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Zoë Saldaña est <a href="/t7575-sahtel-gargalen-de-sel-et-de-sable#219278"><span class="Gp_Dorne">Sahtel Gargalen</span></a>

RECENCEMENT

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<span class="Gp_Dorne">Sahtel Gargalen</span> - Je suis fidèle à mon souverain - Dame - <a href="/t7575-sahtel-gargalen-de-sel-et-de-sable#219278">Pv libre/Personnage inventé</a>

LIEU

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<a href="/u729"><span class="Gp_Dorne">Sahtel Gargalen</span></a> se trouve à <span class="Gp_Dorne">Salrivage - Dorne</span>

Sahtel fit répéter sa mère, convaincue d’avoir mal entendu.

- Tu partiras à Lancéhélion avec un équipage de quinze hommes. L’un d’entre eux est un traître. Démasque-le et tâche de rester en vie.

Le vent qui entrait dans la pièce par les fenêtres agitait mollement les rideaux. L’aînée Gargalen se tenait debout face à sa mère, stoïque, attendant l’éclat de rire caractéristique de sa génitrice qui tardait à venir. Elle venait de faire douze ans. Si les conseillers de son père voyaient déjà en elle une poulinière à marier, ses parents avaient toujours montré un certain soutien. Voilà qu’on décidait sans raison de l’envoyer sur une mer capricieuse, entourée d’individus suspects et bien plus expérimentés qu’elle. Nul besoin d’être une prêtresse rouge pour prédire le désastre.

- Ma place est à terre.

- Ta place est là où ton peuple a besoin que tu sois.

Sahtel inspira et bloqua sa respiration. Elle attendit quelques secondes puis vida ses poumons. Elle s’efforçait de ne pas se laisser happer par la litanie de sa colère. Un rideau claqua sous l’effet d’une bourrasque. Eretria ne départit pas son regard de sa fille. Dans le silence agité par les pensées de sa fille, elle jaugeait quels combats seraient les plus éprouvants une fois au large.
Il était temps. Elle se devait de prendre ses responsabilités et de comprendre ce que supposait le rôle de cheffe. Trop vite, elle serait acculée à des prises de décision la dépassant. Il était urgent de l’aider à développer son instinct, de la pousser à se faire confiance. Eretria se souvenait des difficultés éprouvées lors de son premier voyage en mer. Elle avait choisi une distance courte, formatrice mais raisonnable. Sahtel poserait le pied dans une ville connue et ferait le nécessaire pour rester discrète avant de repartir. Voilà tout.

- Inutile de le tuer. Démasque-le, c’est tout.

L’héritière quitta la pièce pour rassembler ses affaires, la boule au ventre.


Le bruit assourdissant des vagues la rendait folle. Chaque seconde qui s’égrenait était une seconde de plus passée loin de ses compagnons les chers et Sahtel regardait le rivage s’éloigner avec désespoir. Si les expéditions à bord de petites embarcations avec sa mère avaient ravi la jeune fille durant ses plus jeunes années, elle tenait maintenant la mer pour responsable de son sentiment d’arrachement.
Ce n’étaient que quelques jours, pourtant.

Si Sahtel était si malade, c’était qu’elle savait quelle importance revêtait sa mission. Sa mère ne l’envoyait pas en croisière mais en croisade pour l’honneur de sa maison. C’était déjà trop de responsabilités. Elle aurait tout donné pour échanger cette lourde enquête contre un combat, même rapproché. Elle n’avait pas peur de prendre ou de distribuer des coups. Ce qui l’effrayait, c’était cette attente servile. Cette tension et cette place pour le doute : ce besoin d’attendre, d’observer. Le simple fait de savoir qu’elle ne pouvait pas être sincère, ni pleinement compter sur les personnes qui l’entouraient.

On lui répétait depuis des années de se méfier. De ses pairs. Des ennemis de la maison qui s’avéraient des alliés quelques mois plus tard. Cette instabilité lui faisait rejeter les questions stratégiques et les alliances intéressées. Sahtel ne connaissait qu’une compagnie fiable, puissante et inaliénable : celle de son cheval, resté à terre.

- Fizar vous manque déjà ?

Elle se retourna à l'évocation du nom de son cheval et roula des yeux face au capitaine.

- Je vous demande à quoi vous pensez, moi ?

Il lui mit un balai entre les mains puis lui tapota le crâne et murmurant un vague « brave gosse » dans un sourire attendri.


L’arrivée à Lancéhélion était un soulagement pour l’ensemble de l’équipage. Sahtel avait scruté les faits et gestes des personnes à bord sans jamais déceler de comportement suspect ni de tentative de sabotage. Personne ne s’était fait porter pâle. Aucune erreur majeure n’avait été commise. Régulièrement, elle avait inspecté le matériel ou vérifié la cargaison. Rien. Rien du tout.
Cependant il restait le retour. Eretria n’avait donné aucune espèce d’indice. Pas la moindre piste. La jeune fille commençait à croire à une vaste blague. Bien sûr, elle avait fait sa part. Moins que les navigatrices aguerries, mais plus qu’une passagère. Elle avait fait traîner ses oreilles partout, à la faveur d’un coup de balai sur le pont ou d’un épluchage de légumes avec le chef. Elle s’était même arrangée pour partager la cabine de la recrue la plus récente afin de pouvoir fouiller ses affaires.
Rien du tout.


