Que pensez-vous de la situation tendue entre les différents royaumes de Westeros? Vous sentez-vous concerné?
Assez concerné pour que ma mère organise ce Conclave visant à réunir tous les dignitaires des Royaumes dans un vœu de paix. Les tensions sont loin de s'être aplanies, mais la volonté affichée du Val nous a permis de nous poser plus en retrait des confrontations. Je me doute qu'une seule étincelle est suffisante pour tout faire exploser, chacun sautant sur l'occasion pour régler ses différents avec son voisin. Nous n'allons pas pouvoir conserver encore longtemps notre neutralité, tous s'arrachant les faveurs de ma mère.

Êtes-vous loyal à votre Royaume, à la famille régnante, ou seriez-vous plus... Electron libre?
En tant que Roi de la Montagne et du Val, la question ne se pose même pas. Je donnerais ma vie pour l'honneur et la grandeur de mon Royaume. Je m'évertue, chaque jour qui passe, à me montrer à la hauteur. Même si la tâche à accomplir me paraît parfois démesurée, je ne me détournerais pas de mon devoir. Je dois persévérer, encore et encore, pour assurer l'avenir du Val. Je ne peux pas me permettre de flancher alors que ma famille compte sur moi pour reprendre les rênes du Royaume. Je dois aider ma mère à porter ce fardeau. Je dois me montrer aussi bon, droit et juste que l'avait été mon père. Je serais le Roi qu'ils attendent que je sois.

Si jamais la guerre venait à toucher votre région, quelle serait votre réaction?
La guerre a déjà touché notre région, quand l'Orage a tenté de nous envahir. Cette guerre meurtrière a saigné notre Royaume et m'a coûté mon père. Nous avons tenu bon, grâce à la montagne qui nous garantit une certaine sécurité... Mais qui sait ce que la guerre me prendra, la prochaine fois qu'elle sera à nos portes ? Serons-nous alors toujours prêt à l'affronter ? Je sais que nous aurons des décisions difficiles à prendre bientôt, car Westeros s'embrase, mais j'espère y être confronté le plus tard possible. Ce qu'il faut à mon royaume est du temps pour panser ses plaies... Et ce qu'il me faut à moi aussi.

Vous avez sûrement entendu parler de l'embuscade tendue par Harren le Noir à Aegon Targaryen, que pensez-vous d'un tel acte?
Un tel coup bas m'a permis de réaliser à quel point nous en étions arrivés. Harren le Noir n'a pas le moindre honneur, mais que vaut encore ce mot par les temps qui courent ? Des valeurs, qui me paraissaient sacrés et que nous défendions avec acharnement, se perdent. La peur de nos voisins fait de nous des bêtes sauvages, sans plus aucune morale. Jamais le Val ne s'abaissera à pareilles bassesses. Je me rends compte que j'ai négligé la possibilité que les autres Royaumes n'accordent pas une telle importance à ces valeurs et s'en servent contre nous. Je crains les prochaines actions perfides d'Harren le Noir tout comme la colère vengeresse des Targaryen.
D'un point de vue purement personnel, savoir que deux dragons ont péri m'a affligé. De si splendides créatures ne sont plus que des atouts dans la guerre, jugées dangereuses et abattues sans sommation.

Salut moi c'est Nao ! J'ai découvert BC en me faisant harceler. J'aime beaucoup lire, écrire, les jeux vidéos... Et d'autres conneries. Sur Bc, j'aime bien le Cyvosse. mais j'aime pas trop par contre Je sais pas mais si ça me vient je vous le dirais. J'ai bien pris connaissance du règlement intérieur. La devise du forum est

Je tourne une page.
Je me prends la tête à deux mains, promenant mon regard sur les lignes. Les phrases se confondent, s'entrechoquent. J'essaie de retenir le plus d'informations possibles sur toutes les Maisons de Westeros... Leur blason, leur devise, les membres principaux. J'ai besoin de tout savoir. Il paraît que ces informations me seront utiles, bientôt, durant les festivités de Goeville. Je jette un coup d'œil rapide à la bougie, en fronçant les sourcils. J'ai l'impression que la lumière a décliné, mais elle n'a pas bougé. Je me fatigue à lire des heures, juste avec cette seule lueur, tout simplement. J'entends Elya fouiller les étagères, étaler au sol plus de parchemins qu'elle ne parvient à en ranger. J'essaie de me focaliser sur la tâche qui m'incombe, comme de nombreuses et nombreuses nuits auparavant. Je sens pourtant mon esprit divaguer. J'en ai tellement tourné, des pages...

