On devrait sauter dans le vide ?

La discussion matinale s’était conclue de manière plutôt positive même si de nombreux pans de mystère demeuraient. Les équivoques restaient trop nombreux et il en résultait une fondation grêle, aisément cassable. L’avenir n’avait jamais été source de tranquillité et la situation demeurait alambiquée. Les résolutions à prendre étaient pléthore, les efforts à fournir colossaux si ce n’étaient inhumains. Le naturel revenait toujours galopant lorsque vous le sachiez et j’appréhendais ma résilience à tenir les denses promesses dont le faix avait été mesuré avant de le déclamer. Cela pouvait paraître couard, même lâche cependant, je me jurais à moi-même que les verbiages prononcés n’avaient pas été soupesé bien au contraire. Sobrement, je ne pouvais pas foncer tête baissé en jouant les parangons et encaisser une nouvelle fois les charges émotionnelles. Les résistances avaient été corrodées comme l’acier par la pluie. Alors oui, je craignais particulièrement l’instant. Pour tout dire, bien plus que les batailles à venir, car c’était peut-être là que se jouerait le plus cet incertain avenir.

Ebryon, après m’avoir joué encore une bonne dizaine de tours, et après m’avoir appris à voler sans lui (comprendre moi dessous accroché au sac qu’il tenait et lui au-dessus),  parfois se laissant presque carrément porter par moi alors qu’il commençait à peser lourd (ça l’a vexé et il n’a manqué de rebondir sur mon manque d’exercice de ces dernières semaines), semblait commençait à réellement m’apprécier. Je ne cherchais plus à le dompter mais plus à suivre le mouvement, et si je ne l’avais pas encore monté, cela viendrait très prochainement. Le dragonneau sentait cette anxiété grandissante en moi, et sans prétention, je pense que ses bêtises de notre séance d’entraînement visait avant tout à m’éclaircir les idées, me faire oublier l’instant présent. Avant de pénétrer dans la tente, pour la première fois, il me demanda formellement l’autorisation. Pour être avec notre sœur, mais aussi car je le soupçonnais de vouloir veiller sur ce qui se déroulerait là-bas. Est-ce que cela m'autoriserait à le monter la prochaine fois, visiblement non. Mais il arrêterait de me piquer mes affaires. Je cédais et non sans célérité il se dirigea dans la tente impériale un peu plus loin. A mon tour j’arrivais devant et ô joie, Torrhen et Isla. Simple salut, pas de révérence, je me permettais même de pénétrer avant eux dans l'exigu lieu. Je pense que j’aurais préféré l’auberge ou une grande plaine. On étouffait ici. Je me rapprochais du seigneur de la nuit naturellement alors que chacun de nous prenait place.

Le départ commençait… extrêmement mal ? S’en était presque fabuleux putain. Soit j’étais vraiment con, soit j’avais encore raté un épisode.    

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On devrait sauter dans le vide ?

J’étais campé sur ma position, observateur plutôt qu’acteur d’une situation qui semblait défier l’impossible tant elle me paraissait plus rocambolesque et négative encore que la précédente. Blessé je l’étais, certainement à l’orgueil soyons franc. Une fois de plus isolé des petites affaires, sur des sujets qui me concernaient qui plus étaient, j’en avais ma claque de ces petites cachoteries qui ne visaient pas à faire le mal mais qui irritaient les écailles du dragon. C’était peut-être ça le plus terrible dans cette situation. Savoir que Rhaenys n’avait pas médité à mal tandis que ces paroles pourtant me faisaient l’effet d’une scramasaxe dans le dos. Ses idées plus extravagantes les unes que les autres lui étaient venues en vol ? N’aurait-elle pas pu trouver un laps de temps pour en discuter avec ma personne ? Après tout, elle était bien aller déranger Isla et Torrhen pour ça. Peut-être même avait-elle fait d’une pierre deux coups. Alors pourquoi ne pas en parler avec son frère ? Il n’était peut-être pas si faux que j’aurais certainement refusé en bloc, au moins pour deux des trois idées. L’abandon de la couronne aurait renié mes vœux vis-à-vis de l’Empire que je n’avais oncques apprécié, le tenant pour un démiurge bien ambitieux pour un continent trop vaste. J’avais embrassé la voie impériale pour sa majesté l’Impératrice et pour personne d’autre. Ma loyauté envers Torrhen n’était acquise et intacte que parce que sa souveraine se trouvait être sa femme. Ni plus, ni moins.

