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 Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]

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MessageSujet: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptySam 13 Mai - 17:32

Le Val a capitulé. J’ai développé et partagé bien des détails et tenants et aboutissants de la situation aux différents membres de la maison Arryn, se résumant à Ysilia et à Jonos actuellement. Nous étions entourés par deux cent navires au bas mots, trente mille hommes se pressaient à nos portes et un dragon survolait l’impénétrable Porte Sanglante. J’aurais pu continuer cette guerre, pour l’honneur, mais au prix d’une armée entière. J’aurais pu gagner contre ces voisins et ainsi donner une chance aux Valois de récupérer les terres ancestrales du Conflans. Malheureusement, je ne pouvais pas prendre ce risque en raison de la Maison Valtigar et de ses ambitions.

Nous ne pouvons pas nous battre contre 4 dragons. Nous ne pouvons pas nous allier avec des étrangers venus d’Essos ambitionnant de fonder un Empire, quand nous combattons nos propres voisins ! L’Empire et les Royaumes Fédérés offrent la possibilité d’avoir une voix, encore, au sein du Westeros. Le Nouvel Empire d’Essos n’aura pas une telle clémence : la Princesse Deria en a payé un lourd prix ! En prime, malgré tous mes appels, hormis le Roi Manfred, tout le monde s’est tu. Le Grand Septon n’a mobilisé aucun croisé pour nous soutenir, les Lannister nous promettaient une aide mais qui n’est jamais arrivée en 5 mois de guerre ! Ils négociaient des accords commerciaux avec les Essosiens.

Nous avons été joué par les Puissances Centrales.

L’Empire et les Royaumes Fédérés ont fait preuve de « clémence ». Ils gardent leur butin de guerre, qui est Sortonne, et n’ont exigé qu’un territoire supplémentaire. Nulle demande sur la trésorerie, nul otage exigé et aucun prélèvement sur l’armée ou sur la flotte. Les mariages exigés profitent autant au Val - renforçant les liens avec les voisins - que la contrepartie - avoir enfin un lien plus intime et plus proche d’un Val constamment isolé.

Je n’ai pas été le meilleur, mais je n’ai pas été le pire.
Je me suis retiré à temps, avant qu’on soit réduit en cendre.

Si Ysilia comprend, je m’interroge toujours envers mon frère. Qu’en pense-t-il ?  Comment se sent-il ?

A plusieurs reprises, je fixe longuement Jonos. Je réfléchis à ces décisions futures le concernant. C’est une folie pure et certaine que de l’engager au sein d’une campagne militaire. D’une part, il est encore trop jeune pour se défendre efficacement. D’autre part, il est mon seul héritier. Ysilia peut être enceinte, mais je n’ai aucune garantie qu’elle porte un garçon. Si jamais, c’est effectivement un héritier, mon frère n’en perd pas moins d’importance à mes yeux. Il est mon sang. Il est ma famille. Il est ma responsabilité.

Maudit soit le Grand Septon et ses décisions ! Maudit soit cette guerre perdue et mon incompétence ! Maudit soit les Lannister et leurs foutues opportunismes et couardises ! Ma maison va encore payer, là où les autres se cachent pour de nouveaux complots ou se renforcent sur mes erreurs et mes défaites ! Je n’envoie pas mon frère au danger par gaieté de cœur, mais par nécessité. Si je le garde entre les couloirs du Val et de la Montagne, les intriguants pourront en profiter pour causer de nouveaux scandales ou pour mettre à mal mon autorité grâce au statut que sa Sainteté a accordé à Jonos. Il doit s’impliquer pleinement et totalement dans la politique impériale, pour que le Grand Septon ne puisse plus trouver d’ouverture pour m’attaquer, pour que je puisse enfin avoir plus de latitude.

Les portes de la capitale impériale se présentent à notre convoi. L’armée principale est déjà en route pour le Conflans, pour ne pas perdre de temps. Pour ma part, je vais les rejoindre aussitôt que j’ai signé cette Constitution impériale. Une dizaine d’hommes peut aisément rattraper une dizaine de milliers avançant avec provisions et armures lourdes. Quant à mon frère, son avenir sera autre il semblerait. Je vais encore m’en assurer, avant un départ futur.

- Les constructions en cours présagent d’une grande capitale, mon frère , finis-je par dire, profitant de la proximité de nos chevaux pour l’alpaguer et pour obtenir ses premiers sentiments vis-à-vis de ce spectacle. Les fondations sont lancées et sont énormes, laissant présager de monuments colossaux et impressionnants. Aujourd’hui, tout est chaotique et terrible. Demain, tout sera splendide et magnifique. Je me rappelle de ces vieilles archives où l’on peut voir l’évolution de la construction des Eyrié. L’horreur a vite laissé place à un bijou architectural. Si la Maison Baratheon a décidé, tu auras peut-être l’occasion de rencontrer ta future épouse.

Volontairement, je lance ce sujet épineux. Peu d’hommes aiment les mariages arrangés, et davantage lorsqu’ils n’ont pas encore totalement l’âge de penser ou de rêver ou de vouloir une telle chose. Si l’idée ne me plaît nullement, je ne suis pas naïf. Rien ne l’empêchera de chercher des maîtresses ailleurs, si sa compagne l’horripile au plus haut point. Pour autant, j’aime à croire qu’il a encore souvenir des quelques préceptes de notre père et l’importance qu’il accordait à la gente féminine et surtout au rôle d’une épouse et d’une mère.

Je me tais, me préparent aux premières piques d’un frère trop rêveur et trop orgueilleux.


     

Maison Arryn
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MessageSujet: Re: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptyDim 14 Mai - 20:27

Le voyage avait beau être court des Portes Sanglantes à Fort-Darion, il n’en fut pas moins maussade et peu captivant. Jonos ne sortait de son château que pour assister à une capitulation, après avoir été privé de champ de bataille, de conseil et de toutes formes de responsabilités, voilà qu’il devait malgré tout payer pour les erreurs d’un autre. Son frère.

Il avait quitté les Eryé avec une pointe de curiosité cependant, conscient qu’au moins, une page se tournait définitivement. Ronnel avait voulu le tenir écarté de la politique et sa campagne avait tourné au désastre. Désormais, Jonos se retrouvait au cœur des intrigues du Val, et de l’Empire, grâce ou à cause du Grand Septon qui avait eu la bonne idée de le nommer seul et unique souverain des montagnes.
Lui n’en pensait pas grand-chose. Comme bien souvent, il attendait, tempérait son jugement. L’observation était devenu un art, et la patience, un peu du fait de son caractère et un peu du fait de la fatalité, son lot.

En ce jour cependant, rien que chevaucher revêtu de mailles, escorté de chevaliers arborant le faucon et la lune suffisait à son plaisir. C’était donc cela, aller en campagne, un peu ? Il lui semblait qu’enfin il posait le pied sur le plateau de cyvosse qu’il avait mainte fois pratiqué par ailleurs, seul en sa forteresse. C’était autant d’occasions de regarder le paysage – le champ de bataille – que les soldats – les pièces. Passer de la théorie à la pratique, en d’autres termes.

Tout à ses pensées, il fut presque surpris de trouver Ronnel à ses côtés. Il avait porté son cheval au devant de lui, et engagea la conversation comme si de rien n’était. Comme s’il ne l’avait délibérément pas tenu éloigné de toute discussion, toute négociation, et ce depuis qu’on lui avait posé une couronne sur la tête.
Jonos lui adressa un regard bleu, qu’il laissa ensuite revenir sur les murailles qui se découpaient devant eux.

