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 Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé]

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MessageSujet: Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé]   Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé] EmptyJeu 12 Mai - 23:51

AN 2 MOIS 4 SEMAINE 1 - Chêne en Fer

Le domaine de Chêne-En-Fer n’était pas aussi sublime que les Eyrié, ni aussi riche et peuplée que Goëville, et pourtant il avait toutes les commodités nécessaires. La Maison Vanbois avait bien fait usage de ses impôts ou du soutien du Trésors – dont actuellement le Lord était le maître. Un court instant, je me rappelle que cette Maison était également liée à la Maison Royce, par les liens du mariage entre Lyra Royce, née Vanbois, et Asher Royce. Par contre, j’étais bien incapable de savoir si Lady Lyra était la fille ou la petite-fille de l’actuel chef de famille. Il serait bon que je me renseigne, maintenant que je me liais aussi à ces prestigieux noms par des liens similaires.

Soit, par ce simple mariage, je pouvais m’assurer – quasiment – le soutien de la maison Royce et Vanbois. Par la reconnaissance de la légitimité de Lord Rougefort, je pouvais également le compter parmi les vassaux loyaux. J’avais maintenant à renforcer davantage mes liens avec la Maison Graffton. Dès lors, je n’aurais pas à m’inquiéter que le Sud pourrait être désuni vis-à-vis de quelques querelles religieuses ou politiques – du moins, je l’espère. Dès lors, je pourrais pleinement me concentrer sur le développement du Nord et, par extension, de l’approfondissement de mes liens avec les différentes grandes Maisons.

Un court instant, je pense au domaine des Trois Sœurs et plus particulièrement de Sortonne. Des pensées qui s’éclipsent quand Donnel Vanbois m’interpelle, et m’invite à discuter avec sa petite-fille. Oh, il était donc le père de Lyra et, par la même occasion, le grand-père d’Ysilia. Soit !  J’avais accepté cette invitation de dîner davantage par courtoisie que par envie. Je préférais, de loin, ma tente où j’avais la paix, où je n’avais nulle étiquette à observer et surtout où j’étais maître. Certes, j’étais le Roi mais je n’en restais pas moins dans la maison d’un autre.

Je m’approche d’une silhouette familière. S’il n’y avait pas la question du mariage, je l’aurais assurément gratifié d’un sourire amical et d’un baiser sur sa joue. Or, à cet instant, la gêne prenait davantage le pas dessus : nous allions nous marier. De surcroît, la période de deuil s’était terminée, mettant fin au dernier obstacle pour une nouvelle union pour le Roi du Val et de la Montagne. J’aimerais dire que je ne veux pas de ce mariage, mais il est une nécessité.

- Je suis heureux de te revoir, Ysilia, lui dis-je.

Il faut avouer que depuis l’arrivée d’Asher, j’avais davantage fréquenté mon futur beau-père que ma future fiancée. Le mariage avait été vaguement, mais davantage comme une formalité ou une banalité. A cet instant, je sentais poindre un bout de regret. N’était-ce pas le rêve des jeunes filles d’avoir un beau mariage ? Du moins, je le crois. Or, au vu de l’époque et des temps, l’affaire allait se faire de façon sobre et simple et l’époux allait manquer d’appétit et entrain. J’avais grand mal à l’idée de danser ou sautiller de joie, quand les Trois Sœurs se faisaient attaquer. Et autant de mal maintenant que je m’inquiétais sur le commerce futur, si la flotte alliée n’arrivait toujours pas.

Oh, elle méritait mieux, assurément.
Malheureusement, ni elle, ni moi, ne sommes véritablement maître de nos Destins.
Nous devons faire avec les cartes distribuées par ces derniers.

- Que dirait-tu d’une balade dans les jardins ?, lui proposais-je. Tu pourras me parler de ton voyage jusqu’ici. Si je me souviens bien, tu étais aux Eyrié jusqu'à récemment. Elle était venue récemment des Eyrié, je crois bien. A moins que je ne me trompe …


     

Maison Arryn
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Ronnel Arryn
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MessageSujet: Re: Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé]   Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé] EmptySam 14 Mai - 13:25

Pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, elle avait eu l'impression d'être perdue seule face à la Cour des Eyrié, tous venant à la regarder en sachant plus ou moins ce qui s'était conclus dans l'ombre des grands rassemblements de la place forte du Faucon. La Reine Mère n'était plus dans le Val depuis un moment, celle qui aurait du lui succéder était malheureusement morte en couche un an auparavant et maintenant la place était libre au côté d'un souverain qui avait eu à souffrir de la disparition de la seconde et du départ pour d'autres contrées de la première. En tout cas, c'était la rumeur qui circulait et qui venait donc naturellement à poser une nouvelle question : qui serait la prochaine femme qui viendrait à épouser Ronnel Arryn ? Nombre de noms avaient circulé, certains ne manquant pas de parier sur la jeune fille qui allait être choisie, ou encore sur la fin tragique que celle-ci pouvait avoir. Tous ceux qui ne se préoccupaient guère de la guerre, ou avec un regard distant, étaient bien souvent les plus médisants. Mais néanmoins la question venait à agiter l'ensemble des courtisans, alors que la fin du temps de deuil était arrivé, laissant l'opportunité à une nouvelle union, qui ne serait pas une si mauvaise chose avec la guerre qui les touchait de plein fouet le long des côtes. Le nom de la jeune fille Royce avait fini par sortir du lot et certains indices venaient clairement à confirmer ce qu'il était en train de se tramer. Personne n'osait réellement lui poser la question, puisque le souverain n'avait pas fait d'annonce officielle, et dans tous les cas, elle serait venue à garder pour elle l'information. Elle savait assez bien minauder pour ni affirmer, ni infirmer une telle information et ainsi faire comprendre qu'elle était toujours dans la course au titre, sans pour autant être celle qui avait été choisi pour tenir un tel rôle. Il n'était pas ici question de mérite, mais juste de devoir. Et malgré tout ce qu'on pouvait dire, elle n'en restait pas moins un second choix, celui qui venait après le grand amour décédé.

Elle ne voyait pas cela comme une blessure personnelle, elle aurait sans doute aimé pouvoir faire un mariage d'amour comme Ronnel avait pu le faire à ses premières noces. Mais l'un comme l'autre savait où était sa place et le rôle qu'il devait jouer. Elle serait la nouvelle Reine du Val, si les Dieux et les Hommes en décidaient ainsi, c'était son devoir, pour son père, pour sa famille. Certes, elle avait eu le temps d'y réfléchir tout au long du trajet qui séparait les Eyrié de Chêne-En-Fer, terre des Vanbois et donc terre de sa mère. Elle avait essayé de calmer son esprit, ne sachant pas trop ce qui allait l'attendra là-bas et comment elle retrouverait son promis mais également son père alors que la situation du royaume n'était pas au beau fixe. Quand elle avait enfin pu descendre du carrosse, elle avait été conduite dans la chambre qui avait été préparée pour elle à l'occasion, et ses grands-parents étaient venus l'embrasser, soulignant le bonheur de la voir et la félicitant pour le reste. Elle avait été ensuite invitée à se changer, ce qui n'était pas de refus après un tel voyage et pouvoir ainsi les rejoindre pour le dîner. Et pour les retrouvailles avec le Roi du Val. Elle n'avait jamais été anxieuse avec son cousin, mais aujourd'hui les choses étaient bien différentes, elle savait qu'elle ne devait pas faire de faux pas et qu'elle viendrait à être jugée, même par les plus proches. Quand elle eut rejoins les autres, elle vit enfin Ronnel mais c'est lui qui combla la distance entre eux et elle vint à faire une révérence respectueuse devant lui. « Je suis également heureuse de vous revoir. » Elle se demanda si elle devait l'appeler Ronnel ou votre Majesté et elle préféra alors s'abstenir de rajouter quoi que ce soit. Elle hocha la tête avec un léger sourire aux lèvres. « Je ne suis pas contre un petite promenade, cela ne pourra que m'ouvrir un peu l'appétit et cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes pas vu. » Elle commença à avancer vers les jardins, serrant ses mains entre elle. « Le château était bien vide aux Eyrié, sans votre présence ou celle de votre mère. Néanmoins, il me fallait y aller pour me préparer ... »

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MessageSujet: Re: Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé]   Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé] EmptyDim 22 Mai - 1:48

Qu’importe que nous soyons cousins, ou promis, nos rangs nous imposaient d’observer scrupuleusement le décorum. Il n’était donc pas question de baise-main, ou de quelques tapes amicales, mais de révérences, de distance et de courtoisie. Mon tutoiement, dans le but d’apaiser toute gêne que nous pourrions ressentir, enfreignait déjà ces règles. Consciemment, ou inconsciemment, Ysilia me remit à ma place avec délicatesse et tact en adoptant le vouvoiement. Soit j’avais là une future femme attentive à des détails imperceptibles, mais importants, soit je faisais face à une jeune fille inquiète pour son futur rôle.

- En effet, j’ai été assez absent, ou distant, tant avec mes amis qu’avec ma famille. C’est une erreur que je promets de ne plus reproduire, avouais-je, ne pouvant pas m’empêcher d’adopter un ton impatient et irrité à la fois.

Si ma cousine avait exprimé une sincère compassion, ce n’était malheureusement pas le cas avec le reste du Val. Ma retraite, mon pèlerinage ou encore cette récente loi m’avaient déjà couté quantité d’alliances et de soutien. L’année passée avait rude à bien des égards, mais celle qui se profilait à l’horizon ne me disait rien qui vaille : je récoltais tour à tour toutes les conséquences de ces décisions passées. Un passé, un présent et un futur que de nombreuses personnes me rappelaient implicitement ou explicitement, avec douceur ou avec violence.

