Eren Hightower, née Hoare
Sacrifices are always required in the name of glorious pursuits

Salut moi c'est Eren. J'ai connais BC via PRD. Le grand plus de BC, c'est à mon avis de s'émanciper de la série. Par contre je ne suis pas fan de mon incapacité à trouver les infos du premier coup *meurt*. Si 7/7 signifie que je peux passer tous les jours, je pense que ma présence sera au minimum de 5/7. Si 7/7 signifie que je peux rp tous les jours, mon activité sera au minimum de 3/7. J'ai un mot à rajouter et c'est désolée d'avance si je fais des boulette, le contexte est fourni et je suis en PLS *cookies sur vous*. Enfin, je confirme avoir bien lu le règlement.

La guerre commence à toucher la totalité des royaumes... Etes-vous partisan de l'unification de Westeros par l'Empire ou les Puissances Centrales, ou plutôt attaché à l'indépendance de votre Royaume? Pourquoi?

Eren a l’âme déchirée, une ambivalence à l’écho du tiraillement entre son passé et son avenir. La guerre l’a bercée dès son enfance, et elle a toujours cru que ses pas la mèneraient dans les traces de celles de son père ; Son ombre berçait la sienne, grandissante, tandis qu’elle s’élevait à ses côtés pour servir ses intérêts aveuglément. Toujours, elle devait être son fer-de-lance, sa main armée et, avec son frère, devait asseoir la domination du Noir sur les terres et sur les mers. Sa loyauté lui était entièrement acquise et peu importe où les combats la menaient ; Elle rêvait de voir le monde unit sous une seule bannière : la leur. Quel cruel coup du sort devait faire voler ses rêves d’indépendance en éclats… La guerre est un monstre vorace qui consume tout, sans distinction, et elle rêve désormais de le voir calciner ses ennemis, la couronne de l’Empereur-régicide et sa putain.

Harren était conscient des fragilités de son territoire. Alors il leur fallait des alliés extérieurs et, dès lors, il n’y eut plus qu’un royaume à considérer mais plusieurs. Son père s’était en effet arrogé le soutien du Bief et malgré sa disparition, elle se devait d’honorer ses engagements – ce qu’elle ne regretta guère. Tandis qu’elle siège désormais aux côtés de Manfred Hightower comme Reine, ses horizons se sont considérablement élargis, adaptés aux besoins nouveaux d’une situation terrible qui a plongé le Royaume des Fleuves et du Crépuscule dans la tourmente. Elle sait que pour assurer la pérennité des territoires de feu son père, elle doit faire amende honorable auprès des Bieffois et s’y affaire, faisant sacrifice de sa hargne et de son corps pour porter l’héritier de leurs ambitions. Cela lui coûte, mais si elle peut ainsi s’assurer de mettre l’Empire à feu et à sang et permettre leur victoire, alors elle s’y plie volontiers.

Et l'unique cordeau des trompettes marines

Une couronne d’or noir sertissait son crâne fragile, et cette vue avait arraché un sourire féroce et satisfait à son père. Son frère, lui, l’avait considérée d’un œil distrait sans réellement prêter attention à l’être braillard et insignifiant qui accaparait sa mère, trop jeune pour comprendre et plus encore pour s’attacher. Quant à la femme-roc du Noir, dont les bras grêles entouraient amoureusement le cocon de linges, elle se remettait péniblement de l’accouchement qu’elle venait d’endurer et contemplait sa fille. Eren, fruit de l’union de deux êtres aussi différents que cela semblait possible ; Lui, tyrannique, cruel, implacable et elle, douce, fragile et soumise. Faible, elle l’était de l’avis de tous mais si elle avait su faire une chose, c’était lui donner des enfants robustes et pour cela il lui en était reconnaissant. Avec le temps, il lui fut donné de voir que son fils n’était pas tel qu’il l’aurait souhaité et il l’en tenue pour personnellement reponsable ; Plus cérébral que guerrier, plus émotif qu’impitoyable, il ne pouvait que jauger d’un œil mauvais la trempe de son héritier et reporter ses prétentions sur son autre descendant.

