Il est évident de se sentir concerner parce qu'il se passe sur les terres de Westeros, il est impossible de fermer les yeux quand la guerre gronde tout autour de nous. Du Royaume de l'Ouest au Royaume du Val et de la Montagne, les terres, les villes et les peuples souffrent de la domination de Harren le Noir, et les autres royaumes qui se sont engagés dans le combat face au Conflans ne peuvent avancer sans faire elles aussi des victimes. Je ressens de l'inquiétude face à ce qui approche et je ne sais de quelle direction la véritable menace apparaitra. Il faut rester sur ses gardes, et observer l'avancée de la situation.

Je suis Nymeria Lannister, princesse du Roc, cela devrait permettre à dissiper tous les doutes quant au fait que je porte ma loyauté à mon royaume, à ma famille mais surtout à mon père, le Roi. S'il y a bien une chose que j'ai retenu de l'éducation que l'on m'a offerte depuis mes plus jeunes années, c'est que la famille vaut tout le reste. Qu'il faut se battre pour elle s'il le faut, car dans les heures les plus sombre, il devient parfois difficile de différencier les amis des ennemis et la famille reste un des piliers sur lequel on peut compter. C'est pourquoi mon père pourra toujours compter sur mon soutien, je resterais toujours fidèle à mon roi, toujours fidèle à cet homme qui m'avait tant donné. Et s'il venait à nous quitter par la suite, je resterais fidèle à mon frère, Lyman, le prince héritier du Roc. Cependant, il ne faut pas oublier la place qui est la mienne. Aujourd'hui Lannister, demain je serais Arryn, épouse du roi du Val et de la Montagne, Ronnel. Il sera alors de mon devoir d'être loyal envers mon époux, et de penser avant tout au bien du Val avant les intérêts que pourraient avoir l'Ouest dans une quelconque bataille.

Si la guerre venait à nous toucher directement, il serait impossible de rester aveugle aux agissements des troupes ennemis. La guerre s'imposait à vous plus souvent que vous ne veniez à chercher à y participer. L'Ouest avait toujours su placer sa stratégie de façon à assurer ses arrières, mais on ne peut malheureusement se tenir éternellement à l'écart de ce qu'il se passe à vos frontières. Je sais qu'il est normalement fort déconseillé, voir totalement interdit qu'une jeune demoiselle, surtout une princesse du Roc, vienne à apprendre le maniement des armes. Certes, je ne suis pas aussi fine lame que peut l'être mon frère Lyman mais il était pour moi évident qu'une telle éducation ne pouvait bénéficier seulement aux hommes. Le jour où la guerre sera à nos portes, les hommes ne s'attaqueront pas seulement aux autres hommes mais les femmes et les enfants seront pris pour cible également et leurs vies valaient autant que celles de vaillants guerriers. Quant les hommes seront au front, je serais là pour les sauver eux.

Les rumeurs de l'embuscade filent tout aussi vite que le vent sur les plaines de Westeros. Ce genre de nouvelles, d'attaque, de fourberie ne peut passer inaperçue que ce soit aux yeux des Sept, qu'aux yeux du peuple des Sept Royaume. Cependant, je ne peux me prononcer à ce sujet-là. Bien ou mal, coup du destin ou acte honteux et déshonorant, cela s'est malheureusement passé et les conséquences sont visibles à présent et il faut composer avec. Aujourd'hui, je ne me placerais qu'en tant que Princesse du Roc, une noble dame siégeant à la Cour de Castral Roc, me remettant au jugement et aux prises de décisions des souverains du Royaume de l'Ouest ou du Val.
     