- La maçonnerie n’a plus aucune importance désormais, répondit-il d’un ton neutre. « L’Empire pourrait bâtir deux fois plus haut qu’Harrenhal, ce sont les dragons qui font la différence. »

Ronnel ne l’avait-il toujours pas appris ? S’il avait capitulé sans encaisser d’attaque aux Ports Sanglantes ou aux Eryé, les deux citadelles imprenables, c’était bien qu’il savait que tout cela ne valait plus rien, sinon pour le prestige, non ? Il semblait parfois que son frère ne prenait pas très sérieusement la mesure des événements. Ou bien qu’il essayait juste de causer.

S’il était pourtant un sujet où Jonos reconnaissait ne pas s’y connaître, c’était celui qu’il aborda ensuite et le regard du garçon quitta de nouveau les murs de Fort-Darion pour fuir vers la mer.

- Je pensais au moins avoir mon mot à dire sur le sujet, répondit-il cette fois ostensiblement plus bougon.

En apprenant qu’on le fiançait à une fille de Peyeredragon, Jonos s’était un temps imaginé qu’elle puisse être dragonnière. L’idée lui sembla cependant trop puérile pour la partager avec Ronnel. Une autre pensée lui fit entrevoir que si vraiment sa promise lui déplaisait, il pourrait toujours la faire tomber des Eryé, comme ses soldats de plomb. Cela non plus il ne l’évoqua pas avec son frère, se contentant de tourner la tête vers lui avec sérieux.

- Il faut au moins exiger ce soit au moins une bonne alliance pour le Val. Si c’était moi qui mariait mes ennemis, je leur refilerai une fille de petite maison, pour leur couper l’herbe sous le pied.

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MessageSujet: Re: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptyLun 22 Mai - 16:11

L’amertume de mon frère est compréhensible, mais elle m’agace malgré tout. Un tiers du Westeros m’honnit, un tiers du Continent se moque de moi et enfin, le dernier tiers se méfie. La majorité ressasse les alliances éconduites, en mettant cette mésaventure sur le dos de la Maison Arryn et non sur les véritables auteurs – le Conseil du Faucon et ses fichus nobles opportunistes. La minorité compare mon règne à celui de mon père – déboires militaires, mais hautes valeurs de chevalerie – ou à celui de ma mère – fortune et paix, mais au prix d’un jeu politique trouble. Aujourd’hui, j’ai à mener des guerres avec une petite armée et flotte, et avec ma parole remise constamment en question. L’impatiente et la fatigue m’auraient gagné bien vite si je ne pense pas constamment à cette vie qui grandit dans le ventre d’Ysilia. Je ne peux pas me permettre de commettre de nouveaux impairs politiques, même avec ma famille. Pour autant, je ne compte plus chercher constamment le compromis.

Tant que je suis Roi, j’imposerai ma loi. Il n’en sera pas autrement.

- Je pensais être le plus passionné de nous deux vis-à-vis des dragons. Il semble que je me sois bien trompé. Ces créatures t’ont aveuglé aux autres beautés de ce monde, soufflais-je.

Les dragons m’impressionnent toujours, mais la crainte et la méfiance m’imposent d’être moins enthousiaste. Ils sont autant d’opportunités que de dangers. Si les Valtigar n’avaient jamais mis pied sur ce continent, nous aurions pu venir à bout de l’Empire. S’il est possible de survivre à l’attaque de deux dragons, c’est quasiment impossible face à quatre dragons.

- La bienséance veut qu’ils proposent différentes épouses et nous offrent le choix. Cependant, je ne connais pas le caractère du Prince Régent de Peyredragon, ni des gens de ce Royaume en général, dis-je. Si nous avons le choix, tu seras naturellement mis au courant. Toi, ta belle-sœur et le conseiller Asher avancerez vos arguments. Je trancherai si vous ne vous entendez pas sur la prétendante, expliquais-je.

Les jours à venir allaient être chargés. Je ne suis guère d’humeur à jouer les marieuses. Cependant, je refuse de faire trainer toutes les conditions exigées lors de la capitulation. La parole du Val a déjà été rudement mise à l’épreuve, je ne souhaite pas donner davantage de matières à mes ennemis ou à mes nouveaux alliés de douter de moi. J’ai perdu, je le reconnais : avançons maintenant. J’ai un trône à sécuriser pour ma descendance future, ou celle de Jonos. Qu’importe, tant que c’est un Arryn.

- Je ne sais pas, mon frère. L’Empire et les Royaumes Fédérés auraient pu exiger davantage de notre part. Tu aurais pu devenir leur pupille ou otage. Ils auraient pu exiger davantage de terres. Ils ont pris uniquement ce qui leur revenaient de droit en vertu des droits de la guerre. Les mariages proposés ne sont pas si contraignants, et invitent à une entente, dis-je, le ton pensif. Tu as un haut rang et, avec le temps, tu vas devenir très proche du pouvoir royal. Ta future épouse va en bénéficier naturellement. Peyredragon a davantage intérêt d’offrir la main d’une demoiselle de confiance, voire une parente, qu’une petite sotte.

Je sais que mon frère donne de la valeur à l’esprit. Il ne s’entendra pas avec une demoiselle trop simple d’esprit.

- Qu’importe qu’elle soit de grande ou de petite noblesse. L’important est son lien de parenté avec les Souverains actuels des Royaumes Fédérés. Plus elle sera proche du pouvoir, et plus il y a là quelques avantages tant pour eux que pour nous, expliquais-je. En tant qu’époux, tu devras t’assurer qu’elle apprécie sa nouvelle Maison et qu’elle lui sera fidèle avant celle de sa Maison natale.

Il est jeune, Jonos. Tout est noir ou blanc, sans aucune nuance de gris. Bon, mauvais. Perdant, gagnant. Jeune, vieux. Intelligent, débile. Il n’a pas de demi-mesure véritablement. Je ne sais pas si j’étais ainsi à son âge. Je ne m’en rappelle plus. Je sais simplement que je n’avais droit à aucun caprice, au risque de m’attirer les foudres maternelles. Ma seule rébellion a été d’exiger d’épouser Nymeria …

- As-tu un changement de cœur au sujet de la campagne à venir, celle que tu as choisi ? , glissais-je. Je m’inquiète, malgré moi. Certes, il est mon seul héritier, mais il est surtout mon seul et unique frère.


     

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Ronnel Arryn
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MessageSujet: Re: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptyLun 22 Mai - 17:20

Sans bien saisir si c’était un reproche ou un constat que Ronnel lui adressait, Jonos chercha son regard avec curiosité. Il ne lui semblait en rien excessif d’accorder aux dragons la primeur sur tout autre chose en matières militaires, du moins était-ce cet enseignement que le jeune homme tirait de la campagne échouée de son frère. Car après tout, même battant retraite, il aurait suffi de se réfugier derrière les portes sanglantes pour rassembler ses forces. A nouveau, c’étaient les dragons qui lui avaient coupé retraite et balayé, par leur ombre, l’imprenabilité historique du Val.
Pour ce qui était de la beauté, en effet, quand on avait grandi aux Eryé, elles avaient tendances à vous laisser de marbre, sans mauvais jeu de mot. Trop de temps passé à fixer froidement son plateau de jeu, ses cartes, et à l’occasions des traités compliqués d’économie ou d’art militaire et politique, il semblait à Jonos qu’il ne voyait en ce monde que des embûches, des guêpiers, ou des avantages stratégiques. D’ailleurs, les salles de trônes rutilantes d’or et de pierreries n’étaient-elles pas là que pour impressionner les nigauds ? Celle du Val était froide et austère, ce n’était pas le luxe qui avait rendue la forteresse imprenable, mais bien sa hauteur et ses défenses.

- N’est-ce pas eux qui dictent toute notre politique, désormais ?

