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 The good old days [Ft. Arianne]

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MessageSujet: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptyDim 5 Nov - 18:26

Hey sister, know that water's sweet, but blood is thicker


« You survived; I survived. »

Les préparations pour les opérations battaient leur plein et je ne pouvais dire que l’ennui avait ne serait-ce qu’une seule seconde pour s’introduire dans mon esprit. Les questions navales étaient nombreuses et le mystère demeurait aussi épais que la brume qui avait accueilli la flotte à Accalmie concernant le sens à donner à nos priorités. Ces dernières étaient nombreuses et il fallait faire des choix. Nous avions déjà perdu du temps, et il fallait désormais s’assurer de la meilleure coordination des grandes manœuvres à venir. Les enjeux étaient monstrueux et c’est bien cela qui m’inquiétait le plus. L’Empire demeurait fragile sur certains points et l'intensité de la guerre mettait à vif les nerfs des royaumes fédérés. La genèse de l’entité impériale Braenaryon connaissait des débuts extrêmement mouvementés et sanglants et l’intime conviction -pas bien difficile à avoir- que la suite n’offrirait guère un horizon meilleur collait à mes guêtres. Toutefois, j’avais bonne espérance que la campagne de l’Orage nous offrirait un avantage définitif et qu’il serait aisé de percer les larges flancs de ce maudit Bief. La fin du blocus d’Accalmie offrait en tout cas une belle perspective dans ce sens, et il ne restait plus qu’à espérer poursuivre sur cette lancée-ci. Si les jours heureux de paix ne me manquaient pas vraiment, ayant presque oublié leur existence et ce à quoi ils ressemblaient, cela ne semblait pas être le cas de nombreux des hommes et marins avec qui l’on avait rencontré de nombreuses péripéties. Avec l’Amiral Impérial Velaryon et l’Amiral du Val Grafton, nous terminions de mettre au point les stratégies à venir. Bientôt ces dernières seraient communiquées au couple impérial. Une expédition qui offrira certainement son lot de surprises.

Je sortis de la salle de réunion en faisant quelques mouvements d’épaules et en étirant mes bras endolories par une position assise sur un siège peu confortable trop longtemps. Si ne pouvais entièrement comprendre ma soeur sur son sentiment d’hostilité des lieux (bien que j’en connaissais les raisons, mon ressenti demeurait bien différent du sien), je pouvais entendre que le palais n’était pas l’endroit le plus charmant qui existait particulièrement à cause de son état après un siège de plusieurs longues semaines. Si tout semblait reprendre vie et couleurs avec l’arrivée des vivres impériaux, la situation demeurait relativement préoccupante. Alors que je me dirigeais vers un des balcons afin d’humer l’air salé -et orageux- de la région, je pris connaissance d’informations qui accaparèrent l'entièreté de mon attention. Des gardes semblaient discuter de l’arrivée d’une dornienne, et plus particulièrement d’une Martell. Il n’y en avait pas trente mille et je ne tarda pas à délicatement m'insérer dans leur conversation -non j’y suis allé comme un gros buffle en ne pouvant contenir une exclamation, même si je fis l’effort de m’excuser par politesse-. Groupes d’individus pris dans une situation d’escarmouche avec les cavaliers ennemis et d’autres détails qui finalement ne m’intérèsserent nullement car c’était bien trop flou pour que j’y porte le moindre intérêt. Je leur demande donc si cette personne se trouvait présentement proche d’Accalmie et on me répondit que oui. Ni une, ni deux, je les salua en les remerciant promptement avant de les quitter.

Mon pas rapide se transforma quelques mètres plus loin en pas de course, souffle bientôt halement et certainement un sourire con et niais jusqu’aux oreilles. Ce n’était pas princier ce que j’allais faire. J’aurais pu me contenter d’une invitation dans les appartements qui nous avaient été apprêtés, mais c’était hors de propos de perdre une seule seconde de plus. Non. Quand on pouvait agir, on agissait, point. Inutile et lourde étiquette me passait par-dessus la tête. J’avançais rapidement et pourtant si lentement. Les dizaines de marches me paraissaient être des milliers, tandis que forme de liesse emportait les battements de mon cœur comme si une fragmence du passé, une des rares qui n’étaient pas négatives, remontait. J’atteignis les extérieurs sous une légère bruine, poursuivant ma route à marche forcée. Je mis quelques minutes à atteindre la tente que l’on m’avait indiqué et je demanda confirmation au garde lorsque je me trouva devant. Celui-ci me confirma l’identité de la personne à l’intérieur. Sans aucune précaution je pénétra sous la toile, et des paroles ne tardèrent pas à s’échapper. « Martell ! » Et mon visage s’illumina plus encore lorsqu’il croisa cette sœur de cœur. La savoir en vie, là, ça me remontait le moral. « Tu m’as manqué. Je suis super super content de te voir » Je me rapprochai d’elle avant de la serrer dans une étreinte délicate, tant pis pour les protocoles. Je redevenais un peu un gosse. Mes yeux étaient un peu humide, à cause de la pluie certainement. « Mais qu’est-ce que tu fais là bon sang ?! J’ai du mal à croire…  » Je trouvais plus les mots alors que je délaissais mon étreinte, cœur et âme vibrant à l’unisson de cette nouvelle qui était certainement la meilleure depuis des lunes. A égalité avec les sourires que j’avais fais décroché à Rhaenys. Je me retenais de chialer parce que de nombreux moments de Dorne me revenaient en mémoire… et il n’y en aurait probablement plus. Et qu’est-ce que j’ai l’air stupide à perdre ma voix.

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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptyVen 17 Nov - 17:29

Jusqu’à obtenir un entretien avec l’Empereur ou l’Impératrice, j’ai à occuper mes journées. Si la tâche parait ardue, elle n’est pas impossible. Je ne suis plus la dornienne coquette et précieuse de jadis, j’ai appris à me contenter de peu et à monnayer mon aide contre une soupe, un gîte ou quelques sourires simplement. Et les demandes ne manquent pas dans une cité jadis en siège. Sa population a été affamée, ses nerfs mis à rude épreuve et ses installations fragilisées.

Lors de mes visites auprès de Robyn, je profite pour apporter quelques maigres soins autant à lui qu’à d’autres âmes esseulées. Lors de mes petites balades dans les champs ou dans les ruelles, je n’hésite pas à jouer et chantonner quelques chansons et airs afin d’apaiser quelques cœurs. Si le troc m’a paru fort peu honnête – un instrument bien usé contre une belle perle de mer –, je change vite d’avis devant quelques sourires, voire même quelques fruits ou friandises ou pains. J’apprécie le geste, davantage que la nature du bien offert.

A nouveau, le remord et le regret me gagnent le cœur, tentant d’écarter cette masse puante et proéminente qu’est la vengeance. Malheureusement, à l’image d’une gangrène bien établie, elle réplique qu’avec plus de force et de violence, se nourrissant de tous les détails. Cette mauvaise voix se délecte de cette injustice qui me frappe chaque jour à la figure, dès que je pose un regard sur ces hauts murs ou sur les blasons du cerf.

Accalmie sauvée, Lancehélion en flamme. Une reine prisonnière certes mais vivantes, une princesse brûlée vive. Trois Durrandon qui sont deux Durrandon aujourd’hui. Six Martell qui ne sont plus que Deux aujourd’hui.

