Le temps passait avec une célérité drastique, la même que la vitesse de Meraxès pour parcourir les terres de Westeros, si bien que le séjour à Fort-Darion qui aurait dû être bien long passa en un instant. Certes, vous objecterez -avec raison- qu’ultimement ce séjour n’aura duré que deux jours et une nuit. Je vous répondrai que c’est véridique, cependant la première partie de soirée des festivités impériales m’ont paru durer des semaines pleines et entières du moins jusqu’à la petite soirée entre peyredragonien que nous avions passé Raevor, Daena, Isla et moi. De là, tout s’était enchaîné dans un curieux mécanisme temporel semblable à un sablier que l’on aurait trop secoué. La nuitée avait été courte, le conseil impérial était passé bien rapidement malgré les tensions l’émaillant. Au moins Torrhen n’avait pas abordé l’interrogation de mon mariage. Le maraud aurait pu avoir cette riche idée lui traverser l’esprit cependant je crois que son attention eut été bien plus retenue par les déboires du représentant des Conflans. Pour le reste, l’après-midi s’était écoulée tout aussi rapidement et l’heure du départ serait prochainement sonnée par le tocsin. Si je pouvais, une fois de plus, vainement déplorer le temps limité d’une journée à cause de mes très nombreuses activités, cela faisait des lustres que je n’étais pas aussi en liesse. Pas parce que l’appel de la guerre se faisait ressentir, pas parce que j’allais chevaucher avec ma sœur Rhaenys vers le Conflans (même si cela contribuait grandement à me rendre allègre) mais parce que peut-être pour la première fois depuis longtemps, j’avais un peu l’émoi d’avoir une grippe sur ma vie, de me sentir un peu plus vivant. Je ne faisais pas mille choses pour m’empêcher de penser aux horreurs auxquelles j’avais survécu, mais au contraire pour pleinement savourer les derniers instants de paix et de grâce que la vie offrait. Nulle fuite, du moins pas à ma connaissance, peut-être même irais-je jusqu’à dire une avancée.
Difficile de dire pourquoi je connaissais pareil sentiment à cet instant, qui révélait une nouvelle facette inconnue de la crainte de l’avenir proche et distant, néanmoins j’avais le vague ressenti d’être peut-être invincible… du moins jusqu’à ce qu’Helena dans son doux langage amer et piquant me remette les pieds sur terre. Ce n’était peut-être pas un mal, et même une panacée à bien des égards mais mon orgueil m’interdisait d’accepter cela. Quoiqu’il en fut, parce que je me sentais pousser des ailes, il y avait une personne à qui je devais parler. Potentiellement pour désamorcer une déflagration à venir -même si ça j’en étais pas encore vraiment certain, courageux… mais pas trop- mais surtout pour prendre des nouvelles et autres. Vous y croyez pas ? Et bien moi non plus. Cependant, l’on verra bien ce que cela donnera… puis il n’y avait pas grand chose à perdre de toute manière… et ce n’était pas comme si j’avais de grandes déclarations à faire ou quoique ce soit d’autre. Et c’était dans ses raisonnements éparses et brouillon que je me rendis compte que mon schéma de pensée bordélique me faisait comprendre que si je n’avais vraiment rien à perdre, je ne serais certainement pas dans un état aussi confus. Alors avec ma main sénestre je me tapais le front en mimant le geste du poing frappant sur une porte en bois. Une pièce est creuse, un peu comme mon esprit.
Nonobstant cette agitation soudaine, je poursuivais mon chemin dans le palais qui sera dans les années à venir le symbole du pouvoir Braenaryon si jamais nous remportons la guerre, ce qui sera chose réalisée. Je connaissais mal les lieux, ou plutôt, je ne voulais pas les connaître. C’était pour mes yeux une demeure étrangère, un lieu presque hostile quand on savait toute la rivalité que nous entretenions Torrhen et moi. Tout ceci me rappelait que pour l’heure ma place était de régenter Peyredragon… mais après. Dans quel Royaume allais-je me retrouver. Une nouvelle fois Dorne, l’Ouest, le Bief si Aylan ne récupérait pas ce royaume méridionale… que de joyeuses perspectives. Difficile de savoir ce qui se déroulerait dans les lunes à venir. La régence de Peyredragon ne serait pas éternelle, et elle ne devrait jamais l’être, toutefois, si jamais je devais connaître l’arrêt des émanations des feux de camp, où devrais-je me rendre ? Une question angoissante à laquelle je refusais de me soumettre. Au moins, cette peur en chassait une autre, me faisant presque oublier que j’avançais droit vers la chambre d’Isla. Après quelques minutes, j’atteignis la fameuse porte.
Un peu décontenancé, je tapais deux fois. « C’est Orys, je suis désolé… de te déranger. » D’ordinaire si volubile, j’étais bien plus timoré et certainement impatient. Car à peine après quelques secondes de silence, je frappais de nouveau, alerte du moindre bruit, espérant un signe. Était-elle seulement là ? Pendant un instant j’étais presque à m’imaginer lui laisser une épistole, ce qui aurait été une belle échappée. Pourtant la porte finit par s’ouvrir et je me sens très abruti d’avoir pensé à cela, peu loin de perdre tous mes moyens. Est-ce que je blêmis ? rougis ? Je ne sais pas vraiment, et je me dis qu’il valait mieux paraître normal. Alors j’essayais de m’appuyer sur le mur, raté, et je fais un mouvement peu adroit qui fortuitement ne se conclua pas sur une chute. Au moins ça expliquerait la gêne première. « Je t’assure que j’ai désoulé d’hier soir si tu te poses la question. » disais-je pour me reprendre, sur un ton mi-pincé mi-amusé. Je vais partir avec Rhaenys dans la soirée pour les Conflans… » intérieurement je trépigne. « Je souhaitais passer un peu de temps avec toi avant le départ… enfin, si tu le désires.» J’espère qu’elle ne demandera pas pourquoi, pas tout de suite, parce que comme ça je ne saurais pas quoi répondre. « Tu préfères que l’on se balade ou j’ai le droit à une visite en exclusivité de tes appartements ? » concluais-je sur un ton taquin et un peu maladroit.
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Orys Baratheon
Le dragon noir
Messages : 1299 Membre du mois : 43 Maison : Né Waters, sa soeur lui offrit le nom Baratheon. Aujourd'hui il rêve de pleinement s'approprier une identité qui lui fait défaut. Caractère : Loyal ♠ Colérique ♠ Courageux ♠ Imprudent ♠ Charismatique ♠ Irrévérencieux Célébrité : Orlando Bloom
Sujet: Re: Where love is lost your ghost is found [Tour X - Terminé] Mer 29 Mar - 21:57
Where love is lost your ghost is found
@Isla Chelsted & @Orys Baratheon
La journée touchait à sa fin. Après un repas sommaire pris en étudiant sur son bureau, Isla s'approcha de la fenêtre, portant son regard sur l'horizon. Les heures s'éternisaient, marquant avec langueur le ciel de couleurs pastel magnifiques. La vue était plus calme qu'à Peyredragon, dont la proximité avec la mer pouvait laisser entrevoir les vagues venant se fracasser contre les falaises rocailleuses. Elle s'appuya contre le rebord, prenant une seconde pour humer le vent frais. Les festivités avaient fini tard dans la nuit. Isla les avaient passé avec ses amis d'enfance et elle se sentait un peu plus légère qu'à son arrivée à Fort-Darion, après les négociations au Val, même si Torrhen lui manquait. Elle avait entendu parler du conseil impérial convoqué par l'Empereur. La situation demandait de réunir les alliés pour décider quoi faire. Isla attendait donc les retours sur ces discussions, agitée par une certaine nervosité, sans vraiment comprendre ce qui la causait.
Etait-ce le fait d'être dans l'attente de quelque chose qu'elle n'identifiait pas ? L'absence de contact avec son Empereur, qu'elle chérissait tant et avec qui elle aurait aimé passer ces heures de coucher de soleil magnifique ? Ou bien était-ce la fatigue, encore bien prenante après la nuit passée à festoyer ? Isla ne regrettait rien. Ces moments resteraient gravés dans sa mémoire, et si elle devait repartir pour accompagner Torrhen ou Rhaenys en campagne, ces souvenirs lui resteraient en tête pour lui tenir compagnie, lorsqu'elle serait seule, à s'endormir. Le vent venait porter toutes sortes d'odeur à ses narines, tandis que des personnes s'affairaient en contrebas pour transporter des linges, des mets ou des bagages. Le temps semblait se suspendre, lui aussi, une fois qu'elles quittèrent les lieux pour se soustraire à son regard. Dans l'expectative des décisions. Décisions qui viendraient façonner le futur de tout un peuple.
Elle frissonna, le vent s'étant engouffré sous son châle, qu'elle resserra sur ses épaules. Elle bâilla, prête à se glisser sous les couvertures pour terminer la lecture de son ouvrage. Elle repartit sur son lit, après avoir saisi l'ouvrage. Négligemment, elle s'allongea sur le flanc, posant le livre à plat contre le matelas, la tête reposant dans sa main, et commença à parcourir les pages, enchaînant les mots les uns après les autres. La torpeur familière d'une fin de journée bien chargée commença à l'envahir, et bien vite elle ferma les yeux, profitant du calme des lieux pour se reposer... Soudain, un bruit et une voix grave la réveilla. Elle sursauta presque, se redressant, alerte. Elle tendit l'oreille : avait-elle rêvé ces bruits ? Osant à peine respirer - afin que le bruit de son inspiration ne couvre pas le bruit ambiant - elle garda le silence. On frappa à sa porte, lui confirmant que quelqu'un était là. Elle se leva, passant près de son miroir. Loin d'être apprêtée, elle n'était pas maquillée, ses cheveux descendaient le long de ses épaules, coiffés du matin même sans soin particulier. Elle portait une robe simple rose pâle, et son châle beige venait couvrir ses épaules pour lui tenir un peu chaud. Elle se glissa avec légèreté jusqu'à la porte, posant la main sur la poignée en fer forgé pour l'ouvrir.
