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Bruna Marquezine est <a href="/t8302-der"><span class="Gp_Dorne">Deria Martell</span></a>

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<span class="Gp_Dorne">Deria Martell</span> - Je suis fidèle à mon souverain - Princesse - <a href="/t8302-der">Pv libre</a>

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<a href="/u795"><span class="Gp_Dorne">Deria Martell</span></a> se trouve à <span class="Gp_Dorne">Lancehélion - Dorne</span>

Réveillée en sursaut par les bruits de la ville ombreuse Deria se sentait fébrile. Combien de fois avait-elle fait ce rêve ? Si elle ne parvenait pas à ramener l'ordre dans la principauté que resterait-il de sa maison ? Comment les mestres et les générations futures se souviendraient-ils d'elle ? Serait-elle uniquement la princesse soumise et vaincu par l'Empire ? La princesse qui céda sa propre soeur en otage ? La princesse des guerres perdues et de la guerre civile ? Celle dont le règne s'acheva avec l'étendard Impérial et des Allyrion flottant au-dessus de la ville ombreuse ? Non. Elle ne pouvait pas être cette princesse régnante là … Elle succédait à sa grand-mère Meria, était la descendante de la grande Nyméria !

Plus pâle et amaigri que jamais elle se glissa hors de sa couche. D'une main tremblante elle alla se servir un verre, mais hésitante le fixa pendant de longues minutes. 2 ans étaient passés et il arrivait encore d'être prise d'un doute face à un simple verre. Deria avait toute confiance en son frère, Anders veillait, mais elle ne parvenait pas à s'arracher à ce funeste banquet qui l'avait vu monter sur le trône princier. Les toux, l'agitation, les gardes qui s'agitaient et l'emmenait loin des corps encore chaud de son père et de sa grand-mère. Après pareil empoisonnement comment pouvait-elle encore boire en toute insouciance ? Quand même une partie de sa principauté souhaitait sa mort était-il possible d'être totalement en paix ? Non, elle ne devait pas céder à la paranoïa. Dans ces temps troublés et de luttes elle devait se montrer forte et digne pour tous ceux qui avaient le choix de la suivre elle et sa maison. Elle était la princesse régnante et ne pouvait pas montrer de signe de faiblesse … en tout cas elle ne devait plus en montrer d'autre. Le traité de Boycitre, sa répudiation et la rébellion Allyrion étaient bien suffisantes.

Le destin n'avait pas été tendre. Maintenant plus que jamais elle avait l'impression d'errer seule dans le désert, une longue traversée dont les mirages ne cessaient de faire s'éloigner ceux qui étaient proches d'elle. Anders était là, Roward menait l'armée, et Arianne était-elle vraiment de retour parmi eux ? N'avait-elle pas coupé ce qui reliait son ainée aux Martell en la laissant partir en otage avec ceux qui avaient déjà été ses bourreaux ? Dans ce ciel bien sombre, où elle tentait de faire briller leur soleil, Deria trouvait les quelques éclaircies bien éphémères. La Gracedieu était tombée. La symbolique était forte mais qu'en était-il vraiment ? Que faire de ces Allyrion qui étaient maintenant leur prisonnier ? Devait-elle s'abaisser aux jeux de l'Empire et du Bief ? Qu'aurait fait Meria ou Nymor ? Tant de questions dont elle peinait à trouver les réponses. La lumière créait autant d'ombres qu'elle en dissipait.

Ses cheveux laissés lâches elle fit glisser le précieux tissus aux notes d'oranges et rouges sur sa peau. L'espace d'un instant un sourire se dessina sur ses lèvres en regardant la discrète cicatrice qui courrait à l'intérieur de son avant bras gauche. Comme le temps de l'insouciance était loin … que ne donnerait-elle pas de retourner jouer avec sa fratrie, loin de toutes ces querelles et préoccupations. Là dans sa chambre, même si bien des lunes étaient passées, Deria pouvait encore entendre les réprimandes de sa mère en découvrant le sang couler sur sa peau. Aux rires un profond sentiment de tristesse avait succédé. Encore une fois elle avait dû se dresser entre Ravenna et Arianne, coupable toute désignée. La peine n'avait pas changé … sa mère était partie depuis bien longtemps, mais la blessure était là, jamais refermée. Quelque part elle s'en voulait d'avoir du parfois s'opposer à celle qui lui avait donné la vie. Si elle ne regrettait rien Deria aurait aimé lui dire à quel point elle avait pu les aimer tous … Martell ou Sand. Aux contacts d'Arianne et d'Anders elle avait bien plus appris d'auprès de tous ces Lord et Lady. Avec Roward ils étaient ses piliers, c'est pour raison qu'elle avait fait d'eux des Martell.