Je me remémore le passé, comme rarement. J'ai l'impression que ces deux dernières années constituent tout ce que je devrais savoir. Elles sont tellement plus denses que toutes les autres que j'ai pu vivre. J'en oublierais presque celui que je pouvais être, avant. Je me souviens de Jonos en premier, mon petit frère. Peut-être bien parce que l'insouciance de ces jours-là me font immédiatement penser à lui. Ca m'arrive, de vouloir revenir en arrière. C'est idiot, car on ne peut pas défaire ce qui est fait. A l'époque, j'aimais lire. Je veux dire... Vraiment. Je lisais seulement pour le plaisir, et pas par obligation. J'étais déjà curieux, sûrement, mais les histoires qui me plaisaient le plus parlaient des grandes conquêtes, de chevaliers errants ou encore de l'ancienne Valyria et ses dragons. Tant de récits qui me faisaient idéaliser ma situation actuelle, celle d'un Roi. Je les racontais ensuite à mon frère, l'abreuvant des mêmes épopées qui me passionnaient tant. On les revivait ensemble, à se battre pour de faux et incarner telle ou telle figure importante de l'Histoire. J'avais toujours vu mon père comme un héros, comme le personnage central de tous ces récits. Quand il partit en guerre contre l'Orage, j'avais à peine neuf ans. Je ne sais pas ce que j'avais pu m'imaginer, à l'époque. Il m'avait souri. Il avait posé sa lourde main sur ma tête, qui parvenait à l'englober tout entière. Je ne sais plus tellement. Peut-être que je l'avais rêvé aussi, de le voir si démesurément grand. Peut-être que je commence déjà à ne plus me rappeler des traits qui le caractérisaient. Je sais seulement, qu'à aucun moment, je n'ai songé à cette finalité. J'étais persuadé qu'il reviendrait, triomphant de l'Orage. Qu'il ne pouvait pas perdre... Jamais. Et encore moins la vie. C'était un Roi et les Rois sortent toujours vainqueurs. J'étais vraiment naïf de le croire.

Je me souviendrais toujours de ce jour, aux Portes de la Lune. Je m'étais fait cette même réflexion... Qu'il ne m'avait jamais paru si petit. Sa silhouette était ramassée, sur ce bouclier où il était couché. On aurait dit qu'il dormait juste, si ce n'était ce teint blafard, si ce n'était cette odeur qu'ils peinaient à masquer. Je ne pourrais jamais l'oublier. J'avais eu l'impression de regarder la mort en face, et de comprendre enfin, que les belles histoires n'étaient bien que ça... De belles histoires. La réalité était devant moi, cruelle et irrémédiable. Impossible de refermer simplement le livre, parce qu'un passage ne vous plaisait pas, et d'en reprendre un autre. Mon père était parti, à jamais. Il ne reviendrait pas... Et j'étais devenu Roi, avec tout ce que cela pouvait impliquer.

