Du gâchis. Beaucoup de morts, beaucoup de blessés, beaucoup de dégâts, et pour quoi ? Pour pas grand chose. Parce que visiblement personne n'arrive réellement à tirer son épingle du jeu. Je vous avoue que la guerre, ce n'est pas vraiment mon dada, mais qu'ils fassent ce qu'ils veulent, tant que je ne suis pas blessée et que mes proches ne le sont pas.

J'aime Dorne. Et j'aime les dorniens. Je n'ai pas de mots pour décrire mon attachement à cette région. Et disons que... Que bien que je sois, de nature, un électron libre, je soutiendrai volontiers la principauté aussi longtemps que mes intérêts ne sont pas lésés. Autrement, c'est pour mon propre bien qu'il me faudra changer de cap.

Quelle serait ma réaction ? Sauve qui peut, et moi la première. Je m'inquiète un peu pour Dorne, car si mon fief natal n'a pas été particulièrement touché, Lancehélion a essuyé de nombreuses attaques ces derniers temps. Les fer-nés, ces sauvages qui détruisent tout sur leur passage. Même mes cargaisons ne me sont pas parvenues à temps. Et puis, même en dehors de ça, la dernière émeute qui a eu lors d'un banquet, et durant laquelle des dorniens ont été attaqués. Je m'inquiète un peu, j'ai peur que les choses s'enveniment et empirent. Je suis donc la situation à distance, mais de très près. Quant à l'Ouest... On ne va pas se mentir, je m'en fiche pas mal de cette région et de ses gens. La seule chose qui m'importe c'est mon business. Mais quelle bande de sauvages eux aussi, quand même. Je n'ai certes pas assisté à cette scène moi-même, mais j'ai entendu dire qu'ils avaient pendu un Lord, qu'ils avaient lancé des pierres sur sa famille... Et puis, j'ai entendu dire qu'il y avait même des révoltes dans le sud. Et c'est loin d'être rassurant. Bref, drôle de région. Vivement que je reparte chez moi. Et j'espère que chez moi ne sera pas détruit d'ici-là.

Rien d'étonnant. Le pouvoir rend fou, le pouvoir pousse à commettre des actes d'une grande atrocité... Mais je m'en fiche pas mal, ce sont des agissements habituels entre souverains. Bien que, j'avoue que cela rend Harren le Noir encore un peu plus effrayant et dangereux à mes yeux.
     

▪▪ Bela ▪▪ 20 ans ▪▪ 15/20, je suis une bonne élève ▪▪ Par un ami  ▪▪ Le contexte, le forum qui a l'air très actif, la manière dont l'univers a été réadapté... ▪▪ Rien, franchement pour le moment tout est bon ! ▪▪

« Doran.... Une bâtarde. Une bâtarde en soi, ce n'est pas si grave mais... Pourquoi il a fallu que tu ailles chercher du côté des prêtresses rouges ? Dorne ne manque pas de belles femmes, pourtant. » Une bâtarde, à Dorne, ce n'est pas si grave, ce n'est pas une si mauvaise chose. Les bâtards ne sont que le fruit de l'amour après tout. Les bâtards sont traités avec respect, tout comme les autres enfants. Et puis les dorniens sont connus pour leur grande ouverture d'esprit, et leurs mœurs très libérées. Mais de là à aller force une prêtresse rouge à partager sa couche... Aussitôt l'enfant arrivée au monde, elle fut prise à sa mère et emmenée à la maison Dalt, le seigneur abandonnant son épouse enceinte de neuf mois pour aller chercher celle qui s'appellerait Belandra. Et à la naissance de l'héritier mâle, héritier légitime, mais néanmoins second enfant, sa réaction ne fut guère différente. Des festivités furent tenues en l'honneur des deux enfants, sans différence de traitement, bien que l'un soit légitime, et l'autre non.

