Sujet: [RP Alternatif - Futur] Paint it black Lun 20 Mai - 18:56
Paint it black
Eren Hightower perd les pans essentiels de son existence, et fracasse en retour ceux de ses ennemis. Mari, enfants, amis, la majorité fer née. À la surprise générale cependant, elle ne se tue pas comme on aurait pu l'espérer. En cinq ans, elle fédère Le Bief, comme les Conflans et les Îles sous sa bannière, non sans saigner à blanc. Non sans museler jusqu'à l'étranglement l'Orage comme une grande partie de l'Empire. Et pour cause, on la craint pour plusieurs raisons, à présent. Tout d'abord pour son massacre sans pitié de l'une des plus grandes menaces et confiance qu'avaient le couple impérial, à savoir leur dragon. Grâce aux relais de charpentiers et stratèges bieffois, des armes qui bien plus tard vont devenir les Scorpions sur boutre, ont été utilisées durant une bataille navale décisive, dans laquelle la bête fut transpercée de pics métalliques par une salve kamikaze de navires ayant profité des attaques en cours pour apparaître sans que l'ennemi ne s'y attende. S'en suivit une débandade autant en raison de la mort de la bête s'effondrant sur la flotte impériale, des vagues mettant en branle chaque partie, mais aussi de la découverte d'une Rhaenerys Braenaryon écrasée sur le pont d'un bateau. Les deux corps ont été depuis équarris, tannés, désacralisés. Le crâne de l'impératrice (gravé du signe de la Foi) sert d'ailleurs de repose mains, tandis que le squelette du dragon est devenu une part entière de la clé de voute du château de la nouvelle capitale bieffoise (en mémoire de la mort de sa fille et de Manfred). Vint ensuite sa campagne active visant à rassembler tout le Conflans sous une bannière unique après une attaque éclair inspirée de celle subie par l'Empire sur les terres bieffoises. Mais là sur les Tully. L'attaque cette fois fut scindée en deux rangs de quinze mille hommes chacun se rejoignant à points de boucle sur chaque flan de ville moyenne ciblée, avec groupes méthodiques de quelques milliers d'hommes sortant de la ligne principale pour fondre en escarmouches aléatoires et ainsi ne donner aucun point de repère fiable à leurs ennemis. Sans une once de pitié pour ceux qui furent des amis, à l'exemple de Helena Bracken, Eren a diffamé à tord ou à raison ceux n'étant pas rentrés dans les rangs de la Foi que feu son époux portait tant à coeur. Elle se fait d'ailleurs porteuse de cette révélation dû aux déchirements de ses pertes, et s'impose comme main implacable de la religion se devant à présent unique.
Certains la croient devenue folle à lier, d'autres n'osent guère donner leur opinion par peur de finir comme nombre de ses ennemis. Elle n'est cependant pas folle. Eren est simplement devenue le produit des agissements de ceux qui se sont un jour proclamés victimes de Harren le Noir. De sa résilience et des propres humiliations qui lui ont été un jour infligées, elle est ressortie plus forte, couverte du sang et des glaviots un jour crachés par tous ses détracteurs.
Accalmie est à présent tombée pour de bon, les navires en station de siège bardant son port et ses navires de ces nouvelles armes, tandis que les catapultes récupérées dans les royaumes annexés écrasent les murs de ce qui fut la fierté de l'Orage. Voici donc Eren assise sur ce trône, qui se retrouve à présent paré du crâne nettoyé de Durrandon, sur lequel est gravé comme pour Rhaenerys, le signe de la Foi. Nombre des supports de l'Empire ayant tenté de s'enfuir pour rejoindre Torrhen Braenaryon sont massacrés ou capturés dans des embuscades établies aux points de passage stratégiques en sortie de capitale.
Garlan Goldwyne fait partie des quelques rescapés ramenés auprès d'Eren, qui fait en sorte qu'ils soient soignés et nettoyés. Reste à savoir si il la verra comme une folle, comme le pense la majorité, ou comme une femme à jamais coupée en deux par un monde qui a toujours pris les femmes de son genre pour des abominations.
Je conçois. Quand on me regarde, quand l'on voit toutes ces maisons, ces vies, ces terrains fracassés, écrasés, l'on peut se dire ... ça y est. La barbare est devenue folle. Ça y est, personne ne peut plus la retenir, pas même cette foi qu'elle a embrassé dans un pourquoi dont la réponse apparaît insensée. Folle, illuminée, endeuillée, enragée, insensée. On colle tant d'adjectifs à ma personne depuis cinq ans que je n'en fais plus le compte. Tout ce que je vois, ce sont les résultats. Tout ce que je vois depuis la fenêtre de cette salle d'audience, ce sont ces gens qui un jour ont cru bon de se moquer de ma douleur, de mon malheur, car selon eux je représentais tout ce qu'il détestait. Sauf que maintenant, je ne représente rien, si ce n'est la Foi, et cette fédération de pays faite dans le sang, la sueur et les larmes. J'ai fait mieux que représenter, je suis devenue. Je les entends encore se moquer, m'insulter, à l'époque où Manfred a fait de moi sa femme, et où j'ai cru pouvoir trouver un égal, alors que lui ne m'a sans doute jamais vue dans sa bestialité et ses ambitions que comme la porteuse de ses enfants, la seule capable de confronter sans autant de peur que nombre de ses sujets son Démon. Et pourtant, dans nos étreintes, nos mots échangés, ces promiscuités, j'ai cru entrevoir plus que ce que l'on a cherché à vicier de sa personne. Parce que je savais ce qu'était la différence, que je comprenais son besoin de la cacher, mais aussi de l'embrasser avant que cela ne soit trop difficile à tempérer. Il pouvait être bon, magnifique, éloquent. Un stratège implacable. Et pourtant, me voilà seule, sans jamais obtenir ses derniers mots à mon égard, avant que le souffle ne le quitte. La dévotion à défaut sans doute de cet amour que tant espèrent, malgré le pragmatisme vers lequel nous sommes tous poussés.
Je suis dans cette salle d'audience du château d'Accalmie, entourée de gens, et pourtant en cet instant, à la faible lueur de ce souvenir, je n'ai personne. Ils discutent et je me demande pourquoi ce qu’ils disent ne m’intéresse pas. Sans cesse ils me donnent la sensation de ne pas être en adéquation, alors que je n'ai été qu'adaptation. Ce qu’ils disent n’est malgré tout pas pour moi, ne me répond pas, ne fait pas partie de mes mélodies, de ce vent que j'inspire dans sa fraîcheur, tandis que ses volutes viennent jusqu'à cette fenêtre. Nous n'avons pas le même langage corporel alors que nous sommes sur le même pont, du même bateau. Et en cela, mes yeux se bardent de larmes silencieuses, réprimées, et donc jamais versées. Parce qu'il n'est pas là. Ils ne sont pas là, c'est ma réalité. Et accepter la réalité, l’intégrer, c’est l’inverse de se résigner. Alors oui, je les intègre, je les oblige à accepter ma réalité sans qu'ils ne puissent savoir de quoi demain sera fait.
Je sens soudain une présence, dans mon dos. Je la devine, agile comme un chat, vive comme un petit oiseau. J'arbore comme je le peux ce sourire qui se doit, pour moi mais surtout pour elle, qui à présent me suit depuis presque un an. Je la laisse s'incliner, et lui sourit en toute bienveillance, prenant doucement son visage entre mes mains calleuses, sans doute froide. La chaleur de ses joues m'apporte ce dont je suis exempte à présent, à l'égard du reste.
« Hura. »
Dis-je calmement. Je sais que je ne dois pas toujours être facile à vivre en raison de mes crises de colère, et des relents de ces traumatismes subis lors de la mort de mes filles, de mon mari. L'annonce de celle de Stig n'avait fait que parachever ma soudaine descente et laisser à jamais ce typhon persister sous mes chairs.
« J'ai un cadeau pour toi. »
Lui dis-je d'une voix douce dont rares sont à présent les bénéficiaires. Mes mais tombent sur ses épaules et je la pousse à se retourner vers le trône de l'Orage, afin qu'elle voit non pas un crâne, mais bien deux. Rhaenerys n'est plus seule.
« Je te présente Argella. Mais si tu as un autre nom en tête, tu sais que c'est à ta convenance. Cependant, elle a un sale caractère, si ce n'est qu'elle soit hystérique. Tu sais qu'elle m'a balancé du thé en me traitant de barbare et de menteuse ? Brûlant, évidemment. Sinon ce ne serait pas ... amusant. »
Je me cale dans son dos, et caresse la partie coupée de ses cheveux.
« Et pourtant ... regarde. Je lui avais promis de la ramener à Accalmie. Elle y est, maintenant. »
Dans la salle, à l'entente de ces paroles, certains m'adressent des regards inquiets, voir secoués d'effroi. Pourtant, je n'ai aucun signe de folie apparent. Je suis mesurée, aimable, et rien ne laisse apparaître un soudain revirement d'humeur. Car oui, il s'agit bien du crâne d'Argella Durrandon et Rhaenerys Braenaryon. Tout deux à jamais séparés de leur visage, gravés du signe de la Foi des Sept. Des reines, des impératrices se proclamant comme les seules garantes d'un pouvoir. Des hypocrites, surtout, des égoïstes. Et ces tares leur ont coûté bien plus que le fait d'avoir la peau sur les os. L'un de mes vassaux s'approche et s'incline, Lord Caswell. Je relâche Hura, la laissant prendre si elle le souhaite les deux crânes.
« Majesté, les félons ont été lavés et habillés comme vous l'avez ordonné. - Bien. Et ce même si ils étaient inconscients ? - Il va sans dire. - Et où sont-ils donc ? - Derrière les portes. Le premier est Lord Darry. - Ah ... l'une de ces familles se clamant des premiers hommes ... eh bien faites les tous entrer. Et tenez vous prêts. »
J'ai mon épée à la ceinture, celle là même fait d'acier valyrien un jour portée par feu mon époux. Si tant est que certains couards rassemblés soient prompts à laisse l'un de ces imbéciles capturés me faire la peau, c'est sous estimer mes capacités. Ils sont au nombre de quatre, tous serviteurs de l'Empire Braenaryon, et donc de ce salopard de Torrhen. Habillés comme des nobles prêts à assister à banquet, mais les fers aux mains et aux pieds. Quelle étrange contradiction.
« Messieurs. Darry. Massey. Whent. Vous, vous aurez un traitement particulier dont nous devrons discuter. Je pense que vous devez vous douter du pourquoi. »
À savoir la trahison de sa famille envers les Hoare, dont je suis la dernière représentante. Je lui souris doucement, lui est totalement confus, sûrement dans l'appréhension totale de ce que je peux lui faire subir. Et le dernier ... que je reconnais en raison de notre passif, de connaissances communes, et d'histoires partagées ... amères ... salées.
« Goldwyne. »
Mes yeux se plissent, à mesure que mon rictus s'élargit.
« Je vois qu'à votre différence, j'ai appris de mes erreurs ... bien qu'une épée laissée à des serviteurs par adaptation de coutumes, plus que par confiance, soit une erreur bien maigre en comparaison de la vôtre. À savoir trahir votre royaume. »
Je souris plus franchement, en joie de voir ce faciès à nouveau face à moi, bien qu'il ne soit pas accompagné de celui de Gardener. Ni de tous ceux qui ont un jour cru bon de me prendre pour une idiote, une sauvage. Ma tête se tourne légèrement vers Hura, pour attirer son attention, au delà des mots que je prononce. Il en va de même pour mes vassaux, seigneurs, et gardes, qui regardent les quatre hommes d'un air perplexe, et sommes toutes quelque rancoeur.
« Voyez, le survivant de la Bataille du Trident. Un homme aux principes faisant battre les coeurs et les couches de demoiselles en émoi, dont la fougue nous aurait été utile en maintes occasions sur les champs bieffois. Si tant est qu'il n'avait pas rallié la cause, il y a environ sept ans, du traître Gardener. Tssss ... quel gâchis. »
J'apparais sans doute ennuyée, mais il n'en est rien en réalité. Car je n'ai aucune source d'ennui à fournir à un tel personnage. Pas quand l'on sait qu'Accalmie est pour de bon sous le joug Hightower.
« Et tout cela pour quoi, Goldwyne ? Pour une amitié ... que vous n'avez pas su servir jusqu'au bout ? Comme votre service auprès du Bief ? »
Des souffles de rires méprisants fusent dans l'assemblée. Moi, je ne ris pas. Car il n'y a pas matière à rire. Je suis le sel qui se doit d'infecter la plaie, faire souffrir, après tout. Je dois être l'image même de leur haine, le seul gouvernail, aussi immonde soit-il, auquel ils se doivent de se raccrocher. Car telle est ma volonté. Telle est la voie, vers laquelle ils m'ont tous poussée.