C’est pourquoi déjà enfant, Eren avait l’affection de son père et portait ses ambitions ; Il ne voyait pas en elle le sexe fragile de sa mère, mais l’émissaire de sa volonté sur les mers et sur les terre et il était prêt à tout pour concrétiser cette vision. Il voyait dans son regard d’obsidienne la flamme noir qui l’avait animé, il voyait dans sa crinière indisciplinée l’étendard de son ascendance et il savait que dans son tempérament indocile se cachait un métal qui, forgé à son image, deviendrait son arme la plus létale. Encore fallait-il l’éprouver, ce métal ! C’est ce à quoi il s’appliqua méthodiquement dès ses plus jeunes années, au grand dam de sa mère qui souffrait douloureusement le traitement qu’il lui faisait subir. Elle-même tenta bien de mater le caractère revêche de l’enfant mais rien n’y faisait ; Elle rejetait d’un bloc toute son autorité, ne se pliant qu’à grand peine à celle, terrible, de son père.

L’îlienne s’endurcit, gagnant en maturité et en appétence. Chaque bleu, chaque balafre et chaque fracture était portée comme un trophée, et elle fut rapidement rompue à l’art martial, et tout aussi rapidement propulsée sur le ponton crasseux d’un boutre. Contrairement à sa mère, qui ne supporta guère de se voir arrachée sa fille unique, Eren n’y vit pas un châtiment mais une occasion inespérée de faire ses preuves. Là où sa naissance l’aurait contrainte à servir de putain à quelque seigneur dont son père aurait cherché à s’arroger les faveurs, il lui offrait la possibilité de prouver qu’elle était plus que ça. Et dans le regard d’un enfant qui ne voyait qu’à travers la grandeur de son père, cela valait bien de subir toutes les peines et d’essuyer toutes les humiliations.

C’était tout moins ce qu’elle pensait.

La première nuit fut terrible, mais bien moins que la première matinée où à la douleur céda à la honte. Elle voulut arracher de ses ongles la fleur cramoisie qui marquaient les draps rêches, en vain et elle eut beau essuyer son entrejambe avec tant de vigueur qu’elle eut mal, il n’en resta pas moins irrémédiablement souillé. Les nuits suivantes ne furent pas moins abominables, et ne furent jamais amoindries par les regards plein de pitié qu’on lui lançait lorsqu’elle sortait de la cabine à l’aube. Pourtant, nul n’osa s’élever contre la voix de leur Capitaine ; L’enfant malingre et acrimonieuse qu’elle était ne valait pas la peine qu’on prenne sa défense et elle-même ne demanda jamais l’aide de ses aînés. Elle n’avait pas pleuré sa virginité arrachée, pas plus qu’elle ne se morfondait lorsqu’on la battrait – parfois pour ne pas avoir suivi des ordres, parfois par plaisir. Parce qu’elle savait, au fond d’elle, elle savait ; Lorsque son tour viendrait de s’élever, ce sera dans le sang, dans le sel et dans le fer. Elle le savait. Le Dieu Noyé saurait la guider

Elle patienterait.
 

Les années avaient fini par succéder aux mois, n’altérant ni son ambition, ni sa rage dévorante. Etonnement, c’est avec placidité qu’elle avait fini par accepter son sort, désireuse de ne pas donner à son agresseur la satisfaction de la sentir se briser sous ses assauts. Et la voir ainsi froide, muette et imperturbable l’enrageait assez pour qu’il la batte au lieu de la violer. Même si ça n’enlevait rien à l’horreur de sa situation, ni à la nausée qui lui étreignait chaque fois le cœur chaque fois qu’elle passait la porte de la cabine, elle en tirait une joie malsaine qui alimenta sa résolution. Ainsi s’égrainaient les jours sur une mer d’huile et sous un soleil de plomb. Au fond, Eren demeurait confiante ; Elle savait que son heure l’attendait patiemment, et qu’elle n’aurait qu’à tendre la main pour saisir ce qui lui revenait… De droit ? Assurément pas. Elle était figure de l’Antique Voie ; Ce qu’elle voudrait, elle le prendrait au fer-prix et ceux qui se mettraient sur son chemin seraient balayés sans distinction.