Et c'est ce qui a d'ailleurs toujours posé problème, avec la belle Belandra. Non pas qu'elle soit une enfant illégitime, mais plutôt que ce fruit de ce que l'on qualifierait communément de viol soit traité sur un pied d'égalité avec ses deux frères, si ce n'est même parfois mieux par son père, sachant qui plus est qu'elle était l'aînée, bien que d'uniquement quelques jours. Unique fille de la fratrie, extrêmement attachée à son père puisqu'elle n'avait pas de mère contrairement à ses deux jeunes frères, elle se révéla rapidement être sa petite favorite. Car selon lui, elle incarnait tout ce qu'il pouvait y avoir de plus beaux chez les dorniens, et chez lui. Les paroles d'un père, à prendre donc avec des pincettes, puisque loin d'être dénuées de subjectivité : joyeuse depuis son plus jeune âge, joueuse, curieuse de tout, la petite-fille qu'était Belandra ne restait jamais très éloignée du seigneur, participait à tous les banquets, dansait dès qu'elle en avait l'occasion du haut de ses quelques centimètres, et se liait facilement d'amitié avec quiconque la croisait. Les adultes craquaient face à cet enfant si « mignon » alors que les enfants semblaient voir en elle la partenaire de jeu idéale. A croire qu'elle possédait une aura spéciale, lui permettant de se positionner rapidement comme le centre d'attention.

Alors bien évidemment, les problèmes ne tardèrent pas à arriver. C'est à cinq ans que Belandra fit face à une première tentative d'assassinat. Par un fanatique religieux, fidèle à l'ordre des Sept, qui voyait en elle le mal incarné.
« Bela, va jouer si tu veux, mais ne t'éloigne pas trop. Ton frère t'accompagne. » Par une belle journée ensoleillée comme tant d'autres, ils étaient alors partis courir, ensemble, mais se séparant rapidement. L'attention de Belandra était attirée par de petites plantes, dont elle suivait le chemin, alors que son frère vaguait à ses occupations. Et son petit chemin lui fit alors croiser celui d'un homme aux biens mauvaises intentions. La garde ne l'avait pas vu, personne ne l'avait aperçu, et c'est lorsqu'il s'apprêta à lui trancher la gorge que l'un des amis de son père, accompagnateur de la journée, vola à son secours. La dornienne n'en garde que peu de souvenirs, mais l’événement fit suffisamment écho dans son fief natal pour que le statut de sa mère et le culte auquel elle appartenait revienne au centre des conversations.
Et bientôt, Belandra fut même accusée de sorcellerie. Sorcellerie envers son père notamment, qui l'aimait d'un amour sans bornes.

« Belandra, tu aimes les plantes, n'est-ce pas ? » La jeune fille hochait la tête en réponse à la question de son père. Elle adorait les plantes. Elle passait son temps à observer ce que faisaient les herboristes, ou à étudier dans des livres l'utilité de telle ou telle plantes, lorsqu'elle ne les découvrait pas dans la réalité. Nombre d'entre elles ne poussaient pas à Dorne, mais celles qui y poussaient ne poussaient nul part ailleurs. « Alors je vais t'apprendre ce que je sais. Tu pourras faire de nombreux mélanges. Et Deziel prendra la suite. »
Des mélanges, elle en apprit des tonnes et des tonnes. De toute manière, Belandra n'était pas un élément « utile » à la famille en terme d'alliances, jamais on ne pourrait l'utiliser dans un bon mariage, une bonne alliance... Son temps était libre, et, qui plus est, elle était libre de faire ce qu'elle voulait. La belle en profitait alors pour s'instruire, ou pour s'amuser. Danser, chanter, ou manier le langage des plantes. Lorsqu'encore jeune, Belandra n'apprit que le plus basique et surtout le plus inoffensif : remèdes, parfums, des produits pour se colorer les lèvres, ou le corps, et se rendre ainsi encore plus attirante... Puis lorsqu'elle fut un peu plus âgée, à créer des produits aphrodisiaques, lui permettant de stimuler ses amants quand elle le souhaitait. Et enfin, à manier l'art du poison. Belandra n'avait pas une position stable dans la famille, et Doran le savait. Elle n'avait pas de nombreux alliés, elle n'était pas une montagne de muscle capable de se défendre physiquement, alors ne lui restait plus que son esprit, et ce qu'on lui avait appris. Divers poisons, provoquant diverses morts ou maladies, et tous les uns les plus discrets que les autres. Puisqu'elle ne possédait ni puissance ni force physique ni alliés, qu'elle ait au moins cette arme invisible mais oh combien dangereuse.