Orys était devant elle. Il sembla vouloir s'appuyer sur un mur qui n'existait pas et trébucha légèrement. Ne voulant pas le vexer, elle retint un rire, mais ne put s'empêcher d'afficher un grand sourire face à sa boutade. S'il était là, c'était que le conseil était terminé. Isla était curieuse de savoir ce qui s'était dit... et Orys ne tarda pas à lui donner quelques bribes d'informations. Alors ils partaient avec Rhaenys.. Pour le Conflans. Déjà ? ... Son ton taquin finit d'abattre les incertitudes persistant dans son esprit quant à l'état de leur relation. Les heures avaient passé depuis leurs retrouvailles à la porte Sanglante et Isla en était ravie. Elle s'avança vers lui, se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser de bienvenue sur sa joue.
« Salut Orys, je suis contente de te voir. Entre, je te prie. Viens donc visiter mes luxueux appartements ! » lui dit-elle avec amusement.
Ses appartements étaient on ne peut plus classiques. Elle s'écarta pour le laisser entrer, puis désigna d'un geste de la main la pièce dans laquelle ils se trouvaient.
« Voici le salon, avec sa fenêtre encastrée qui donne sur le jardin en contrebas. La vue est pas mal, surtout le soir. Et par là bas, tu as la chambre. Voilà c'est tout, on peut aller se promener si tu veux. »
Elle se renfrogna un peu, se rappelant l'information capitale qu'il venait de donner, l'air un peu plus triste.
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hēnkirī:
Isla Chelsted
Messages : 1115 Membre du mois : 24 Maison : Née Chyttering, elle porte le nom Chelsted par mariage. A présent veuve. Caractère : Loyale ◈ Discrète ◈ Travailleuse ◈ Erudite ◈ Possessive ◈ Idéaliste Célébrité : Florence Pugh
La revoir là me laissait un sentiment étrange. Il n’y avait rien de surprenant à ce qu’Isla réponde à sa propre porte alors que quelqu’un avait tapoté -tambourité- dessus. C’était même l’action recherchée me diriez-vous. Pourtant, il y avait un je-ne-sais-quoi, quelque chose dans l’air… ou à l’intérieur de moi… indescriptible, indéchiffrable, brumeux. Des lucioles provoquaient des palpitations et me rappelaient les propos que j’avais hasardeusement tenue auprès de Torrhen dans un éclat de colère qui n’avait rien d’une vérité nacrée ou d’un mensonge incandescent. C’était peut-être ça finalement le principal catalyseur de cette visite. Un galet lancé dans la mare ricochant bien que tout ce qui pouvait être escompté. Le hasard des événements avait troublé la situation. Ma curiosité demeurait piquée par la situation que des simples paroles en l’air avait provoqué. Je lui avais dit que j’oublierais de mon côté cependant, l’intime conviction que cette affaire avait déjà dépassé ce que je pouvais imaginer me collait à la peau. Cela m’inquiétait-il finalement plus que cela ? Non. Les intrigues des hautes sphères du pouvoir ne m’intéressaient nullement. Et ma loyauté tant envers lui que Rhaenys pousserait à me taire définitivement. Alors comme si de rien n’était, j’effaçais cette idée de mon esprit.
L’îlienne m’invita dans ces appartements, non loin de ceux du couple impérial. Son sourire égaya mes pensées et elle ne prit nullement ombrage de ma précédente ridicule cabriole. Se tenant là, face à moi, elle m’invita finalement à rentrer dans des appartements gracieux et classiques. Je la suis, dans cette courte pérégrinations, observant les lieux d’un œil avisé en quête de tout mais surtout de rien. L’endroit est ordonné même si quelques ouvrages se trouvaient éparses dans la pièce. Je reconnaissais bien là le côté savant de la peyredragonienne. Je n’hésitais pas d’ailleurs à lui faire la remarque. « Tu as vraiment lu tous ces ouvrages ? » Certains étaient reconnaissables à la forme des lettrines. Du haut-valyrien. J’imaginais que cela concernait les lois impériales. Après tout, elle en était une spécialiste et je n’imaginais pas le nombre de choses que celle-ci devait traiter alors qu’un nouveau régime se mettait en place. « C’est une jolie vue oui, tu es bien placé. » gardant un franc sourire. « C’est plus calme qu’à Peyredragon en tout cas même si j’imagine que l’agitation de cour doit parfois se faire entendre ? » Simple hypothèse. Je n’avais pas passé beaucoup de temps ici, et moins j’en passerais, mieux je me porterai. Ce n’était pas mon chez moi, et cela ne le serait probablement jamais. A l’idée de partir se balader, je n’opinia pas ni en faveur ni contre. Même si j’avais déjà fait mon choix et que certains propos étaient mieux à tenir éloigner des oreilles indiscrètes des couloirs.
« En effet, Rhaenys souhaite revoir le souverain de la région afin de s’assurer de sa parfaite fidélité. Je l’accompagne. Avec Meraxès et Ebryon. Cela sera certainement pour parfaire mes capacités naissantes de dragonnier. » Je misais dessus, mais pas que. Et il était peu probable que nous fassions un retour à Fort-Darion après. « Puis ensuite, j'irai là où la nécessité du front me conduira. » Après tout, j’étais -et restais- un homme de guerre. L’on s’était à peine retrouvé, cependant des obligations plus impérieuses conduisaient à ce que nous marchions chacun sur des chemins différents. « C’est pour cela que je venais te voir. Pour te l’annoncer en personne, que tu ne l’apprennes pas d’une autre voix.» Enfin ce n’était qu’une des raisons mais c’était la première et la plus simple à avouer. Je laisse défiler quelques secondes afin de jauger sa réaction, savoir si je peux m’aventurer un peu plus loin.
« Je dois aussi te prévenir d’autres choses d’un peu plus… confondant disons. Je ne sais pas si cela aura vraiment un influence sur le court ou long terme mais je me dis qu’il vaut mieux que je te prévienne afin que tu ne sois pas surprise. » Mon débit était plus rapide, pas bégayant, et étrangement je n’étais pas tant mal à l’aise que ça bien que loin d’être serein également. La situation était ridicule à vrai dire. Inique. Alors je me lançais, après avoir passé quelques instants à chercher la formulation de mes mots avant d’abandonner afin de ne pas creuser plus le silence. « Comme tu dois peut-être le savoir, l’Empereur cherche à accorder ma main avec celle d’une autre femme pour des raisons politiques. » Je me retenais de vociférer sentimental aussi. « Lors d’une discussion passionnée, il n’est pas impossible… en fait non. J’ai maladroitement proposé ton prénom. » Parce que je n’avais que lui qui m’était venue en tête, espérant gagner du temps et n’ayant jamais songé à ce que la situation dérape autant. Le vermeil me montait au visage aussi promptement que la prononciation de mes paroles. « Je voulais juste te dire qu’il n’y avait rien de concret dans mon propos, c’était à l’envolée, sans pensée quelconque. Et je ne souhaite pas que tu te sentes lésés de mauvaises intentions de ma part. C’était une absurdité totale de ma part. » Et je concluais, bien loin d’être confiant. « J’espère avoir été le premier à t’en faire et ne pas provoquer d’embarras inutiles, passés ou futurs. » Parce que présentement, la situation l’était, embarrassante. Je taisais tout le reste, la réaction de Torrhen, notre affrontement de coq… J’espérais juste que je n’allais pas passer par la fenêtre qui offrait une si jolie vue.
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Orys Baratheon
Le dragon noir
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Sujet: Re: Where love is lost your ghost is found [Tour X - Terminé] Ven 31 Mar - 12:13
Where love is lost your ghost is found
@Isla Chelsted & @Orys Baratheon
Isla pouffa lorsqu'il lui demanda si elle avait lu tous les livres qui étaient avec eux dans cette pièce. Elle semblait presque choquée qu'il ose même lui poser la question. C'était sans doute plus pour faire la conversation. Au lieu de s'insurger, elle noua ses mains dans son dos, se grandissant un peu et lui répondit que oui, elle les avait tous lus. Et même plusieurs fois. Elle devait sans doute en connaitre certains par coeur, à en juger par les couvertures écorchées. Cela devait sembler bien étrange au Baratheon, qui n'avait pas pour habitude de s'enfermer dans une salle pour lire des livres toute la journée.
L'insulaire hocha la tête lorsqu'il insinua que le bruit des agitations de la cour en contrebas pouvait monter jusqu'à ses fenêtres. C'était vrai, mais cela ne la dérangeait pas. En vrai, cela lui permettait surtout de rythmer ses journées. S'il y avait de l'agitation, c'était que quelque chose se préparait, que ce soit une réception quelconque ou un repas. Elle l'observa se pencher pour regarder par la fenêtre. C'était étrange, de le voir ainsi. Il avait tant changé depuis leur adolescence, et pourtant pas tant que ça. La même statuture, si ce n'est encore renforcée. La même noirceur de ses cheveux légèrement ondulés, même s'ils étaient un plus longs maintenant. Il était prince de Peyredragon, dragonnier, loyal à Rhaenys plus qu'à quiconque. Ils avaient des points en commun, mais également des différences qu'ils ne pourraient jamais combler. Et c'était normal. Savoir qu'il partait bientôt lui faisait plus de mal qu'elle n'aurait pu le penser. Même si c'était le lot de chacun, et qu'elle devait s'y habituer. Les enfantillages et les états d'âme n'avaient pas leur place au milieu de l'Empire conquérant qu'ils servaient tous les deux et de ses leaders charismatiques.
Isla hocha la tête lorsqu'il détailla le plan d'actions de leur départ commun avec Rhaenys. Et lui sourit lorsqu'il lui dit qu'il venait la voir pour lui en parler de vive voix.
