Sujet: N'oublions pas l'essentiel ft. Mahée Allyrion Ven 2 Fév - 19:06
N'oublions pas l'essentiel
Camp Allyrion, près de Spectremont An 2 Mois 8 Semaine 1
Voilà quelques semaines que j’ai retrouvé le camp de Roward, et j’avoue me sentir bien plus en sécurité que lorsque j’étais à proximité des Valtigars. Bien que je sens certains regards méfiants liés à ma peau blafarde, je sens qu’il faudra du temps pour que je me sente acceptée comme lorsque j’étais aux côtés de Dame Arianne. Mais petit à petit, grâce aux quelques services que je rends, je sens la tendance changer. Je m’occupe principalement du réapprovisionnement du camp, mais une fois que l’inventaire est vérifié, et que les lettres pour les marchands sont envoyées, je n’ai pas grand chose d’autre à faire. Alors j’aide les dames de camp, autant à l’infirmerie qu’en cuisine.
Nous avons souvent plié tentes et vivres au petit matin afin que l’armée se déplace. L’armée a d’abord assiégée Boycitre un moment avant de partir pour le Nord. J’ai alors entendu parlé de cet homme qui s’était proclamé Prince de Dorne, mais ce qui avait attiré mon attention était le nom de sa nouvelle épouse, Jasmyne. Cela aurait pu être bien d’autres femmes parmi les dorniennes bien sûr, seulement les coïncidences étaient trop nombreuses, c’était une commerçante en plus d’être une fille du peuple. J’avais donc compris pourquoi je n’avais point eu de nouvelles de sa part. Elle va bien au moins, en tout cas pour l’instant, puisque si nous nous trouvions aujourd’hui à proximité de Spectremont c’était bien pour les faire capituler.
Dire que cette situation ne me stresse pas serait mentir, je n’ai jamais été pour la violence, encore moins pour la guerre. Mais je sais que celle-ci est nécessaire, pour le bien de Dorne, pour sa libération. Alors je prend sur moi, tentant de ne point trop montrer ma nervosité, et me rend un maximum utile afin de ne point y penser plus. Même si, être non loin de Lancehélion me tétanise presque, je suis par ailleurs bien étonnée que les Valtigars n’aient rien tenté jusqu’à lors, eux qui se montraient hargneux et sanguins ces derniers mois. Était-ce une stratégie de leur part ? Je l’ignore, je n’ai point été formé dans l’optique d’y réfléchir. Cependant, je peux dire que lorsque l’armée de la Princesse nous a rejoint dans les montagnes, non loin de Spectremont, c’était un soulagement pour tous, moi y comprit. Mais bien plus encore, j’ai pu entendre bien des espoirs réveillés parmi les nôtres.
Je l’ai alors vu arriver, magnifique et fière sur son destrier. Semblant aussi gracieuse que la plus belle des femmes, et aussi valeureuse que le plus grand des guerriers. J’en étais presque fascinée, admirant sa stature. Pendant un instant, j’ai crû à une autre femme. A notre doux soleil dornien, Arianne. Etait-ce puisqu’elle me manquait plus que de raison ? Que j’avais hâte de la retrouver maintenant que l’on savait qu’elle était bien en vie ? Ou était-ce simplement que la Princesse avait réellement une ressemblance quelconque avec mon amie ? Je ne pourrais le dire, je ne l’ai pas vu suffisamment longtemps pour m’en rendre compte. Puisqu’elle s’est éclipsée dans une des tentes avec Roward et d’autres nobles, probablement pour discuter de la suite.
Quelques heures plus tard, alors que le soleil allait se coucher d’une minute à l’autre, je préparais avec d’autres dames de camp le souper pour les armées. J’avoue n’avoir jamais fait autant à manger qu’en cette soirée-ci. En Essos, l’on préparait bien de nombreux mets, mais ce n’était pas pour nourrir toute une armée. Par ailleurs, j’avais remarqué que la cuisine était très rudimentaire auprès des autres femmes, qui ne se préoccupaient que du simple fait que les repas soient nourrissants. Je leur ai donc appris à cuisiner différemment, puisque comme l’on dit chez moi, il n’y a pas que le ventre que l’on nourrit, mais bien la tête et le palais. Et pour cela, les saveurs sont indispensables au bon plaisir. Mes manières ne nécessitent pas beaucoup plus de temps, ni plus d’ingrédients si ce n’est du miso, un mélange me venant de chez moi. Le goût est alors bien meilleur que l’originel. Certes, certains pourraient penser que mes méthodes ne sont pas essentielles, mais pour moi, l'essentiel réside dans le bien-être du corps et de l'esprit, pas dans l'énergie procurée, bien que je ne l'oublie pas.
Depuis peu, je me suis mise en tête de former mes comparses aux techniques culinaires Yi-Tish, cela leur plaît d’apprendre autant que cela ravit les papilles des soldats qui pourraient presque en redemander. Malheureusement pour eux, nous devons bien faire attention aux stocks, donc interdiction de donner plus que besoin. L’ambiance est chaleureuse autour des cuisines, alors que certains attendent leur tour. Lorsqu’une femme que je viens de servir repart, une de mes consœurs me glisse à l’oreille qu’il s’agissait de la servante de la Princesse Allyrion. Tout à coup, je me sens affolée, va-t-elle aimer ce que l’on a préparé ? Et si elle n’aime pas .. Mon regard se tourne vers les soldats, qui gobent presque leur bol de soupe aux légumes. Peut-être que je m'enflamme ? Sans doute puisque je n’ai jamais cuisiné pour quelqu’un d’important outre des marchands. Je ne cuisinais qu’en de rares occasions pour Arianne, comme il y avait déjà un cuisinier au vieux Palais.