Elle commencerait par le commandement de ce boutre.

On lui avait présenté l’enfant comme étant son demi-frère mais elle ne l’avait jamais considéré comme tel. Il était de son sang, il était à ses côtés et elle se devait de le protéger par tous les moyens ; Ainsi, s’il faisait une erreur, elle en assumait les conséquences et si on s’en prenait à lui, elle s’interposait et qu’importe quel sang elle faisait couler pour cela. Petit à petit, Yoren trouva la force de se défendre mais aussi de la défendre elle et, à deux, ils se savaient plus forts qu’eux tous réunis. Leur situation finit par changer, éventuellement, et ils trouvèrent tous deux leur place sur le boutre. Eren gagna le respect de ses pairs, s’imposa par la force et gagna en influence au sein de l’équipage. Si elle avait un jour répugné à blesser, il n’en était plus rien ; Elle avait appris à aimer le goût du sang, à se délecter des râles d’agonie et à rendre hommage à ceux qu’elle avait abattus. Chaque mort était exécutée en l’honneur du Dieu Noyé et chaque victoire un pas de plus vers sa renommée grandissant. Elle mettait tant de fureur, tant de cruauté et tant d’implacabilité dans le combat que même ses alliés commençaient à la craindre.

La belliqueuse enfant était née par le Fer.

Mais elle lut un jour dans les flots que son heure était venue. La mousse blanche s’écrasait sur la coque qui filait silencieusement à l’est et une mèche folâtre venait caresser la courbe de son visage. Au crépuscule croissait ses terreurs, mais Eren savait que c’était aujourd’hui que son calvaire prenait fin. Peut-être était-ce à la façon dont les lames s’étaient écrasées sur la proue, peut-être était-ce la vision d’une ligne d’horizon déformée par la brume,… Aussi loin que porte son regard, il n’y avait que présages et l’excitation grandissait en son sein ; Elle avait soif de liberté, et si elle ne s’en emparait pas aujourd’hui, elle ferait tout aussi bien de rejoindre son Dieu sous les flots, noyée à ses côtés. Le cœur chargé de cette promesse, l’îlienne attendit patiemment que le soleil ne coule derrière le rideau fumeux de la mer et qu’elle fut traînée, de force, dans la cabine de leur capitaine.

Là elle l’abattit aussi froidement qu’elle aurait abattu n’importe quelle autre proie et qu’elle ait partagé sa couche n’y changeait rien. Elle avait profité de ses assauts pour cacher une lame meurtrière dans la rondeur de sa cuisse et l’avait brandie dès que l’occasion lui avait été donnée, tranchant dans la gorge si nettement que l’homme eut tout loisir de comprendre ce qui lui arrivait. Et la surprise dans ses yeux, dont elle se délecta, ne mourut jamais vraiment, aussi vivace qu’au premier jour dans le cœur de la guerrière. Le sang chaud l’aspergea, mouchetant sa peau diaprée de sueur et le corps se convulsa dans un dernier sursaut avant de rouler au sol, entachant irrémédiablement le bois brut de la cabine qui avait vu tant de leurs ébats. Lorsqu’elle en sortit, nimbée de carmin, tous eurent l’occasion de se délecter de l’image superbe et pourtant nul n’osa s’appesantir. Il y avait dans ses yeux, cette folie qui n’animait qu’elle et que tous avaient appris à craindre.
Elle indiqua le sommet du mat et, sans un mot, ils s’exécutèrent.


