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 Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé]

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MessageSujet: Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé]   Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé] EmptyVen 16 Déc - 20:20

   Les premiers rayons auroraux caressaient les frondaisons des arbres, embrasant les goulettes de rosée qui s’y languissaient encore. La lumière mordorée drapait les lieux d’une patine nostalgique qui contrastait abruptement avec le paysage de désolation que la cité de Vivesaigues dominait de toute sa stature. Le silence des corbeaux, qui reprendraient bientôt leur infernale cacophonie, offraient aux résidents de Vivesaigues une accalmie salvatrice.
   Lyham avançait d’un pas rapide, flanqué d’un garde, dans une coursive que la lumière du jour ne pénétrait pas encore ; les torches, changées quelques heures auparavant, terminaient de brûler et éclairaient le passage d’une lueur blafarde. La mine renfrognée, il évoluait par automatismes, ne saluait pas les rares individus qu’il croisait.
   Les trois semaines qui s’étaient écoulées depuis la bataille de Vivesaigues n’avaient pas permis aux riverains de panser convenablement leurs plaies. Il avait dû réquisitionner deux salles supplémentaires, aux hautes voûtes que les feux allumés et entretenus ne parvenaient jamais à réchauffer, afin que chaque blessé pût disposer d’un lit et d’un peu de place. Il y flottait toujours l’odeur âcre du sang et des fluides corporels ; parfois, un convoi muet emportait un corps recouvert d’un linceul.
   Il s’engagea dans un couloir perpendiculaire, puis bifurqua de nouveau à gauche. Des rides anxieuses creusaient son front. Les armées conjointes des Rivières et du Nord avaient payé d’un lourd tribut pour libérer la rive nord ; combien d’autres salles faudrait-il réquisitionner pour que Vivesaigues respire enfin ? Cela faisait de longs mois que les Conflans n’avaient pas connu de paix durable, même factice. La guerre laissait sur les corps et les cœurs des blessures indélébiles ; celles du cœur, invisibles, ne se refermaient parfois jamais. Il n’était pas sûr de pouvoir solliciter davantage les siens. Il le devait toutefois. Haranguer ses hommes, insuffler dans leurs cœurs le baume de l’espoir, du courage, quand sa propre âme souffrait était une extraordinaire preuve de courage et d’empathie, avant qu’il ne se rappelât qu’une partie d’entre eux, les yeux braqués dans les siens, ne reviendrait pas. Après tout, les yeux étaient la fenêtre de l’âme, affirmait-on souvent. L’âme de Lyham, à cet instant, était fort sombre.
   Il arriva finalement devant une lourde porte en bois ; les mains successives qui l’avaient poussée, depuis des générations, avaient poli la partie centrale, plus claire. Il adressa un signe de tête au garde, sur sa gauche, qui s’inclina, puis franchit la porte. Deux bougies, installées sur une petite table, dans un coin de la pièce, éclairaient les lieux d’une lumière faible, mais chaleureuse. L’air confiné l’incommoda de prime abord. Lyham s’approcha de l’unique fenêtre, scellée d’un volet.
   « Tu permets que je l’ouvre quelques minutes ? » demanda-t-il. Il discerna un signe, qu’il interpréta comme affirmatif, et entreprit d’entrouvrir les deux battants. Un fin filet de lumière orange filtra jusqu’à se perdre dans la lueur des bougies.
   « Comment te sens-tu ? » continua-t-il en se rapprochant du lit où était allongé un jeune homme au teint blême. Avait-il seulement profité de la lumière naturelle depuis le début de sa convalescence ? Au demeurant, Sacha, qui s’était enroulé dans ses couvertures comme un animal en peine de chaleur, semblait en meilleure forme, quoique fraîchement réveillé.
   « Depuis combien de temps n’as-tu pas vu le jour, Sacha ? Les mestres ne t’ont-ils pas dit que l’air frais et vif permettait au corps d’expurger le mal ? » Sa voix trahissait le soulagement qu’éprouvait le roi. Il avait bien cru qu’il perdrait son jeune écuyer quand, touché au flanc, ils avaient dû l’exfiltrer en sécurité, derrière les remparts de la cité. « Il y a de quoi se morfondre jusqu’à la mort ici, la pièce est aussi dépouillée qu’une chambre de nonne ! Penses-tu que tu puisses te lever et marcher un peu ? Allez, habille-toi, il fait frais. Je t’attends derrière la porte, » dit Lyham en revenant sur ses pas.
   Lyham s’accouda au parapet de pierre et contempla la vie qui s’éveillait peu à peu. Ces minutes qui précédaient directement le lever du soleil semblaient suspendues hors du temps ; on eût dit qu’il n’existait nulle guerre, nulle affliction. Pour peu qu’on oubliât l’horreur, on aurait pu voir les paysans rejoindre les champs alentour ou les groupes de chasseurs s’élancer vers les bois. Il régnait, pour quelques moments encore, un voile de paix, fin, très fin, que le premier cri déchirerait sans doute. Lyham considérait d'un œil mélancolique ces réminiscences d'un temps de paix, révolu ; des instants fugaces que la lumière du jour chassait. Vivesaigues retrouverait-elle un jour cette paix ? Derrière Lyham, la porte s’ouvrit.
   « Ah, te voilà ! Ça va aller ? Bien, tu vas m’accompagner, je dois faire le tour quotidien, me montrer, encourager. C’est important. »

