Eren Hightower
Une femme belliqueuse est un mal sans remède

Salut moi c'est Amandine. J'ai connais BC via par un membre (Orane Whent). Le grand plus de BC, c'est à mon avis l'univers très complet avec une histoire précise et des personnages pré-définis détaillés. Par contre je ne suis pas fan de la prise en main très complexe, beaucoup beaucoup beaucoup d'informations à intégrer d'un coup et à chercher partout. Si 7/7 signifie que je peux passer tous les jours, je pense que ma présence sera au minimum de 5/7. Si 7/7 signifie que je peux rp tous les jours, mon activité sera au minimum de 4/7. J'ai un mot à rajouter et c'est Merci de votre accueil, je pense prendre un certain temps pour peaufiner cette fiche. Enfin, j'ai bien lu le règlement parce le code est

La guerre commence à toucher la totalité des royaumes... Etes-vous partisan de l'unification de Westeros par l'Empire ou les Puissances Centrales, ou plutôt attaché à l'indépendance de votre Royaume? Pourquoi?

La question de l’unification de l’intégralité de Westeros par l’une ou l’autre puissance en jeu est complexe, et Eren se retrouve parfois partagée.

Bien évidemment, elle ne peut pas raisonnablement supporter l’Empire mené par Torrhen et Rhaenys Braenaryon. Qu’importe les personnes qui se trouvent face à elle, ils seront qualifiés d’ennemis dès lors qu’ils s’opposeront à Harren Hoare. La princesse du Sel et du Roc connaît l’histoire et sait bien que son père a tendu une embuscade au roi Aegon Targaryen et à sa sœur-épouse Visenya, les tuant tous les deux. Si le procédé reste critiquable, Eren n’a jamais eu à se poser la moindre question : sa loyauté ne va pas à la manière mais à l’homme. Elle choisira le camp de son père, et qu’importe ce qui pourrait advenir. Elle ne saurait envisager de trahison assez affreuse pour lui faire réviser cet avis.

Mais elle a aussi un penchant pour la neutralité. En effet, si Harren le Noir n’était pas son père, peut-être prendrait-elle un autre parti. A l'heure actuelle, sa renommée sur la mer n'est plus à faire, son nom est désormais prononcé avec crainte, et elle s'en réjouit. Mais elle pourrait vouloir monter sur un trône, c'est là même une nouvelle ambition. Pour l'heure Commandante de la Flotte de Fer, elle ne renonce pas à l'idée de devenir reine, même s'il faut pour cela partager ce pouvoir. C'est la voie qu'elle semble avoir choisi grâce à son alliance avec Manfred Hightower, et régner sur un royaume de Westeros n'est pas pour elle une idée déplaisante. 

Loyauté ou ambition ? Peut-être faudra-t-il faire un choix.

La vie sans gloire est une mort anticipée.

Le boutre naviguait sur une mer d’huile. Pourtant, la tempête qui l’avait envahi était bien loin de se calmer. Un silence lourd régnait sur l'embarcation à l’exception d’un cri récurrent et strident. Les marins contemplaient la fille d’Harren le Noir à leur bord, couverte du sang de leur capitaine. Il était mort depuis plusieurs minutes déjà, mais elle n’avait de cesse de le poignarder en hurlant, encore et encore.

Les plus anciens de l’équipage se remémoraient son arrivée, cinq ans plus tôt. C’était une fillette de seulement dix ans à l’époque, mais déjà bien turbulente et virulente. Elle s’était investie de façon spectaculaire, animée par l’amour de la mer et de la navigation. Mais cette joie qu’elle avait en abondance au début s’était finalement peu à peu éteinte. Quand son jeune demi-frère, Yoren Pyke, alors âgé de seulement sept ans, l’avait rejointe sur ce boutre il y a trois ans, la situation avait empiré encore. Tous les matelots n’avaient pas compris encore à ce moment-là, mais les plus observateurs savaient déjà ce qui se tramait dans la loge du capitaine, la nuit. Et aucun d’eux n’avait esquisser le moindre geste pour faire cesser cela. Evidemment, comment s’opposer à son capitaine ? Et pour quoi exactement ? Pour une gamine ? Tant qu’il ne la tuait pas, la colère du roi ne s’abbattrait pas sur eux et cela serait déjà très bien. Alors ils avaient fermé les yeux. Sur les cris, sur les pleurs, sur les blessures. La vie en mer était difficile. Celui Qui Réside Sous Les Vagues attendait de chacun d’eux des sacrifices, des souffrances, des privations. Alors seulement ils se rendraient dignes d’être des Fers-Nés. Ils avaient eu le même raisonnement pour la jeune enfant. Et aujourd’hui, elle se montrait majestueusement Fer-Née à leurs yeux, car elle venait d’annihiler un homme qui l’avait brisée depuis bien trop d’années.