Out on the horizon, a storm is brewing. I let the breakers rush over me and feel the ocean’s heart pounding. Surging through my body, the ocean in me. The tide is turning. The undertow takes ahold of me. I know I can go. I know that it's time.
Eren Hightower
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Sujet: Re: [RP Alternatif - Futur] Paint it black Mer 19 Juin - 16:15
Le monde était horriblement laid. Je le savais, je l’observais. Depuis des années. Depuis sans doute que j’avais ouvert les yeux. Je les rouvris ce matin-là, me tirant de mon lit pour me remettre debout. J’enfilai comme d’habitude une livrée aux couleurs d’Eren. Parce que oui, je la servais, comme je servais ceux qui tenaient ma laisse. Je n’étais rien d’autre qu’une conteuse qui avait été attrapée et qui servait. Mais Eren, je l’aimais bien, parce qu’elle était prisonnière de ses propres démons, mais au fond, elle souffrait juste. Alors oui, elle n’était pas la plus gentille, je savais très bien qui elle était, ce qu’elle faisait, mais je voyais surtout toutes les blessures qui la rendaient si douloureuse. C’était que le monde l’avait fait souffrir et elle tentait de se soigner. Je ne savais pas si c’était la meilleure des méthodes, mais elle le faisait.
Je laissai mes mèches blondes tomber librement sur mes épaules, de toute manière, Eren avait fait retirer tous mes rubans et autres liens de cuir de mes appartements, enfin de ma chambre, parce que je m’en servais pour cacher le côté de mon crâne rasé. Je n’aimais pas cette coupe, mais je n’avais pas le choix, il fallait qu’on visse la boucle de mon oreille me marquant comme la propriété d’Eren. Je finis de m’habiller soigneusement pour me diriger vers la salle du trône, mes petits pieds enveloppés de cuir ne faisaient presque aucun bruit sur le sol.
Je me glissai silencieusement dans le dos de la reine qui était là et lorsqu’elle se retourna, je m’inclinai profondément devant elle avec mon habituel sourire joyeux. Elle aussi me surit. Elle ne souriait ainsi qu’à moi. Je la laissai prendre mon visage dans ses mains, elles étaient froides et caleuses.
« Reine Eren. »
Rétorquais-je à mon prénom. Dans ses appartements je l’appelais Eren, mais jamais en public. Un cadeau ? Mon sourire s’agrandit, est-ce que c’était des tartelettes aux framboises ? C’était mes préférées ! Au vu de son geste vers son trône… Ce n’était pas le cas. Oh. Deux crânes ? Rhaenys avait un ami maintenant ? Je n’aimais pas plus que cela les crânes, mais les ossements avaient souvent des brides d’histoires à raconter. Et je crois qu’elle aimait quand je joue avec.
Argella ? J’inclinai la tête. Avant de grimacer alors qu’elle s’installait dans mon dos pour caresser mon crâne. Elle avait été aussi blessée par Argella. Je tendis une main pour toucher la sienne, c’était comme-ci sous sa peau je sentais toutes ses cicatrices… Pauvre Eren. J’inclinai la tête à ses mots.
« Les esprits n’aiment pas changer de nom. Alors je garde toujours Rhaenys et Argella. »
Ils ont toujours des histoires à raconter. Bonnes ou mauvaises ça c’est à moi de le dire. Dès qu’elle me relâcha, je m’approchai des crânes pour les prendre avec beaucoup de douceur et de respect, m’installant en tailleur, sous les regards colériques, moqueurs, scrutateurs. Les os sont des os. Je caressai doucement l’ivoire ainsi que les marques avant de les observer toutes les deux, puis le crâne d’Argella, droit dans ses orbites. L’irruption des hommes me firent poser les crânes un instant sur mes cuisses alors que Eren semblait à nouveau en crise de douleur à l’intérieur. Je restais silencieuse, à ma place à la regarder, blesser le monde, parce que personne n’avait tenté de la soigner elle. De l’aider elle. Je restais silencieuse, un moment, elle n’avait pas besoin de moi. Je relevai les crânes vers moi pour déposer un léger baiser dessus en soufflant tout bas :
« Je suis désolée de ne pas avoir réussis à la soigner avant qu’elle ne vous fasse du mal. »
Et je crois qu’elle allait encore tuer des gens… Je me détournai, cachant autant mes yeux que ceux des crânes pour ne pas leur imposer la vision du sang et je n’aimais pas ça non plus. Je restai à ma place, me déplaçant uniquement lorsque Eren me le demandait. Je refusais le repas du midi, également, mais je me dressai malgré moi lorsque j’entendis du Braavien, debout aux côtés de la reine, mes mains vides de crânes. Je regardai le visage du marchand, ce n’était pas un de mes frères, mais je connaissais le nom. Ennemi de mon père. Je fis trop pas vers Eren, me glissant dans son dos pour souffler tout bas :
« Ce n’est pas un allié de mon père. »
Ce n’était pas très bien ce que je faisais… Mais si je pouvais ainsi aider mes frères… C’était pour le mieux. S’ils pouvaient retrouver une stabilité financière… C’était pour le mieux. Je n’avais jamais parlé de ma famille à Eren. Jamais, elle ne m’avait pas posé de question. Je restai à ses côtés pour traduire directement de braavien à braavien, lui par contre me reconnu et il s’inclina bien bas, moins qu’Eren, devant moi.
« Dame Hura Siralon. Cela faisait bien des années qu’on n’avait pu vous admirer à Braavos. J’imagine que les… quelques rumeurs sur votre personne étaient fausses. »
Ah. Je ne pensais pas qu’il se souvenait aussi bien que moi. Je restai silencieuse une seconde avant de répondre.
« C’est un honneur de voir que vous reconnaissez mon visage. Mes amitiés à dame votre épouse. J’espère qu’elle a guéri de sa maladie. - Elle vous remerciera. Votre père sera ravi de votre position actuelle. »
Il m’offrit un sourire avant de s’éloigner, clairement peu satisfait de ce qu’il avait obtenu d’Eren. J’enroulai une mèche autour de mon doigt, mal à l’aise avant de retourner sur mon coussin sous le regard des autres nobles. Aucune idée si certains parlaient Braaviens… Mais si c’était le cas, ils avaient sûrement compris bien des choses. Un peu plus sombre que d’habitude, je me fis moins joyeuse et incline à mes rires et autres pitreries, j’avais hâte de retourner dans la chambre d’Eren pour profiter du calme.
Hura
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Argella, Rhaenerys, Helena, Arianne, Myria ... je pourrai tellement en citer. Tellement en décapiter, et rendre aussi nues et vides que le sont leurs crânes, une fois que l'on les a extraits de leur socle soi disant féminin. Je pourrai en faire de même avec les hommes, mais eux je préfère les savoir à pourrir face contre terre, ou en voyant par un nouveau passage sur les sols battus, leurs visages enflés, tordus par la terreur de cette mort qui les a si bien fauchés, plantés. Que leur semence si divine à leurs yeux, soit utile aux terres qu'ils ont si bien violées par leurs égoïsmes et opportunismes éhontés. Alors quand je regarde Hura, qui parle dans une sorte de respect maintenu que le nom ne changera pas pour Argella, je passe ma langue sur mon palais et me fend d'un sourire mauvais. Sa sensibilité et son insouciance en d'autres situation aurait été certainement touchante, et aurait ému jusqu'aux larmes les esprits les plus désoeuvrés. Mais pas moi. Moi je ne la vois pas comme une émotion, un sentiment, mais comme le témoignage qui doit perdurer et marquer les esprits encore revêches. Et des esprits de ce genre dans cette salle de trône, il y en a. Ils sont à genoux, en train de tutoyer de leurs regards encore gonflés d'orgueil et d'une forme d'honneur à leur serment envers l'Empereur, ce qu'ils ont à leur tour créés. Ce ne sont pas des étoiles, pas des rêves et espoirs. Ce sont des ordres de bataille, un chaos rangé par des hommes retrouvés dépouillés de principes les ayant depuis trop longtemps bridés.
J’ai connu l’amour, une fois. Le temps d’un éclat, de quelques années et de tant de voix. De renoncés, pour finalement en être dépouillé. Depuis, chaque jour, je sais que je n'y ai plus le droit. Alors eux aussi, les alignés, les désespérés, les chuchoteurs, ils se retrouveront déplumés, rasés, avec ces nappes et pointes sortant de leur peau pour écouler, vider de ce sang portant les battements de leurs rêves. Et alors que je me prépare à l'évidence de ce rôle auquel je m'incombe, en étant maintenant la seule capable de purifier comme la main punitive des Sept tous les abjects, j'entends Hura me susurrer ces mots concernant son père, pendant que j'entends Whent proférer des insultes à mon endroit et Goldwyne répondre à mes propos avec cette si ennuyante litanie dont j'avais le souvenir. Je relève le menton soupirant longuement, sans pour autant montrer une quelconque dépréciation face une situation sommes toutes, pathétique.
« Ton père. »
Repété-je donc, pour appuyer sur cette information glanée par la conteuse. Il est vrai, que je ne me suis guère souciée de qui était Hura, au delà de notre rencontre. Car je n'ai pas ce temps pour des messes sentimentales, des curiosités qui de toutes manières m'ont été volées. Ma vie ne se révolutionne plus qu'autour d'un seul et unique objectif, et je sers cet objectif. Ils m'ont appris, en me volant, en me tuant, alors que je vis, encore. Ils m'ont poussée à comprendre cette chose indivisible, et indissociable qui maintenant barde ma peau de ses cicatrices, ses échardes, et son sel. Ne lâche rien. Ni aujourd’hui, ni demain. Ne lâche jamais. Deviens. Impose, même si cela te met dans une position détestable, abjecte, qui parfois te donne l'envie de vomir tes propres tripes. Brûle, n'espère plus. Tue, saccage, mais surtout deviens.
« Et pourquoi devrai-je faire quoi que ce soit pour quelqu'un d'absent, Hura. »
Dis-je pour elle, et seulement elle, alors que cet homme s'avance et s'incline pour rendre hommage, au moment même où une procession macabre va se jouer. Car je vais encore faire d'hommes qui ont eu un sens biaisé et baisé de l'honneur, des exemples. Comme tant d'autres. Comme ces crânes. Hura Silarion. Je me ferme de toute expression, ne faisant que fixer avec un certain intérêt, mais un léger éclat moqueur cet homme s'étant cru apte à avoir voie au chapitre. Et, quand ils finissent, que je ne me montre en rien encline à toute discussion avec un braavien qui d'ores et déjà avaient été la cause des maux de mon peuple de sang, je renâcle et sort Corvenin, depuis récupérée et devenu le second coeur de celle que je suis devenue.
« Bien. Maintenant que nous ne sommes plus interrompus par des brosses à reluire, et que certains se permettent d'oublier qu'ici, nous sommes à Westeros, et non sur leurs foutues terres de l'Est ... que ce marchand connaissant ma ... dame ... de compagnie, revienne. »
Et le Braavien se fige dans son mouvement, pivotant vers nous, pour revenir presque au trot comme un chien à qui l'on promet l'os, vers nos personnes. Je sors ensuite une dague du fourreau se trouvant sur ma cuisse pour la lui tendre, main apposée sur la lame, tandis que Corvenin reste toujours serrée dans l'autre.
« Vous souvenez-vous des accords passés par votre peuple avec un ancien roi fer-né mon bon ami ? Parce que moi, je me souviens. Je me souviens de tout. De votre corruption léchant la raie du lâche et lui tendant vos trop grosses bourses remplies d'or. Prenez cette dague, et tournez-vous vers l'assemblée, je vous prie. »
Il me regarde, confus. Moi, je suis on ne peut plus sérieuse. Si il ne s'exécute pas, je me ferai un plaisir d'agir autrement. Alors, dans un souffle le faisant frémir au point que l'on pourrait croire qu'il chie dans ses braies, le marchand s'exécute.
« Et cette corruption, qu'elle soit d'avarice ou d'orgueil, est maîtresse aujourd'hui, bien qu'elle soit mise aux fers, ou en possession de cette dague. Par ces péchés dont nous sommes tous si friands, au demeurant, nous permettent de vivre. Jusqu'à la faute, jusqu'à en vouloir trop. »
J'appose sur l'épaule de ce brave homme la lame de Corvenin, pour bien lui signifier qu'il est maintenant engagé à faire ce que je lui dis. Le temps n'est pas à la négociation, mais à l'action, à la guerre, pure et dure. Il ne sait pas combien à travers chaque génération de la race qui est la notre, combien il y a eu une guerre constante, une guerre pour, ou contre la peur. Ceux qui ont le courage de la vaincre, ou de la museler pour en faire leur arme sont libérés, et ceux qui en sont vaincus souffrent jusqu'à ce qu'ils trouvent le courage de la vaincre, ou que la mort les emporte. Qu'il assume, subisse, comprenne ce que de telles choses impliquent.