Je réalisais à peine, quand ma mère me demanda de l'accompagner. Nous avions eu une longue discussion, jusqu'au cœur de la nuit, semblable à celle-ci. Elle était... Différente. Elle n'avait pas cherché à me consoler, même si ses mots n'étaient pas vraiment durs. Je l'avais senti investie d'une froide détermination, tandis qu'elle me confiait le rôle que j'aurais à tenir. Je savais qu'elle serait là pour moi, comme elle l'avait été depuis toujours. Je lui faisais entièrement confiance pour faire ce qu'il convenait, même si je n'avais pas encore saisi l'ampleur de la tâche. Elle cherchait seulement à m'y préparer. C'est souvent ce que je me dis, en repensant à ces longues journées d'entraînement et ces longues nuits d'études... Quand il m'arrive de douter. Comme ce fameux jour, où ma mère a payé une prostituée pour faire de moi un homme. Ce n'était qu'un exercice de plus, une préparation sur un autre tableau, pour le Roi que je devais être. Je cherchais à m'en convaincre, à ne pas nourrir de griefs infondés envers elle.

Je me demande bien ce qu'elle avait pu glisser aux maîtres d'armes, pour qu'ils se montrent si inflexibles. Je mordais souvent le sable. Ils frappaient avec une telle violence que je ne parvenais pas à faire un pli, avec mon faible gabarit. Je m'étalais, et ils ne me laissaient pas l'occasion de me relever avant d'enchaîner. J'étais obligé de rouler et quêter mon arme ou resté prostré à endurer les coups. Je ne leur laissais jamais l'occasion de mettre leurs menaces à exécution, me relevant inlassablement. J'ai cru plus d'une fois que j'allais craquer, mais j'ai tenu bon... Même quand la fatigue se faisait si puissante que je tenais à peine sur mes jambes. Je me suis rappelé cette odeur obsédante qui annihilait tout souvenir de mon père. Je me suis rappelé les propos durs mais pas moins nécessaires de ma mère. J'ai tenu bon.

Je les quittais chaque soir pour retourner à mes études. Je délaissais arc, épée et destrier pour m'emparer d'une plume et de vieux ouvrages. J'écoutais les propos assommants des mestres me rabâcher toujours les mêmes phrases jusqu'à ce que je sois en mesure de les réciter par cœur. La moindre faute les plongeait dans une fureur noire. Je devais tout connaître, à la perfection. Je devais exceller en histoire, en arithmétique, en stratégie militaire... Et autant de sujets si vastes que je ne craignais que ma tête explose sous quantités d'informations. Je retenais tout, pourtant, et continuer sans arrêt à me documenter sans même qu'on me l'impose.

Je sursaute. J'entends la jeune femme réciter à voix haute et reviens rapidement à la réalité. J'ai encore piqué du nez, sans m'en rendre compte. Elya ne me quitte plus du regard maintenant. Je tourne à nouveau une page. J'essaie de me concentrer à nouveau. Je les trouve tout de même plus coulant, ces derniers temps... Même pas un mestre pour venir grogner son mécontentement. Comme s'ils commençaient à être enfin satisfait. Je pensais retirer un brin de fierté de mes progrès avant eux, mais ce n'est pas le cas. J'ai encore tant à apprendre, et le temps me manque sans arrêt. Je dormirais plus tard. Je me reposerais quand je serais mort.

Les festivités de Goeville ne vont pas tarder à débuter. On attend de moi une conduite exemplaire, et elle passe par ce volumineux tome à retenir. J'essaie de ne pas songer à tous ces chevaliers qui vont défiler durant les Joutes et les Mêlées, à la Chevaucheuse de Dragons qui sera certainement là... Ou même à Nymeria dont la dernière lettre m'a laissé pensé qu'elle avait aussi hâte de me voir. Non... Je dois penser à ma mère qui compte sur moi pour accueillir tous ces nobles et tenir les festivités pendant qu'elle tiendra un Conclave fort difficile avec l'ensemble des têtes couronnées.

Ce n'est plus aux mestres ou aux maîtres d'armes que je vais devoir faire mes preuves maintenant. Je dois me montrer digne, en tant que Roi de la Montagne et du Val, comme l'aurait été mon père en de pareilles circonstances. Les regards seront rivés sur moi. Je ne dois pas faillir, au risque que l'on ne prenne pas ma mère au sérieux dans ses négociations. Bientôt, c'est à la face de Westeros que je devrais me présenter en tant que Roi.