Il lui semblait pourtant. Il n’était plus un calcul, à Westeros, qui ne place dans la balance le poids de ces créatures fantastiques. Quelle que soit la hauteur des murailles des uns et des autres, elle n’avait jamais empêché quiconque de lever ses bannières. Contre des dragons, en revanche, on y réfléchissait plus sérieusement…

Bien vite, le sujet dérivait sur sa future épouse, une question qui passionnait assez peu Jonos, bien que la promesse de savoir qu’on le consulterait malgré tout le réconforta un peu. Il s’était presque résigné à ce que, même en la matière de son mariage, on le tienne éloigné des décisions. C’était un peu le cas, mais peut-être pas tant que ça non plus… ?
Il fut toutefois d’avantage contrarier de savoir que sa voix valait à peu près autant que celle d’Ysilia, ou d’Asher Royce. Pas que l’un ou l’autre lui soit hostile, mais le poids que prenait la maison Royce dans la politique valoise n’était pas pour lui plaire. Il était assez évident que si les partisans de Jonos, et de la Foi, avaient un avenir dans le Val, les Royce n’en faisaient pas partie.

La conversation prenant un tour sérieux, Jonos donna un petit coup de talon à sa monture pour lui intimer l’ordre d’accélérer un peu le pas, et se faisant s’éloigner un peu du convoi. Son frère avait la fâcheuse tendance de le traiter comme un enfant, et quitte à subir l’affront une fois de plus, il préférait autant que cela reste loin des oreilles indiscrètes des gardes.

- Je connais mes devoirs, répondit-il, peu enclin à se laisser donner la leçon. Les argument que lui présentait Ronnel, il ne les ignorait pas, par trop conscient des enjeux matrimoniaux entourant les personnes de sang royal. « De toute façon ça ne sert à rien de spéculer. Tant qu’ils ne nous donnent pas une vieille… »

Si la question de sa propre descendance l’avait frappé en apprenant qu’Ysilia Royce était enceinte, pour sa part il y pensait en théorie. Comme un pion de plus sur un plateau, une espèce de devoir qui allait de soi, moins qu’une préoccupation concrète. A ces choses-là, disons-le, il ignorait à peu près tout, mais avait bien appris ses leçons et savait en quoi l’arbre généalogique comptait dans les prétentions des uns et des autres. D’ailleurs, s’il lui arrivait d’avoir un fils et Ronnel pas, ce serait sa lignée qui hériterait de la Couronne du Val, ce n’était pas complétement négligeable, surtout que son frère avait tendance à voir mourir ses épouses en couche. Pensée méchante qu’il garda pour lui.

- Si l’Empire ne nous a pas pris d’avantage c’est qu’il a plus intérêt à compter un puissant allié qu’un qui lui tiendra une longue rancune. Le nord n’aurait pas pu demander plus au risque de provoquer mille ans de guerres religieuses, et de toute façon les Trois Sœurs ne valent pas grand-chose.

Repaire de contrebandiers et de poissonniers, il répétait là ce qu’on lui avait appris, par la voix des seigneurs de passage, et le relatif dépouillement des chevaliers qui venaient de la région. Leur seul intérêt était d’offrir le mouillage aux navires, mais sans digues ni forteresse pour les défendre, la première flotte venue pourrait aisément les prendre sans se voir opposer une grande résistance.

Si Jonos prenait soin de disserter un peu sur le sujet, c’était qu’il avait sur le cœur beaucoup d’avis frustré de n’avoir pas eu l’occasion de s’exprimer et autant il en voulait à son frère de le tenir éloigné du pouvoir, autant il ne désespérait pas de lui prouver qu’il était désormais en âge de prendre part aux décisions qui entouraient le Val. Certes, son intelligence était par trop chargée de théories et il avait tendance à confondre ses cartes et le territoire, mais cela il le compensait par ailleurs en étudiant ses sujets avec beaucoup de soins, et en prenant garde à varier ses sources pour ne pas se fier uniquement à l’avis des précepteurs chargés de son éducation.

- Non, répondit-il en secouant la tête. « Je pars toujours avec l’Empereur. »

Il lui semblait d’instinct que se jouerait d’avantage avec l’avant-garde militaire qu’à l’arrière, dans le Conflans.

- Mieux vaut avoir un Arryn sur chaque front, non ? ajouta-t-il avec une ombre de sourire à l’adresse de son frère.

Donner visibilité à la bannière de la lune et du faucon. Et si d’aventure l’un d’eux venait à mourir, au moins resterait-il l’autre pour reprendre la couronne. Jonos espérait seulement être cet autre là.

- Et puis j’ai déjà vu le Conflans, le sud en revanche m’est inconnu.

Il confessait là sa curiosité naturelle, qui pesait malgré tout dans la balance. Dorne, l’Orage ou le Bief étaient pour lui des mystères. Ce qu’il n’avoua pas, en revanche, était qu’un autre dessein l’animait secrètement. Une curiosité morbide, sur laquelle il ne mettait pas vraiment de mots, celle de rencontrer les dernières Durrandon, dont feu le mari et le père avait un jour tué le sien. Comme une ombre planant sur son enfance, bien qu’il ait à l’époque été encore un peu trop jeune pour comprendre ce que signifiait la mort de Jehan. Et en cela, les Durrandon lui faisaient l’effet de monstres sous le lit, considérant qu’ayant atteint l’âge adulte, du moins Jonos le pensait-il, il était temps d’exorciser une bonne fois pour toutes.

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MessageSujet: Re: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptyDim 4 Juin - 21:25

Je fronce mes sourcils à la réflexion de mon frère vis-à-vis de la politique valoise au sein de cette nouvelle organisation. Je peux comprendre cette pensée assez simpliste de la part d’un seigneur valois rancunier et, surtout, pleinement acquis à la cause de la Foi ou d’un paysan quelconque dans les vallées fertiles du Royaume. Le premier pourrait s’en servir pour miner mon autorité et ruiner constamment mes efforts de paix et d’unité. Le second ne se base que sur les rumeurs ou sur les discours donnés par des seigneurs clairement biaisés par leur propre opinion politique. Par contre, j’ai nourri de plus grands espoirs pour mon frère, jeune homme qui aime jouer constamment au Cyvosse ou avec ses soldats de plombs. Il y a davantage de nuance. Et, s’il le désire, il en sera un pivot central avec les années.  Je me mords les lèvres, me retenant de lui offrir quelques paroles acerbes et amères. Je mets son imprudence sur le compte de sa jeunesse et, surtout, sur son aisance d’être en présence de son grand-frère. On a davantage de facilité à s’épancher et à raconter des bêtises auprès de la famille, qu’auprès des étrangers.

- Si par dragons, tu sous-entends l'Impératrice ... Sache que personne ne dicte notre politique. Ou, plutôt, si quiconque dicte notre politique, nous en faisons de même pour leur politique. L’Empire et les Royaumes Fédérés fonctionnent dans les deux sens, commençais-je à expliquer. Tout ce qui concerne notre sol et notre production, nous sommes libres. Tout ce qui touche à la politique externe ou à la guerre, le collège impérial décide selon le quorum indiqué dans la constitution. L’Empereur et l’Impératrice ne trancheront que s’il y a égalité. Ils ont bâti ce modèle ensemble, Dragon et Loup, continuais-je. Ai-je besoin de t’expliquer quelques avantages d’un tel système pour les conseillers à l’esprit bien affûté ? Supposons que je te nomme suppléant au collège impérial dans les années à venir, je ne doute pas un instant que tu chercheras à nouer des alliances, soit au sein de Fort-Darion, soit en te rendant dans les diverses cours pour rencontrer les Souverains. Plus nous aurons d’alliance au sein de cette nouvelle organisation, et plus nous pourrons influencer le destin de tout Westeros, conclus-je. Je ne révèle rien de belliqueux là. Ce n’est qu’un calcul simple et un raisonnement naturel découlant à la lecture de la constitution.

Une colère sourde monte en moi lorsqu’il dit que les Trois-Sœurs ne valent rien. J’inspire profondément, tentant de retrouver mon calme.

