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 Ombre et lumière

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MessageSujet: Ombre et lumière   Ombre et lumière EmptyJeu 18 Avr - 13:40

Depuis quelques temps déjà, Lyham était parvenu à renouer avec la foi. Celle-ci avait été particulièrement ébranlée par la perte d’Alysanne, dont il faisait toujours le deuil aujourd’hui. Cependant, ce triste épisode n’anéantit pas totalement sa ferveur ; il la mit plutôt en sommeil. Et puis, un beau jour, et sans véritablement que Lyham ne se l’explique, il fut pris du désir de pénétrer de nouveau un Septuaire, et d’y prier ; une heure, puis deux heures, puis trois. Avant cette parenthèse de doute, qu’affrontent même les plus grands des saints face à l’épreuve du chagrin, Lyham avait toujours été un homme d’une grande piété. La famille Tully de Vivesaigues était réputée pour sa ferveur ; Lyham n’en fit pas exception durant son enfance et sa jeunesse. Par la suite, c’est une nouvelle fois sous la bénédiction des Sept qu’il fut fait chevalier. Dès lors, sa vie d’adulte d’inscrivit dans cette trajectoire, l’homme accordant à sa religion une place à part dans son cœur. Il faisait partie de ceux qui avaient besoin de croire. La foi insufflait en lui une force et une détermination qui lui semblait vitale. Lorsqu’elle avait été malmenée, après la mort d’Alysanne, Lyham s’était conséquemment enfoncé dans les affres de la dépression et de la léthargie. Pour en sortir, il avait fourni un effort considérable et qui payait désormais ses fruits, reposant sur une discipline du corps et de l’esprit de tous les instants, et qui passait aussi par un temps de méditation et de prière quotidien.

Au-delà de toute considération personnelle, la religion était devenue un enjeu politique majeur pour le Conflans fédéré. Le Grand Septon avait fait du Royaume des Rivières et des Collines une cible privilégiée de ses anathèmes, qui avaient su trouver un certain écho auprès d’une partie de la population riveraine à cause de la romance qu’entretenait Lyham avec une prêtresse de R’hllor. En matière religieuse, Lyham marchait donc sur la corde du funambule. D’un côté, son royaume lui réclamait aujourd’hui des gages de sa foi. De l’autre, il s’était épris d’une étrangère aux croyances jugées hérétiques, et refusait quant à lui de renoncer à cette joie de vivre qu’il venait à peine de retrouver.

Ce matin-là, le Roi des Rivières et des Collines était donc agenouillé, les mains jointes, les yeux fermés. En pleine campagne, et en l’absence d’un septuaire, il s’était aménagé un petit espace sous sa tente, qui lui servait de refuge pour ses temps de confessions. Face à lui, sept petites statuettes lui faisaient face, dressées sur un autel de fortune, toutes taillées dans un bois magnifiquement travaillé. Lyham récitait une litanie qu’il connaissait par cœur. Il remercia d’abord la bienveillance du Père, puis sollicita la bonté de la Mère. Ses pensées se tournèrent ensuite vers l’Aïeule, à qui il demanda de veiller sur ses proches et ses défunts. Au Guerrier, il implora la force de vaincre ses ennemis. Pour le bien du Conflans, il quémanda au Ferrant de fastes récoltes et un hiver clément. Lyham pria la Jouvencelle de l’aider à retrouver un jour le chemin du bonheur. Il croisa enfin le regard impénétrable de l’Etranger ; ce qu’il lui confia demeurerait secret.

C’est alors qu’il sentit Shaera, derrière lui. Elle était libre d’aller et venir dans ses quartiers et pénétra donc sans difficulté sous la tente royale qu’il occupait. Lyham savait qu’il s’agissait d’elle ; il le sentait au plus profond de lui. L’homme termina sa prière. Comme tout rituel, celle-ci avait un début, un milieu et une fin. Et pour accomplir dignement cet acte de foi, nul ne saurait donc s’interrompre en pleine récitation. Une fois qu’il eut fini, Lyham se redressa, ouvrit les yeux, et recomposa avec la réalité qui l’entourait. Il se retourna, et vit son amante, bien présente à l’entrée de sa tente. Elle avait attendu de manière discrète et silencieuse, sans un instant chercher à interrompre sa supplique.

[Lyham] « Est-ce que tu as bien dormi cette nuit ? Je ne t'ai pas entendue te lever ce matin. »

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MessageSujet: Re: Ombre et lumière   Ombre et lumière EmptyMar 23 Avr - 14:44