J’espère qu’Argella Durrandon mourra, et que je pourrais assister à la peine de sa mère, Rowenna Durrandon. Je n’ai aucune réelle haine contre la biche, si ce n’est quelques vexations sur sa façon de répudier mon frère. Elle s’est simplement adonnée à des jeux politiques. Tout ce venin n’est dirigé que vers la mère, celle qui a osé empoisonner mon père et ma grand-mère et qui a eu l’audace de demander un mariage entre Argella et Roward. Ma sœur s’est parjurée pour les belles promesses d’une meurtrière, brisant l’accord nuptial entre Rhaenys et Roward. Elle a du se délecter de nos souffrances. Il est temps que je me délecte des siennes.

Et pourtant, je n’apprécie pas plus ce plat qu’est la vengeance. Il est amer. Il est affreux. Il est détestable. Je suis prête à tremper mes lèvres dans cette eau enflammée car c’est un mal nécessaire. J’ai à protéger mon frère. Si je ne peux pas le faire par la bonté, alors j’ai à jouer les jeux ignobles de nos ennemis et leur apprendre à craindre ma chair et mon sang. L’amertume me regagne, l’hésitation m’empoisonne autant que cette course à l’horreur …

La journée s’achève, avec la promesse d’une longue nuit d’insomnies où raison et folie se battent. Léliana prend le relais auprès de Robyn. Le mestre a été insistant pour que je me repose, me sermonnant sur ma mine toujours plus pâle, sur mes gestes toujours plus fébriles. Je ne saurais pas dire si je tremble de fatigue, de colère, de crainte, de peine. Je m’inquiète pour Robyn et pour Roward, je m’interroge pour Léliana, je pense aux mille façons d’atteindre les Valtigar avant d’autres, j’essaie d’oublier la Biche et sa vilaine mère …

Yeux fermés, je tente de faire le vide. Paupières closes, j’essaie de me remémorer un son ou une mélodie. J’ai besoin de paix. Là. Maintenant.

Je sursaute. On fait irruption dans la tente. Je deviens blanche comme le linge, j’ai le vertige. Est-ce une mauvaise nouvelle de Dorne ? Est-ce au sujet de Roward ? A moins que ce ne soit Robyn. Est-ce que nous avons sous-estimé ses blessures ?

Je manque de tomber. Je reconnais la voix, le visage, la silhouette. Je suis prise dans une étreinte. Je suis fixée par un regard humide. Je suis interrogée par une voix enjouée. Je ne réponds ni au geste, ni au regard, ni aux paroles. Je me contente de le fixer, interloquée.

- Mais … Vous … Tu … tu n’étais pas là.

Subitement, les émotions me prennent à la gorge. Les larmes coulent comme deux belles fontaines.

- Tu n’étais pas là.

Je me répète. La voix tremble. La voix est à moitié étouffée par l’émotion.

- Je … Ils m’ont dit … Pas de Prince. Je … Toi … Deria … Anders … Ils les ont … Les Valtigar …

Incapable de faire la moindre phrase cohérente, j’éclate en sanglot.



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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptyVen 17 Nov - 23:32

Hey sister, know that water's sweet, but blood is thicker


« You survived; I survived. »

C’est d’abord la liesse qui prit le pas sur mes pensées lorsque se dessina vaguement la figure d’Arianne Martell face à moi. Cette ancienne belle-soeur de sang-mêlé m’avait offert une place dans le monde lointain de Dorne alors que la situation avec feue Deria était pour le moins compliquée et complexe. C’était par ses interventions que la notion de famille avait pris un sens nouveau et que le nom Baratheon avait pris une consistance toute autre avant d’être aujourd’hui vidée de toute raison. Cette époque n’était pas parfaite, mais c’est bien la nostalgie qui prenait le pas sur tout le reste, parvenant même à dissimuler l’horrible abime qui s’est creusé entre Deria et moi avant ce qui fut mon ultime, et regretté, départ. C’était comme si un morceau de mon passé venait se raccrocher à moi, redonner un sens à une identité qui avait perdu de son sens, déboussolée dans un cataclysme de fléaux de nature diverse : guerre, rivalité, amour impossible, perdition, recherche de soi… J’ai la sensation de marcher en terrain connu, véritable illusion rassurante qui me pousse à des manières qui ne devraient pas être, me faisant ignorer un intangible passé dont le poids se rappela à l’écervelé que je suis dès les premières paroles d’Arianne. De nombreuses lunes s’étaient écoulées depuis mon départ, et un lot de dénouements turpides avait eu lieu.

Les premières paroles balbutiantes de la Dornienne furent une véritable giroflée temporelle laissant une marque sur mon âme et mon visage. L’euphorie fut balayée aussi fébrilement que le sable par un raz de marée. Les plaies que je pensais, sincèrement, cicatrisées se rouvraient me rappelant ma faute, pleine et entière, dans le trépas de ma famille encore naissance. Un enfant pas encore né partie pour les limbes et une femme brûlée par le souffle ardent d’un dragon. Le malcommode choix, impossible, que j’avais dû faire se rappelait vivement à moi laissant dans son sillage le fleurissement de componctions écarlates et bien trop chatoyantes. Comprenez bien ceci, choisir Dorne n’eut été pas plus salutaire que de choisir l’Empire. Dans un cas comme dans l’autre l’inconséquence de mes actions auraient conduit à un apanage de repentances qui semblait toujours me définir. Le regard fixant d’Arianne scarifiait mes certitudes tandis que la répétition de ses paroles arrachèrent une nouvelle souffrance sortie des tréfonds de mon inconscience. Mon regard se baissa aussitôt, fuyant le sien. Pas par humilité, mais bien par opprobre. Elle aussi, elle faisait partie de la longue liste des personnalités que j’avais abandonné : Aegon, Visenya, Rhaenys, Isla, Daena, Raevor, Deria, Anders, Roward…

Ma gorge se serrait à l’évocation des événements de Lancehélion tandis que mes doigts se crispèrent. Les chuchotis des sanglots de mon interlocutrice laissèrent s’échapper quelques larmes de mes yeux améthystes tandis que le sol semblait se dérober sous mes pieds. Ce ne fut qu’un « Je sais… » au souffle court qui s’échappa de mes lippes. Je me sentis bientôt ordonné de préciser. « …Je n’étais pas là.  » Amer, cafardeux, minable, ridicule. Je n’avais pas assez adjectif dépréciatif pour me qualifier sur l’instant. Nouvellement fut fait le choix de resserrer l’étreinte formée préalablement pour éviter de croiser son regard. « Je suis désolé… désolé pour tout. » Sincérité blessante alors que je tentais de me montrer au possible réconfortant. Mes mains glissèrent dans son dos afin de la sécuriser alors même que d’une certaine façon, mon unique souhait était que celle-ci me repousse. « Je ne pouvais pas rester… je ne pouvais pas. » bredouillais-je, souhaitant presque répéter ces paroles pour qu’elles ne me fassent plus mal. « Tu es à l’abri désormais. » Des monstres extérieurs ? Peut-être. Ceux intérieurs ne ferait que revenir dès que la garde baisserait. « Est-ce que je peux faire la moindre chose pour toi ? » Parce que je suis presque paralysé, que le doute me neutralise, et que mes connaissances de sa situation étaient ridicules. Ce curieux mélange de joie diluée dans la tristesse et l’apathie rendait le tout étrange. Défaitisme cavalant, au moins pouvais-je me réjouir qu’Arianne soit vivante. Même si cette dernière pouvait potentiellement ne nourrir que de l’aversion à mon encontre, au moins cette rencontre chassait un spectre parmi la pléthore de ceux qui me hantaient. Une situation certainement similaire à celle que connaissait la dornienne, curieusement j’en avais l’intime conviction.

