'elle aurait mérité ; bien plus que ce que les Lois des Hommes me permettent de lui donner. Bien plus que ce que je suis, en réalité. Sa détermination, confiée à Rhaenys. Aime-t(elle encore Orys, qui fanfaronnait des semaines plus tôt d'un amour renaissant et d'un futur à partager à deux, elle et lui? Je secoue la tête.

Tu ne les mérites pas, ni l'une, ni l'autre. Et pas pour les mêmes raisons.

| Il n'y a rien à pardonner. Peut-on appeler souffrance le fait d'être aimé en dépit de ce que l'on est en dehors ou en dedans ? C'est moi qui m'excuse, c'est moi qui dois obtenir ton pardon. Etre avec moi te dépouille de tout, si ce n'est du devoir. Et je sais qu'il est écrasant. |

Je lâche son regard, brièvement accroché.

| Tu n'es pas et tu n'as jamais été la pâle copie de quiconque. Tu es une femme remarquable, Isla, de la maison Chyttering. Sans ton intelligence ou ta clairvoyance, nous n'aurions pas pu consolider la constitution, pas pu convaincre des ralliements, souverains ou militaires, ni garantir aucun droit. Tu es importante pour l'Empire, et tu es importante pour moi, même si cela te maudit en conséquence. Tout ce que je t'ai dit, j'en ai toujours pesé chaque mot, et pensé plus encore. |

C'est factuel ; les maîtresses sont tolérées devant et moquées dehors, frappées d'ostracisme, sitôt le protecteur détourné. Je regarde Orys.

| C'est le premier et le dernier jour où je tolère que tu parles ainsi, en bien comme en mal, de mon épouse ou de ma compagne en ces termes. Tu es loyal, et tu les aimes. J'ai bouleversé votre vie à tous, pour gagner des épées, des dragons, des navires. Je connais le prix des mariages politiques. Et je n'avais pas prémédité que je pourrais aimer ta sœur comme je le fais. Ou de te ravir, de quelque façon que ce soit, un amour de jeunesse. Je les aime sincèrement, les malheureuses. Je suis désolé d'avoir éreinté ton avenir et tes espoirs. |

Et vers Rhaenys, enfin.

| Tu es l'Empire. De ta capacité absolue à aimer n'importe qui, ou à pouvoir tout détruire. Tu es le reflet de l'âme collective que nous nous bâtissons. Si tu chutes, nous chutons. Je sais, mon amour, à quel point cette responsabilité écrase et broie les âmes de ceux sur qui elle repose. Je ne t'envie pas. Parce que tu es jeune, et que tu l'endureras après moi. |

Je déglutis, reprends ma respiration, chevrotante. Je n'ai plus rien à ajouter. La question ne se pose pas pour moi, devant la croisée des chemins. Je prends toujours la même direction. Je prends la main d'Isla. La caresse, du pouce.

| Il y a une troisième alternative, après l'Amour et la Haine. |

Mince fantôme de sourire, figé de glace.

| Il y a le Devoir. C'est à lui que je suis véritablement promis et lié, depuis bien des années. Seule la mort y met un terme. Même quand on l'a accompli mille fois. Ca ne suffit pas ; ça ne suffit jamais. |

Je baisse les yeux, et lâche sa main. Sans la voir, prends celle de Rhaenys.

| Je suis comme je suis, et je fais ce pourquoi je suis fait. Nous n'avons pas à nous aimer, ni à nous haïr. Nous n'avons qu'à suivre le chemin que nous a façonné jadis le Grand Ancêtre, qu'importe le nom qu'on lui donne dans votre culture. Ma place est dans la plaine. Sous l'étendard qui claque au vent, au milieu des cris, de la fureur des lames et des hommes. Faites ce que vous avez à faire ; négociations, ruses, ralliements et coups de mains. Vous en avez chacun le talent, l'audace et la volonté. Je vous fais confiance, je vous confie ma vie, et celle de nos hommes. Je vous adresse tous nos espoirs. Je n'en ai plus à donner, et ne suis dispendieux que de mort et de sang. |

Je lâche, d'un souffle.

| Je peux vous laisser la place qu'il vous faut, les uns avec les autres. Je ne possède pas ma femme, moins encore ma maîtresse. L'Empire vous a déjà assez pris, je crois. Je me contenterais de l'accomplissement de nos devoirs respectifs. |

Et ce n'est pas si mal, non ? Le sacrifice de l'amour, sur l'autel des idéaux de paix future, pour l'éternité. Une gloire immortelle ; la glorification finale de tout ce que je sacrifie.