L’ample capuche de tissus rouge, pas aussi épais qu’il n’y paraît, recouvre les cheveux diaphanes de l’étrangère en terres du Conflans, les protégeant de la brume matinale et naturelle qui vient avec l’aube naissante. Emmitouflée dans une robe qui ne sert pourtant en rien à la tenir au chaud, les perles violines de ses iris attendent, et guettent, une aurore qui tarde à poindre. Shaera n’est pas irrationnelle au point de penser que le soleil ne se lèvera pas si elle n’a pas allumé le feu sensé appeler à elle les bienfaits de R’hllor, mais elle croit que ne pas le faire pourrait la condamner à un œil fermé de la part de son Maître. La nuit qui a précédé était une nuit sans lune, la nuit du mois abandonnée aux ténèbres, la nuit du mois où les ombres peuvent se mettre au service de la lumière. Les ombres, Shaera les laisse où elles sont, pour le moment, n’ayant aucun appétit sanglant à étancher. Levée avant le point du jour, comme souvent, elle a ranimé le feu mourant qu’elle alimente du coucher au lever du soleil. Tous les jours. Guetter le jour se lever, c’est s’offrir à elle-même un moment pour penser, à la fraîcheur du matin, de tout et de rien, certaines fois de sujets plus graves que d’autres. C’est que, son esprit a besoin de penser aux petits riens pour défaire les gros dilemmes, les plus énormes liasses de nœuds ne se défaisant jamais qu’un nœud à la fois.

Le sujet qui la taraude le plus souvent, ces jours-ci, est le possible terme à venir de sa présence dans le Conflans. Plutôt tôt que tard, la raison d’état rattraperait Lyham qui devrait se remarier pour remettre une reine digne sur le trône du Conflans. Cette perspective, qui a toujours été connue de Shaera, aurait dû la laisser de marbre. Elle l’a longtemps laissée de marbre, en fait, mais force est de constater qu’au plus la perspective devient réelle, au plus elle irrite la prêtresse, qui se flagelle et se mord elle-même pour ce qu’elle perçoit être une trahison à son corps défendant. Cette leçon est parmi les premières qui leur sont enseignées à Lys. Renoncer à l’attachement. Shaera l’a fait. Même Matthie, même si la séparation de leurs chemins a été difficile à vivre, ce n’est pas comparable à ce qu’elle connaît à présent, et qu’elle a toute les peines du monde à dompter.

Mais, toute étiquette de fanatique de laquelle on pourrait chercher à l’affubler mise à part, malgré les mœurs dissolus selon les Sept de la culture de laquelle elle est issue, Shaera est une femme pudique et discrète, qui n’a jamais eu pour coutume de trahir ses humeurs, leur préférant une allure et un ton égaux, en toutes circonstances. C’est que, il s’agit de contrôler l’impact qu’elle pourrait avoir sur les autres, sans leur laisser la possibilité de voir l’impact que les autres peuvent avoir sur elle. Parfois, c’est très facile à faire, et à d’autres moments, c’est pratiquement impossible. Les séances de méditation éveillée qu’elle s’offrait, tous les matins au point du jour, lui donnaient l’espace nécessaire à tout être humain pour encaisser les aléas de la vie.

Au début, elle restait debout ou s’asseyait par terre, près de ce feu qu’elle entretient, tous les jours, elle-même, mais certains dans l’armée, âmes bienveillantes, l’avaient prise en pitié et s’étaient organisés pour lui allouer une chaise. Alors, tous les matins, elle s’assied sur cette chaise, et veille, jusqu’à ce que le soleil soit parvenu à s’extirper des terreurs de la nuit. Alors, elle inspire profondément, emplit ses poumons de l’air fraîchement cristallin en ce début d’hiver, et sort de sa léthargie, réveille ses muscles, se lève… Pour faire couler de l’eau chaude dans deux tasses où patientait du thé, puis rejoindre, car il est encore tôt, le roi de ces terres sous sa tente. Comme toujours, son entrée est discrète, ce qui est heureux, car le seigneur est en plein recueillement. Discrète, toujours, et respectueuse, Shaera se détourne par pudeur et attend patiemment, sans mot dire, sans faire un geste, que le souverain mette un terme à sa propre méditation. Si leurs chemins divergent quant à la vision de la spiritualité, la prêtresse se réjouit simplement que Lyham n’ait pas fermé son cœur à elle, car elle a sauvé plus d’un homme. Loin de lui reprocher ses cultes, Shaera cherche plutôt à les comprendre, et encourage toute piste qui lui semblerait profitable, à long terme, pour lui.

Dévouée au bien-être du roi depuis des mois maintenant, Shaera ne sera pas celle qui foulera aux pieds ses croyances, dussent-elles être différentes. Patiente, elle laisse ses lèvres, roses malgré la fraîcheur du temps, s’ourler d’un sourire lorsque le roi la gratifie de son attention. « Tu dormais paisiblement. Ce n’est pas si souvent, alors j’ai pris garde de ménager ton sommeil. » Elle répond, le ton doux, éludant comme très souvent, si souvent qu’elle n’y fait même plus attention, la question la concernant. Shaera entretient un rapport complexe avec la nuit, sujet sur lequel elle s’étendra peut-être avec Lyham, si l’opportunité se présente, mais pas maintenant.

Entrant plus avant dans la tente, elle glisse dans les mains de Lyham la tasse en terre cuite à travers les parois de laquelle la chaleur irradie, brûlante… Bien que la dame n’en ait pas la moindre idée. « Comment te sens-tu, ce matin ? » Elle s’enquit, comme tous les matins. Elle a connu Lyham tourmenté, par la réalité ou les cauchemars, par la peine, et même par la maladie, ces derniers mois. Elle est prête à le recevoir, indépendamment de son humeur, dans son giron.