« Merci, Orys. Je me doutais que vous n'étiez que de passage temporaire à Fort-Darion. Il reste beaucoup à faire. Et il faut soutenir les Royaumes Fédérés s'ils sont en difficulté. Au moins vous serez tous les deux, quelque part c'est rassurant non ? Soyez prudents néanmoins. Avoir des dragons ne vous rend pas invincibles, juste plus difficiles à attraper. »
En cas de problèmes, ils s'en sortiraient sans doute. Mais la prudence restait de mise, surtout vu la situation actuelle. Elle fit un pas vers lui, plantant son regard dans le sien.
« Promets-moi que tu veilleras sur elle. »
Il reprit la parole, et lorsque son regard quitta le sien, Isla sentit l'atmosphère changer. Elle écouta sa mise en garde sur ce qui allait suivre, ne sachant pas à quoi s'attendre. Elle croisa les bras, attendant la suite. A l'énonciation des faits; son coeur rata douloureusement un battement.
« Attends, tu... tu as fait quoi ?! »
La Chelsted se doutait que son statut de prince de Peyredragon, célibataire, ne serait que temporaire. Forcément, il faudrait qu'il se marie à un moment ou à un autre. C'était le lot des royaux de ce monde, contraints à faire des choix dictés par le devoir et la raison, et non la passion. Alors la première partie de ce qu'il lui avoua ne la surprit pas plus que ça. Le reste en revanche la rendait confuse. Une discussion passionnée avec l'Empereur ? Proposé son prénom ? Rien de concret ? Une absurdité ? Détachant ses bras un peu brusquement, elle attrapa le dossier de la chaise devant elle. Au-délà de sa relation secrète avec l'Empereur, elle ne comprenait pas pourquoi Orys avait pensé à elle.
Isla prit une inspiration, agacée :
« Tu vas me dire que de toutes les femmes que tu connais, tu ne pouvais pas donner un autre nom que le mien ? Pourquoi, Orys, pourquoi ? Surtout si tu dis que tu n'en pensais pas un mot. »
Le fait qu'il lui avoue que c'était une absurdité, un moment d'égarement spontané et qu'il ne le voulait pas la blessait aussi. C'était suffisamment sérieux pour lui pour qu'il propose son nom, mais pas assez pour qu'il l'envisage véritablement ? Comment devait-elle le prendre, exactement ? Son coeur se serra lorsqu'elle imagina la réaction qu'avait pu avoir Torrhen. Avait-il laissé paraitre quelque chose, lors de cette fameuse discussion avec Orys ? Probablement pas. Il n'était pas né de la dernière pluie, et devait savoir quand et comment manifester des émotions, et en fin stratège qu'il était, comment les contrôler. Du moins, elle l'espérait.
Le ton plus dur, elle reprit, posant ses mains sur ses hanches :
« Torrhen te fait vraiment sortir de tes gonds, hein ? Je n'ai pas à être utilisée par toi ou lui parce que vous ne parvenez pas à vous entendre, ou pour vous blesser mutuellement. A l'avenir, si tu souhaites m'épouser, je te suggère de le demander à la principale intéressée avant toutes choses. »
Pourquoi fallait-il toujours que les hommes prennent des décisions à sa place ? Torrhen avec sa soeur, Orys avec son propre mariage ? Reprendre contact avec Orys avait-il mené à cette situation ? Leur conversation à la Porte Sanglante avait effectivement remué pas mal de choses de leur passé. Et Isla pouvait comprendre que leur relation ne soit pas encore très claire, après tout, elle se posait elle-même des questions. En revanche, elle savait ce qu'elle ressentait pour Torrhen, et c'était ça l'important. Ce qu'elle refusait par dessus tout, c'était de n'être considérée que comme un pantin qu'on pouvait utiliser comme on le voulait lorsqu'une question dérangeante arrivait.
La conseillère souffla, calmant petit à petit les battements de son coeur. Elle pouvait être prompte à la colère parfois, ce qui contrastait avec son caractère plutôt calme et posé d'ordinaire. Mais lorsque le sujet était cher à son coeur, elle voyait rouge. Un peu plus calme après quelques secondes, elle se détendit, reprenant plus doucement :
« Bon, au moins, tu as eu l'honnêteté de venir me le dire en face. Merci pour ça. Tu pars dans quelques heures, je ne veux pas que l'on se quitte sur une dispute. »
Elle pourrait gérer la situation avec Torrhen... en espérant qu'il ne soit pas trop tard.
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Isla Chelsted
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Curieux paradoxe qu’était celui d’avoir le sentiment de parler à une personne dont on avait l’impression de ne jamais avoir perdu le lien et qui pourtant avait tant changé. Pas tant dans le caractère mais physiquement et dans le comportement. L’inquiétude que laissait entrevoir ses paroles était à la fois douce à entendre et pourtant presque torturantes. Comme lorsque nous faisions nos sorties sur le continent, en reconnaissance. C’était cela que me rappelait la scène présente à laquelle je participais en tant qu’acteur. Peut-être me fourvoyais-je. « Je te promets que l’on fera attention et je t’assure que je ne laisserai rien arriver à Rhaenys. » C’était là mon engagement de chevalier à son impératrice et de frère envers sa sœur. Sa survie passait avant tout et si j’avais des inquiétudes sur son état de santé, alors l’occasion sera peut-être la bonne pour aborder certains sujets. « J’ai d’ailleurs réfléchis à notre échange. Je vais essayer de lui parler un peu plus frontalement même si je ne pense pas que mes paroles l'atteignent. Qui ne tente rien n’à rien. » Et peut-être que cela parviendrait au moins à ralentir le cycle infernal dans lequel la seule et juste souveraine de Westeros se trouvait. Je n’étais pas encore certain de le faire, mais le dire offrait un peu de courage et de consistance. Le voyage, bien que court, serait difficile, et les épreuves qui suivront encore plus. La guerre n’était pas encore terminée et l’accalmie se concluerait prochainement. « Nous ne la perdrons pas Isla, je le jure solennellement sur ce que j’ai de plus cher. Qu’importe le temps que cela prendra. » Pas de grand plan prémédité, quelques ébauches d’idées qui s’envoleront de toute façon bien vite. Je n’étais pas doué pour faire semblant, quoique même de ça je pouvais en douter.
J’abordais ensuite un sujet bien plus piquant, abrasif même et difficile de trouver des excuses dessus. La tête de mon interlocutrice était parlante de reproches, comment pouvait-il en être autrement. Je tournais mes propos pour qu’ils ne soient pas indélicats, ce qui provoquait certainement tout l’effet inverse. Un dragon dans un atelier de verrerie n’aurait pas fait mieux présentement. Pourtant, je craignais les retombées. Que celles-ci viennent de l’Empereur ou bien que les propos aient été entendus par un soldat à l’oreille trop curieux dans le camp. Après tout le ton était monté bien plus haut qu’escompté et la situation avait dérapé presque subitement sans que lui ou moi n’en vienne à saisir pleinement ce qui se déroulait. Enfin, c’était vrai pour moi, peut-être pas pour lui. Et à vrai dire finalement je m’en fichais un peu. Ce qui comptait c’était qu’elle l’entende de ma voix car celui qui avait cafouillé, c’était bel et bien ryry. L’on s’était promit une certaine forme d’honnêteté et je ne comptais pas briser ce contrat une semaine après que nous nous soyons retrouvés. « Je ne sais pas pourquoi j’ai prononcé ton nom. Enfin si, j’ai paniqué et je pensais simplement que je recevrais une fin de non-recevoir car cela n’offrait aucun intérêt politique à l’Empire. » Ce qui était parfaitement vrai. C’était affreux à reconnaître, mais il s’agissait bien d’un calcul à la faible portée qui n’aurait oncques dû prendre la proportion connue. « La simple idée de mon mariage ne repose à ses yeux que sur les avantages à en tirer. C’était con j’en ai parfaitement conscience. Un moyen ridicule d’obtenir la paix. » et je m’agaçais moi-même rien que de m’entendre parler. « Et que dans le cas où il aurait accepté cette proposition stupide, de très loin, à mes yeux, tu étais la seule candidate envisageable. » Je me retins de justesse de rajouter digne car toute cette situation était indigne, pleine d'opprobre. Insupportable.
Son propos sur Torrhen m’agaçait profondément car de mon avis ce n’était pas ce qui s’était déroulé. A peine eut-elle fini son propos que je rétorquai d’un ton sec et plus fort que voulu. « Ce n’est pas moi qui suis sortis de mes gonds, mais lui. Et je ne pouvais pas imaginer cela, je n’en savais strictement rien. » C’était un sous-entendu vide qui n’avait pas besoin d’être développé. J’avais promis à Torrhen de ne pas en parler. Au diable. Je redescendis toutefois rapidement, j’étais mal placé pour avoir ce comportement. « J’ai été maladroit, bête, pour changer. Je ne voulais pas te retirer ta volonté de choix ou te considérer comme un objet. J’aimerais revenir en arrière je t’assure. » Mais ça non plus ce n’était pas possible ou envisageable. Les erreurs passées suivent et marquent, parfois temporairement, parfois éternellement. « Je ne souhaitais blesser personne. Ni Torrhen, ni toi. Ni quelqu’un d’autre. » Et ultimement c’était ce que j’avais fait. Involontairement certes, mais c’était bien arrivé.
Isla finissait par avouer qu’elle ne désirait pas se disputer avec moi avant mon départ et souligner mon honnêteté. Et tout ce que je trouvais à dire c’était ça. « Tu es sûr que cela va aller ? J’veux dire que si tu souhaites que je parte, il n’y a aucun problème. » Comment demander sa punition soi-même, même si au fond, je n’étais pas certains que cette solution ne me fasse pas plus plaisir que la confrontation. « C’est difficile de savoir sur quel pied danser ou de se projeter ces derniers temps entre mes obligations, les nécessités de l’Empire, la guerre permanente. Mais ce que je sais, c’est que pour la première fois depuis longtemps, j’ai un pincement au cœur de repartir sur le front. Depuis la soirée avec Raevor et Daena, et notre discussion passée, j’ai l’impression d’exister en tant qu’Orys et pas simplement uniquement en temps que fidèle parmi les fidèles de l’Empire. C’est aussi pour ça que j’ai mentionné ton nom. Le seul qui n’aurait pas été douloureux si Torrhen avait eu la folie d’accepter alors que moi-même je n’en sais rien. » C’était un monologue qui venait de sortir des mes lèvres. « C’était égoiste, égocentrique, idiot. Et j’espère sincèrement ne pas avoir gâché notre amitié renaissante à cause de ça. Si c’est le cas, dis-le moi. » disais-je en gardant un ton ferme bien que blessé intérieurement par mes propres actions et paroles.