« Les Sept m'ont montré cette voie, me gageant de ce que ce trop peut nous faire subir de pire. Maintenant, en ce jour béni où l'Orage a enfin entendu raison, nous allons être témoin de ce que l'avarice peut faire à l'orgueil. Je demande donc à ce cher Braavien de tuer pour obtenir de moi ce qu'il souhaite. Et nous allons commencer par la gauche. »
À savoir Lord Darry. Un long silence parcourt alors la salle. Leur Reine, leur commandante, leur main, demande à ce qu'un braavien tue l'un des leurs. Pour des accords, des sous. Mes plus proches conseillers militaires savent qu'il n'en est rien et restent autant mornes que contemplatifs, le reste ne comprend pas, chuchote, s'effraie. Je ne m'en enquiers pas, concentrée sur les mouvements de ma possible victime.
« Alors marchand. Vous qui enviez la position de cette chère Hura Silarion. Je vous offre la possibilité d'être enfin un homme d'action en mes rangs. Tuez cet homme avec cette dague que je vous ai offerte. »
Tuez. Tuez pour obtenir ce que vous rêvez tellement d'obtenir.
Out on the horizon, a storm is brewing. I let the breakers rush over me and feel the ocean’s heart pounding. Surging through my body, the ocean in me. The tide is turning. The undertow takes ahold of me. I know I can go. I know that it's time.
Eren Hightower
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Sujet: Re: [RP Alternatif - Futur] Paint it black Sam 22 Juin - 13:39
J’inclinai la tête aux mots d’Eren. Elle est en colère et j’avais déjà envie de reculer et de me cacher, mais je reste à ses côtés, en silence. Faire quelque chose pour quelqu’un qui n’est pas là ? Je restai toujours silencieuse, ne sachant que répondre. Parce que la seule réponse que j’avais c’était « Parce que c’est gentil », ne lui conviendrait pas. Enfin si il y aurait peut-être une réponse, mais je ne puis me résoudre à la donner, je baissai les yeux avant de répondre au marchand. Je m’assis ensuite à ma place, serrant mes mains l’une contre l’autre en silence. Falco se figea, tournant la tête vers la reine alors qu’elle donna son ordre. Je me mordis les lèvres en essayant de devenir plus petite à sa remarque sur Essos. Parler Braavien m’avait malgré tout manqué. Falco revient sur ses pas, livide et je me surpris à prier pour lui. Il n’avait rien demandé lui…
Il resta silencieux aux mots de ma reine, qui n’attendaient pas de toute manière de réponse et il le sentait très bien. Plus que bien même. Je me mordis plus fort les lèvres, regrettant d’avoir dû rendre les crânes à la demande d’Eren. Falco essayait tant bien que mal de suivre la conversation en Westerosi, il le parlait et le comprenait moins bien. Il fixa l’arme de ma reine, qui avait sorti son épée. J’aurais pu me détourner, j’aurais dû le faire, je ne le fis pas. Par contre Falco glissa un regard vers moi et je traduisis ce que lui demandait la reine. Il obéit avec beaucoup de réticence. Il avait peur du sang. Je le savais très bien. Ce n’était même pas un secret. Il prit la dague et se retourna vers le public, je me redressai lentement, proche d’Eren sans oser franchir une ligne imaginaire que j’avais tracé au sol pour éviter d’être trop proche d’Eren qui était plus que menaçante.
Avarice, haine, je restai en retrait, il y avait toujours une limite à ne pas dépasser, physiquement avec Eren. Alors je ne le faisais pas. Je tenais à la vie. Je traduisais cependant, juste assez fort pour que Falco puisse entendre ce que la reine disait et il devenait de plus en plus livide à chaque mot, l’épée devait peser lourd sur son épaule. Tuer. Je frémis, je détestais quand elle faisait ça, alors qu’elle n’en avait pas besoin… absolument pas. Mais comment lui dire ? Comment lui faire entendre raison ? Je ne pouvais pas et je le savais. L’utilisation de mon nom complet fut comme une gifle pour moi et je tressaillis sans rien dire alors que Falco me regardait, l’air franchement mal. Je n’approchai pas, mais mes lèvres formèrent les mots braaviens pour un « je suis désolée ». Il me dévisagea avant de regarder les prisonniers. Quelle vie valait moins que la sienne. Il avala sa salive et je détournai les yeux alors qu’il s’approchait maladroitement de l’homme tout à gauche. Je n’avais pas retenu les noms.
Il dut grimacer et frapper à l’arrière de la nuque, parce que j’entendis un corps s’effondrer au sol et il recula en tenant son poignard sans regarder la lame, il respirait vite alors que je regardai Eren. Je ne posais aucune question, je savais que c’était plus qu’inutile. Lui dire que cela ne servait à rien… C’était comme donner des coups d’épées dans l’eau. Je ne comprendrais jamais son désir de vengeance… Jamais. Je ne reculai pourtant pas. Je me mordis les joues attendant la suite du spectacle macabre. Falco se tourna vers Eren, silencieux, il semblait proche de l’évanouissement.
Hura
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Je les vois. Je les vois tous serrer leurs gorges, leurs mains sur des gardes ou des accroches désespérées pour que leurs âmes ne vacillent pas, tandis que d'autres s'extasient, se repaissent de cette exécution en cours. Je veux qu'ils ressentent le mal qu'ils ont d'eux-mêmes engendré, motivé, car mon humanité a été troquée pour la guerre, les ambitions, les exactions. Eren la Garce Mortelle a saigné pour son pays, sa famille. Elle a saigné sa fierté en se faisant congédier par Gardener pour son amourette. Saigné encore, pour ressentir ce qu'elle n'avait jusqu'alors pas ou prou ressenti de toute sa vie, saigné pour donner vie. Aimé, et au final ... déchirée. Je l’aimais follement sans nul doute. Je l’aimais à la folie, je l’aimais de toute ma folie, il me rendait encore plus folle que je ne l’étais. Manfred, que je ressens à chaque instant quand je prends Corvenin en main, quand j'entrevois un homme un brun au port altier sur les chemins que j'emprunte. Je le vois à travers ces hommes, ces femmes, ces enfants, et je ressens encore dans mes entrailles sa présence tout comme cette cruelle absence. J’ai passé des vies près de lui, plus que je ne l'aurai cru, dans tout ce qu'elle a d'éphémère. Pourtant, même si j'ai réussi à savoir qui il était, ténébreux et mystérieux comme un couvent près d’un coucher de soleil, je ne pourrai jamais me poser à ses côtés et observer cet horizon où enfin, des gens comme nous auraient pu exister.
Non, il faut que je les purifie, que je sois ce monstre venu des mers, un monstre ayant finalement réussi à se redresser, et trouver cette bénédiction au delà de la souffrance, ma condition de martyr. J'ai embrassé des sceaux dorés, pour ensuite en être fardée. Que leur sang coule, glisse sans mal sur une peau qui se doit à présent d'être inanimée. Je ne suis pas l'humaine qu'ils attendent, je suis une âme déchirée, déchiquetée, pilée et pillée. Un conte dur, froid comme cet hiver qu'ils entonnent en menace dans le Nord, et ne leur laissera que l'amertume de leurs péchés. Car nous avons tous des contes qui nous ont faits, que l’on fait soigneusement semblant d’oublier. Pour continuer. Comme en cet instant alors que la mort frappe un Darry impuissant face à l'humiliation qu'est sa propre mort. Le coup est maladroit, ne le tue pas de suite. Je vois juste l'écarquillé de ses yeux tenter de me rentrer dans la peau, sûrement pour asséner une prophétie qui n'arrivera jamais à m'atteindre. Car il est trop tard, bien trop tard. Pour prier un quelconque sauveur. Et son corps tombe, sur les marches menant à ce trône devenu bieffois. Son sang se répand, dans un silence de mort. Bien que l'on entende les cliquetis des chaînes, les propos des félons se trouvant encore sur ma droite. Ils appellent de leurs voeux clémence, ou tentent d'aboyer pour intimer la nécessité de raser le règne Hoare comme Hightower.
Je ne flanche pourtant pas. Stoïque, droite. Seul mon menton se redresse le temps d'un regard vers les plafonds de cette salle. Rien ne m'atteint. La rage n'est plus une émotion, elle est une robe noire comme l'encre que je porte chaque jour passant. Je tiens toujours Corvenin près de sa gorge en guise de menace.
« C'est ainsi que l'on se vend, Braavien. Ce n'est pas en versant des sous à un Timbal et en roulant vos langues pour agrandir vos profits que l'on s'engage. Car ce n'est que reculer l'inéluctable. »
Et finalement, j'écarte ce qui pourrait lui couper aisément la tête si je me mettais ne serait-ce qu'en posture de garde, muscles déployés et de nouveau rompus à l'exercice de cette guerre réservée d'habitude aux hommes.
« Vous aurez vos accords sur le sel et les épices à votre disposition. Mais en raison de vos précédents accords passés qui, vous ont été profitables avec l'Empire, vous nous le vendrez à moitié prix du marché. »
Le braavien a fait dans ses habits. Je le vois alors que je finis de le congédier, de voir sa petite personne trop confiante des instants avant, ne plus être qu'une pitoyable brindille. Ce tour de piste avait en réalité deux buts. Montrer que je ne suis en rien complaisante avec ceux tendant des promesses dorées, et que j'étais capable d'instiller un léger espoir de stabilité sous cette main de fer, quand enfin la guerre prendrait fin. Je me tourne enfin vers Hura, blême, tentant de garder contenance face à ce début de massacre.
« Je sais. »
Lui dis-je. C'est injuste, effroyable. C'est une guerre qui va bien au delà d'un rasé de cheveux. Un rasé où pour qu'une boucle, une boucle fer née que j'aurai voulu poser sur l'oreille de Ceryse me rappelle pourquoi je me suis engagée à créer cet océan de chaos, de non existence de chaque être qu'ils représentent. Mon plan n'en a pas fini de continuer, et pas même une quelconque vague venue de ces grands yeux brillants, de cette bouche généreuse aux mots si clairs et mélodieux, ne pourra m'arrêter. Je bande alors mes muscles, serrant mes mains sur la garde de Corvenin. Elle sait ce qui va survenir, encore. La mort. Le besoin de répandre le sang. Je lève lentement mon épée au-dessus de sa tête, avec chaque mouvement empreint d'une tenue calculée, précise et mesurée. Le silence est assourdissant, seulement interrompu par le souffle rauque de l'homme agenouillé et les lamentations auxquelles je suis à présent sourde. Je sens leurs regards à nouveau rivés quand ils entendent siffler et voient avec quel mouvement preste j'exécute la sentence. Puis, en une fraction de seconde, l'épée s'abat avec une force et une grâce terrifiantes. La lame tranche net, décapitant l'homme en un coup sûr et précis, et le corps s'effondre lourdement au le sol. La tête de Massey roule un peu plus loin, les yeux encore ouverts dans une expression figée de terreur.
« Et si Braavos veut plus, qu'ils me rapportent Allyrion. Ensuite nous renégocierons. Que les deux autres soient pendus et jetés depuis les remparts de ce château. La pierre ne mérite pas de se faire vicier encore deux fois de leur sang empli de merde. »
On embarque donc Whent et Goldwyne, pendant que je pivote sur mes deux pieds dans un mouvement digne d'un soldat, le soupir de l'ennui fusant d'entre mes lèvres, tandis que je nettoie la lame avec ma cape, consciencieuse, en rien secouée par ces sentences. Et je lui souris doucement, m'approchant enfin d'elle pour lui donner mon entière attention. Même si ce sourire n'est pas honnête.
« J'ai tellement été blessée au coeur, que je souris pendant que je saigne. »
De leurs mots, et maux. Car finalement, même si je me me montre détachée, sourde, je les entends tout de même dans un lointain écho. Et leur estafilade, aussi petite soit-elle me remet le goût en bouche. Et je fais comme lui alors, passant ma langue sur lèvres et dents, pour me repaître de ma propre saignée.
« Viens, nous allons les suivre jusqu'aux remparts. »
Lui dis-je sur le ton de l'ordre plus que de l'invitation. Abrupte, sèche, droite, une démarche faite en toute confiance pendant qu'un garde loyal, nous suit à la côte. Je finis par reprendre la parole quand nous avons fait la moitié du chemin, avec la procession engagée pour cette prochaine exécution.
« Il n'y a rien de beau à conter dans la guerre. Et même si tu ne peux le supporter, tu te dois de le supporter. »
Out on the horizon, a storm is brewing. I let the breakers rush over me and feel the ocean’s heart pounding. Surging through my body, the ocean in me. The tide is turning. The undertow takes ahold of me. I know I can go. I know that it's time.