En attendant je restais cloîtré dans un divin silence, empoisonné, non, paralysé par mes propres pensées et cette sensibilité brûlante qui en viendrait peut-être à exalter ma peau d’une couleur légèrement rougeâtre. Un combat contre soi-même, contre cet appel irréfragable à la destruction. Il n’y avait plus rien à perdre, de cela s’était une certitude dans laquelle je me thésaurisés convenablement.  Néanmoins, même dans ce nid peu douillet, fulminer pour finalement se déchainer réduirait en fraisil toute gageure sur le futur et enténèbrerait tout avenir avec Rhaenys. Et, pour cette promesse faite, je tiendrais coûte que coûte, contre cette propre débilité dont je savais si bien manier la recette. Le silence était d’or, la raison gardée d’obsidienne. Alors, jobardement, j’attendais que mon propre feu me consume pour tordre cette vandale torpeur qui m’habitait sur l’instant.

Je n’avais pas grand espoir que les paroles de Torrhen m'apaisent, et c’était bien tout le contraire qui se produisit. Mais là, au moins, il n’y avait aucune surprise.  Plus les lunes s’écoulaient et plus je le trouvais sincèrement antipathique, surtout ces derniers jours. Cependant d’un autre côté, il était plaisant de le voir ramené au niveau de l’homme lambda, découvrant des failles dans son éternel trop plein de sérieux et ses morales à trois pièces d’étain. Pourtant au départ cela partait bien, frustré par mes propres émotions je parvenais tout de même à comprendre le cheminement de ses idées et avec force il réfutait l’idée que la couronne puisse quitter la tête de ma sœur. La suite me fait pâmer d’incompréhension. Un peu honteusement un rictus intérieur se mit à hurler. C’était d’un fatal amusement, celui dont vous savez qu’il faut vous contenir à tout prix pour ne pas jeter une huile plus intense sur le brasier. J’avais envie de le dégommer sur l’instant, de lui foutre mon putain de poing dans la gueule afin de lui faire perdre cette deuxième partie du visage qui lui restait. Le devoir pour les autres, mais pas applicable sur sa petite personne hein ? Mais quelle merde. Faire des bâtards qui menaçaient l'entièreté de l’Empire, quelle joyeuse idée. Par dessus la foire, invoquer les traditions de chez lui… je me demandais bien ce qu’en penseraient ses autres enfants. La monogamie, ça n'existait pas dans le Nord visiblement. Toujours à se dissimuler derrière des grandiloquents mots pour se planquer de ses émotions hein.

Tu n’es pas un loup Torrhen, mais un chien, un putain de chien en rut.

La suite n’était que folie plus grande encore, et le plus tragique dans cette histoire, c’est que j’aurais pu en accepter une partie, car j’avais suggéré une idée identique à Rhaenys. Un mariage pour dissimuler des onirismes demeurait une obligation à terme pour dissimuler les relations adultérines qui finiraient par causer du tort. -Mais visiblement moins que de faire des bâtards.- Qu’importe la personne, Isla ou une autre, qu’importe que cela soit lui ou Rhaenys, jamais je ne tolérerai qu’à cause d’un amour éperdu, l'entièreté de l’Empire soit menacée. Du moins tant que ma fidélité demeurait de nature impériale. Rhaenys et moi avions toujours exclu avec force l’idée d’avoir un enfant, rien que de songer à cette idée apocryphe me donnait la nausée. Jamais, ô grand putain de jamais… Impossible de continuer à réfléchir, la situation était bien trop lunaire. Mes poings se serraient, premier signe d’une véritable réaction de ma personne à la scène se déroulant sous mes yeux.

Il m’interpellait je crois, je ne lui répondais qu’avec un petit esclaffement de rire, nerveux, à ses propos, la tête légèrement penchée vers la dextre. S’il savait à quel point je rongeais mon corps tout entier pour ne pas me jeter sur cette vieille carcasse. Ma grande gueule menaçait de s’ouvrir alors je me mordis la langue fermement, laissant un filet âpre vermeil se répandre dans ma bouche. Toutefois, une satisfaction venait poindre dans mon esprit lorsqu’il narra “la place”. Celle qu’il avait été incapable de conquérir. Ma main vint se poser sur mon front comme pour tenter de temporiser la situation. Il ne comprenait rien à rien. Son propos sur Isla m’agaçait car impossible de comprendre le sens donné à sa phrase et c’était cette incompréhension qui me faisait délirer plus encore. Il m’offrait l’illusion du choix avant de rapidement soutenir avec rare vigueur la proposition qui l’arrangeait le plus en sortant litanies de paroles creuses qui ne firent que me lever les sourcils et lâcher un long soupir. J’avais tenu c’était déjà ça non ? Ouais on trouvait un peu de félicité là où on pouvait, pas glorieux. Mais je me rendais compte que la colère avait laissé place à une profonde désespérance. Celle que rien ne serait aisé et que dans tous les cas, la situation resterait méphitique. L’opportunité de quitter cette brouille serait le plus facile, mais cela ne résolverait strictement rien, au contraire même. Et la suite n’arrangerait pas les choses.