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Sujet: Re: Where love is lost your ghost is found [Tour X - Terminé] Dim 2 Avr - 19:41
Where love is lost your ghost is found
@Isla Chelsted & @Orys Baratheon
Isla observa le Baratheon s'expliquer... si on pouvait vraiment appeler ça une explication. Il semblait tout aussi confus qu'elle, voire encore plus, ne comprenant visiblement pas pourquoi le prénom d'Isla lui était venu en tête. Cela paraissait encore plus présomptueux à l'insulaire. Si Torrhen lui avait demandé de lui donner un nom pour s'unir par les liens du mariage, elle aurait préféré ne rien dire plutôt que de donner un nom au pif et de mettre la personne dans l'embarras. Enfin, ne rien dire était normalement plus simple que de parler non ? Isla devait néanmoins reconnaître qu'il avait raison sur un point : leur union n'aurait apporté aucun levier particulier à l'Empire. En tant que prince de Peyredragon, il était malgré lui le choix évident pour nouer des alliances et récupérer des forces. Isla prenait conscience une nouvelle fois que son statut pourrait très bien les séparer à nouveau, malgré leurs promesses nocturnes, faites lors des négociations au Val. Ils pourraient essayer de lutter, mais il était appelé à bien plus que de rester à ses côtés. Comme tous ses proches, finalement. Mais elle ne pouvait pas leur en vouloir, pas alors qu'ils servaient tous ce même Empire chéri et pour lequel ils sacrifieraient tant et plus.
Orys détailla un peu plus la réaction de l'Empereur, et la jeune conseillère se figea. Il ne dit rien d'incriminant, pour lui ou pour elle, mais le ton indiquait à Isla qu'il avait compris. Avait-il été mis devant le fait accompli en réalisant le lien entre la Chelsted et l'Empereur ? Ou bien la réaction de Torrhen l'avait-il trahi ? Isla pouvait à présent imaginer la scène et le déroulé. Elle devait absolument parler à Torrhen, pour ne pas qu'il se fasse de mauvaises idées. Le timing semblait extrêmement mauvais et peu favorable à leur couple naissant... Leur rapprochement à la Porte sanglante, l'acte manqué par rapport au cadeau, cette altercation entre le prince et l'empereur, le départ de Rhaenys... Le Vieux-Loup devait accuser le coup, resserrant un peu plus le carcan du devoir qui lui enserrait la poitrine jusqu'à ne plus pouvoir respirer. Elle frissonna. Pas comme ça, pas maintenant.
Orys sut trouver les bons mots pour l'apaiser, ce qui était suffisamment rare pour être souligné, il fallait le dire. Elle se sentit un peu plus légère, lorsqu'il exprima de sincères regrets par rapport à la situation, sans revenir sur la découverte de sa liaison. Elle n'en dit rien non plus. D'une part, le confirmer n'aurait servi à rien. D'autre part, le mettre en garde sur le fait de rester discret sur le sujet était inutile : il n'était pas stupide ou adepte des commérages. De plus, Isla se disait que Torrhen avait déjà du régler la question.
Il semblait s'ouvrir un peu plus, le Baratheon, sans pour autant initier un contact physique. C'était peut-être mieux ainsi. Parfois, il était plus simple de parler sans se toucher, lorsqu'on avait des messages à faire passer.
« Pas la peine de te flageller, je te dis que ça va. Tu as géré une situation inconfortable comme tu as pu, j'imagine. Ne le refais plus. »
Son ton s'était fait plus autoritaire, plus ferme, comme si Isla Chelsted pouvait ordonner quoi que ce soit au prince de Peyredragon. Mais pendant une seconde, elle l'avait cru, imaginant avec égoïsme que leur histoire lui permettait de le faire. En tant que partie lésée dans l'histoire, elle en profitait aussi un peu. Attrapant un petit gilet pour l'enfiler, elle reprit, sur un ton plus calme, affichant un léger sourire sincère, appréciant le fait qu'il s'ouvre à elle un peu plus :
« Tu as toujours été "Orys" pour moi, et ça n'a pas changé. Cela ne veut pas dire que tu n'as pas de devoirs, mais ils ne te définissent pas. J'ai l'impression de te connaître depuis toujours. Je sais que tu ne pensais pas à mal en donnant mon nom. Ceci dit, tu as peut-être bien fait de le faire, je dois être une des seules à pouvoir te supporter. »
Elle leva les yeux pour observer sa réaction, l'air taquin. Il semblait réellement s'en vouloir, ce qui avait radouci la jeune femme. Après un soupir, elle l'observa, émue par son monologue. Il était rare qu'il soit aussi transparent sur ses sentiments, ce qui lui indiquait que quelque chose avait changé comme il le disait. Il semblait plus touché, et Isla avait du mal à se souvenir d'un moment où elle avait pu le voir dans cet état. La promesse qu'il venait de lui faire avec certitude concernant Rhaenys lui revint en mémoire.
« Tu m'as dis que tu prendrais soin de Rhaenys et je te crois, mais fais attention à toi aussi. Prends ces souvenirs de la soirée avec Raevor et Daena avec toi. Pars avec l'assurance que nous nous sommes retrouvés, tous les deux et reviens. Je serai là pour écouter ton récit. »
Qu'il réussisse ou non à percer la carapace de Rhaenys, Isla voulait croire que leur discussion serait bénéfique à la dragonne. Peut-être que s'éloigner de Fort-Darion lui ferait du bien. Isla laissa son regard poser sur le prince. C'était plus simple de prétendre qu'ils ne se quitteraient pas à nouveau dans quelques heures. Et retrouver leur adolescence le temps d'une discussion. Mais leur temps était compté et il partait en territoire dangereux, peut-être même qu'Isla aussi partirait, pour accompagner Torrhen. L'ignorance était un luxe qu'ils n'avaient pas.
« Viens, allons prendre l'air. »
Ses appartements étaient bien trop tristes pour rester dedans et déprimer sur le départ au front d'Orys. Les rives qui bordaient la Baie des Crabes devaient être bien agréables à cette heure là.
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hēnkirī:
Isla Chelsted
Messages : 1115 Membre du mois : 24 Maison : Née Chyttering, elle porte le nom Chelsted par mariage. A présent veuve. Caractère : Loyale ◈ Discrète ◈ Travailleuse ◈ Erudite ◈ Possessive ◈ Idéaliste Célébrité : Florence Pugh
C’était difficile d’avouer ses torts. Mais c’était parfois mieux de ne pas laisser les secrets là où il était enterré. Quoiqu’il arrive, quoique l’on fasse, la chance qu’il remonte un jour à la surface finit par arriver. Ce n’est pas tout le temps me diriez-vous. Il est vrai que certains actes restent peut-être définitivement secrets, perdus à jamais. Cependant, il est impossible de savoir s’ils ont existé ou non. Alors partant de ce principe peut-être simplet, tout secret finit par être découvert. Mieux valait que cela soit de mes mots plutôt que celui de l’Empereur ou d’autrui. Non pas tant pour prendre un avantage sur la version narrée, puisque Torrhen doit avoir un point de vue différent du mien à n’en pas douter, mais bien par acquis de conscience et par volonté de ne pas perdre ce qui avait été renoué il y a quelques jours auparavant. Il y avait une crainte plus grande que celle de perdre la vie sur les champs de bataille qui m’animait dans mes actions et paroles décousues, babillardes, promptes à chercher à amoindrir la culpabilité que je pouvais ressentir… ou au moins à essayer. Était-ce par égoïsme que j’étais venue la voir ? Impossible à dire. Je n’étais pas aussi vertueux que ce les gens pouvaient bien compter.
Que pouvait-elle imaginer sur l’instant ? De la colère, de l’incompréhension ? Ses propos étaient-ils parfaitement sincères ? Il y avait une pointe d’amertume au départ qui ne saurait être entièrement dissimulée malgré un maniement des mots habiles de sa part. Ma supputation serait aller sur plus de colère de sa part, mais il était vrai que l’îlienne savait faire usage de patience et était douée d’un caractère bien moins éruptif que Rhaenys. Je ne voulais pas l’accuser ou la mettre en porte-à-faux qui la conduirait à culpabiliser ou tout simplement à la mettre dans une situation peu confortable. Ses affaires avec l’Empereur ne me concernaient nullement et même si j’avais mon propre jugement sur ce susurrement je le taisais au plus profond de mon être, cherchant presque à l’étouffer. Inutile de chercher sur cette voie là donc. J’espérais ne pas la froisser plus que ce que ma révélation avait fait, lorgnant chaque détail de son visage non sans fébrilité afin de savoir si mes paroles la décevaient plus encor. Isla se montra plus autoritaire en disant qu’il était inutile de me tourmenter plus que cela et conclua sa phrase par un ordre sec et net.
La discussion évolua sur un fil plus agréable que tout ce que mon imagination aurait pu imaginer. Son ton changea et devint plus taquin ce qui provoqua chez moi un sourire certainement plus gêné qu’autre chose. « Merci… » je crois, je ne sais pas trop quoi vraiment dire d’autre sur l’instant avant que la conversation ne reparte de plus belle sur Rhaenys. Je riais, ou toussotais, légèrement. « J’espère que tu sais t’occuper des plaies aussi, nous en aurons bien besoin à notre retour. » Les campagnes à venir seraient dures, plus peut-être que ce que nous avions connu jusque là. Pourtant, il faudrait tenir coûte que coûte. « Je les emporterais avec moi ces souvenirs, cependant je ne sais pas s’ils seront d’une grande aide sur les champs de bataille à venir. J’essayerai au mieux de les conserver. » Droit dans les yeux je lui mentais, sans scrupule, sans gêne. Les sentiments les meilleurs ne permettaient pas d’éviter le courroux de la guerre. Sempiternellement, mes affaires personnelles étaient prêtes, rangées. L’idée que je ne reviendrais pas était une constante et permettait d’accepter bien des horreurs. Peut-être trop. Mais cela évitait de se prendre la tête.