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MessageSujet: Re: Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé]   Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé] EmptySam 17 Déc - 8:08

Le  qui s'occupait de moi râlait beaucoup, souvent ! Il disait que je ne faisais pas assez attention à ma santé, à ma blessure, qu'à ne pas tenir en place comme je le faisais tout ce que je gagnais c'était que cela prenne encore plus de temps. Je n'aimais pas me sentir inutile, vraiment pas. Et là j'avais l'impression d'être un fardeau. En début de soin j'avais eu beaucoup de fièvre, et malgré tout j'avais voulu me lever et faire mon devoir d'écuyer. Le mestre avait dû batailler avec moi verbalement pour que je me recouche et que je reste au calme. Autant dire que j'enrageais et que j'avais du mal malgré les fièvres. Le mestre faisait de son mieux pour m'éviter des infections. En trois semaine la plaie, assez profonde au demeurant, semblait enfin cicatriser convenablement et arrêter de vouloir s'ouvrir pour un oui ou un non malgré les sutures.

Le lait de pavot apportait le sommeil. C'était vrai, mais un sommeil épais, pâteux... Comme sa texture, gluant même. Sauf que le mestre ne m'avait pas laissé le choix la nuit dernière. Ça ou ça. Il ne serait pas partie sans que je le boive ce sirop de merde. Je me promis malgré tout que c'était la dernière fois. Si bien que le bruit de la porte me tira, heureusement, de ce sommeil abrutissant et j'ouvris péniblement les yeux en bougeant au milieu des draps. Le roi ? Je me redressai légèrement en ouvrant les yeux complètement, légèrement gêné par la lumière mourante des bougies. La gêne disparue, remplacé par celle plus grande encore de la lumière du jour. J'appréciais grandement la fraîcheur de l'air par contre et poussai un soupir de contentement. J'offris au roi un regard encore légèrement collé de ce maudit sommeil.

" Je vais bien majesté et vous ?"

Je l'observai s'approcher, toujours enroulé dans les couvertures plus à cause de la nuit qu'à cause du froid , et haussai les épaules a sa question.

" Hier sans doute, le mestre dit que justement comme je ne sais point tenir en place il faudrait plus m'enfermer dans le noir que de laisser la lumière rentrer pour que enfin je puisse me laisser le temps de guérir. "

J'ignorais si lui avait parlé ou non. Mais je me serais écouté j'aurais suivi le roi sans prendre le temps de me reposer. Même si le roi semblait plus être heureux de me voir, je sentais une petite bouffée de honte au creux de mon estomac.

" Je vous suis !"

Pour une fois que j'avais quelqu'un au-dessus des mestres qui me laissait sortir ! Il quitta la pièce et moi les couvertures pour faire une toilette de chat et avoir l'air aussi présentable que possible. Pas de miroir impossible de savoir réellement !  Les bandages étaient propres, de toute manière je ne les changerais pas seul... Le mettre n'était jamais d'accord pour que j'y touche et je n'étais point vaillant quand il s'agissait de faire des soins. Une tenue propre et simple, comme toujours avec moi de toute manière. Le peu de mouvements un peu trop vifs me fit monter une vague de douleur que j'expirai entre ses dents serrées.

De toute manière le roi m'attendait ! Et on ne fait pas attendre le roi ! J'attapais le ceinturons de mes armes pour le passer et le serrer, son poids familier à ma hanche m'avait manque ! Je sortis de la chambre sur mes deux pieds ravi de pouvoir en sortir même si mon flanc protestait vigoureusement à cette agitation. J'inclinai la tête avec respect vers le roi.

" Je vous suis majesté. Cela fait du bien de sortir de cette chambre."

Ma dernière sortie datait de cinq jours après ma blessure pour le conseil avec le roi Jon. Autant dire qu'il n'avait point été d'une meilleure réussite avec les esprits fatigués et échauffé par la guerre et la faim. Les nerfs étaient mit à rude épreuve. Et, pour ma part, j'avais eu l'impression que le roi du Nord avait une ou deux fois oublié le respect qui était dû à mon propre roi. Quand bien même je ne niais pas l'aide qu'avait apporté les nordistes et qu'ils nous avaient sortit de la merde. Mais cela n'empêchait pas le respect mutuel, surtout qu'en prime, mon roi était son beau-père. Mais autre jour, je préférais ne pas trop y penser.

" Par où souhaitez-vous commencer majesté ?"

C'était pas moi qui allait prendre la tête de cette promenade même si j'étais vaillant sur mes jambes autant que possible. J'ignorais d'ailleurs s'il préférait que je marche à ses côtés ou à un pas derrière lui comme je le faisais bien souvent.

