Deux jours que j'étais arrivée et je me rendais compte à quel point être ici, sur mes terres me faisait du bien au moral. Pour autant, je n'oubliais pas ce que l'Empereur et son intendante attendait de moi et je prenais mes marques petit à petit. Lyham était bien là, mais au vu de ce qui se passait, nous n'avions pas encore eu le temps de discuter tranquillement de la situation et de ce que je pouvais faire pour l'aider également. Les tensions entre le souverain du Nord et celui du Conflans étaient palpables et je me rendais compte que je devais apaiser un peu les esprits. Chose pas du tout simple. Je ne savais pas encore comment procéder, me contentant pour le moment d'en savoir le plus possible sur la situation actuelle. Je n'étais pas idiote, je savais que tout n'allait pas se régler en un claquement de doigt, il faudra du temps... Or du temps, nous n'en avons pas tant que ça. Mais il le fallait, pour le bien du Conflans, pour le bien de tous en réalité.

Je n'avais pas beaucoup dormi de la nuit, écrivant plusieurs lettres et surtout, cherchant une solution à plusieurs problèmes qui se posaient. L'aube commençait doucement à poindre et je me lève alors de mon fauteuil pour jeter un coup d'oeil par la fenêtre. J'avais oublié à quel point j'aimais cela, regarder le soleil se lever. D'ordinaire, j'aurais pris mon cheval pour me promener dans une forêt ou simplement à travers les champs, mais nous sommes en temps de guerre. Même si je ne suis plus reine, je suis désormais au service de l'Empire ce qui ferait de moi une cible potentielle. Puis je suis une fille de bonne famille également, donc autant ne pas prendre de risques. Je sors de la chambre et erre dans les couloirs presque déserts pour finir par arriver dans une cour où les soldats s'entraînaient visiblement au tir à l'arc. Un sourire se dessine alors sur mes lèvres et sans réfléchir, j'en attrape un et quelques flèches. Cela faisait des mois que je n'avais pas touché à un arc. La première flèche se planta dans la cible, mais loin de son centre. J'en attrape alors une autre et même constat. Je soupire légèrement, mais ne baisse pas les bras. Je regarde autour de moi et vois qu'il n'y a toujours personne, alors je continue.

Et après plusieurs essais infructueux, je me rappelle les conseils de mon oncle lorsqu'il m'a appris à me servir d'un arc contre les avertissements de ma mère qui désespérait de me voir aimer cela. Je suis une fille du Conflans après tout, cela n'étonnait guère mon grand-père qui m'encourageait alors silencieusement pour que ma mère ne se mette pas à lui crier dessus. Et très vite, j'attends la cible en plein coeur, ce qui m'arracha un sourire victorieux. Je n'avais pas peur des regards des rares soldats qui traversaient la cour, après tout, même lorsque j'étais reine, je m'entrainais avec mes propres soldats et Yoren n'y trouvait rien à y redire. Et en plus d'avoir été appréciée et aimée de mon peuple, j'avais le respect de mes soldats. Enfin, c'était avant, aujourd'hui, les choses sont bien différentes. Je pose l'arc sur le sol et sens que quelqu'un m'observe avec attention. Je voyais quelqu'un du coin de l'oeil, mais n'y prêta pas attention dans un premier temps et reprit mon arc pour tirer une autre flèche qui toucha elle aussi le centre de la cible.

Arc en main , je me souviens de la toute première flèche que j'avais décochée et de la frustration de ne pas avoir touchée ma cible. Enfin, j'avais bien touché quelque chose, un arbre, à plus de quatre mètres. Ce qui avait fait rire mon oncle et je me souviens avoir boudé un peu. Mais à force de patience et d'entraînement, j'eus réussi à toucher la cible plus d'une semaine après et mettre une flèche en son centre quelques jours plus tard. Je me souviens alors de ce sentiment grisant, de la satisfaction d'avoir réussi. Et de la passion que j'avais développée pour l'arc, bien que ma chère mère désapprouve. Pour elle, une femme de mon rang ne devrait pas savoir monter à cheval et encore moins se servir d'une arme. Mais je suis une fille du Conflans, un esprit assez libre et rebelle. C'est ce que je suis et c'est ce que je resterais sans doute jusqu'à ma mort. Et j'en suis fière en réalité, parce qu'il est bien plus difficile de m'imposer des choses, même si j'ai eu mon lot de malheur dernièrement. Mais même si j'ai eu le moral a zéro quelques temps, je me suis reprise. Ce n'est pas en pleurnichant sur mon sort que ça va changer quoi que ce soit pour le Conflans. Bien que certains soirs, la peine est trop lourde à porter.