- Qu’importe qu’une terre vaut, ou ne vaut rien, ses gens n’en restent pas moins importants. Lord Sunderland a, d’ailleurs, vaillamment tenu son fort durant quatre semaines et avec quasiment rien ! Nous avons perdu une maison bien valeureuse. Je n’ai abandonné les Trois-Sœurs que sous condition que sa population et sa maison soient traitées convenablement, et que Lord Sunderland a droit à un poste notoire au sein de son nouveau Royaume. On peut attribuer bien des défauts à la Maison Stark, ou Braenaryon, les Loups n’en restent pas moins fidèles à leur parole, soufflais-je. L’Ouest n’a enchainé que les faux pas diplomatique les plus déshonorables, en comparaison. Je n’ai pas sacrifié des îles pour simplement assurer nos têtes respectives, mon frère. Le Val, ses gens actuels comme ses gens passés, sera toujours plus important que toi, ou moi ou quiconque, assénais-je, d’un ton dur et froid, intimant implicitement que le sujet est clos et qu’il n’a plus le droit d’ajouter un quelconque commentaire – intelligent ou infantile, qu’importe.  

Je fixe l’horizon quelques instants, pour retrouver un peu de calme.

- Il a été question d’une épouse nubile pour toi, pour notre Oncle et pour notre cousin Donnel Royce. A nouveau, nous pouvons nous fier à la parole de l’Empereur, martelais-je.

Je soupire lorsqu’il soutient qu’il faut un Arryn sur chaque front.

- Tu es surtout en âge de commencer à faire tes armes. Le front du Sud n’est pas si simple. Le danger sera constant et les chances de repli seront minimales. L’ennemi ne se contente pas de frapper avec l’épée, mais aussi avec sa plume. Ton bien m’importe beaucoup, mon jeune frère. Si j’avais véritablement le choix, j’aurais préféré t’éviter cet avenir, soupirais-je, d’un ton sincèrement désolé. Si tu reçois quelques offres alléchantes de la part d’ennemis ou d’intrigants, je te prierai de te confier immédiatement à l’Empereur, à notre oncle, ou à moi par courrier. Plus tu garderas de telles lettres ou conversations secrètes, et plus tu t’enfonceras dans des eaux troubles inextricables. Il est important de chercher conseil auprès de bonnes personnes. Je me permets d’anticiper tout trouble qui peut t’agiter. Là où j’ai eu à héritier des avantages ou défauts de règne de nos parents, tu as l’opportunité de construire ta propre épopée. Et je veux qu’elle soit belle, qu’on la chante dans tout Westeros et que je puisse me flatter d’avoir un tel frère. J’espère que tu tireras des leçons de mes fortunes et infortunes pour bâtir un avenir propre et glorieux.

Les choix seront les siens désormais. Je ne peux pas le couver comme notre mère, ni le défendre comme notre père. Quelque part, il sera livré à lui-même. Il n’y a pas meilleur apprentissage de la vie et de ses conséquences. Et pourtant, quelque part, je crains le pire. Il y a trop en jeu.


     

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MessageSujet: Re: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptyMar 6 Juin - 14:38

Encore et toujours ces fichues leçons, comme s’il n’était jamais rien d’autre qu’un gamin à qui il fallait posément expliquer les choses parce que trop bête pour ne rien y comprendre. Plus que tout c’était cette condescendance matinée d’empathie qui irritait Jonos. Son mariage forcé, l’amputation du royaume, la perte d’une partie de leurs troupes, passe encore, mais que des gens qui étaient à l’origine de ce fiasco viennent, plein d’aménité, lui faire de grand discours, il sentit la colère monter en lui.
Des mots tout ça, rien que des mots, auxquels il soupçonnait son frère de ne même pas croire, ou pire encore : d’y croire sincèrement, dans ce cas il était doublement fou et le Val subirait encore nombre de défaite. Comment se pouvait-il que ce soit lui, Jonos, pourtant de quatre ans son cadet, qui fasse preuve de lucidité… ?

A ce jeu-là, qu’importe la loyauté de Lord Sunderland et l’honneur des loups du nord. Ils n’en restaient pas moins des ennemis et les Trois Sœurs désormais une menace pour l’intégrité du royaume. Qu’importe aussi les bons sentiments de Ronnel et ses belles paroles sur les gens du Val, son histoire, et tout le reste. Qu’importe ce qu’il ait eu dans la tête ou non au moment de prendre ses décisions : seuls les résultats importaient, et quels résultats…

- S’il y a tant d’avantages à ce système, pourquoi n’as-tu pas directement plié le genoux au lieu de partir en guerre ? Nous nous serions épargné la perte d’un bout du royaume, et quelques vies.

Le ton de Jonos ne trahissait nulle ironie, ni amertume, ni colère. Il savait se déguiser, dissimuler ses émotions derrière ce grand regard bleu qui – il l’ignorait – le faisait paraître plus bambin qu’il ne l’était. Peut-être était-ce à cause de cela qu’on le traitait toujours comme un enfant ? Parce que ce masque de neutralité donnait toujours l’impression qu’il posait ses questions avec sincérité, sans laisser soupçonner quel chaos d’idées se dissimulait sous la surface, et que par bien souvent il demandait des réponses qu’il possédait déjà, pour la simple curiosité de confronter silencieusement sa pensée et ses impressions à celle de son vis-à-vis.

Pour ce cas, à vrai dire, Ronnel pouvait bien répondre n’importe quoi, la question n’était plus là. Le Val avait plié le genoux, et le ferait encore, il fallait s’en accommoder. Inutile de ressasser la défaite d’hier, Jonos en était conscient, et bien qu’il excelle à l’exercice de ruminer son amertume, il y avait désormais suffisamment de sujets de conversation devant eux pour ne pas s’attarder inutilement sur celui-ci.

La question de ses noces, par exemple. A nouveau le jeune homme darda sur son frère un regard qui laissait peu paraître.

- Tu répètes qu’il faut se fier à l’Empereur, commença-t-il prudemment, pour t’en persuader ?

Ne jamais se fier à personne. Jamais. Au cyvosse, on était seul avec ses pièces, et les alliances de circonstances n’avaient jamais vocation à s’éterniser. Imperceptiblement, le regard de Jonos prit quelque chose de soucieux, une ombre d’inquiétude, ou bien de précaution. La trahison des Lannister ne lui avait rien appris ? Le Val n’avait d’autre allié que lui-même.

- Ne t’y fie pas trop quand même, conclue-t-il d’un ton brusque. C’est de mon épouse qu’il s’agit, et nous ne comptons aucun amis au collège impérial. Ils ont tué père je te rappelle.

Alors même qu’il n’avait que huit ans lors de la mort de Jehan Arryn, celle-ci avait durement marqué Jonos, moins d’ailleurs pour ses conséquences véritables que pour l’imaginaire chaotique qu’il avait, au fil des années, bâti solitairement autour de l’événement.

Quant à savoir si le bien de Jonos importait à son frère, Ronnel n’en avait pas fait grande démonstration ces dernières années, du moins du point de vue du petit. Il accueillit assez froidement les grandes déclarations de son frère sur ses intentions profondes et le fait qu’il était désolé, paroles encore que tout ça, paroles. Ronnel craignait d’avantage pour sa couronne et l’unité de son royaume que de sa sécurité, ne l’avait-il pas dit quelques instants plus tôt ? Leurs vies ne comptaient pas, eh bien, qu’il l’assume donc au lieu d’invoquer leurs liens du sang comme on brandit un drapeau blanc.

- Les bonnes personnes… alors que jusqu’ici tu étais trop occupé pour m’accueillir dans ta salle de conseil.

Voilà, l’amertume refaisait surface. Aussi neutre que pouvait l’être Jonos, sur ce sujet en particulier il ne parvenait pas à garder la face et le garçon vindicatif refaisait surface comme une vague qui aurait reflué. Il en voulait à son frère, à sa mère, à son conseil, en fait à tous ceux qui sous prétexte de le protéger l’avaient tenu éloigné de tout, comme partie négligeable, alors même qu’on faisait pour lui les pires choix possibles.