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MessageSujet: Re: Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé]   Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé] EmptyMar 20 Déc - 22:41

   « Grands Dieux, Sacha, tu es éblouissant ! lança Lyham avec un sourire. Depuis combien de temps n’étais-tu pas sorti de cette chambre ? » Il rebroussa chemin, guidant le jeune homme d’un regard. Dans la coursive, les torches s’étaient entièrement consumées, seules des volutes de fumée s’en échappaient. Il fit un signe vers la droite avant qu’ils ne s’y engageassent, vers une petite cour où étaient entreposées, depuis le début du siège, différentes caisses de bois qui contenaient armes et provisions. Lyham prit une inspiration discrète, puis détourna le regard.
   « Bien, nous devons tout d’abord aller voir les blessés. Un roi ne doit pas fuir les conséquences bien réelles de ses combats, » dit-il, autant à l’attention de Sacha que pour se rassurer lui-même. « Tu profiteras du chemin pour me raconter comment se passe ta guérison. Et comment tu te sens, toi. »
   Lyham chercha le jeune écuyer à ses côtés, qu’il ne découvrit pas immédiatement ; celui-ci évoluait quelques pas en retrait. Il tendit la main, et recourbant ses doigts, lui fit un geste qui l’intimait de venir à son niveau, puis il déposa une main sur son épaule. Il y avait, sur ce visage, deux cernes qui barraient ses paupières inférieures. Si l'écuyer était heureux, Lyham ne put le déduire que de l'empressement dont avait fait preuve le jeune homme pour le rejoindre. Ses joues creusées, les sillons sur son front, visibles à la clarté du jour, laissaient paraître les afflictions physiques et psychologiques qui le tourmentaient silencieusement. Lyham mesurait le sacrifice que représentait cette souffrance infligée pour quelque chose qui, à cet âge, semblait si peu concret. Il pensa à ses enfants, à son absence consentie, mais non entièrement acceptée. Il était décidé à écouter ce jeune homme en tant que roi comme en tant que père adoptif et ne laisserait plus les affrontements consumer son esprit au point d’oublier les siens.
   Les deux hommes dépassèrent les caisses de bois – il remit consciencieusement le couvercle sur l’une d’elles – et traversèrent une longue allée qui menait vers l’une des deux salles mobilisées pour les blessés. L’aurore s’était évaporée et avec elle ce délicat voile de quiétude ; la multitude de rayons oblongs striait les murs de Vivesaigues et annonçait une journée radieuse.
   Leur avancée était ponctuée des messire, monseigneur, parmi ceux qui s’étaient maintenant éveillés. Plus que la fatigue, tous affectaient le même visage las derrière leurs sourires ; ils revivaient, jour après jour, le même réveil, difficile, toujours accompagné de la même réalisation : celle de l’ennemi à leurs portes, de leurs maisons délaissées, brûlées, occupées. Lyham adressait en retour, invariablement, une salutation respectueuse, énonçait quelques mots d’encouragement, touchait un bras, attrapait une main, puis poursuivait sa route.
   « Tu sais, ce sont sur les traits de ces gens que nous lisons le mieux la guerre, dit-il finalement. Je mène ces combats pour les protéger et paradoxalement, je les blesse. »
   Leurs pas résonnèrent sur la dizaine de marches qui menaient à la première salle ; les gardes, avisant la présence du monarque, redressèrent leurs postures avachies et leurs épaules alourdies par l’épuisement. Lyham s’inclina, autorisa qu’ils aillent mander la relève. Leurs armures cliquetèrent tandis que le roi et son écuyer franchirent les immenses portes de bois.
   Dans ces lieux habités par le désespoir, il semblait que l’abattement avait pris forme tangible, assombrissant la lumière qui cherchait son chemin par les vitraux poussiéreux. Les mains d’un dieu retors, inassouvi des malheurs mortels, s’étendaient là, viciaient l’air et éveillaient les humeurs acrimonieuses des blessés excédés.
   Le mestre accouru bientôt, escorté de deux jeunes hommes visiblement éreintés.
   « Monseigneur, j’espère que vous avez bien dormi. » Lyham comme lui-même savaient la question rhétorique. « La situation est stable, Monseigneur, nous n’avons déploré que… » Il s’absorba un instant dans une intense réflexion, puis reprit : « que… 22 morts hier, comme ce fut le cas les jours précédents. Nous leur avons rendu les rites convenus, Sire.
   — Bien. »
   Le roi jeta un regard circulaire avant de déposer une main sur l’épaule de Sacha.


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MessageSujet: Re: Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé]   Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé] EmptyMar 20 Déc - 23:13

Le soleil me piqua les yeux quand je sortis de ma chambre, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu le droit de réellement sortir de ma chambre et de mon lit encore moins. Le mestre n’aimait pas que je désobéisse et… il fallait avouer que certains jours avec les fièvres, malgré mes efforts, j’étais resté couché parce que j’étais trop faible. J’avais peur que le roi finisse par se lasser et ne me chasse de son service, hors, sans lui, je n’étais plus rien et je ne pouvais me permettre de perdre le statut qu’il m’avait offert. Sinon je serais mort depuis longtemps aux creux des mains de mon père. Éblouissant ? Était-ce de l’ironie ? Sans aucun doute ! Combien de temps ?

« Un peu moins de trois semaines majesté. Le mestre n’a pas apprécié l’état de ma plaie après les discussions avec le roi du Nord. Visiblement, rien qu’être assis et marcher quelques centaines de mètres n’ont pas plus. Mais le mestre a la main lourde sur le lait de pavot parfois. »

Ce n’était pas une plainte, une simple constatation de ma part. J’inclinais à nouveau la tête avant de me mettre à le suivre sagement. Jusqu’à ce qu’il m’ordonne de me placer à ses côtés. Je levais les yeux vers lui, lorsqu’il posa sa main sur mon épaule. Je n’aimais pas qu’on me touche, vraiment pas, mais je ne dis rien, j’avais vu venir le geste, ce n’était pas pour me faire du mal, juste pour montrer… une forme de soutien… et d’affection j’imaginais ? Je ne savais pas toujours très bien discerner les marques d’affections… On m’en avait trop privé. Raconter ma guérison ?

