Un léger courant d'air fait vaciller la lumière des bougies, les volets laissent apercevoir des trous de la lumière du jour. Pourtant la pièce est plongée dans la pénombre. L'isolement du monde extérieur ici est presque total. La légère fumigation de l'encens a chassé toute énergie négative des lieux, elle tournoie et danse, et se dissipe dans les airs. Elle se confond avec les vapeurs d'eau parfumées, d'un bain chaud tronant au centre de la pièce. L'eau légèrement lactée a son ondée perturbée par les quelques pétales et feuilles médicinales flottant. Les mains de la parfumeuse travaille, les plantes n'ont plus le moindre secret pour elle, a force d'expérience, elle en fait ce qu'elle veut. Ainsi l'huile est préparée, avec en son sein des vertus relaxantes et guérisseuses pour le corps et l'esprit. Elle a déjà fait ce genre de chose, a Dorne, pour soulager les maux de corps d'une amie qui a perdu son enfant. Avec dévotion elle a pris soin d'elle le temps qu'il fallait pour l'aider a reprendre possession de son enveloppe charnelle. Ses longs cheveux noirs sont protégés par un foulard. Pas de bijoux, une tunique simple l'aidera a travailler plus facilement.

Isla est celle qui passe entre ses mains habiles et attentionnées. Avant perçu la tension de ses muscles rien qu'en observant son épaule, elle a compris que quelque traumatisme tendait ce corps. Naturellement elle lui a proposé son aide, Jasmyne connait fort bien le corps humain et sait dénouer les tensions de pression sur des points stratégiques. Elle entend la porte s'ouvrir, voit Isla a l'heure du rendez vous de cette séance thérapeutique. Elle ne s'est pas encore confiée sur ce qu'il lui est arrivé mais elle imagine que la réalité sera dure a entendre si elle le fait. « Ma Dame. » Elle la salue, poliment, malgré son origine incertaine elle a l'habitude de fréquenter les nobles. D'aucun dirait qu'elle a eu une éducation exemplaire, la vérité c'est qu'elle s'est formée sur le terrain, comme tout. Elle ne doit rien a personne.  « Je vous en prie, prenez place dans le bain, vous pouvez garder le drap qui vous entoure si cela vous met plus à l'aise. »


Le temps nécessaire lui est laissé pour se mettre à l'aise, l'eau est chaude, il lui faudra un temps pour s'adapter. Elle voit a quel point elle est crispé, tout le monde ne le remarquerait pas mais cela n'échappe pas au regard de Jasmyne. Chaque trauma se cristallise dans le corps, et pour la défaire de tout ça il faudra du temps et de la patience. Sans doute qu'une séance ne suffira pas. Elle ne pourra jamais lui retirer ses souvenirs, mais elle peut l'aider à retrouver l'amour de son corps, l'aider à se le réapproprier.

Jasmyne prend le bol d'huile pour venir se mettre près d'Isla, dans son dos et le dépose sur le rebord. Elle lui défait ses cheveux, vient doucement les démêler, avec un peigne en corne, glisse doucement dans sa chevelure, défait les nœuds avec soins. Puis elle fait glisser les dents du peigne sur son cuir chevelu afin de détendre un peu la peau de son crâne. Elle ne parle pas, ce moment lui est réservé, si dialogue il doit y avoir, cela viendra d'Isla quand elle sera prête à laisser aller sa peine. En attendant Jasmyne n'ôte jamais sa main de sa patiente. Elle est une présence constante. Un peu d'huile sur les doigts elle en met sur ses cheveux, sait les vertus de celle ci pour lui donner une belle chevelure éclatante une fois secs. Puis elle relève ses cheveux afin de dégager sa nuque. Elle a vue sur ses épaules, la crispation se voit à l'œil nu pour elle. Elle chauffe l'huile dans le creux de ses mains tatouées et ces dernières se posent sur sa peau. Elle débute ainsi par des effleurements afin de répartir l'huile de soin, remontant dans sa nuque. Elle prend le temps de chauffer ses muscles afin de ne pas lui faire mal quand elle se fera plus précise, prend le temps nécessaire pour qu'elle s'adapte à ce contact mais aussi pour elle d'étudier les blessures et leur profondeur.

