La vie au camp suit son rythme, entre tâche quotidienne et pratique des armes. L'approche des négociations avec l'Ouest a généré un statut quo assez désagréable pour tout le monde. Entre lassitude des combats et envie d'en finir, cet immobilisme et cette incertitude rendent tout le monde mal à l'aise. D'un côté, il y a ceux qui critiquent la décision de pourparler, qui préféreraient frapper l'ouest en punitions pour avoir renié l'alliance forgée par le mariage de la princesse du Nord. De l'autre, ils y a ceux qui veulent quitter au plus vite le sud, regagner leur terres mises en danger par les fer-nés et les sauvageons, et qui ont bien compris qu'on ne peut pas combattre sur deux fronts… et puis, il y a tous les autres, qui attendent, qui savent juste qu'ils ne veulent pas rester ici, qui veulent juste du mouvement. Autant de positions que d'hommes, et un immobilisme qui commence à peser sur tout le monde…

L'arrivée de la délégation impériale, représentée par Lady Chelsted, a contribué à cette effervescence. Les hommes découvrent de nouveau visages, retrouvent d'anciens amis partis servir l'Empire et Fort Darion. Mais surtout cette arrivée signifie surtout que les choses bougent, et qu'une issue approche, quelle qu'elle soit.

Et moi dans tout ça?... et bien… Moi je fais partie de ceux qui veulent que celà cesse, le plus rapidement possible. Honnêtement, négocier avec l'ouest ne m'enchante guère après la trahison de Lyman Lannister. Il y a déjà eu un mariage pour sceller l'union du Nord et du Roc, plus de négociation n'auraient pas dû être nécessaire. Mais j'ai aussi conscience qu'avec les fers-né à notre porte, et la menace d'une attaque des sauvageons, nous n'avons guère le choix que de négocier pour sécuriser au plus vite au front ouestrien. Mais ce n'est pas ça qui me rend le plus nerveux. Non, ce qui m'inquiète le plus, paradoxalement, c'est Jeyne. Tant de choses se sont passées ces deux dernières années… la guerre, la mort de Bowen, mais aussi la naissance de ses enfants, de ceux de Jon… Nous ne pourrons pas faire comme si rien ne s'était passé. Nous ne pourrons pas repartir comme il y a 2 ans… alors que nous reste-t-il? Et qu'est-ce qui nous attend?

C'est sur ces pensées troublées que je traverse le camp. Après avoir fait mes tâches quotidienne, je compte bien profiter de ce temps pour continuer a m'entrainer. Mon bras blessé est maintenant plus sûr, suffisamment pour qu'un entraînement ne soit pas du luxe. Si je veux récupérer, il faut le mettre à l'épreuve. Perdu dans mes pensées et ne prêtant pas vraiment attention à ce qui se passe devant moi, je fini par percuter quelqu'un.

“Ho! Je vous prie de m'excuser, je ne regardais pas où j'allais!”

Je regarde un peu plus attentivement. Un garçon, ayant environ le même âge que moi, peut-être un peu moins, comme Sacha. Un visage que je ne connais pas, et qui, au delà de la surprise de l'altercation, ne semble pas savoir ce qu'il vient fiche ici…


" Tu es perdu? Tu es avec la délégation impériale?”

Une conclusion facile à faire, nous ne sommes pas tant d'adolescents sur le camp, pas beaucoup de visage à retenir. Et puis le pauvre à vraiment l'air perdu. Un aide de camp saurait à minima où il va, depuis le temps que nous sommes ici. C'est donc forcément quelqu'un qui vient de l'extérieur. Après un échange rapide, j'apprend que le garçon s'appelle Harwin, et qu'il est l'aide de camp d'Aymeric Forrester… tiens donc… Le hasard fait bien les choses. Je savais qu'Aymeric était avec la délégation impériale, nous nous sommes croisés au moment de les accueillir, mais nous n'avons pas vraiment eu l'occasion d'échanger depuis. Ravis de cette rencontre fortuite et quelque peu curieux d'affronter un autre élève de Forrester, je décide d'embarquer le jeune homme avec moi jusqu'au terrain d'entraînement, et rapidement les armes parlent à nôtre place. On en apprend beaucoup sur quelqu'un en regardant la manière dont il combat, et je retrouve chez Harwin l'empreinte encore toute fraîche de son maître. Malheureusement pour lui, il a aussi été le mien, et j'ai une excellente mémoire. Après quelques minutes d'échanges à se jauger mutuellement, je finis pas le mettre au sol. Et alors que je lui tends mon bras pour l'aider à se lever, une voix retentit : celle du Forrester, visiblement à la recherche de son aide de camp disparu. Une scène qui me renvoie quelques années en arrière… Après avoir sermonné le pauvre Harwin, le Demalion se tourne vers moi pour me féliciter de mes progrès. Avec un sourire, mêlant fierté et joie de retrouver un visage connu, je réponds.

“C'est en forgeant qu'on devient forgeron, et je me suis pris suffisamment de raclé sur la lice pour que le métier finisse par rentrer!”

Je me tourne ensuite vers le pauvre Harwin, qui se demande encore à quelle sauce son maître va le manger.

“Ne soyez pas trop dur avec Harwin, je ne lui ai pas vraiment laissé le choix que d'être mon partenaire de combat aujourd'hui”