- Les leçons sont tirées, mon frère.

Disant cela, il talonna les flancs de sa monture pour lui faire donner de l’allure. Il n’avait pas envie de parler de cela, n’étant pas certain de pouvoir retenir ce qui déborderait s’ils poursuivaient plus avant cette conversation. Mots cruels ? Larmes ? Ronnel pouvait bien jouer les protecteurs bienveillant maintenant, c’était hier qu’il fallait le faire, et il ne remplacerait pas père, ni mère.

Alors qu’il avait pris quelques mètres d’avance sur son aîné, il fait soudain tourner bride au cheval et, comme un symbole, se trouva en travers du chemin.

- Je ne suis ni ton champion ni ton espion, ni ton représentant. Tu m’as laissé de côté tout le temps et maintenant tu veux que je te fasse confiance ?

Il sentait la fureur et le sang lui battre les tempes. Tant de choses à dire, tant de reproches qui ne demandaient qu’à sortir, non sans une espèce d’horreur vis-à-vis de son propre manque de contenance, Jonos réalisa qu’il ne savait pas très bien s’il aurait voulu le frapper, ou bien le prendre dans ses bras. Non décidément il fallait ravaler tout cela, aussi dur que ce puisse être à douze ans.

- C’est à moi que tu aurais dû donner un lynx, fut tout ce qu’il réussit à verbaliser, sa voix venue se casser sur le dernier mot.

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MessageSujet: Re: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptyLun 12 Juin - 20:44

Plus il parle, plus je suis agacé. Il est enfantin, rancunier et condescendant. Il confond les notions, les royaumes, les personnes ou l’histoire. Il m’accuse, il exige, il se plaint, il chantonne comme un coq. Je ne dis rien, je ne montre rien. N’ai-je pas été aussi injuste et odieux avec ma propre mère ? N’ai-je pas manqué de respect à cette matriarche respectée en jouant le fanfaron ? N’ai-je pas été aussi certain et aussi assuré que ce petit frère que j’ai en face de moi ?

Je comprends que mes paroles sont vaines. Mes excuses n’auront aucun effet. Mon frère me considèrera encore plus faible que je semble déjà l’être dans son esprit. Mes ordres n’apporteront rien, non plus. Il sera plus hardi dans sa bêtise et plus prompt à commettre des erreurs. Pour autant, je ne compte pas l’abandonner – comme Mère a dû le faire à bien des reprises face à mon obstination -, ni le pomponner davantage – il l’a déjà trop été au vu de son ton et de son attitude.

Finalement, l’idée qu’il se frotte à un champ de bataille n’est pas si mauvaise. Elle est dangereuse, certes, mais bien moins que ses propres démons et défauts. Je me promets de toucher quelques mots à l’Empereur vis-à-vis du caractère de Jonos, et éviter autant que possible une énième foutue crise diplomatique parce qu’un Valois n’a pas su tenir sa langue – ou la tourner sept fois avant de parler.

- Je n’ai pas immédiatement signé la Constitution Impériale car j’ai cru aux Lannister et à leur loyauté, car j’ai voulu honorer au mieux les souhaits et les demandes du Grand Septon et des principaux croyants de nos terres. Les premiers nous ont trahi, les seconds n’ont apporté aucune aide que ce soit en or ou en hommes. Nous avons été le dindon de la farce de nos anciens alliés, expliquais-je. Je ne fais pas aveuglément confiance à l’Empire, mais l’Empire a su faire preuve de plus d’honneur que les Lannister, les Fer-nés ou le Grand Septon. L’Empire aurait pu nous écraser, Elle nous a offert une paix séparée peu couteuse, quoi que tu en dises et quoi que tu en penses, ajoutais-je. Argilac Durrandon a tué notre père, sur un champ de bataille. Lui-même a été tué par son ennemi, en tant que Roi de l’Orage et non Roi Fédéré de l’Orage. L’Empire n’a pas tué notre père. Je te prierai d’être attentif à ces détails, le corrigeais-je avec froideur. Tu as été tenu loin du Conseil du Faucon pour que tu aies pleinement le temps de parfaire ton éducation, indépendamment de toutes influences extérieures, continuais-je sur ce même ton tranchant. Enfin, je n’ai donné aucun lynx à quiconque. J’ai simplement confié une mission à l’un des lynx, celle de protéger mon futur enfant à naitre. Car oui, je vais être père et tu vas être Oncle, si les Sept le veulent. Lorsque je serais de retour aux Eyriés, le lynx reprendra sa place à mes côtés, conclus-je, attendant sa réaction à cette dernière nouvelle. Je ne l’ai pas encore partagé avec grand monde. Je laisse le soin à Ysilia d’annoncer ou non l’heureuse nouvelle.

Pour autant, je ne compte pas rester sur cette note amère.

- Je suis assez étonné que nous ne parlons que du passé, toi et moi. Je veux me tourner vers le futur, tu me tires vers le passé, lui soufflais-je. Je vais te parler de cet espoir que je nourris pour le futur du Val et de la Maison Arryn, commençais-je. Le Val va profiter de cette sécurité acquise à un prix très lourd pour renforcer sa force militaire et notamment sa flotte. A défaut de créer des soldats, nous pouvons bâtir des navires. La Maison Arryn n’aura plus deux lynx mais plusieurs, car ils vont enfanter avec les années. Chaque nouveau lynx sera offert à un membre de la Maison Arryn, et nul autre. A l’âge adulte, je peux t’assurer que ce sont des bêtes majestueuses et splendides. Nos enfants seront accueillis dans toutes les cours de Westeros avec tous les honneurs et respects. Enfin, je nous vois travailler ensemble pour le Royaume, à anticiper les dangers et à les faire tomber avant qu’ils ne nous tombent dessus, finis-je, plantant mon regard dans le sien. Je me bats pour cet avenir, très cher frère. , indiquais-je avec détermination. Je te tends la main pour réparer les erreurs passées, et avancer ensemble vers un avenir commun. Tu es libre de la saisir, comme libre de faire ton propre chemin. Tu as toujours été libre de choisir, et tu le seras encore. Cependant, il ne sera plus question du passé entre toi et moi. Je suis las de le mêler à notre présent et d’en gâcher notre futur.

Je me suis arrêté. Je ne le poursuis pas davantage. Je n’attends plus rien de lui ou de ce monde. J’ai dit ce que j’ai à dire. Il peut me rejoindre, il peut me critiquer, il peut se morfondre. Ni ses compliments, ni ses plaintes n’impacteront ma détermination. Je suis plus que fatigué de faire des compromis, de chercher des terrains d’entente et j’en passe. Ces demi-mesures m’ont trop couté et rien apporté. Comme j’ai écrit à Lyman Lannister lorsque j’ai perdu cette guerre : je n’ai plus rien à perdre, j’ai tout à gagner.


     

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MessageSujet: Re: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptyMar 27 Juin - 19:21

Les réponses de Ronnel n’étaient pas satisfaisantes, au mieux témoignaient-elles qu’il se laissait ballotter par les événements comme une feuille morte, manquant autant de vision pour l’avenir que d’une stratégie crédible. Au cyvosse, celui qui jouait au coup par coup était assuré de perdre, on ne remportait la victoire qu’en anticipant sur plusieurs tours d’avance et plus on anticipait, meilleure était la partie.

- Tu ne contredis rien, répondit-il d’un ton vache. « Si tu avais pu vaincre l’Empire au champ de bataille, tu l’aurais fait, et nous serions leurs ennemis aujourd’hui. Faute de quoi, tu te persuades que ce sont nos alliés. C’est un comportement de girouette, pas de roi. »

Les mots étaient durs, mais qu’importait ? Si personne n’avait l’honnêteté de les dire à Ronnel, Jonos au moins pouvait se le permettre. Que ce soit par amertume ou par sincère soucis de préserver son frère d’une nouvelle déception.
Il talonna les flancs de son cheval, pris d’agacement.

