Eren Hoare n’a jamais répondu aux attentes et espoirs de sa génitrice, celle-ci ne voit que rarement sa fille porter de jolies tenues féminines, du moins ces dernières terminent inlassablement souillées par ses péripéties. Plus attirée par les jeux d’extérieurs que la couture ou l’apprentissage de la lecture et l’écriture, seul son père, le Roi, obtient l’obéissance de sa fille, se chargeant de lui trouver les préceptrices idéales, désireuse d’être la fierté de ce dernier, elle se fait bonne élève, tandis qu’elle méprise l’autorité de sa mère. Il est évident que la jeune fille n’est pas une Princesse orthodoxe, plus Fer-née que Riveraine, elle tient de son père et le fait comprendre à quiconque se met en travers de son chemin. C’est sans doute pour cela qu’il décide de l’envoyer “parfaire” son éducation à bord d’un boutre, sous le commandement d’un Capitaine machiste, nonobstant avoir affaire à une Princesse, il ne voit qu’une fillette qui n’a pas sa place à bord d’un navire, son comportement ne tarde pas à se modifier pour maltraiter la jeune fille et lui faire oublier toute trace d’arrogance, lui rappeler qui commande.

Les épreuves forgent le caractère, elle subit pour protéger son petit-frère, pour s’endurcir, elle apprend, prépare sa vengeance et ces années d’abus, de maltraitance, font disparaître toute trace de miséricorde et compassion en elle. Cinq années en tout, avant qu’elle s’estime prête à renverser la tendance, avant d’exécuter le capitaine et le pendre avec ses tripes au mât de son propre navire, défiant l’équipage de la contredire sur le nouveau commandement dont elle s’empare a seulement 15 ans. La Princesse du Sel et du Roc ne cesse par la suite de prouver sa supériorité sur quiconque tente de la rabaisser, de la défier, elle apprend à la dure, s’exerce par la violence, évolue dans la brutalité et s’y complaît, bien loin de ce monde ennuyeux, sans saveurs, à la cour du Roi. Son frère aîné est suffisant pour ce rôle, elle a d’autres ambitions qui ne concernent pas les Riverains. Comme piller et ravager les côtes du Nord et du Bief, elle s’y illustre par sa barbarie, digne héritière de son père, cruelle et sans cœur, à bord de son boutre renommer la “Garce Mortelle”.

Son père reste le seul homme qu’elle respecte, assez pour l’écouter, lui obéir s’il se montre assez convaincant. Jusqu’à la convaincre de l’unir à un fils d’une maison vassale, les Whent, bon gré mal gré elle prend l’héritier, Stanford Whent, comme époux, pour mieux le regretter. L’homme ne parvient pas à soumettre son épouse, exècre la fer-née qui s’amuse dès lors à le provoquer à la première occasion pour ajouter un peu de sel à leur relation. Pire encore, elle ne montre aucun signe de grossesse. Ce mariage n’est rien de plus qu’une mascarade, mais son père a apprécié l’effort et la nomme Commandante de la Flotte de Fer. Un rôle qu’elle s’empresse de s’approprier, de démontrer son autorité à qui veut lui défier le commandement qu’elle ne doit pas uniquement à son sang noble, mais la majorité s’accorde à dire qu’elle a déjà fait ses preuves en 5 années à diriger la Garce Mortelle. Mais son mari reste une épine dans le pied. La jeune femme s’est lassé de son insipide époux et coordonne son exécution qu’elle fait passer pour un accident. Si son père n’est pas dupe, il n’en a rien entrepris comme châtiment. 22 ans, Princesse et Commandante de la flotte, désormais veuve et libre, elle n’est pas peu fière de ses progrès.    

La perte de sa génitrice ne démontre en rien une quelconque faiblesse, d’ailleurs, elle brille par son absence lors de la sépulture de la Reine. Se contentant d’adresser une brève lettre de compassion à l’égard de Joren, trop occupée à piller les côtes avoisinantes, remplir les cales de richesses et ressources. La Princesse prend surtout plaisir à nettoyer le sang imbibant ses lames, affûtées en amont d’une bonne escarmouche, sa réputation n’est plus à refaire, elle n’a aucune pitié, pas même pour les pauvres femmes violentées pour le bon plaisir de son équipage. Un bon gueuleton, quelques parties de jambes en l’air et ils arpentent de nouveau les flots jusqu’à leur prochaine rapine, ils ne rentraient que lorsque les cales étaient complètement pleines à craquer. Loin des intrigues politiques, femme libre que beaucoup admirent, d’autres décrient, assoiffée de sang et de violence, elle s’épanouit dans le plus grand malheur des autres.

La Princesse a su avant qu’il n’agisse, que son père n’accepterait pas le couronnement du Targaryen, ne s’étonne pas de l’embuscade tendue que tous jugent d'infâme. Comme s’il y avait meilleure manière d’éliminer les Dragons. Il en reste une cependant, qui pose problème, qui profite des rancunes de leurs ennemis pour s’en faire des alliés, aucun mérite à avoir pour autant. Dans le même temps, elle coordonne le blocus des mers au sud, à Dorne et remplit les cales des navires commerciaux qu’ils croisent. La Flotte de Fer affaibli l’ennemi par la voie maritime, tandis que son frère aîné en fait autant sur terre. Harren n’est pas sans défenses, il parvient à s’allier le financement de l’Ouest et compte sur elle pour s’allier le Bief, lui laisse tout à loisir de négocier en leur nom. Se doutant qu’il espère la voir mariée au Prince Kevan Gardener, elle se pare de son plus beau visage pour obtenir gain de cause, nécessité fait loi. Eren s’étonne elle-même d’obtenir ce qu’elle souhaite, autrement que par le sang bien entendu, se découvre des ressources insoupçonnées.