Le boutre avait été renommé en son honneur et rien ne savait plus flatter son égo. L’équipage l’avait acceptée comme Capitaine, sans qu’elle sache très bien s’ils avaient choisi de la suivre ou si sa prestation – et celles qui suivirent – avait calmé leurs ardeurs. Toujours étaient-ils que ceux qui y avaient vus l’opportunité de prendre sa place nourrissaient désormais les poissons et que la Garce Mortelle jouissait d’une paix relative mais bienvenue. De ces hommes, elle s’était assurée la fidélité en leur promettant ce qu’ils désiraient profondément ; Carnage, richesses et renommée… Des bêtes, aurait-elle raillé. Elle puisait en réalité dans la catharsis de leurs pulsions les plus sauvages la loyauté suffisante pour qu’ils acceptent de la suivre aveuglément malgré son âge et malgré son sexe. Avec Eren à sa tête, le boutre acquit une notoriété nouvelle et pilla sans discontinuer les côtes occidentales, lesquelles étaient devenues en très peu de temps leur terrain de chasse favori. Et celui, privilégié, de ses expérimentations tactiques.

La fille du Noir dominait par la peur, les promesses et la religion si bien qu’on crut longtemps que le Dieu Noyé lui-même répondait à ses prières, lorsque c’était en réalité pour elle-même qu’elle colorait de rouge les eaux que son navire fendait. Elle s’empara d’un snekkar dont elle offrit la barre à son jeune frère, puis d’un autre et d’un autre et se constitua ainsi une escadrille redoutable. Mais si commandement était auréolé de gloire, c’était parce qu’elle savait exactement où et quand frapper, déroutait ses ennemis par sa vivacité d’esprit et son pragmatisme. Là où d’autres frappaient par appât du gain, elle frappait par stratégie et châtiait les ennemis de son père, touchant si bien que ses ordres n’étaient jamais discutés. Finalement, au grès de ses escales, on lui rapporta que son nom commençait à être murmuré dans les bordels et les tavernes. On craignait les voiles innombrables de son escadre. Cela lui plut. Mais elle visait plus haut.

Son père crut bon de rappeler à sa sauvageonne de fille que ses devoirs envers sa maison ne se limitaient pas au fait de piller terres et mers en son nom. Elle entendit par là qu’il avait besoin de consolider quelques alliances pour asseoir ses positions conflanaises auprès de vassaux qui peinaient encore à voir d’un bon œil la domination – pourtant solidement établie – des fer-nés. Parmi eux se trouvait Lorimas Petitbois, et il s’avérait que ce dernier avait un fils à marier du nom de Stanford. Mais là où le père se montrait fédérateur et fin stratège, le fils était une brute écervelée et Eren l’avait haï sitôt qu’elle avait posé ses yeux sur lui et qu’il l’avait dardé de son regard porcin plein de stupre. Les noces célébrées, et encore drapée du manteau de son nouvel époux, l’îlienne se fit la promesse de mettre un terme à cette union avant qu’il ne puisse planter sa graine viciée en elle et consentit à contrecœur à une nuit de noces décevante.

Le temps passé en mer contribuait largement à maintenir les époux à distance, et lorsqu’elle était sommée d’accomplir ses devoirs conjugaux, le thé de lune se chargeait de tuer dans l’œuf toutes les prétentions de son mari. Ce dernier commençait à perdre patience, voyant les semaines devenir des mois et aucun héritier se profiler à l’horizon. Cette situation lui déplaisait, si bien que lorsque l’alcool l’enivrait et cédait place à la frustration, il battait son épouse inconstante avec tant de hargne qu’il la laissait au sol. Elle, elle ne répondit jamais, trop soucieuse des conséquences que cela aurait sur les assises politiques de son père. Alors elle usa de ses charmes pour séduire un jeune noble, proche de son époux et membre de la maison Lychester, et fomenta lentement mais sûrement l’assassinat de ce dernier.  

D’autres semaines s’écoulèrent et d’autres coups plurent. Chaque fois qu’elle le pouvait, l’îlienne s’arrachait à La Glandée pour épouser les flots et déverser sa frustration sur ceux qui se mettaient en travers de son chemin. Elle savait que ses hommes rêvaient de raids et de victoires, de sortir couverts d’or et d’assouvir leurs penchants pour la violence, et elle savait aussi que l’immobilisme ne jouait guère en la faveur de son commandement. Par ailleurs, elle connaissait la situation de son père et son besoin d’affaiblir ses adversaires, ce à quoi elle s’affairait méthodiquement. Alors elle se lança à l’assaut des puissances côtières, n’offrant aucun répit aux frégates ouestriennes et moins encore aux navires bieffois qui, sitôt tombés dans son giron, ne devenaient que carcasses flottantes à la panse éventrée de leurs trésors. Vins, étoffes, femmes, minerais précieux,… Son appétit semblait insatiable et sa notoriété allait en grandissant. On la réclamait digne fille du Noir et cela finit par attirer l’attention de son père.