- Le Château est effectivement vide. Il lui manque une Reine, surtout, capable de seconder son Roi en son absence pour quelques affaires courantes. Les Eyriés, ou les Portes Sanglantes, seront moins oppressants dans les semaines à venir, lorsqu’une Cour se formera pour tenir compagnie à sa nouvelle Souveraine, glissais-je, guettant sa réaction vis-à-vis d’une telle déclaration.

Comment envisageait-elle ce mariage ? Avait-elle quelques espoirs ou attentes de cette union ? Était-elle pleinement consciente des responsabilités qui allaient incomber ses frêles épaules dans quelques semaines, ou mois au plus tard ? Est-ce qu’elle pouvait concevoir l’idée de devenir Reine d’un Royaume en guerre, et encerclé de tout part par l’ennemi ? Enfin, et plus important, allait-elle enfin donner cet héritier tant voulu et tant attendu, à la Couronne ?

- Nous sommes amis de longue date, et la guerre est à notre porte. Je ne sais pas quand j'aurais l'opportunité de vous parler librement. Alors je me permets d'être franc, avec vous. Nous savons les projets que nos deux Maisons nourrissent. Je ne souhaite pas vous embarrasser, en vous forçant à exprimer vos sentiments à ce sujet : dites-les, lorsque vous vous sentirez à l’aise, commençais-je.

Je refusais d’exiger ce que je ne pouvais pas d’autrui, et surtout de femmes. Par pudeur, et par respect, je m’étais promis de ne rien révéler de ma déception de ce mariage. A n’en point douter, cette promise était belle et intelligente, mais je rêvais encore d’une autre – et plus précisément d’une morte. Je me sentais cruel.

- Cependant, pour qu’une telle union pérennise dans le temps, il est important que nous en discutions à cœur ouvert. Je désire vous faire part de mes attentes, vis-à-vis de ce que j'attends d’une Reine du Val et de la Montagne, et surtout … de celle qui va être mon épouse. Je souhaiterai que vous en fassiez de même. A n’en point douter, durant ces préparatifs, vous avez dû y réfléchir … n’est-ce pas ?

Je me tais, me sentant maladroit et gauche. Il n’y avait qu’avec ma Lionne que j’arrivais à être à mon aise. Hormis elle, la gent féminine était un véritable mystère à mes yeux.


     

Maison Arryn
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Outre les liens forts qui existaient entre les deux maisons des Arryn et des Royce, ces deux familles étaient aussi unis par le sang, et notamment par le fait que sa grand-mère était issue de la famille royale du Val et de la Montagne. D'une façon ou d'une autre, Ysilia était bel et bien consciente qu'elle aurait dans tous les cas un rôle à jouer, elle n'avait pas forcément envisagé celui de Reine, ni du Nord, ni même du Val, néanmoins elle avait compris que si elle désirait mettre sa famille en valeur et il fallait qu'elle puisse tenter d'avoir une place de choix auprès de celle qui serait désignée comme la nouvelle souveraine des terres qui l'avaient vu naître. Ce qui faisait qu'elle était dans l'obligation d'être la fille de bonne famille par excellence, toujours polie, ayant une conversation assez développée dans différents domaines, un maintien plus que correct, une diction impeccable et qu'elle soit presque bouffie de bonnes manières. Aujourd'hui, on l'appelait vers un destin encore plus grand et il n'était pas question un seul instant qu'elle vienne à faillir à la tâche. C'est pourquoi, elle venait à utiliser le vouvoiement auprès de son souverain, en dehors des liens et des sentiments qu'elle pouvait avoir pour lui depuis son enfance, surtout auprès de toutes les personnes présentes. Certes, ils ne se trouvaient pas à la Cour mais il y avait là toute la famille de la jeune femme et il n'était pas question qu'elle vienne à les agacer ou les parjurer par un comportement inadéquat. Elle rosit légèrement en entendant le temps quelque peu irrité de son cousin et elle baissa légèrement la tête. « Ne voyez pas là, en aucun cas, une critique ou un reproche de ma part. Et je m'excuse sincèrement si j'ai pu vous peiner par mes propos. »