Ses appartements laissés derrière elle Deria s'aventura dans les couloirs silencieux sombre du palais. Suivi de près par des hommes en armes et livrée de sa maison elle profitait de cette fraicheur bienvenue. A peine distraite par le cliquetis des armes derrière elle se perdit un instant face à un jeune homme qui se courbait légèrement à son passage. Comme le destin pouvait être étrange. Deria aurait juré retrouver chez lui les traits de ce jeune braavien avec qui elle avait perdu son innocence. Pour une mission confiée par son père elle était passée d'enfant à femme dans le jeu qu'étaient le commerce et la politique, et en même temps pour le plaisir elle était devenue femme goûtant à la séduction, à l'extase éphémère que procure des bras. Depuis combien de temps sa couche n'avait-elle pas été réchauffée par un autre corps ? En avait-elle même le temps et l'envie ? Deria le devait pourtant … Elle était princesse, mais une princesse sans descendance. Si elle luttait aujourd'hui pour maintenir sa maison au pouvoir, une autre bataille s'annoncerait bientôt. Une lutte qu'elle livrerait contre le temps, où elle devrait chercher la bénédiction de la Mère pour donner une succession à la couronne princière. Dorne avait beau être différente des autres couronnes Deria n'échappait pas à ce devoir qui était commun à toutes femmes bien née. Une fois le calme retrouvé elle devrait trouver un homme qui accepterait d'être à ses cotées, de prendre la place du prince régent de Peyredragon. La question était de savoir quand … si la guerre s'éternisait et qu'elle finissait princesse vieille fille qu'arriverait-il ? Tout reposerait sur Roward surement, où sur un autre membre de sa maison. Quand les armes auront cessé de parler ce serait aux corps de prendre la parole et Deria ne savait pas ce qui pouvait être le plus effrayant.

Seule face au trône à la lance Deria n'avait jamais été aussi convaincu que les jeux de pouvoirs pouvaient être pernicieux et dangereux … Elle avait tenté, bien maladroitement elle devait le reconnaître, de tirer son épingles dans ce jeu mais s'était brûlée. Quelle ironie qu'un soleil se brûlant en essayant de briller plus fort. Derrière toutes les épreuves que devait traverser sa principauté deux ombres ne cessaient de s'élever … Tout d'abord celle du Bief et de son roi. L'enfant de la Tour et ses alliés l'avaient humilié avec le traité de Boycitre. Deria réalisait maintenant qu'elle avait grandement sous-estimé celui qui avait su écarter les Gardener du pouvoir. Peut-être était-ce sa fierté dornienne qui lui avait voilé les yeux ? Les rebelles lui reprochait d'être l'architecte de la débâcle et quelque part elle ne pouvait pas totalement leur donner tord. Aujourd'hui Dorne ne pouvait pas se départir de ses anciens ennemis, devaient compter sur ceux qui lui avait fait mettre genou à terre. Le peuple qui avait failli prendre sa vie et celle des siens, à Hautjardin, étaient aujourd'hui une des seules chances de survie qui restait. Dorne allait devoir compter sur les puissances centrales pour la guerre, mais aussi pour le commerce. Intérieurement elle enrageait … Meria et Nymor n'étaient toujours pas vengés et l'oiseau de la guerre ne semblait pas décidé à desserrer ses ailes autour de la principauté.

Bien plus sombre encore que l'ombre de Manfred Hightower se trouvait celle de l'Empire et de son Empereur. La main qui nourrissait la rébellion des Allyrion. Celle la même qui voulait, à ses yeux, réduire Dorne ni plus ni moins qu'à la condition d'une marionnette, d'un état vassal. Jamais les peuples du Nord des montagnes rouges n'avaient jamais réussi à respecter le peuple dornien. Eux les descendant de la grande Nyméria … Avec Torrhen Braenaryon aussi elle avait manqué de vision et de tact. Idiote qu'elle avait été de croire qu'il pouvait être manipulé par ses charmes. Le loup et sa rudesse toute nordienne ne semblait finalement pas être de ceux qui se laissaient facilement avoir par des courbes … Tout au moins pas par les siennes. Aurait-elle dû accepter de fédérer Dorne ? D'écouter l'Empereur et tout faire pour apaiser les tensions et garantir son mariage et celui de Roward ? Non le problème n'aurait été que renversé … ceux qui se tenaient aujourd'hui à ses côtés auraient été ses ennemis, et les puissances centrales auraient pris la place de l'Empire. Comment la Allyrion et toutes les autres maisons nobles ne pouvaient-ils pas voir cette évidence ? Il n'existait pas de bonne solution face à ceux deux entités … Et s'il comprenait bien ce jeu pourquoi alors lutter et déchirer la principauté ? Pouvaient-ils la haïr à ce point ? Elle n'était serte pas sa grand-mère, et avaient perdu bien des terres, mais cela méritait-il vraiment de pousser Dorne vers le précipice ?

Lasse elle se laissa tomber dans le trône à la lance. Les yeux fermés elle repensait à toutes ces choses qu'ils avaient entreprise pour le bien de la principauté. Son appel aux maisons nobles n'avaient finalement pas réussi à réunir toutes les bannières derrière celle du soleil et de la lance. Le conseil de la principauté avait, semble-t-il, convaincu certains, mais n'était visiblement pas suffisante pour les autres. Toujours la même question alors … se fichaient-ils de celle qui serait assise sur ce trône ? Se fichaient-ils simplement d'être soumis à une puissance sous couvert d'une « fédération » ? La paix à n'importe quel prix devait-elle justifier que l'on s'en prenne à ce que sa famille avait construit pour la fière principauté ? Qui d'autre plus que les Martell représentait l'âme de Dorne ? Eux qui s'étaient unis à la grande Nyméria et dont ils avaient hérité le soleil. Invaincus, Insoumis, Intacts ils devaient le rester mais a quel prix ? Vaincre en acceptant le soutien du roi Hightower c'était s'assurer de rester à jamais « la catin du Bief ». Elle qui avait connu l'horreur de sentir entre ses mains la vie et la mort s'emparer de son enfant, peut-être était-ce la solution ? Toutes ces choses que lui avait apprise sa grand-mère … arrivait-elle enfin à les comprendre ? Pour la survie de sa maison et de la principauté devait-elle accepter de porter la couronne de l'humiliation et du déshonneur ? Toute princesse qu'elle était Deria devait l'accepter … face à toutes ces vies perdues elle n'était rien.