L’adolescente, pour sa part, avait une autre vision des choses. Abandonnée à son sort par ces lâches, elle avait du lutter contre son envie d’en finir. Forcée de subir des actions innommables, elle avait bien cru qu’elle ne survivrait pas jusque là. Mais au moment d’abandonner, Yoren était entré dans la partie, et elle n’était alors plus la seule qu’il fallait protéger. Le garçonnet avait été rabroué, chahuté, et elle craignait qu’il ne subisse le même sort qu’elle. Alors elle avait fait profil bas, s’efforçant de l’aider. Avoir quelque chose à protéger était devenu une des rares sources de satisfaction. Cela et tuer le capitaine.

Et aujourd’hui, pendant que le soleil commençait à décliner, cette envie fut plus forte que tout le reste. Plus forte que son envie de protéger son frère, plus forte que son envie de rester en vie. La haine s’était infiltrée dans son sang, elle coulait dans ses veines, emplissait son coeur. La petite fille turbulente s’était chargée d’exécration, d’horreur, et elle avait accouché de cette boule de fureur qui allait s’abattre sur le boutre. Une fois encore, la soirée fut arrosée après un énième pillage. Une fois encore, le capitaine commença à l’attirer vers sa cabine. Mais cette fois fut différente.

Il n’était pas difficile de se procurer une arme sur un tel navire. Eren avait trouvé une dague. A quinze ans à peine, elle n’avait encore jamais tué personne. Mais sa répulsion assura sa prise et sa résolution. Jamais le capitaine ne l’aurait cru capable d’un tel acte. C’est pourquoi la surprise fut totale quand la lame de l’arme se ficha dans son cou. Son retrait fit place à un geyser de sang, mais il n’eut pas l’occasion de se poser la moindre question, car les coups s’enchainèrent à un rythme effréné. La jeune fille s’était mise à hurler, comme si toutes les meurtrissures qu’elle infligeait à son bourreau n’étaient plus suffisantes pour faire sortir sa rage. Les membres de l’équipage s’étaient précipités, mais il était déjà trop tard. Ils ne pouvaient que rester stupéfaits devant ce spectacle morbide. Elles les haïssait, elle voulait tous les tuer. Sa soif de tuer ne semblait pas vouloir cesser, même après la mort du capitaine. Cette énergie nouvelle flottait autour d’elle telle une aura qu’ils perçurent tous. Elle porta un ultime coup, poussa un ultime cri. Puis elle reprit son souffle. Le calme revint, mais cette énergie, cette soif, ne disparaissaient pas. Elle saisit le sabre du cadavre sanguinolent qui gisait à ses pieds, puis elle s’adressa à l’équipage d’une voix ferme : « Jetez-le par dessus bord. Et retournez à vos postes. » Pendant un instant, les matelots hésitèrent. Une gamine de quinze ans venait d’assassiner sauvagement leur capitaine devant eux, et maintenant, encore couverte de son sang, elle leur donnait des ordres ? Mais ce déchaînement de fureur leur fit peur, et ils obéirent à ces premiers ordres. Peut-être serait-il possible de l’abandonner sur une île la prochaine fois qu’ils accosteront …

Ils ne l’abandonnèrent jamais. Car elle tua trois hommes encore le mois qui suivit parce qu'ils voulaient se débarrasser de cette encombrante capitaine. Elle trancha la langue d’un quatrième et le pendit au mât. Ce dernier fut sans doute celui qui marqua le plus les mémoires. Il avait parlé de ce que la jeune fille avait subi, Eren s'était alors transformée en furie, redoublant de cruauté pour passer l’envie à quiconque de parler de cela à nouveau. Plus jamais elle ne voulait entendre le récit de ce qu’on l’avait obligée à subir, plus jamais elle ne voulait entendre ce mot. Plus jamais. Cela avait allumé une flamme destructrice et meurtrière en son coeur. Et elle ne s’éteindrait plus jamais.