Je décoche alors une flèche qui atteint sa cible en plein coeur et un sifflement résonna alors. La silhouette que j'avais sur le côté il me semble. Je pose le bout de mon arc sur le sol et tourne la tête pour voir... Un jeune adulte, un adolescent je dirais. Je souris légèrement alors qu'il s'excuse de son geste. " Ne t'inquiète pas, ce n'est rien." J'avais vu et surtout vécu bien pire que cela . Je l'observe alors qu'il se dit admiratif de mon tir et je secoue légèrement la tête, ce n'était trois fois rien, juste une flèche et un peu d'entraînement. Mais je pouvais comprendre que de voir une femme de mon rang dans la cour d'entraînement une arme à la main, ça interpelle. " Est-ce que tu sais te servir d'un arc ?" Il devait très certainement être un soldat, bien qu'il me semble l'avoir aperçu quelque fois dans l'entourage proche du roi Lyham. Je n'avais pas encore eus le temps de comprendre qui étaient toutes ces personnes qui gravitaient autour du souverain du Conflans.

Mais a bien l'observé, il me semblait quand même bien jeune, même si je sais que cela ne veut rien dire. C'est un honneur de servir le roi et d'appartenir à son armée, je le sais bien. Mon frère n'avait eu de cesse de me le dire et quelque part, je l'avais envié avant de partager le quotidien de Yoren et donc de ses troupes armées. " Tu semble bien jeune, quel est ton nom ?" J'étais curieuse d'en savoir un peu plus désormais. Les jeunes hommes qui partent en guerre défendre leur royaume sont légion et je ne lui jetterais pas la pierre à ce sujet, ce n'est pas le but. Non, pour le moment, je voulais simplement connaître son nom et savoir s'il savait se servir d'un arc. Pour le reste, je verrais en fonction de ses réponses.

Il est gêné, je le sens et surtout, je le vois à sa manière de se comporter. Cela me fait légèrement sourire, mais je n'ajoute rien pour le mettre encore plus dans l'embarras. Certaines à ma place ne se seraient sans doute pas gêné pour le faire, trouvant cela déplacé, mais j'avais vu , entendu et vécu bien plus humiliant qu'un sifflement admiratif. Et puis il était encore jeune, de ce que je pouvais voir, il a encore des choses à apprendre. La fougue de la jeunesse on va dire et moi-même il m'était bien arrivé d'outrepasser mes droits en la matière et plus d'une fois. Les enfants du Conflans sont comme ça en général. Ou alors c'était juste moi. Possible. Dans tous les cas, je me fais aussi rassurante que possible, lui assurant que ce n'était rien. Il n'était pas le premier à être surpris ou encore admiratif que je sache me servir d'un arc et parfois bien mieux que certains archers des armées régulières. " Si j'avais été une reine, sans doute, mais ce n'est plus le cas. Tu n'as donc rien à craindre, cela restera entre toi et moi." Aucune raison d'en faire toute une histoire pour rien.

Il répond ensuite à ma question, me confirmant qu'il ne savait pas se servir d'un arc. Visiblement, il était plus à l'aise avec une épée et j'eus un léger sourire sur les lèvres. Savoir se servir d'un arc offrait bien des avantages, sur et en dehors d'un champ de bataille, mais chacun ses préférences. " Je peux te montrer si tu veux, ce n'est pas aussi difficile que ça en réalité." Mais le choix était le sien après tout et je ne le forcerais pas s'il n'en avait pas envie. Je n'étais pas là pour ça non plus de toute façon. J'eus un léger froncement de sourcils quand il se présente. Tiens ce nom me dit quelque chose. Je garde le silence quelques secondes afin de me rappeler avec qui je parlais de ce nom en particulier. Je pose mon arc délicatement et me retourne vers lui. " Je crois que j'ai parler de toi avec ce cher Garlan Goldwyn, qui semble inquiet de ne pas avoir de nouvelle de ta part. Cela te dis quelque chose ?" Oui c'est ça, il m'avait demander par missive de lui passer le bonjour. Ce qui est chose faites. " Tu devrais sans doute lui écrire pour lui dire que tu es vivant." Cela lui fera assurément plaisir j'en suis convaincue.