- Tout avantageuse que soit la paix que tu as signé, elle est intéressée. Personne n’agit par bonté d’âme, les Lannister nous ont trahi par calcul, et l’Empire achète ta loyauté aussi par calcul. Cesse d’y voir de la droiture ou tu fonceras encore dans une ornière.

Au-delà de la pure stratégie, il fallait reconnaître que la présence des Durrandon dans cette nouvelle alliance ne facilitait pas la confiance que pouvait lui vouer Jonos. Difficile d’avaler, sur un coup de dé et une bataille perdue, que l’ennemi d’hier, celui qui avait tué leur père, devint soudainement un allié de confiance et un compagnon d’arme. Jonos avait beau prétendre garder la tête froide, cela, il avait du mal à l’accepter et c'était un énième motif de grief envers son frère qui les avait tous deux mis dans cette situation.

Du reste, qu’on s’étende sur le chapitre de son éducation donnait matière à l’agacer. Ronnel n’était ni père ni mère, tout juste son aîné de quatre ans, autant dire un souffle, ce n’était pas à lui de décider de ce genre de chose. Il balaya l’objection d’une pique en retour, n’ayant pas non plus apprécié que le second des lynx offert à son frère échoie à Ysilia. C’était comme une trahison, un clou de plus dans cette situation qui criait « tu resteras à l’écart ». Était-il un Arryn ou rien de plus qu’un émissaire, un porte drapeau qu’on mariait et bradait sur le champ de bataille lorsqu’il fallait porter les couleurs de son frère ? Jonos n’entendait pas se laisser éternellement reléguer au second plan, tout roi que soit Ronnel, il n’en avait pourtant pas le droit de le mépriser ainsi. A croire que son frère jouait délibérément le jeu du Grand Septon, parfois…

L’annonce de la maternité d’Ysilia fut comme un coup dans le ventre, et il se roidit.

- Heureux de l’apprendre comme ça, répondit-il d’un ton froid. Balancée au milieu d'une dispute, comme argument. Ainsi il serait oncle ? Mouais, ça restait à voir. Le dernier né de Ronnel n’avait pas fait long feu et sa femme avec. A voir qui de lui ou de Nymeria portait la poisse. « Depuis quand le sais-tu ? »

De toute façon ça ne changeait rien, il avait malgré tout choisi de laisser le lynx avec elle plutôt qu’avec lui. Après avoir répété dix fois que la guerre serait dangereuse et le champ de bataille terrible, n’empêche qu’il estimait que son gosse méritait d’avantage de protection aux Eyriés que lui-même dans les terres de l’Orage. Oh et puis allons ! Que des excuses tout ça, Ronnel en faisait juste une fois de plus rien qu’à sa tête, et tout portait à croire que ce serait un désastre encore… pour le coup, il y avait presque une chance que le lynx bouffe le nourrisson. Il ne fallait rien attendre de cette discussion. Trop centré sur son propre nombril, à pleurer son ex-femme, puis à se faire mener par le bout du nez, partir en guerre pour la gloire, rien que des échecs, tout ça. S’il avait pris le temps de le consulter, il le lui aurait dit, lui.

Il ne faisait de toute façon que s’écouter parler. Espoir, futur ou passé, des mots creux, Jonos secoua la tête.

- Trop facile de balayer le passé comme s’il n’avait jamais existé, répondit-il quand l’autre eut fini de monologuer. « Trop facile quand tu répètes encore les mêmes erreurs et que tu entends m’imposer tes idées et ta vision. »

Il planta son regard dans le sien, trop dur pour son âge.

- M’as-tu seulement demandé, même pas un conseil, juste mon avis ? Tu me tends la main à tes conditions et tu voudrais que je la serre en disant ‘tout est oublié’ ? Trop facile Ronnel, tu penses qu’il suffit de signer un traité de paix avec l’Empire ou de me promettre un bébé lynx pour repartir sur des bases saines.

Il secoua la tête, dépité.

- Puisque tu parles franc, je le ferai aussi : tu n’as rien appris de tes défaites, tu recommences les mêmes erreurs et tu tomberas dans les mêmes chausse-trapes.

Son regard bleu se planta dans le sien.

- Tu espères cet avenir commun ? Assez de paroles, construits-le, ça ne se fait pas avec des discours. Je t’aiderai volontiers à le bâtir, mais comme ton frère, et comme un Arryn, pas je ne sais quel pion qu’on bazarde ou qu’on marie pour aider à l’aboutissement d’un rêve qui n’est que le tien.

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MessageSujet: Re: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptyLun 24 Juil - 20:50

Je retiens mille et un jurons, préférant darder un regard noir et interloqué à ce frère trop audacieux et impertinent.

Il me traite de girouette, en me faisant même une belle morale politique. Depuis quand est-ce que les rôles se sont inversés, qu’il se considère comme roi et ainé et non prince héritier et cadet ? Je n’ai jamais fait preuve d’une telle condescendance avec lui ! Est-ce ainsi qu’il me remercie pour l’avoir voulu protéger, qu’il me soutient face à la difficulté, qu’il reconnaît mon sacrifice pour maintenir la maison Arryn sur le trône encore ? Si j’avais persisté dans cette guerre, l’Empire aurait gagné et remplacé la maison régnante par une autre ! Pire ! Il semble remettre en question la droiture de nos opposants d’hier, semblant donner plus de crédits à nos alliés manquants d’hier ! Seuls les Bieffois peuvent prétendre à un peu d’honneur. Le Grand Septon et ses armées, ou les Lannister ont été absent sur bien des fronts !

Le rouge me monte aux joues lorsqu’il n’offre qu’une réaction détachée, à peine intéressé, vis-à-vis de l’annonce d’un nouveau membre de la famille. Est-il donc l’un de ses frères qui se préoccupe davantage de son titre et qui craint qu’un futur héritier de mon sang puisse le lui dérober ? Est-il donc ce futur oncle qui bazardera ma future fille, si c’est une princesse, au premier mal venu dans un jeu politique tordu ? Subitement, je crains pour l’avenir de ma maison et pour la survie de chaque membre – incluant mon propre frère. Je me doutais qu’être la nouvelle tête masculine d’une famille royale n’est pas aisée, mais la tâche me semble subitement pharamineuse et impossible ! Comment puis-je concilier les ambitions et les étourderies de ce jeune frère avec mes propres projets et désirs que ce soit vis-à-vis de lui, ou de ma descendance ?

Mon humeur prend un coup, mes traits se tordent et mon regard se couvre d’une sincère inquiétude. Les plus sombres pensées me gagnent. Elles prennent de l’ampleur, comme un terrible orage qui va éclater au fur et à mesure que le petit frère s’exprime qu’avec plus de véhémence. Je retiens, habilement, un rire nerveux lorsqu’il se déclare prêt à agir « comme un frère ». Tout son discours précédent, ses actions et réactions, a pourtant indiqué le contraire. Lorsque son regard se plante dans le mien, je comprends mon véritable.

Il ne comprend rien – et ne comprendra rien. Il est trop obnubilé par ses propres certitudes. Il n’écoutera que les gagnants, ou ceux qui lui assureront qu’il est le plus intelligent de la maison Arryn. Je le sais car il est jeune, et donc influençable par nature. La morale le rebiffera. Les excuses lui donneront plus de munitions pour répliquer. L’humilité le gorgera d’orgueil. Je me sens dans une impasse.