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MessageSujet: Re: Ombre et lumière   Ombre et lumière EmptyMer 24 Avr - 16:25

Pour sûr, les nuits de Lyham étaient souvent agitées. Dans le meilleur des cas, il tournait en rond, parfois des heures durant, avant de parvenir à trouver enfin le sommeil. Cet endormissement, d’ordinaire ressourçant pour quiconque, était pourtant devenu pour lui une source constante d’angoisse. Lorsqu’il arrivait enfin à fermer les yeux, et à se sentir partir dans cet ailleurs qui tout répare, il se retrouvait assailli de visions d’horreur ; de scènes imaginaires qui n’avaient d’autres buts que de le meurtrir, sans que ces scenarii ne lui laissent d’autre option que celle d’observer, passif, le spectacle de sa désolation intérieure. Sa conscience le travaillait en-dedans, sans qu’il ne puisse rien y faire. Moult fois lui avait-on répété de lâcher prise, de s’abandonner à la torpeur qui vient, d’endormir successivement chaque partie animée de son corps dans le confort de son lit, jusqu’à ne plus les sentir du tout. Mais ces remèdes de grand-mère n’étaient pas de taille à lutter. Lyham n’avait aucune prise avec les démons qui surgissaient en son for intérieur à chaque nouvelle nuit. Il fallait l’avoir vécu, pour pouvoir le comprendre. Les ombres qui l’habitaient étaient à ce point dissimulées dans le dédale de son esprit qu’ils étaient inaccessibles à ses propres pensées. Il était condamné à subir. Comment, par conséquent, pourrait-il combattre de tels fantômes, par nature insaisissables, errant inlassablement dans les méandres de son âme ?

La nuit précédente, le Tully était toutefois parvenir à trouver la quiétude ; cela était suffisamment rare pour qu’il la marque d’une pierre blanche.  Il s’était réveillé, un peu plus tard que d’habitude, avec l’heureuse impression d’avoir offert à son corps, autant qu’à sa raison, quelques heures d’un répit véritable dont ils avaient été privés bien trop longtemps. Il attribua cette petite victoire à l’action bienveillante des Sept, qu’il s’était donc empressé d’aller remercier de bon matin, par un sobre et sincère acte de prière. Mais il n’y avait peut-être pas que les Sept. Shaera s’était endormie à ses côtés la soirée dernière. Sa simple présence lui faisait du bien, et il ne comptait pas lutter contre cette agréable sensation de bonheur, qu’il redécouvrait lentement depuis que la Prêtresse rouge avait croisé son chemin. A certains moments, à bien y réfléchir, Lyham se sentait presque revivre cet engourdissement unique du cœur et de la raison, qu’il avait connu lors des premières amours de son adolescence. La relation qu’il entretenait avec Shaera le transportait autant qu’elle le paralysait parfois. Son corps tout entier lui criait de la prendre dans ses bras et de lui déclamer les promesses folles les plus absolues ; mais son sens aigu des responsabilités lui interdisait de succomber à cet élan définitif vers l’amour, de franchir ce Rubicon par-delà lequel aucun retour n’est plus possible. Lyham dévisageait Shaera, tandis que le tiraillaient toutes ces contradictions. Le regard qu’il posait sur elle n’était pas seulement celui qu’un homme pose sur une belle femme. Il la contemplait, comme un homme admire sa femme. Lyham se savait vulnérable, sous l’assaut d’émotions contre lesquelles il était difficile de lutter. Il s’y essayait pourtant, sans vraiment y parvenir. Il se raisonnait, repensant tantôt à Alysanne, dont la disparition le meurtrissait toujours, et tantôt aux conséquences politiques que pourraient engendrer la mise au grand jour de sa relation avec une étrangère, versée dans une croyance hérétique, et qui n’avait même pas d’ascendance nobiliaire à mettre à son crédit. Après quoi, il finissait toujours par se convaincre lui-même de ce que rien n’était impossible. Alysanne n’était plus, et rien ne la ramènerait malheureusement. Il la pleurerait toute sa vie, mais ne pouvait pas sacrifier éternellement la sienne sur l’autel du deuil. Il devait désormais relever la tête, et aller de l’avant, comme il l’avait toujours fait. Comme Alysanne lui disait de le faire. Quant à son Royaume, il avait bien une idée en tête ; une idée qui lui permettrait, il l’espérait en tout cas, de concilier les obligations politiques auquel il était assujetti en tant que Roi, et le droit au bonheur auquel tout homme peut légitimement prétendre.

La dame rouge se rapprocha de lui, justifiant la raison de son absence du lit au réveil de Lyham. Il l’avait lui-même constaté : Shaera ne ratait aucune aurore. Il aurait dû s’en rappeler, au lieu de lui poser cette question aussi évidente. Il lui sourit avec tendresse et récupéra une tasse de thé. Elle était brûlante, à tel point que Lyham s’empressa de la reposer un peu plus loin, sur une table basse. L’action, un peu cocasse, provoqua chez lui un rire instinctif.