Il y a des batailles qui ne peuvent être gagnées.

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Haystack Hall, Auberge, MOIS 6 Semaine 4 de l’an 1 DE L’ERE DES LUTTES

L’Empire est un monstre qui nous dépasse. Un vent qui s’est levé du Nord, de l’Est, et dont la rencontre entre ces ondées chaudes et glaciales a contribué à fabriquer une tempête qui broie tout le monde sur son passage, y compris nous. Je ne l’avais pas préméditée. C’était plus facile à l’époque où Orys n’était qu’une menace lointaine, partie pour Dorne, où avec Rhaenys il n’y avait que la fièvre des débuts les plus passionnels, et ni doutes ni peines. Pas d’Isla, dans ce monde d’alors. Seulement ma future impératrice et moi, abandonnés de nos alliés, lâchés devant le Noir avec pour seule perspective qu’une lutte à mort contre le Noir et ses légions. Les choses étaient plus simples, du temps de mon ennemi absolu. Il était l’explication de tout, et l’objectif final du reste. Perdre Harren et cette figure tant haïe n’a pas contribué à simplifier ma vie, et la façon dont j’ai pu la percevoir… Loin de là, même. Tout est devenu plus compliqué. Plus incertain. Rhaenys et moi avons été éloignés par les épreuves terribles que nous avons eues à vivre, chacun séparément, tout seuls ou presque. Orys est plus que jamais présent, autant indispensable que contrariant. Et bien sûr, il y a Isla maintenant, dont je ne me vois pas rester à distance de quelque manière que ce soit.

Cette situation est explosive. Et nous meurtrit tous, à des échelles et pour des raisons différentes, mais avec toujours le même résultat.

Rhaenys est épuisée, très lasse. Je ne peux pas lui jeter la pierre ; je pensais naïvement préparer une stratégie politique et militaire à ce bourbier dans lequel nous allons bientôt faire nos premiers pas. Mon épouse se replace sous mon commandement, et renonce à se positionner elle-même. Tout en m’enjoignant de faire d’Isla ma femme. De la reconnaître. De changer la loi. Je ne sais quoi répondre. Oui, j’ai envie de vivre avec Isla au grand jour. Mais je sais comment sont les gens. Attachés à leur Foi, à leurs traditions. La reconnaître publiquement créerait d’autres problèmes, et je ne serais pas toujours là pour défendre Isla… Ou Rhaenys, des conséquences de cette décision. Dois-je seulement favoriser mon propre bonheur au détriment des femmes que j’aime ? Ce serait égoïste, et dérisoire. Orys prend congé. C’est le second peyredragonien à abdiquer, ce soir. Il détend un brin l’atmosphère, avant de partir, et je le dévisage tout du long, essayant de lire dans cet héroïque empêcheur de tourner en rond. Il s’en va, se tire de ce guêpier pour se préserver. Je reconnais cette retraite ; je l’ai plusieurs fois adoptée.

Et Isla rejoint Rhaenys au sol, et a pour elle la plus grande des tendresses. La belle me demande quoi faire.

A moi, puisque je suis l’Empereur.

Des mots que je vais lâcher dépendra le sort de beaucoup.

Si j’hésite, beaucoup de gens vont mourir. Si je tranche dans la mauvaise direction, ce sera pire encore.

| Il y a des choses que nous devons réparer avant d’agir dans la précipitation. Si nous nous dressons devant un ennemi aussi déterminé, aussi puissant, avec des failles aussi béantes que celles que nous avons montrées ce soir, individuellement ou collectivement. |

Comment dire devant des femmes dont je suis autant épris que je doute d’elles autant que je doute de moi ? Sans parler d’Orys. Ce serait prendre un risque que je trébuche dans mes explications, et que je jette plus de sel sur leurs plaies. Le fait est que ce n’est pas dans cet état d’esprit qu’Orys peut tenter une mission de sauvetage, que Rhaenys peut combattre seule, qu’Isla détermine l’avenir d’autant par les mots et décisions qu’elle pendra à Accalmie, ni que je puisse être assez fort pour combattre une armée qui a déjà fait plier deux royaumes, et qui nous tient tête depuis deux ans.

| Orys et Rhaenys accompliront le plan prévu au départ, incluant notre flotte, leurs dragons, et le reste. Il faut qu’ils combattent ensemble, et pour assurer le succès de la mission, pour éviter un niveau de risques trop grand, et aussi, pour retrouver de la cohésion. Je tiendrais position ici. |