Le vieux Regnar s’éponge le front en montant précipitamment les escaliers du château de Dix-Tours. Son grand âge ne lui permet pas non plus de s’élancer comme un jeune homme, mais la nouvelle qu’il porte à sa maîtresse est d’une gravité telle qu’il ne peut pas se permettre de traîner. Comment cela a-t-il pu arriver ? Qui a bien pu commettre un meurtre si monstrueux ? Non pas que le vieux Regnar n’ait jamais vu d’autres assassinats auparavant, mais ici, ce malheureux n’avait eu aucune chance face à un tel traquenard. Il se remémore le cadavre, ensanglanté, éviscéré. Il s’arrête et ferme les yeux quelques instants pour oublier cette vision de cauchemar. Elle doit apprendre la nouvelle. Maintenant. En arrivant devant la porte des appartements de la Commande de la Flotte de Fer, il se fige. Un moment d’hésitation. Les colères de cette femme sont légendaires. Pas plus tard que le mois dernier, elle a fait passer par dessus bord un matelot qui avait simplement mis trop de temps à replier la voile. Alors qui sait ce dont elle est capable pour une chose aussi grave. Il se tord les mains devant la lourde porte de bois. Il la craint certes, mais il l’apprécie aussi beaucoup. C’est une femme loyale, fière, combative, une digne Fer-Née en somme. Le vieux Regnar est fier de servir sa princesse. Mais parfois, il a tout de même peur de se prendre un coup de dague dans la carotide … Il souffle. Courage Regnar. Elle doit savoir. Il frappe à la porte et entre.

Elle est assise sur le rebord de sa fenêtre et contemple la mer. Il l’observe un instant. Elle a 22 ans, et pourtant déjà la stature d’un grand chef de guerre. Ce ne sont plus les traits fins de son visage ou encore son corps musclé et élancé qu’on remarque maintenant mais la dureté et la détermination de son regard. Comme si elle avait déjà vécu une vie toute entière, comme si elle avait déjà vu des choses que même le vieux Regnar ne pouvait imaginer. Il connaît les rumeurs, il sait ce qu’on raconte à propos de ce capitaine qu’elle a tué. Mais il sait aussi que le dernier qui a abordé ce sujet s’est retrouvé la langue tranchée. Aussi, il cesse immédiatement de se poser des questions, comme si elle pouvait lire en lui. Et il a une nouvelle à lui annoncer. « Commandante ... » Elle tourne la tête vers lui. Ce regard, ce regard … Il le cloue sur place. Curieusement, elle ne semble pas perdre patience aujourd’hui. Habituellement, une telle hésitation lui vaudrait déjà une remontrance. Il prend son courage à deux mains : « Votre époux a été assassiné. Cette nuit. On lui a tendu une embuscade. Plusieurs hommes très certainement ... » Ca y est, la nouvelle est lâchée. Il se crispe. Mais rien ne vient. Eren Hoare ne réagit pas. Elle joue négligemment avec un verre posé près d’elle avec sa main droite. Elle continue de le fixer, avec détachement. Le sang du vieux Regnar se glace. Il a peur de comprendre. Mais elle ne doit pas lire sur son visage. Surtout pas. Alors il parle, et parle encore : « Les pêcheurs l’ont retrouvé tôt … Ce matin. Il … Il était … Oh, si vous aviez vu ça. Couvert de sang. Les tripes à l’air, ouvert de là à là, c’était affreux … » Il fait un geste allant de sa gorge à son entre-jambe. La jeune femme ne parle toujours pas. Elle détourne le regard et le pose sur le lointain. Sa main droite se désintéresse du gobelet et saisit un fruit près d’elle. Elle plante ses dents dans la chair bruyamment. Il ne sait comment réagir, alors il parle encore « J’ai dépêché des hommes pour retrouver les auteurs de ce crime, il était attaché, ils lui sont certainement tombés dessus à plusieurs, ils attendaient qu’il sorte de ce tripot, et euh ... »