Elle était parfaitement consciente qu'il avait traversé une période longue et difficile et que tout était loin d'être réglé aujourd'hui. Elle ne pensait pas seulement à la question de la guerre bien loin de là, il n'y avait pas que l'aspect purement politique, mais bien aussi la souffrance personnelle qui avait été la sienne et qui devait continuer à exister encore à présent. Ils continuèrent à s'éloigner petit à petit de l'endroit où chaque convive se trouvait, permettant d'être ainsi presque en tête à tête, bien que la présence d'un chaperon pour la demoiselle était toujours obligatoire. La possibilité de noces ne devait pas empêcher les personnes d'être prudentes envers la jeunesse, un faux pas pouvait si vite arriver. Son visage n'était en aucun cas fermé alors qu'elle avançait aux côtés de son promis, mais néanmoins, elle montrait ainsi qu'elle comprenait le sérieux de la situation et qu'elle ne remettait nullement en cause la parole de son roi. Elle ne manqua pas pour autant d'être surprise alors qu'il lui demandait d'être honnête avec lui, de s'exprimer avec franchise concernant la situation actuelle. Elle eut l'impression d'être baignée soudainement dans un bain d'eau glacée et elle continua à faire quelques pas dans le jardin en direction des jardins, comme si elle avait besoin d'être à l'extérieur pour pouvoir mieux respirer. « Bien sûr que j'y ai réfléchi, et je me sens assez à l'aise avec vous pour pouvoir en discuter dès maintenant. Et ... » Elle soupira un instant, se mordant l'intérieur de la joue avant de tourner le regard vers lui, reprenant d'une voix plus discrète pour qu'il soit le seul à l'entendre. « Ronnel, si je dois te parler à cœur ouvert, alors ça ne sera pas englober dans tout le cérémonial de la Cour … Tu es mon cousin, tu es mon ami depuis toujours et bientôt tu seras aussi mon époux si la guerre n'en décide pas autrement. Je ne te parlerai pas d'amour, ou pas en tout cas au sens d'amour véritable. Et je ne la remplacerai jamais. Mais, cette complicité que nous avons construit au fil des années, je ne veux pas qu'elle vienne à disparaître sous le poids de la couronne et des obligations maritales. »

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MessageSujet: Re: Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé]   Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé] EmptyVen 27 Mai - 22:43

Nous repassons au tutoiement, à mon plus grand plaisir. Il était étrange de vouvoyer celle qui fut une tendre amie, et davantage en sachant qu’elle allait devenir mon épouse. Certes, je n’attends pas là une union d’amour, et de sincères émotions. Pourtant, à défaut de l’aimer passionnément – comme elle le mériterait, j’en suis assuré –, j’avais un grand respect pour sa personne. Elle était brillante, loyale et douce. De temps en temps, elle pouvait faire preuve d’un mordant inattendu, ou d’une soif d’aventure inopiné.

Malgré moi, je retourne à ces heures bénies où nous n’avions pas à penser à la Cour, aux mariages, aux guerres ou aux lendemains. Jonos, Ysilia et moi-même n’étions que des gamins jouant au Prince et à la Princesse, des cousins s’amusant des inepties ou des étrangetés des membres de la Cour ou des domestiques, des amis tenant compagnie à l’un et à l’autre. Aujourd’hui, Jonos était irrité et faché avec moi. Ysilia allait devenir la Reine du Val et de la Montagne, en secondes noces et au milieu d’un Ost. Moi-même, j’avais beaucoup changé, incapable de me reconnaître. Est-ce qu’un jour, pourrions-nous rire, jouer et danser ensemble ?

Un souhait qui fait écho aux paroles de la brunette. Je ne réponds pas immédiatement, prenant un grand soin à peser chaque mot que j’allais prononcer dans les prochaines secondes. Il y a bien longtemps que la notion de spontanéité avait disparu de mon dictionnaire et plus exactement, depuis le décès tragique de mon père. Enfin, après une réflexion assez longue, je me décide à briser ce silence.

- Je ne pourrais pas t’aimer, comme je l’ai aimé. Cela ne veut pas dire que je suis dénué de tout sentiment à ton égard, que je serais indifférent à tes joies ou souffrances. Enfant, je tenais à toi. Ce sentiment est toujours là, avouais-je avec une sincère gêne et culpabilité.

Je ne savais pas comment elle pourrait interpréter ces dernières paroles, mais elles n’étaient ni fausses, ni nouvelles. Déjà enfant, je lui avais fait cet aveu pour alléger ses petites peines, lorsque son père ou quelques amies se montraient trop durs avec elle. Ce passé commun était la raison même de mon amertume principale vis-à-vis de cette union. Jamais je n’avais regardé cette femme d’un tel œil, et j’avais encore du mal à considérer autrement.

Il semblerait que la question des femmes ne soit que source d’inconfort, dans mon existence. La première femme que j’avais connu était une courtisane, et je n’ai gardé qu’un souvenir humiliant, teinté d’inattendus et de surprises. La seconde femme avec laquelle j’avais partagé ma couche n’avait pas survécu à sa fausse couche, me laissant dans la plus profonde amertume vis-à-vis de cette vie. Et voilà que la troisième femme que l’on me proposait était une amie avec laquelle je n’aurais voulu que rien ne change …

Je soupire. Les pensées virevoltent dans mon esprit. Je ne savais pas si je devais lui imposer mes conditions, ou si je devais d'abord la laisser parler. La seconde option me semblait bien meilleure, au vu des circonstances, et pourrait mieux m'éclairer sur les sentiments et la vision de ma cousine.