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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptySam 18 Nov - 12:40

Tu n’étais pas là, lorsque je suis arrivée au campement et que j’ai eu à enterrer un ami, un protecteur, un père. Tu n’étais pas là, lorsque j’ai eu à défendre ma cause, mêlant vérité et mensonges à une conseillère. Tu n’étais pas là, lorsque j’ai eu à pleurer ma sœur et mon frère, perdue entre la Principauté et les terres de l’Orage.

Mes pensées affluent tel un torrent furieux et incontrôlable. Jadis, je craignais un tel déchaînement d’émotions, fragilisant, voire brisant les fondations même de mon être. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de cette destruction et de cette annihilation. Je ne retiens plus, je ne contiens plus, je laisse couler, qu’importe qui ou quoi se trouve sur le chemin.

Je me cale entre ses bras sans retenue, respire cette odeur de terre et de mer et écoute son cœur tambouriner dans sa cage. J’aurais pu apprécier cet instant bien longtemps. Malheureusement, comme tous ces derniers événements qui rythment mon existence depuis un an, la joie est éphémère. Il suffit d’un regard, d’un geste ou d’un mot pour que les spectres de la colère, de la déception et de la vengeance reprennent leur plein droit.

Tu es à l’abri désormais. .  

Les sanglots s’arrêtent subitement. Le silence s’abat, lourd, suffoquant, terrifiant. Joues inondées de larmes, le brouillard se dissipe au fond de mes prunelles, dévoilant un feu terrible. Il n’est ni joueur, ni brillant. Il est dissipé, imposant, menaçant. Je relève la tête et le dard de ce regard aussi flamboyant que terrible. Jamais, ô grand jamais, je ne lui ai offert un tel traitement à ce jour, même lorsqu’il a choisi sa sœur à son épouse enceinte. Jamais, ô grand jamais, je ne l’ai accusé silencieusement ou franchement.

Sauf aujourd’hui. Sauf à cet instant-ci.

- A l’abri. Quel abri ? Pourquoi voudrais-je d’un abri ? Je ne veux pas d’un abri. Je veux …

Je veux être avec Deria, Anders. Je veux voir Roward heureux, épanoui et à l’abri entre les murs de Lancehélion reconquise et plus belle que jamais. Je veux la tête de tous les Valtigar, ici et par-delà les mers sur des piques. Je veux le squelette de ces maudits dragons comme trône seigneurial de mon frère. Je veux brûler la Principauté et ces foutus nobles vicieux et déloyaux. Je veux la vengeance. Je veux la protection de mon frère, de ma chair et de mon sang, et de ses enfants à venir … Je veux mourir. Et que ma mort serve une cause, rachète tous mes péchés et m’octroie le droit de revoir cette opportunité ratée, ce rêve tué de mes propres mains. L’écho fantôme des pleurs d’un bébé me vrille les tympans.

- Alors que Roward pourrait rendre son dernier souffle à cet instant même ?

Ma voix s’étouffe par l’effroi d’une telle perspective. A nouveau, je me sens fébrile, chancelante, pantelante. Plus le mal me gagne, plus je perds pied, plus j’enfonce mes ongles dans ses bras. Ma respiration est lourde et irrégulière. Le hoquet me gagne, hachant mes phrases.

- Pour Deria. Pour Anders. Je suis là … pour eux.

Est-ce qu’il comprend ce que mon cœur désire ? Si non, alors il ne sera qu’une nouvelle déception parmi une multitude, une belle désillusion sur la notion d’amitié et de famille, un homme de pouvoir aussi insensible et détaché du bas peuple que bien de ses pairs. Je ne clarifie pas davantage mes intentions, le fixant intensément, cherchant une réponse, une réaction, un sentiment dans son âme.  

- Qu’est-ce que tu voudrais faire pour moi, là maintenant ?

Qu’est-ce que je lui inspire, exactement ? Est-ce la pitié ? Est-ce la nostalgie ?



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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptyVen 1 Déc - 20:20

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« You survived; I survived. »

Nous aurions dû célébrer ces retrouvailles pourtant la situation devint rapidement glacial. Le mot de trop s’échappa de mes lèvres et provoqua une césure importante, annonce d’une catastrophe à venir qui s’annonçait probablement terrible. Un an, un an… Cela fait plus de douze lunes que nous ne nous étions pas vus et ce nombre me paraît bien superfétatoire quand il me parait bien plus long. Je n’ai aucune idée de son opinion à mon égard ou des ressentis qui pouvaient la traverser. C’est peut-être cela le plus dur, cette crasse ignorance qui amenait à toujours plus de questionnements alors même que la personne en face m’avait cruellement manqué. D’une certaine manière, je ne me sentais pas digne de me tenir face à la dornienne. J’avais abandonné Dorne, Deria et les Martell pour l’Empire. Un non-choix qui me causait bien des tracas de conscience, encore aujourd’hui. Longtemps, je m’étais torturé en me demandant si j’avais fait le bon choix, avant de finalement accepter qu’il n’y eût que des mauvaises décisions. Alors j’ai pris celle avec laquelle il était le plus facile de vivre, l’enterrant sous les évènements des jours écoulés. Et le retour d’Arianne faisait ressurgir les spectres d’antan.

Ses dires à l’évocation de l’abri me glacèrent le sang. Je m’attendais presque à me faire enguirlander pour ces outrageuses paroles. Benoîtement, je ne sus comment réagir dans l’immédiat. La piqûre de ses verbiages résonnait en moi, empêchant tout raisonnement limpide et clair. Rapidement, la Martell évoqua le nom de son frère qui avait juré allégeance à la maison Allyrion et leur princesse : Mahée. La rebelle devenue souveraine, belle histoire. Le frère devait continuer à se battre là-bas, contre les forces invasives Valtigar qui s’étaient autoproclamées maître d’une terre dont ils ne connaissaient rien. Roward était avec Arianne le dernier membre des ruines de la maison au soleil ardent et rougeâtre. Ses mains s’accrochaient plus fermement à mes avant-bras, sentant une forme de panique la gagner. Contre intuitivement, mon étreinte chercha à la stabiliser en maintenant le contact. Comme si nous nous retrouvions enneigés sous une tempête dont le résidu serait torpeur, violence, et rage. Je la comprenais soudainement, alors même que mon cœur se mettait à battre de manière frénétiquement, faisant ressortir en moi le pire de mon côté dragon.  