S’il ne lui dit jamais combien il était fier d’elle, il la gratifia toutefois de la plus juste récompense qui soit : le commandement de la Flotte de Fer. Elle délaissa la Garce Mortelle pour le navire-amiral de l’armada, déléguant les rênes de son escadre à son frère, en qui elle plaçait toute sa confiance. À terre, un tout autre combat l’attendait. Eren, qui s’était depuis longtemps arrogée les faveurs de son soupirant et sentant que ce dernier était mûr, s’offrit à lui un soir. Puis un second, puis un troisième. Insidieusement, elle mentit à son amant combien la vie auprès de son époux lui était intolérable. Et l’égo de l’homme fit le reste ; Une altercation éclata au cours d’une partie de chasse et l’issue fatale pour le Petitbois libéra la fer-née d’une union qui desservait ses projets et ceux de son père. Elle scella le destin de son amant en le poussant du haut de l’une des tours de La Glandée tandis que, sitôt le méfait accompli, il était venu pour l’emmener dans sa forteresse et la faire sienne. Elle laissa son don naturel pour le mensonge faire le reste et, tandis que des soupçons continuaient de peser sur la veuve éplorée, vint quérir la protection de son père à Harrenhal.


Elle qualifia les années qui suivirent d’Années de Fer. Désireuse de rendre à la Flotte sa gloire, Eren la mena du nord au sud de Westeros, razziant systématiquement ce qui se dressait sur son chemin et apportant le soutien aux armées du Noir chaque fois qu’elle en avait l’opportunité. Dans son sillage, les récits portent à croire qu’il ne restait que des villages en proie aux flammes, des forteresses assiégées, des navires pillés et abandonnés et des monceaux de cadavres. On y prélevait ce qui avait de la valeur, délaissant le reste et tuant ceux qui ne pouvaient servir. Et des ruines fumantes, sitôt qu’ils les quittaient, résonnaient leurs chants guerriers qui mourraient dans le lointain. Tandis que les navires s’échappaient dans ligne d’horizon, les rumeurs les plus folles couraient dans les terres et tous craignaient de voir les mille voiles – et leur présage de mort – se dessiner dans le lointain. Durant des mois, elle ne vécut que par les flots et pour les flots, se délectant de chaque victoire et peu regardante quant aux récompenses. Elle s’enivrait de la gloire du combat, des richesses et des serfs qu’elle enlevait, possédait et sacrifiait au Dieu Noyé.  

Elle apprit le décès de sa mère par missive, alors qu’elle se dirigeait vers Essos – où son appétit démesuré entendait trouver de quoi se satisfaire. D’abord résolue à ne rien changer à ses plans, Eren se laisse dire que sa défection aux funérailles d’Albine pourrait être mal perçue et se laissa convaincre d’y assister, bien qu’elle n’ait eu cure de rendre hommage à cette femme qu’elle a toujours profondément méprisé. Choisissant le snekkar le plus rapide de sa flotte, et un équipage rompu à ce genre de manœuvre, l’îlienne fit voile vers le fief de son père et vogua nuit et jour pour s’y rendre dans les temps. Certains de ses rameurs, serfs épuisés par l’effort et la malnutrition, moururent durant la traversée et elle fit jeter leurs corps à la mer. Lorsqu’elle aperçut finalement les côtes conflanaises, elle ralentit le rythme et se laissa guider à bon port. L’inhumation fut aussi sobre qu’on l’attendait, et le désintérêt manifeste de l’îlienne pour la cérémonie fut remarqué mais peu lui importait ; Son mépris affiché n’était que l’écho de sa réputation austère et elle s’en satisfaisait.