Puis je hausse un sourcil, surprise. " Douze ans ? Tu es bien jeune pour voir autant d'horreurs..." La guerre est une réalité et ce n'est pas quelque chose de joli à voir. J'en avais vu des champs de bataille, j'en avais vu des choses en suivant Yoren et certaines images sont restées dans mon esprit. Yoren disait que c'était nécessaire, mais comment justifier autant de violence ? Aujourd'hui, je sais que tout cela aurait pu être évité ou du moins atténué. Mais c'était trop tard. " Je te vois régulièrement auprès du roi Lyham, quel est ton rôle à ses cotés ?" Vu la mission qui m'amène en ce lieu, en plus de m'assurer que tout se passe bien, autant que j m'assure de l'entourage du roi. Et s'il pouvait m'aider à y voir plus clair dans son comportement de ces derniers temps, ça m'aiderais également, mais chaque chose en son temps.

Je hausse un sourcil, surprise par la teneur de ses propos. Ce jeune homme avait eu une bonne éducation visiblement. Ce qui n'était pas le cas chez la plupart des soldats, mais je n'allais pas me plaindre, j'avais toujours été bien traitée, que ce soit en tant que reine, otage ou ambassadrice désormais. Je restais une noble du Conflans, quoi qu'on en dise et une ancienne reine. Mais il est vrai que j'avais entendu des choses assez peu plaisantes au fil des ans et j'avais compris à force qu'il fût inutile d'essayer d'inculquer le respect à ces hommes, qui de toute façon s'en moquaient éperdument. Lui il était différent, jeune certes, mais assez malin pour dire ce qu'il fallait quand il le fallait. " C'est vrai, tu as raison." Comme quoi tout n'était peut être pas perdu. Il restait des soldats avec une notion de respect. Je reste pensive quelques instants le regard dans le vide, comme s'il n'était pas là. Je me rends compte que j'avais l'habitude d'être entourée de soldats et que cela ne me gênait absolument pas. J'en avais passé du temps en compagnie des armées de Yoren, malgré la grossesse et les risques. Si c'était à refaire, j'agirais certainement autrement.

Lorsqu'il répond favorablement à cette question, j'eus un sourire sur les lèvres. L'art du tir à l'arc demande de la patience et de la dextérité, mais ça devrait le faire, du moment qu'il arrive a décocher une flèche. Je lui fais donc signe de s'approcher de plus près. Mais je lui parle de Garlan avant de passer à la pratique et il semblerait que j'ai eu raison. Il s'excuse du fait de ne pas y avoir penser plus tôt et je ris légèrement. " Ne t'en fais pas, tu as été bien occupé sur la ligne de front, je suis certaine qu'il comprendra." Tiens donc cette histoire pourrait être intéressante à entendre, mais pas aujourd'hui. " Il se trouve à Fort Darion, en convalescence. Il a été lourdement blessé, mais il s'en remet bien de ce que j'ai pu voir." Je le rassure sur ce fait, mais les blessures c'est quelque chose de commun chez les soldats. J'en ai même vu certains qui comparaient leurs blessures de guerre comme si c'était un trophée. Ah les hommes...

La suite de ses propos me surprend tout autant. Si jeune et déjà témoin d'atrocités ? Je songe alors à mon frère, lui aussi avait dû voir des choses terribles et ne pas pouvoir le voir pour qu'on en parle me pèse sur les épaules. Je suis l'aînée et si lui il est l'héritier de la famille Bracken, je suis sa grande soeur, celle sur laquelle il est censé pouvoir compter. Même si je suis loin, même si je fais des choix qui doivent lui sembler étranges. C'est pour eux que je le fais, eux et le Conflans, plus que pour moi-même en réalité. Le sacrifice en vaut la peine à mes yeux. " C'est tristement vrai, alors essayons d'y mettre un terme tout en restant en vie dans ce cas." C'était une solution après tout. Il ajoute qu'il est l'écuyer de Lyham et j'eus un sourire sur les lèvres. Il doit alors bien le connaître, savoir plus ou moins dans quel état d'esprit le roi doit se trouver. Il m'a l'air d'être quelqu'un d'assez observateur. " Dis moi, toi qui est souvent auprès du roi, dans quel état d'esprit est-il ces derniers temps ?" Toute information était bonne à prendre pour que je sois la plus pertinente possible lors de nos prochaines discussions.