Sa question ne laissa aucune place au doute dans mon esprit. Sans aucune réfléxion quelconque, s’échappa de mes lippes des paroles funestes. « La vengeance écarlate, celle qui a refroidi trop longtemps et qui n’attend que de redevenir brasier. » J’avais espéré, avec l’appui du collège impérial, trouver une manière de solver le conflit terrible qui risquait d’advenir entre l’Empire Westerosien et Essosien, cependant le projet n’avait nullement abouti. Alors, ne demeurait que le libre recours au talion. Je ne me sentais pas le besoin de lui demander la moindre confirmation. « La voie n’est pas encore ouverte pour un tel dessein. » Mon regard améthyste croisa le sien. « Je te promets que je m’efforce de réduire en cendres les obstacles vers Dorne. » La réalité était plus nuancée que cela, car le goût de la revanche s’était fortement trouvé altéré par les émotions contradictoires grandissantes par les derniers évènements dans l’Orage. Cependant, mes vœux à l’égard de Rhaenys et des Targaryens rallumaient cette braise bien plus intensément qu’auparavant. « Qu’escomptes-tu faire là-bas pour arriver à tes fins ?  »


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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptySam 9 Déc - 22:37

L’incompréhension peut se lire au fond de mes prunelles. Le Dragon ne comprend pas la raison de ma présence ici même. L’évocation de nos défunts le mette sur une piste tout autre, une piste très erronée. Est-ce que le sacrifice de Baldyr a été vain ? Est-ce que mon égoïsme a couté à la vie de cet ami et protecteur ? Ma respiration est plus lourde, ma vision se brouille, mon corps est froid, très froid. Je claque des dents.

Désabusée, lasse et déçue, j’abandonne toute bataille et toute colère. Il ne comprend pas, il ne comprendra jamais. Je me suis fourvoyée, croyant naïvement que je peux trouver un frère en ces terres maudites, pleurer un autre frère et une sœur au milieu de ce chaos, et faire mes adieux solennellement et convenablement avec celle que j’étais jadis. Je suis seule et incomprise, je l’ai toujours été.

Aux yeux des miens, j’ai été une précieuse qui dilapide fortune pour des toilettes, une naïve qui croit que l’amour peut triompher de tout, un narcisse qui aime être encensée. Aux yeux des hommes, j’ai été une femme vulgaire qui use de ses charmes pour les séduire, une idiote qui croit à leurs paroles et leurs promesses, une nymphette en mal d’amour et de chair. La vérité est plus nuancée.

J’ai besoin d’amour. Je n’ai ni connu l’amour inconditionnel d’une mère, ni la protection furieuse d’un père. J’ai été arrachée aux bras maternels à l’âge de sept ans et confiée à ceux d’une belle-mère jalouse. J’ai été aimée avec parcimonie par un père très occupé par les affaires de l’Etat et préoccupé par un semblant de paix domestique. J’ai été éduquée par une grand-mère très habile en politique mais sans aucun scrupule, m’ayant poussé aux plus vils actes. J’ai été davantage livrée à moi-même, enchaînant les déceptions amoureuses, à subir les injustices de la princesse …

Le poids des années, des trajets, des deuils et des déceptions a raison de moi. Je pose simplement ma tête contre son torse et colle le reste de mon corps contre le sien, à la recherche d’un peu de chaleur et de réconfort. Je garde cette position de longues minutes, dans un silence quasi-total, quoique brisé par le claquement de mes dents. Finalement, la chaleur du Dragon m’enveloppe et apporte un semblant de calme et de sérénité. Je relève ma tête, me saisis de ses mains et l’attire à une chaise. Je l’invite à s’y asseoir et je fais de même. Je ne le lâche pas tout au long, qu’importe l’inconfort que cela puisse entraîner pour quelques gestes et mouvements.

- Cette vengeance est mienne, Orys. En prêtant allégeance à ta sœur Dragonne, tu as renié ton droit d’être un Martell et, par conséquent, de défendre la Maison du Soleil et de la Lance. En soutenant l’Empire, tu as également soutenu les réclamations et la rébellion de la Princesse Mahée, ces mêmes réclamations et rébellion qui ont davantage affaibli le pouvoir déjà vacillant de ma sœur.

Mon ton n’est ni dur, ni accusatrice. Je ne relate que les faits et les faits sont dénués de sentiments.

- Je ne te déteste pas et je ne t’accuse pas de tes choix, Orys. J’aurais fait de même. J’ai commis bien pire au nom de ma maison, de mon père, de ma sœur. Je ne peux pas être rancunière avec ceux qui sacrifient tout, absolument tout au nom d’une loyauté à une chair, à un sang. Je te le jure.

Une main presse la sienne, une autre s’égare sur sa mâchoire et m’assure qu’il ne fuit pas mon regard.

- Tu as eu la pire décision à prendre, à choisir entre deux sangs, entre deux allégeances.

Mes mains se rejoignent à nouveau, gardant celles d’Orys toujours captives.

- Tu n’as rien à regretter. Tu as pu venger ta propre fratrie, en combattant le Noir. Tu as pu protéger cette sœur que tu aimes, en chevauchant à ses côtés.

Je souris, tant d’envie que de fierté.

- Je ne suis pas venue ici pour t’engager sur une voie qui n’est pas la tienne et qui ne sera jamais la tienne. Je suis venue ici pour pleurer nos morts, une dernière fois. Pour le monde, Deria est une femme affreuse et Anders est un bâtard anonyme. Sauf pour Roward, pour toi et pour moi. Roward est loin, trop loin. J’ai espéré … J’ai espéré avoir droit à un deuil avec toi. Je me rends compte de ma bêtise, maintenant. J’ai été naïve. Tu as choisi, il y a bien longtemps. Tout n’est plus que stratégie, terre et conquête pour toi. Tout n’est plus qu’intérêts et nécessités politiques, pour la cause de l’Empire, pour celle de la Princesse Rebelle. Nous, les Martell, ne sont plus qu’un passé lointain et, aujourd’hui, mourant.

Je lâche ses mains et les pose sur mes propres genoux.

- Je m’excuse, profondément, pour raviver ces vieilles peines. Tu es libre, Orys. Libre des Martell, libre de ce passé commun, libre de notre fatalité. Va là où tu veux. Va là où ton cœur aspire. Tu as trop sacrifié pour être triste.



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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptyDim 10 Déc - 17:22

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« You survived; I survived. »

Arianne, Arianne, Arianne. Son prénom résonnait dans mon esprit comme l’écho dans une grotte, réveillant les démons qui s’y terraient depuis de longues lunes et que le passage du temps avait scellés par l’oubli. Ses paroles étaient craintes, bien plus que la menace du fer bieffois. Ses paroles s’échappaient de ses lèvres toujours aussi volubiles dont les mouvements, comme dans mes souvenirs, étaient rapides. La dornienne justifie sa première affirmation en invoquant différents arguments qui me mirent pied et dos au mur, me faisant questionner si une fois seulement, mes intentions et les raisons de mes actions étaient compréhensibles. Peut-être avons-nous trop changé ? À moins que cela soit elle, ou moi alors ? Je ne sais pas. L’instant fugace de quelques secondes, j’ai l’impression qu’une étrangère me parle, que sa gentillesse ne me concernait pas, mais autrui. Puis tout revint d’un coup, lorsque le terme “loyauté” fut évoqué. Un mot qui provoquait colère, envie, supplication. Je ne sais comment réagir. La liesse avait été chassée par la tristesse qui désormais laissait pleinement place à l’incertitude. Maudit bal émotionnel qui jamais ne s’interrompait. Je devrais être ravi qu’Arianne ne tienne guère rigueur de mes actions passées, pourtant quelque chose me fanait. Sa main agrippe mon menton tandis que l’autre tenait fermement ma dextre. Ce fut un soupir de soulagement qui s’échappa de mes lèvres lorsque cette amie narra que j’eus à faire un choix entre deux des pires choses possibles. Mais encore une fois ce n’était pas satisfaisant.