Pour ne pas m’aventurer trop loin en terres disputées, risquer l’encerclement et la destruction. Ici, j’ai de l’espace de manœuvre ; je peux me retirer au nord si la situation empire. L’essentiel sera de ne pas se faire acculer si l’ennemi devait disposer de la supériorité numérique ou de trop larges soutiens dans un pays qu’il aurait soumis, pour partie ou totalement.

| S’ils nous ouvrent la route, Isla, nous aurons toujours besoin de toi et de Mina Swann à Accalmie. Je reste convaincu que le plan d’origine était bon. Il fait la part belle à ce que nous savons tous faire de mieux, et le danger est équitablement réparti. Aucun de nous ne sera seul, d’autant que les dragons permettront des liaisons quotidiennes s’il le faut. Voir Meraxès et Rhaenys revenir de bataille encore couverts de la suie et de la poussière des combats ralliera les indécis d’Accalmie. |

Je sais que le cœur du sujet, Argella, n’est pas encore abordé…

| Nous proposerons une rançon, et entamerons de discussions pour la libération de la Reine Fédérée, notre amie. Soit elles seront acceptables et nous la reverrons bientôt, soit pas, mais resterons en contact avec l’ennemi pour manifester le grand intérêt que nous accordons à sa sécurité ; il est indispensable que le Bief sache que nous sommes prêts à tout pour la récupérer, en les convainquant de la valeur qu’on lui porte. Cela nous laissera le temps de prévoir la suite, la concernant, en lui offrant une vraie porte de sortie et pas seulement des tentatives téméraires et dangereuses qui vont répondre plus de sang sans assurance que l’on parvienne à nos fins. |

Oui, je me convaincs que c’est la meilleure solution. Pas par auto-persuasion, mais parce que ce n’est pas une décision de compromis. Je baisse de nouveau les yeux sur Isla, sur Rhaenys. Je les regarde tour à tour, le cœur serré, douloureux, mais néanmoins vivace. Souffrir c’est vivre. Il ne tient qu’à nous de continuer, encore et toujours, et de ne pas se laisser rompre par les épreuves. C’est dur, c’est parfois insupportable. Mais c’est notre lot. Je dévisage Rhaenys, longuement.

| C’est dur pour toi de comprendre que tu n’es pas seule. De comprendre que nous t’aimons tous. Qu’Isla et moi, à tout le moins, t’aimons plus que les autres, et au moins autant je pense que nous nous aimons. |

Je m’accroupis. Mon genou gauche craque, sous la plaque qui le protège. Je grimace. Prends une main d’Isla, et de l’autre, effleure la joue de Rhaenys, si désireux de la toucher, et n’osant toutefois lui apposer ce contact qui l’hérisse pourtant.

| Tu as été seule, et c’était mon erreur avant la tienne. Nous avons fauté. Nous avons cru qu’en nous dispersant, nous pourrions remporter partout la victoire. Nous ne sommes forts qu’ensemble. Laisse-nous nous occuper de toi à nouveau. Laisse-nous toucher ton cœur, comme il le fut jadis. |

Je me tourne vers Isla. Un long regard entendu. Plein de confiance, et d’amour.

| Aide Rhaenys à retirer le reste de son armure, et de ses protections. Je vais faire monter une marmite d’eau chaude, ce sera rapide, nous sommes dans une taverne après tout. Elle pourra se reposer un peu, et se délasser après ce voyage et ces nouvelles épreuves. Je vais aussi faire monter nos bagages ici et faire dresser la tente impériale dans le camp, pour y faire diversion. |

Je prends congé, me redresse péniblement en étouffant un grondement, bouche fermée, avant de sortir de la pièce et de redescendre. Tous les Demalion évitent stoïquement de me regarder. Je distribue mes ordres, veille à ce que les bagages impériaux soient montés par un ballet d’aides de camps et de commis, les chambres investies pour les généraux et l’entourage impérial, tandis qu’une marmite mise sur le feu, énorme, alimentera deux baquets. Je charge Kora de veiller à ce que des bains soient installés à l’étage ; il peut s’agir d’auges ou de baquets à l’origine voués au bétail et rachetés par les aubergistes, qui peuvent mettre leurs clients dedans après des journées de chevauchée. Je vois aussi pour qu’ils se tiennent prêts à monter de quoi se nourrir.

Faire passer l’Orage. Reparler de tout ça sereinement.

Accomplir nos devoirs, encore. Ca ne pourra se faire que si nous finissons de crever ces abcès, quitte à ce que cette nuit n'ai pas encore eu son lot de larmes et de confidences.