- Je l’ai su peu après la capitulation. Et tu es le premier avec lequel j’ai partagé cette nouvelle, me contentais-je de répondre vis-à-vis de la question de l’enfant à venir. Suite à cet échange, mon instinct me hurle d’être succinct et de ne pas mettre en avant cette vie fragile et vacillante qui grandit dans le creux du ventre d’Ysilia. Je te remercie pour cette leçon de politique. Cependant, je t’invite à être moins vindicatif vis-à-vis de nos nouveaux alliés, et à être plus critiques que les anciens. Tu dis que je suis trop candide avec l’Empire, tu es trop aveuglé par tes propres convictions.

Je soupire.

- Il ne sert à rien de parler du passé. Il faut se concentrer sur le futur, Jonos. Et nous avons très peu de temps. Les campagnes sont incertaines.

Il peut très bien être Roi dans quelques mois, comme ne plus vivre.

- Je ne te désire pas à mes côtés s’il est question que de mon rêve. Et je ne souhaite pas utiliser toutes tes ressources pour mon seul plaisir, commençais-je. Parle-moi de tes rêves et désirs sur le reste de ce trajet. Il se peut que nous trouvions un projet commun, que nous porterons ensemble.

Il a besoin d’être le centre d’un grand projet – être autant le noyau, l’acteur que le maître. Soit ! Voyons voir ce qu’il veut, et comment nous pouvons y arriver.


     

Maison Arryn
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MessageSujet: Re: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptyMar 25 Juil - 11:58

Roidement, Jonos hocha la tête aux paroles de son frère. Un héritier de plus, enfin, tentative d’héritier, si mort en couche ou fille, ses droits ne valaient guère. Mais il n’y avait de toute façon pas vraiment de sujet, c’était quelque chose qu’il faudrait réfléchir une fois terminée sa campagne dans le sud.

- Quelles convictions ? demanda-t-il avec agacement. Celle de défendre l'intégrité du royaume ? Je suis prince du Val, Valtigar, Bief ou Empire, nous n’aurions jamais dû nous compromettre avec un de ceux-là. Nous n’aurions jamais dû passer la Porte Sanglante.

Peut-être croyait-il trop à la force de leurs défenses, il savait ces-dernières bien peu de chose face au souffle des dragons, mais peu de chose c’était mieux que rien du tout une fois leurs cavaliers et archers exposés en rase campagne. Ils avaient eu du temps, du temps que Ronnel aurait dû consacrer à fortifier le Val plutôt que de pleurer après sa Lannister et commettre bourde sur bourde. Mais son frère avait au moins raison pour ce qui était de ne pas éternellement remuer le passé et quand finalement il lui demanda son avis, Jonos pris quelques secondes avant de répondre.

Tout à sa frustration plusieurs piques lui avaient d’abord brûlé les lèvres, des choses qui sonnaient comme ce n’est pas trop tôt ou si tu m’avais consulté avant ta campagne nous n’en serions pas là mais un élan de noblesse lui fit ravaler sa mesquinerie et il se contenta de fermer son visage et de hocher la tête d’un air adulte.

- Les dragons sont l’ennemi. Nos portes fermées nul ne peut pénétrer les Eyriés par les montagnes sans subir de lourdes pertes mais les dragons, eux réduisent nos défenses à rien.

Son regard se perdit un instant au loin, sourcils froncés, il formulait des analyses maintes fois digérées en son fort intérieur ou devant ses cartes, formant à lui tout seul son propre conseil du faucon pendant que le vrai se tenait sans lui, à quelques pièces de-là.

- Les impériaux le savent très bien, ce n’est pas pour rien qu’ils ont exigé des terres autour de la baie des crabes, ils nous ont arraché un passage qui contourne les montagnes. Leurs dragons sont leur plus grande force mais sans eux ils ne sont plus grand-chose.

Il revint poser ses yeux dans ceux de Ronnel, mortellement sérieux.

- C’est de ça dont tu dois t’occuper en priorité. Pour l’heure l’Empire a besoin de notre loyauté mais rien ne dit que ce sera encore le cas une fois la guerre terminée, ou que les gosses Braenaryon respecterons les engagements de leurs parents. Avec un dragon sous le nez, s’ils chient sur nos traités et exigent ta couronne tu ne pourras pas la leur refuser.

Une ombre de sourire lui glissa sur le visage. Il aimait la stratégie, les plans de bataille, depuis qu’il avait appris à jouer au cyvosse et à lire une carte rien ne lui procurait d’avantage de plaisir qu’un coup bien mené.

- Nous devons former des archers et construire des balistes. Creuser dans la montagne des galeries où dissimuler nos hommes et même les Eyriés sont trop exposés, il faut creuser là où aucune créature volante ne nous atteindra. Tu ferais aussi bien de convoquer au Val tous les mages et sorciers et érudits d’Essos, ceux-là savent traiter avec les dragons, leurs enseignements seront précieux.

Le jeune homme eut soudain une lueur étrange dans le regard. Il jeta un bref coup d’œil aux alentours, à la recherche d'oreilles indiscrètes, et le ton de sa voix baissa légèrement, presque aussitôt balayé par le vent.

- Le cas échéant, tu dois te tenir prêt à leur tendre une embuscade. Trahir l’Empire d’un seul coup. Assassine le couple royal et tue ses deux dragons, tu décapites le tout et l’Empire disparaît comme un fétu de paille. Ce n’est pas glorieux mais la guerre est gagnée et libre à nous d’écrire par-dessus notre propre récit.

La lueur s’éteignit. Puis il haussa les épaules.

- Voilà mon avis. Si malgré tout tu veux la paix avec l’Empire, libre à toi, tu es roi, mais cela n’empêche qu’un roi avisé préparerait dès maintenant son prochain coup. Qui sait de quoi sera faite cette alliance dans vingt ou trente ans ? Et puis, si les Valtigar venaient à l’emporter… il nous faudra bien nous défendre.

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MessageSujet: Re: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptyMer 2 Aoû - 10:29

L’Empire nous avait entouré. L’Ouest s’était engagé auprès des Puissances Centrales. Soit j’avais à combattre mes voisins avec fureur, soit j’avais à plier immédiatement le genou. La neutralité n’était plus permise. Si les Puissances Centrales gagnaient sans le concours du Val et de la Montagne, nous n’avions aucun argument contre eux et leur propre soif de conquêtes. Si l’Empire prévalait, nous aurions été forcés de les rejoindre. Certes, l’attente aurait pu être une alternative, mais elle ne nous aurait pas servi à grand-chose sur le long terme. J’ai simplement mal joué, voilà tout. Mais ce très cher frère n’a rien appris, ni de mes décisions, ni de mes échecs. Il est buté dans sa propre bêtise.

Et quelle dangereuse bêtise ! Il emprunte la pente que j’ai moi-même emprunté jadis. Il prépare une défaite future, et non une victoire immédiate. A trop se projeter dans le temps, on en oublie de suivre les événements en cours … Je ne pipe pas un mot pour autant. Il semble que Jonos est plus bavard quand j’agis comme un parfait benêt, que si je tente de l’aider ou de le guider avec mes propres expériences. Je ne peux pas m’empêcher de lui lancer un regard noir lorsqu’il fait référence à des mages et sorciers d’Essos. A-t-il perdu la tête, ce jeune frère ? Certes, le Grand Septon a condamné mon âme et je suis marié à une croyante des Anciens Dieux, mais ce n’est nullement une raison pour que je commence à fricoter avec des impies pareils ou que je les fasse trainer aux Eyrié, là où mes enfants vont grandir !

Quant à ma gorge, elle est bien sèche. Je me suis engagé auprès de l’Empereur et j’ai déjà indiqué que mon frère le suivrait dans sa campagne sur les terres de l’Orage. Or, maintenant, je le regrette amèrement. Cet enfant est tout bonnement une boule de folies, de rêveries et d’inconsciences ! Je le vois déjà céder aux arguments fourbes, mais bien tissés, des Lannister, aux injonctions du Grand Septon ou aux belles paroles des Hightower. Il suffira d’aller dans son sens – les dragons sont que des vilains, le Val va mal à cause de Ronnel et tant d’autres arguments véridiques ou mensongères.