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« Elle est impressionnante n'est-ce pas ma Dame ? » Nymeria papillonna des yeux quelques instants avant de poser son regard sur la dame de compagnie qui avait fait l'ensemble du voyage depuis Castral Roc jusqu'aux portes du Val et à la magnifique cité des Eyrié, place forte de la famille royale du Royaume du Val et de la Montagne. Le château imprenable surplombait tout le reste, telle une tour qui guidait les pèlerins qui cheminaient des jours, des semaines sur les terres centrales de Westeros. Cependant, tous ne pouvaient accéder à la sécurité que semblaient donner ses hautes murailles. Comme si les pierres blanches qui avaient été utilisés pour construire l'édifice, obligeait à posséder une certaine pureté, un intérêt certain pour accéder à ce qui se cachait de l'autre côté des portes si bien gardées sous l'œil puissant et avisé du faucon. « De quoi parlez-vous ? » Elle vit les joues de la demoiselle se rosir petit à petit, puis elle baissa la tête comme si elle était quelque peu honteuse d'avoir ainsi dérangé la princesse dans sa rêverie. « De la forteresse. Mais j'avais oublié que ma Dame s'était déjà rendue ici, il y a de nombreuses années de cela. Vous n'avez jamais dû oublier le Val. »  Nymeria sentit la malice percer au travers de sa voix, mais Nym' ne chercha pas à relever la petite allusion que venait de faire sa compagne de route sur les attentions presque évidentes que la jeune princesse avait eu à l'égard de Ronnel Arryn et la rumeur avait circulé entre les murs de Castral Roc que la demoiselle, fort d'un grand caractère, avait su convaincre ses proches qu'elle était la mieux placée pour fortifier l'alliance entre l'Ouest et le Val par le biais d'une union entre un enfant de chaque royaume désavantageant ainsi l'aînée des princesses qui aurait été la mieux placée pour devenir la future reine du Val. Si cela semblait délier les langues de plus d'une personne dans l'entourage du Roi de l'Ouest, Nymeria n'avait vu que ça comme un geste sans doute prétentieux de sa part, mais guider par le fait que des sentiments bien réels à l'égard de Ronnel, faisaient vibrer le cœur de la jeune princesse. Et si ses parents avaient pris finalement la décision, que c'était à Megara d'assurer ce rôle, Nymeria aurait fini par se plier à la décision royale et n'aurait pas continué sur cette voix, refusant d'offenser autant le couple royal que sa tendre sœur. « Je ne l'ai pas oublié, pas plus que je n'ai oublié les autres cités que j'ai pu connaître grâce à mon père. Ce sont de formidables souvenirs. » Et cela resterait des souvenirs, elle savait qu'une fois qu'elle deviendrait la nouvelle reine, il lui serait alors interdit de parcourir Westeros comme il avait été possible de le faire auparavant aux côtés de son père. Elle ferma doucement les yeux, cela risquait de lui manquer, il serait sans doute difficile de s'organiser des escapades pour fuir la monotonie d'une vie de Cour. Elle n'était décidément pas très douée pour le point de croix et elle n'arriverait sans doute pas à broder plus d'une fleur sur une belle tapisserie.

Nymeria Lannister était née à Castral Roc, il y a de cela une quinzaine d'années maintenant. J'étais le troisième enfant du couple royal, devant se forger son propre caractère pour s'engouffrer et se faire une place entre deux autres descendants, l'un étant doté du titre d'héritier de la couronne ce qui le plaçait de fait devant tout autre enfant, il sera celui qui devait faire perdurer la lignée des Lannister du Roc, et puis même s'il semblait que les temps commençaient à changer quelque peu, et qu'une femme pouvait prendre le pouvoir, il était plus intéressant que ce soit un mâle à la tête d'un royaume plutôt qu'une femme dont on savait que le cœur était plus apte à souffrir des maux du monde et de l'amour. Si le cœur venait à être touché, l'esprit serait sans doute prompt à se laisser avoir également, une femme n'était pas le premier choix pour régner. Quant à Megara, elle était la belle et fière princesse de l'Ouest, l'un des joyaux de la couronne. Prenant en compte aussi bien les conseils de sa mère, que les préceptes qui lui étaient enseignés par le mestre. Elle avait tout de la jeune femme accomplie, celle qui ferait une bonne mère, une bonne épouse et aussi une bonne reine. Nym était si différente d'elle. Nym était si différente d'eux. A la fois, princesse du Roc voulant s'accomplir non pas comme une bonne dame de la Cour, mais comme une femme forte qui savait utiliser son esprit, et ses mains dans d'autres domaines que l'art de la peinture, de la couture ou sachant parfaitement danser, sans risque d'emmêler ses jambes ou de se prendre les pieds dans les somptueuses robes qu'on créait pour diverses occasions.  C'était d'un banal et cela était à bien des égards profondément ennuyeux. Nymeria rejetait tout ce qu'on tentait de lui imposer, outre son sens important de la contradiction parentale, elle ne trouvait aucune utilité à y accorder des heures et des heures. Elle était une femme malgré tout ce qu'elle cherchait à montrer aux autres, et elle savait qu'il lui incombait de savoir des choses essentielles pour tenir d'une façon correcte son foyer, même si travailler sur un métier à tisser durant de longues heures ne faisait qu'user ses mains et ses yeux.