Son nom de famille ne m'était pas inconnu, mais impossible de clairement le restituer. Il y avait pas mal de famille noble au sein du Conflans et maintenant il allait falloir que je me familiarise de nouveau avec tout ce petit monde. J'ai été la reine de Yoren, je porte le nom des Hoare, la tâche risque d'être ardue, mais je suis et resterais une fille du Conflans, a jamais. Je saurais me faire entendre avec le respect que je dois et qui m'est due également. Mais ce jeune homme pourrait grandement m'aider, assurément. Il n'a pas l'air totalement idiot non plus et il en avait  vu des belles déjà. Je lui souris quand j'entends son ton légèrement moqueur et secoue légèrement la tête. "Ne sois pas si dur avec toi même." Cela ne serait pas bon, ni pour lui, ni pour son entourage. Sans compter qu'il avait encore le temps d'apprendre pleins de choses. Mais il avait raison sur une chose, la guerre compliquait les échanges, quels qu'ils soient. D'autant plus si on est blessé. Je l'observe quelques secondes, me disant qu'il devait certainement avoir une mère ou des soeurs inquiètes pour lui. Ainsi vont les choses.

Je lui apprends visiblement l'état de santé de Garlan, je ne sais pas si c'est une bonne chose ou pas de le lui dire, mais au moins, je suis à peu près certaine qu'il pensera à envoyer cette lettre du coup. Et puis ça lui fra assurément plaisir, il avait l'air de se faire un peu de soucis pour ce jeune homme lors de notre discussion à Fort Darion. Mais la guerre ce n'est pas seulement les blessés et j'en avais vu assez aussi pour toute une vie. Même si je sais que Yoren ne faisait rien lorsque j'étais présente, ce n'était pas spécialement le cas de ses hommes et des atrocités ont été commises. C'est ça aussi la guerre, c'est moche. Aujourd'hui, ce que je veux  par-dessus tout, c'est ramener cette paix sur mes terres natales, celles que j'aime plus que tout. Et je ferais ce qu'il faut pour que ce soit le cas. Je me le suis promis et j'avais décidé d'apporter mon aide à l'Empire pour ce faire, même si on m'avait appris à les haïr.

Et puis comme il était l'écuyer de Lyham, je lui demande comment il va, d'après lui, bien sûr, mais ça me donnera une légère indication sur la manière de l'aborder. Hormis quelques échanges polis et courtois, nous n'avons pas eu le temps de réellement discuté des choses qui m'amenaient ici. Je l'écoute, tout en tenant encore mon arc à la main. J'attrape une flèche et la décoche pour toucher ma cible légèrement à côté du centre de la cible. " Je n'en doute pas une seule seconde." Perdre quelqu'un qu'on aime et un enfant, je sais ce que c'est et c'est difficile à accepter. J'inspire légèrement et reporte mon attention sur le plus jeune. " C'est ce que je veux aussi et je suis là pour l'y aider, avec l'aide de l'Empire." Parce que sinon, je ne pense pas que ce soit réellement possible, même si ce que j'ai entendu le concernant, n'était pas rassurant, mais inutile de lui en parler. " On finira bien par y arriver, il faut garder un peu espoir." Je lui souris un peu plus largement. " Allez approche, je vais te montrer comment on tient un arc et comment réussir a décocher une flèche." Mine de rien, ce n'était pas si facile.

Je ne peux pas réellement le contredire. Si on veut s'en sortir dans ce monde, il faut s'endurcir, c'est un fait. Mais il ne faut pas perdre le reste au passage, sinon on devient une brute épaisse sans coeur et il n'en avait pas l'air. Certes, cette guerre lui avait offert un lot d'épreuves et d'horreurs, tout comme moi, mais je n'en perds pas ce qui fait de moi ce que je suis. Et puis c'est encore un enfant que ça lui plaise ou pas en tout cas. Mais un enfant qui est obligé de grandir trop vite, comme beaucoup de garçons de son âge. Cette guerre laissera des traces, c'est indéniable. Lorsque sujet de Lyham arrive sur la table je le sens hésitant. Je ne lui demande pas de me faire un portrait peu flatteur de la situation, mais il est souvent à ses côtés et serait donc un bon témoin de ce qu'il peut ressentir. Je sais que ses dernières décisions ont fait débats et c'est aussi pour ça que je suis là. Pour prévenir de potentiels débordements. Et aussi pour aider, d'une manière ou d'une autre. " Je suis là pour rassurer les autres et aider Lyham." Je sais ce qu'il a essayer de faire et je me mords légèrement l'intérieur de la joue, ne sachant pas réellement quoi lui répondre. " Disons que la situation est compliquée... Mais personne ne mettra sa tête au bout d'une pique." Pas pour l'instant en tous cas.