La peyredragonienne m’invita à l’accompagner dans une sommaire balade ce que j’accepta volontiers même si j’avouais ne pas savoir dans quoi je m’embarquais. C’est le silence qui domina d’abord, avant que je ne reprenne doucement parole alors que nous nous trouvions dans les jardins du palais, plein vu sur cette discrète fenêtre. « Tu as vraiment à la fois un point de vue imprenable et discret sur tout ce qui peut se passer ici. » narrais-je amusé. « Cela me rappelle les cachettes de Rhae dans la vieille tour de Peyredragon, où nous pouvions observer les déambulations de la cour et leurs petits secrets dans l’une des discrètes cours du château. » Un univers bien lointain désormais, cependant, c’était bien plus par souci de redonner un élan à la conversation après mes révélations que par nostalgie que j'évoquais le passé.
« J’imagine que tu ne resteras pas longtemps à Fort-Darion toi non plus. La situation orageuse est périlleuse et il faudra une juriste efficace pour solver les tracas de la région. Fais attention toi aussi si jamais tu devais suivre Torrhen. Même si tu seras proche de la garde de l’Empereur et de ce dernier en personne, il n’est pas improbable que l’ennemi fasse usage de malice. Tu me le promets ? » Les lignes de front allaient être mouvantes. L’on était pas à l’abri d’un assaut surprise. Puis, il était normal de demander réciprocité au vu de sa demande précédente. Cependant, le sujet était bien lourd et il n’était pas question de s’y hasarder trop longtemps.
« Est-ce que tu penses que tu es heureuse ? Je veux dire, que le bonheur est atteignable ? » D’où sort cette question, je ne sais pas…
(c) DΛNDELION
Orys Baratheon
Le dragon noir
Messages : 1299 Membre du mois : 43 Maison : Né Waters, sa soeur lui offrit le nom Baratheon. Aujourd'hui il rêve de pleinement s'approprier une identité qui lui fait défaut. Caractère : Loyal ♠ Colérique ♠ Courageux ♠ Imprudent ♠ Charismatique ♠ Irrévérencieux Célébrité : Orlando Bloom
Sujet: Re: Where love is lost your ghost is found [Tour X - Terminé] Jeu 20 Avr - 16:59
Where love is lost your ghost is found
@Isla Chelsted & @Orys Baratheon
Comme la dernière fois lors de leurs retrouvailles au Val, la discussion était... inhabituelle. Ils avaient beau se connaître, ils n'étaient pas d'accord sur tout, loin de là. Ils avaient beau partager un passé et une culture, ils évoluaient dans des univers différents. Le temps était plus simple lorsqu'ils étaient adolescents et que cet univers se résumait globalement à leur trio avec Rhaenys. Mais ce temps était révolu. Et avec lui la période d'insouciance caractéristique qui l'accompagnait. Revoir Orys dans ces circonstances était différent, maintenant. De vieux amis qui tentent de renouer à la hauteur de leur complicité d'antan, sans toutefois la connexion physique qu'ils avaient à l'époque. Etonnant. Et suffisamment intriguant pour Isla pour qu'elle veuille maintenir ce lien entre eux, même après ce qu'Orys venait de découvrir et de laisser entendre à Torrhen.
L'insulaire soupira. Peut-être qu'un jour ils pourraient parler ouvertement des sentiments qu'elle avait pour l'Empereur. Peut-être que ce jour ne viendrait jamais. La situation était trop instable pour qu'elle soit communiquée, Isla le savait. Elle ne voulait pas risquer quoi que ce soit vis à vis de l'Empire, au delà même de sa personne. Elle avait oeuvré pour cet Empire, sans doute pas autant que certaines, mais plus que d'autres pour sûr. Même si elle aimait Torrhen et qu'elle aurait pu le crier sur tous les toits, elle doutait que beaucoup de monde veuille l'entendre. A commencer par Orys, qui était dans un bras de fer constant avec l'Empereur... sur ç peu près tous les sujets possibles.
Le prince la remercia... sur un ton incertain, avant d'évoquer les blessures qu'ils recevraient sur les champs de bataille. D'une humeur soudain plus légère, sans pour autant trop savoir l'expliquer, l'insulaire répliqua avec un air moqueur :
« T'inquiète pas, je suis sûre que Rhaenys pourra te protéger. »
De son côté, sa complicité avec le Baratheon était en train de renaitre, malgré tout. Les restes de leur amitié étaient tenaces, et elle était contente de s'en rendre compte en discutant avec lui de tout et de rien, tant qu'ils le pouvaient encore. Orys savait se battre, Rhaenys également. Ils se protègeraient mutuellement, c'était certain. Et puis il était aussi plus facile de dédramatiser la situation dans laquelle ils s'embarquaient que de l'affronter en pleine face. D'autant qu'Isla soupçonnait qu'elle aurait elle aussi ses propres défis à affronter.
Il avait ancré son regard dans le sien pour lui répondre avec aplomb qu'il emporterait les souvenirs avec lui sur le champ de bataille. Tant mieux. Il en aurait peut-être besoin. S'ils pouvaient lui apporter un tant soit peu de réconfort, alors tant mieux. Ou bien ils ne serviraient à rien, face à l'horreur et l'harassement des combats. L'insulaire avait un doute sur la deuxième option, mais elle se tut, pour ne pas l'inquiéter davantage. Quelque chose lui disait qu'ils se comprenaient, malgré le fait qu'aucun mot ne soit parlé.
Les deux peyredragoniens sortirent des appartements de la Chelsted, se rendant au point visible depuis la fenêtre de cette dernière. Orys y alla de son petit commentaire, qui fit sourire Isla. Cette nostalgie familière à l'époque adolescente les entoura à nouveau, comme au Val.
« Je devrais peut-être me mettre à écouter avec plus d'attention ! Peut-être que je pourrais surprendre des ragots intéressants et les colporter... dommage que je n'en aie absolument rien à faire. »
Elle pouffa, reportant son attention sur son ami. Elle l'observa un instant, tandis qu'il lui demanda à son tour d'être prudente. Elle haussa les épaules et lui répondit :
« Je ne pense pas vraiment être une cible pour l'ennemi, comme tu dis. Je ne sais pas ce que Torrhen a prévu pour l'instant, mais dans tous les cas, je serai prudente, je te le promets. »
Elle ne savait pas réellement comment faire pour être plus prudente que d'ordinaire, car elle n'était pas femme à vivre dangereusement à la base. D'autant qu'elle serait bien entourée. Où était-on plus en sécurité qu'aux côtés de l'Empereur ? Ou bien plus en danger ? La question restait ouverte.
Et ils n'y répondraient sans doute pas. Pas ce soir en tout cas.
Les deux amis continuèrent à marcher, sous les étoiles légèrement masquées par les nuages. Ils descendirent jusqu'au bord de l'eau, ne s'éloignant pas trop du château pour l'instant. La question d'Orys troubla la silence établi.
« L'appel au front te rend-il philosophe ce soir, mon cher ami ? Tant que la guerre sera là, et que mes proches ne seront pas en sécurité, je crois que je ne peux pas répondre favorablement à cette question. »
Trop de sang avait déjà coulé, et trop coulerait encore. Le combat n'était pas terminé, et à chaque instant tout menaçait de s'écrouler. Et tout s'écroulerait, si ce n'était grâce à la vigilance de tous les instants de Torrhen et Rhaenys, notamment. S'accroupissant près de l'eau, elle laissa sa main y tremper, créant de petites vaguelettes à la surface. Elle releva la tête vers lui.
« Je ne te retourne pas la question, parce que je pense que je connais la réponse. Mais peut-être que ce n'est pas l'objectif, en ce moment. Le bonheur, ça pourrait être la récompense de tout ce qu'on doit faire maintenant. Aussi difficile et exigeant que cela puisse être. Peut-être que le bonheur, c'est simplement d'être en paix avec cette vision. »
Elle soupira à nouveau, laissant le silence les entourer pour une seconde, brisé uniquement par le clapotis de l'eau.
« Je me suis souvent demandé, ces derniers temps et depuis notre échange au Val, de quoi serait fait le futur. J'ai retourné le problème dans tous les sens dans mon esprit. Je n'y ai pas trouvé de réponse. On ne peut pas le savoir. Il faut vivre avec cette inconnue et l'accepter. Accepter peut-être que tout n'est que temporaire, malgré la sensation que l'on a en ce moment, je sais que tu le ressens aussi. »
S'asseyant finalement dans l'herbe, elle ramena ses genoux contre sa poitrine et les enserra de ses bras.
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Isla Chelsted
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L’évolution de la situation fut plutôt positive, bien plus que ce que je n’aurais pu songer. L’honnêteté semblait avoir été le bon chemin à suivre, comme quoi les vertus n’avaient pas que des désavantages même si elle n’épongerait pas instantanément l’opprobre que je pouvais ressentir. Il fallait avancer, certainement cela ferait une histoire amusante dans les années à venir si nous gardions en mémoire cet évènement. C’était un petit pari amusant à faire, m’imaginant la scène dans le flou le plus complet des années à venir. Ne me demandez pas pourquoi, mais je présupposais déjà que l’ilienne me rappellerait ce qui s’était déroulé et que je ferais faussement mine de ne pas me rappeler. Dans un monde où la paix régnerait enfin. Difficile de savoir comment d’ici là, nous évoluerons et surtout comment Westeros changerait. Tout paraissait comme si incertain qu’il était difficilement souhaitable de se projeter sur le long terme. Néanmoins, l’instant présent était savourable d’autant qu’il était appréciable en si charmante compagnie.