Eren Hightower
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Sujet: Re: [RP Alternatif - Futur] Paint it black Mar 2 Juil - 22:29
Je regardai, silencieusement, parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire. Ce qu’on voyait là, c’était juste la douleur d’une femme qu’on avait torturée jusqu’à ce qu’elle se brise et avec qui on avait joué jusqu’à encore la briser. Juste… par jeux. Elle avait mal, et elle ne savait plus comment apaiser sa douleur. Et moi je tentais autant que possible de l’aider, de panser ses blessures. Mais plus je tentai, plus elle déchirait les bandages pour s’infliger de nouvelles plaies. Sauf que je ne voulais pas l’abandonner. Je voulais qu’elle survive et qu’elle… qu’elle aille mieux ? Rien qu’un peu. Machinalement, je traduisis à Falco qui ne regardait pas du tout le cadavre qu’il venait de créer. Il s’étrangla à ses mots avant de s’incliner et de commencer à partir d’un pas raide. Il s’était fait dessus… Falco n’avait rien fait pour mériter ça. Mais je ne dis rien, cela ne servait à rien. Je croisai le regard de ma reine. Elle savait et je haussais les épaules. Est-ce qu’elle savait vraiment ce que je voyais ? Ce que je ressentais pour elle ? J’avais de la peine, je voulais l’aider. Elle le savait ? J’en doutais. Je me mordis légèrement les lèvres en inclinant la tête.
« Peut-être pas. »
Fis-je simplement en m’obligeant à la regarder tuer, encore et toujours. Condamner. Encore. Je traduisis une dernière fois pour Falco qui inclina la tête. Braavos verrait. Moi, j’en voyais assez. Je rajustai le coussin ainsi que tout ce que la reine avait touché pour les remettre à leur place. Mais le problème c’était que me rappeler de mon nom de famille, faisait remonter des tas de souvenirs que je voulais oublier. Je posais mon regard sur la reine à ses mots et je tendis brièvement la main pour effleurer son poignet.
« Je préfère quand vous ne saignez pas… »
Je m’inclinai pour lui faire signe que j’étais d’accord. Ce n’était pas comme-ci j’avais le choix, n’est-ce pas ? Je la suivis donc en silence dans les couloirs, beaucoup plus nerveuses depuis la discussion du Braavien et de la proximité du garde. Je restais et à bonne distance et silencieuse jusqu’à ce qu’elle me parle. Je restais silencieuse un nouvel instant supplémentaire avant de lui sourire simplement.
« On endure beaucoup de chose. Je l’ai appris. Je sais endurer. »
Plus qu’on ne le croit. Plus qu’on ne peut le penser. Je fis un nouveau pas sur le côté pour éviter de frôler le garde, je n’avais pas envie de m’approcher trop d’un homme. Je sursautai quand un courtisant me frôla, faisant même un bond sur le côté avant de me secouer et rejoindre Eren en trois pas. Curieusement, j’avais hâte de me réfugier dans a chambre, ou la sienne, pour que cette journée se finisse.
Les remparts. Le vent fouetta mon visage et je frémis légèrement en m’entourant de mes bras pour me protéger du froid, m’approchant à nouveau d’Eren pour être à porter de ses murmures. Si elle avait envie de parler bien sûr. Les courtisans parlaient derrière nous et j’aurais préféré qu’ils se taisent tous. Le temps qu’on arrive, la pendaison était prête. Je me forçai toujours à regarder, encore et toujours. Heureusement cela ne durait que rarement trop longtemps. Mais machinalement, profitant qu’on soit assez proche et qu’elle ait sa cape, je pris juste sa main pour la serrer silencieusement. Je ne savais pas si c’était pour me rassurer moi ou la soutenir elle. Je retiens toutes mes grimaces quand les corps tombèrent avec le bruit des vertèbres brisé. Je n’aimais pas ça. Pas ça du tout. Mais je restais aussi stoïque que possible. Je recommandais les âmes à leurs dieux avant de regarder Eren pendant une longue seconde. J’avais envie de lui demander si elle se sentait mieux, mais on soigne pas une blessure en s’ouvrant les veines, pas vrai ? Je sentais que la journée allait être longue. Très longue. Mais puisque j’étais… la bouffonne ? La dame de compagnie ? Je n’avais toujours aucune idée de mon rang.
« Vous devriez rentrer majesté. Il commence à pleuvoir. »
J’aimais la pluie, j’aimais vraiment bien danser sous la pluie. Je levai la tête vers le ciel en fermant les yeux. C’était agréable de sentir les gouttes tomber sur mon visage. La pluie, c’était la même partout. Alors quelque part, tant qu’il pleuvait, je pouvais retrouver un peu de mon chez-moi, n’est-ce pas ? Je sentis les gouttes tomber de plus en plus et pourtant je ne bougeais pas, à part si Eren me tirait, mais pour l’instant, je profitais de la pluie. Elle nettoyait tout.
Hura
Messages : 66 Membre du mois : 0 Maison : Les chattes Humides Célébrité : Anya Taylor Joy
J'entends les souhaits de Hura. Je les entends comme j'entendrai Ceryse ou Elara me dire d'arrêter cette folie. Que le sang ne doit pas couler inutilement, qu'il ne doit pas ainsi se répandre au détriment de ce que je suis censée être. Une femme, une guerrière, et avant tout leur mère. Malheureusement, aussi douces que soient ces paroles, ces attentes à jamais écrasées par les ambitions de ces loups galeux, je n'arrête pas. Je me détourne encore et à jamais de ces appels car je me suis fait la promesse d'aller jusqu'au bout et atteindre tout, comme tout m'a été arraché. Alors quand la blonde dit qu'elle préférerait ne pas me voir souffrir, je souris encore. Car je n'oublie pas. Le fer prix dans mon royaume d'origine est le prix du sang que vaux chacun, homme, femme ou enfant. Quiconque tue un homme doit en payer le prix ou mourir à son tour. Quiconque tue une descendance doit mourir. Et si je dois mener croisade pour que cela se fasse, être objet d'une Foi qui de toutes manières sombrera comme le reste, cela me va.
Hura a raison. On endure beaucoup de choses. Je sais d'ailleurs qu'à ma façon je lui fais endurer. Je leur fais endurer. Nous endurons tous pour quelque chose menant aux confins des âmes, où l'horreur, l'inconnu et son vide nous sont encore peu familiers. Sans doute est-ce pour cela que j'ai choisi de garder Hura plus que toute autre femme à mes côtés, pour qu'elle sache, qu'elle soit témoin des errances, des pitances de ceux qui ont un jour fait croire sous leurs fondations que régnait la vérité. En cet instant, face aux remparts desquels seront jetés Goldwyne et son dernier compagnon, je me tiens droite, et ne vacille pas. Je ne montre aucun signe de faiblesse bien que je porte plus que ces capes et les tissus noirs du deuil et de ma colère contre ce monde de chiennes hypocrites. Alors quand elle prend ma main, quand je sens dans l'entrelacé de nos doigts ce besoin de serrer, je ne sais si elle cherche un appui face à l'horreur de ce que peut être tout un chacun, ou bien me soutenir alors qu'elle sait pertinemment que je la tire dans les abysses et le chagrin d'un monde pas si beau que cela. Je regarde Goldwyne, attaché, la corde au cou, une dernière fois avant qu'on ne les balance au delà des pierres et devant ce qu'il reste des orageois. Je vois dans son regard toutes ces choses refoulées me concernant depuis notre première rencontre. Oui, pense, Goldwyne. Pense que je suis mauvaise, horrible. Pense que je suis sadique et tourmente toi de cette vision ... ah. Ça y est on le pousse, et je sais que la chute causera sûrement la rupture de sa nuque. Sinon, il finira étouffé en observant une dernière fois les conséquences de ses choix. J'inspire une grande goulée d'air alors, et je sens ce frisson me prendre au corps, violent, fracassant comme la vague, mais à la saveur sans pareil. Qui donc avait osé prétendre que la vengeance ne profitait à personne et n'apportait rien ?
Je me tourne alors vers eux, échaudée, soulagée de laisser derrière moi encore une partie des malices qui m'ont été imposées tout au long de ma vie. Je retire ma main de celle d'Hura pour la prendre au bras, lui intimer de me regarder droit dans les yeux pour qu'elle comprenne que c'est ainsi que j'arriverai au mieux à l'enfoncer avec moi, si tant est que c'est son choix de se noyer effectivement avec moi.
« L'Empire a peur ! Et il a raison. Nous sommes des chevaliers, des guerriers. Et bien qu'ils en aient aussi, nous nous savons combattants. Si l'on ne veut pas guerroyer, reste chez toi, nous ont-ils dit. Cultives la terre, gardes les moutons et pêches en mer, mais ne montes jamais sur un navire pour devenir soldat. Pourtant, tous ont été forcés de se battre, et pourtant seul un sur trois ou quatre en a les tripes. Les autres qui n'ont pas eu le choix sont des fermiers qui ne veulent que fuir. Mais nous, nous avons su faire des moutons des bêtes carnassières pour tenir enfin ce qu'ils auraient dû tenir depuis bien longtemps si l'on les avait préparés. Maintenant, nous sommes loups contre mouton. Quoiqu'en dise cette vieille croûte de chien de Stark !!! »
Les voix s'élèvent, les applaudissements tout comme les frappes métalliques sur les armures ou sous les solerets encore portés par ceux ayant rejoint le peloton d'exécution après annonce. Et je me souviens soudain de mon père, alors que nous regardions la côte grisâtre depuis les murs de Noirmarées. "Regarde et apprends", m’avait dit mon père, et j’apprenais. Que pouvait faire d’autre une enfant dont la voix n’a pas mué, dont la conviction ne s'est pas encore complètement renforcée ? "Un homme sur trois est un guerrier" lui aussi l'avait dit. "N’oublie pas les ombres qui marchent, prends garde à la brèche dans le mur de boucliers, une rivière peut devenir la route qui conduit une armée au cœur d’un royaume. Regarde et apprends." Et j'ai appris aux heures les plus insouciantes de mon enfance, jusqu'à la joie de connaître enfin au delà des murs de bouclier ce qu'est d'aimer, malgré tout. Je ferme alors les yeux.
« Vous devriez rentrer majesté. Il commence à pleuvoir. »
Me dit-on. Je rouvre les yeux et les élève vers les épais nuages de nuances de gris plus ou moins ombres. Je sens les premières gouttes tomber sur ma peau et effacer la crasse de cette journée. J'entends plus loin le glas de la Sanglante, portant encore aux oreilles notre victoire, annonçant les faits. Et je sais. La prochaine étape se jaugera aux frontières de l'Ouest comme on m'en a fait part. Après tout ils n'ont plus vraiment le choix.
« Non. Je reste encore. Commencez le banquet sans moi. »
L'homme s'incline, se retirant comme le reste. Il n'y a plus que moi et Hura à présent, sous cette pluie se faisant plus bruine que déluge, mais nettoyant quand même les lieux des vices, et étouffant les flammes de ces rôtis de maison d'Accalmie. Je me souviens de Stig, de cette fois, lors des funérailles de celle qu'on me prêtait pour mère. Nous étions ainsi, sur les remparts à observer ce monde qui tentait de nous engouffrer, nous empêcher de lutter. J'avais le pied sur la pierre à fixer l'horizon, comme en cet instant.
« Cela peut te paraître à peine croyable face à une telle tapisserie, Hura. Et pourtant ... malgré les envies d'un fou s'étant cru capable de nous faire taire, pour se servir de nous comme ses torches cul, nous avons connu la paix. Nous avons semé nos champs et su que nous vivrions jusqu'à la récolte. Des moments où tout ce que nos enfants savent de la guerre est ce que les poètes leur chantent. Des moments rares ... si rares quand on y pense maintenant, putain. Pourtant, j'aurai voulu essayé d'expliquer à mes filles ce qu'est la guerre. Je leur aurai sans doute dit que c'est mauvais, que cela mène au chagrin et à la douleur, mais elles ne m'auraient sans doute pas crues. Je leur aurai dit d'aller dans les bas fonds et de voir les hommes estropiés, de se tenir près des tombes, et d'entendre les veuves pleurer ... mais elles ne m'auraient pas crues. »
Je tends mes mains, paumes levées vers le ciel, les marquant à leur tour de cette humidité à la fois salvatrice, mais dérangeante dans son collé de peau.
« Au lieu de cela, les enfants avant les miens ont écouté les poètes. Ils se sont laissés embarquer dans le rythme battant des chansons, qui s'accélère comme un cœur en bataille. Ils ont entendu les histoires de héros. D'hommes et de femmes aussi, issu d'un commun, d'un inattendu. Qui ont porté des lames contre un ennemi qui voulait nous tuer et nous asservir. Ils ont entendu les gloires, et dans les cours de château, dans les rues et talus, ils jouent à la guerre. Ils frappent avec des épées en bois contre des boucliers en osier, et ils ne croient pas que la guerre est une abomination, une réalité qui peut couper des têtes. »
Comprendra-t-elle où je veux en venir ? Ce que je souhaite au delà du chaos qu'ils ont engendré de leurs égoïsmes ? Que sous les échardes de mes roses prêtées à la fragilité des dames, l'on voit le sang, la poix, qui de leur mélange ont noirci les pétales si délicats. Que ce "conte" qu'elle retranscrira, portera de sa voix, soit capable de faire comprendre aux dernières âmes saines qu'il leur faut. Il leur faut croire que la paix n'est jamais acquise. Que jamais il ne faut relâcher son attention, ses convictions, sous peine de voir ces trésors que nos vies sont capables d'amener à nos pieds, se faire tout bonnement écraser par un pied non désiré. Mais peut-être est-ce peine perdue, et qu'elle ne comprendra qu'à la toute fin, que rien n'est jamais acquis. Rien.