Tout ce qui concerne l'Ouest est compliqué. Parce que la reine de ce royaume est la fille de l'Empereur et que ça met tout le monde dans une position difficile, mais en même temps il faut en finir, d'une manière ou d'une autre. La tentative de Lyham n'était pas idiote, mais elle était sans doute survenu trop tôt. Je grimace légèrement quand il ajoute qu'il n'avait plus d'espoir. Comment lui en vouloir après tout ? Il faut dire que tout ça est loin d'être terminé et ça me désole autant que lui. " C'est bien dommage. Tu es bien trop jeune pour perdre espoir de tout." La vie peut être si belle, si douce et pleine de surprises par moment, même si effectivement, désormais tout n'est que chaos et violence.

Je lui demande alors de venir près de moi pour lui apprendre à tirer à l'arc. Je remarque son hésitation et cela me surprend. Puis il m'annonce, du moins me prévient qu'il n'aime pas être touché. Je le regarde, surprise quelques secondes, avant de sourire et hoche la tête. " D'accord. Allez approche." Je reprends mon arc et me tourne vers lui." Regarde comment je pose mes mains sur l'arme." C'est important, surtout qu'il faut avoir de la force pour bander l'arc comme il faut. " Tu vois comment j'ai poser mes mains ?" Je bande l'arc pour lui montrer que ce n'est pas si difficile. Puis je souris et lui tends l'arme. " A toi, essayes."< Normalement, je devrais être derrière lui pour repositionner ses mains au besoin, mais après ce qu'il venait de me dire, je n'osais pas. Pour déclarer qu'il n'aimait pas qu'on le touche, il avait du en voir de toutes les couleurs./div>

Il allait falloir que je gagne la confiance des gens avec qui j'allais être amené à parler, à rencontrer régulièrement. Lyham et Jon étaient en tête de liste, après tout, ce sont deux souverains et je leur devais le respect et une certaine obéissance, du moins dans la mesure du possible. Je me connais, je sais quel caractère j'ai et que je m'emporte facilement quand je défends une cause qui me tient à coeur. Et pour le Conflans, pour que mon royaume de naissance et de coeur retrouve une stabilité et une paix durable, je suis prête à tout. Je comprenais les doutes du jeune garçon, après tout l' Empire n'avait pas été tendre avec Lyham ces derniers temps, mais c'est bien pour ça que je suis là. Pour apaiser tout cela, pour que les relations redeviennent fluides et j'eus un rictus à sa phrase. Il n'avait malheureusement pas tort. Pour l'instant je peux faire tampon entre le roi et l'Empire, mais si jamais il dérive de nouveau du chemin, je ne pourrais rien faire pour lui. Et c'est bien là tout le problème. Je ne sais pas à quoi m'attendre et pourtant, je ne veux pas être pessimiste avec ce jeune homme." Je ne sais pas de quoi sera fait l'avenir. Mais je ferais de mon mieux pour éviter un scénario catastrophe." Voilà qui va le rassurer je l'espère et dans le pire des cas, tant pis, j'aurais essayer.

J'ouvre la bouche sans rien dire à ses mots. Que pouvais-je dire ? Moi qui suis née dans une famille aimante et heureuse ? Je sais que ce n'est pas le cas partout et il semblerait que pour lui, ce soit le genre de vie qu'il a eu jusqu'alors. Pourtant, une question - ou deux - me brûle les lèvres. " Comment es tu rentré au service du roi ?" Je ne sais pas quel genre de relation il a avec Lyham, mais j'avais cru voir dans son regard de l'admiration quand on s'était croisé à mon arrivé. Et lorsqu'il en parle, je sens qu'il serait prêt à le défendre envers et contre tout. " L'obscurité n'est pas éternelle tu sais. Si tu décide de laisser entrer la lumière dans ta vie, alors tout changera." Je ne sais pas si ce que je dis à réellement du sens. Mais il fallait qu'il apprenne à être un peu plus positif, ça ne lui ferait vraiment pas de mal. " Ne laisse pas ce qui t'es arrivé te définir. Je ne sais pas ce que tu as vécu, ce ne sont pas mes histoires, mais un conseil, dis toi que tu vaux bien mieux que tout ce qu'on a pu te dire." J'étais bien placée pour le savoir, moi la veuve de Yoren. Je ne laisse personne me dire quel choix je dois faire, j'ai ma conscience pour moi. Et ce qui c'est passé avec Yoren ne me définie pas, ce n'est qu'une page dans le livre de ma vie.