Puis débute quelques pressions de ses doigts, des points stratégiques, elle est attentive à la respiration d'Isla et lui cherche les nœuds sous l'épiderme. Sa peau réagit, roule sous ses doigts, elle appuie parfois plus fort, provoque la réaction physiologique pour retirer les tensions. Effectivement il lui faudra travailler plusieurs fois, car si là ce c'est que ses épaules et sa nuque elle n'imagine pas le reste du corps. Pour un premier contact c'est pas mal, elle profite d'avoir détendu sa nuque pour lui faire pencher la tête en arrière, cette dernière soutenue par un drap éponge enroulé pour ne lui donner aucune contrainte. «Fermez les yeux ma Dame.» Elle commence alors à retracer le contour de son visage de ses doigts, toujours dans le même ordre de procédé : appliquer, repérer, soigner. Ainsi les tensions persistent a son front mais aussi elle les repère dans sa mâchoire et dans son cou. Elle la sent encore en résistance, sans doute réticente mais cela n'inquiète pas Jasmyne, c'est tout a fait normal et elle sait travailler avec ça. Elle est douce dans ses gestes, patiente, protectrice. Elle dégage son front des crispations, voit ses yeux moins crispés et travaille le reste de son visage jusqu'à son cou et sur le haut de son décolleté.

Puis elle vient passer ses doigts entre ses cheveux et se fait plus insistante. Elle appuie sur des points précis redescend dans sa nuque et sur ses épaules. Elle force les tensions et les sent disparaître. Puis elle termine en faisant glisser de l'eau chaude dans ses cheveux afin de retirer l'excès d'eau. De filets en cascade, elle varie.

Pour la suite, elle a besoin de savoir à quel point elle lui accorde sa confiance. « Souhaitez vous poursuivre ? Je vais vous demander de vous allonger a plat ventre sur ces tapis là-bas. Le confort est bon, mais je vais avoir besoin d'avoir accès à vos jambes et votre dos. Vous pouvez rester couverte jusqu'aux reins.» Important pour elle de demander si elle est contente. « Si quoi que ce soit vous met mal a l'aise il est important que vous puissiez l'exprimer librement.»

Avec attention, Jasmyne travaille a même sa peau. Elle perçoit la réticence, elle perçoit certains nœuds qui récidivent mais fait preuve de douceur et de patience pour les lui dénouer le temps qu'elle puisse trouver un moyen de se détendre et de laisser aller tout ce qui revient sans cesse lui saisir les cervicales, comme si elle portait quelque chos e de très lourd sur le dos. Elle s'occupe de son visage, s'apperçoit qu'elle cligne un peu des yeux, a encore du mal a lui faire confiance et c'est tout a fait normal. Il ne s'agit que d'un premier contact, d'une rencontre. Forcément il y aura du travail selon la profondeur de ses blessures.

Jasmyne lui propose de passer a la suite, un moyen pour elle de voir surtout où elle se situe sur la confiance et a quelle point elle est a l'aise ou pas. La réponse se fait vite entendre et quelque part ne surprend pas Jasmyne. Elle n'est d'ailleurs nullement offusquée, elle ne fait pas ce genre de thérapie comme elle vend du parfum , il y a une recherche psychique bien plus approfondie.  « Ne vous en faites pas ma Dame, je ne ferai rien qui puisse vous mettre mal à l'aise. C'est a vous et vous seule que je consacre du temps. Si vous ne désirez pas que l'on poursuive là bas alors nous ne le ferons pas » Elle répond avec douceur tout en continuant de peigner lentement ses cheveux blonds depuis le haut de son crâne jusqu'à la pointe.

« Lorsque vous vous sentirez prête vous pourrez me le dire, si ce n'est pas aujourd'hui il n'y a aucun mal. Ce sera uniquement quand vous seule l'aurez décidé. » Le but n'est pas de la crisper ni de la brusquer mais bien de lui montrer que c'est elle qui choisit où et quand. Jasmyne s'adapte en fonction d'elle. Elle ne compte pas non plus abandonner, car si Dame Isla a eu le courage de demander son aide, c'est qu'elle désire guérir, c'est qu'elle désire avancer et avec ça, il ne lui faudra que faire preuve d'une patience infinie. Elle l'a, en elle, contrairement aux gens d'ici elle n'est pressée de rien, la dure vie dans le désert lui a bien bien appris cela. Mais il ne faut surtout pas s'arrêter. La voie de la guérison peut être longue et douloureuse « J'ai apporté du thé pour vous, des plantes médicinales de ma région. Il est légèrement fleuri mais est fait pour donner de l'apaisement. Voudriez vous en avoir ? Je peux vous en servir une tasse. » Elle propose, sans cesser de prendre soin de ses beaux cheveux.  Elle est très polyvalente, peut aussi très bien l'écouter se confier aussi, ou alors si elle désire qu'elle continue ainsi de s'occuper de ses cheveux et de masser ses cervicales elle peut le faire encore également sans le moindre problème.