[Lyham] « J’ignore comment tu fais pour boire quelque chose d’aussi chaud. Il faudra que tu m’apprennes ce tour de passe-passe, un jour… »

La parenthèse de légèreté refermée, le Roi revint à des considérations moins joyeuses.

[Lyham] « J’ai étonnement bien dormi cette nuit. Espérons que la suivante sera identique… Le fait que tu sois avec moi me fait du bien. Le mal qui me ronge depuis des mois s’estompe. Il est encore présent, mais il disparaît, peu à peu. Et je crois que tu y es pour quelque chose. »

Il marqua une courte pause, tandis qu’il vint au contact de Shaera pour déposer sur son front un doux baiser. Il expira longuement, manifestement pensif. La surplombant un peu, Lyham chercha des yeux ceux de la prêtresse. Il déposa sa main sur son ventre, le visage triste. Quelques mois auparavant, Shaera avait fait une fausse couche. Cet enfant eut été le leur.

[Lyham] « C’est davantage pour toi, que je m’inquiète. La vie de campagne n’est pas celle que j’aurais souhaitée pour toi, Shaera. Je suis heureux de ta présence, mais sache que si tu as besoin de te reposer quelques temps à Vivesaigues, ou ailleurs, je ne t’en voudrai pas. »

Il s’arrêta un bref instant.

[Lyham] « Il faut que nous parlions de quelque chose, continua-t-il. J’espère que tu n’en souffriras pas trop. Comme tu le sais, le Conflans se relève mais demeure un Royaume meurtri, et en proie à certains doutes, y compris à mon égard. Nos maisons me sont acquises, ainsi qu’à l’Empire, mais le seraient davantage encore si je pouvais leur donner certains gages. Les Rivières et les Collines réclament une Reine, Shaera. Dans les mois prochains, il me faudra prendre une nouvelle épouse. »

Il rassembla ses pensées, avant de conclure.

[Lyham] « Il m’est impossible de te contraindre à accepter une telle situation. Si toutefois tu t’en sens capable, sache que c’est toi que j’aimerai. »

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MessageSujet: Re: Ombre et lumière   Ombre et lumière EmptyMer 24 Avr - 17:21


La tasse, de laquelle s’échappe encore des volutes de vapeur est aussi promptement posée qu’elle est tendue, sous le rire du souverain du royaume des rivières et des collines, et du sourire aussi désolé que mutin de la prêtresse rouge. C’est qu’elle oublie facilement, Shaera, que la chaleur ne la mord pas comme elle devrait. S’il lui est évident de ne pas mettre sa main nue au cœur d’une flamme au risque de se trahir, elle omet vite la chaleur des objets usuels, principalement parce que, pour elle, ils ne sont pas chauds. « Un jour, peut-être… » Elle se joint, toujours sibylline, au bref amusement de Lyham, sourire aux lèvres et œillade complice à l’appui, avant de reprendre un air plus sérieux, compte-tenu de la nature de la conversation qui reprend. Shaera n’a guère besoin de parler pour que Lyham soit assuré du partage de ses espoirs quant à de prochaines nuits paisibles. La prêtresse se montre aussi visiblement touchée qu’il l’associe à un état qui s’améliore. Il faut dire, la prêtresse a jonglé entre différents rôles au cours du processus de deuil de Lyham. Parfois mère, parfois sœur, parfois confidente, parfois conseillère, parfois l’aide qu’il faut pour tamiser les pensées. Amante n’est que l’une des nombreuses facettes de femme que Shaera peut prendre pour lui. La veille qu’elle a pu exercer sur son corps ou son esprit lorsqu’ils souffraient avait pris bien des formes, toutes n’ayant pour objectif qu’un rétablissement prompte, sans sacrifice, sans fêlure dans son âme ou sa chair, si possible. Aujourd’hui est la première fois que Lyham lui verbalise se sentir mieux, et Shaera le prend comme une excellente nouvelle.

Le baiser sur son front, la prêtresse le prend comme un gage de la confiance et de la tendresse du roi, ce qui lui réchauffe l’âme, l’ébroue, comme le ferait un cygne un matin d’hiver, en faisant crisser la gelée qui emprisonnait ses plumes. Si le souvenir de sa fauche couche est toujours une source de peine, la femme est parvenue à faire son deuil, aussi peut-elle poser une main apaisée sur celle qui couvait son ventre. « Je suis mieux ici que je ne le serai jamais à Vivesaigues, si tu n’y es pas. » Elle n’a pas besoin de développer, Lyham pouvant parfaitement comprendre que l’accueil qui lui soit fait, en l’absence du roi, ne soit pas des plus cordiaux et que, si d’aventure elle devait avoir des visions, elle devait pouvoir lui en référer immédiatement, au besoin. Le temps qu’il lui avait fallu pour l’atteindre pour l’avertir du siège de Vivesaigues avait été beaucoup trop long. Ils auraient pu faire un bien meilleur usage de ce temps. C’est aussi pour éviter cela qu’elle préfère demeurer aux côtés de Lyham. Devait-elle avoir vent d’une invasion de l’Ouest…