Puis on reprend avec un sujet ou je me sens plus à l'aise : le tir à l'arc. Je ne le toucherais pas sans le prévenir. Alors je lui montre la posture à tenir et le placement de mes mains sur l'arc et tire une flèche. Il semble avoir comprit le principe et je me décale pour l'observer alors qu'il se tient devant la cible. Il réajuste la position de ses mains plusieurs fois, de même que sa posture et je sens qu'il n'est pas à l'aise. " Ta main droite un tout petit peu plus bas." Là ça me semblait mieux. " Vas-y essaye de toucher la cible ." On ne réussi pas toujours du premier coup, mais il semble vouloir en être capable.

Il m'aidera si j'ai besoin de son aide. Je ne sais pas encore comment procéder, je verrais bien suite à la première discussion que j'aurais en privée avec le roi. Pour me faire une idée de toute cette histoire. De ce qui va m'attendre également, parce que tout est flou et que je sais que ma position peut s'avérer problématique. Je ne suis plus reine, je n'ai plus cette prétention pour le moment, qui sait, si ça peut servir à quelque chose, pourquoi pas, mais pour le moment, je me contente de mon nouveau rôle. Je m'acclimate assez bien, j'apprends vite. Je sais, je sens qu'il est loyal à Luham et que par conséquent, il ne sert à rien de lui demander de faire quelque chose qui va à l'encontre des intérêts de Lyham si ça doit arriver. Même si c'est pour le bien du roi et du royaume. Être une tête couronnée, ce n'est pas facile, j'en sais quelque chose. Je ne suis pas née pour devenir reine, mais je ne regrette rien de cette expérience qui a été riche d'enseignements, bien que ce soit également très douloureux. " Très bien. Rassure toi, je ne te demanderais pas de trahir ton roi, ce n'est pas ce que je souhaite." Je ne suis pas là pour ça, je veux l'aider moi aussi, rien de plus.

Il me confie qu'il voulait être au service de Ser Garlan et je souris. J'avais apprécié mes échanges avec cet homme, aussi bien par lettres, que lorsque je suis à Fort Darion. Mais mon sourire disparaît complètement lorsqu'il me répète des propos qu'aurait tenu son père. " Ce n'est pas le genre de discours qu'on attend de son père." J'avais eu de la chance, mon père était un homme remarquable, de même que mon grand-père. L'un comme l'autre me manque, mais je sais, je sens que je pourrais bientôt les revoir. Je l'espère sincèrement. " Et te voilà au service du roi, il y a pire je suppose. Tu t'en sors très bien." Il pourrait être mon petit frère et il est possible qu'il me fasse penser au mien qui me manque aussi. " Ta vie est précieuse, c'est à toi de décider ce que tu veux en faire désormais. Tu ne dois rien à ton père, vu la manière dont il te traite." Il suffit de lire entre les lignes.

Je soupire légèrement et je me concentre sur le cours de tir à l'arc, parce que ça, je maîtrise. Je lui demande de réajusté la position de ses mains et lorsqu'il décoche sa première flèche, je vois à sa tête qu'il n'est pas satisfait du résultat. Il essaye une seconde fois, mais il ne semble toujours pas content de lui. Je souris légèrement. " Tu sais, j'ai mis des semaines a réussir à toucher la cible." En cachette dans un premier temps parce que Mère ne voulait pas que j'apprenne. Aujourd'hui, je remercie mon oncle et mon grand-père de m'avoir enseigner cet art et l'équitation. " C'est comme tout, il faut s'entraîner. Je tire à l'arc dès que possible, sait-on jamais que ça me sauve la vie un jour ou l'autre."Cela n'aas suffit a sauver ma grossesse, parce que je n'aurais rien pu faire quoi qu'il en soit. Mais si le pire devait arriver, je saurais me défendre, je ne suis pas sans ressources. " Je ne sais pas me servir d'une épée, je crois même que si j'avais essayer, tout le continent aurait entendu ma mère hurler son désaccord." Je souris amusée. " Si un jour tu te retrouve sans ton épée, mais avec un arc à proximité comme seule arme, pense à ce que je te dis, ça te sauvera peut-être la vie." C'est mieux que rien après tout.