« Je ne me fais que peu de doute dessus. Et je n’aimerais pas la voir en colère à ce moment-là. » Même si en colère, c’était bien l’émoi qui dominait Rhaenys ces derniers temps, en permanence. Et cette parole sembla autant m'attrister que mon interlocutrice, alors il fallut embrayer sur quelque chose d’un peu plus joyeux même si en réalité parlait de bataille, de guerre, de conflits ne permettaient pas d’offrir de belles expectatives mêmes si nous embellissons chacun notre tour la crue réalité. Je reconnaissais bien là l’idéalisme de l’Isla et même s’il semblait évident que ni l’un ni l’autre ne croyions véritablement aux balivernes porteuses d’espérances narraient, cela nous apaisait. Les mots ne pouvant refléter des non-dits trop longtemps tûs mais que nos esprits réciproques pouvaient percevoir. Preuve supplémentaire que ce qui avait existé n’avait ultimement jamais disparu et qu’un rien avait ravivé. Preuve que la rancune n’était nullement sa marque, ni la mienne.
Isla m’invita à la suivre pour une petite balade alors que l’heure du grand départ approchait à grand pas. Relevant la disposition stratégique de sa chambre, je ne pus m’empêcher de faire une remarque amusée. « Peut-être y apprendrais-tu des choses amusantes ou disruptives. Et pourquoi pas une conspiration. » Je levais les yeux au ciel, un peu nigaud de cette phrase amusée qui n’avait pas vraiment d’autre fond que de jouer l’exagération, même si finalement, elle ne semblait peut-être pas si sotte que cela. Difficile à dire tant les intrigues de cour m’échappaient. Je fis évoluer la discussion sur quelque chose d’un peu plus sérieux, notamment sa sécurité. « Tu seras bien entourée normalement oui. Mais par principe. Et aussi pour que ce ne soit pas uniquement toi qui t'inquiète de ma situation. Vois ceci comme une réciproque. » Mon ton était plus détendu même s’il était marqué par certaines appréhensions. Difficile de savoir comment évoluerait la situation dans l’orage, mais la gaieté ne serait certainement pas au rendez-vous. Et puis c’était là une preuve supplémentaire que je tenais particulièrement à elle. Même si de nous deux, il était plus probable que ce soit moi qui ne revienne pas, j’ai au moins compris que des temps aussi troublés n’en avaient pas grand chose à faire des circonstances. Les civils étaient autant menacés que les militaires. « Merci de me rassurer. » concluais-je sur ce sujet, le regard certainement un peu plus brillant qu’auparavant.
Puis une question un peu étrange sortit de mes lippes, certainement m’étonna-t-elle autant que mon interlocutrice. Me murant dans un silence angélique, j’écoutais avec grande attention les propos d’Isla. Ses conjectures sur la nature profonde du bonheur résonnèrent comme un écho en moi, ne pouvant que valider ses dires sur ce sujet relevant bien plus de l'irréel qu’autre chose. Ce n’était pas l’allégresse ou la liesse passagère dont il était question, ni celle d’un plaisir passager. Ce n’était pas non plus le fait de connaître la félicité d’être heureux. Le bonheur c’était autre chose, et peut-être qu’il n’avait pas de rapport avec la paix comme pouvait le dire mon interlocutrice qui était bien plus érudite que moi. « Difficile de dire. Malgré les conflits en Westeros, les incertitudes et l’insatisfaction demeurante, j’ai la curieuse sensation, un peu honteuse, de le caresser ces derniers temps. Je veux dire, que pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression de respirer alors que le monde est toujours imparfait. » Je ne savais pas vraiment si mes verbiages avaient un réel sens, il était difficile de placer des mots concrets sur ce sujet.
« Peu de choses vont, et comme tu le soulignes, l’avenir reste obscur. Finalement, c’est peut-être lâcher prise qui ouvre les portes du bonheur. Et accepter une situation à l’instant présent, tant pour ses bons côtés que ses malheurs. Ce qui compte, c’est de continuer à avancer, en s'accommodant du passé révolu et du futur incertain en traçant son chemin pour parvenir à une fin positive. » A mon tour je m’abaissais près de l’eau pour faire onduler la surface aqueuse ne sachant pas trop quoi rajouter ou me demandait si je n’avais pas été trop brumeux sur le sujet. Laissant quelques instants de silence planait, peut-être en attendant une réponse de mon interlocutrice, je finis finalement par laisser échapper avec un grand sourire cordiaud « Grandir, c’est nul. » en direction de mon interlocutrice.
« Je ne sais pas de quoi sera fait demain, mais j’aimerai que Rhaenys, Daena, Raevor en fasse partir, comme beaucoup d’autres. Même Ronnel Arryn ou Torrhen y aurait une place » narrais-je sur un ton narquois mais réaliste. Pensées singulières pour Argella, Arianne et Roward. « Et toi évidemment, pour notre relation si singulière. Peut-être pas une place aussi spéciale que j’ai pu raconter à Torrhen, mais qui sait. » J'haussais les épaules. Et là je suspendaos mon propos, amusé par cette phrase pleine d’humour mais également pleine de vérité que je ne suis pas prêt à assumer.
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Orys Baratheon
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Sujet: Re: Where love is lost your ghost is found [Tour X - Terminé] Jeu 4 Mai - 22:59
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@Isla Chelsted & @Orys Baratheon
La considération du jeune prince pour sa sécurité la touchait. Il semblait sincèrement inquiet, au-delà de simplement lui donner la réciproque de son inquiétude. Isla n'avait pu s'empêcher de mentionner l'empereur par son prénom directement, venant confirmer indirectement ce qu'Orys avait sans doute déjà compris. Il ne semblait pas avoir relevé ce détail ceci dit, ou bien il n'en dirait rien. Elle se sentait en sécurité avec ces hommes qu'elle connaissait bien maintenant, chacun à leur manière. Orys était un tendre moment de son passé, ses premiers émois amoureux. Il avait beaucoup compté, et comptait encore beaucoup aujourd'hui, elle s'en rendait compte petit à petit, depuis qu'ils s'étaient retrouvé au Val. Ils apprenaient à se retrouver, petit à petit. Et il y avait des erreurs, comme celle qu'Orys était venu lui avouer ce soir-là, pour faire amende honorable. Mais il y avait surtout beaucoup de souvenirs, une certaine complicité encore vivante, et une tendresse qui la poussait à ne pas trop lui en tenir rigueur. Elle avait eu son lot d'erreurs, elle aussi. Son lot de souffrances qu'elle lui avait avoué, lors de leur soirée au Val. Sa réaction avait été virulente, comme elle s'y attendait, et avait pu faire ressortir son coté sombre. Ils n'en avaient plus reparlé depuis.
Isla l'observa, tandis qu'il s'asseyait à ses côtés, dans l'herbe. Cela avait un côté rassurant, de pouvoir discuter à messes basses juste entre eux, comme si personne d'autre n'existait. Cela lui rappelait les moments passés tous les deux, à Peyredragon. Les yeux perdus vers l'horizon, il se confia. C'était suffisamment rare pour être souligné, et Isla était ravie d'en être le témoin principal et la raison pour laquelle il s'ouvrait un peu. Il avait réellement mûri, là dessus, et n'était plus le jeune adolescent qu'il était. Elle se sentit sourire, lorsqu'il évoqua se sentir presque heureux, malgré la situation du reste de Westeros. Cela lui réchauffa le cœur - déjà de pouvoir parler d'un concept aussi abstrait avec quelqu'un qui l'écoutait avec avidité, mais également de savoir que son ami se sentait bien. Aussi bien qu'il le pouvait. Ou en tout cas mieux que ce que cela avait pu être. L'insulaire hocha la tête lorsqu'il confirma que sa vision coïncidait avec la sienne : le bonheur pouvait être un idéal. Par définition, il ne serait pas atteint. Mais c'était ce vers quoi tout un chacun tendait, de façon égoïste. Sa remarque puérile la fit rire une seconde, retrouvant bien là le jeune homme de ses souvenirs. Elle haussa les épaules, attrapant une touffe d'herbe dans sa main.
« Grandir ça a des bons côtés quand même ! Tu as plus de marge de manœuvre pour faire tes propres choix. Mais c'est à double tranchant. Si un choix est le mauvais, alors tu n'as personne à blâmer. »
Alors il fallait assumer. Le constat était dur, mais pourtant vrai. Isla se disait qu'assumer, c'était déjà ce qu'ils faisaient là. Et ce qu'ils avaient initié au Val, lorsqu'elle lui avait avoué les sévices qu'elle avait subi. Lui avait continué ce soir en venant lui avouer qu'il avait proposé son nom pour se marier. La conseillère le prenait comme un signe de confiance. Elle reprit, tournant la tête vers lui :
« Moi aussi, je veux que tu sois à mes côtés, quoi qu'il nous arrive. Ca peut paraitre idiot, mais sans toi, c'est différent. On a vécu tant de choses plus jeunes. Tu m'as aidée à me construire et si je suis la femme que je suis aujourd'hui, c'est en partie par notre histoire commune. Alors si tu n'es pas là, c'est comme si quelque chose manquait. »
Elle sourit franchement cette fois, s'éclaircissant la gorge, lui envoyant une petite taquinerie en lui donnant un coup d'épaule amical.
« Calme-toi, c'est pas une demande en mariage hein ! »
Isla prit une inspiration, reportant son regard sur l'étendue d'eau plate qui les précédait. C'était calme. Trop calme. Comme si la tempête qui allait se déchaîner leur donnait une dernière opportunité de discuter.