Ébaubi par la situation, je la laisse nous guider alors que la Martell contait que j’avais pu accomplir ma vengeance contre le Noir. La réalité était bien plus nuancée que cela, mais je ne dirais rien dessus. C’était bien futile. Me concentrant sur cette partenaire, j’avais bien du mal à analyser ce qui ressortait de son regard. De l’amertume, de l’allégresse, de l’envie, de l’espérance… Tout me paraissait étrangement trouble. Nous nous installions sur des chaises opposées mais nos mains maintenaient un lien physique. Ce n’était pas un mal, je pouvais vaciller à tout instant. Ces verbiages me frappaient, par sa candide violence. C’était bien l’une des rares à voir le positif en moi, en tout temps. Après tout ce que j’avais infligé comme peine à Deria, je ne comprenais pas son choix, enfin ses choix. Mais malheureusement, ce n’était pas elle qui tenait les clefs de mon emprisonnement. Et sur ce point-ci je ne pouvais pas lui mentir. Peut-être ne pas lui dire.  

« Tes paroles sont aussi douces que la première fois que nous nous sommes rencontrés. » Je passais ma main sur cette mèche rebelle qui s’était mise sur son visage afin de la ranger. « J’aurais aimé faire le deuil de Deria avec toi. Sincèrement. » Ma gorge se nouait. « Cependant je n’en ai aucunement le droit. Ta sœur m’a haïe pour ma trahison. Et cette haine lui a fait perdre notre enfant. Il n’y a pas de pardon ou de rédemption possible pour moi. » Et j’avais cru naïvement pouvoir échapper à ces spectres. Les dieux ne m’avaient pas maudits, mais moi si. « Tu n’as à t’excuser de rien. Tu n’es pas responsable. » Mon soupir est long.

« Tu le sais aussi bien que moi Ari. Nous ne sommes libres de rien, nous les bâtards. Nous vivons pour les serments effectués à nos familles et notre tâche ne saurait s’arrêter qu’à notre dernier souffle. » Fanatisme serait plus que le mot fidélité pour parler de nos caractères. « Je ne suis pas plus animal politique que lors de la dernière fois. J’obéis et j’exécute. Et cela me convient. » Dorne avait offert un mirage de liberté qui s’était éteint avec mon retour dans l’Empire. « Je ne puis m’engager corps et âme sur le chemin de ta vengeance, mais je peux t’y aider. Mes choix restent contraints par la nécessité impériale, ce qui a pour avantage d’être libéré de la férocité du talion. » Et parce que c’était l’Empire lui-même qui aliénait mes ressentis les plus sombres. « Je peux cependant te dire ceci. Ma dernière maison était à Lancehélion et jamais Peyredragon n’est redevenue un lieu familier. Probablement ne le sera-t-il jamais. » Car tout avait changé. Et cette confidence, je ne l’avais faite à personne. « Demande ce que tu souhaites. Et je ferais au mieux pour te permettre d’obtenir tes fins. Non par dette, mais par amitié. Je suis heureux de te savoir en forme et en vie. »

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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptySam 23 Déc - 3:02

- Si je suis encore douce, alors je n’ai rien appris de cette année. Elle coûte chère, elle n’a pas sa place en ce monde. Si je souhaite me venger, je dois la tuer. Elle sera mon premier sang.

J’ai déjà parlé des lois cruelles de ce monde avec Robyn ou avec feu Baldyr et sous-entendu que j’ai à m’endurcir. Cependant, aucun n’a eu à entendre ces amères paroles. Pourquoi est-ce que je me confie à ce beau-frère répudié, au lieu d’un compagnon d’armes ou d’un protecteur prêt à donner sa vie – et ayant donné ladite vite ? Parce qu’il est un écho du passé. Il m’a connu naïve, précieuse et insouciante. Il m’a vu danser jusqu’au petit matin, chanter jusqu’à briser ma voix et jouer à divers instruments avec un grand sourire béat aux lèvres. Il peut se rappeler de celle que j’étais jadis. Et s’il ne se sent pas apte à porter le deuil de son ancienne épouse, qu’il porte celle d’une amie qui se meurt et qui se tue.

- Selon toi, seuls ceux qui ont été aimé par le défunt jusqu’à son dernier souffle ont droit au deuil. Si ce que tu dis est vrai, alors je n’ai pas le droit à ce deuil également. Nous nous sommes violemment disputés avec Deria, avant que je ne la quitte par orgueil et vanité. Et … nous nous sommes vexés avec Anders. Ils étaient persuadés que je les avais abandonné et trahi.

Ma mine s’assombrit. Les souvenirs de mon dernier entretien avec Anders, puis avec Deria, me reviennent en mémoire et m’arrachent grimaces et larmes. Je pose un coude sur le genou, et enfouis le front dans la paume de ma main. Les paroles du Dragon bâtard sont de lointains échos. Nécessité, tâche, bâtard, nécessité impériale, talion, aide …. Ces mots ne sont qu’un coup de pelle supplémentaire à ce fossé qui sépare le monde des vivants et des justes du monde des morts, des fantômes et des vils.

J’assiste, impuissante, à la dérive de ces deux mondes. Lui, parmi les vainqueurs, les dragons de feu et les honorables. Moi, parmi les vaincus, les vils et les fantômes. Les premiers m’exploitent à leur guise, si j’ai une quelconque utilité à leur plan. Les seconds me hantent et me poussent davantage dans mes vices et erreurs. Je ne suis qu’une maladie sur patte, infectant tous ceux que je touche. J’ai échoué à soutenir et à guider Deria. J’ai insufflé des désirs interdits dans l’esprit et le corps d’Anders. J’ai enlacé et aimé le batard Hoare. Et j’ai fait bien pire.

- Mais c’est faux. Absolument faux. Elle. Anders. Roward. Toi. Vous ne savez pas tout ce que j’ai sacrifié pour la Maison Martell. Mon excès de loyauté m’a amené à me parjurer aux regards de tous les dieux. Absolument tous.

Ma respiration s’accélère, je m’agite.

- J’ai obéi et j’ai exécuté, que les missions, les ordres ou les demandes me conviennent ou non. Je n’ai jamais réchigné à la tâche. J’ai donné mon corps. J’ai servi avec mon âme. J’ai tout sacrificié pour mon père, ma sœur et mes frères. Jusqu’à un enfant que, je pense, j’ai porté dans mon ventre.

La nausée au bord des lèvres, je dois fournir un effort monstrueux pour continuer.

- Je crois … je crois … que j’étais enceinte, de Yoren. Lorsqu’il s’appelait encore Pyke, qu’il pillait seulement les rivages,mon navire a croisé le sien et j’ai été une prise de choix. J’ai joué avec pour ma survie. J’ai cru l’aimer dans ma bêtise. Lorsque mon père a enfin pu réunir la rançon nécessaire et suffisante pour combler l’appétit d’un fer-né, plusieurs semaines s’étaient écoulées, voire une lune. Je n’ai pas saigné.

Une lune ne veut rien dire, mais suffit à semer le doute.

- La nuit même de ma libération, il m’a amené du thé de lune. Il m’a rappelé que la vie d’un batard n’est pas simple et encore moins s’il ressemble à l’ennemi. Que la Maison Martell ne peut pas souffrir d’une telle parjure. Que ce n’est qu’une précaution, qu’il y a peu de chance que je porte une mauvaise graine en moi. Mais, Orys, j’ai saigné abondamment, j’ai souffert effroyablement après ce thé.