Quand le souverain reprend la parole, Shaera ne peut voir que la continuité de ses pensées de la matinée. Elle accueille la nouvelle sans plaisir, mais aussi sans déplaisir. Elle l’accueille, en fait, avec philosophie, comme la fatalité qu’est ce mariage à ses yeux. Malgré elle, la prêtresse soupire, mais rassure aussi le souverain d’un sourire. « J’ai du mal à t’imaginer marié à une femme de laquelle tu ne serais pas épris… » Ses yeux pétillent de malice, malgré une pointe de tristesse dans son regard, elle choisit de traiter le sujet avec un peu plus de légèreté, pour qu’il ne mette pas de plomb dans l’aile de Lyham. Douce et délicate, la femme en rouge prendre la liberté de glisser sa main dans la nuque du souverain, et vient apposer son front contre le sien. « Mon soutien pour toi ne se borne pas au cadre de ton lit. J’aime la personne que tu es, Lyham, l’amalgame de tes qualités et de tes défauts, de tes victoires et de tes défaites, de tous les événements qui t’ont vu te construire jusqu’à ce que tu sois le toi d’aujourd’hui, et j’aimerai autant le toi de demain, parce que je crois en tes valeurs, en tes principe, et en ta bravoure. » De sa nuque, sa main passe à la joue rugueuse de barbe du souverain, qu’elle caresse du pouce. « Epouse ta reine pour le bien de ton royaume, je me tiendrai derrière toi, si tu as besoin de moi. Ce qui me tue, c’est qu’au moment où je devrais me montrer heureuse pour toi et te souhaiter le bonheur dans ton union matrimoniale, pour le bien de ton royaume, j’ignore si j’en aurai la force… J’espère que tu pourras me pardonner… » Elle ne fait pas de secrets Shaera, même s’il est extrêmement rare qu’elle mette ainsi son âme à nu. C’est peut-être parce que c’est la première fois que ses envies personnelles interfèrent avec les besoins d’un royaume… Situation que la prêtresse n’aurait jamais crue possible, à dire vrai !

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MessageSujet: Re: Ombre et lumière   Ombre et lumière EmptyLun 29 Avr - 9:43

Si Lyham venait de lui proposer de la laisser filer vers des conditions quotidiennes plus dignes que celles d’une campagne, c’était par égard sincère pour Shaera. Mais, quant à lui, il n’avait aucune envie de la voir partir. Aussi, la réponse de la prêtresse lui réchauffa le cœur, mieux que ne l’aurait pu faire l’infusion encore fumante qu’il avait mise de côté à l’instant. L’expérience qu’il avait vécue quelques mois auparavant lui laissait encore un souvenir amer, doublé d’un certain sentiment de culpabilité. Après la perte de leur enfant à naître, Shaera avait quitté sa cour pour gagner la capitale impériale, dont elle était revenue aussitôt. La prêtresse de R’hllor n’était acceptée nulle part. Lyham en avait bien conscience. Vivesaigues était une cité très pieuse, versée depuis des lustres dans la foi des Sept, laquelle n’offrait pas aucune perspective à l’hérésie. La cité des Tully avait manqué de coûter sa vie à Shaera, lorsque la propre sœur de Lyham, Lysara, l’avait faite condamner au bûcher. C’est lui qui avait sauvée son amante au dernier moment, condamnant sa sœur au couvent pour cet acte de folie. Il était donc préférable que Shaera reste auprès de lui, sans aucun doute. Son confort personnel s’en retrouverait certes altéré, pour l’instant, mais au moins elle ne risquait pas sa vie.

Le Roi des Rivières et des Collines s’essaya à imaginer cette vie qui serait celle de demain. Il épouserait certainement la fille d’une maison majeure du Conflans, qu’il prendrait ainsi pour Reine. Dans son Royaume, peut-être davantage que dans tous les autres, l’enjeu était en effet celui de la concorde politique. Il lui faudrait certainement opter pour une Bracken, une Mallister, une Nerbosc ou une Harlton. A cette union politique, Lyham s’était déjà résolu. Il était un homme mûr, rompu par l’âge et par l’exercice des responsabilités. Il savait pertinemment qu’un mariage, à plus forte raison le sien, devait servir l’intérêt supérieur de son Royaume, et non les siens. Cependant, le hasard de la vie avait fait que feu son épouse, Alysanne, n’avait pas été que sa Reine. Elle fut aussi l’amour de sa vie. Par conséquent, Lyham se retrouvait devant une abyssale inconnue : celle qui consisterait pour lui, à terme, à conjuguer ses obligations maritales avec son transport pour Shaera. Cette double vie, à laquelle il était inexorablement promis, le laissait en proie aux doutes.