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Être au côté d’Isla, à défaut d’être avec elle comme ce fut éphémèrement le cas dans le passé, c’était un peu comme être dans une bulle protectrice jouvencelle. Le sentiment que le passé nous entouré, agissant comme une barrière illusoire de tout ce qui pouvait se dérouler dans le présent. C’était retourner des années plus tôt à Peyredragon dans un evanescent voyage d’antan. Rien n’était réelle ni caressable et pourtant, cela semblait si proche. Ce n’était pas cependant une torture, juste une liesse passagère provoquée certainement par nos inquiétudes respectives sur la guerre et notre devenir. J’en serais presque à croire en un futur agréable alors que seuls l’éclat des lames d’acier et les hurlements des hommes s’affrontant se ferait entendre une fois la visite à la Truite faite. Et quelques grognements de dragons aussi, certainement. Alors savourer l’instant présent me semblait capital même si certainement un peu méphitique. C’était courir le risque de glaner un espoir différent de celui d’ordinaire sur le champ de bataille et cela ne serait peut-être pas la chose la plus agréable qui soit. Le champ de bataille ne laissait que peu de place aux espérances.
Notre brève balade nous avait conduit près d’un cours d’eau, démontrant que les Peyredragoniens étaient peut-être toujours attiré par cette dernière à cause de la mer qui nous entourait autrefois. Les lieux étaient calmes, hypothétiquement un peu trop d’ailleurs, ce qui offrait une forme d’intimité. Impossible de savoir si cette dernière était désirable, appréciable ou au contraire. Les mêmes sentiments contraires et contradictoires revenant sans cesse. La discussion tourna vers quelque chose de plus philosophique, même si cette dernière relevait bien plus de celle contée à la taverne du quartier qu’à celle des mestres de la Citadelle. Quoique parfois. Nous étions -je crois ? - globalement d’accord sur ce qu’était le bonheur ou tout du moins sa nature. Alors je me permis une remarque immature sur le fait de grandir. Isla semblait bien plus positive que moi sur ce sujet là. Non pas que je n’avais pas apprécié de devenir un homme toutefois, autrefois tout paraissait plus simple et clair comme de l’eau de roche. C’était très certainement fantasmé car l’on était à lieu d’un tableau entièrement positif à Peyredragon. Des frustrations, quelques drames, des gabegies… Preuve que l’esprit préférait s’attarder plutôt sur le positif que le négatif. Puis, la nostalgie était un confortable rempart qui permettait d’éviter de trop s’attarder sur certains éléments car finalement, un certain nombre d'éléments n’eurent oncques changé et demeurent vaillamment aujourd’hui pour mon plus grand déplaisir.
« En fonction de qui nous sommes, la marge de manœuvre peut-être très réduite. » Vermeil coulant dans nos veines, éducation, code moral, ambitions, famille… Autant de facteurs pouvant expliquer des inclinaisons ou des changements. On ne connaissait jamais suffisamment autrui ou soi-même. « Je ne pense pas foncièrement que beaucoup de nos soldats aient choisi de se battre ou de périr dans ce conflit. Et ils auraient bien du monde à blâmer. » Le ton demeurait cordial bien que probablement un peu plus triste. C’était le soldat qui parlait, celui qui avait vu que tous les hommes sous ses commandements n’étaient pas là par choix mais plutôt par non-choix, avec une impossibilité d’échapper aux griffes carnassières d’un mauvais destin. « L’on ne choisit pas non plus son mariage, ni de qui va-t-on tomber amoureux. Certes, l’on peut influencer la manière dont on va vivre ce dernier ou gérer nos émotions, néanmoins je pense tout de même que cela revient à s’adapter à des évènements dont parfois nous ne sommes pas acteurs. Et parfois il arrive que l'on soit dans des impasses complètes. » Comme ce fut le cas pour le conflit entre Rhaenys et Deria, comme ce fut le cas lorsque l’on me proposa la régence de Peyredragon, comme ce fut le cas pour l’évolution tragique du mariage d’Isla, comme ce fut le cas pour les hommes qui s’enrôlèrent sous les bannières de l’Empire ou des Puissances Centrales sans avoir mot à dire. L’ambition n’était pas de réduire la responsabilité des individus sur les choix qu’ils faisaient, pas totalement, mais plutôt de considérer que l’on pouvait pas toujours porter des responsabilités car ces dernières dépassaient nos capacités d’actions ou de clairvoyance. « Cela serait plaisant de savoir que l’on peut entièrement assumer ses actes mais parfois, les évènements nous dépassent largement. »J’espérais qu’elle n’y verrait pas une fausse excuse pour l’incident avec Torrhen car dans ce cas-ci, son affirmation prévalait sur mes dires.
La discussion se poursuivit, et les mots de l’îlienne me firent chaud au cœur lorsque cette dernière aborda mon absence. Isla se montr a un peu plus piquante toutefois sur la petite boutade -qui n’en était pas vraiment une sauf dans mon esprit embrumé- de la fin de ma tirade grandiloquente. « Un départ imminent en guerre ne permet pas de faire ce genre de déclarations voyons. » disais-je le ton amusé. Je plongeais ma dextre dans le cours d’eau afin d’humidifier mes doigts. Je fis en sorte de secouer ma main face au visage de la peyredragonienne dans une forme de provocation. Quelques perles aqueuses atterrirent sur son visage. « Mais peut-être qu’après la guerre qui sait. » J’haussais les épaules, faisant mine d’ignorer les savoirs acquis par inadvertance. « Cependant je vois que l’idée n’a pas l’air de véritablement te séduire. » Je mimais une mine un peu triste, faisant presque la moue. Je m’allongeais dans l’herbe, les pupilles portaient vers les cieux qui semblaient se couvrir d’importants nuages gris.
« Cela te laissera au moins le temps de réfléchir, de songer à cette idée que je sous-entend. D’envisager ou non une réponse à cette question qui sera hypothétiquement posée. » Un choix plein et entier, sans dépourvu aucune, que le passage des lunes forgera. Qu’avais-je à perdre de toute façon ? Une femme tombant dans les bras d’un rival ? Ce ne serait que la troisième fois et après tout, jamais deux sans trois. « Si je reviens des conflits à venir, il faudra me dire si j’ai le droit de te poser ladite question. » Fin sourire parcourant mes lèvres, je parais détendu alors qu’intérieurement, je suis un peu anxieux et que je ne savais pas vraiment vers quoi je m’avançais d’autant que la promesse faite de revenir était dangereuse et incertaine, à l’instar de toutes les autres.
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Orys Baratheon
Le dragon noir
Messages : 1299 Membre du mois : 43 Maison : Né Waters, sa soeur lui offrit le nom Baratheon. Aujourd'hui il rêve de pleinement s'approprier une identité qui lui fait défaut. Caractère : Loyal ♠ Colérique ♠ Courageux ♠ Imprudent ♠ Charismatique ♠ Irrévérencieux Célébrité : Orlando Bloom
Sujet: Re: Where love is lost your ghost is found [Tour X - Terminé] Sam 13 Mai - 18:42
Where love is lost your ghost is found
@Isla Chelsted & @Orys Baratheon
Le calme les envahissait, doux et enveloppant, les poussant à calmer leurs inspirations pour retrouver une certaine forme de paix. Avant que tout ne parte encore en vrille. Isla était reconnaissante de ces moments, épars et rares. Elle faisait de son mieux pour en profiter au maximum, pourtant, à chaque fois qu'elle y repensait une fois le moment terminé, c'était comme si elle n'avait pas pu en saisir l'essence. Et cela l'attristait. S'ils œuvraient tous, c'était pour pouvoir profiter de ce futur hypothétique bien plus heureux. Et si jamais certains n'en étaient pas capables ? Si jamais le combat était tout ce qu'ils pouvaient faire. Elle repensa à Torrhen, qui se définissait majoritairement par son devoir, malgré les quelques actes honteux qu'il avait déjà avoués. Notamment vis à vis d'Orys lui-même. Isla sentit son coeur se serrer, en se remémorant la relation entre les deux hommes.
L'insulaire passa ses bras derrière ses genoux et joignit ses mains pour les ramener vers elle, reposant son regard sur le cours d'eau, calme et paisible. La réponse d'Orys ne tarda pas. Il avait raison, la marge de manœuvre était parfois relative, voire inexistante en fonction du sang qui coulait dans ses veines. Un bien triste destin, même si Isla croyait plutôt aux choix et aux décisions qu'à une fatalité obligatoire et inextricable. L'évocation par le prince des soldats qui eux n'avaient pu choisir de mourir pour la cause de l'Empire ou celle d'un autre royaume la fit serrer la mâchoire. Il semblait triste, Isla l'avait déjà remarqué plusieurs fois lorsqu'il avait évoqué la guerre et ses retombées. Le prix militaire était une chose, mais le prix psychologique en était une autre. Le prince avait bon fond, et voir des personnes s'entretuer ne devait pas être quelque chose qu'il aimait. Mais sa loyauté à l'Empire était néanmoins admirable. Encore plus avec ce qu'il pensait de tout cela et de son principal leader Torrhen. Il reprit en parlant de mariage, d'amour. Des notions qu'ils connaissaient l'un comme l'autre, les contours et les implications leur étant maintenant familières. Isla repensa à leur chemin commun, et séparé. A leurs mariages respectifs et les choix qu'ils avaient fait qui les avaient mené l'un loin de l'autre.
« C'est vrai, on assume ce qu'on peut assumer dans nos propres limites. On ne choisit pas de qui on tombe amoureux, car aimer c'est accepter aussi de perdre le contrôle. Mais on peut choisir ce que l'on veut faire de ces sentiments et agir dessus, ou non. »
Tout revenait à une question de choix. Quelque chose dont Isla avait été privée lors de son premier mariage, et une erreur qu'elle ne voulait pas refaire. Il parut ensuite plus amusé lorsqu'elle le taquina sur sa pseudo-demande en mariage récente. Elle gloussa lorsqu'il secoua sa main pleine de gouttes d'eau sur son visage, jetant ses mains devant ses yeux pour se protéger. La suite de ses paroles déstabilisèrent un peu plus la Chelsted. Il évoquait à nouveau sa demande, et le fait qu'il pourrait la refaire en bonne et due forme en revenant du conflit. Elle se tourna vers lui, l'air un tant soit peu surpris. Lui paraissait presque totalement détendu, comme si c'était naturel pour lui de flirter encore une fois avec les mots, sans véritablement les poser. Un ensemble d'actes manqués entre eux deux qui venait s'ajouter à la pile déjà existante. Isla prit une inspiration et expira lentement, incertaine du choix de ses mots. Il devait déjà savoir, à propos de ce lien entre elle et l'empereur. Mais dans ce cas-là, pourquoi persistait-il avec cette demande ? A moins que cela ne fasse encore partie de son jeu de rivalités avec Torrhen. Après l'avoir regardé un instant, elle reporta son regard sur les vaguelettes.