Jasmyne sent les crispations de ses muscles, qu'elle vient détendre nœud après nœud. Elle ne désire pas poursuivre, un moyen pour Jasmyne de mesurer l'ampleur de son trauma. Elle ne sait pas ce qui lui est arrivé, mais elle a quelques hypothèses. La pudeur soudaine lui indique qu'elle n'a pas confiance en Jasmyne et que surtout elle a besoin de plus de temps pour passer telle épreuve. Jasmyn ne s'en offusque pas, a vrai dire elle s'était aussi attendue a cette éventualité mais puisqu'elle ne la connait pas et qu'elle ne sait pas le fond du problème ça lui permet de mesurer la profondeur de la blessure et le conflit en son sein. Jasmyne ainsi poursuit ses gestes en les définissant comme une première limite, en tant que Dame elle a certainement des domestiques qui s'occupent ainsi de sa toilette, les gestes de Jasmyne la poussent tout simplement plus dans la détente. Elle lui propose un thé chaud et réconfortant, qu'elle va lui chercher dans une tasse. Les effluves fleuries sont douces à l'odorat et leur pouvoir apaisant l'aidera peut être a mieux appréhender les gestes de la Dornienne. Isla brise le silence, peut être par gêne, peut être par désir de combler le silence ou peut être par signe défensif. Quoi qu'il en soit, Jasmyne accepte. Ainsi qu'elle l'a dit, Isla est maitresse, Jasmyne propose et Isla impose ses limites.

« Je suis de Dorne ma Dame, je suis arrivée il y a peu pour découvrir ce qu'il y a en dehors de mes terres arides. » Elle répond avec douceur, faisant couler de l'eau sur les longueurs d'Isla. Tant qu'elle ne se sent pas plus en confiance elle ne tentera pas de faire autre chose que s'occuper de ses cheveux et lui massaer les épaules, elle sait que cela peut demander du temps mais elle sent aussi une envie enfouie au fond d'Isla, un désir de passer a autre chose. Les femmes généralement ne se tiennent pas dans les rangs de soldats sur les champs de bataille, mais leurs combats sont tout aussi intenses puisqu'elles vivent dans un monde où elles se doivent d'y être mais souvent réduites à rien. A Dorne elle n'a jamais eu ce genre de problème puisqu'elle n'a aucune figure paternaliste pour lui dire de se marier et de porter des enfants comme si c'était le seul but de sa vie a en oublier tous les rêves qu'elle aurait pu avoir. Et que les Sept soient loués, l'homme qu'elle aime ne se comporte pas de la sorte avec elle. Certaines sont maltraitées tout au long de leur vie, mariées a leur tortionnaire...Quelle vie est ce donc que cela ? Elle en a aidé certaines, profondément choquées, prêtes a se donner la mort après le décès de leur tyran, perdues sans repères. Le comportement d'Isla lui fait penser a certaines d'entre elles, de plus elle en porte certaines cicatrices. Elle en voit peut, mais une c'est déjà trop.

« Vous avez un bien beau pays. Cet endroit vous plait il ? » Elle demande, elle sait qu'elle essaye d'axer la conversation sur Jasmyne, mais la marchande désire lui montrer qu'il ne s'agit là que d'un échange courtois et bienveillant.

Le thé est un savant mélange d'herboristerie Dornienne, peut être que certaines saveurs lui sont inconnues, mais connaissant les vertus de ces dernières, cela ne pourra que la soulager un peu, avec la chaleur réconfortante. Depuis quand n'a t-elle pas centré l'attention sur son bien être ? Ce genre d'instant est important dans une vie, elle espère la réconcilier avec, qu'elle puisse apprécier les instants et les réitérer si cela lui plait. Elle lui avoua venir ainsi de Dorne, son accent n'est pas très marqué, mais l'on voit bien qu'elle n'est pas de Peyredragon, elle a donc vu juste en lui demandant.