HS:
Finalement, j'ai fait comme cela, je te laisse le champs libre si tu as des idées ! Si besoin je peux rajouter d'autres choses !
Fleurissement du LotusComme la fleur de lotus qui naît de la boue, nous devons honorer les parties les plus sombres de nous-mêmes et les expériences les plus douloureuses de notre vie. Car ce sont elles qui nous permettent de donner naissance à notre plus belle personne.
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Sujet: Re: N'oublions pas l'essentiel ft. Mahée Allyrion Ven 2 Fév - 23:40
Maintenant que la nervosité de la jonction des deux armées était passée, Mahée n’était plus que nerveuse… Elle était excitée, d’une certaine façon. Aux portes de Spectremont, elle espère que l’outrecuidant Toland aura la présence d’esprit de remettre sa reddition. Elle ne lui pardonnerait pas, en plus de tout le reste, de l’obliger à sacrifier les vies d’hommes qui ont un envahisseur autrement plus coriace à affronter. Mahée n’a jamais pris la peine d’interagir avec lui, et ses ordres quant à l’homme sont clairs. Il doit être capturé, au grand dam de Sarzir qui n’a qu’un souhait : l’exécuter sur place. La princesse comprend parfaitement la pulsion de rage animale qui l’anime, car, elle-même, peut ressentir très clairement le besoin de prendre sa vie, après ses multiples offenses, mais en se gargarisant comme un paon, Moran a donné envie à la dornienne de le punir par le pêcher duquel il s’est rendu coupable, et elle entend à ce qu’il vive pour subir sa pénitence. Une longue, très longue, et misérable pénitence. Elle y veillerait. Cela étant, elle se doute qu’une personne pour qui elle nourrit d’aussi noir desseins se rende à elle en oie blanche. Ce que croit Mahée, c’est que Toland va résister et qu’ils vont devoir en passer par les armes, ce qui frustre la princesse au plus haut point. Elle espère que ses hommes viendront vite à bout de ceux de son rival, que la cité tombera rapidement. Elle ne peut, hélas, faire que cela. Pour relâcher la pression que représentent des projections dans l’avenir trop incertaines, il arrive à Mahée de laisser son esprit s’égarer sur des sujets plus triviaux, comme par exemple le nom qui succèderait à Spectremont car, elle est bien décidée à faire sombrer cette famille dans l’oubli. Bientôt, ce nom serait effacé de tous leurs livres d’histoire et deviendrait tabou, jusqu’à ce que meurt la dernière personne à s’être souvenue de lui. Ainsi, il disparaîtra, enseveli sous les dunes du temps.
Soit une punition diamétralement opposée au traitement réservé à Roward Martell, assuré de voir le nom de sa famille persister et continuer activement à écrire l’histoire de la Principauté, avec le respect dû autant à son lignage qu’à son implication personnelle dans les guerres en cours. Mahée cherchait à se montrer juste et digne, pas à faire valoir ses caprices. Elle voulait être plus éclairée, plus avisée, plus sage que ne le fut Deria Martell. Ainsi, peut-être, évitera-t-elle son funeste destin. Dans ce sens, les votes de confiance d’un homme tel que Sarzir Santagar, de personnes comme le couple impérial Braenaryon ou même celle, donnée bon gré mal gré, de Roward Martell tendent à lui faire penser que ses arguments doivent être les bons. Elle l’espère en tous cas, et donnera tout ce qu’elle a pour ses convictions, pour son plus grand malheur, et, peut-être, pour celui de ses ennemis.
Au milieu de toutes ses ruminations, on pourrait peiner à croire qu’elle s’intéresse d’à quelque chose d’aussi trivial que la cuisine, et, en femme raisonnable, elle n’en a pas fait cas jusqu’ici, parce que c’est la vie de campagne et que, par définition, elle est plus rude que la vie de palais… Mais, depuis la jonction, Mahée n’a pas pu faire autrement que de noter une différence dans les saveurs de ses repas. Pour ainsi dire, ce ne sont plus du tout les mêmes repas. Les ingrédients sont les mêmes, mais les assaisonnements, les mélanges de saveurs lui sont totalement étrangers. C’est délicieux. Son palais, affiné par la patience et les goûts raffinés de feu son mari, lysien, a appris à se délecter des arômes étrangers, et ceux-ci lui plaisent énormément. Ce soir, notamment, la soupe et les légumes qui l’accompagnent sont délicieux. Avec plaisir, la princesse termine le bol qui lui a été apporté plus tôt, et, saisissant l’opportunité, l’excuse, même, pour quitter la tente de commandement dans laquelle elle reste la plupart du temps lorsqu’ils sont à l’arrêt, histoire d’être disponible en cas de besoin, et se dégourdir les jambes, elle se rend jusqu’à l’endroit où les repas se préparent, dans l’idée de rencontrer les cuisinières de l’armée de Roward, car, assurément, elle n’était pas là lors de leur périple jusqu’ici ! Le père de Mahée avait coutume de dire que le monde serait beaucoup plus beau si les gens mettaient au moins autant d’énergie à s’exprimer quand ça leur plaît que quand ça leur déplaît, vision de la vie qu’elle essaie de maintenir en vie, en partie parce qu’elle chérit le souvenir de son père, en partie parce qu’elle trouve que c’est une meilleure façon de vivre.