« Un peu inutile. J’ai du mal à rester allonger et me dire que je ne puis vous aider ou même me rendre utile quelque part… J’ai eu de la fièvre à plusieurs moments, au moins je sentais moins les jours passés sur ce lit quand je dormais. Mais… je m’ennuie et j’aimerais reprendre les activités. Le mestre n’est pas d’accord, même si je trouve que la plaie cicatrise bien… il dit que je dois être prudent et ne pas tirer sur la corde si tôt… Je vous avouerais que certains mouvements peuvent être légèrement douloureux… mais en dehors de cela je n’ai aucun problème. »

Dire que j’avais un peu mal était… mon maximum. Je détestais faire la moindre mention de faiblesse. Réellement. Je trouvais que cela était une insulte pour les autres. Je n’avais pas d’importance. Pas besoin de faire mention que j’avais mal… Je devais montrer… que je pouvais tenir, qu’on pouvait compter sur moi. J’observais tous les visages un à un avant de lever les yeux vers le roi.

« Ce n’est point vous majesté, ce sont nos ennemis qui ne veulent pas laisser nos terres en paix. Si cela ne tenait qu’à vous, personne ne serait blessés, nous n’aurions pas souffert de ce siège. Ces gens sont vivants aussi grâce à vous, vos décisions et vos sacrifices. »

Ce qui n’était pas rien. La salle des blessés. Je regardais autour de moi, muet, je n’aimais pas cet endroit et je m’estimais chanceux d’avoir une chambre pour moi… Je n’aimais pas regarder et voir les blessures… les faire encore que… ce n’était pas un problème, mais les voir. Très peu pour moi… Au moins le nombre de mort était stable… mais j’aurais préféré qu’il soit plus bas. J’avançais avec le roi au milieu des lits, des gémissements, de l’odeur du sang et d’autres humeurs en silence par respect pour eux. Parfois, un soldat appelait le roi et je le suivais comme son ombre. Ceux pouvant parler semblaient nombreux… quant à ceux pouvant retourner au combat… c’était autre chose.

Ressortir me fit presque soupirer de soulagement jusqu’à ce que je visse un chevalier se diriger vers nous.

« Majesté… Vol Drapeau, content de te voir debout p’tit gars. Quand je t’ai tiré de l’affrontement, j’ai jamais vu un gamin de ton âge faire tout son possible pour retourner à la castagne alors qu’il pissait le sang.
- Merci ? Je suppose ? »

Je ne me souvenais même pas que ce fut lui qui m’avait tiré de la bataille. Je le regardais partir avant de tourner les yeux vers le roi.

« C’était lui ? Qui m’a empêché de continuer de me battre ? »

Je ne me souvenais jamais de grand-chose des batailles…


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Sacha Racin
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MessageSujet: Re: Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé]   Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé] EmptySam 24 Déc - 0:59

