L’Ouest était en effervescence depuis plusieurs déjà. Le retour du Roi et de la Princesse avait été annoncé, présageant nombre de réjouissances auxquels tous assisteraient. Mais c’était sans compter les plans du lionceau qui avait fait les choses en grand pour accueillir son royal géniteur, agitant ainsi plus que jamais les rue de Port Lannis.
Et, pour la première fois depuis de nombreuses années, fut organisé un tournoi. Avec des joutes, des compétitions et un bal. Oubliées les menaces extérieures, oubliés les troubles qui ne cessaient d’agiter l’Ouest. Rien ne comptait d’autre que de voir, entendre et se montrer à un évènement dont on parlerait encore longtemps. Les invités de marque étaient nombreux. Tous les nobles voulaient rappeler qu’ils étaient là. Mais ils eurent aussi la surprise de voir la Reine du Bief honorer la Cour de sa présence. Oh, évidemment, cela engendra bien des murmures, confortés par les différents discours et échanges qui eurent lieu lors du Bal donné à cette occasion.
Ce Bal avait suivi une première journée où avaient pu briller les archers venus de tout le pays, sous les yeux de la noblesse et du peuple, pour savoir qui tirait le mieux, le plus loin, et le plus fort. Les hourras avaient retenti dans les prés des heures durant, avant qu'un archer de la garnison de Port-Lannis ne l'emporte finalement. A la lumière des torches et braseros, les convives de la noblesse furent ensuite escortés par des soldats Lannister jusqu'au champ de tentes des centaines de nobles venus participer au tournoi. Une grande effervescence régna, des heures durant, avec de grands foyers éclairant la plaine attenante à la ville pour fêter la toute dernière moisson avant l'hiver. De grandes tablées avaient été dressées et partout, de la venaison rôtie et des dizaines de serviteurs amenant des plats de grande qualité. Les toasts se multiplièrent, de nombreux noble notant les propos tenus par le Prince mais aussi par la Roi qui, par leurs paroles, laissèrent entrevoir l’avenir qu’ils réservaient à l’Ouest pour qui voulait bien l’écouter. Et, après un spectacle qui enthousiasma les invités, la plupart se bousculèrent sur les pistes de danse, la musique résonnant au rythme des danses jusqu’au petit matin.
Pour laisser la place au grand Tournoi. Oubliant la rancoeur qu’elle pouvait éprouver après ces mois de tensions, la population se déplaça de nouveau en masse, s’amassant derrière les lices alors que la noblesse, équipée de pied en cap, commençait déjà à défiler avant de jouter. Dans les gradins, on essayait de trouver la meilleure place, que ce soit pour apercevoir la famille royale et ses invités ou les nobles, selon les envies de chacun. Le Prince de l’Ouest et son beau-frère, le jeune Kenning étaient parmi les participants et sentaient les regards peser pour eux, que ce soit du côté de leur royale parentèle mais aussi du reste des invités. Et si certains participants comme Lord Quenten Farman ou Lord Tybalt Ouestrelin, voyaient là l’occasion de briller et de se faire voir, ce dernier poussant parfois même le vice à aller demander les couleurs de la Reine elle-même, d’autres se faisaient plus discrets, comme William Potter ou Hellan Lorainn-Hard. Les chevaliers les plus expérimentés, comme Rickard Crakehall ou encore Walderan Tarbeck, attendaient patiemment que l’heure arrive.
Et les passes se succédèrent, pour le plus grand plaisir des spectateurs qui poussaient des vivats ou encore des cris de terreur devant les chutes et les chocs violents qui retentissaient bien au-delà de la lice. Si Lord Potter pourrait se vanter d’avoir vaincu le Prince de l’Ouest, il fut malheureusement piégé par son adversaire suivant, lord Tarbeck, dont le soutien et l’aide inattendus ne cachaient en réalité qu’une volonté d’écarter un adversaire à moindre mal. Les autres joutes furent tout aussi spectaculaires mais elles se firent dans les règles. Pour que la finale se déroule entre lord Ouestrelin, soutenu par une grande majorité des spectateurs, et lord Tarbeck, dont la ténacité finit par l’emporter au bout de six longues passes.
L’enthousiasme des spectateurs était à son comble. Ils avaient pu voir couler du sang, voir s’écrouler des nobles sur leurs yeux ébahis et le vainqueur reçut les hourras de la foule. Bien peu remarquèrent la brève absence de la Princesse de l’Ouest, fort heureusement revenue lorsqu’il fallut féliciter le grand gagnant des joutes.
Et les festivités continuèrent des heures durant. Chacun trinquant pour féliciter le gagnant ou tout simplement se féliciter d’avoir été là, d’être encore en vie pour assister à un tel événement et, même s’ils n’en avaient pas conscience, de vivre dans un pays qui n’avait pas encore été ravagé par la guerre.
L’Hiver n’était pas encore arrivé dans l’Ouest. Et chacun en profitait à sa façon, malgré les tensions grandissantes, le Tournoi étant un exemple parfait. Mais il ne fallait pas oublier qu’il ne tarderait pas. Tôt ou tard, il viendrait demander son dû, même aux lions prospères.