Elle préférait être crainte que moquée.

La fer-née avait remis les voiles sitôt la cérémonie terminée, ralliant la flotte qui était restée stationnaire à plusieurs encablures de là. Pendant des années, ils pillèrent les côtes ouestriennes, bieffoises et dorniennes avant de faire voile vers Essos, profitant d’un courant de dérive qui les porta à moindre effort. Sur place, elle se gorgea des délices exotiques que lui offrait le continent austral, faisant escale dans des ports ravagés quelques temps avant que leurs désirs ne les mènent vers d’autres horizons. Elle en profita également pour grossir les rangs de son armada des navires qui ressortaient indemnes de leurs assauts ; Près d’une dizaine de galères, dont un certain nombre servait à entretenir le marché d’esclaves des cités libres d’Essos, rejoignirent ainsi la Flotte de Fer, troquant leurs noms contre de nouveaux par le sacrifice de leurs équipages au Dieu Noyé.

L’insatiable Capitaine s’apprêtait à pousser ses sacs sur les côtes de Sothoryos quand une missive changea la donne ; Son père la rappelait à lui, lui demandait de nouveau de prendre un époux pour tisser des alliances à même de tenir la dragée haute à l’Empire et ses partisans. Cette fois-ci, le Roi des Rois jetait ses prétentions sur le Bief, empêtré dans des conflits avec l’Orage et Dorne, et qui avait en sus toujours entretenu de relations houleuses avec le Royaume du Sel et du Roc. Il espérait ainsi les rallier à sa cause et faire front commun face aux menaces qui pesaient sur les deux royaumes. Elle relut la lettre autant de fois qu’elle le put et cette idée lui parut chaque fois irréaliste mais Eren choisit de s’en remettre à son Dieu et à la décision de son père ; Elle détourna donc prestement la Flotte de Fer pour rallier Hautjardin afin de s’entretenir avec les suzerains locaux.

Après plusieurs jours de négociations houleuses, un accord fut trouvé et les fiançailles d’Eren avec Kevan Gardener, héritier présomptif du Roi Mern IX et du Royaume du Bief furent annoncées. L’idylle fut cependant de courte durée puisque ce dernier choisit, quelques semaines plus tard, de délaisser ses prétentions au trône, sa fiancée et ses devoirs pour courir se réfugier dans les bras de la Reine de l’Orage fédéré, trahissant ainsi son Royaume et ses alliés. La situation s’envenima rapidement et quoique la fer-née ne soit animée d’aucun sentiment pour son fiancé absent et éphémère, l’humiliation qu’elle ressentit face à cette trahison l’enrage et la poussa à mettre en péril l’accord existant entre le Conflans et le Bief si l’affront n’était pas réparé. Alors que la confusion la plus haute règne, le Bief s’affaira à trouver un remplaçant au Prince félon…  


On peina à trouver un remplaçant à Kevan Gardener et cela irrita Eren qui ne s’en montra que plus exécrable avec les suivantes qu’on avait mis à son service. Par ailleurs, ses hommes commençaient à s’impatienter et l’ordre express qu’ils avaient reçu de ne pas causer de débordement pendant la durée des négoces entrait en contradiction avec leur nature profonde. Tels des chiens fous qui rêvaient de mordre dans la chair, leurs proies se pavanaient devant eux richement drapés, parfumés et prêtes à faire leur gloire. Malgré tout, aucun ne désobéit à la Princesse du Sel et du Roc, ce qui souleva l’étonnement de ceux qui auraient voulu que les fer-nés mettent le feu aux poudres. Mais le débordement de sa frustration à l’annonce de la désertion du traître avait calmé les ardeurs de ses prétendants et aucun ne s’était encore manifesté pour prendre la place vacante aux côtés de l’îlienne. Finalement, contre toute attente, ce fut Manfred Hightower – Seigneur héritier de Villevieille et Amiral de la Flotte Hightower – qui se proposa d’épouser la Fer-née, scellant ainsi l’alliance entre les Royaumes du Roi des Rois et du Bief.