Quant à ses solutions ou propositions vis-à-vis des dragons, malgré toute la crainte et la méfiance qu’ils m’inspirent, la simple idée qu’ils meurent et disparaissent à jamais me remplit d’horreurs. Quelque part, quelques résidus de l’enfant que j’étais jadis persiste, rêvant de voir, toucher – et pourquoi pas, chevaucher – un dragon quelques secondes, ou minutes. Evidemment, je ne vais rien montrer. Je ne peux plus me permettre de telles faiblesses en public. J’avais espéré avoir quelques repos avec mon sang, et ma chair. Je me suis trompé. Jonos aussi doit voir le roi, avant un frère ou un homme …

La résignation me gagne. J’ai bien essayé quelqu’une des solutions, mais j’ai surtout rencontré des difficultés ou impossibilités techniques. Je ne le partage pas, persuadé, encore une fois, qu’il ne verra là que les excuses d’un faible. Parce qu’il a envie de voir ça, parce qu’il a envie d’être le meilleur.

- Si nous venons à nous entretuer avec nos nouveaux, c’est que nous avons échoué dans notre diplomatie, Jonos. Tes propositions ne sont pas la préparation d’une victoire, mais la gestion des conséquences de notre incompétence à obtenir ce que nous désirons par la diplomatie. Au lieu de me parler de dix, vingt, trente ou quarante ans, pourquoi ne me parles-tu pas d’aujourd’hui ? Tu ne parles qu’en terme d’armes et de morts, oubliant toutes les autres voies plausibles et imaginables. Qu’en est-il des unions ? Il peut être intéressant d’envisager un mariage entre les Arryn et les enfants impériaux, par exemple. L’Empereur n’est plus jeune, l’Impératrice est très impétueuse. Une régence n’est pas à exclure, au vu de l’ampleur et de la violence de ces guerres, soufflais-je. Et qu’en est-il de l’organisation de l’Empire ? Il est question d’un collège impérial : les décisions sont prises collectivement. Tu peux donc influer toutes les décisions de l’Empire et des Royaumes Fédérés si tu obtiens le soutien de la majorité. Dans ce cas-ci, il peut être très utile de se renseigner sur les désirs, les besoins et les faiblesses de chaque cour et tenter d’en tirer quelques avantages. Tes solutions ne sont pas incohérentes, mais trop lointaines et trop … fabuleuses. Il faut poser les fondations maintenant. Réfléchis donc à tout cela, avant de planifier la mort de quiconque, conclus-je, le dardant d’un regard critique.

Je le dépasse.

- J’ai la certitude que ma vision est inadéquate à la tienne. Je dois donner l’impression d’être un naïf et d’un rêveur. Cependant, si je viens à mourir et que tu viens à porter la couronne, tu comprendras bien vite que chaque décision prise entraînera une conséquence dramatique et, surtout, chaque décision doit être prise très, très rapidement. Rien n’est aussi simple ou aussi complexe. Tout n’est qu’une question d’opportunités. Et moi, dans l’immédiat, j’en vois à travers le collège, les alliances secrètes et les unions possibles, conclus-je. Nos avis peuvent diverger, mais je compte sur toi pour éviter qu’il ne divise davantage le Val et pour ne pas jeter l’opprobre sur notre nom d’avantage. Ecoute, observe et apprend de l’Empereur, l’Impératrice, leurs généraux et leurs entourages. Cultive des amitiés. Lorsque tu seras un homme fait, ces connaissances te seront précieuses.

Je le conseille, encore, malgré une certaine amertume dans mon cœur.

- Suis-moi, Jonos. Je vois des hommes de l’Empire s’approcher de nos gens, surement pour nous guider.

Je m’y dirige. Je suis las de cette conversation et déçu mais ne montre rien. Encore une fois, j’opte pour ce masque d’impassibilité, celui que je porte inlassablement depuis de nombreux mois. Je comprends que je suis seul, plus que jamais. Il y a Ysilia, oui, mais la relation est trop jeune et immature. Nous cherchons encore nos marques. Enfin, elle n’en reste pas moins une femme. Il y a des choses que j’aurais aimé partager avec un homme, et plus précisément, avec un frère.

Je me suis fourvoyé.
Encore.


     

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MessageSujet: Re: Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ? [Tour X - Terminé]   Frères à la vie, à la mort, n’est ce pas ?  [Tour X - Terminé] EmptyMer 2 Aoû - 14:11

Compter sur la diplomatie lorsqu’on vient de se faire vassaliser est une bêtise absolue, pourquoi ne le voit-il pas ? C’est négocier sa place de perdant de l’histoire, l’Empire a tout à gagner à nous voir compter sur la diplomatie plutôt que la force et nous, nous ne pouvons que négocier le poids de nos chaînes. S’il fallait encore chercher la preuve que Ronnel réfléchissait comme un roi faible, celle-ci était faite. Jonos s’en sentit accablé. Et agacé. On ne pouvait décidément pas compter sur celui-là.

- Quoi te parler d’aujourd’hui ? Il n’y a rien à dire sur aujourd’hui, nous allons signer notre vassalisation, jamais notre pays n’avait été conquis depuis qu’un roi Arryn trône aux Eyrié et il faudrait voir tout ça d’un bon œil ? Notre royaume n'existe que parce que notre famille l'a unifié sous son autorité, par les armes et la conquête : un roi agenouillé ne pourra éternellement tenir le Val.

Folie de résignée, résignation d’agenouillé, son frère n’espérait rien d’autre que de couler des jours heureux avec sa reine, lui faire des beaux petits enfants et profiter peinard de la paix impériale. Pas une once d’ambition, ni deux sous de jugeotte.

- Je te parle de l’avenir parce que nous construisons aujourd’hui notre force de demain. La force qui nous fera peser dans ta chère diplomatie, Ronnel. Crois tu qu’on t’écouteras si tu n’as pas de piques, de lances et d’épées derrière toi ? Le collège impérial n’aurait que faire de prendre en compte nos avis si le Val ne représente pas une menace.

Basta tout le reste, bien sûr qu’il fallait se marier, négocier des alliances, c’était l’évidence, mais là encore on ne négociait de puissantes unions qu’à condition d’en avoir les moyens, Ronnel se foutait le doigt dans l’œil jusqu’au coude s’il imaginait que les grandes puissances du continent aligneraient leurs intérêts sur ceux du Val pour sa bonne mine…

- Je compte bien apprendre, oui, maugréa-t-il alors que son frère le dépassait. Ce n’était de toute façon pas auprès de lui qu’il s’éduquerait à l’art de la stratégie, ça au moins c’était certain… Quant à jeter l’opprobre sur leur nom, la petite séance d’agenouillage qui s’annonçait le ferait bien plus que n’importe quelle trahison. Les Arryn tiraient leur légitimité de leur ancêtre et de sa conquête, du temps des Andals, du Val. Se soumettre aujourd’hui à un roi du Nord, adepte des anciens dieux, c’était fouler au pied tout ce qui avait fait leur autorité. Mais pas moyen de l’éviter, maintenant, encore pouvait-on s’épargner d’apporter de l’eau au moulin du discours impérial.

- Le temps s’écoule Ronnel, nous en avons déjà beaucoup perdu, lui lança-t-il dans son dos, alors que son frère avançait au-devant des soldats impériaux. « Renforce le Val, ou la prochaine fois que les dragons viendront ce qu’ils exigeront de nous sera autrement plus pénible que de ployer le genoux. »

Que n'était-il né dix ans plus tôt, les choses auraient été différentes.
Que n'était-il premier né aussi, et le destin du Val s'en serait sacrément trouvé changé...

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