   Lyham croisa le regard du chevalier, ce qu’il déduisit des insignes brodés sur le pectoral droit de son pourpoint, et lui adressa un regard réprobateur. L’évocation de cet épisode avait plongé son écuyer dans une confusion palpable. Que les blessures caparaçonnassent l’esprit et le corps était une chose, mais cela n’entravait pas quiconque de faire preuve des égards dus à toute personne blessée durant les affrontements, acte de bienséance qu’un ser ne pouvait omettre en présence de son souverain.
   « Oui, Sacha, mais nous avons tous endigué ton ardeur au combat, qui t’honore. Mais l’honneur n’est pas une armure face à une épée ou un carreau d’arbalète. Ne confonds pas courage et témérité, répondit Lyham en adressant un signe de tête entendu au chevalier, ou tu aurais tôt fait de trépasser. Je ne souhaite pas qu’on valorise les actes de bravoure isolés qui mènent à la mort, sans intérêt. On ne peut remplir son devoir que vivant. Les morts ne forment nulle armée. »
   Les gémissements des estropiés, qu’ils discernaient encore, s’insinuaient dans l’esprit de Lyham comme autant d’appels à l’aide auxquels il n’avait pu répondre. Il était habituellement lucide quant au sentiment de culpabilité : les mensonges et les murmures acerbes qu’il attisait consumaient l’esprit de qui n’y prenait garde. Fatigue et lassitude érodaient cette barrière qu’il avait su ériger, cette protection psychique propres aux dirigeants. Lyham continua, toujours à l’attention du chevalier :
   « Je vous remercie, Ser, de votre loyauté, de votre hardiesse et de votre clairvoyance. Sachez être un exemple. Que faites-vous aujourd’hui ?
   — Je suis de garde sur la muraille est. Je rendais visite à mon frère qui s’est blessé également, Majesté. »
   Son visage était bouffi, sa voix moins assurée. Son garde-au-corps et son pourpoint, pourtant amples, ne dissimulaient ni sa musculature, ni sa panse. Ses traits, ses habits, sa posture ; il n’y avait nulle once de fraîcheur, de passion. L’homme n’était jamais aussi faible que lorsqu’il subissait les événements, qu’il n’en était plus l’acteur, mais l’impuissant spectateur. Alors, servir devenait un acte d’abnégation. Lyham prit en pitié ce chevalier.
   « Je vous libère de vos obligations pour aujourd’hui. Reposez-vous, passez la journée auprès de votre frère, comme vous le souhaitez. Demandez également une ration supplémentaire. »
   Les yeux du soldat accrochèrent un rayon matinal quand il releva vers le roi sa tête qu’il gardait jusqu’alors baissée. Il souffla un remerciement, puis un autre, puis un nouveau ; Lyham s’inclinait à chacun d’eux, le chevalier disparaissant prestement par la grande porte de bois. Un relent malade gâta l’air quelques secondes, emporté par une brise fraîche.
   « Bien. Il n’est point bon de culpabiliser quand on guérit. Tu auras bien assez le temps ensuite. Allez, reprenons. »
   Le roi guida son écuyer dans les rues de Vivesaigues, sans destination précise cette fois. Il ralentit volontairement le pas, avant de s’adresser à lui d’une voix douce :
   « Je souhaite évoquer ce dont tu me parlais tantôt. Il ne faut pas confondre convalescence et inutilité. Ne crois-tu pas qu’à t’évertuer à la tâche, alors même que tes blessures ne sont pas guéries, que tes capacités ne sont pas restaurées et que tu offres à tous le visage de la souffrance ; eh bien, ne crois-tu pas que tu serais bien moins utile que tu ne l’es à recouvrer tes forces, alité ? A forcer sur la corde, celle-ci lâchera et lorsque tu en seras témoin, cela sera trop tard. C’est bien compris ? Garde à l’esprit que ta pleine santé est gage d’utilité. »
   Lyham sut, dès que Sacha lui avait tenu ces mots, qu’être affectueux n’aurait qu’un effet passable, voire retors auprès du jeune garçon. Il fallait lui insuffler la certitude qu’il n’agissait pas pour son bien, mais pour le bien de tous. L’expérience, ensuite, éduquerait sa perception de lui-même et des autres.
   Ils débouchèrent bientôt en contrehaut de l'une des fosses d'entraînement, située à l'est de la cité. Perchés à deux mètres au-dessus des combattants, sur ce ponton de bois grinçant aux barrières polies par les coudes successifs qui s'y étaient appuyés, ils surplombaient les cinq hommes qui pratiquaient, entre eux ou contre un fétu de paille, leurs mouvements à l'épée. Leurs pas frénétiques frappaient la terre battue et sèche - il n'avait pas plu depuis une bonne semaine - et soulevaient de petits nuages de poussière brune. Ils n'avisèrent pas la présence du souverain et de son écuyer. Lyham désigna de l'index l'un d'eux, sur la gauche, qui s'exerçait contre un mannequin cabossé.
   « Là, Sacha, tiens, que peux-tu me dire de ses mouvements ? Imagine que tu es maître d'armes. »


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MessageSujet: Re: Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé]   Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé] EmptySam 24 Déc - 18:22

Je ne me souvenais vraiment presque jamais de ce qu’il se passait dans les batailles… Je savais là qu’on m’avait blessé, est-ce que j’avais tué la personne ? Je ne savais pas. Je me souvenais effectivement d’avoir été traîné… mais c’était si flou dans ma tête ! Si flou ! Alors je demandais confirmation au roi alors que le chevalier restait tranquillement face à nous alors que je continuais de regarder le roi pour avoir une confirmation de ce qu’il s’était passé… Qu’est-ce que… À ce point je n’avais pas voulu lâcher le roi et continuer de me battre ? Je cillais un peu en silence, me frottant légèrement la nuque, un peu mal à l’aise.

« Je suis désolé Majesté… Je ne me souviens pas de ce qu’il s’est passé… »

C’était compliqué de juger ses actes quand on ne se souvenait pas de ce qu’il s’était passé… J’écoutais la conversation sans rien dire, je ne me mêlais pas réellement de ce genre de discussion, j’inclinai la tête envers le chevalier qui partait avant de retourner la tête vers le roi en marchant. Ne pas culpabiliser ? Ce n’était pas simple… Pas simple du tout ! Je fis juste une petite moue sans rien dire à nouveau. Je n’y pouvais rien ! Je n’aimais pas rester inutile. Je fis une oue à sa remarque.

« Oui majesté… J’essaierais d’y penser pour moins m’agiter… Mais… ce n’est point aisé pour moi. »

Je n’étais pas sûr de réussir à réellement me poser, j’avais toujours appris à devoir… me bouger… ne pas rester immobile et toujours ignorer ce que je ressentais physiquement ou mentalement ! C’était beaucoup plus facile pour moi de m’oublier et de tout faire pour accomplir mes tâches.

« La dernière fois que je suis resté si longtemps alité… c’est lorsque mon père m’a fouetté. »

Le roi le savait ! Je n’aimais pas en parler, pas du tout, mais c’était autre chose. J’eus une grimace qui pourrait être un sourire, j’imaginais.

« Au moins, j’ai une cicatrice duquel je n’aurais pas honte. »

Je n’aimais pas montrer mon dos, je n’aimais pas qu’on me touche… Mais c’était tout autre chose après tout. Et l’autre cicatrice, je l’avais eu guet des cabots, mais elle n’était pas aussi impressionnante. Et très discrète au creux de mon bras. Je continuais t’avancer à ses côtés jusqu’au balcon donnant sur le terrain d’entraînement. Je me penchais pour regarder l’homme qui se battait.

« Il se bat machinalement. Il ne fait que répéter une série de mouvement apprise par cœur et il n’essaie pas d’imaginer que le mannequin pourrait répliquer. »


Expliquais-je tranquillement en examinant l’homme.