« Et bien pour tout vous dire, Dorne n'est pas que terres arides, sur les littoraux le temps est bon et près des montagnes rouges également. En plein désert il est possible de tomber sur des Oasis. Ce sont des lieux de verdure en plein désert, grâce à un point d'eau où la fraicheur s'y trouve ! Si vous vous décidez à venir un jour je serai ravie de vous servir de guide ma Dame pour que le climat ne vous semble pas désagréable. Alors j'espère que vous ne pourrez que conseiller la visite de mes terres natales. » Dame Isla fait partie de ces gens qui ont contribué a son bon accueil ici en plus de lui faire confiance pour cette séance. Jasmyne ne cache pas sa région d'origine, qu'importent les conflits politiques, elle n'y prend pas part et elle ne fait partie d'aucune maison bien que l'amour de sa vie soit engagé politiquement. Elle inspire profondément, attentive à Isla et a ses paroles tandis qu'elle continue de briser le silence. Elle parle, c'est bien, c'est qu'elle en a besoin et Jasmyne lui répond toujours avec la même douceur, l'encourage sur cette voie là. La parole a un pouvoir guérisseur important, elle cherche peut être aussi a savoir si elle peut réellement lui faire confiance. Ainsi elle se confie sur ses craintes et sa volonté de partir, d'oublier malgré que Peyredragon soit sa terre natale et qu'elle y a ici des gens qu'elle aime. Cet endroit doit sans doute aussi être synonyme de mauvais souvenirs, et comment faire le tri quand les mauvais semblent prendre le dessus ?

« Par expérience ma Dame, si vous me le permettez, on a tendance a croire que les problèmes restent sur place quand on part et que c'est plus facile de les oublier en étant loin. En réalité on les emmène avec nous que l'on soit sur place ou bien dans les confins du monde... »Elle la sent un peu plus ouverte, un peu plus détendue, ce qui lui permet de revenir travailler ses cervicales en profondeur par des mouvements circulaires. « Vous avez un joli port de tête, mais vous êtes très crispée à ce niveau, vous devez souffrir d'affreux mots de tête, je me trompe ? » Un corps crispé engendre bien des dérèglements, dans la façon de se tenir, dans la façon de manger, dans la façon d'appréhender certaines choses. Elle vient détendre ses muscles puis revient masser doucement ses tmepes. Voilà qui devrait la soulager pour quelques temps, elle devrait déjà ressentir une certaine différence dans la mobilité de sa tête si elle la tourne a droite et a gauche, comme si on l'avait débarrassé d'un col trop serré.  « Vous parlez d'être capable, j'ignore encore vos tourments ma Dame mais vous êtes capable de bien des choses, rien que le fait de me demander de l'aide fait de vous quelqu'un de courageux. » Elle pose une main rassurante sur son épaule avant de se munir d'un autre peigne, continue de brosser ses cheveux et masser son cuir chevelu. «Parlez moi de vos amis, vous les fréquentez depuis longtemps ? »

Dame Isla semble bien pessimiste dans certaines de ses phrases. Jasmyne peut le comprendre, c'est normal, elle a l'air d'avoir traversé quelque chose de difficile. Et les mots sont des mots, ils sont plus faciles a dire qu'a faire, mais rien que d'avoir la réflexion c'est en gager une guérison. Fait elle référence a ce qui a ainsi courbaturé son corps quand elle parle de ses problèmes ?« Quand quelque chose vous rend triste, il ne faut pas essayer de vivre dans le déni, c'est mauvais pour vous, pour votre corps et le problème ne s'en ira jamais. La tristesse est une émotion comme la joie et nous sommes faits pour la vivre. Il faut la laisser venir, la ressentir tant qu'elle doit être là et puis la laisser partir quand vous vous sentez prête. Alors le problème existe encore mais la vie semble ainsi moins difficile quand vous avez pris le temps de l'apprivoiser plutôt que tenter de l'effacer de but en blanc. »Elle ne juge pas l'état de la jeune femme, elle perçoit le traumatisme au travers de son corps. Mais pour s'en sortir et pour être capable de passer par autre chose, c'est hélas le même chemin de vie. Elle est visiblement dans la nuit noire de son âme, mais elle cherche le chemin, sinon elle ne serait pas venue lui demander son aide. Jasmyne la guidera volontiers, pour le reste c'est elle qui fait tout le travail. Dame Isla s'intéresse un peu plus a la Dornienne, qui ne se cache pas de répondre, qui n'essaye pas de lui mentir ni même de sauver les apparences. Jasmyne a l'air riche d'apparence pourtant elle n'appartient a aucune caste. Elle est une riche marchande, sans patrie, sans famille et sans véritable prénom.