(c) DΛNDELION

Fire, Blood & Winter | House Braenaryon
Let it be War

I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.

Spoiler:

Sundering Seas
SEMAINE 3 DU MOIS 6 DE L’AN 2

La tourmente de mes chants viendra réchauffer les cœurs 

Réchauffer mon cœur ☽Il fait toujours beau au dessus des nuages. Mais moi je suis de ces oiseaux, qui vous font danser sous l'orage. Je traverserais tous les nuages comme le fait la lumière, en chantant sous la pluie, la symphonie des éclairs.

Sundering Seas

Torrhen & Rhaenys & Orys & Isla

(c) a m i t y

dark have been my dreams of late

Where now the horse and the rider? Where is the horn that was blowing? Where is the hand on the harpstring and the red fire glowing? Where is the spring and the harvest and the tall corn growing? They have passed like rain on the mountain, like a wind in the meadow. + aeairiel.

hēnkirī:

Sundering Seas
SEMAINE 3 DU MOIS 6 DE L’AN 2

La tourmente de mes chants viendra réchauffer les cœurs 

Réchauffer mon cœur ☽Il fait toujours beau au dessus des nuages. Mais moi je suis de ces oiseaux, qui vous font danser sous l'orage. Je traverserais tous les nuages comme le fait la lumière, en chantant sous la pluie, la symphonie des éclairs.

Sundering Seas

Torrhen & Rhaenys & Orys & Isla

Isla n'attendait rien. Ce qu'elle lui avait dit, c'était ce qu'elle avait sur le cœur. Purement et simplement. Compte-tenu de l'état de Rhaenys, attendre quoi que ce soit de sa part aurait été de s'exposer à de la déception. Et Isla avait eu sa dose pour la soirée, du moins l'espérait-elle. L'appel à ce souvenir n'était rien d'autre qu'une mémoire heureuse d'un temps passé, un temps où elles étaient plus complices, plus proches. Au moins, en parler avait permis de le sortir de son système, de l'extérioriser. Elle ne se sentait pas particulièrement mieux, surtout tant qu'elle ne savait pas quelle serait la réaction de l'impératrice en face. Mais au moins, c'était dit. Si jamais, elle pourrait se servir de ces mots, un jour prochain. Ils étaient à sa disposition maintenant, et ils étaient siens, elle pourrait les utiliser comme elle le souhaitait. Ou ne pas le faire. A elle de choisir.

Sa réponse concernant Orys ne sembla pas lui plaire, et elle l'encouragea à aller lui parler, prétextant qu'elle était allée trop loin, et qu'il n'avait fait que réagir. Isla secoua la tête, doucement. Peu importait. Elle avait grandi au milieu des dragons, elle savait de quoi ils étaient capables. Ce n'était pas une raison. Et ce n'était certainement pas à elle de s'excuser pour lui, il était suffisamment grand pour le faire tout seul. Alors elle ne répondit rien. Le temps sans doute permettrait de voir comment ce sujet allait être géré, mais pour l'instant, la priorité n'était pas là. Son souvenir ému sembla la replonger quelques années en arrière, ce qui surprit Isla, qui s'attendait plutôt à une réaction plus nuancée. Si elle était capable de s'adonner à un peu de rêverie, alors peut-être que... Non. Pas d'espoir, pas maintenant. Il serait brisé bien trop vite.

L'insulaire n'avait pas demandé à Rhaenys de permission pour l'aider à se laver. Elle n'avait pas prévenu, lorsqu'elle avait commencé à passer le linge sur sa peau opaline. Elle l'avait sentie tressaillir sous son contact, mais elle ne s'était pas arrêtée pour autant. Isla se sentait triste, et avait la sensation d'avoir fait un pas en avant puis deux pas en arrière. Ce qui se confirma lorsque l'impératrice lui répondit, un peu plus durement. La Rhaenys du passé n'existait plus. Il ne fallait pas s'y accrocher. Il ne fallait pas s'encombrer. Isla serra le linge dans sa main pour l'essorer, puis le lui tendit, pour qu'elle termine sa toilette. L'émotion de la nostalgie passée n'avait pas duré très longtemps, visiblement. Elle était de nouveau de retour dans ses travers de noirceur et de dépréciation. Il était impossible de parvenir à son âme, dans de telles conditions. Isla l'avait cherché après tout, à évoquer le passé, encore, alors qu'elle lui avait déjà dit que ce passé était mort et enterré. A quelle autre réaction aurait-elle pu s'attendre ? Même si elle n'espérait rien, ces mots la blessaient encore. Oui, elle s'accrochait à ce passé qu'elle chérissait tant. Pourquoi était-ce un mal ? Si Rhaenys n'y croyait plus, cela ne voulait pas dire que le reste du monde ne le pouvait pas.