« Il sait qu’il doit s’entraîner, mais il n’en a pas l’envie et cela se sent sur ses mouvements. C’est dangereux en combat parce qu’on s’habitue à une séquence de mouvement et c’est gravé dans les muscles au lieu d’essayer d’innover et de mobiliser son imagination. »

Fis-je en plissant légèrement les yeux. J’étais très dur envers moi-même à l’entraînement.

« Mais je serais moins bon qu’un enfant de cinq ans… J’ai malgré tout hâte de reprendre l’entraînement. »

Je tâtais mon flanc alors que le bout de mes doigts picotaient, je rêvais de reprendre l’entraînement.


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Sacha Racin
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MessageSujet: Re: Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé]   Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé] EmptyMar 10 Jan - 1:52

   Lyham était père de trois beaux enfants : Éléanor, reine consort du Nord, Brandon, son héritier, et la jeune Charissa. Il les avait élevés et éduqués avec rigueur, mais avait toujours, à leur égard, fait preuve d’empathie paternelle. La cruauté et la malveillance étaient comportements indignes d’un homme, d’un père, d’un membre du même sang. Les claquements de fouet et les insultes n’apprenaient pas le respect, n’inculquaient nulles valeurs morales ; lâches actes d’un père qui manquait d’aplomb.  
   Promettre la main d’Éléanor à son insu, et lui annoncer lâchement, déchiraient le cœur de Lyham comme l’eût fait un fouet et il ne se passait pas un jour sans qu’il regrettât que ce fut l’unique voie vers la sauvegarde des siens et de ses hommes. Il avait d’ailleurs craint que cette injonction ne signât la fin de leur relation, souhaitant un jour rassembler le courage qui lui permettrait d’aborder le sujet avec sa fille, de vive voix.
   Les mots du jeune écuyer ravivèrent un instant cette meurtrissure, avant qu’il ne reportât son attention sur l’homme en armure de cuir bouilli.
   « Ça n’est pas erroné, en effet. Penses-tu que l’imagination s’épanouisse sur le champ de bataille ? » questionna-t-il d’un ton professoral. « La mémoire musculaire a cette particularité qu’elle peut te sauver la vie lorsque tu t’y attends le moins, mais il faut pour cela souffrir. »
   Lyham porta sa main vers Sacha, d’un mouvement lent et paternel, la laissa s’appesantir un instant au-dessus de son épaule puis avorta son mouvement. Il lui semblait parfois n’être point en possession des outils pour rassurer ce jeune homme et inspirer chez lui la confiance en lui-même qui lui faisait cruellement défaut.
   « Je dirais même, continua-t-il, penses-tu que l’adversaire use de son imagination face à toi ? »
   Il n’y avait dans la guerre nulle imagination, nulle rêverie. Les hautes valeurs de la chevalerie dont elle appréciait se draper, tombaient comme un tissu du plus bel apparat qui se serait consumé. Il y avait dans la guerre une bestialité qui inhibait les sens ; chacun tailladait où il le pouvait, pataugeant dans une fange qui encrassait son armure et son âme sitôt le pied dedans. Plus de sang coulait alors qu’il n’en coulait dans le plus fastueux banquet. Lorsque l’ennemi fuyait, tué par les flèches des archers, le soudard, enivré, vomissait ses tripes.
   « Il y a la théorie, Sacha, et la pratique. La théorie t’apprend ce que tu dois savoir pour suivre, elle ancre dans ta mémoire musculaire, dans ton esprit, des mouvements que la tourmente du champ de bataille t’empêche de décider préalablement. Tu l’as vécu. La pratique, elle, t’apprend à vraiment survivre. La guerre se gagne dans la bassesse, contrairement à ce que te chanteront les coqs de cour. »
   Lyham s’accouda à la barrière de bois qui grinça. Les cinq hommes, d’un mouvement uniforme, levèrent la tête vers le ponton où se tenait le souverain. Ils piquèrent leurs armes au sol et saluèrent le roi. La rouille dessinait sur leurs armures des tâches sombres qu’ils ne parvenaient plus à récurer ; certaines émettait des cris stridents. Ils dardaient Lyham et Sacha de leurs yeux perçants, enfoncés dans leurs orbites sombres ; leur visage entier, taillé à la hache, portait les stigmates de la guerre et de la disette.
   « Bon matin, messieurs, dit-il. Permettez-vous que Sacha, dont les récentes prouesses ont prouvé la compétence, soit votre maître d’arme pour cet entraînement ? » Ils acquiescèrent silencieusement. « Bien, je vous en remercie ! »
   Il se tourna vers son écuyer et, plus bas, dit : « Tu as carte blanche, suis ton instinct. Que leur préconiserais-tu ? Tu dois garder en tête qu’ils doivent apprendre ou améliorer quelque chose, il doit y avoir un but. Tu dois être pédagogue. A toi l’honneur, conclut-il en souriant avec bienveillance. »
   Il était temps de confier des responsabilités à ce jeune homme. Ici aussi, là où la théorie échouait, la pratique pourrait lui offrir les clefs pour prendre confiance en lui.