Je ne suis pas revenu pour prendre le pouvoir. J'ai été reine et même si je ne sais pas ce que la vie me réserve pour demain, à moins qu'une chose improbable arrive, je ne le serais plus jamais et je l'accepte. Je ne suis pas venue là pour renverser qui que ce soit, mais simplement pour aider. Je souris à la réponse du jeune homme. Evidemment qu'il ne m'aidera pas si jamais un tel plan me vient à l'esprit. Le Conflans est en train de se relever et c'est en partie grâce au roi Lyham, même si dernièrement quelques petites décisions ne sont pas très bien passées, mais ça c'est autre chose. La politique est un monde à part dans lequel j'ai mis les pieds sans réellement être prête, pour autant, je ne m'en suis pas si mal sortie que cela. On parle alors de son père et je me rends compte que j'ai eu de la chance de pouvoir avoir une famille comme la mienne. Bien sûr qu'il y avait eu des disputes, entre mon père et moi, surtout après que j'ai réussi à faire échouer mes premières fiançailles, mais jamais il n'avait levé la main sur moi ou sur l'un de ses enfants. Ni même sur ma mère, du moins je le crois. " Il est où désormais ? Il ne peut plus te faire de mal j'espère ?" Non parce que sinon, cela serait un problème. Surtout pour le roi d'avoir un ecuyer couvert de bleu et craintif.

Il a l'air de mieux se porter maintenant, même si je ne sais pas du tout dans quel état il a  pu être avant. De toute façon, ce chapitre à l'air d'être clos maintenant, qu'il est sous la protection du roi. Pourtant, je fronce un peu les sourcils quand il reprend la parole. Pour avoir perdu un enfant qui ne demandait qu'à vivre, je ne comprenais pas ceux qui reprochaient aux autres le simple fait d'exister. Je ne comprendrais jamais ce genre de personne. " Vraiment charmant..." Je sais que les Racin sont une famille noble avec de l'influence, mais je ne sais pas ce qu'il en est exactement avec la guerre qui fait rage actuellement. Et je ne pense pas qu'il s'y intéresse de toute manière, ce qui au fond, n'est sans doute pas plus mal pour lui, autant se détacher de sa famille si ça lui laisse une possibilité de vivre mieux et plus longtemps.

On se remet donc au tir à l'arc et il m'avoue qu'il n'aime pas perdre ou ne pas être le meilleur. J'eus un léger sourire sur le coin des lèvres. Le tir à l'arc est un peu plus exigeant que l'entrainement à l'épée par exemple, du moins, de mon point de vue. Il m'avait fallu des semaines avant de toucher la cible pour la première fois et après la satisfaction de rivaliser avec les soldats de feu mon époux avait aussi été de mise. J'avais su gagner leur admiration, mais pas seulement parce que j'étais douée. " C'est comme tout, ça s'apprends. Quand tu a tenu ton épée pour la première fois, ce n'était pas simple non plus, le tir à l'arc c'est la même chose. Je me décale sur la cible d'a côté et décoche ma flèche qui se plante au centre de la cible. " J'ai toujours une dague sur moi. Quand je suis devenue reine, j'ai vite compris que c'était indispensable." Même si je n'ai jamais eu à m'en servir. Aujourd'hui, cette dague offerte par Yoren était dans la chambre que j'occupais ici même. Il me raconte alors un évènement survenu en combat et je grimace légèrement. " Tu as eu de la chance de t'en sortir alors." Mais peut-on réellement parler de chance ? Je ne sais pas.

Du coin de l'oeil, je remarque pourtant qu'on nous observe. Lorsque je tourne la tête, je vois un autre homme que je voyais assez régulièrement aux côtés de Lyham. " Je crois que tu es attendu." Lui désignant l'homme d'un geste de la main. " On reprendra plus tard si tu le souhaite. Je pense qu'on sera amener à se voir régulièrement à partir de maintenant." Je lui souris plus franchement. " J'ai été ravie de faire ta connaissance en tout cas." Moi aussi j'avais des choses à faire de mon côté de toute façon.