« Quelle perte de temps. » Regnar sursaute. Elle vient de parler, et ces paroles sont pour le moins … Étranges. Et ce calme, cette froideur … Il sent de grosses gouttes de sueur couler sur son front. Il s’éponge. Elle ne le regarde pas. Les yeux perdus dans le lointain, elle continue : « Il y a fort à parier qu’on ne retrouvera jamais qui a fait cela, ni son commanditaire. Tout cela me semble bien trop professionnel. Je te suis reconnaissante de ton dévouement, mais il est maintenant temps de préparer les rites funéraires pour Stanford. Occupe t’en. » Il saute sur l’occasion de pouvoir quitter la pièce : « A vos ordre. » Il sort à reculons pour s’échapper au plus vite mais sans la perdre du regard. L’image la plus terrorisante qu’il garde en mémoire est cet air de satisfaction qu’elle affiche en contemplant l’horizon au moment où il referme la porte.



La mer, tumultueuse, se déchaînait de toutes parts. Le dieu des Tornades, maître du vent, était visiblement en excursion ce matin-là. Et il avait soif de son divertissement favori : couler ces présomptueux marins, trop sûrs d’eux pour ne pas reculer devant la tempête qui s’annonçait superbe. La « Garce Mortelle » affrontait courageusement les vagues qui lui battaient les flancs. Le vent fouettait les voiles que le mât supportait avec peine. Le bâtiment, imposante structure de bois en temps normal, ne semblait plus qu’être un jouet des éléments. Chaque matelot luttait contre l’air iodé qui battait vigoureusement chaque parcelle de leur corps. Trempés, ils résistaient néanmoins avec force et courage, car leur capitaine se tenait au milieu d’eux, vociférant ses ordres pour les tenir à flot. Eren Hoare, commandante de la Flotte de Fer, avait laissé la barre à son Second pour se jeter au milieu de ses hommes. Elle savait par habitude qu’en se mêlant à eux, en allant au devant de l’action, elle exalterait leur robustesse et leur résistance. Et puis, elle devait l’avouer, se joindre aux opérations lui plaisait grandement. La mer était son élément.

Elle exultait. Son équipage et elle revenaient d’une longue expédition. Ils avaient vogué, pillé, et cela durant des années. Les côtes de Dorne et d’Essos avaient appris son nom à leur dépend, et elle se plaisait à croire qu’ils tremblaient encore à l’évocation d’Eren Hoare, guerrière sans merci . Ses cales étaient remplies de trésors, mais ce qu’elle aimait par dessus tout, c’était cette violence des éléments, cette violence des hommes. Elle luttait tous les jours pour plaire au dieu Noyé, et pour cela, elle tranchait la gorge de ses ennemis sans ciller, plantait la lame de son épée au plus profond de leurs entrailles. Sa soif de pouvoir et de mort était désormais le moteur de sa vie. Et elle adorait cela.



Eren était à nouveau entrée dans une colère noire. Elle jetait tous les objets qui se trouvaient à sa portée, brisant des vases, de la vaisselle, des chandeliers, etc. Les servantes se tenaient loin d’elle, tout particulièrement celle qui venait de lui apporter la missive qui l’avait mise dans cet état. « Comment a-t-il osé ce fils de chien ?! Comment ? » Elle saisit une chaise en bois et la lança à travers la pièce. Kevan Gardener venait de fuir et de trahir par la même occasion sa famille et son royaume. Et Eren. Non pas qu’elle ait eu le moindre sentiment pour cet homme, mais cette alliance était un engagement qu’elle comptait honorer. Le mariage n’avait jamais été une affaire dans laquelle elle se sentait très à l’aise, elle était très loin de faire une parfaite épouse, douce, aimante et attentionnée. Son précédent époux ne pouvait plus en témoigner, mais s’il le pouvait, elle ne doutait pas qu’il ne tarirait pas d’éloge sur ses capacités en terme de navigation et de combat. Mais sans doute trouverait-il d’autres motifs de plainte … Mais jamais, malgré tout cela, elle n’aurait fui devant une telle responsabilité. Elle avait obtenu ce mariage après de longues négociations en compagnie de Myria pour rapprocher le royaume du Bief de celui d’Harrenhal. Si le procédé ne l’enchantait pas, au moins les résultats étaient-ils à la mesure de ses espérances. Le futur roi n’avait pas eu l’air ravi de découvrir que la renommée de sa promise n’était pas infondée. Il faut dire aussi qu’Eren n’avait pas cherché non plus à se faire passer pour une dame de la cour. Mais au point de le faire fuir ? Cette pensée la fit hurler de rage. Quelle insulte ! Elle pria le dieu Noyé de remettre le jeune homme sur son chemin, au moins une fois, une seule fois, pour laver l’affront qui venait de lui être fait, et lui faire payer sa déloyauté …