Cependant, elle avait eu la chance d'avoir son père, un homme en qui elle pouvait avoir une confiance presque aveugle, qui pouvait comprendre le mal-être qui était le sien. Il avait su déceler en elle, cette part d'aventure qu'elle avait envie de vivre en dehors de Castral Roc, visitant les terres de Westeros et découvrant des choses qu'elle n'avait fait qu'étudier dans des livres figés qu'elle avait le droit de lire après avoir eu l'autorisation du mestre ou de sa mère, des deux mêmes la plupart du temps, d'étudier des cartes vieillissantes ou des tableaux essayant de retranscrire une histoire qui était depuis bien longtemps passé. Quand l'ennui se faisait trop grand, et quand son père était présent dans la cité familiale, il avait accordé plus d'un privilège à sa jeune fille. Il avait décidé de l'emmener avec lui à la chasse, ou encore de lui apprendre le maniement des armes. La petite princesse n'avait jamais pu le remercier assez pour tout ce qu'il avait fait pour elle. Elle se sentit accompli dans ses moments-là, comme si elle se trouvait à sa place, loin de l'étiquette qu'on voulait lui coller comme une fille de bonne famille qui avait tout ce qu'elle avait besoin d'avoir. Il était bien plus important à ses yeux qu'elle sache manier l'épée, pour pouvoir espérer peut-être un jour surpassé son frère, mais surtout pour réussir à se défendre, pour se protéger et protéger les siens si un jour ils venaient à être attaqué et que les hommes étaient partis au front, elle serait prête à donner sa vie pour eux s'il le fallait. Elle avait d'ailleurs entendu quelqu'un lui dire une fois qu'elle était plutôt capable avec une arme à la main.  Avec aplomb, ou avec un certain affront, elle avait répondu simplement qu'elle avait appris à manier l'épée pour ne pas risquer de mourir par elle. Qu'elle ne craignait ni la douleur ni la mort. « Que craignez-vous, Gente Dame ? » Elle avait fermé son visage, se redressant pour se tenir droite devant la personne qui lui avait posé la question. « Une cage. Rester derrière des barreaux jusqu'à ce que l'usure et l'âge les acceptent, et que toute forme de courage ait disparu irrévocablement. » Elle serait plus forte que tout le reste. Son père l'avait emmené aussi en voyage. C'était ainsi qu'elle avait fait la rencontre qui avait sans doute bouleversé le plus sa vie. Elle s'était toujours défendue qu'elle ne finirait jamais comme une de ses sottes de demoiselles amoureuses d'une illusion. Pourtant, elle avait été charmée, telle un amour de jeune fille, elle en était venue à échanger un seul et unique baiser avec le prince Ronnel Arryn au moment de son départ pour Castral Roc. Ce sentiment si inconnu pour elle aurait pu disparaître avec le temps, mais il n'avait fait que de se développer au cours des semaines et des mois par le biais d'une correspondance importante. Jusqu'au jour où l'idée d'une alliance maritale avait gagné l'esprit des deux souverains de l'Ouest et du Val, une alliance pour laquelle elle s'était battue, cherchant à s'afficher comme la meilleure candidate pour ce rôle. 

Nymeria avait eu gain de cause et avait quitté Castral Roc et le royaume de l'Ouest pour une durée indéterminée. Elle était là, aux Eyrié pour se marier, pour épouser Ronnel, l'homme qu'elle aimait. Elle ne savait rien de l'avenir qu'elle allait avoir à ses côtés, si son amour tiendrait maintenant qu'ils seraient ensemble à chaque instant du jour et de la nuit. Cependant elle ne pourrait oublier … Oublier que l'Ouest n'est plus aussi serein que ça, même si Lyman a arrêté la rébellion, elle s'inquiète pour sa famille. Maintenant qu'elle était loin d'eux, elle était certaine qu'ils lui manqueront bien plus qu'elle ne l'aurait jamais cru, elle ne pourrait plus veiller sur eux depuis le Val. Elle espérait que Ronnel et le Val ne seraient pas le prochain à subir certaines velléités de la part de son peuple. Elle serait là pour le soutenir dans tous les cas.