L’Ouest rayonnait de richesse et de puissance. La Fronde populaire née quelques mois plus tôt se tassait, tout comme la tendance d’une partie de la noblesse à réclamer plus de privilèges sur le peuple pour continuer de le tenir à sa place. La paix et la stabilité du royaume n’étaient pas encore retrouvées mais les événements avaient tendance à perdre de leur intensité ; les groupes d’émeutiers se dispersaient et les doléances du peuple semblaient avoir été entendues par le pouvoir en place.
Il restait toutefois une ombre à ce merveilleux tableau ; la question religieuse. Les tensions entre communautés étaient fortes, en particulier entre les fidèles des Sept, l’écrasante majorité, et les adeptes des Anciens Dieux ou d’autres minorités. Un Castel -Godric’s Hall- avait été pris d’assaut par des croisés partis combattre l’Empire hérétique, tandis qu’il se murmurait que beaucoup, de plus en plus même, se méfiaient des relations entre la princesse païenne Jeyne Lannister, épouse de l’héritier du trône, et son Empereur de père. Née Stark, sa Foi devenait un véritable problème dans l’Ouest.
Il fut décidé de la convertir à la Seule Vraie Foi, pour la paix du Roc.
Volontaire, la princesse n’était nullement forcée. Jeune mère du prochain héritier du Roc, Martyn Lannister, elle accéda aux demandes de son entourage pour se faire baptiser dans la Lumière des Sept.
La cérémonie eut lieu avec tout le faste que l’on pouvait attendre. Le septuaire de Port-Lannis était rempli comme à chaque événement royal ou princier ; tout ce que l’Ouest comptait de noblesse ou de grands bourgeois s’était pressé pour obtenir les meilleures places, le tout sous la protection étroite de soldats à hauts cimiers léonins. La Reine Jordane en personne s’était assurée qu’il n’y aurait pas le moindre accroc à l’évènement ; elle avait sélectionné en personne les officiants religieux avec l’ecclésiastique le plus haut gradé de la ville, avant de s’entretenir avec les membres du personnel royal, soldats ou simples serviteurs. Le Roi avait vu avec son gendre et son entourage militaire, Gareth Kenning en tête, pour assurer la sécurité des personnes rassemblées à l’intérieur, ainsi que du peuple à l’extérieur. Des centaines d’hommes en armes furent donc mobilisés pour l’occasion.
La cérémonie fut solennelle. Le petit Martyn fut oint des Saintes Huiles, l’Orgue du septuaire tonnant des hymnes à la gloire des Sept tandis que ces chants étaient repris en choeur par des centaines de jeunes religieux. Puis ce fut le tour de la Princesse, belle et digne, qui s’avança. A genoux devant le Septon, mains liées dans le geste de prière, il y eut un rien de murmures dans la salle. La païenne allait au bout. Les coeurs accompagnèrent Jeyne jusqu’à ce qu’elle soit à son tour ointe des Sept Huiles, et relevée dans la Grâce de la Mère. Le choeur donna de la voix, le tonnerre de l’Orgue accompagna la sortie de la procession. Le couple princier fut largement acclamé au dehors, après la cohorte de la noblesse de tous horizons, arborant des blasons de tout le pays.
Puis le couple royal. Les agents des souverains dans la foule firent s’élever encore d’un niveau le volume des acclamations. Jusqu’à ce qu’une demie-douzaine de traits ne ricochent sur le marbre du parvis, ou ne transpercent les chairs. Le Roi, touché de deux tirs, s’effondrait en même temps que plusieurs de ses gardes. Panique. La foule se dispersait à grands cris tandis que des soldats s’interposaient devant les personnalités, boucliers levés, en cas de nouveaux tirs. D’autres hommes d’armes, épée au poing, se dirigeaient en toute hâte vers les bâtiments proches d’où les tirs semblaient être partis. La foule se piétinait en se dispersant en tous sens, et l’on donnait du pommeau de l’épée pour se frayer un passage. Trois conjurés furent tués. Deux autres furent capturés, et passés à tabac. Alors que la ville était patrouillée en long, en large et en travers par des troupes conséquentes, les prisonniers furent interrogés.
Le Roi restait entre la vie et la mort, plusieurs gardes avaient été tués ou corrompus. Une fois interrogés, ceux-ci furent pendus aux créneaux du Roc. La ville fut fermée, sous surveillance. Les agents Lannister rompaient leur guerre de l’ombre, pour arrêter et interroger quiconque pouvait avoir des renseignements.
Le verdict des premières investigations était sans appel, et provoqua l’une des rares colères publiques de la Reine Jordane, qui brisa en plein conseil le premier objet à sa portée et hurla de retrouver au plus vite le commanditaire.
Les conspirateurs avaient reçu de l’aide de l’extérieur. De l’aide de l’étranger.
Points de l'Ouest-5pts Attentat contre le Roi