Ma voix est un murmure douloureux. Je me souviens encore de cette nuit effroyable, où j’ai hurlé, j’ai pleuré, j’ai supplié qu’on mette fin à mes souffrances. Je me rappelle encore des paroles encourageantes et rassurantes du mestre, m’assurant que cela arrive aux femmes, que ce n’est pas un signe de grossesse. Il me mentait, je le sentais.  

- Je ne veux rien de toi, si ce n’est ta compassion … dans le futur. Il est difficile de se venger sans se compromettre. Ce monde n’aime pas les femmes qui osent tout pour un objectif. Si je me compromets, je veux que quelqu’un sache pourquoi, qu’il m’accorde une once de compassion. Juste une personne me suffit. Je n’ai pas enterré qu’une grand-mère, qu’un père, un sœur et un frère. Mais aussi un enfant. J’en suis persuadée. Et c’est mon plus grand regret, Orys. De ne pas m’être battue pour cette vie. De ne pas avoir fait face à tout. J’aurais dû … j’aurais dû me battre à ce moment-là. Je ne mérite rien.

Je fuis son regard. Le rouge de la honte colore mes joues.

- Lancehélion est ma maison pour le sang que j’ai versé.

À la fin de ce récit, je suis aussi blanche que la lune.

- Pourquoi est-ce que Peyredragon n’est plus un lieu familier, Orys ? Pourquoi est-ce que Lancehélion est ta dernière maison ? Est-ce pour cet enfant perdu et jamais connu ? Es-tu comme moi ?

Pourquoi ? Contrairement à moi, il a encore tant là-bas, à Peyredragon : une sœur, une nièce, des cousins et cousines par alliance ou par sang, une maison, des amis … Est-ce qu’il pleure toujours ce sacrifice passé ? Est-ce que les hommes sont capable de pleurer la perte d’un enfant qu’ils n’ont jamais connu, tenu entre les bras ou senti dans leurs entrailles ? Si oui, alors je peux comprendre tant sa peine que son mal-être.



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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptyJeu 11 Jan - 21:19

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« You survived; I survived. »

Au final, nous ne nous étions côtoyés que quelques lunes, pourtant le lien créé avait été fort. Cette main tendue avait permit d’ouvrir Dorne à mon cœur, de pleinement accepter la charge de Prince de ces chaudes terres étrangères et lointaines. Et aujourd’hui j’avais le sentiment de ne pas pouvoir lui rendre la pareille, de ne pas lui offrir ce qu’il fallait pour que la dornienne puisse s’imaginer un avenir, construire son monde. Probablement qu’il m’était impossible de comprendre les femmes, qu’importe la relation entretenue. Deria et son caractère sulfureux, Rhaenys et les ténèbres de ses devoirs, Isla et ses ambitions autolâtres, Helena et cette rivalité devenue amitié, Daena et l’efflorescence des non-dits ainsi qu’Arianne et les brumes de ses souhaits. Il fallait probablement que j’arrête de me poser trop de questions sur ces sujets fâcheux car je ne trouvais jamais la solution quand je n’empirais pas les choses. Je n’arrivais pas à aider grand monde, relativement logique n’étant pas capable de me sauver moi-même.  Que pouvais-je comprendre des peines d’Arianne ? Je ne connaissais pas ses périples, ni ses objectifs à terme. La vengeance me parût alors être l’évidence… la plus évidente. C’est elle la souveraine qui rythme le cœur des hommes et des femmes dans des temps aussi troublés. Nous étions face à face, dans un presque duel. « L’aconit tue-loup est doux et beau, pourtant ce dernier est particulièrement meurtrier. » Ne me demandez pas d’où cette connaissance sur cette plante me venait, je serai bien incapable de vous répondre.

J’écoutais les propos de mon interlocutrice. Celle-ci narrait que son départ de Lancehélion fut chaotique. Une grave dispute avec sa sœur, un conflit avec son frère… La situation semblait avoir connu un point dramatique… Je pouvais imaginais quelques esquisses de ses peines car Rhaenys avait connu quelque chose de similaire avec le dernier envol d’Aegon et Visenya. Le destin avait créé une renonciation absolue à la possibilité d’une entente entre la bâtarde et le reste de sa fratrie. Des quatre, il ne restait désormais plus que Roward qui se battait actuellement contre les étrangers Valtigar. Arianne se liquéfiait sur place, terrant bientôt son visage derrière ses mains, laissant échapper de nombreuses larmes qui s’échappaient de son âme. Sa voix tremble en dissimulant une grande force. Celle-ci abordait ses sacrifices pour sa maison d’adoption. Je pouvais que le comprendre et me cloîtrer dans un silence d’or et pesant. Ma mâchoire, tout comme mes membres, se crispait à l’évocation du sujet de son absurdité avec un fer-né. Il ne fut pas compliqué de comprendre où elle voulait en venir. Pourtant, je retenais mon souffle. Chacun de ses mots semblait s’envoler dans un sanglot toujours plus difficile à entendre. L’ancienne princesse de Dorne avait souffert de son impuissance face à des chemins contrariés et contradictoires, ballotée dans une dangereuse tempête depuis plusieurs années déjà. Et cette enfant arrachée, cette sensation, elle devait être démultipliée au centuple chez Arianne… J’étais écrasé par le poids des propos énumérés. Ses dernières paroles énoncées firent l’effet d’une explosion dans mes entrailles. Il ne fallait pas être dupe, ces retrouvailles étaient teintées d’une forme d’adieu. Des insupportables adieux.  

Mon être entier avait envie de lui hurler dessus, de ne pas dire n’importe quoi, de se reprendre… De vivre. Mais cela aurait été la chose la plus malhonnête à faire ; une facétie impossible à tenir ou à maintenir plus de quelques secondes. Les spectres l’avaient déjà emporté. Son chemin celui serait du plus chatoyant vermeil. Ce fut un long soupir de désespoir qui s’échappa de mes lèvres. « Tu l’as et tu l’auras toujours. Et bien plus que cela. Ari…» Ma dextre venait chercher son visage afin que mon regard capte le sien. « Le vieux monde brûle dans cette guerre et le nouveau en train de naître ne nous offre pas beaucoup de perspective. Si je ne cautionne pas, je comprends. » Trop, et certainement suis le plus gros con de l’histoire à raconter ça. « Même si mon existence sera mise à dure épreuve durant les prochaines lunes, je te jure sur l’honneur d’un bâtard que jamais ta mémoire ne sombrera dans l’oubli.  » C’est un sanglot qui vint offrir la ponctuation à ma phrase.

« Martell, ton esprit demeure insoumis. La spontanéité de ton cœur est invaincue. Tandis que l’éclat de combativité dans tes yeux est intact... » Je déglutissais avant de reprendre avec une voix plus forte. « Si tu penses que tu n’as plus rien à perdre, alors déchaîne-toi dans cet ultime baroud, qu’importe qu’il soit d’honneur ou de déshonneur. » Simplement car la dague de l’intrigue était moins noble que l’épée combattante, cela différenciait le jugement sur les différentes manières de mener un conflit. La guerre est la guerre.