- Je sais qu’il existe différentes Reines, et différentes façons de gouverner. Les Reines Eren et Jeyne ont accepté de se convertir pour le bien de son Royaume. Les Souveraines Argella et Rhaenys vont au front, sans se préoccuper des mœurs. La Reine Mère Sharra a accepté les infidélités de son Roi, mais a tenu la Couronne pour ses enfants en se battant furieusement. La Reine Jordane a été la véritable Souveraine, surement déçue de son époux. Certains Rois ont légitimé des bâtards, ou reconnus ces derniers, glissais-je. Je ne mettais là, en lumière, que quelques rumeurs ou faits qui courraient sur le Continent. Dis-moi donc quel genre de Reine tu souhaites être, pour quels idéaux ou quelles passions vas-tu battre ? As-tu des exigences de ma part ? Parle donc, Ysi. Dis-moi ce que je dois respecter vis-à-vis de tes propres valeurs. Si je peux, je te donnerai ma parole, et je me battrai pour, la poussais-je, usant volontairement de ce surnom pour la mettre en confiance autant que possible.


     

Maison Arryn
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MessageSujet: Re: Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé]   Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé] EmptyDim 5 Juin - 20:10

Ysilia se montrait discrète en tout temps et en toute circonstance, elle avait appris tout simplement à rester à sa place et à ne pas se montrer offensante d'une manière ou d'une autre. La jeune dame de Roche-aux-Runes était pleinement consciente qu'elle ne pouvait pas se mettre en porte à faux alors que sa situation était encore si précaire. Car bien qu'elle avait déjà été fiancée par le passé et qu'elle avait sérieusement envisagé le mariage avec Jon Stark, les choses ne s'étaient pas pensées un seul instant comme elle l'avait imaginé, et en un claquement de doigt, en une fraction de seconde, en une seule parole malheureuse, tout avait été remis en question et sa position également. Elle était une Royce et elle était certaine ou presque que ce simple fait de naissance viendrait à lui obtenir une place de choix dans les mariages de la haute société du Val, voir même en dehors de Westeros. Il avait fallu du temps, et qu'une jeune femme innocente ne vienne à décéder pour que son destin se mette à nouveau en marche. La jeune demoiselle avait eu l'occasion de croiser la princesse Lannister, devenue par mariage la nouvelle Reine du Val et de la Montagne. Étant de haut lignage, il avait été même envisagé qu'elle puisse faire partie de la suite de cette dernière, qu'elle devienne une de ses dames de compagnie. Mais malheureusement, elle était décédée avant que les choses ne se soient véritablement mis en place, et cela avait été un choc pour elle. Elle n'avait jamais imaginé un seul instant, elle n'avait jamais souhaité en une seule occasion qu'elle vienne à mourir pour venir ensuite à convoiter cette position au sommet du royaume. Aujourd'hui, c'était néanmoins le cas, elle allait succéder à la défunte Nymeria, et elle savait qu'elle partait avec un très gros désavantage. Car il y avait peut-être de nombreux mariages qui se faisaient par nécessité, pour forger une alliance, mais les mariages d'amour étaient rares et il était presque impossible de passer après l'histoire que Ronnel avait vécu avec sa précédente épouse, et pourtant, c'était le défi qu'elle devait relever.

Alors, maintenant qu'ils allaient se retrouver tous les deux pour le meilleur ou pour le pire, et qu'ils avaient réussi également à s'éloigner un tout petit des nombreuses personnes qui désiraient les avoir à l'œil ou à l'oreille pour se parler plus librement. Ysilia n'avait rien à juger, elle comprenait la peine de Ronnel et elle savait qu'elle se devait de vivre avec, même si elle devenait sa femme, elle ne pourrait recréer un tel lien avec lui, mais ils en avaient déjà un et il était plus qu'important qu'il s'en souvienne et qu'ils arrivent à le maintenir ensemble pour ne pas rentre tout cela profondément invivable. « Je suis heureuse de le savoir alors. Je ne te demande pas de m'aimer comme tu l'as aimé elle, je n'ai pas le droit de faire une telle chose. Ce que je te demande, c'est de ne pas me haïr de devenir sa femme et de jouer le rôle qui aurait dû être le sien. » Autant en tant que reine, en tant qu'épouse, mais aussi comme étant la future mère des enfants qu'elle porterait si leur union était béni des dieux. « On ne doit pas tenter de reproduire le passé, et je ne veux pas tenter de la copier, de la ressembler. Je ne suis pas elle, et je ne serai jamais elle. Nous devons créer quelque chose de nouveau. » Elle resta néanmoins silencieuse pendant un long moment après les dernières paroles de son souverain et ami. Quelle reine voulait-elle être ? Dans le fond, elle n'avait aucune idée de la réponse, elle ne savait pas réellement de quoi elle était capable ou de quoi elle était incapable. Elle s'était toujours dit qu'elle aviserait au fur et à mesure suivant les situations qui viendraient à se présenter à elle. Elle s'arrêta alors et plongea son regard dans le sien, prenant sa main dans la sienne.