Out on the horizon, a storm is brewing. I let the breakers rush over me and feel the ocean’s heart pounding. Surging through my body, the ocean in me. The tide is turning. The undertow takes ahold of me. I know I can go. I know that it's time.
Eren Hightower
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Sujet: Re: [RP Alternatif - Futur] Paint it black Dim 14 Juil - 12:43
Je frémis, légèrement face à l'excecution. Que pouvais-je faire d'autre ? Rien, absolument rien. Alors je restais aux côtés de la reine. Je fermais les yeux un instant avant de les rouvrir pour plonger mon regard dans la brune en silence. Je restais muette alors qu'elle essayait de planter quelque chose en moi. Si je comprenais ses mots, ils ne s'enracinaient en moi. Je n'étais pas elle, je n'étais pas une guerrière, et je ne le serais jamais. Loup ou mouton, je ne serais jamais ni l'un ni l'autre en réalité. Je n'étais pas dans cette vision; jamais je ne l'aurais été. Jamais. Je soutiens ce regard pendant quelques secondes supplémentaires alors que tout le monde semblait soutenir ce discours. Qu'est-ce que je pouvais faire ? Dire ? Je posai ma main sur la sienne avant de répondre :
" Je ne serais jamais un loup ou un mouton. Je ne pourrais jamais brandir une lame, mais je ne pourrais jamais suivre le troupeau."
Parce que ce n'était pas mon monde, je n'étais pas normal, je le savais très bien, mais je crois que c'était aussi pour ça que j'étais en vie et qu'Eren m'aimait bien. Je levai les yeux pour sentir l'eau couler sur mon visage. Je ne rentrais plus jamais à la maison, mais qu'importe, non ? Ma famille me manquait toujours, comme u doux rappel de ce que l'existence avait été un jour. Alors, je savourais la caresse de la pluie sur mon visage alors qu'Eren parlait. Les contes et les histoires ne devaient être prit que pour ce que c'était : des histoires et rien d'autre.
" Les mythes et les histoires sont deux choses qu'on ne doit pas mêler à la réalité. Ce n'est pas un conte noir que tu écris. C'est une page de l'histoire que tu écris. Si ce n'est un tome entier."
J'eus un petit rire avant de tourner sur moi-même en écartant les bras. Je voulais danser, véritablement. Je fermais les yeux avant de les rouvrir pour fixer le ciel.
" Le monde n'a pas beaucoup de lumière... "
La sienne vacillait toujours tellement... Je voulais juste qu'elle brûle plus fort. Je m'approchai d'elle en posant ma main sur sa poitrine avec douceur.
"Je n'ai pas envie que... Ta lumière s'éteigne totalement Eren... Tu as tellement... Vraiment de choses douces en toi... mais elles sont cachées par les cicatrices."
Je m'éloignai de quelques pas avant de fermer les yeux et de me mettre à danser sur les pierres mouillées de la muraille. Je n'étais plus ici, j'étais dans une salle de bal avec un danseur exceptionnel qui m'accompagnait. Je dansais, les yeux clos, pendant quelques secondes avant de rouvrir les yeux pour regarder Eren et faire trois pas vers elle pour venir l'étreindre et poser mon menton contre son épaule.
"Je ne sais pas pour les autres, mais moi je sais qu'au fond, tu es quelqu'un de bien et c'est juste... Que tu as mal. Je voudrais tellement te soulager un peu plus. Mais moi, si cela à juste un intérêt pour toi, moi je t'aime fort."
Je lui offris un grand sourire rassurant avant de recommencer un peu à faire quelques pas sur le parapet. Après une infime hésitation, je me hissai sur les pierres pour toucher un peu plus le vent du bout des doigts. Je m'accrochai à la pierre pour ne pas glisser. Au pire, cela serait juste la mort.
J'eus un cri de terreur quand une mai, se referma sur mon poignet pour me tirer en arrière, un garde, il avait du croire que je voulais sauter. Ce que je fis, en arrière, sur le chemin de ronde, battant même en retraite derrière Eren. Je détestais qu'on m'accroche ainsi, j'avais l'impression d'être de retour au bordel. Je restai immobile pendant quelques secondes livide.
Hura
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Une étrange candeur me frappe, alors que nous sommes sous ces brumes offertes par un monde qu'un jour, malgré sa dure réalité me frappant aux côtes comme au fond de mes entrailles, j'avais trouvé beau, incroyable. La caresse des gouttes rappelle à ma personne, ne serait-ce qu'un temps la vulnérabilité de ce qui fait ma peau, mes chairs. Je sens sur mes paumes la brûlure se lever suite aux exécutions, et au fait d'avoir participé à ces destructions, quelques jours plus tôt. Plus le temps passe, plus sous le calleux de mes mains je ne ressens plus cette différence, dont parle Hura. Histoire, mythe ... pour moi rien n'a vraiment d'importance. Car ici, en marchant au milieu de leurs espérances, de leur devoir et misères d'un monde qu'ils ont depuis trop longtemps accepté pour suivre ce qui les arrange, je me tiens en faisant de la réalité et ces mythes les miens, avant cette "mort" que je prépare secrètement. Pour vivre, une dernière fois la violence de ce dernier rêve, et leur imposer ma réalité.
Hura est à l'image de cette pluie, finalement. Elle me rappelle sous les couches, le rêche, les cicatrices comme elle le dit, combien je reste encore humaine. Combien comme ces autres que je fais irrémédiablement chuter de leur piédestal, et qui finalement, ne sont rien que des tas de chair, d'os et de vices égoïstes. Je lève les yeux vers ce ciel donc, ce ciel si gris, si sombre, porteur de cette pluie qui me nettoie, et m'arrache les derniers berceaux de mon humanité, le temps de son apparition. Jusqu'au passage des ces doigts, l'entente de ces clapotis sur le sol, me rappelant la présence de la blonde demoiselle. Et je me fais transporter, dans cette étreinte qui survient, malgré nos conditions. Je me rappelle de ce que secrètement j'ai espéré voir, un jour avec d'autres filles qu'Hura. Des cheveux plus sombres, les traits partagés de nos lignées, à moi et à Manfred. Elle me dit que je suis quelqu'un de bien. Peut-être, sans doute l'ai-je été, parfois. En apprenant à être autre chose que cette guerrière, et remarquer avec le recul, ce que c'est d'aimer, plus qu'on ne veut se l'avouer. Peut-être, oui, ai-je regardé mes filles, et aurai-je aimé encore les regarder, les voir s'émerveiller lorsque l'âge leur aurait été profitable, ces étendues infinies qui parfois semblent si étouffantes et magnifiques sous les montées de brouillard. Qu'elles ressentent au fond de leurs tripes les roulis, et comprennent sous nos sacrifices communs, l'image que nous avions d'un vrai royaume.
Et, comme les vagues emportant en fracas les corps et bateaux dans ses tempêtes, mon corps soustrait violemment l'émotion qui montait alors en moi, et n'y laisser à nouveau que rien ne pourra nettoyer le sang sur mes mains. Ce qu'elle aime, c'est une illusion. Une belle illusion, si il en est. Mais la guerre est ce qu'elle est. Elle nous dévore, jusqu'à ce qu'on décide de ne plus se faire écharper, et la dévorer en retour. Et je dois dévorer le dernier Braenaryon ainsi que ses alliés. Je suis Eren Hightower, Eren Hoare, dernière de chaque lignée par le sang ou le mariage. Je suis toujours indomptable, arrogante et cruelle. Je suis le roi de la Danse du Jour du Jugement. Je suis un cyclone, leur destruction. Je suis la grande terreur, je suis la malédiction du monde. Je suis imparable, et je brise toutes leurs créations en mille morceaux ! Je suis la discipline ignorée, comme l'indisciplinée. J'embrasse mon ennemi dans sa lutte avec la mort. Je suis indomptée, je suis tempête. Je suis plein d'une agitation brûlante. Alors je me tais, et la laisse danser, cette brûlure est passée.
Soudain, c'est son cri qui me ramène, loin de cet océan de mélancolie, de sang et de miasmes vers lequel je ne cesse de tourner mes yeux. Détresse, souffrance. Je reconnais ceux-ci car un jour je les ai aussi prononcés, en des temps lointains, avant que d'autres ne les subissent. Et je pose donc mes yeux à nouveau sur Hura. Pour voir cette scène, avec ce garden et la blonde revenant vers moi. J'inspire et bande donc mes muscles, devenus plus rompus à force de campagnes et batailles et imposant toute ma présence et le danger qui peut émaner de ma personne. J'avance vers lui, faisant fi de l'état de terreur dans lequel se trouve Hura. Le garde s'incline, sentant bel et bien qu'il m'a contrite.
« Mes excuses, ma Reine j'ai cru que ... - Qu'elle allait tomber ? - Oui. - Et donc. Votre rôle est de surveiller les alentours afin d'éviter toute intrusion. - Mais la chevalerie ... - Nous sommes en guerre. Et si elle choisit de tomber en tout état de cause, vous savez pertinemment que vous n'avez pas à interférer avec ce que la vie impose. »
C'est sommes toutes cruel, d'acter ainsi qu'elle n'a pas tant de valeur que ça. Mais c'est aussi une manière de mettre une barrière nette, de rappeler les rôles de chacun et leur importance.
« Allons manger. Souhaitez-vous que l'on vous porte quoi que ce soit aux baraquements ?»
Le garde me regarde, surpris, si ce n'est choqué par ce revirement de situation et de ton. Sans doute s'attendait-il à ce que je l'exécute, le frappe. Mais ce n'est pas le cas. Je ne me considère pas comme juste, ou magnanime, encore moins faible, si tant est que ma question puisse apparaître comme une douceur. C'est du pragmatisme. Sans un sustenté nécessaire, alors que d'autres participent aux festivités, les gardes restés en poste seront moins enclins à leurs tâches. Alors la compensation se doit d'être actée. Une fois sa requête actée, et ses remerciements bredouillés dans cette incompréhension le frappant encore, je tourne les talons.
« Ta réaction était disproportionnée par rapport à l'acte. »
C'est ma façon de lui dire que j'ai conscience du pourquoi, mais pas du comment. Que j'en connais les formes, mais pas le fond.
« Ton père, ta famille. Au final n'en ont rien eu à foutre, je trompe ? »
Rien eu à foutre de ce qu'elle a subi. De cette maltraitance, ces souffrances, que j'évoque sans les mots.
Out on the horizon, a storm is brewing. I let the breakers rush over me and feel the ocean’s heart pounding. Surging through my body, the ocean in me. The tide is turning. The undertow takes ahold of me. I know I can go. I know that it's time.
Eren Hightower
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Sujet: Re: [RP Alternatif - Futur] Paint it black Mar 6 Aoû - 13:22
Je restais en arrière, dans le silence le plus complet. Je n'aimais pas revire tout ça, alors que c'était derrière moi depuis bien longtemps. Je tirais légèrement le bord de mes manches trempées par l'eau de pluie. Je préférais ne rien dire, me faire oublier. Oublier même ces mauvais souvenirs qui me hantaient terriblement. Je n'avais pas voulu causer d'ennuis au garde, je n'avais pas voulu fâcher Eren. Je restais à regarder les rochers en contre-bas jusqu'à ce qu'Eren s'en aille. Je la suivis aussitôt à petits pas avant de détourner les yeux à sa remarque. C'était faux ! C'était très différent de ce qu'elle pouvait imaginer. Je fis une moue silencieuse avant de répondre, laissant mon sourire revenir sur mes lèvres. Disproportionné...
" Je suis désolée... Je n'ai pas fait exprès. Il m'a surprise. "
Ce qui était vrai. J'étais dans mon monde et il m'en avait brusquement sortit en ramenant des mauvais souvenirs au passage... Quant à la suite de ses mots... Je soufflais avant de formuler un début de réponse.
" Ce n'est pas ce que tu crois. C'est un peu plus..."
Compliqué ? Particulier ? Il m'avait vendu, oui... Mais il n'avait pas fait ça de gaieté de cœur ! Mais parce qu'il n'avait pas le choix ! Il avait eut besoin d'argent pour ses affaires... Tout le monde aurait fait pareil je crois. Je tordis une mèche de cheveux pour en extraire quelques gouttes d'eau. Je préférais ne pas parler de cela.
