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Milly Alcock est <a href="t9295-da" target=_blank"><span class="Peyredragon">Daenys Celtigar</span></a>

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Daenys Celtigar - Lady de la maison Celtigar - <a href="t9295-da" target=_blank" >Personnage inventé</a>

Les fumées des incendies lui brûlaient les yeux. Elle ne voyait plus rien. Rien que le chaos, rien que des formes fantomatiques brouillées par les larmes. Des pans de murs s’étaient écroulés sous les attaques répétées. Son père avançait à côté d’elle mais elle semblait ne plus le voir. Elle percevait sa présence vaguement. Comme un souvenir, une ombre. Mais elle n’était pas en état de le voir. Elle ne voyait que la désolation, la ruine de tout ce qu’elle aimait. Elle traversa la grande porte, la cour étant jonchée de gravats de diverses tailles. Le château était mal en point mais tenait encore debout. Elle trébuchait, se reprenait, tentant de marcher là où le sol était libre de tout encombrement. Son regard s’attardait sur les silhouettes assises ou debout autour d’elle. Elle reconnaissait ces formes. Il y avait les siens. Ceux qui avaient partagé sa vie depuis toute petite. Les palefreniers. Les septas. La majorité de ceux qu’elle connaissait et aimait étaient assis, le regard hagard, un peu de sang coulant sur leurs tempes. Elle frissonna. Elle continuait d’avancer, comme dans un rêve, sans réfléchir. Elle entra dans la grande salle. Le toit s’était effondré. Des gros blocs de ce qui avait été le plafond reposait à présent au sol. Son père et ses hommes s’étaient dispersés pour repérer des victimes. Elle marcha droit devant elle, en direction de l’estrade. Elle s’était écroulée et deux corps étaient étendus, inertes. Daenys se rapprocha, ses yeux se brouillant davantage par les larmes. Elle s’accroupit lentement et posa sa main sur le premier corps. Les larmes coulèrent alors enfin.

Maman…

Les larmes coulaient abondamment quand elle se tourna vers le corps de sa sœur Rhaenys. Celle qui était la plus proche en âge. Elle éclata en sanglots, ne pouvant s’empêcher de hoqueter misérablement. Sa sœur et elle avaient toujours été proches. Elle se souvenait de tant de choses. Des jeux dans les couloirs de Pince-Isle. De leur septa qui parfois s’arrachait les cheveux, notamment avec Daenys qui avait toujours eu un caractère bien trempé. Elle resta à genoux, serrant le corps sans vie de sa sœur dans ses bras. Elle repensait à leurs échanges, alors que les jumelles étaient encore bébé. Leur père avait toujours été froid avec elles, elles avaient eu l’occasion d’en parler longuement. Elles s’étaient soutenues dans cette ambiance glaciale. Tout était fini. Les sanglots lui déchiraient la gorge. Elle ne sentait même pas la main que son père posait sur son épaule. Daenys se souvenait du jour de la naissance de sa petite sœur. Vagissant, rouge et braillarde, Daenys l’avait tenu dans ses bras peu de temps après sa venue au monde. Cela n’avait pas été l’amour fou, cette petite sœur de deux ans sa cadette allait lui voler l’amour de sa mère. Et avec le temps, la jalousie s’était muée en un sentiment plus puissant, plus fort.

Avec l’âge, Rhaenys avait parfois tenté de la tempérer, de la ramener à la réalité. Mais c’était peine perdue. Les leçons que la septa lui donnaient l’ennuyaient, elle ne voulait pas devenir une dame. Tout le contraire de Rhaenys qui était une petite dame en puissance. Daenys s’échappait régulièrement de ses cours pour observer les garçons s’entraîner aux armes. Son père n’avait pas eu de garçon et il avait mis des années avant de se décider à abandonner cet espoir. Alors que Westeros se déchirait entre les différents royaumes, il luttait pour obtenir un héritier jusqu’à ce que la santé de leur mère soit mise en péril. Daenys serrait toujours sa sœur dans ses bras, se rappelant la détresse quand son père l’avait séparée des siens en l’envoyant à Peyredragon. Au départ, c’était pour de petits séjours pour tisser des liens avec les Targaryens. Cette séparation d’avec sa famille acheva de creuser la distance qui existait entre Daenys et son père. Mais sur l’île des Dragons, elle trouva dans les enfants Targaryens des amitiés qui adoucirent son exil temporaire. A seize ans, elle finit par s’installer définitivement à Peyredragon. Elle écrivait régulièrement à Rhaenys, cette dernière venait régulièrement lui rendre visite. Elle noua également une relation avec Aegon, Visenya et Rhaenys Targaryen, de même qu’avec Orys. Elle entendit parler de la guerre, étant protégée des conflits bien sûr de par son sexe mais ce qu’elle entendait l’inquiétait beaucoup.

Alors qu’elle déposait un baiser sur les cheveux de sa sœur, elle se rappela d’autres larmes. Celles de Rhaenys Targaryen qui pleurait son frère et sa sœur, tués par Harren le Noir. Elle était là pour soutenir la princesse, ne pouvant qu’être là sans rien dire, accueillant sa détresse et la faisant sienne. Harren le Noir avait réussi là où personne n’aurait imaginé le faire. Tuer deux dragons et leurs dragonniers. Une colère sourde avait enserré le cœur de Daenys. Les Celtigar avaient toujours été proches des Targaryens, une lignée valyrienne au sang pur. Elle était secouée de cette nouvelle, la vengeance, voilà ce que son cœur réclamait en cet instant. Elle resta de long mois sur l’ile, tentant d’être présente pour Rhaenys ainsi que pour Orys. Elle reçut nombre de corbeaux de son père lui intimant l’ordre de revenir sur Pince-Isle, la mort de Visenya et Aegon l’ayant effrayé fortement. Mais Daenys avait son caractère bien trempé et elle refusa catégoriquement. Peyredragon était maintenant sa maison. Elle y demeura fermement. Rhaenys se déclara alors Reine des Sept Couronnes et affirma sa volonté de venger son frère et sa sœur. Daenys était émue de voir celle qu’elle avait connue enfant devenir une Reine. Elle adhérait naturellement à sa cause mais le rapprochement avec Torrhen Stark lui sembla dans un premier temps malavisé. Elle finit cependant par changer d’avis en rencontrant ponctuellement l’Empereur.

Tout cela datait d’à peine un an et tant de choses avait changé. Continuant de serrer le cadavre de sa sœur, elle aurait aimé remonter le temps. Elle avait perdu sa virginité il y avait de cela quelques mois seulement avec un parfait inconnu et avait gardé cela secret bien sûr. Elle serrait le seul être à qui elle aurait pu se confier sur ce point. Ses larmes continuaient à couler. Les Bieffois avaient ravagé Pince-Isle mais n’avaient pas réussi à faire tomber le château. Les pertes étaient pourtant importantes. Daenys relâcha le corps de sa sœur. Son père lui parlait mais elle n’entendait plus sa voix. Elle repensait à sa Reine, son Impératrice. La vengeance. Voilà ce qu’elle réclamait. Le feu et le sang pour ceux qui avaient détruit sa famille.