Shaera, comme à son habitude, lui témoigna son soutien. Elle ne conditionnait ni sa présence à ses côtés, ni son amour. Lyham se demandait toutefois si les promesses qu’ils se faisaient l’un à l’autre résisteraient indéfiniment aux difficultés qu’engendreraient son mariage pour leur relation, et à l’usure que ferait subir ses devoirs envers sa future épouse pour leurs sentiments respectifs. Et puis, de fait, ils ne seraient plus que tous les deux, dans l’équation intime de leur bonheur. Celle qui deviendrait demain la Reine du Conflans aurait aussi ses exigences et ses refus. De surcroît, elle souhaiterait légitimement offrir des enfants à Lyham. Comment Shaera vivrait cette existence reléguée à un éternel second plan ? Comment supporterait-elle qu’il ne puisse peut-être plus lui témoigner autant d’amour ni lui offrir autant de présence quotidienne qu’aujourd’hui ?  Et, du reste, comment parviendrait-il lui-même à concilier ses deux vies côte à côte ? Il y avait aussi l’épineuse question de sa religion. Depuis l’extérieur comme de l’intérieur, le Conflans réclamait des gages d’unité, qui passent aussi par la foi. Lyham ne pourrait se permettre de passer pour un Roi impie aux yeux de son peuple et de ses Lords. Leur amour devrait rester une idylle secrète, pour le bien des Rivières et des Collines.

Le Roi du Conflans balaya d’un revers de main toutes ces questions qui l’assaillaient. Il les fuirait, un jour de plus. Il préférait en fait leur trouver des réponses au moment venu, plutôt que d’anticiper mille et un scenarii qui ne provoqueraient que du désordre et de l’inquiétude dans son esprit déjà bien occupé. Il se recentra alors sur l’essentiel : l’instant présent. Shaera était là, lui aussi ; ils s’aimaient, et c’était tout ce qui importait alors.

[Lyham] « Tu es si conciliante… dit-il, en soupirant d’affection. »

Fermant les yeux quelques instants, il laissa aller son visage sur la chevelure dorée de la prêtresse. Il se délecta du parfum suave qui en émanait, mêlé à la douce odeur de sa peau. Il se détacha ensuite de Shaera, avec ma même délicatesse. Il alla récupérer la tasse, un peu refroidie désormais, puis s’installa face à une table qui lui servait de bureau. Il s’abreuva de la boisson chaude que lui avait préparée sa bien-aimée.

[Lyham] « Je suis sans nouvelle de Jon Stark. J’ignore si les pourparlers à Pierremoutier ont abouti favorablement. En attendant, mes informateurs font état d’une armée venant de l’Ouest et remontant la Vallée de la Culbute, jusqu’à nos frontières. S’ils continuent d’approcher, et sans nouvelle du Roi du Nord, nous livrerons bataille dans quelques jours. »

Il observa son infusion, une seconde ou deux, et leva les yeux de nouveau vers Shaera, une étincelle dans le regard. Il était traversé par une idée, aussi lumineuse qu'elle pouvait être abominable.

[Lyham] « Ce feu sacré qui t’anime… Pourrait-il protéger demain l’armée du Conflans ? »

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MessageSujet: Re: Ombre et lumière   Ombre et lumière EmptyLun 29 Avr - 13:57


Cela ne fait aucun doute, ce sera difficile. Très bientôt, Lyham liera son destin à celui d’une femme, pour le bien de sa lignée, pour le bien de son royaume, qui désire une reine, indépendamment de la présence d’un héritier en pleine force de l’âge ou non. La prêtresse connaît assez l’homme et son cœur tendre, n’a guère besoin de vision pour savoir que seul un caractère exécrable pourrait prémunir la dame de l’affection de l’homme, ce qu’elle n’est pas assez cruelle pour lui souhaiter. Très bientôt, Lyham partagerait son intimité avec une autre, ferait des enfants à une autre, avec lesquels il pourra légitimement passer du temps et auxquels il pourra publiquement s’attacher. Oui, la place qui attend Shaera, que l’union soit belle ou non, n’a absolument rien d’enviable. Elle, sur qui s’appesantissent déjà les regards méprisants des conflanais, connaîtrait l’opprobre et la prohibition, une fois de plus. Meh, songe Shaera, désinvolte. Les bonnes gens ont besoin de grain à moudre, de sujets sur lesquels médire. Elle n’en est qu’un parmi d’autres, et n’entend pas se laisser intimider pour si peu. En fait, à l’heure actuelle, la prêtresse doute de pouvoir se laisser impressionner par qui ou quoique ce soit. Une manifestation claire et évidente de la volonté de son Maître seule aurait ce pouvoir sur elle. Tout le reste n’est affaire que d’homme, et peut se résoudre entre les humains. En l’occurrence, elle se moque bien de l’étiquette qu’on lui donne, aucune ne lui irait jamais tout à fait, de toute façon. La relation qui était née entre Lyham et elle avait quelque chose de symbiotique, et de tout à fait organique, naturel. Elle avait fini par devenir, à force de prévenance et de considération, de soutien, une figure rassurante dans le cadre du roi, si austère, si difficile. L’histoire de Lyham et de Shaera, bien que ne s’étant écrite que sur quelques mois, est pleine d’intimité. La prêtresse ne met jamais le roi en doute, lève toutes les hontes qu’il pourrait ressentir et l’aide à les relativiser, à trouver l’absolution dans la logique. Avec douceur et doigté, elle déverrouille les nœuds de l’âme de l’homme, l’aide à affermir ses réflexions, à les porter à maturation, pour qu’il ait la force d’empoigner à bras le corps ses résolutions. Petit à petit, Shaera avait aidé le roi à croire à nouveau en ce qu’il faisait, et surtout en lui-même.