La voilà donc, vêtue aussi simplement qu’un soldat, chemise de coton noir, sarouel, à cette heure, la jeune femme s’est déjà départie des pièces de cuir de son ersatz d’armure, ses longs cheveux de geais nattés le long de son épaule, et aussi de sa discrète couronne, le garde Rhoynar dans son sillage suffisant à renseigner sur son statut et veillant à sa sécurité, au cas où, pour ceux qui en auraient le besoin. Délassant ses jambes, elle traverse le camp jusqu’au petit groupes de femmes, qu’elle voit affairées près des marmites. Sur la fin de leur distribution, semble-t-il. « Bonsoir mesdames ! » Les salue gentiment Mahée. « La soupe de ce soir était particulièrement délicieuse, je venais vous remercier de prendre soin de nos estomacs. En campagne, nous sommes à l’affût de la moindre once de confort, et vous nous en donnez en belle plâtrée. Merci pour cela, mesdames… » Elle en pense chaque mot, comme en témoigne son allure ouverte, et surtout, sincère ! A voir les réactions qui l’accueillent, des paires d’yeux ronds, un peu scandalisés, qui se tournent toutes, après l’avoir dévisagée, vers une jeune femme aux traits étrangers, dont l’origine est totalement méconnue de la princesse. Cette dernière se fend d’un sourire. « J’imagine que c’est à vous que nous le devons… Merci, madame. Je ne sais d’où vous venez, mais vous en avez apporté une excellente gastronomie. » Toujours rendre à Nymeria ce qui lui appartient, dit l’adage… Toujours.
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Mahée Allyrion
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Sujet: Re: N'oublions pas l'essentiel ft. Mahée Allyrion Jeu 8 Fév - 15:50
N'oublions pas l'essentiel
La fin du service approchait, les marmites étaient quasiment toutes vides, pourtant je n’avais point vu le temps filer. J’ai toujours aimé rendre service aux autres, voir des sourires s’éclairer m’apportait un bonheur des plus ardents, et cela même bien avant la maison des geisha que j’ai intégré durant mon enfance. Mère m’avait appris à avoir bon cœur, à apprécier une vie simple et à aimer les gens. Depuis que je suis à Dorne, j’ai la chance d’appliquer les vœux de cette dernière, de redevenir celle que j’aurais pu être avant Simeon. Je sais qu’il me reste encore du chemin à parcourir pour cicatriser complètement, mais le plus gros a été fait. Je suis bien plus ouverte qu’à mes débuts, et j’apprécie bien mieux ma vie ici, malgré les combats qui sévissent dans la Principauté.
Alors qu’il ne nous restait plus que cinq ou six soldats à servir, je vis une silhouette féminine s’approcher, suivie d’un garde. Surprise, j’ouvrais la bouche, me stoppant dans mon activité. Avais-je fait quelque chose de mal ? Son visage ne présageait pourtant rien de mauvais, je ressentais même de la douceur venant de sa part.
- P-Princesse ?!
M’exclamais-je alors que je servais un des derniers soldats, mon regard attiré par la nouvelle venue qui nous saluait. Par surprise, je fis glisser le bol dans la marmite, je me confonds alors en excuse auprès du soldat avant de réparer ma bêtise. Je le récupère, le nettoie puis verse une louche de la soupe avec quelques morceaux de patates douces et de courges. Avec un petit sourire désolé je tends le bol, tandis que la Princesse nous gratifiait de nos efforts en cuisine. Je soupirais de soulagement, elle avait apprécié le repas. Tellement qu’elle s’était déplacée pour nous féliciter ? Je m’en sentais intimidée. C’est alors, qu’aussi surprise que moi, mes consoeurs me fixent en coeur, la gêne s’emparant de moi. Je sentis mes joues d’albâtre rosirent alors que je n’osais plus rien faire.
Alors que je relevais timidement le regard vers la princesse, je la vis sourire et me remercier chaleureusement. Je fus alors comme … fascinée par cette femme. Des trois femmes portant jusqu’à lors le titre de princesse de Dorne, je n’ai jamais ressentie une chose pareille. A mes débuts ici, j’ai pu côtoyer en de rares occasions la Princesse Deria, malheureusement, elle m’intimidait bien trop. Puis, avant la mort de la Princesse Nymeria, je l’ai rencontré, et nous avons eu des échanges bien troublants, me sentant par moment menacée puis à d’autres décontenancé. Il n’y avait rien de tout cela avec la Princesse Mahée qui me semble plus spontanée, humaine.
Je finis par me reprendre, sortant de mon mutisme, me séparant de ma marmite pour m’approcher respectueusement d’elle et je m’incline légèrement pour la saluer plus convenablement.
- C-C’est un honneur que vous ayez apprécié notre cuisine, Princesse. Euh .. Je n’aurais rien pu faire toute seule, mes consoeurs sont douées dans l’apprentissage..