« Quant à ta dernière question. Lancehélion fut ma dernière demeure, car là-bas, je pouvais trouver la paix et la stabilité. Cet enfant mort aura scellé cette pensée. » Peyredragon a changé, et le présent ne m’offrait aucune satisfaction. Peut-être était-ce là un relent de mes éternelles fuites. La capitale de Dorne avait pu cicatriser les peines passées. Et les Martell m’avaient finalement accepté tel que j’étais, sans nécessité de changer. « J’ai blessé et fais souffert trop de mes proches. Et il est probable que je sois bien plus une épine dans les bottes de l’Empereur et de l’Impératrice, qu’autre chose. Notamment à cause de mon irascibilité. » Pour ne pas dire autre chose. « Je n’ai pas plus de mérite que toi. » Sourire triste. Mon existence avait commencé par un adultère et prendrait fin dans le devoir, n’était-ce pas l’une des meilleures fins escomptées ? Et peut-être était-ce cela que cherchait également mon interlocutrice. Faisant écho à sa propre interrogation « C'est à toi de me dire si je suis comme toi...» demandais-je ultimement, mi-triste, mi-inquiet, mi-curieux, mi-perdu malgré l’illusion de mes certitudes.



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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptyVen 19 Jan - 0:15

Jadis, j’aurais aimé ce nouveau monde. Un monde où le sang ne signifie pas tout, où un bâtard peut devenir Prince et bien d’autres rôles par son mérite et ses efforts, où les guerres n’éclatent pas dès que l’égo d’un homme est mis à mal, où les femmes peuvent prétendre à un autre rôle que mère ou putain, où le bonheur est accessible à tous et non à la caste royale ou noble.

Aujourd’hui, je m’enterre avec ce vieux monde. Un monde où la violence est reine, où la Foi est un justificatif suffisant pour brûler ou tuer des innocents, où les assassinats sont cautionnés et pardonnés pour quelques alliances, où l’on aime davantage le sang que les sourires, où l’on craint davantage la paix que la guerre.

Je dois mourir avant l’avènement de ce glorieux futur, enterrée d’un linceul couvert du sang de mes ennemis. Autrement, ces vieux souverains, traîtres et moi-même allons ruiner ce beau monde avec les poisons du passé. Car c’est ce que je suis : une vipère avec un sacré venin. Le liquide suinte de mon être, arborant les couleurs de l’ambre, l’odeur des fleurs et le goût du miel.

- J’ai cru … que toi et moi, des bâtards, avions une chance. Un nom. Un titre. Je les avais. Tu les as encore. Mais le sang reste mêlé. Et ce vieux monde nous le rappelle toujours, au moindre faux pas, au moindre acte égoïste, à la moindre petite erreur … Comme si notre existence est un crime et non un droit. Comme si accomplir ce devoir est une obligation, et non un choix.

Est-ce que nous désirons vivre pour nous et non uniquement pour notre sang ? Oui. Est-ce que nous savons vivre autrement que pour notre sang ? Non. Est-ce que nous avons le temps, ou la possibilité, d’apprendre une autre existence ? Non. Les dés ont été jetés pour nous à l’instant où le ventre de nos mères respectives se sont arrondies.

Bâtard un jour. Bâtard toujours.

- Je n’ai plus qu’un frère. S’il meurt comme dernier Martell, s’il n’y a plus aucun Martell hormis moi, alors je suis perdue. Les derniers liens qui me retiennent aux vivants et aux justes tomberont avec le dernier, ou la dernière, Martell. Je dois faire au mieux tant qu’il me reste encore une personne à protéger ou une once de loyauté et de scrupule.

Pour la première fois, je suis honnête et sincère avec une personne. Roward est mon dernier bouclier contre ce mal absolu qui me ronge corps et âme. Il est le phare qui éloigne ces ténèbres qui obscurcissent tant mes horizons que mes pensées. Il est cet espoir qui me donne le courage d’avancer au milieu des vipères intrigantes, des fantômes accusateurs, des monstres lubriques, des ogres affamés, des géants injustes.

- Lorsque les Martell seront à nouveau les maîtres de Lancehélion, tu seras la bienvenue. Tu peux t’y établir à vie ou visiter la ville fréquemment. Tu souriras aux vivants, et tu honoreras la mémoire des fantômes avec quelques épices fortes, des danses joyeuses et des récits légers. La compassion, la danse, les bains, les récits, la joie, les rires … voilà ce que j’aimais. Voilà tout ce que je désirais.

Si je ne le dis pas clairement, je le sous entends fortement. Il festoiera avec ces futurs Martell, ou avec Roward et ses enfants. Soit je serais perdue entre les griffes d’ennemis et de monstres, soit je serais morte dans l’honneur ou le déshonneur. Ma fin sera sale, je le sens dans mes tripes.

Le Prince Régent me retourne ma dernière question. Je ne réponds pas immédiatement. Je le fixe longuement. Je pose à nouveau ma main sur la sienne, j’approche son visage du mien, je glisse mes lèvres non loin de son oreille. Alors, je lui susurre quelques mots, comme une confidence.

- Nous sommes les deux faces d’une même pièce. Je suis la bâtarde que tu aurais pu devenir, si ta sœur avait échoué dans sa quête vengeresse et aurait été abattu par d’autres. Tu es celui que j’aurais pu devenir si ma sœur avait su s’imposer à ses ennemis comme ses alliés, craint et haï par l’ennemi, aimé et admiré par l’allié. Nos destins de bâtard, dans ce vieux monde, sont forgés par les autres.

Je m’éloigne à nouveau. Je plonge mon regard dans le sien, à nouveau.

- Mais cet ère est terminé pour moi. Je vais forger le mien. Je suis prête à subir l’ire de ce monde, tout autant prête qu’à en récolter les lauriers. Et toi ? Qu’en est-il de toi ?

Qu’en est-il du Dragon ?



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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptySam 10 Fév - 14:53

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« You survived; I survived. »

De toute les personnes que j’avais pu cotôyé, Arianne était bien l’une des rares à pouvoir se vanter de comprendre certaines de mes émotions. J’osais espérer que l’inverse était vrai. Nous étions tous les deux nés éléments, Sand et Waters. Ce sang mêlé faisait que nous ne pouvions prétendre à une noblesse totale, intacte de toute mésestime. Non, nous n’étions que des éléments superfétatoires ayant dépendu de la volonté d’un puissant pour servir, par une loyauté aveugle, ce que nous considérions être un logis à l’abri des séides extérieures. Pourtant, dès qu’un pas était effectué de côté, cette réalité d’un vermeil incomplet nous était rappelée, mis sous le nez, comme le ferait un humain avec le jeune animal ayant mouillé au mauvais lieu. Une certaine colère invisible grondait dans mon for intérieur. Ce que narrait mon interlocutrice était vrai, bien trop vrai. Tout n’était pas noir, tout n’était pas blanc, comme souvent.  

En tant que bâtard, mes pensées ont souvent été traversées par un conflit interne entre différentes forces qui m'incitaient à agir, pas forcément de manière réfléchie. D'un côté, il y avait l'importance de cette loyauté envers ma famille, nonobstant une position marginale dans celle-ci. Je ressentais un attachement profond envers ceux qui m'ont élevé, offert un foyer et de l'amour, conscient cependant de ne jamais avoir été pleinement accepté en tant que membre légitime de la bulle peyredragonienne. Cette loyauté poussait souvent à mettre de côté ses propres désirs et aspirations pour répondre aux attentes et aux besoins de ma famille. La dornienne avait tenté de son mieux pour satisfaire les Martell, j’avais de mon côté tout fait pour satisfaire les attentes des Targaryen, puis Braenaryon. C’était notre devoir, un fardeau lourd de poids. Leurs intérêts étaient devenus les nôtres, faisant taire une vanité d’émancipation. Un souhait égoïste, mais presque trop naturel. Comme si, finalement, nos vies se résumaient à un conflit d’identité autour d’une balance précaire impossible à maintenir en équilibre.  