« De famille je n'en ai point Dame Isla. Je suis une orpheline des Météores. » Elle murmure doucement, mais ne le dit pas de manière triste. Ainsi a été la vie, elle ne pleurera pas une famille qu'elle ne connait pas et qu'elle ne pourra ainsi jamais regretter. « D'époux je n'en ai point non plus, mais mon cœur est pris par le Seigneur Moran Toland de Spectremont. Peut être qu'un jour j'aurais le droit de me marier avec lui.» De part son titre, elle a la réponse a sa question, il n'aurait pu l'accompagner, parce que son rang lui donne des devoirs ainsi tous les jours. Peut être par pur intérêt politique également, mais elle ne veut pas rentrer dans ces détails là puisqu'elle n'est pas assez connaisseuse en politique pour ça, malgré les leçons données par son amant aimé. La discussion semble avoir un effet assez positif sur Dame Isla, si cela peut l'aider a apprendre a la connaître, elle y répond sans détour. Elle pourrait peut être prendre un risque en disant qu'elle est proche de Moran Toland, mais Dame Isla a choisi de lui faire confiance, ainsi Jasmyne fait de même. « Cela vous a t-il beaucoup éloigné d'eux ou continuez vous de les fréquenter? » Elle demande,  tout en souriant, se positionne de côté afin de masser sa main. Elle a de belles mains, de longs doigts fins, ceux d'une Dame a n'en point douter, ces dernières ne sont pas abîmées par le labeur ni par le soleil. Celles de Jasmyne ne le sont pas non plus, pourtant elle ne possède pas tel rang malgré sa bonne éducation. Le travail des plantes et des cosmétiques est moins sujet a les voir s'abîmer, de plus elle utilise des baumes pour en prendre soin et les rendre douces. « Des amis d'aussi longue date ! Je suis admirative, ils doivent compter beaucoup a votre cœur. »

Elle commente doucement, commence a s'occuper de ses ongles pour qu'ils soient jolis et avec une belle forme, qu'ils subliment ses jolies mains. « Savez vous jouer de la musique ? Vos doigts semblent adroits et agiles. »

Le déni n'est jamais la solution, il finit par éclater tôt ou tard. Elle ne le croit pas maintenant, mais peut être qu'elle finira par le croire. Aussi cruel fut le temps avec elle, faire comme si cela n'existait pas n'est pas la solution, a la place c'est son corps qui le marque, c'est son esprit qui lui rendra la vie dure et elle peut constater que c'est déjà le cas. Peut être que in fine, cela l'empêchera de profiter des sensations les plus pures de ce monde, telles que la joie, l'amour, et cela joue sur la confiance en soi également. Elle l'a vécu, par l'abandon, le rejet. Dame Isla lui demande pardon, pour ses mots, Jasmyne se demande si c'est parce qu'elle ne veut pas être impolie ou si c'est parce qu'elle se rend compte que ce qu'elle dit est terrible. « Il n'y a rien a pardonner, nous avons été créé avec la parole pour discuter de tout et pour tout exprimer. » La conversation ainsi est déviée vers Jasmyne et son aimé qui l'attend sans doute, là bas. Puis Dame Isla parle de ces amis qui lui sont proches, certains morts, éloignés, d'autres mariés... Le temps efface certaines choses, mais elle est sûre que cela finira par revenir, elle en a la volonté.

Son histoire avec Moran dure malgré le fait qu'ils ne se voient pas tout le temps. Ils s'envoient régulièrement des lettres, a la fois où ils témoignent leur affection et a la fois pour se donner des nouvelles, raconter quelques anecdotes et pour prévoir leurs prochaines rencontres. Après ce voyage là, elle le retrouvera, sans doute de manière définitive puisqu'elle compte ouvrir un comptoir a Spectremont afin de pouvoir rester avec lui tout le temps. Quand elle en parle, il lui manque encore plus, mais elle avait besoin de quitter Dorne, pour s'améliorer, pour faire des rencontres qui puissent lui permettre de faire connaître son art, et user de ses talents pour ceux qui en ont besoin. Comme Dame Isla, qui a fait appel a elle, et qu'elle masse avec douceur.