Pour avoir largement voyagé et vécu mille vies par procuration, la femme en rouge sait que le lien qu’ils ont construit est unique, et que la langue commune manque de mots pour la définir. Ils ne sont pas amis, même s’ils sont amants. Ils s’aiment, mais l’amour de Shaera est dénué d’esprit de possession. Jamais la prêtresse n’a considéré ni ne considérera le roi comme sien. Elle n’attend rien de lui, sauf qu’il continue à rayonner, et est décidée à l’aider en ce sens. La femme croit au bien que ce roi peut apporter à son peuple, et, même si sa seule présence divise, hélas, tient à lui apporter son aide. Et c’est tout. Depuis toujours habituée à peu, l’élévation sociale n’a jamais été un but de Shaera. Humble, elle vit de peu, et sans coquetterie, s’accommode aussi bien d’une soupe clairette et d’un quignon de pain que de mets plus délicats et savoureux, de draps de soie que d’une couche à même le sol. Jamais elle n’a pu se plaindre de conditions spartiates ou chercher un confort supérieur à celui qu’on lui permettait d’avoir, de même qu’elle ne s’est jamais plainte du manque de disponibilité du souverain. Résiliente, Shaera s’adapte à tout, ce qui lui donne une grande force intérieure, la certitude de toujours retomber sur ses pieds. Seul un emprisonnement strict pourrait, à ce stade, l’ébranler. Heureusement, Lyham ne semble pas encore sur le point de la jeter en cellule.

Le roi la trouve conciliante, et elle le regarde sans comprendre, car, pour elle, il n’y a rien de conciliant à accepter une situation sur laquelle on a aucune prise, et, en vérité, légitimement aucun droit au chapitre. Lyham n’est pas un homme, c’est un roi. Elle le savait avant qu’ils se rencontrent, savait parfaitement dans quel lisier elle mettait les pieds, et si son objectif avait été de se protéger, elle n’aurait jamais entamé cette liaison pour commencer. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la prêtresse ne fait jamais rien d’impulsif, Lyham aura pu s’en rendre compte après tout ce temps. Son attitude est toujours posée, distante même, diplomate et discrète. Elle ne dévoile jamais aucun détail de leur intimité, ni même de celle de Lyham, recentrant prestement et avec savoir-faire la conversation vers un sujet beaucoup plus trivial. Shaera est une figure de l’ombre, qui sert la lumière. L’ombre est un cadeau, un servant de la lumière. Elle est donc au service de la lumière de Lyham. Pour elle, c’est aussi évident que le soleil qui se lève à l’Est et se couche à l’Ouest.

Leur parenthèse romantique fermée, la prêtresse acère son esprit alors que le roi lui confie la possibilité toute proche d’une bataille, et, derrière la dignité d’un masque stoïque, Shaera se frustre. Une vision lui serait bien utile, à cet instant, pour aiguiller le roi. Hélas, soit le Maître désire garder le secret sur ces desseins, soit le sort est encore trop fluctuant pour permettre à Shaera de l’entrevoir. Dans les deux cas, elle se retrouve impuissante, et ce sentiment d’impuissance est la source d’une grande frustration. Elle hoche donc la tête en signe d’assentiment quant à l’annonce des combats éventuels, sans s’épancher sur la question. Elle sera prête. Elle ne sera, de toute façon, pas une cible et se tiendra loin des combats. Elle ne pourra que prier pour la sauvegarde du roi jusqu’à son retour, ce qu’elle s’attèlera à faire. Que pourrait-elle faire de plus ? Que pourrait-elle faire d’autre ?

Shaera a beau commencer à connaître Lyham, l’éclat bref qu’elle perçoit dans ses yeux et la question qu’il lui pose soulèvent toutes ses interrogations. « J’aimerai que ça puisse être le cas… » Elle répond, incertaine. « A quoi penses-tu ? » Elle préfère demander, avant de refuser. Si elle peut se rendre utile d’une façon à laquelle elle n’aurait pas déjà pensé, elle acceptera volontiers. La prêtresse espère simplement que le roi a en tête qu’elle n’a aucun pouvoir sur les desseins du Maître, qu’il lui permet parfois, dans sa grande bonté, d’entrevoir des bribes sibyllines des événements à venir, mais rien dans la relation que la prêtresse entretient avec son Dieu n’est de sa volonté. Tout ce qu’elle peut faire, c’est tenter de ce stimuler un maximum, de s’adonner à une fixation intense des flammes plusieurs fois par jour, ce qu’elle n’est déjà pas loin de faire. Si Lyham pense à mieux pour le soutenir, elle ne sera pas contraire!