" Ce n'est rien tu sais. Il m'a juste surpris. Ma famille a toujours été gentille avec moi. "
Pas toujours, pas souvent. Mais on ne parlait pas des choses tristes... Et cela ne me soulagerait pas de toute manière. Cela ne me rendrait pas plus heureuse d'en parler. Je profitais que nous soyons seules pour la tutoyer, je changerais de ton quand nous serions en public. Et de toute manière concernant ma famille je ne voulais que me rappeller les belles choses qu'il y avait eut. Je haussai les épaules avant de la doubler pour lui ouvrir la porte et de m'incliner devant elle mon sourire toujours sur les lèvres, joyeux et heureuse petite Hura.
"Après vous majesté !"
C'était visiblement l'heure de la fête ! Alors je m'installais debout derrière elle et récupéré ce qu'elle me donnait à manger. Il ne fallait pas plaisanter, je n'allais pas m'asseoir avec les nobles. Je n'étais plus noble depuis longtemps. Je secouais la tête pour chasser toutes ces pensées avant de me pencher pour écouter la reine et obéir à sa demande. Le spectacle du jour et le ballet de mes souvenirs m'avait coupé l'appétit si bien que je ne touchais presque pas à la nourriture qu'Eren me donnait. D'autres la mangeraient. J'écoutais le monde sans en être vraiment. Je n'avais pas besoin de toucher à des cicatrices et les rouvrir ne me feraient que plus de mal. Autant garder la belle lumière du monde, pas vrai ? La vengeance ce n'était que le chaos et la désolation.
La musique se mit à résonner joyeusement. Mon regard se porta sur Falco qui visiblement avait été invité à se joindre à la fête. Seul. Il se leva pour s'approcher silencieusement de moi et de la reine, à qui il demanda avec force politesse si elle acceptait qu'il m'enlève le temps d'une danse. Obtenant visiblement son accord il se tourna vers moi et me le proposa directement. J'inclinai la tête et il prit délicatement ma main avant de m'entraîner sur la piste de danse.
" Dansons comme à Braavos Dame Siralon."
J'inclinai la tête, c'était des choses que je connaissais par cœur, alors au milieu des autres couples de Westeros dansant pour le bon plaisir de la reine et de ses batailles, Braavos dévoila ses pas souples et rapides. Je dansais à nouveau et un petit sourire aux lèvres pour me faire du bien au coeur. À nouveau j'étais dans la demeure de mon père. Juste le temps d'une musique. Jusqu'à ce qu'il me ramène derrière la reine et ne me regarde avec attention avant de reprendre en Braavien :
" Les choix de ton père pour sa fortune sont dommageable. Tu aurais fait une épouse convenable pour moi fils. Mais il ne prend que celle d'une vie et pas d'une nuit..."
J'inclinai la tête sans rien dire avant de détourner les yeux pour regarder Eren. Falco était parti. Son insulte était subtile, l'épouse d'une nuit. Une putain qu'on baise et qu'on laisse. Je ravalais à nouveau tous mes souvenirs et la tristesse, mais je commençais à avoir mal aux jambes, j'aimerais que ce banquet se termine. Mon sourire tomba jusqu'à ce que je croise à nouveau le regard d'Eren et qu'à nouveau je me mette à sourire.
Les ténèbres sont toujours là dans mes souvenirs, mais il me restait Eren et mes histoires et le reste du monde. Tout n'était pas triste et je devais rester concentrée sur la lumière.
De toute manière, ce n'était pas moi qui devrait avoir honte mais les hommes qui payaient pour avoir ce genre de rapport. Pas vrai ?
Hura
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Après cet épisode empli d'une gravité sans nom, où la mort s'est faite mon alliée de prédilection et le poids me soulageant peu à peu des maux ayant secoué mon existence, voir Hura faire preuve de cet enthousiasme débordant comble en soi les saignements que je me suis due de subir pour enfin faire table rase. Avec ces nobliaux félons, ces abrutis s'étant crus assez malins pour assujettir l'idée tâche de ce couple illusoire d'impériaux. Alors que depuis le début, c'était mon époux, qui s'était montré le plus honnête, droit, et sans doute aussi le plus monstrueux, pour eux. Et sans doute regrettent-ils que ce ne soit pas lui, à ma place. Mettre au pas durant un collège exceptionnel, me faire porteuse d'une Foi qui au final ne vaut pas mieux que le reste, tout cela je l'ai fait dans le seul but de les faire tomber. Et ramener la tête de Rhaenys ainsi que de son dragon avaient par les faits, assis ma légitimité. Par la peur, la puissance. Je n'avais pas peur de ces êtres d'écailles considérés comme dieux. Vint alors la débandade du Conflans, et ces attaques directes.
Mais tout cela s'estompe heureusement, quand je la vois bouger, s'enthousiasmer. Elle, que j'ai récupéré sur les chemins, sans savoir de quoi serait fait cet avenir, si ce n'est de mort, de vengeance, avec ce coeur qui ne fait que se briser et se briser encore. C'est beau à voir, même dans un moment où le festin est fait pour célébrer l'après d'une exécution, de la fin d'une victoire faite dans le sang, les larmes et les crachats de fiel. Cela me fait croire, que même après l'éviction de tout, et ma disparition une fois mon devoir accompli, il restera ce genre de lumière, de pincement au delà du chaos généré. J'inspire, frissonnant en sentant encore la caresse humide de cette pluie sur ma peau, et son poids alourdissant mes cheveux ainsi que mes habits.
« Merci à toi. »
Dis-je d'un ton neutre, en portant mon regard vers cette salle remplie de soudards, de nobles soldats m'ayant suivi envers et contre tout, par peur ou par admiration. Ils m'observent pour certains, clament à mon arrivée de ces feux de joie que l'on connaît quand l'on sait le roi victorieux arrivé auprès des siens, une fois ses affaires conclues. Mais là, c'est une reine, une reine ayant rallié tous ceux s'étant retrouvés floués par un Empire ne leur donnant guère autre chose que vilénies, hypocrisies et trahisons. Si il y a une chose dont je peux être fière, même si c'est dans une solitaire et entière conviction me menant vers une destinée que je me suis imposée en dernier chant, c'est de voir que le gage d'honnêteté a finalement porté ses fruits. Il y a eu ce discours, avant que je ne m'attable, félicitant l'engagement des seigneurs et saigneurs, vengés pour de bon de la malice et perfidie de la Durrandon. Les chopines et autres contenant à breuvage alcoolisé se sont levés, et nous avons bu à cette gloire.
« Et revoilà l'autre abruti d'essosi qui a chié dans ses braies prêt à faire valoir sa présence. »
Maugréé-je alors qu'Hura était partie danser, après avoir goûté ce que je lui donnais. Je casse entre mes doigts les os d'un coquelet. Bien sûr j'avais concédé à sa demande de danser avec Hura, dans le seul but d'observer les interactions entre les deux protagonistes. Sans doute est-ce odieux de ma part, mais je n'en ai que faire. Tant que cela me permet d'établir les fondements de cette tension entre eux, d'observer le langage corporel, et entendre les implications qui seront faites dans leurs palabres. C'est ainsi que se voulait le jeu politique, quand la Cour bieffoise existait encore sans tous les heurts de la guerre. Les hommes à mes côtés rient. Le seul qui ne le fait pas et se tient sans doute dans la même posture, c'est Florent. Le Renard n'est guère prompt à se laisser duper, lui aussi. Il observe, prête attention aux détails, encore, toujours. Cela doit faire plus de quarte mois qu'il n'a pas revu femme et enfants. Et pourtant, il reste inflexible, vivace, jusqu'au-boutiste et prêt à la conquête. Je n'aurai jamais cru trouver plus implacable et loyal général et pourtant ... nos regards se croisent un bref instant, sans qu'un sourire ne soit offert en guise de réponse. Tout reste solennel, sérieux. Des points essentiels au regard de ce que nous venons de vivre avec la campagne orageoise.
Finalement, ils ont fini de danser. Le chie dans ses braie s'en va, le sourire aux lèvres, alors que je vois le teint de Hura, déjà bien blanc habituellement, se faire plus blafard. On devrait presque la soutenir dans l'urgence, si tant est qu'elle ne restait pas lucide. Ce qu'il a dû lui dire sur son passé l'a complètement retournée, et je reconnais là ce que l'on m'a servi pendant des années sur le pont de ce boutre. L'humiliation, le fait d'être considérée moins qu'un humain. Je n'ai pas été Hura. À baisser la tête, me laisser marcher sur les pieds. Je la juge oui. Je la condamne ? Pas du tout. C'est juste navrant de la voir ainsi, mais qu'y puis-je ? si elle ne dit rien, si elle s'évertue à sauver ceux qui ne sont là que pour la blesser, qu'y puis-je. Je finis de manger ma viande et mes légumineuses, mâchant cette part non sans la fixer. Quelqu'un vient alors à mon côté lorsque j'effectue un bref lever de doigts.
« Je veux tout savoir de ce cul de jatte d'Essos. Tout. Et veillez à ce qu'il soit dès à présent surveillé. »
Sur ces mots, je finis de nettoyer mes doigts dans la bassine, avant de me lever et rejoindre la jeune femme. Toujours secouée, avec ce sourire qui m'agace dans le fond, car elle réprime toute cette noirceur à chaque fois, au lieu de l'embrasser. Je lève la main, et m'aventure sur la tonsure pour remettre ce qu'il faut en place.
« Souhaites-tu encore lui parler ? Il a l'air d'adorer ta compagnie. Et après tout, ne dit-on pas jamais deux sans trois. »
Et cette fois je me penche pour venir près de son oreille. Dangereuse, sentant le repas comme la boisson, le chien mouillé, comme la cendre.
« Ou alors, tu peux arrêter de jouer les ingénues et cracher enfin le morceau. Tu es plus qu'une simple putain ou conteuse, ou que sais-je par les sept de quoi il te traite. Alors. Qui es-tu. »
Et une réponse évasive ou mauvaise ne sera pas de mise. Car je saurai, de sa bouche ou d'une autre. D'ailleurs, je sais déjà comment la punir. Et ce ne sera pas du traitement que l'on donne à la catin.
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Eren Hightower
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Sujet: Re: [RP Alternatif - Futur] Paint it black Mer 21 Aoû - 8:13
Mon regard se porta sur Eren à son ordre. Elle n’aimait pas du tout Falco. Je ne dis rien, peut-être n’avait-elle pas du tout aimé qu’il me fasse danser ? Peut-être. Je ne savais pas réellement et je crois qu’il valait mieux ne pas insister et surtout ne pas l’interroger. Cela ne me regardait pas de toute manière. Je restais à ma place en souriant, joyeuse de profiter de l’ambiance qui commençait tout doucement à se terminer. Les gens étaient fatigués et ils retourneraient se battre bien. Lorsqu’Eren se leva, je crus brièvement qu’on allait retourner se reposer enfin, mais qu’importe. Je souris plus largement lorsqu’elle remit en place mes cheveux pour bien dévoiler la tonsure qu’elle faisait presque religieusement. À croire qu’elle aimait faire cela. Sa question me fit presque sursauter et je levai les yeux vers elle en me mordant l’intérieur des joues avant de répondre avec un petit sourire :
« Si tu as besoin que je lui parle, je le ferais. Je crois qu’il apprécie pouvoir parler en Braavien, c’est tout. Mais je peux clairement me passer de sa compagnie, surtout si tu es là ! »
Je répondis tranquillement à voix très basse pour qu’elle soit la seule à m’entendre. Je me raidis légèrement à ses mots suivants. Elle voulait la vérité ? Je me mordis les joues sans rien dire pendant quelques longues secondes. Elle voulait tout savoir, je ne voulais pas réellement parler de mon passé, cela ne servait pas à grand-chose, le passé était et bien… le passé ? Qu’importe, n’est-ce pas ? Me venger cela ne servirait à rien à part faire pleurer des gens. Alors je ne regardais pas Eren en cherchant une réponse à lui dire, qui ne causerait pas trop de dommage. J’improvisai donc, comme d’habitude :
« J’ai toujours été Hura. Depuis que je suis née, j’ai été comme je le suis aujourd’hui. »
Je n’avais pas changé d’identité ! Mais c’était vrai, je poursuivis à nouveau à voix basse :
« Mon père a un nom de famille. Je le portais, comme mes frères et mes sœurs. Puis je ne le porte plus depuis longtemps. C’est tout. Il n’y a rien d’autre à dire Eren. »
Finis-je tout doucement. Hura Siralon. Fille d’Ilectia et Haegon et sœurs de Jaelron, Kactalon, Zarion, Florian, Anyis et Xaerinna. Je me demandais à quel point mes trois frères avaient continué leur route, avaient fait fructifier les commerces et si Florian, Anyis et Xaerinna étaient heureuses dans leur mariage, j’espérais en tout cas ! Je souris juste à Eren sans rien rajouter pendant quelques secondes.