« Il n'y a que nos statuts respectifs qui nous en empêche. Il faudrait que je sois anoblie pour avoir telle chance.  Cela nous empêche pas de nous aimer, mais il est vrai que j'aurais préféré que cela soit plus facile. » Hélas on n'anobli pas une personne comme on veut et seuls des rois ou des princes peuvent avoir ce privilège. De roi ou de Prince elle n'en connait pas et ces derniers ne feraient pas ça pour elle. La destinée est peut être ainsi, en tout cas cela ne l'empêche pas de vivre son histoire d'amour avec lui. « vous voulez vous débarasser de ce qui pèse sur vos épaules, n'est ce pas pour ça que vous avez fait appel a moi ma Dame ? » Elle le sait, c'est évident, mais Jasmyne essaye de recentrer l'attention sur elle. A la fois elle pense que ça peut être un moyen de voir si elle peut faire confiance a Jasmyne mais ça peut aussi être un bon moyen de contourner le réel problème et de distraire pour reporter l'échéance. Elles ont bien assez parlé de la Dornienne, cela commence a lui tenir plus a cœur d'aider cette jeune femme qui lui semble réellement sympathique. « Je sens les nœuds dans vos épaules et votre nuque, comme si vous subissiez votre enveloppe charnelle plutôt que celle ci ne vous protège. »

Les pensées de Jasmyne s'envolent quelques instants vers son aimé, alors que son visage se dessine dans son esprit. Elle arrive a voir clairement le grain de sa peau, la couleur de ses iris, les reflets cuivrés de sa chevelure. Elle le voit lui offrir un regard doux et empli d'amour, tandis que les mots de sa dernière lettre résonnent dans sa tête. « Peut être oui...Peut être qu'un jour vous entendrez parler de Dame Jasmyne. » Elle laisse échapper un petit rire, qu'importe qu'elle soit dame ou pas, ce qu'elle veut c'est l'épouser, vieillir avec lui et le suivre dans tous les moments de sa vie. Qui sait ce que les dieux réservent pour l'avenir.  En attendant elle se concentre sur cette jeune femme qui commence alors a s'ouvrir et a mettre des mots sur les raisons de la présence de Jasmyne. Son témoignage est dur, poignant, il serre le cœur de Jasmyne qui souvent sensible aux émotions des autres se doit de déglutir pour ne pas pleurer sa peine. Elle l'écoute avec attention, dans la tournure de ses phrases, le choix de ses mots. Elle aimerait tellement punir celui qui a fait ça, lui ôter sa peine d'une prière magique. Hélas par la malveillance d'une personne qui ne mérite pas son appellation d'être humain, la voilà a devoir réaliser de lourds travaux sur sa conscience pour mener enfin une vie d'apaisement.

« Vous pouvez vous remercier pour la démarche que vous avez faite, Dame Isla. Ce que vous avez vécu est effroyable et injuste, cette personne j'espère a été sévèrement châtiée pour ce qu'elle a fait.» Constat fait, il est important de souligner le courage qu'il faut pour faire le pas et réussir a se rendre compte qu'elle a besoin d'aide. Jasmyne entend son témoignage avec bienveillance, elle ne lui pose pas plus de questions, le reste viendra en temps voulu si elle le désire, si elle désire poser ces maux.  « Par le biais des massages et de mes remèdes je peux vous aider a reprendre possession de votre propre corps. Je peux vous aider a guérir les maux demeurant sous votre peau et vous permettre de vous sentir physiquement libérée. Cela peut grandement vous aider, a extérioriser ce que vous gardez en vous, afin de trouver le courage d'aller de l'avant et retrouver votre vie d'avant ce monstre. » Elle lui explique, certaines huiles médicinales lui permettront notamment d'apaiser son esprit, réguler l'anxiété, apaiser son sommeil et surtout retrouver la confiance en son corps, se le réaproprier. C'est le point le plus important, la possession de son corps lui a été volée par la personne qui l'a violentée, elle connait ce genre de personne, grâce aux sept elle n'a jamais été battue, sauf par les commerçant quand elle volait à l'étalage quand elle était enfant. « Avez vous déjà pensé a tenir un journal ? Ca pourrait être un bon exercice où chaque jour vous posez vos pensées, qu'elles soient positives ou négatives. Cela vous permettra de mettre de l'ordre dans votre tête en chaque fin de journée. Et moi, dès que vous le désirez je peux venir prendre soin de vous. » Jasmyne arrête un instant de s'occuper de ses cheveux et de ses épaules, venant rajouter un peu d'eau chaude dans la bassine pour que Dame Isla  n'attrape pas froid. « Je resterai a Peyredragon, un moment pour m'occuper de vous, j'ai réellement envie de vous aider dans votre démarche. »