Elle avait tenté de filer des membres de l’équipage sans pouvoir entrer dans l’établissement. Ce n’étaient pas des « trucs » de son âge, apparemment. Sahtel avait rebroussé chemin, consciente et mortifiée à l’idée que la trahison se passait peut-être derrière les portes d’une maison qui lui restait close.


Le navire était bien plus léger sur le trajet du retour, ce qui le rendit plus rapide. L’argent amassé par les transactions réalisées était sans doute plus menacé que la cargaison. Aussi Sahtel s’efforça de faire des expéditions régulières dans la cale pour vérifier que tout allait bien. Elle envisagea un moment l’éventualité d’une attaque de pirates, mis au parfum par le traître ou attirés par la simple forme du navire. Mais non. Rien du tout.
Lorsqu’elle posa le pied sur le sable, la jeune fille ne ressentit aucun soulagement. Son échec cuisant lui avait fait redouter le retour à terre. Lorsqu’elle fit son rapport à ses parents, tous deux observèrent un calme pareil aux rivages des jours les plus favorables. Sahtel resta perplexe. Lorsqu’ils lui indiquèrent qu’elle pouvait disposer, la jeune fille déguerpit en direction des écuries.

- Non.

C’était le troisième « non » en cinq ans. Sahtel n’entendait pas épouser d’obscurs héritiers de maisons dont elle ne gardait aucun souvenir digne d’intérêt. Certes, elle ne méprisait personne, mais elle ne tenait pas grand monde en haute estime non plus. Autour de la maison Gargalen, des jeux insupportables d’alliances et de ruptures de pactes s’étaient joués. A tel point qu’elle ne tenait plus pour sincère la parole des chefs qui côtoyaient son père. C’était son droit à lui : s’entourer de qui il voulait, mener les combats qu’il voulait. Sacrifier qui il voulait.

Salrivage s’était tournée vers le commerce maritime dès sa construction. Les voyages et les brassages que cela supposait avait apporté une ouverture sur le monde qui avait facilité l’intégration des premiers rhoynars. L’héritage culturel qui en découlait impliquait une diversité de religions, de coutumes, et un certain respect des choix de chacun. Cette habitude avait rendu les unions atypiques des dernières générations plus acceptables que dans d’autres parties de Westeros.

Mänhe Gargalen n’était pas un inconditionnel de la lutte et préférait toujours la diplomatie, une approche qu’il s’était fait un devoir de transmettre à ses deux filles. Son éducation, jugée trop souple par certains, avait apporté à Amaz et Sahtel un sens de la moral et un amour de la liberté. Elles refusaient systématiquement les choix contraints et se donnaient un mal fou pour sortir des dilemmes.

A seize ans, Sahtel s’était plus mêlée au peuple de Salrivage que feu ses deux grand-parents paternels. La rumeur allait bon train sur ses fréquentations et elle ne se donnait jamais la peine de démentir ni de confirmer. Personne ne l’exigeait, d’ailleurs. Son père avait suscité d’indicibles remous en annonçant son mariage avec Eretria, une roturière : tout le monde avait fait semblant de s’offusquer. Sa contribution à la modernisation de la flotte aurait pourtant pu être interprétée comme une alliance stratégique remarquable.

Sahtel avait fini d’enfoncer le clou avec ses choix de vie. En contrepartie, elle avait déployé des trésors d’imagination pour prouver son attachement à son peuple et sa bonne volonté envers lui. Les gens avaient fini par s’y faire.

Sahtel avait juré de ne jamais faire cavalier seul une fois au pouvoir. Elle l’avait juré à son père à la veille de ses quatorze ans. Devant témoins. Cela lui en avait beaucoup coûté, toutefois elle avait conscience qu’une isolation totale ne lui permettrait pas de protéger le peuple de Salrivage bien longtemps. En échange, elle avait exprimé sa volonté d’aller et venir à sa guise. De s’engager dans les combats qui lui semblaient justifiés mais de s’abstenir lorsqu’elle les désapprouvait. D’avoir le choix. Toujours.

Les retombées de cet accord lui avaient forgé une image d’enfant capricieuse. A Salrivage, elle avait pris l’habitude d’intervenir en faveur des habitants et de prêter une oreille attentive à leurs réclamations lorsque les décisions de son père divisaient. Parce qu’elle avait un profond respect pour lui et pour sa façon de diriger la maison, elle était aussi à l’origine de ses critiques les plus acerbes. Non par volonté de nuire mais dans l’intérêt de la cité.

L’an zéro marqua un tournant pour toutes et tous.

Elle fit ses premiers pas sur la voie des chefs en gardant en tête sa promesse. La protection de son peuple étant une priorité, elle se désengagea des conflits après la mort de son père. L’objectif était de se donner le temps de récupérer des dommages causés par la piraterie, des pertes humaines liées aux combats et d’honorer la mémoire de Mänhe, ainsi que de commémorer les avancées salvatrices apportées par Eretria.


Les conflits actuels poussent Sahtel à se positionner avant tout contre l’avancée de La Foi et de ses fanatiques. Par égard pour son peuple et l’harmonie façonnée au fil des siècles dans les murs de Salrivage, elle exècre par-dessus tout l’idée que des étrangers se réclament d’une légitimité quelconque pour étendre un modèle religieux au-delà de leurs frontières.