« Tout va bien, tu sais. Il n’est pas méchant. »
Enfin, je disais cela… Cela ne me faisait pas plaisir de subir ses remarques et me souvenir de choses dont je ne voulais pas me souvenir, j’enfermai tout cela dans des boites pour ne plus les subir. Falco n’était pas foncièrement gentil, il devait se venger des traitements que lui faisait subir Eren, alors je pouvais lui pardonner, n’est-ce pas ?
« Tu veux aller te reposer ? Je sais que tu te lèves tôt. »
Je préférais vraiment ne pas trop parler de cette histoire, de ce passé. Pourquoi faire ? Est-ce que cela me rendrait ma famille ? Mes années au bordel ? Mes voyages ? Pas vraiment, alors, ces souffrances, ce n’était rien de grave, personne, à part moi, n’avait souffert de l’histoire. Qu’importe. La souffrance ce n’était que passager et maintenant j’allais bien, j’étais en sécurité et j’étais heureuse !
Hura
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Dans ce genre de moments, où je ne suis que tension, que solitude et poids, je comprends en partie les sentiments qui ont pu secouer mon père. Ce qu'il a pu subir, au delà de la responsabilité, de l'ennui parfois qu'imposait sa Cour, le mépris qu'il pouvaient lui inspirer. Et ce besoin, quasi instantané, lorsque l'incertitude sur les alliances, les possibles "amis" ou amantes en viennent à le faire douter de la véracité de leur propos et leurs intentions, de leur soutirer une vérité. Cette vérité qui n'apparaît que lorsqu'on empoigne, menace, met parfois le couteau sous la gorge, tandis que dans l'engourdissement provoqué par ce doute, notre capacité à raisonner s'échappe peu à peu, et ne nous laisse qu'avec cette impression d'être seul, contre tous. Alors quand je suis si proche d'Hura, quand je la touche et me prépare à la menace comme à la frappe, quand je lui impose de me donner ces vérités sur ce qu'elle cache au delà de sa soi disant condition de conteuse, je ressens la frustration, la trahison.
« Tu as toujours été Hura. »
Répété je, en soufflant près de son oreille et la gardant dans une position qui se veut une nouvelle fois, défavorable pour sa frêle personne si prompte au demi mensonge. Je resserre l'étau de ma main et reste campée sur ma position, sentant bel et bien que la jeune femme ne me dit pas tout. Et en cela, le démon qui depuis m'habite, me hante et me rappelle combien je me dois de rester cette terreur pouvant exploser, imposer à tout un chacun le chaud comme le froid. Je suis redevenue une guerrière, et bien plus encore, je me suis élevée cette fois comme aucune reine, en force de frappe, en martyre, et surtout cheffe de guerre.
« Mais tu n'as pas été que ça. Et non, Hura. Ce n'est pas tout. Ce n'est jamais tout. »
Jamais. Je l'ai vu dans la bassesse des ouestiens, dans cette soi disant vertu que portait le Conflans et ce menteur de Tully. Dans les fautes partagées des Braenaryons et les félons au Bief. Ce n'est jamais tout. Il font tout pour que cela s'arrête, bien qu'en soi, ils ne sont capables que de ça, la guerre. Les morts. Les mensonges. Hura ne fait pas exception, et l'étau se resserre. Est-ce elle, ou ce bouffon d'essosi ? Je deviens plus morne, plus sombre, parce que je vois et ressens la teneur des ombres. Du poids, de cette couronne. Des décisions et des chuchotements m'assaillant de toutes parts. La lumière s'éteint peu à peu, et ne reste que les eaux noirâtres dans lesquelles je m'enfonce de bonne grâce. Je vois son regard, son sourire, au loin, avant de me faire engloutir. Et finalement, ma voix tonne, aggrave.
« Il est vrai. Demain, je devrai leur parler, avant le départ. Allons dans ma chambre. Lord Stackhouse ? »
On se redresse, je jette un dernier regard vers Florent, qui sait d'avance ce que je lui veux, avant de me tourner vers Stackhouse, répondant à mon ordre.
« Vos quatre meilleurs et plus fidèles hommes devant mes quartiers. Demain, nous partons vers le Nord. »
Les nouveaux barons, ceux ayant ployé genou, tout nous avait mené ici pendant bien une semaine. J'avais laissé le temps aux félons de choisir leur destinée, et pris le temps d'organiser si oui ou non, je me devais d'encore donner à la Allyion l'occasion de perdre une jambe. Toutes les affaires sont à présent en ordre, et je suis las. Je veux qu'on en finisse, Stark. Pour te voir renâcler, cracher tout ce sang bu sur que tu m'as pris. Tu voulais sans doute que cela se termine avec feu mon paternel, mais ce sera avec moi. Enfin, on saura. Cependant, ce n'est pas encore notre temps. Je dois avancer dans ces couloirs, avec cette fille que je tiens au bras. Je l'oblige à presser, ne pas s'accorder le moindre répit pour qu'elle comprenne. C'est irrémédiable, impardonnable. Mais elle ne sait pas ce qui l'attend. Les portes s'ouvrent, et je la lance vers ce lit qui autrefois a accueilli la Durrandon, la laissant choir de par la brutalité de mon geste.
« Sais-tu, Dame Hura, que l'on ne se sépare pas de son passé. »
J'enlève ma cape, la lance sur une assise, et m'avance vers son corps frêle, encore posé là, sur le sol froid fait de pierres pleurant la lignée éteinte l'ayant créé.
« On peut tourner le dos à tout ce qui nous a construit, et finalement se faire planter. »
Je ne lui laisse pas le temps de se redresser, et viens me poster sur elle, en lui attrapant la gorge et frappant l'arrière de la tête contre la surface dure. Je sors alors la dague accrochée sur le côté gauche de mon ceinturon, et lui présente la pointe contre la partie la plus creuse, et forcément tendre, se trouvant sous son menton. Et je presse la lame effilée, capable de faire plus que de planter, tant je me suis apprêtée à l'aiguiser. Un mouvement brusque peut la faire saigner. Et je la glisse, à présent le long de sa mâchoire.
« On peut enlever un nom, se couper la langue pour ne plus avoir à prononcer telle chose. »
Oui, la langue. C'est ce que je vise présentement. Et elle doit le comprendre maintenant que la lame force l'entrée de ses lèvres si voluptueuses.
« Veux-tu que je la coupe, Hura ? Mais ... cela risque de te rendre folle de ne pas pouvoir souffler encore ces mots. Et je ne pourrai plus t'entendre conter ces histoires que je veux faite d'honnêteté et de rudesse, comme l'est réellement ce monde. »
J'arque les sourcils.
« Quel dommage que tu ne puisses donner ton opinion. »
Je souris un temps avant de reprendre une expression bien plus grave, à la hauteur de cette colère que je ne contiens presque plus.
« En ce monde, on ne doit jamais confier à autrui ses crimes, sauf s’ils sont trop grands pour être dissimulés. Et dans ce cas, on les qualifie de politiques ou de mesures d’État ... ou on en fait des contes, en changeant certains mots. »
J'entends qu'on frappe aux portes. C'est Florent. Je me retire en soupirant, restant grave, noire, et appâtée à présent. Le mensonge a toujours eu ce ton sur ma personne. Les portes s'ouvrent alors, et Ennio, suivi de ses hommes, traînent Falco jusqu'à une assise sur laquelle ils attachent le malandrin. Je jette aux pieds d'Hura la dague, et vient me placer derrière Falco, en le prenant aux épaules, pendant que tous sont congédiés. Ne restent que nous trois.
« Ici aussi, pour ce qui se passera dans cette chambre, Dame Hura, on en changera la teneur, puisqu'il en est ainsi. Devine ce que tu vas devoir faire, Hura. Devine. »
La dague à ses pieds, mon discours sur la langue, Falco attaché. Oui, Hura, tu devras le faire taire. Ou c'est moi qui le ferai, sans aucune application.
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Eren Hightower
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Sujet: Re: [RP Alternatif - Futur] Paint it black Lun 9 Sep - 13:04
Il y avait beaucoup de chose qui me faisait peur. Mais j'étais bien terrorisée par la colère de Eren. Elle était brûlante de froid. Calme et pourtant plus dangereuses que les tempêtes de lac. J'avais envie de tout tenter pour l'apaiser. Sauf qu'en même temps, je le savais, plus je tenterais, plus je soufflerais sur des braises. Alors je ne dis rien, si elle disait que cela n'avait pas été tout... Pour moi si. J'avais toujours été que Hura. Parce que c'était plus simple. Tellement plus simple. Pas de nom, juste mes histoires. Mais je la suivis tant bien que mal dans les couloirs, alors qu'elle compressait mon bras de toutes ses forces comme ci elle voulait me le briser. J'aurais un bleu demain. Sa chambre. Les hommes. J'eus peur, un bref instant, de quelque chose que j'avais déjà subis. Pas à nouveau. Mais les hommes restèrent à la porte alors qu'elle m'envoyait contre le lit.
Je roulais au sol et m'y redressai juste à temps pour qu'elle m'attrape et tape ma tête au montant du lit me faisant voir trente six etoiles. Je ne lui avais rien répondu à ses remarques, parce que je savais qu'elle ne voulait pas de réponse. Je restais tétanisée, lorsqu'elle saisit ma gorge. C'était mon coeur qu'elle devait sentir pulser entre ses doigts. Je ne bougeais pas. Toujours pas. Soutenant son regard, alors que je sentais des larmes me monter aux yeux sans que je n'ose même respirer trop fort, ou déglutir à cause de la dague. La langue... Un nom... Celui que je refuse de dire. Parce qu'il était passé oublié. Mais rien ne sortit de ma bouche alors que sa lame y entrait. Je ne bougeai toujours pas, n'osant même pas déglutir de peur de me trancher la langue. Je ne dis rien, toujours rien... En regardant Eren dans ses yeux, la voyant se consumer de colère. Je ne voulais pas qu'elle vive ça. Elle n'avait pas à vivre cela. A souffrir pour les autres... Pour moi. Je tendis la main pour caresser sa joue si elle m'y autorise jusqu'à ce qu'on frappe à la porte et qu'elle s'éloigne. Je me recroquevillai sur moi même en avalant ma salive et en essuyant mes joues. Comme ci...
Falco. Attaché la dague à même le sol... Je relevai les yeux vers Eren qui me confirme ce qui fait hurler mon coeur. Et les yeux de Falco. Je connaissais son épouse, son fils, ses autres enfants... Je sentis les larmes me monter aux yeux alors que mon regard passait entre la dague, Falco et Eren.
"... Tu... Tu ... Tu veux que je lui... Coupe... La langue ?"
La voix s'envole vers les aïgues. Elle le sait. Elle sait comment me faire du mal sans même réellement me frapper. En se faisant du mal à elle ou à d'autres. Ou m'obliger à faire du mal... Pour elle. Parce que malgré tout, je veux vivre. J'ai un petit sanglot et je tente.
" S'il te plaît ..."
Falco a compris. Il ne dit rien. Il se pisse dessus.
" Hura Siralon. Fille d’Ilectia et Haegon Siraleon et sœur de Jaelron, Kactalon, Zarion, Florian, Anyis et Xaerinna... Je... C'était avant... Ça remonte..."
À combien de temps ? Je ne sais pas... Je ramassai la dague, je pourrais me menacer. Elle ne changerait pas d'avis...
" Un garde... Il m'a..."
Je ne dis pas le mot. Elle comprendrait.
"... J'avais treize ans... On l'a retrouvé noyé... Puis... Mon père a eut des soucis d'argent... Il était marchand et mes soeurs avaient de nobles époux... J'ai été vendu à un bordel... J'avais seize ans... J'ai commencé l'année suivante... Je... Je suis tombée enceinte, mais on ne peut pas les garder... Alors il est parti rejoindre les étoiles avant de naître. "
Elle voulait que je lui raconte ? Alors je le faisais entre deux sanglots, j'avais les doigts en sang parce que j'étais incapable de bien tenir la lame.
" Je suis partie... Avec d'autres quand le dragon est venu... Et... Et la suite tu la connais..."
Westeros et tout le reste. Ça elle sait. J'étais face à Falco qui m'abreuve d'injures, mais je regarde Eren et quand j'ouvre la bouche... Je traduis tout. Tout. Le moindre mot qui m'arrache la gorge, qui détruit mon coeur. Je traduis. Tout. J'ai le couteau en main, mais je ne sais pas comment faire. Il arrête d'insulter. Il supplie. Je traduis. Je ne sais pas faire, je n'arrive pas à forcer ses lèvres. Le couteau m'échappe et tombe au sol. Je le reprends, mais je suis incapable de m'en servir. Je ne peux pas faire du mal. Je n'y arrive pas, j'ai à peine entamé ses lèvres, mais je tremble et il me regarde. Je ne peux pas. Je lève les yeux vers Eren, si je dis s'il te plaît si je dis que je ne peux pas. Elle le fera. Alors je tente une seule chose. Qui je sais ne marchera pas. Mais je tente.