Rapportais-je d’une voix douce en tendant une main vers les dames de camp qui rougirent à leur tour avant de s’incliner devant la Princesse. L’une d’entre elles termina de servir les derniers soldats dont les ventres salivaient devant l’odeur attrayante. Je me tourne à nouveau vers la Princesse et ramène mes mains devant moi pour les serrer l’une contre l’autre. Bien que je sois bien plus à l’aise pour communiquer aujourd’hui, je ne m’attendais certainement pas à échanger avec elle. Me donnant un peu de courage, je continu sur le même ton afin de répondre à de potentielles questions silencieuses :
- Je viens d’une contrée d’Essos, vôtre Grâce. Une terre gouvernée par l’Empire de Yi-Ti. Là-bas, il est de coutume de manger sainement, de privilégier les aliments simples mais de les cuisiner de façon à ravir les papilles. Cela permet d’harmoniser le corps et l’esprit. Je me suis dit .. qu’il serait bon de renforcer le moral des troupes, ils le méritent bien par les temps qui courent.
D’autant que l’on ignorait quand aurait lieu les prochaines batailles, leur faire retrouver suffisamment de force après ces longs déplacements me semblaient essentiels. Peut-être que grâce à leurs efforts, la Principauté retrouverait la paix tant désirée.
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Sujet: Re: N'oublions pas l'essentiel ft. Mahée Allyrion Lun 12 Fév - 15:55
Comme un drôle d'effet miroir, Mahée sursaute autant que l'étrangère quand leurs regards se croisent. L'une fait tomber son bol, l'autre rougit et cherche intérieurement où se mettre, avant de se souvenir qu'elle doit, semble-t-il, s'habituer à susciter ce genre de réactions plus souvent, maintenant que son front est ceint d'une couronne. C'est que, ça n'a rien de naturelle pour la fille de Lord élevée dans la chaleur d'une population réduite. Si on lui a toujours donné du "Lady Mahée", ses contacts avec les gens avaient toujours été simples et naturels. Son âge, son sexe, autant que son éducation ne sont pas étrangers à son comportement, comportement duquel il lui est difficile de se départir, couronnée ou non. Le peuple de la Grâcedieu n'a jamais craint de l'interpeller, l'a toujours vue courir dans les rues de la cité, la majorité du temps sans gardes. Elle a partagé les jeux des enfants du commun, n'ayant jamais pensé ou été encouragée à cultiver une distance entre eux et elle. Pourquoi faire? Ils n'étaient pas différents. Leurs rôles, dans l'avenir, le seraient, mais à ce moment-là, ils n'étaient tous que des enfants, égaux en âge, en rêves et en taquinerie. Maintenant qu'elle est adulte, maintenant qu'elle a rassemblé les deux tiers de Dorne sous son égide, l'égide de l'Empire, maintenant qu'elle n'a plus avec elle que les mercenaires, impériaux ou dorniens qui l'ont connue Lady avant de la couronner, maintenant qu'ils ont été rejoints, l'application du protocole se fait de façon plus dure, ce qui perturbe la femme, qui se réclame toujours simple malgré l'élévation de son statut.
Chassant rapidement son trouble, la princesse se fait forte de dissiper la situation de gêne, en délivrant le message pour lequel elle est venue: les compliments aux cheffes, et même, la cheffe, en l'occurrence, semble-t-elle comprendre du comportement des femmes. Celle-là même qui l'a faite sursauter! Quelle drôlerie. Mahée est immédiatement charmée par la réponse pleine de solidarité et d'humilité de l'étrangère. Il n'y a rien que la princesse apprécie tant que les efforts collectifs, aussi son sourire se fait-il plus lumineux. « Bien sûr, c'est un effort commun, comme tout ce que nous faisons en ces heures si difficiles…» Elle reprend, en regardant tour à tour chacune des cuisinières. « Assurément, une seule personne ne saurait nourrir autant d'hommes. Tous autant que nous sommes dépendons les uns des autres, et la marche serait autrement plus pénible sans la promesse d’un repas chaud, nourrissant et bon, à l’arrivée. Louées soyez-vous, mesdames. » Mahée flatte encore, enjouée par le moment de partage que ces femmes et elle, et bien… Partagent !
Finalement, l’étrangère se présente plus avant, commence à lui donner quelques détails, Essos, Yi-Ti, quel curieux nom ! se dit-elle, mais leurs propres noms doivent sonner bien étrange aussi à ces Yi-Ti, et, pour la première fois depuis des lunes, Mahée parvient à sortir, l’espace d’une seconde, les préoccupations de la guerre pour voyager. Ses yeux s’animent de curiosité. Elle évalue, d’un rapide coup d’œil, où en sont les femmes dans leur labeur, avant de reprendre. « Voilà un point sur lequel je ne chercherai pas à vous contredire… » Elle glisse, on ne peut plus d’accord quant au fait que les soldats méritent chaque once de confort qu’ils puissent leur offrir. « Madame, si votre office est terminé, accepteriez-vous de prendre un moment en ma compagnie ? Je souhaiterai en apprendre plus sur votre patrie d’origine, et sur le comment avez-vous pu venir de là-bas, et vous retrouver à préparer le dîner de soldats dorniens… J’ai l’impression que le début et la fin de cette histoire n’ont rien à voir l’un avec l’autre, appartiennent à deux histoires différentes, vous devez donc, si vous y consentez, m’expliquer tout ce qui a pu se passer entre les deux…» Oui, si la belle étrangère accepte, Mahée pourra voyager, en songe, pour la première fois depuis des mois… Pourvu que l’étrangère accepte ! Outre la possibilité de laisser son esprit se détendre un moment, cette petite marche digestive serait un bon moyen pour elle de se montrer dans son camp, d’accueillir les remarques si elle doit en avoir, de soutenir le moral des troupes… En un mot comme en cent, permettrait à Mahée de jouer un peu la Princesse en dehors de la tente de commandement et des décisions difficiles auxquelles elle doit faire face, chaque jour apportant son lot propre. Sans doute est-ce de mauvais goût de le songer, mais la jeune femme a hâte d’exercer un pouvoir plus posé, moins sur la brèche, mais est-ce que cela sera-t-il seulement possible… ?