Mais elle baissa les armes, abandonna le combat pour aller dans son sens. Une dernière fois. Avant la prochaine.

« Soit. Alors considère que c'est un au revoir à cette Rhaenys. »

L'usage du langage commun pour marquer la coupure, cette fois. C'était ce qu'elle voulait, après tout, non ? Alors c'était ce qu'elle aurait. Et le jour où elle serait prête à renouer avec son passé et la personne qu'elle était avant, Isla serait là. Elle serait toujours là. C'était sa promesse, cela l'avait toujours été. Et si elle devait prétendre l'avoir oubliée le temps qu'elle aille mieux, elle le ferait. Même si cela lui brisait le cœur. Il n'était plus à ça près. C'était trop, pour ce soir.

« Est-ce que je peux faire quelque chose d'autre pour toi ? » lui dit-elle, le cœur serré, la gorge sèche.

(c) a m i t y

dark have been my dreams of late

Where now the horse and the rider? Where is the horn that was blowing? Where is the hand on the harpstring and the red fire glowing? Where is the spring and the harvest and the tall corn growing? They have passed like rain on the mountain, like a wind in the meadow. + aeairiel.

hēnkirī:

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Sundering Seas
SEMAINE 3 DU MOIS 6 DE L’AN 2

Isla n’aime pas ma réponse mais cela je n’en étais doutée. Je la voyais, s’accrocher à un passé, à une personne qui, à mes yeux, n’étaient plus. Notre vie paisible à Peyredragon était bien loin désormais. Elle était restée entre les murs du château et ne nous avait pas suivi au-delà, pour elle comme pour moi. Tant de malheurs étaient arrivés depuis que nous n’y étions plus à l’abris. Et, je restais profondément persuadée que nous n’avions pas été préparées à affronter ce monde, elle comme moi, encore une fois. Mon père nous avait protégé, puis Aegon a sa suite. Ils nous avaient bercé dans un cocon qui, quand il avait exploité, avait fait de bien trop gros dégâts. Nous étions loin de nous imaginer jadis que nous en arrivions là. Elle s’était sans nul doute imaginé épouser Orys… Et moi, j’aurais été aux côtés de mon frère et de ma sœur, à aimer de loin mon Valonqar… Nous aurions tous œuvré pour unir Westeros et en faire une terre où tous y auraient eu une place, un continent guidé par la justice. Le Nord, le Conflans, Le Val, le Bief, l’Orage, L’Ouest, Dorne. Tous auraient plié le genou devant nous et nous aurions constitué une terre unie sous le drapeau du Dragon à trois têtes.

C’était d’une tristesse à mourir non ?

Oui, tellement.

Je m’atèle à rapidement me laver. Je ne pourrais pas m’occuper de mes cheveux et de ma tenue seule. Sans parler de refaire mon pansement. Alors sans dire plus de mot, je finis ma toilette et sors du baquet. J’accepte son aide avec gratitude, ne manque jamais de la remercier avant de la laisser s’en aller, sans aucun doute, rejoindre Torrhen.

Cette nuit, son absence se fera cruellement sentir. Mais ni l’un ni l’autre ni pourront quelque chose. Et dans le fond, il sera bien mieux dans les bras d’une autre qu’au bout d’un lit froid et d’une femme qui avait du mal à supporter sa proximité. Et alors que je fixais le plafond allongé sur cette couche froide, je réfléchissais à des solutions pour changer cela.

La tourmente de mes chants viendra réchauffer les cœurs 

Réchauffer mon cœur ☽Il fait toujours beau au dessus des nuages. Mais moi je suis de ces oiseaux, qui vous font danser sous l'orage. Je traverserais tous les nuages comme le fait la lumière, en chantant sous la pluie, la symphonie des éclairs.

» Le cœur des femmes renferme de nombreux secrets / Tour Vii, An 1, Mois 12, Semaine 2 / [Tour IX - Terminé]
» At the dawn of war / Tour VII, An 1, Mois 12, Semaine 1 [Tour VIII - Terminé]
» En route pour la Tour (An 2, Mois 4, Semaine 4) [Tour X - Terminé]
» tell me who i am (An 2, Mois 4, Semaine 4) [Tour X - Terminé]
» So Far (An 2, Mois 4, Semaine 2) [Tour X - Terminé]