« La vérité, c'est que je ne souhaite pas me remarier, du moins pas pour l'instant. Mon premier mariage était un désastre, dans tous les sens du terme. Je n'ai pas tellement envie de renouveler l'expérience. »
Peut-être changerait-elle d'avis. D'autant qu'il y avait pire titre que princesse de Peyredragon. Cela lui permettrait de garder ce lien avec son royaume d'enfance, son royaume de cœur. Et peut-être qu'elle finirait par être obligée de trouver un époux, ne serait-ce que pour consolider une quelconque position de l'Empire. Ou si ce n'était pas elle, ce serait sa jeune soeur. Comme cela avait failli être le cas lors des négociations au Val. Et puis au delà de sa position personnelle... Il y avait Torrhen, et ses sentiments pour lui, maintenant aussi clairs que la lumière de la lune, haute dans le ciel. Isla n'était de plus pas certaine du type de mariage qu'elle pourrait avoir avec Orys : un mariage d'amour ou un mariage politique ? Choisir le premier serait renoncer à Torrhen, et elle savait qu'elle était du genre à ne pas lâcher. Même si il était vrai qu'elle pouvait aimer plusieurs personnes, elle doutait d'être capable de trouver un arrangement qui convienne à Orys et Torrhen. Ce serait la cassure, dans un sens ou dans l'autre. Quant au mariage politique... Orys pourrait trouver bien meilleur parti qu'elle. Cela semblait être une mauvaise idée, toute raison gardée. Alors pourquoi ce sujet était-il remis sur la table ?
« Mon travail au sein de l'Empire est trop important, trop décisif pour être mis de côté, ou de risquer que mes efforts soient mis dans quelque chose d'autre. Pas maintenant, en tout cas. »
Par travail, elle voulait dire moments, échanges, regards, touchers, baisers. Et par Empire, elle voulait dire Torrhen. Ils parlaient encore une fois à coeur ouvert, sans pour autant poser les mots sur ce que chacun disait. Isla ne pouvait pas confirmer la nature de sa relation avec un des hommes les plus puissants de Westeros. Déjà parce qu'il le savait déjà, et ensuite, avouer ce genre de choses restait dangereux. Ce savoir entre les mains d'Orys pourrait le mettre en danger. Pourtant, ils se connaissaient, et Isla supputait qu'il comprenait ce qu'elle tentait de lui dire, sans pour autant y mettre les mots. La jeune femme eut un petit rire, reprenant avec une certaine amertume :
« Une femme sensée t'aurait déjà dit oui, pour un millier de raisons, mais surtout celle de pouvoir sécuriser son avenir. C'est peut-être idiot, mais j'espère en être capable par moi-même, sans l'appui d'un mari. »
Isla n'avait pas la moindre idée de comment faire cela, pour l'instant, elle oeuvrait aux côtés de Torrhen, sans vraiment envisager l'après, à part dans quelques songes. Devrait-elle accepter ? Qu'y aurait-il après la guerre, le combat, la violence ? Torrhen et Rhaenys seraient tous les deux, et quelle serait sa place à elle ? A moins que leur cour ne se transforme davantage selon les mœurs Peyredragoniennes ? Difficile à dire maintenant, surtout en connaissant les difficultés de Torrhen avec ce mode de vie beaucoup plus libre. Mais elle ne pouvait pas garder cette option ouverte aussi longtemps. Il fallait le faire, ce choix. Le choix duquel tant dépendait, à la fois pour l'avenir de l'Empire, mais également le sien, de façon beaucoup plus personnelle. Et plus douloureuse. Orys venait de proposer une porte de sortie, celle de rediscuter après les affrontements imminents. Isla hocha distraitement la tête, pas convaincue que la situation serait plus claire que maintenant. Elle ne voulait surtout pas se jouer de lui et lui faire miroiter quelque chose qu'elle ne pourrait pas lui donner. Elle posa sa main sur la sienne, le regardant à nouveau.
« Tu reviendras. J'ai envie d'y croire. Et puis, comment on pourra se raconter nos aventures si tu n'es pas là ? »
Where now the horse and the rider? Where is the horn that was blowing? Where is the hand on the harpstring and the red fire glowing? Where is the spring and the harvest and the tall corn growing? They have passed like rain on the mountain, like a wind in the meadow. + aeairiel.
hēnkirī:
Isla Chelsted
Messages : 1115 Membre du mois : 24 Maison : Née Chyttering, elle porte le nom Chelsted par mariage. A présent veuve. Caractère : Loyale ◈ Discrète ◈ Travailleuse ◈ Erudite ◈ Possessive ◈ Idéaliste Célébrité : Florence Pugh
Malgré l’agitation propre à la capitale de l’Empire en pleine expansion, les hortillonages des lieux proposaient un cadre édenique où le calme et l’harmonie semblaient régner en seul maitre des lieux, offrant une rare accalmie avant la tempête s’annonçant. C’était peut-être cela qui me poussait à me montrer, naïvement, plus ouvert sur des émotions illusoires qui échappaient à mon propre schéma de pensée, certes limité me direz-vous. Seul le présent comptait pour mes prunelles, le futur trop orageux ne permettait pas vraiment d’esquisser des promesses de liesse pour l’avenir. Ainsi mes verbiages n’avaient qu’une valeur très éphémère, contingente à cet instant qui finirait par s’éteindre pour s’envoler tel un pétale de fleur porté par le zéphyr des évènements à venir. C’était mentir, autant à elle qu’à moi. Les intentions étaient spontanées et veraces néanmoins, les raisons n’étaient pas les bonnes. Bien loin d’un quelconque juste milieu. Isla narrait que l’on pouvait décider de faire ce que l’on souhaitait de ses sentiments. Venant de la part d’une sang-bleu qui avait connu un mariage néfaste par devoir aristocratique, cela sonnait comme le beffroi annonçant une fin de vie. Cela préfigurait bien la suite de la discussion : ce sentiment de savoir que quelque chose est arrivé sans en connaître encore toute la portée.
La gravité des mots était importante, leur poids tout aussi lourd. Pourtant je restais relativement serein. Un émoi similaire à celui du guerrier se préparant à la bataille à venir et dont le destin se retrouve entre les mains de ses dieux. « Je comprends tes réticences et tes appréhensions sur le sujet. Loin de moi l’idée de vouloir te presser. » Ma gorge se serrait un peu plus, impossible de sortir les paroles suivant qui souhaitait indiquer que l’ambition était simplement de poser une hypothèse. C’était bien ridicule. Alors profitant du courant d’eau, je faisais temporairement dispersion avec quelques gouttelettes envoyées sur cette dernière, profitant de son léger éclat de rire. Les paroles suivantes ne furent guère agréables à entendre car celles-ci dissimulaient bien trop de sous-entendus. Sexe et pouvoir hein ?! Le parfait miel suave pour attirer les abeilles. Cependant, impossible de blâmer qui que ce soit sur ce sujet. C’était une loi presque universelle. Mon esprit verrouilla le sujet, ne cherchant pas à s’appesantir plus longtemps dessus, omettant la scène passée avec Torrhien qui n’aurait -n’avait- de toute manière jamais eu lieu. Le léger rire d’Isla semblait empli d’une forme de mélancolie, ou au moins d’une certaine tristesse et son propos me revenait en pleine face, comme la morsure du soleil dornien sur une peau trop claire.
Une femme sensée dirait non car elle saurait que l’amour le plus important de Baratheon va à l’Impératrice, la seule femme qui a ma loyauté la plus entière. Une femme sensée saurait que le deuil de Deria n’a jamais été réellement achevé. Une femme sensée saurait que le Prince de Peyredragon ne rêvait plus de famille depuis des lunes déjà et que son nom qui signifiait “barrière contre les Dieux” voyait son sens s’effiler. Seule une douce folie pouvait conduire une femme à épouser ce qu’était devenu le celui dont le feu s’étend depuis l’ombre. « S’élever est une chose agréable cependant, n’oublie pas que plus on est haut et plus la chute peut s’avérer rude. » Le ton était un peu sec, car d’une certaine manière ses propos renvoyaient à la discussion que nous avions eu dans le passé avec Rhaenys lorsque celle-ci réclama Westeros. « Je n’ai aucun doute ceci-dit que tu parviendras à te hisser aux sommets par tes propres moyens. Et j’espère même que tu parviendras à tes fins. Tes mots ont un grand pouvoir, et cela sera certainement pour le meilleur de l’Empire. » Inutile d’expliciter plus cette dernière phrase.
Porte de sortie offerte, inconsciemment peut-être savais-je que celle-ci se restreindrait bien rapidement pour finir par s’évanouir. Inutile de presser les choses, de subir une cacophonie émotionnelle ou bien encore d’espérer des éléments concrets maintenant. Le temps s’écoulant, l’heure du départ sonnait. Je me relevais en lui tendant la main pour l’aider.
« Nous resterons dans le flou pour le moment. L’amitié reste cependant quelque chose d’agréable et c’est bien là ce qui est le plus important finalement. » Maigre compensation toutefois, cela règlerait bien des tracas. Si les campagnes ultérieures devenaient triomphes, alors il faudra statuer définitivement sur ce que nous voulions l’un et l’autre. Les erreurs passées ne se reproduiraient pas.
« Je te remercie pour cette discussion et j’espère que notre prochaine rencontre se fera sous des auspices plus agréables qu’un départ à la guerre. » Léger sourire. « Je m’excuse de partir un peu brutalement mais je ne crois pas que Meraxès sera satisfaire de me voir arriver en retard. » Et sa chevaucheuse encore moins.
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Orys Baratheon
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