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MessageSujet: Re: Ombre et lumière   Ombre et lumière EmptyVen 3 Mai - 10:13

Après le départ de Shaera pour Fort-Darion, quelques mois auparavant, Lyham avait demandé au Mestre de Vivesaigues de chercher, dans la bibliothèque royale, tout ce qui pouvait y concerner le culte mystérieux de R’hllor. Il n’en connaissait alors que ce que Shaera lui donnait à voir au jour le jour, mais désirait en savoir davantage sur cette religion, aussi éloignée de ce qu’était la foi des Sept que l’étaient aussi ses origines dans les lointaines contrées d’Asshaï en Essos. On lui rapporta une poignée d’ouvrages traitant des cultes et croyances du monde, ainsi qu’une série de parchemins désormais archivés comme des vestiges historiques, retraçant des échanges épistolaires entre un aïeul Tully, passé il y a bien longtemps dans l’autre monde, et un prêtre rouge du nom de Kah’raz, pérégrinant alors à travers les sept couronnes. Lyham se plongea tout entier dans la découverte de cette foi inconnue et qu’il n’entrevoyait jusqu’alors qu’au travers de son amante. Il fut à certains égards séduit par sa philosophie, idée qu’il chassa aussitôt de son esprit par crainte d’égarer son âme et de la voir consumée un jour par l’hérésie. Dans une lettre que Kah’raz, datée d’il y a plus d’un siècle, ce dernier confiait à cet ascendant Tully l’étendue des pouvoirs que conférait R’hllor à ses adeptes. Par la lumière du feu, il lui faisait don de prescience, le protégeait des flammes et du mal, parfois, les invoquait. Et, en faisant appel aux ombres, certains prêtres rouges semblaient avoir été capables de donner la mort, de ramener à la vie, ou de maintenir son corps dans une jouvence éternelle. Mais alors, Shaera possédait-elle aussi de tels pouvoirs ?

Et puis, une autre idée lui traversa alors l’esprit. Et si ces dires anciens n’étaient en fait que balivernes ? Et si ce Kah’raz, pèlerin d’Asshaï venu propager sa parole en Westeros, avait tout inventé ? En tout cas, la réaction spontanée que venait d’avoir Shaera, lorsque Lyham avait tenté d’amener le sujet de ces pouvoirs cachés qu’il croyait avoir découverts dans ses archives, le laissa dubitatif. De toute évidence, sa bien-aimée ne semblait pas cerner où il souhaitait en venir. Pourtant, se disait-il, son allusion métaphorique à ce « feu sacré » aurait certainement trouvé un écho immédiat chez quiconque en était détenteur. Lyham en fut un peu surpris, bien qu’il n’en trahît rien, car il savait toutefois que Shaera était parfois traversée par les mêmes visions dans le feu que celles qu’avaient bel et bien décrites, jadis, son homologue Kah’raz à son parent Tully. Peut-être que ces visions n’étaient après tout que des sornettes, que le hasard du destin corroborait parfois de telle sorte à leur conférer du crédit.

[Lyham] « Non… A rien. Mettons cela de côté, lui dit-il avec un sourire sincère. »

Le Roi du Conflans, toujours confortablement assis sur sa chaise, prit une seconde gorgée de tisane. Il regarda l’onguent, duquel émanait une légère fumée blanchâtre, formant une danse envoûtante jusqu’à se fondre dans l’air ambiant. Tandis qu’il se focalisait sur cette ligne de vapeur veloutée, l’homme fut happé par son mouvement, qui s’apparentait désormais à la course d’un cheval, puis à la ruée conjuguée de milliers de cavaliers portant l’étendard des Rivières et des Collines. Il se distingua lui-même, Lyham Tully, au-devant de la charge, menant ses hommes. Et puis, plus rien. Il resta figé, comme un peu hébété, les yeux toujours plongés sur sa tasse mais de nouveau en prise avec le réel. Après quelques instants, il releva lentement la tête vers Shaera, parcouru par un doute profond, qui le tenait tout entier. Sans verbaliser ce qu’il venait de vivre, il retourna sur le sujet marital.

[Lyham] « Je sais que ce que je vais te dire risque de te heurter, et d’autant plus que jamais tu n’as fait preuve de prosélytisme à mon égard. Mais, comme tu as pu t’en rendre compte, Westeros répond à ses propres règles. La foi n’est ici pas qu’une affaire personnelle, et moins encore pour un Roi. Il s’agit au contraire d’un sujet politique. Certaines personnes de la cour des Rivières et des Collines, nobles ou prélats, sont au courant de ta présence à mes côtés. Comme tu peux te l’imaginer : il n’est pas de bon ton qu’un suzerain partage son lit avec une étrangère, d’autant plus si celle-ci répond d’une autre religion. »

Il la dévisagea, avec amour.

[Lyham] « Si tu l’acceptes, nous pourrions organiser ta conversion et ton baptême dans la foi des Sept. Le cas échéant, moyennant gages et patience, il se pourrait même que je puisse un jour te faire ma Reine. N’est-ce pas une vie préférable à celle de nous aimer inexorablement malgré nous ? »

Les mots de Lyham sonnèrent comme un soupir. Ils traduisaient l’espoir, un peu naïf, qu’il vouait en cette solution. Au fond de lui, il savait pourtant qu’une telle proposition avait peu de chance de trouver écho chez Shaera.

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