" Je lui pardonne... S'il te plaît..."
C'est le mieux... Elle répondra qu'elle ne lui pardonne pas. Parce que je suis Sa Hura. Et elle le fera. Mais moi je ne peux pas. Je ne tiens même pas bien le couteau. Et à part surtout lui tailler les joues et les lèvres parce qu'il se débat, il n'y a rien... Je ne peux pas le faire. Je tremble de tout mon corps. Je veux juste qu'elle se calme, qu'on aille prendre un bain brûlant et qu'elle se repose...
Hura
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Je la toise, sans montrer aucune forme de compassion, d'empathie à l'égard des tourments qui en cet instant doivent prendre son cœur et ses entrailles. Je le vois à la façon dont elle tend sa nuque, agrandit ses narines sous ses inspirations trop vives, trop fortes. À l'écarquillé de ses globes qui pourraient presque donner l'impression qu'ils pourraient sortir de leur enchâssé. L'appréhension est telle face à ma demande que j'ai ce mauvais frisson. Pas de fièvre, même si la courbature est là en raison de ma soudaine crispation. J'ai le goût du sang qui me vient, ou alors c'est le métal qui se joint à ma salive. Ce métal que je pourrai lécher en cet instant pour lui offrir l'image même de la folie sauvage, du monstre qu'ils ont fait de moi depuis tout ce temps. Elle, refuse de perdre ce qui fait encore qu'elle est Hura. En soi, c'est honorable mais c'est aussi ce qui fait notre différence. Moi, je n'ai plus rien qui me retient. Plus rien qui ne m'empêche d'être cette bête immonde venue des mers et de faire pire que ne l'a fait mon père. Si certains ont été épargnés comme le Rowan, d'autres comme ceux tués aujourd'hui n'ont pas eu cette chance. Et les Bracken ... oh les Bracken ... comme Tully ... ils ont rejoint la porcherie qui convient à leurs mensonges.
« S'il te plaît ? Tu entends ça ? Elle se montre polie pour que je t'épargne, Falco. »
Je penche la tête et me tourne légèrement vers Falco pour voir que là encore, il ne fait guère preuve de retenue. Il se pisse dessus et l'odeur déjà vient agacer mon nez tant sa pisse doit être chargée de ce on ne sait quoi la rendant aussi infecte. Hura quand à elle essaie. Elle essaie de le sauver en me donnant enfin cette vérité. Qui elle est, ce qu'elle a subi. Et le sourire que j'arborais alors tombe. Un garde. Moi, un capitaine de boutre. Mon regard change, je suis interdite. Ai-je pleuré les premières fois ? Ai-je senti quelque chose ? À quel âge a-t-elle subi cela. J'entends, alors que je me revois flotter sur ce boutre ... À me faire enfiler par celui qui des instants plus tôt m'avait frappée jusqu'à ce que je perde connaissance. Treize ans donc ... puis-je dire qu'elle a eu en soi, de la chance. Elle aurait pu le subir plus tôt bien plus tôt. J'inspire, alors qu'elle sanglote, et que l'autre tremblote. Elle me dit tout, alors que l'autre supplie après avoir insulté. Hura a traduit, mot pour mot, en ayant cette arme en main à laquelle elle s'agrippe désespérément pour avoir quelque soutien. Pour Falco, je l'entends à sa voix qui tremble autant que le reste de son corps, à l'appel se faisant à travers son regard. Le couteau tombe alors au sol, une nouvelle fois. Je pose mes yeux sur sa lame, sa garde sans montrer guère d'intérêt aux autres choses présentes dans cette chambre.
« Et tu trouves ça juste qu'il puisse continuer de t'insulter après ce que tu as vécu, Hura ? »
La colère s'échappe, parce que je la repousse en raison de ce que ce récit a refait monter en moi. Si mon père avait failli, moi je me montrais encore capable de ne pas tout tuer, de donner encore une chance, et offrir ces opportunités auxquelles Manfred m'avait ouvertes. Voir un royaume grandir, se construire autour d'une idée de stabilité, plutôt que dans ces quêtes de vengeance auxquelles le Tully, la Durrandon, la Allyrion ou la Targaryen ont toujours aspiré, dans le fond. Moi, je pensais avoir trouvé la paix, sans pardonner pour autant leur pardonner. Mais ils en ont décidé autrement. Parce qu'un ennemi vivant, reste un ennemi. Si vous ne le taisez pas, que ce soit dans la vilénie à laquelle il inspire, ou bien en répandant son sang, il viendra vous tuer. Et par amour naissant, par sacrifice de cette guerrière que j'ai été jusqu'à mon mariage, j'ai montré une vulnérabilité.
« Il ne mérite pas ton pardon. »
Je ne nie pas que venant de celle qui, de son temps de capitaine de la Flotte Fer Née, et avant encore avait cette réputation de tueuse et violeuse, le pardon n'avait pas grand cas pour ceux qui faisaient d'elle leur ennemie. Je n'ai rien de capable, je suis une sauvage, une tueuse qui ne mérite que de me retrouver pendue, et sans doute bien pire maintenant qu'ils me savent capables du pire comme d'une possible clémence.
« Je sais que tu le fais parce que tu as bon fond Hura. Mais quelqu'un qui t'humilie sans vergogne, te roule dans la fange et essaie de te séparer de tout ce que tu aimes encore de toi, ne mérite pas ce pardon. »
Je m'abaisse alors pour récupérer la dague, ne faisant pas grand cas des sons de pleurs, ni de la situation de détresse dans laquelle se trouve Hura. Bien que dans le fond, je ressente un pincement au coeur, qui me rappelle mon propre vécu et donc ce que je n'aurai jamais voulu pour mes propres filles.
« Tout ce à quoi il pense en cet instant, c'est sa propre survie. En mentant, en suppliant. Et que fera-t-il ensuite ? Il continuera. »
J'inspire longuement, et tourne ma tête vers le supplicié, qui tente sûrement de dire qu'il ne recommencera pas. Si Hura s'anime de quelque compassion, je n'en ai guère en le fixant.
« Preuve en est, lui faire tuer un homme, le laisser en vie et vaquer parmi nous lui a donné encore le courage de recommencer. Ainsi sont les hommes, Hura. Des loups. Même maîtrisés, même avec une patte en moins, ils continueront. »
Jusqu'à la mort, si il le faut. C'est donc moi qui m'avance vers Falco, qui me penche et contemple son angoisse avec ce calme dont doivent faire preuve les vrais guerriers face à la bataille, et encore plus l'ennemi prêt à les tuer. Je suis tout de même las, quand je le dévisage. Car je sais combien il n'aurait eu aucune considération, comme le reste, si je m'étais retrouvée dans sa situation, ou si feu les êtres chers à mon cœur auraient dû subir pareil supplice.
« Et cela rappelle à quel point le sang et le commerce ne sont point amis. »
Et je m'attelle à ce qui doit être fait. Non pas pour moi, mais pour ce qui subsiste à travers ma personne. Ces souvenirs, et sans doute ce moyen par lequel je me dois de protéger Hura, en soi. Falco peut bouger, cela ne fera qu'encore plus le défigurer et lui instiller le mal même dans sa chair. Il peut tenter de serrer les dents, de hurler, la lame est déjà là, tout comme mes doigts. Je n'ai aucun mal à l'attraper et sectionner ce qui doit l'être dans ce qui fait sa chair tendre qu'il aimait tant agiter. Et ça saigne, sur mes doigts, sur ses lèvres, jusqu'à ce que le bout sorte sous mes doigts mordus. Falco est en nage, le visage couvert de ses larmes comme de ce qui fuse à présent de sa bouche. Je sais que Hura aura hurlé, aura sûrement tenté de m'arrêter. Mais j'ai été sourde à ses suppliques ou bien indifférente à ses gestes. Je relève alors Falco par le menton tandis qu'il défaillit à raison.
« Il n'y aura plus de mensonges. Si la parole est d'argent, le silence est d'or. »
Je le relâche alors pour me tourner vers Hura. J'ai les mains dégoulinant encore de quelques gouttes que je n'hésite aucunement à nettoyer à même ma robe. Mon pied, lui, écrase sans vergogne la chair ayant fait partie de la langue de l'essosi. Non, la guerre est ainsi faite lorsque l'on atteint le cœur de son orage. L'on dit qu'offenser certains Dieux pour exalter le sien n’a pas de sens. Eh bien sachez qu'offenser ce qu'il reste d'humanité dans un chien de guerre et des mers en a encore moins. Parce que lui n'aura aucune vergogne à mordre jusqu'au trépas le loup.
Out on the horizon, a storm is brewing. I let the breakers rush over me and feel the ocean’s heart pounding. Surging through my body, the ocean in me. The tide is turning. The undertow takes ahold of me. I know I can go. I know that it's time.
Eren Hightower
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Sujet: Re: [RP Alternatif - Futur] Paint it black Ven 11 Oct - 18:55
Je pleure toujours alors qu’Eren parle. Polie. Oui, parce que je n’ai rien d’autre que ce que j’ai dans ma tête pour résister. Mes connaissances. J’essuyais mes joues silencieusement alors qu’Eren semblait devenir un dragon humain. Je reculai légèrement alors qu’elle s’approchait de moi, je pouvais sentir ses mains agripper à mon visage pour m’empêcher de m’éloigner d’elle alors que ses yeux me mordaient pour que je n’ose même plus respirer. Je soutenais son regard, pas par choix, mais par crainte de me prendre un coup, de sentir une lame pénétrer entre mes deux côtes. Je ne voulais pas mourir, je voulais vivre ! Juste ? Je restais silencieuse avant de souffler :
« Il… Il… Il ne savait pas, Eren… S’il te plaît… Je vais bien… Je t’en pris… »
Il ne méritait pas mon pardon ? Je restai muette une seconde avant de reprendre la parole d’une voix étranglée.
« Il est humain… C’est tout… ? »
Elle continuait de me regarder, j’avais presque l’impression de sentir ses doigts serrer ma gorge doucement, me priver d’air. Un bon fond, non, je ne voulais juste pas que le monde devienne obscur ! Je voulais garder la lumière, autant que possible. Je me mordis les joues pendant quelques secondes. Je ne répondis pas à ses mots, je reculai dès que je le pus, presque pour me coller dans le coin le plus éloigné possible, parce qu’aucun mot ne parlerait à Eren, parce que rien ne la ferait revenir. Rien du tout. Je me laissai glisser dans le coin le plus loin, jusqu’au sol, remontant mes genoux contre ma poitrine avant de me boucher les oreilles et de fermer les yeux. Je ne voulais rien entendre, rien voir. Je me voulais pas. C’était lâche sans aucun doute, mais je ne le supportais pas…
Même recroquevillée ainsi, j’entendais tous, je sentais l’odeur du sang… Cela ne s’arrêtait pas… Jamais… J’attendis qu’un silence ponctué de gémissement ne se mette en place, pour rouvrir les yeux et lever les yeux vers Eren qui semblait parfaitement calme, comme-ci tout était normal. Je la regardais sans rien dire, sans même savoir quoi dire. J’avalais la salive qui était amère et cillai plusieurs fois.
« Eren… Eren… »
C’était la seule chose que je pouvais dire. Je ne savais pas quoi dire d’autre. Alors je fis la seule chose que je pouvais faire, je me redressai, tremblante, pour m’approcher d’elle et la prendre dans mes bras, la serrer de toutes mes forces contre moi, comme pour la protéger du monde, de la noirceur.
« Arrête, tout va bien… S’il te plaît… »
Elle me l’avait dit un jour. La seule personne au monde qui pouvait me faire du mal c’était elle. Alors moi aussi j’essayais de la défendre contre le monde entier… Et elle-même. Et c’était contre elle-même que c’était le plus dur. Je lui pris la main pour la tirer dans la salle de bain, loin de Falco qui était inconscient. Je ne tentais même pas de lui prendre le poignard des mains, mais je tentais de la faire s’asseoir pour ensuite nettoyer son visage, les mains tremblantes, puis ses mains. Je la regardais avec tristesse.
« Pourquoi… Pourquoi tu te fais tant souffrir comme ça ? S’il te plaît… Je ne veux pas que tu souffres. S’il te plaît… »
Je finis de la nettoyer avant de passer mes doigts dans ses cheveux. Je savais que ce soir, je dormirais avec elle, nichée dans ses bras, ou elle dans les miens. Pour la protéger du monde. Juste un peu. Parce que personne ne le faisait, personne ne voulait l’aimer. Moi oui. Parce que tout le monde méritait quelqu’un qui pouvait tenter de prendre soin de lui. Je lui offris un sourire heureux, peut-être un peu faux… mais il était là.
« Je serais toujours là Eren. Promis. Je te le promets devant tous les dieux du monde. Jusqu’à ma mort, je resterais à tes côtés ! »
Je reviens la prendre dans mes bras.
Hura
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