« Tu as perdu la tête, Doran. La légitimer ? Hors de question. Elle est née avant Qoren. Si tu la légitimes, elle deviendra l'héritière, et il en est hors de question. Trop compliqué, trop risqué, et c'est non. Même si on décide que Qoren hérite, il n'héritera plus légitimement, ce ne sera pas légitime, oublie cette idée. » C'est lorsqu'elle était âgée de quinze ans que son père pensa à la légitimer. Après tout, pourquoi pas ? Mais, non. Impossible. Ironique, comme l'égalité dornienne joua en sa défaveur. Qui qu'il soit, mâle ou femelle, l'héritier était l'héritier. Et la belle, née quelques jours avant son frère, prendrait aussitôt le statut d'héritière si elle venait à être légitimée. Bien évidemment, cela fit un tollé. Encore une fois, on cria à la sorcellerie : comment pouvait-il être aussi soucieux du sort de cette fille, au juste ? Et dès lors, la situation ne cessa de se dégrader et tout particulièrement les relations entre Belandra et le reste de la famille, mais plus particulièrement son frère.

Une main baladeuse. Puis une autre. Son frère était devenue de plus en plus bizarre. Et la regardait étrangement. Plus ils grandissaient, et moins son comportement était... Etait normal. « La prochaine fois que tu me touches, je te crève les yeux. Ne m'approche plus, malade. » Et elle avait beau parlé, il l'écoutait à peine. Il n'en avait que faire, n'était-il pas l'héritier légitime après tout ? Le futur homme de la maison ? Comme si les paroles d'une bâtarde comme elle pèseraient autant sur la balance, d'autant plus qu'on l'accusait facilement de sorcellerie qui plus est. Et qu'on accuserait donc volontiers de mensonge. La situation manquait de dégénérer, et Doran Dalt avait fini par le remarquer. Tôt ou tard, l'information finirait par se répandre comme une traînée de poudre. Pire ? Qu'en l'absence de Doran, le tout pourrait devenir ingérable, et très mal se terminer. Que Qoren force quelques choses, que Belandra s'emporte comme elle savait si bien le faire, et qu'elle finisse par lui enfoncer un poignard dans les yeux comme elle l'avait menacé de le faire depuis des nuits durant ou bien qu'elle mette dans son verre ou sa nourriture de quoi l'épuiser, si ce n'est carrément de quoi l'endormir une fois pour toutes. Et puis, qu'adviendrait-il s'il disparaissait, lui ? Si le seigneur venait à ne plus faire partie de ce monde ? Et que son fils prenait la relève ? Belandra, susceptible de ne jamais trouver un bon parti, resterait dans la maison familiale et serait à sa merci. Alors il fallait vite désamorcer cette bombe à retardement avant qu'elle n'explose.
« Pars où tu veux, mais loin de Dorne. Pour quelques temps, quelques mois, quelques années. Je t'enverrai ce dont tu auras besoin, et je prendrai de tes nouvelles régulièrement. Ce n'est pas définitif, uniquement provisoire. »

Provisoire... Mais pourtant, la belle eut bien du mal à encaisser la nouvelle, qui en réalité s'apparentait à un ordre. Elle devait partir. Il ne pouvait pas chasser l'héritier, ni constamment le surveiller, et avant que les choses ne tournent mal, il valait mieux qu'elle, la bâtarde, parte. Et puis, son statut au sein de la famille ne cessait d'envenimer les relations entre les différents membres de la maison et la belle Belandra n'était plus très bien vu, encore faudrait-il qu'elle ait été réellement bien vu un jour... Belandra aimait sa région, ses mœurs, sa culture, ses gens. Hormis son frère, bien évidemment. Mais elle aimait tout, tout. Et devoir s'en séparer la chagrinait.