L’îlienne n’eut cependant guère l’occasion de se poser de questions, malgré sa méfiance naturelle envers les Bieffois et sa mésaventure récente avec le Gardener ; Le mariage fut célébré promptement, les vœux échangés sous le regard des Sept et la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre, laissant éclater, çà et là, les contestations. De l’avis de beaucoup, l’union fut préparée prestement et n’en fut pas moins majestueuse. De l’avis de ses hommes, présents pour la cérémonie, elle avait été sacrilège et vaine ; Eren vécut comme un déchirement le fait de renier ses croyances pour adopter celles de son époux, et plus encore la réalisation que Hautjardin – qu’elle n’avait vu en premier lieu que comme une escale – était devenue sa destination finale. Piège insidieux dans laquelle elle s’était jetée volontairement, voilà maintenant qu’on la privait de ses libertés alors qu’elle était au faîte de sa gloire guerrière.

Engoncée dans des robes volubiles aux tissus vaporeux, c’était comme si son propre corps était devenu une prison. Qu’on la lie par un contrat ne la gênait pas, mais qu’on la force à se parer comme une bieffoise et qu’on s’efforce de lui apprendre une étiquette qu’elle connaissait fort bien – mais dont elle se fichait – lui était intolérable. L’îlienne peinait à supporter sa nouvelle situation, et c’était d’autant plus vrai que la Flotte de Fer s’était rendue en soutien aux Météores et qu’elle restait seule à assurer la pérennité de son mariage. Mais comme elle aurait mené n’importe quelle autre bataille, la fer-née s’y appliquait implacablement ; Il ne fallut guère longtemps pour que le cycle de son sang de lune ne soit suspendu par le fait d’une grossesse qui se chargerait d’appuyer leurs prétentions sur le Royaume. Malgré tout, elle était tiraillée par son envie de fendre les mers pour en découdre avec ses ennemis et celui d’assurer ses obligations. Commander depuis la terre lui paraissait insensé, même si elle avait une confiance pleine et entière en son frère…

La situation commença à se dégrader lorsque son frère aîné, Joren, crut bon de se rebeller contre leur père. Si elle n’avait jamais été très proche de lui, dont elle a vécu éloigné la majorité de sa vie, la fer-née peina à comprendre son geste et déplora les conséquences désastreuses qui en découlèrent. Son frère fut impitoyablement abattu et l’héritage de son père mise à mal. Eren se défiait de sa belle-sœur, si bien qu’elle poussa son père à prendre des mesures concernant les enfants de cette dernière – lesquels étaient destinés à hériter du Royaume si le Noir venait à périr. Elle l’exhorta à légitimer son autre fils pour lui permettre de prendre sa succession ce qu’il fit, à leur surprise à tous et y compris la sienne. Mais elle s’en réjouit.

Sa grossesse avançant, Eren ne délaissa pas pour autant ses responsabilités militaires. En vertu de l’accord qui liait le Conflans au Bief, elle mena sa Flotte de Fer aux côtés de celle de son époux pour le siège de Noirmont, qui prit fin avec leur victoire et le couronnement de Manfred en tant que Roi du Bief. Aussitôt, elle éprouva un intérêt renouvelé pour ce dernier, qu’elle découvrit plus ambitieux qu’elle ne l’avait imaginé et envisagea dès lors les possibilités qu’offrirait cette alliance fructueuses à son père tout en alimentant ses propres ambitions. C’est avec d’autant plus de consternation qu’elle apprit la défaite des forces de son père lors de la bataille d’Eysines, enterrant les prétentions du Roi des Rois avec cette implacabilité dont seul le sort cruel était capable. Dévastée par la nouvelle, Eren, elle, aurait voulu pouvoir se dresser à ses côtés et mourir avec honneur mais on en avait décidé autrement pour elle. Elle n’avait eu pour consolation que la survie de son frère, devenu à son tour Roi du Sel et du Roc et la promesse qu’ils finiraient par écraser l’Empire.

Et cela suffit à raviver la flamme qui brûlait en elle.