Je sentis la dragonne se réveiller à côté de moi, rappelant sa position de puissance, le cœur battant de cette situation. Celle de qui beaucoup partait, celle pour qui nous étions prêts à braver de nombreux périls, celle que nous tentions de ramener à la vie. J’entendis ces pas se rapprocher de moi et sa main se glisser dans la mienne. Cette douce chaleur me fit redescendre, catharsis qui me fit m’échapper des propres tourments de ma pensée. Mon regard plus doux, croisa le sien. Qu’est-ce que je pouvais l’aimer. Léger soupir intérieur. Pour elle, j'encaisserai tout. Des simples échanges de regards, la synchronicité des battements de nos cœurs respectifs. Je crois que j’étais en train, pour la douze millième fois au moins, de retomber amoureux d’elle. De cette souveraine des cieux qui comme la brise demeurait insaisissable, libre d’action, vivante. Sans une parole, sans un mot, j’essayai de lui faire comprendre que j’étais désolé sur l’instant. Puis elle me quitta pour se rapprocher de l’autre homme de sa vie. Toujours à me protéger Mandia. Pour le meilleur comme le pire.

Quoique l’Impératrice puisse en dire, je demeurais tout de même par ma nature de prince un formidable outil politique. Une glaise demandant à être transformée. Belle image de ma propre personne n’était-il pas ? Point commun prééminent : on ne parlait pas. Ses paroles se suivaient, tentant d’apaiser la situation, de reprendre la main sur l’ascendance de Torrhen qui en prenait pour son grade. Ce n’était pas joyeux et les chemins devenaient plus tortueux. De nouveau le sujet concernant Isla et moi revenait sur la table. Poursuivant ses propos, l’Impératrice finit par flottante, son corps prenant le contre-coup de la situation.

Mon regard devint ivre d’inquiétude lorsque c’est la gueule d’Ebryon qui vint attraper le bras de ma sœur. Toutefois en un éclair je fus rassuré, comprenant le geste du dragon. Lui aussi devait certainement vivre pleinement la scène, ressentant les pensées les plus intimes de l’Impératrice ainsi que les miennes, une combinaison qui même pour un être aussi imposant devait altérer ces réactions même les plus protectrices. Naturellement et sans peur aucune, je m’approchais vivement du dragon qui m’observait avec ses yeux grands ouverts. « Kirimvose » narrais-je à son encontre pour le remercier. Je m’abaissais quelques secondes pour le gratifier d’une caresse sur son museau avant de reprendre place du côté de ma sœur qui s’était éloignée de nous tous. Mon bras encore efficient vint l’ensserrer pour la rapprocher de mon corps. J’allais poser ma tête contre la sienne quelques brefs instants. Ce n’était pas l’amant mais le frère qui venait pour la stabiliser. Ce n’était pas les flammes de la passion qu’il lui fallait mais l’ivresse du givre. Ce n’était pas ma place aussi dur était-ce à accepter pour l’orgueil. Si je maintenais une forme d'étreinte, celle-ci se délia, pour lui redonner une liberté aisément acquérable, réduisant le contact physique mais verrouillant ma présence. Elle n’avait plus à porter tous les fardeaux seule. Elle avait laissé secret son désir lorsqu’Isla lui avait demandé. M’en avait-elle offert des esquisses ce matin ?

Craindrais-tu Mandia de nous forcer la main ? De mettre à découvert une plaie encore saignante, refusant cicatrisation. Je me souvins d’un voeu ce matin. Celui du songe de paix, d’une tolérance à l’égard de l’autre, qu’importait les erreurs, les ressentiments. Et je t’en veux amicalement je crois, parce que ça m’amuse. Une liesse pleine de tristesse, comme celle d’un bon adieu, comme pour mon départ à Dorne. Celle de la fin d’une histoire qui se termine et qui n’avancera plus, demeurant suspendu aux couloirs de notre imagination pour continuer à vivre, peut-être. Même en cet instant tu demeurais auréolée d’une rare bienveillance. Alors, cette fois-ci, plus que toutes les autres fois, j’espère t’avoir compris correctement, avoir su entendre tes mots, tes douleurs, tes putains de folles espérances qui nous tuerons tous. Permets-moi, par les paroles qui suivront, de tenter d’ouvrir la voie. De te prouver que ce matin, nous avons changé la trajectoire de nos destins pour mieux nous recentrer sur la neutralisation de nos ennemis.