Tandis qu’elle doit faire connaissance avec son fiancé, quelle surprise de le voir s’enfuir la queue entre les jambes vers la biche de l’orage ! La Princesse est furieuse, tant d’efforts pour rien, elle se fait bien entendre et comprendre jusqu’à ce que le Ministre de la guerre et frère de la Reine se porte volontaire, elle ne donne pas cher de sa peau se jure-t-elle. Contre toute attente quelque chose en lui l’attire et les conversations ne font que confirmer cette attraction, ambitieux, intelligent, stratège, il lui laisse toute opportunité d’exprimer ses propres ambitions qui font écho aux siennes, ils ne tardent pas à coordonner les forces terrestres et maritimes pour assiéger les Météores, à Dorne. Dans le même temps, elle voit l’avènement de l’Empire d’un œil circonspect et se félicite d’avoir trouvé mari au même raisonnement que le sien quant à cette coalition contre son père. A contrario, elle voit la mort du Roi du Bief comme une aubaine, sans héritiers, elle et son mari ne sont-ils pas les plus dignes pour diriger ce royaume ? Les seules ombres au tableau, si l’on peut dire, c’est qu’il lui faut se convertir à la Foi en plus de délaisser le commandement de la Flotte de Fer. Toutefois, elle se fait la promesse de le reprendre lorsque son devoir conjugal sera pleinement accompli.

Son mariage n’a rien à voir avec le premier, Manfred est bien loin d’être le mari idéal, elle ne cesse de découvrir des facettes toutes plus sombres les unes que les autres sur la personnalité de son mari. Ça lui plaît. Ils s’entendent bien et pour couronner le tout sexuellement il n’y a rien de cordial entre eux. Il lui faut peu de temps pour tomber enceinte, soulevant tout doute sur sa fertilité, ce qui l’oblige à lever le pied, elle apprend la nouvelle à son mari lorsqu’elle le rejoint à Noirmont d’où ils se font couronner. Devenue Reine plus vite qu'elle escomptait, il lui faut désormais jouer le rôle de la Reine pieuse au sein de la cour à Hautjardin tandis que son ventre s’arrondit. De sa petite tour, elle suit les événements de Westeros, les avancées des guerres, les pertes, la trahison de son frère aîné, la mort de son père, le couronnement de son petit bâtard de frère. Rien de tout cela ne l’enchante, son royaume scindé par les ambitions du Tully comme de son propre frère, pire encore son père ne la désigne pas comme héritière et lui préfère son bâtard. Ses ambitions s’élargissent, ce n’est pas seulement la Flotte de Fer qu’elle reprendra, c’est tout le royaume bâti par son grand-père et père.

L’Empire doit disparaître. Tout comme son frère d’une manière ou d’une autre, pour l’instant, elle a encore besoin de lui à sa place, mais elle s’estime la seule capable de réunifier les riverains, réunifier le royaume du sel et du roc. Les menaces sont partout au sein de sa propre lignée, son neveu, sa belle-soeur, désormais Harloi, l’Ouest et le Val poursuivent leur politique de l’autruche, mais elle compte bien leur secouer les puces d’une façon ou d’une autre. Dorne a fini par céder, mais il existe de trop nombreuses dissensions qu’ils doivent étouffer. Puis, la naissance de sa fille, Ceryse Hightower, on ne peut pas dire qu’elle possède l’instinct maternel, mais elle tuera quiconque s’en prend à sa chair, à son sang. La déception aussi, elle doit donner naissance à un héritier, ce qui rallonge d’autant sa présence à la cour au lieu d’être au cœur de l’action.

Certaines choses se passent comme prévu, notamment le ralliement de l’Ouest et du Val aux Puissances centrales par l’entremise de son mari, et d’autres sont des complications dont on se passerait bien. Ses plans sont contrecarrés par la mort de son frère, l’empoisonnement de sa femme mène à sa fausse couche, et laisse le royaume bati par son père sans tête couronnée. Naturellement, la dernière représentante vivante de la lignée de son père réclame la couronne qui lui revient, malgré son mariage, mais elle sera trahie par l’actuel Commandant de la flotte, Lord Harloi, probablement poussé par sa nouvelle femme, Myria.

Soutenue par de nombreux capitaines et les maisons Botley et Merlyn pour la tenue des Etats Généraux, elle se rallie les Greyjoy sur place, mais ce sera Timbal qui se verra coiffer de la couronne de bois flotté. L’échec lui tord les tripes, toutefois, elle n’a pas dit son dernier mot malgré son ralliement au Timbal afin de s’assurer de ne pas voir sa couronne atterrir sur la tête de son plus grand rival de l’événement, Harloi. A la suite d’un appel aux volontaires, elle ampute les îles de centaines de fer-nés pour lancer une offensive sur Salvemer en compagnie de son armée de réserve. Dans le même temps, elle s’assure de l’obéissance des derniers loyalistes Hoare du Conflans à Pierremoutier et fait des îles de fer un royaume isolé du continent.

Pendant ce temps, les alliances se font et se défont, un commerce au profit des Valtigar nouvellement arrivés, le Val en mauvaise posture contre l'Empire, il lui semble urgent de rejoindre son époux, en guerre sur les terres de l’orage.