Les vagues venaient s’écraser sur le rivage du Bief. Eren les observait, pensive. Cette vision de la mer, cette mer qu’elle chérissait, lui procurait du plaisir et en même temps beaucoup de frustration. En effet, cela faisait déjà deux mois que le château de Solfoyer était comme une cage dorée pour la nouvelle dame de la maison Hightower, privée de son bateau et de son équipage. Privée de ses escapades maritimes. Depuis son mariage avec Manfred Hightower, le prétendant qui s’était immédiatement proposé pour remplacer ce traître de Kevan Gardener dans cette alliance, elle n’avait pas repris la mer. Vraisemblablement, elle était censée se faire à la vie de château, apprendre les bonnes manières, à comment se comporter en société … Et en tant qu’épouse également. C’était une première pour elle, ce qui était étonnant car elle avait déjà été mariée. Mais Stanford Petitbois était bien loin d’arriver à la cheville de Manfred. La princesse du Sel et du Roc estimait cet homme. Elle avait retrouvé en lui cette même détermination froide et cette même ambition qui la caractérisaient elle aussi. Elle savait qu’ils pourraient accomplir de grandes choses tous les deux. Et puis, ce n’était ni un bossu ni un balafré, il était plutôt agréable d’être en sa compagnie. D’amour, il n’était pas question. Mais elle n’était pas tombée trop mal. Sauf que la mer lui manquait.

« En ce moment même, ils sont en train de tenir le siège des Météores. La Flotte de Fer empêche les passages maritimes. Et je suis là à attendre ... » Si un objet s’était trouvé à portée de main, elle l’aurait lancé loin dans la mer. Cette situation était insupportable pour elle. Elle était une guerrière, une navigatrice. Et ses hommes se battaient à des kilomètres de là, sous ses ordres certes, mais sans elle. Elle apprendrait quelques jours plus tard que la ville était tombée ce jour-là. Ses matelots avaient bien fait leur travail. Mais cela la plongerait plus encore dans cette tristesse et cette colère d’être tenue à l’écart de tout ce qui la faisait vibrer ces dernières années.

Que faire désormais ? Elle craignait que ce mariage et cette vie nouvelle soient en totale inadéquation avec elle-même. Et d’un autre côté, cela pouvait être l’occasion de réaliser ce rêve auquel elle aspire secrètement depuis quelques temps maintenant : obtenir un trône. Elle n’avait pas épousé un roi certes, mais elle soupçonnait Manfred d’être parfaitement capable de se donner les moyens pour arriver à un tel résultat. Et elle aurait alors un pouvoir incroyable ... Mais cela devrait poser beaucoup de problèmes. Son époux accepterait-il de devenir un suzerain aux ordres d'Harren Hoare ? Car s'il visait l'indépendance du Bief, alors les relations diplomatiques seraient à n'en pas douter extrêmement tendues. « Pourquoi est-ce que je pense tout en fonction de cet Hightower ? » se demanda-t-elle. En effet, elle venait de se rendre compte qu'elle ne cessait de penser à ses décisions, à ce qu'il pourrait faire. Cette constatation assombrit son humeur. Elle qui s'était toujours débrouillée seule, elle à qui des centaines de marins obéissaient au doigt et à l'oeil, était-elle devenue une simple épouse dont la principale fonction était d'être un ventre pour donner un héritier ? Elle voulait plus, elle aspirait à beaucoup plus. Debout, devant la mer, elle promit au dieu Noyé de ne jamais devenir ce genre de femme.