« Je ne suis pas Eren, ni Jeyne, ma foi est la mienne, et elle a sa place dans ce royaume depuis longtemps, et je ne la renierai pas pour autant, car ce sont les croyances de ma famille et il n'y a rien de plus important que cela. Je ne suis pas Argella ou Rhaenys, tu ne me verras pas partir au combat du jour au lendemain pour défendre tout un peuple. Ce n'est pas un manque de courage, ou une méprise des Valois, mais parce que cela n'a jamais fait parti de mon éducation et que je serai bien incapable d'être utile une arme à la main. Pour l'infidélité de mon roi, je vais avoir à affronter le souvenir d'une tendre et délicate souveraine disparue, je dois déjà partager avec elle, ton esprit, et tenter de me faire un place dans ton cœur, dois-je également prévoir de laisser une place dans le lit conjugal pour une autre maîtresse ? » Elle lui fit un sourire tendre avant de lâcher sa main et de se remettre à marcher. « Je veux être une Reine à l'image de ma mère et de la tienne, ces femmes fortes qui se sont battus pour défendre les leurs, mais en essayant peut-être une autre forme de diplomatie, toute aussi ferme mais plus ouverte au dialogue. Je veux pouvoir être mère et avoir un droit de regard sur l'éducation de mes enfants qu'ils soient fille ou garçon. Je veux que tu puisses m'accorder ta confiance et que tu me juges bonne de conseil si tu as besoin d'un avis différent des autres. Je veux juste que tu me laisses ma chance, et non pas juste me condamner, avec tendresse certes, mais en estimant dès le départ que je ne pourrai la remplacer ni dans votre cœur, ni dans votre Cour. »

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MessageSujet: Re: Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé]   Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé] EmptyDim 3 Juil - 22:33

Je sais à quel point il est malavisé de ne pas chérir son épouse, ou d’ignorer cette dernière. Elle est celle qui recueille nos peurs, nos espérances ou nos joies dans l’intimité de nos appartements, celle qui est reconnue comme légitime aux yeux de tous et des Sept, celle qui s’occupe de l’intendance quotidienne du domaine et surtout celle qui porte et éduque nos enfants. Si nous désirons la paix dans notre Royaume, il est essentiel de commencer à l’instaurer au sein de sa propre Maison. Je l’ai appris, malgré moi, en me fâchant considérablement avec ma Mère ou en blessant inconsciemment Jonos. Ysilia aura une place bien plus particulière, si ce n’est plus importante. Je n’en reste pas moins un humain, et j’ai autant besoin de repos qu’un autre homme : je ne veux pas avoir à fuir ma propre chambre, par crainte de subir le courroux d’une femme jalouse ou blessée … Certains s’amusent à chercher le refuge ou le réconfort dans les bras de quelques maîtresses, mais je ne souhaite pas arriver à une telle extrémité. Toute affaire extra conjugale est une complication sociale. De prime, j’avoue que si je dois à nouveau chercher une femme, j’aspire à une sincère paix : je suis las des scandales et des critiques.

- Je suis heureux de constater que nous avons une même vision du rôle de Reine, soufflais-je. En tant que mère, tu seras personnellement en charge de l’éducation de nos enfants : tu choisiras les Mestres et les Septons qui les instruiront, et tu suivras attentivement leurs progressions, dis-je, optant pour un ton qui n’invite à aucune discussion ou négociation. En tant qu’épouse, tu seras honnête et franche avec moi : nul secret, nulle hypocrisie, dans l’intimité de notre appartement ou dans nos échanges. Ce sont de ces non-dits, et de ces secrets, que nos ennemis profitent pour se faufiler jusqu’à la Couronne et semer la discorde au sein de nos terres, indiquais-je. En tant que jeune Reine et jusqu’à ce que tu sois prête, tu seras discrète. Tu t’éduqueras pour maîtriser les sujets essentiels à la bonne tenue d’un Royaume, tu observeras et écouteras en silence toutes les discussions du Conseil du Faucon et tu ne prendras aucune décision sans m’en aviser en amont, à moi et à moi seul. Qu’importe à quel point tu aimes ton père, dès que tu deviendras Reine, ton seul devoir est à l’égard du Val et de moi-même.

Je me tais, conscient que mes paroles peuvent être dures.

- En tant que père, je ferais au mieux pour être un bon modèle à nos enfants, et à être présents à des événements clés de leur existence, commençais-je. En tant qu’époux, tant que tu ne seras pas lassé de m’avoir au lit conjugal, tu n’auras pas à craindre d’avoir à me partager, glissais-je, indiquant par-là que cette affaire dépend de nous deux. Certes, je peux promettre d’être fidèle, mais si elle vient à me jeter du lit, je risque peu de tolérer pareille caprice. En tant que Roi, dans l’intimité de nos appartements, je prendrai le temps nécessaire pour échanger sur quelques sujets sensibles concernant le Royaume pour avoir ton avis. Ce dernier sera important, lorsque je devrais faire des choix, promis-je.

Je réfléchis. Ai-je été assez clair ?