Alors qu’Isla semblait réfléchir à sa propre situation, tournant la tête vers Torrhen, avec un ton posé. « C’est de toi qu’elle a besoin là. Et uniquement de toi. Alors bouge-toi. » La situation était paradoxale et m’en coûtait énormément. Cela venait à reconnaître une acceptation d’une vie sentimentale égrainée, poudreuse. Un peu le sentiment de me trahir moi-même, mais pour le sourire de Rhaenys, je serais prêt à bâtir un empire. Cependant, donner un ordre à l’Empereur ça s’était vraiment sympa. Faites que ce con ne refuse pas sinon par les dieux, je m’en vais joyeusement lui raccommoder le visage. Sa réaction vive me fit bien comprendre qu’il n’attendait finalement que ça et que peut-être m’étais précipité trop rapidement, volant ce moment qui aurait dû être à eux. Je pense que je l’appréciais autant que je le détestais ce con de clébard. Jusqu’à ce qu’il soit devant nous. Toutefois, j’eus la décence de m’écarter pour éviter qu’il n’en vienne à mordre ou grogne.

Isla enchaînait faisant résonner les paroles de la raison dans une tente qui manquait cruellement de notes plus tempérées. Plus d’ire ou de colère sur la question du bâtard ou ce genre de bêtises. Une tentative de prise de recul sur la situation qui demeurait périlleuse à mes yeux. Et par instinct, je compris bien rapidement où mènerait la réflexion d’Isla, alors j’aurais préféré qu’elle se taise. Le mariage d’apparence frappait tel un fouet sur ma poitrine. Juste mérite mais bien dolent. Je soufflais encore, devenu véritable moulin à vent durant cette séquence. Je l’ai aimé Isla, et je l’aime encore. D’un amour bien moins ardent que Rhaenys c’était vrai. Mais tout de même. Alors, cette proposition relevait d’un subterfuge qui se resserrait tout ou tard sur une cheville. Ce n’était pas acceptable. Et la résolution du problème de l'ilienne, qui était parfaite avec les éléments à sa disposition, se retournerait bien vite contre l’édifice impérial. Alors quand elle eut conclu il fallut répondre.

« Mais je t’aime Isla. » Véritable clameur du cœur qui lorsqu’elle cessa de se faire entendre me donna envie de me fracasser la tête sur la table. « Pas d’un amour aussi entier que celui que tu mériterais. Pas aussi ardent qu’il le devrait. Mais je t’aime. » Tout le problème était là. Contrairement à Torrhen, il n’y avait pas d’équilibre dans l’affection portée aux femmes de ma vie. Sempiternellement Rhaenys avait été au-dessus de tout. Mais ce cœur lésé était parvenu à s'amouracher d’autres personnalités fortes : l’incandescente Deria et la satinée Isla notamment. « Mes mots à ton égard étaient injustes, épris par la colère de la situation. Je souhaitais acquérir une distance à ton égard pour éviter de rajouter des tracas à ce que nous vivons. J’en suis désolé. Mais un mariage signifierait cultiver cette indifférence ou une forme d’animosité. » Pour ne pas perturber l’équilibre souhaité. Et pourtant en disant cela c’est que je provoquais. « Ma proposition de mariage, avant mon départ avec Rhaenys, à ton égard était sincère. Je pensais chacun des mots pesés et que naïvement cela simplifierait tout. » Divulgache : ça avait tout compliqué, tout empiré. Comme toutes mes actions, comme toutes mes paroles. Je me tournais rapidement vers Torrhen avant de regarder Rhaenys puis de nouveau de poser mon regard sur Isla. « Ce n’est pas pour rien qu’après la campagne du Val, lorsque la question du mariage fut de nouveau posée… » Ne demandons pas par qui. «... Ce fut ton nom qui s’échappa de mes lèvres, sans aucun doute. » J’haussais les épaules, regardant cette fois la table. « Mais je n’avais aucune idée de votre relation. Même si j’en avais eu des idées, je pouvais passer au-delà. » Quelques instants de silence. « Je serais heureux de ce mariage, mais cela ne ferait que renforcer les tensions entre Torrhen et moi. Inutile. C’est donc non. » Oh qu’il était amer celui-là. mais pour ne pas rester dessus trop longtemps, parce que j’avais une poussière qui me grattait l'œil -non-, je m’aventurais sur un terrain plus dangereux.

« Et au nom du sacro-saint devoir … » et là mon regard alla se figea dans celui de Torrhen « … qui est de servir l’Empire du mieux que je puisse, la possibilité de laisser vivre des bâtards serait un immense péril sur l’avenir. Facile de gérer un problème que de le laisser à la génération suivante. Qu'est ce que qui se passera si un de tes enfants illégitimes venaient à contester la succesion impériale ? » C’était presque une parole sourde, une menace non voilée sur la vie des êtres qui pourraient naître des balades futures de Torrhen. La mort ? Peut-être. L’exil ? Certainement. Comment songer à faire d’autres gosses, des bâtards, alors qu’il en avait déjà deux à élever et qui plus était, un avait été perdu tout récemment. Merde quoi ! Lui qui n’avait eu de cesse que d’en invoquer aux devoirs de chacun, j’étais bien heureux de lui jeter cette merde à la figure.  

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On devrait sauter dans le vide ?

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