« Bien sûr que vous en avez la force, regardez, vous avez déjà fait un pas en avant et très certainement le plus dur.» Elle lui fait remarquer, ainsi qu'elle lui a dit, elle doit se remercier d'avoir fait cette démarche, c'est souvent le plus dur a faire....Surtout après avoir attendu trop longtemps. Dame Isla guérira, cela ne sera pas facile, mais ce n'est pas impossible et Jasmyne va lui montrer comment.« Des plantes pour vous aider a vous apaiser avant le sommeil, nombreuses ont des vertus calmantes, tout comme la tisane que vous buvez là. Egalement je peux vous aider a vous faire prendre conscience des crispations dans votre corps pour que vous appreniez a les relacher et reprendre le contrôle. Voyez comment je masse votre nuque, je sens que vos muscles recommencent a se tendre si j'arrête trop longtemps. » Parfois le corps se transforme en armure dure et solide, comme pour se protéger des attaques extérieures. Des crispations qui sont un résultat défensif de traumas vécus et dont on a pas forcément conscience et qui eux entrainent aussi bien des maux physiques. Jasmyne est contente de voir qu'elle est ouverte a la discussion, déjà elle a réussi a lui dire la principale cause de son mal être, elle n'a pas besoin de lui raconter les détails, mais en avoir conscience c'est déjà beaucoup. « Ne me présentez pas d'excuse ma Dame, vous n'êtes pas égoïste, je vais vous aider avec grand plaisir. » Elle lui répond d'une voix douce, tout en prenant place sur le tabouret aux côtés de la cuve afin de continuer de lui parler.

« Ce qui est possible de faire dans ces cas là pour vous aider c'est créer une formule de début et le faire sous forme de liste dans un premier temps. Par exemple faites des lignes en commençant par tout ce que vous avez de positif « je suis reconnaissante pour » ou « J'apprécie le fait... » et vous remplissez d'idées. Pour mettre vos tourments par écrit vous pouvez commencer par « J'ai peur de » ou « je souffre de » mais le plus important sera d'équilibrer le positif et le négatif alors il vous faudra alterner. Quand cet exercice vous sera familier revenez sur ces faits là et écrivez tout ce qui vous passe par la tête, qu'importe si les phrases ne sont pas construites. Ca peut être une suite de mots. Quand vous avez fini, brûlez ces pages et imaginez ces pensées là brûler avec. » Savoir écrire n'est pas donné a tout le monde, elle même a remarqué que ce genre de chose aide a vider l'esprit, par ses carnets de notes et de réflexions, d'idées de création. Elle s'est rendue compte qu'il lui était arrivée d'écrire des choses qui la tracassaient et juste le fait de voir des mots dessus était révélateur. Elle pense sincèrement que ce genre de méthode peut être efficace. Pourquoi ne pas essayer avec Dame Isla ?

Tandis que Jasmyne lui propose de rester et de s'occuper d'elle, cette dernière pense au compagnon délaissé loin de ces terres. « Mon compagnon sait que je voyage, mon retour n'est pas prévu pour tout de suite, je peux très bien rester quelque temps auprès de vous. » Jasmyne sait qu'elle reviendra vers lui, mais si elle repartir en ayant été utile a Dame Isla alors elle sera heureuse.« Nous pouvons commencer par se voir régulièrement, le but est que vous appreniez aussi a être a l'aise et a me faire confiance. Si quelque chose ne vous convient pas, alors n'hésitez pas a me le dire, vous êtes celle qui travaille ce seront vos règles moi je ne fais que vous guider. »