- Par contre, toi et moi avons à faire des concessions pour la question de la Foi. Je peux te promettre que je n’exigerai nullement que tu te convertisses, qu’importe ce que mes Seigneurs ou le Grand Septon peuvent exiger. Cependant, je préfère te prévenir que la pression peut être importante, par moment, confessais-je, espérant qu’elle comprenne ce qu’une telle promesse peut impliquer. Par contre, nos enfants grandiront dans la Foi des Sept. C’est la Foi de la Maison Arryn depuis les Premiers Hommes, et surtout c’est la Foi de très grandes Maisons valoises. Si tu veux offrir un règne prospère et long à nos enfants, tu dois accepter de te plier à cette règle volontairement, et pleinement. Cet acte, de ta part, aura encore plus d’importance et de symbolisme, indiquais-je.

Je me perds quelques instants dans mes pensées.

Est-ce que cette promesse ira à l’encontre de celle que je me suis faite, servir et protéger les intérêts du Val ? J’ose espérer que non …

- Saches que c’est la seule et unique promesse que je peux te faire. Etre fidèle déjà au Royaume exige de considérables sacrifices de ma part : je n’ai pas les moyens de promettre davantage, expliquais-je.


     

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MessageSujet: Re: Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé]   Vos conditions, ma douce ? (An 2, Mois 4, Semaine 1) [Tour X - Terminé] EmptyMer 27 Juil - 10:04

Ysilia n'avait finalement qu'une vague image, qu'une idée assez restreinte de ce que pourrait devenir son existence auprès de Ronnel, quand elle deviendrait officiellement sa femme dans quelques jours, quelques semaines. Il y avait une différence certaine entre celui qu'elle avait connu, qu'elle avait côtoyé au cours de son enfance et l'homme qu'il était aujourd'hui devenu. Leurs jeux étaient bien lointains maintenant, et ils avaient fini par prendre des chemins qui s'éloignaient l'un de l'autre, alors que le poids de la couronne venait à peser de plus en plus sur son ami. Ce n'était pas étonnant plus que cela, et le destin avait semblé pendant un long moment, vouloir les séparer un peu plus encore, alors que la jeune femme avait été envisagé pour unir sa vie devant les hommes et devant les Dieux avec le prince héritier du Nord, alors que Ronnel convolait en juste noces avec la belle Nymeria Lannister. Et une part d'elle-même aurait clairement voulu que les choses aillent jusqu'au bout, que chacun trouve un bonheur réel et non pas un accord de circonstance, presque désespéré pour un des deux camps. L'amitié était une chose extrêmement importante dont la force des liens ne devait pas être remise en cause, néanmoins, elle était consciente que si un tel sentiment pouvait permettre à un mariage de perdurer, s'il n'y avait pas cette petite étincelle au début de l'union, alors cela pouvait rendre les événements bien plus compliqués, et le cap de la chambre conjugal bien plus difficile à surpasser. Le devoir était ce qu'il était, elle ne le remettrait nullement en cause, mais elle avait peur que cela les plonge dans une routine extrêmement désagréable pour les deux partenaires, juste unis dans le but commun de donner un héritier à la couronne.

Bien évidemment, que Ronnel vienne à lui demander quelle reine elle désirait être était une preuve d'écoute qu'Ysilia jugeait importante à ses yeux et pour la considération qu'il pouvait avoir à son égard. Mais il reste le roi, et pour le moment le seul véritable décisionnaire dans toute cette histoire. « Je te remercie de m'accorder la possibilité d'avoir un droit de regard sur l'éducation des enfants, souvent cette charge ne revient à la mère que si c'est une fille, et dans les toutes premières années d'un fils. Je sais bien que si nous avons un garçon, il se devra d'être préparé à ta succession, mais je ne veux pas pour autant que cela en fasse un étranger vis-à-vis de moi ... » Elle ne voulait pas attendre que la vie passe, une fois qu'elle aurait enfanté assez pour assurer la dynastie des Arryn et voir le monde tourné sans avoir un quelconque moyen de s'investir au sein du Val et de la Montagne. « L'honnêteté me convient parfaitement et je suis heureuse que l'on soit dans le même état d'esprit. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, mais en les retenant pour nous, cela ne fera qu'empirer les choses. Notre situation est déjà particulière, ne la rendons pas douloureuses par des secrets ou du ressentiment. » Elle lui adressa un doux sourire, qui finit par disparaître bien vite à la suite de ses paroles. Alors voilà, elle y était, à ce moment complexe où Ronnel venait à lui demander de lui devenir fidèle d'un point de vue moral, d'un point de vue politique, de le choisir lui plutôt que son père.