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MessageSujet: Re: Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé]   Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé] EmptyMar 10 Jan - 8:37

J’avais examiné tranquillement l’homme. Ce n’était pas un défaut, il devait s’entraîner, mais il n’en avait pas envie. C’était un fait, et je pouvais le comprendre. Se lever tous les jours pour aller s’entraîner alors qu’on était fatigué et qu’on avait faim… Mais il fallait le faire, sinon le prochain repas serait une épée dans les entrailles. Alors je pouvais comprendre que la motivation était importante, mais parfois il fallait se donner un petit coup de pied au cul pour que cela fonctionne. Pour ma part, j’avais très envie de m’entraîner ! Mais le mestre était moins d’accord avec cette idée. Je secouais la tête à la question du roi.

« Sur le champ de bataille, on n’a pas le temps de penser. Alors que l’imagination s’épanouisse ? Non. L’imagination se travaille en entraînement, comme la mémoire musculaire. C’est une fois qu’on a déjà travaillé certains scénarios qu’on peut les adapter d’instinct sur le champ de bataille. »

Est-ce que l’adversaire usait de son imagination ? Je regardais la main levée vers mon épaule. Tout mon corps s’était raidi comme une lame alors que, je ne m’en rendais pas compte, mais je m’étais légèrement penché pour que la main ne me touche pas. Certains réflexes avaient du mal à disparaître. Je ne savais pas réellement ce qu’était la douceur d’un contact paternel. Je répondis néanmoins à sa question.

« Oui, bien sûr qu’il l’utilise. Mais c’est l’entraînement et la… disons l’habitude ? J’ai perdu le mot, du champ de bataille qui va faire la différence ou non. Je… vous…Vouliez poser votre main sur mon épaule ? »

J’étais presque obligé de poser la question pour me rassurer et me sentir un peu mieux alors que je n’arrivais pas à détendre mes muscles que lorsqu’elle disparue et qu’il abandonna son geste. Je hochais la tête à nouveau à sa remarque. Théorie et pratique. J’eus un rictus tordu qui pouvait être un sourire chez moi.

« J’ai passé plus de temps avec des gamins des rues à Herpivoie qu’avec réellement d’autres personnes… Croyez-le ou non majesté, mais je n’ai jamais vu autant d’imagination ou de bassesse pour fuir les gardes de mon père ou chaparder de la nourriture qui devait être jeté. Ce sont d’excellents professeurs. De toute manière… à la guerre, l’honneur n’existe qu’après la bataille… Si on doit demander à chaque adversaire qui tombe s’il veut vivre ou mourir une lame nous traverse la gorge. »

Cynique ? Non ! Réaliste ! Je me sentis rougir, ou pâlir, faîte un choix, à la proposition du roi aux soldats en bas. Est-ce que c’était une punition ? Je restais la bouche entrouverte à le regarder sans bouger jusqu’à ce qu’il se retourne vers moi pour me confirmer ce qu’il venait de dire. Je répondis sur le même ton.

« Pédagogue ?! Mais… Majesté, je suis un gamin face à eux ! Jamais je ne me ferais respecter. Je vais croire que j’ai fait quelque chose de mal. Mais soit. »

Je tournai les talons pour descendre dans la cours en jetant un regard vers le roi. Manquerait plus qu’une pomme à croquer quand il nous regardera ! Je retiens un petit soupir avant de saluer chaque homme présent en demandant son nom. Je me frottais un peu la nuque.

« J’ignore si j’ai réellement les compétences pour être maître d’arme ! Je crois que j’ai plus fait une connerie et que c’est ma punition. »

J’étais pas très bon en humour, vraiment pas. Et vu mon état, je ne pouvais pas moi-même trop me prêter à l’exercice. Je pris néanmoins une épée en bois, comme eux, pour me mettre en garde. J’allais essayer de casser les codes. C’était des jeux d’épée basiques, une série de coup qu’on donnait à l’oral et les autres devait les répéter, normalement c’était toujours les mêmes ordres dans les mêmes ordres. Je me fis un malin plaisir à les inverser, mélanger pour un peu les réveiller. J’essayais, vraiment, de plus les féliciter pour leurs efforts que les blâmes pour leurs erreurs. Je maîtrisais vraiment très mal cela alors que je les accompagnais dans leurs mouvements et l’entraînement en ignorant les protestations de mon corps jusqu’à ce qu’une vrille particulièrement sadique ne me stoppe brutalement pendant une seconde. Je m’arrêtai sous le regard des autres.

« Je crois que sur un champ de bataille : je serais mort ! »

Il eut des rires et je soufflais entre mes dents avec un rictus sur mes lèvres.


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Sacha Racin
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MessageSujet: Re: Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé]   Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé] EmptyDim 5 Fév - 21:20