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Mahée Allyrion
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Sujet: Re: N'oublions pas l'essentiel ft. Mahée Allyrion Dim 18 Fév - 22:57
N'oublions pas l'essentiel
Bien que je sois relativement bien plus à même de tenir une conversation aujourd’hui que l’an passé, j’ai toujours un peu de mal à contrôler mes émotions. D’autant lorsque j’ai à faire à des personnes de haut rang, charismatiques ou encore intimidantes. Je me mords intérieurement la lèvre, alors que je remarque avoir fait sursauter la Princesse. Était-ce dû à mon propre sursaut ? Peut-être ne s’attendait pas à une telle réaction, aussi maladroite soit elle. Elle devait me trouver pathétique. Essayons donc de faire meilleure impression pour la suite … Pourtant son sourire à mon encontre ne semblait aucunement faussé, même plutôt éblouissant, troublant et contagieux puisque mes comparses semblent retrouver leur respiration.
Sa voix retentit à nouveau, flattant notre talent pour la cuisine quant au fait que nous réconfortons à notre manière les soldats pour leur dur labeur. Je me sens alors troublée, semblant véritablement voir Arianne, ma bien-aimée amie à travers la Princesse qui semblait avoir un coeur d’or. Me manquait-elle autant pour que je fasse autant de comparaison entre elles ? Seulement, si la bonté de la Martell était véritable, je me demandais s’il en était de même avec la Allyrion. Après tout, je ne sais que trop bien qu’il ne faut pas se fier aux apparences, à ce que l’on veut nous montrer. Puisque la vérité peut être au combien désarmante, effroyable. Suis-je en train de trop réfléchir ? Très probablement … Je réponds alors, inclinant légèrement ma tête vers le bas d’une manière respectueuse et simple :
- Nous vous remercions pour votre éloge. Louée soyez-vous également Princesse, ainsi que vos soldats, pour libérer Dorne de l’oppression Valtigar.
Après tout, si nous sommes ici aujourd’hui, c’est bien pour mettre un terme aux conflits déchirant la Principauté. Et surtout neutraliser le mal sévissant à la capitale. J’ai entendu bien des histoires au sujet de la Princesse Allyrion, notamment durant le siège des Météores où je me suis retrouvée piégée dans la ville. Mais sa combativité et son amour pour Dorne sont loués par un grand nombre au sein de l’armée. Mais je ne l’avais jusqu’à lors … Jamais rencontré.
Au moment où j’aborde mes origines, je vois fatalement les prunelles de la Princesse pétiller. Je ne suis pas surprise, depuis que j’ai quitté ma contrée, dès lors que le sujet est mis sur la table, la fascination est de mise. Pourtant … Il n’y a rien de bien fascinant dans mes terres natales. Bien sûr c’est magnifique, mais comme partout les hommes entachent la beauté de la vie par leur pouvoir. J’y ai fuit ma vie, ma famille, mon nom. Et ce que j’ai été s’est évanoui.
Lorsqu’elle me propose de partager un moment avec elle, je suis si surprise que je regarde les dames de camp avec les yeux ronds, incertaine. Je les vois chuchoter entre elles, ce qui accentue mon malaise. Ce n’est que lorsque je retourne mon regard sur la Princesse qu’elle reprend en mentionnant le fait qu’elle souhaiterait en savoir plus sur mes origines, ma vie et surtout ma présence ici. Je soupire silencieusement, soulagée, comprenant où elle souhaitait en venir, relâchant la pression de mes membres devenus presque crispés par la surprise. Je comprend qu’elle soit méfiante vis à vis d’une personne comme moi, qui vient d’une contrée d’Essos tout comme les Valyriens. Il y a là toutes les raisons du monde pour se poser des questions. Ce n’était pas la première fois que l’on s’interrogeait sur sa loyauté, Roward lui-même s’en était méfié.
- Bien sûr. Acquiesçais-je en hochant la tête avant de m’incliner cordialement : Je me présente, Lin, au service de la maison Martell, vôtre Grâce.