Elle garda le silence sur cette partie là, mais le Roi s'engageait déjà sur d'autres points, le concernant lui cette fois-ci, concernant les enfants, concernant la fidélité dans ce mariage qui pourtant ne l'exigeait pas du côté de l'homme qui ne ressentait nul amour pour celle qui allait devenir son épouse. Et il promit alors qu'ils pourraient discuter ensemble de certains sujets sensibles et qu'elle pourrait alors lui donner son point de vue. De cela, elle attendait les preuves qui viendraient dans un avenir plus ou moins proches. Pour le moment, elle avait bien compris que Ronnel espérait d'elle qu'elle fasse profil bas et rien d'autre. « Le message est bien passé, ne t'inquiète pas pour cela. » Il n'y avait pas de manque de respect dans cette simple phrase, pour autant, le ton était plus froid que quelques instants auparavant. « Concernant la religion, je ne voyais pas les choses autrement à propos des enfants et je ne comptais pas demander qu'ils soient élevés dans la Foi des Sept. Néanmoins, si tu le permets, j'aimerai pouvoir leur expliquer le moment venu ma propre foi, pas pour les détourner mais leur expliquer ma vision des choses. Le monde est fait de personnes de culture et de religion différentes, la tolérance est un élément qui me paraît essentiel. Car de mon côté, je ne prévois pas de me convertir. » Elle soupira doucement. « Je ne te demande pas de promesses Ronnel, ou de sacrifices me concernant. Je ferai ce que j'ai à faire, et tu n'auras pas à douter de moi, même si cela venait un jour à me peser. »

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Qu’importe qu’une mère soit extrêmement instruite, ou aucunement, je suis persuadé qu’il ne peut y avoir meilleur précepteur que cette dernière. Elles cherchent à offrir les meilleures opportunités, ou chances, à leurs enfants. Les nobles dames cherchent les Mestres ou les Septons les plus réputés pour que le fruit de neuf mois de labeurs ait un excellent poste à la Cour – enseignant en parallèle les premiers savoirs aux bambins. Les femmes du peuple transmettent leurs propres connaissances afin que leurs petits apprentis apprennent de nouvelles méthodes, et s’établissent comme un excellent marchand, artisan ou fermier …

Si Ysilia suit mes conseils, elle deviendra bien vite une bonne Reine et saura apporter des conseils avisés à nos enfants. Je n’ai aucun doute sur ses capacités. J’ai souvenir d’une jeune fille extrêmement curieuse : elle saura s’instruire efficacement et convenablement. Enfin, elle n’en reste pas moins une femme avec des instincts bien plus aiguisés que la gent masculine : Mère ou Nymeria me l’ont prouvé à de nombreuses reprises. Il n’est qu’une question de temps avant que cette petite lady devienne une véritable partenaire dans la conduite du Royaume. Il n’a jamais été question d’une épouse qui se contente d’enfanter sans fin … Une telle union ne m’intéresse pas.

- Plus vite tu seras apte à endosser le rôle de Reine, et plus vite tu pourras être un soutien considérable à nos enfants, et à moi-même. J’y veillerai, et nous y travaillerons ensemble, assurais-je.

Là où certains couples royaux ont droit à une poignée d’années, je n’ai peut-être que quelques semaines ou mois. La guerre, les complots, les incidents de la vie ou encore la maladie pourraient me faucher bien vite – Les Rois ont tendance à mourir plus tôt que leur Reine, si celles-ci ne meurent pas en couche évidemment. De plus, ayant été privé bien vite d’un père, il me semble étrange de croire que je pourrais suivre mes enfants jusqu’à un âge avancé … Dès lors, Ysilia doit se préparer à se battre bec et ongle, avec Sharra – voire sa maison – pour défendre les intérêts de la Maison Arryn – et donc, indirectement, ceux de ses enfants.

- J’ai promulgué une loi religieuse, à mes risques et à mes périls. Il me semble tout naturel que nos enfants en saisissent l’essence, que celle-ci survive des siècles ou disparaisse dans les années à venir. Les deux religions ont toujours su cohabiter au sein du Val. Elles le feront également, dans le futur. Nos troubles ont été causées par les folies de nos alliés, et nos ennemis, actuels : c’est la première, et dernière fois, je puis te l’assurer.

Mon ton est plein d’amertume. Je ne ressens plus aucune empathie que ce soit pour l’Empire ou les Puissances Centrales. Et j’ai de plus en plus du mal à me retrouver. Que deviennent ces idéaux qui me sont chères ? Ai-je condamné ou non mon propre Royaume par mon inexpérience ? Le doute m’assaille à nouveau, me plongeant dans quelques mornes pensés. J’en oublie presque la présence de ma promise. Le froissement discret de sa robe me rappelle à cette rude réalité.

- Nous aviserons, ensemble, des sacrifices à faire pour le Royaume, pour la Couronne ou pour notre héritage. Ton avis sera précieux, soit en certain, affirmais-je.

Je m’arrête, relève la tête et plonge mon regard dans celle de la brunette.

- Je suis sincèrement désolé de t’incomber d’un titre aussi imposant, et d’une position aussi délicate et inconfortable. Et je te remercie, déjà, de tous les efforts que tu déploieras.


     

Maison Arryn
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