   Sacha se démena ; de l’estrade, Lyham percevait distinctement ses râles rauques, de même que ceux des soldats déjà fourbus, entre les chocs clairs des épées de bois. Quand son regard croisait celui de son écuyer, le roi adressait en retour un sourire compatissant et un hochement de tête qu’il souhaitait rassurant. De prime abord, offrir à Sacha quelques responsabilités lui avait semblé bénéfique, une occasion saisie pour permettre au jeune homme d’oublier son indisposition physique, mais son implication était totale. Lyham réalisa qu’il n’en avait pas mesuré l’intensité.
   C’était comme si la blessure physique avait touché l’écuyer au-delà de sa chair, dans son égo même, et que, mû par l’anxiété et la culpabilité, il s’était jeté corps et âme dans cette tâche anodine, qu’elle qu’en fut le prix.
   Sacha arrêta son mouvement, Lyham fit un geste :
   « Mais tu n’es pas sur un champ de bataille, » conclut-il avec sérieux, en croisant tour à tour le regard fatigué de chaque soldat. « Je vous remercie, messieurs. Profitez de la fin de votre journée, » dit-il.
   Il se tourna vers Sacha qui peinait encore à calmer les soubresauts l’agitant et lui prit doucement l’épée des mains. Lyham souffla quelques mots rassurants, puis l’entraîna vers la sortie de l’arène.
   « C’était très honorable, mon cher écuyer ! Les rires de ces hommes sont ceux de soldats abîmés par la guerre, tu dois le savoir. Ils sont malheureusement animés par l’aigreur, dorénavant. Je te l’assure, Sacha, tu as proposé quelque chose qui te ressemblait et, malgré quelques défaillances, tu as su faire montre de bases théoriques certaines. »
   Ils rebroussèrent chemin, les bottes encrottés de boue, et dépassèrent les soldats qui bavassaient. Ils se turent et baissèrent les yeux au sol, d’un mouvement commun.
   « Comment vas-tu ? » demanda Lyham.
   « Très bien prêt à retourner au combat. » Le jeune homme secoua presqu’imperceptiblement la tête, puis acquiesça, se persuadant surtout lui-même de sa réponse. Lyham sourit :
   « Bien sûr, et moi je suis prêt à devenir l’empereur, » railla-t-il. « Vois-tu, je pense que mon tour quotidien est terminé, cela tombe rudement bien, ne trouves-tu pas ? Retourne donc dans ta chambre, j’enverrai le mestre te consulter. Je veux que tu sois honnête, tu me comprends bien ?
   — Oui, majesté, » répondit Sacha, le visage clos.
Lyham resta un moment silencieux, dardant sur son écuyer des yeux paternels. Bien que ce dernier affichât une meilleure mine, son chemin de guérison n’en était qu’à ses balbutiements. Il décida néanmoins de ne point pousser plus loin, jugeant qu’il fût raisonnable de lui offrir un repos mérité.
   « Je te remercie, » finit-il par le roi. « Tu as été exemplaire aujourd’hui, c’était un plaisir de te retrouver à mes côtés après cette grande frayeur.
   — C’est moi qui vous remercie, » dit Sacha avec une raideur toute protocolaire. Lyham sourit.


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MessageSujet: Re: Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé]   Le calme de l'aurore (An 2 Mois 5 Semaine 2) [Tour X - Terminé] EmptyDim 5 Fév - 22:09

Je me retournai en entendant la voix de mon roi. J’inclinai doucement la tête vers lui avec un petit rictus. Qu’est-ce que je pouvais dire d’autre ? Je remerciais les soldats qui partaient avant de revenir vers le roi en déposant la lame. Merde… Qu’est-ce que ça faisait mal… J’avais l’impression que rien que respirer… me faisait souffrir. Reste calme, reste calme Sacha. Respire, expire. Approprie-toi la douleur et cela ira mieux après. J’expirais entre mes dents avant de revenir vers le roi pour l’écouter en marchant à ses côtés. J’évitais le regard des autres soldats, fixant le bout de mes chaussures couvert de poussière. Je baissais légèrement la tête à sa remarque, rougissant quelque peu. Je n’étais pas très doué avec les autres de manière générale… Mais là visiblement… Quelque chose qui me ressemblait ?

« Rigide, ennuyeux et sec comme un mauvais coup de fouet ? Mais si je peux les avoir fait rire… C’est le plus important. »

Comment j’allais ? J’avais mal, j’avais l’impression qu’on remuait un poignard dans mon flanc et mes entrailles… Et heureusement je préférais mentir dune certaine façon. Je serrais ma main sur mon flanc, comme-ci cela pouvait faire passer la douleur… Comment j’allais ?

« Très bien, prêt pour retourner au combat.

Fis-je d’une voix très ferme. Je secouais légèrement la tête. Cela faisait mal de marcher. De respirer. De vivre. C’était autre chose. Je relevai les yeux vers le roi qui me taquinait. Prêt à devenir empereur ? Avait un certain roi du Nord qui bondirait comme-ci son loup lui mordrait les couilles en entendant cela ! Même si c’était pour une farce. Je n’avais pas aimé le roi du Nord qui avait parlé à mon roi comme-ci il lui était supérieur et que le roi du conflans n’était qu’un subalterne. Certes, mon roi avait répondu un peu vivement, mais on pouvait lui pardonner avec la tension de la guerre, la faim et tout cela… Enfin, c’était autre chose. Et il voulait m’envoyer le mestre ? Et merde… Je retiens une grimace, inclinant un peu la tête.

« Oui majesté… »

Honnête, honnête… Je n’aimais nullement parler que je souffrais et de mes blessures. Je détestais parler de mes blessure et tout cela. Et encore moins paraître faible. Je détournai le regard pour essayer de ne pas croiser celui du roi.

« C’est moi qui vous remercie. »

Je lui offris un rictus de sourire avant de m’incliner légèrement et de me diriger vers ma chambre d’un pas aussi normal que possible. En attendant le mestre, j’entrepris de laisser en grand la fenêtre ouverte et d’ôter en avance ma chemise pour laisser un meilleur accès au mestre. Je fermais les yeux en inspirant profondément. Bientôt bientôt… Bientôt je pourrais retourner au combat…


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