Lui énonçais-je de ma voix douce, me rendant compte que je ne m’étais même pas présenté jusqu’à lors. Au moins, elle saurait que je ne viens pas simplement de nul part. Que je ne suis potentiellement pas une espionne comme certains ont pu le penser quelques semaines plus tôt, à mon arrivée impromptue au camp de Roward. Je suis sagement la Princesse, m’accordant à ses pas alors que le stress monte en moi. J’ignore où elle souhaite m’emmener, si nous allons dans sa tente ou tout simplement marcher à travers le camp. Mais je sens l’aura pesante de son garde royal sur ma personne. J’attends, silencieusement, marchant à ses côtés me demandant si je dois de moi-même lancer la discussion à mon propos. Main liées devant moi, je garde mon regard baissé alors que je demande, d’une voix basse intimidée :
- Hum, voulez-vous savoir quelque chose en particulier Princesse ?
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Sujet: Re: N'oublions pas l'essentiel ft. Mahée Allyrion Jeu 22 Fév - 11:20
Au contact de la jeune dame d’Essos, Mahée s’aperçoit que le statut de Princesse s’accompagne d’une distance avec les gens, supplémentaire encore à celle qui peut exister avec le statut de Lady. En qualité de Lady Allyrion, la dornienne a été habituée à une sorte de déférence respectueuse, mais à demeurer tout de même accessible en tant que personne. Ça ne l’avait pas encore frappé avec autant de violence qu’à cet instant, mais son nouveau rôle l’éloignait un peu plus des gens pour qui elle avait décidé de prendre les armes à la base, et ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine mélancolie face à l’ironie de la situation. Au plus ses mains se sont déliées pour leur venir en aide, au plus le contact avec eux s’est distendu. Malgré elle, Mahée ressent une certaine déception face aux réponses convenue de la jeune femme, et en même temps, la honte se mêle à la déception, honte de se contrarier pour un statut qui lui a permis d’accomplir certains éclats d’importance. Elle pense notamment à sa rencontre avec Martyn Tarbeck, général des armées de la Foi au pied des Météores. Sans son statut, elle n’aurait pu décider de sa sentence. Sans son statut, il est peu probable que les deux armées dorniennes auraient consenti à s’unir sous la même bannière. Quelle ingratitude, quelle indignité… Il ne reste plus à Mahée qu’à faire son possible pour changer cela.
Gracieuse, la jeune femme accepte l’invitation de la princesse, et cette dernière se demande en quelle proportion l’étrangère s’est sentie obligée d’accepter, mais ce questionnement n’entame pas sa résolution. Après avoir poliment salué les cuisinières, Mahée prend congé d’elle pour commencer à marcher dans le camp. Ce serait peut-être déstabilisant pour Lin, que de voir Mahée saluer et encourager les soldats pendant leur discussion, mais l’opportunité mérite d’être saisie. Ce n’est pas courant que la dornienne se retrouve avec du temps, d’une part, et il faut qu’elle se montre aux soldats ramenés par Roward qui, eux, ne l’ont encore jamais vue. Pourtant, c’est pour elle qu’ils se battent à présent, et Mahée refuse que ces hommes meurent pour une totale inconnue.
Deux femmes accompagnées d’un garde Rhoynar laisse peu de place à l’imagination quant à l’identité des protégées. Elles ne passent donc pas inaperçues dans le camp. Certains, rapides, s’inclinent avant que Mahée ne les invite promptement à se redresser. La question de Lin est laissée en suspens le temps que la princesse dispense des encouragements de mise, et qu’elles ne reprennent leur route. « Dame, j’aimerai d’abord vous rassurer. Vous n’êtes pas sous inquisition. Ce n’est pas la couronne qui souhaite apprendre votre histoire, mais moi. Si vous cherchez un intérêt plus grand à notre conversation, vous pouvez vous dire que, puisque vous êtes au service des Martell, vous êtes dorénavant une de mes citoyennes, et j’aimerai comprendre les besoins d’une femme avec votre parcours. Je suis en marche depuis des mois et mon contact avec le peuple s’est malheureusement raréfié. Je crains de ne plus être en mesure de le comprendre. Si vous pouviez m’aider, vous seriez très gracieuse. » Elle lui sourit, gentiment, cherchant à lui faire comprendre qu’elle a le choix, le choix des informations qu’elle pourrait lui donner ou non, et même le choix de mettre un terme à l’entrevue si elle le souhaite ! Mahée n’a jamais aimé obtenir quoique ce soit sous la contrainte. « Et bien, j’aimerai que vous me racontiez votre histoire, si vous le voulez bien, que vous m’expliquiez comment, de Yi-Ti, vous finissez par être au service des Martell ? Dorne est très éloignée de votre patrie, et nous ne pratiquons pas l’esclavage. Vous êtes donc un mystère nébuleux à mes yeux. » Nouveau sourire enjoué, trahissant l’appétence de la dornienne pour l’histoire à venir.
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Sujet: Re: N'oublions pas l'essentiel ft. Mahée Allyrion Mar 5 Mar - 15:00
N'oublions pas l'essentiel
Le rideau sombre de la nuit s’était couvert, les étoiles scintillantes dansantes au-dessus de nous alors que l’astre nous illuminait de sa beauté. Je me perds un instant dans sa contemplation alors que je marche auprès de la Princesse Allyrion, suivi de son garde personnel. D’ailleurs, je suis surprise qu’elle ne soit pas plus protégée au vu de sa position. Si l’Empereur-Dieu de Yi-Ti était escorté par toute une escouade, frôlant la démesure, quant à la défunte Princesse Martell, elle était au moins bien plus entourée. N’avait-elle donc pas peur que quelque chose lui arrive ?