C'est grâce à des contacts de son père que la belle dornienne posa finalement ses valises... Dans les terres de l'Ouest. Pas aussi ensoleillées et désertiques que la belle Dorne, mais elle était bien contrainte de s'y faire. Son choix fut influencé par de nombreux critères, mais un bien particulier : un traité commercial, qui lui permettrait de faire parvenir de Dorne tout ce dont elle avait besoin. Car la belle avait déjà une petite idée en tête. Après tout, n'était-elle pas devenue une talentueuse herboriste ? Bien que certains assimilaient parfois ses talents à de la sorcellerie, elle voyait en cela un compliment... C'est donc qu'elle était douée ! Optimiste, la Belandra. Elle ouvrit donc une petite boutique, à Castral Roc, colorée, à son image. Portant un nom exotique, et regorgeant de produits tous aussi exotiques que la propriétaire : parfums, produits permettant de se farer les yeux, de se colorer les lèvres, remèdes médicinales ou bien des objets que l'on ne pouvait trouver qu'à Dorne, qu'encore une fois des contacts de son père lui faisaient parvenir régulièrement de sa région natale. Il y avait aussi une part plus sombre de cette échoppe. Les poisons. Le seul que la belle vendit fut pour une vieille connaissance, à la demande de son père. Extrêmement secrète à ce sujet, rares sont les gens qui connaissent véritablement ce talent de la jeune femme, qu'elle cache autant que possible. Et les poisons qu'elle concocte sont essentiellement destinés à une utilisation personnelle, en général. Sait-on jamais, elle est quand même une femme vivant seule... Qui ne se sépare jamais d'une bague en or, cernée d'un magnifique rubis, dans lequel elle garde toujours une petite poudre blanche mortelle à mettre dans un verre en cas de problèmes. Et il n'est pas rare non plus qu'elle empoisonne ses dagues, si la belle se sent en danger. Mais bien évidemment, personne n'est au courant. Du moins à l'Ouest.

Mais, ce n'est pas pour autant que la belle a bonne réputation en ville. N'est-elle pas dornienne, après tout ? Et son accent la trahit bien trop rapidement, impossible de l'effacer, tout comme ses moeurs. Bien évidemment, elle est victime de la réputation des femmes de sa région. Lubrique, alors qu'elle est simplement libérée. On apprécie peu sa démarche féline, ou plutôt, les femmes l'apprécient peu. Et les fidèles de la Foi aussi. Tout comme cette aisance qu'elle semble avoir si naturellement avec les hommes. Ses vêtements considérés bien souvent comme trop révélateurs... Et puis, la dame vend des produits aphrodisiaques sans ressentir aucune gêne, quelle honte ! Une bâtarde avec un tel comportement, diable ! Mais il semble s'agir là d'une honte dont ne se soucie pas Belandra, fière de ses origines, ayant peut-être quitté ses terres mais décidément pas quitté ce qui la caractérisait. L'ambitieuse compte faire son petit bout de chemin, quoique n'en déplaise à certains. Si les sauvages de l'Ouest, comme elle les appelle, ont essayé de lui mettre des bâtons dans les roues en vandalisant sa boutique peu après son installation, elle y a désormais installé deux grands gaillards qui la gardent nuit et jour, capables de remettre à leur place les petits plaisantins trop curieux. Ce n'est pas l'argent qui lui manque puisque sa boutique fonctionne très bien et puis, elle n'est pas contre mettre des moyens lorsque c'est pour une bonne cause. Comme casser des dents à ceux qui tentent de détruire son petit business. Après tout, Belandra n'est-elle pas surnommée la fleur sauvage du désert ? Parce qu'elle n'a besoin de rien ni de personne pour pousser, et n'a besoin de rien ni de personne pour survivre, hormis elle-même.