Alors que nous marchons d’abord dans le silence, je la vois saluer quelques-uns de ses soldats, ou en encourager d’autres pour les prochains jours. Peut-être me suis-je fourvoyé sur elle ? Que sa sympathie et son ouverture ne sont pas qu’une première impression, mais bel et bien celle qu’elle est vraiment ? Je souris doucement, cela me rend curieuse là concernant. Je regarde le sol sous mes pieds avant de lui demander ce qu’elle aimerait savoir à mon sujet. Elle me rassure alors sur le fait que ce n’est pas un interrogatoire, qu’elle est simplement curieuse de découvrir plus amplement ses citoyens. Je comprend donc que c’est une femme proche du peuple avant d’être la princesse qui s’est rebellée quelques mois auparavant.
Je souris légèrement à nouveau, la princesse me faisant drôlement penser à ma propre mère qui avait à cœur de prendre soin du peuple, qui souhaitait être à leur contact. Il est rare que je repense à elle, ou que quelqu’un m’y fasse penser. Mais je sais une chose, elle serait soulagée de me voir un tant soit peu épanouie, loin des misères qui ont failli avoir ma peau. La princesse me rapporte qu’elle souhaiterait que je raconte mon histoire, que je raconte comment j’ai pu me retrouver à Dorne alors que je suis née aussi loin à l’Est. Il est vrai que le voyage est long jusqu’à là-bas. Et quand je revois mon parcours, je me demande encore comment j'ai fait pour surmonter tout cela… J’acquiesce donc aux dires de la Princesse, mon sourire s’étirant à la vue du sien.
Mais la réelle question est .. Par où commencer ? Je n’ai jamais eu le courage de parler de mes réelles origines, depuis que j’ai intégré l’okiya, c’est comme si le passé n’avait jamais existé aux yeux des autres. Puisque je savais qu’en parler serait dangereux. Si le palais savait qu’une jeune princesse en fuite était cachée juste sous son nez, j’aurais sans nul doute été exécuté.. Tout comme elle. Ce passé lointain était comme une porte close, verrouillée, dont la clé avait disparu. Un passé qui n’aurait plus son importance, puisque je me trouvais bien trop loin pour que cela en ait. Pourtant, une personne de mon passé se trouve en Westeros, et cela remet absolument tout en cause dans mon coeur.
- J’ai grandi dans une Okiya, aussi appelée maison des geishas dans mon pays. Commençais-je en levant mes prunelles pour observer les étoiles, comme pour retourner dans un passé lointain. Obstruant volontairement mes premières années de vie. Les geishas sont des artistes mêlées à des dames de compagnie. Elles divertissent leurs clients de diverses manières, par leurs spectacles, leurs jeux ou bien la discussion. Au contraire des vendeuses de charmes qui divertissent les corps, les geishas divertissent l’esprit. J’ai été éduqué afin d’en devenir une à mon tour, j’y ai appris les sept arts Yitish : l’art du thé, culinaire, dansant, musical, du chant, culturel et celui de la beauté.
Je dois dire que cela est bien étrange de parler de ma propre histoire. D’ordinaire, les hommes que j’ai servi, ou ceux que j’ai croisés dans ma vie, me demandent seulement de raconter à quoi peut bien ressembler Yi-Ti. Ils semblent alors s’émerveiller de mes récits, alors que je sais que derrière la beauté de notre patrie, se cache l’horreur de l’Empereur-Dieu. Le monde est comme une rose, plus elle est belle et attirante, plus elle fera couler le sang par ses épines lorsque l’on tente de s’en saisir. Je prends un instant afin de me préparer mentalement à la suite. Bien que j’ai pris un certain recul sur mon passé, il y a toujours cette fragilité en moi qui tend à se briser lorsque j’en parle. Je baisse finalement le regard, celui-ci vagabondant entre les toiles de tente et les torches mises ici et là.
- Il y a huit ans, un marchand de Pentos m’a fait une proposition. Celle de devenir sa dame de compagnie. Je déglutis, et ma voix se teinte de tension, d’appréhension. J’ai accepté puisque cet homme me semblait charmant et honnête. Mais … Ce n’est qu’une fois à Pentos, qu’il s’est révélé être … un escroc. Une boule se forge dans ma gorge alors que je prononce les mots suivants d’une voix plus basse : Il m’a réduit en esclavage. M’obligeant à m’occuper de son commerce le jour, et … de ses invités la nuit. Lorsqu’il s’est lassé de moi, il m’a vendu à une maison de plaisir à Lys …
Passer du cauchemar au chaos, à la perdition, à l’abandon total. J’ignore ce qui a été le pire pour moi dans cette histoire, Yi-Ti, Pentos ou Lys ? Le premier m’a couté mon innocence et ma famille, le second ma fierté et mon esprit libre, le dernier m’a pris mon corps et mon espoir. Je laisse échapper un soupir en fermant momentanément mes paupières, ravalant les brûlures de mes yeux. Lorsque j’ouvre ces derniers, je suis un peu plus apaisée, ma voix se fait plus affirmée et plus douce à la fois.
- Je suis finalement sortie de cet enfer il y a deux ans. Mon maître m’avait vendu aux Martell afin de devenir leur interprète, pour le commerce avec l’Est. Un grand sourire vint éclipser ma précédente peine. Ma voix se teinte de tendresse : J’ai alors rencontré Dame Arianne. Elle m’a rendu ma liberté, et m’a laissé le choix de la servir ou non. Depuis lors, ma loyauté va aux Martells. Je tourne finalement mon regard vers la princesse, que je n’ai pas regardé depuis le début de mon récit. Mais également au peuple dornien, que j’affectionne particulièrement. Je me sens à ma place parmi eux, bien plus qu’ailleurs.
Fleurissement du LotusComme la fleur de lotus qui naît de la boue, nous devons honorer les parties les plus sombres de nous-mêmes et les expériences les plus douloureuses de notre vie. Car ce sont elles qui nous permettent de donner naissance à notre plus belle personne.
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Sujet: Re: N'oublions pas l'essentiel ft. Mahée Allyrion Mar 2 Avr - 18:47
Patiente et, surtout, silencieuse, Mahée laisse à Lin l’espace nécessaire, l’espace dont elle a besoin pour se rassembler avec elle-même et débuter son récit. Les sourires de la princesse l’encouragent. Ainsi, durant tout le récit, la dornienne ne pipe mot, même si les émotions qui l’agitent au fur et à mesure que l’histoire se délie, se lisent sur son visage. D’un sourire un peu charmé par cet okiya duquel elle parle, et la tête fourmillant de questions, elle les garde pourtant toutes pour elle, se réservant la possibilité d’en retoucher un mot plus tard à la jeune femme, si la conversation le lui permet, son expression se fait plus sombre lorsque son abordées les années de servitude et les sévices qui lui ont été infligés, pour finir par un air presque apaisé lorsque vient le moment de la chute, la rencontre avec Arianne Martell et la liberté retrouvée… Pourtant toujours dans la servitude.
Sans discrétion aucune, à la clôture du récit, la princesse garde un long moment le silence, après avoir poussé un profond soupir. Que peut-on dire à une femme qui a subi les hommes se forcer sur elle, pendant des années ? La prostitution impacte différemment les filles qui s’y adonnent, contraintes ou non. A la façon dont la perle yitish en parle, Mahée sent la difficulté de l’épreuve qu’elle ne peut que survoler oralement, de peur, sans aucun doute possible, que replonger trop fort dans ces souvenirs l’obligeraient à se rendre compte que, si son quotidien a changé du tout au tout depuis cette période, son corps, lui, n’a pas oublié. Finalement, après un long silence, la princesse ose un léger sourire à son interlocutrice. « Après tout ce que vous avez vécu, vous entendre dire que vous vous sentez chez vous en Dorne est un réel compliment. Je suis heureuse que la Principauté ait été le décor de votre épanouissement, au moins autant que je suis navrée pour les épreuves qui vous y ont conduite. » Mahée n’ira pas plus loin sur ce terrain, parce que ça ne la regarde pas, et que son ambition n’a jamais été de mettre sa comparse mal à l’aise.
« Me parleriez-vous de cet okiya, cette maison de g… gasha ? Vous avez éveillé ma curiosité. L’art culinaire, je peux déjà dire qu’effectivement, vous le maîtrisez. Qu’est-ce que l’art du thé ? Et l’art de la beauté ? La beauté, appliquée à vous-même ? Doit-on conclure qu’une laide femme ne peut pas prétendre être gasha ? » Des questions en cascade, et pourtant, ça n’est jamais que la première salve, puisqu’ensuite viennent les questions sur les arts de l’esprit. Par ailleurs, Mahée est particulièrement curieuse d’entendre des chansons, des histoires, ou des poèmes yitish. L’éclectisme de Dorne est l’une des raisons pour lesquelles la Principauté lui est si chère. Métissé jusqu’au bout des ongles, la population dornienne a longtemps vu l’étranger comme lui-même, aimé apprendre à son contact, ses nombreux ports facilitant les contacts entre voyageurs, et Mahée ne fait pas exception. Du reste, elle est sans cesse en alerte, à la recherche de philosophies étrangères qui pourraient lui ouvrir de nouvelles portes de compréhension. La discussion entre les deux jeunes femmes s’amorce à peine, mais il semble d’ores et déjà clair à la princesse que si l’étrangère maîtrise tous les arts desquels elle a parlé, elle apprécierait que Lin passe plus de temps avec elle, si elle y consent, bien sûr. Il y a peu de femmes dans cette armée, ce qui est normal, et encore moins de femmes instruites avec lesquelles la Allyrion pourrait discuter de sujets qui pourraient lui sortir deux minutes la guerre de l’esprit. Lin pourrait peut-être l’aider en cela, du moins jusqu’à ce qu’Arianne ne revienne, puisqu’elle est à son service. Peut-être que, plus tard, Mahée pourra s’enquérir de quelques nouvelles de la maîtresse de Lin ? Son dernier corbeau était, sans surprise, extrêmement défensif. La princesse est curieuse de savoir si elle est assez parvenue à la rassurer pour que la Martell rentre chez elle, auprès des siens. Peut-être Lin pourra-t-elle répondre à cette interrogation ?
Princesse de Dorne
No Foe May Pass
Mahée Allyrion
L'Etoile du Matin
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