« Ne sommes-nous voués qu’à exister au travers de ceux ayant daigné reconnaître leurs errements passés ? » questionnais-je après ses propos sur Roward, son ultime rempart contre la folie et la déchéance. « N’as-tu croisé personne à qui tu peux tenir un tant soit peu ? A qui te raccrocher si tout venait à s’effondrer ? » L’interrogation étant autant sincère que culottée venant de la part d’une personne qui avait remis, depuis son départ de Dorne, son destin entre les mains de sa sœur. Un tout absolu. Alors pourquoi Arianne devrait-elle se poser cette question ?

Et la discussion glissa sur un sujet bien différent. Un avenir bien lointain encore. « Je te remercie de ta future hospitalité. Je tâcherai de m’y rendre pour vous revoir, Roward et toi.  » Mes mots se souhaitaient rassurant, comme une certitude dans un monde emplit d’aléas mortifères. Rien ne garantissait que cela se déroulerait. Mon interlocutrice le savait. Mais si c’était ce à quoi elle se rattachait le plus, alors que je la soutiendrai du mieux que je puisse, comme un ami, comme le frère d’une contrée différente. « Si c’est que tu désirais, alors il ne reste plus qu’à faire revivre ce rêve de ces cendres. Rien ne meurt jamais tant que notre cœur bat. » Ma senestre venait se glisser dans ses cheveux afin de mieux l’observer, de parvenir à ancrer ces mots dans son esprit. « Cependant, ne trahit pas qui tu es dans ta quête, c’est ce qui fait le plus mal généralement. » Léger éclat de rire, je ne savais même pas si ce que je disais avait tant de sens que ça. Nous n’étions de toute façon pas à ça près.

Après un silence, de nouveau, une proximité s’établit. La Martell susurra quelques mots qui ne me laissèrent pas de marbre. Difficile de trouver un adjectif pour qualifier sa métaphore de nos existences. Cette réflexion me laissa suffisamment perplexe que je ne trouva rien à dire sur l’instant, manquant presque de rater la dernière question de la dornienne. « Je ne sais pas. Les vœux de mes serments semblent désormais s’affronter. » Braenaryon, Baratheon, Targaryen, prince, chevalier, peut-être futur dragonnier…«A ton instar, je n’ai plus grand chose à perdre non plus.  » Ne demeurait que Rhaenys dont je n’étais pas certain que mon existence soit un bienfait pour elle. C’était le lien qui nous unissait qui m’avait maintenu en vie, qui m’empêchait d’accepter l’idée même de trépas. Ce dernier était désormais en suspens, écrasé par cette gêne infligée au couple impérial auquel ma loyauté devait être entière, et qui pourtant s'écaillait. Si je ne craignais plus l’état de la mort depuis de trop longue lune, son arrivée et ses conséquences que je ne verrais jamais m’avaient longtemps inquiétée. Désormais ce n’était plus le cas. « J’irai là où le cœur vaillant me dictera d’aller. Qu’importe la destination, elle sera belle. »

De nouveau un silence s’installa. « Tu as finalement raison. Nous sommes bien les faces opposées d’une même pièce. Nos histoires sont différentes, mais elles s’entremêlent curieusement, suivant des rythmes presque identiques. Il semblerait que nous soyons tous les deux partisans de tracer notre propre légende. » Qu’importait si cette dernière survivrait aux aléas de l’histoire. Exister était bien pour ce qui comptait.


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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptyMar 20 Fév - 23:09

- Il y a de l’espoir dans tes paroles, Orys. Il y a aussi de l’hésitation, de l’amertume. Je n’hésite plus et ne m’accroche plus à rien, car je n’ai plus rien à perdre.

Les paroles d’Orys sont celles d’un bâtard victorieux, voire conquérant. Il est encore apte à attendre la bonté ou l’amour d’autrui, à envisager de ranimer de vieux rêves perdus ou à préserver l’intégrité de sa personne de la cruauté de ce monde. Il ne sait pas que tous ceux que j’ai aimé m’ont trahi ou sont morts violemment, que tous mes rêves ont été privés par mes démons et ceux d’autrui et que je me suis déjà brûlée entrailles et ailes dans la couche de nombreux monstres.

Je ne suis plus qu’une démone des sables. Je ne peux qu’aimer et être aimée d’un homme cruel – ou d’un homme décharné et harassé par le destin. Je ne peux qu’apprécier des plaisirs très éphémères et violentes. Je ne peux que jouer de l’incrédulité des vivants et rendre compte aux morts. Je ne suis plus de ce monde, ni de l’autre. Je ne prends plus plaisir dans l’un ou dans l’autre. Je suis une condamnée dont le sursis va durer.

Il ne sait pas tout ça. Il n’a pas à savoir.

- Prions nos dieux que nos chemins se soient pas contraire et ne soient pas un obstacle à l’un et à l’autre.

Jusqu’à aujourd’hui, j’ai cru que Westeros est grand et immense. J’ai eu tort, terriblement tort. Westeros est petit. Nous croisons ces visages dans les lieux les plus impromptus et dans les moments les plus surprenants. Yoren, Orys et tant d’autres … je les ai croisés dans ma prime jeunesse et naïveté. Je les revoie dans des conditions chaotiques, ou désastreuses, où les hommes sont souvent victorieux, où je suis souvent l’otage ou la vagabonde.

Enfin, et plus important, mes pas m’ont mené tout droit dans l’antre des loups et des dragons, destination première que j’ai désiré éviter ! Jadis, l’Empire était l’ennemi de la Principauté de Dorne. Aujourd’hui, suite à moult événements et chamboulements, ils sont nos alliés – ou du moins, les alliés d’une partie de la Principauté. A l’inverse, je me suis jetée dans les bras de l’allié devenu ennemi. L’ironie du destin, les jeux du sort …

- Je veux que nous buvons pour Deria et Anders. Je veux que nous honorions leur mémoire, en soulignant un souvenir commun ou une qualité de leur caractère.

J’ai besoin d’entendre, d’une autre bouche, quelques doux mots sur ma sœur et mon frère.
J’ai besoin de savoir qu’ils n’étaient pas aussi mauvais que le monde entier se prête à dire.

Je ne lui laisse pas le choix. Je trouve une carafe et des verres. Je les remplis et je tends une coupe au Dragon. Je lève cette main tremblante, je tente vainement de réprimer un sanglot mais laisse les larmes creuser leurs sillons humides sur mes joues.

- A Deria, qui m’a toujours défendu contre tous et toutes, avec hardiesse et courage, jusqu’à ce que je commette l’irréparable. A Anders …

Ma voix s’étrange.
Je l’aime. Je l’aimais. Je l’ai tellement aimé.
J’inspire. J’expire. Je réessaye.

- A Anders. Un frère comme moi. Un frère qui me chérissait.



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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptyMar 27 Fév - 13:28

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« You survived; I survived. »

« Si tu n’as plus rien à perdre, pourquoi s’accrocher à des songes passés ? » Cette question, évoquée à voix haute, me faisait réfléchir aussi. Pourquoi, alors que nous étions soustraits de nos fidélités d’antan, nous retournions inlassablement sur les sentiers du devoir. Celui de la famille, du droit, du juste, de la vengeance… N’étions nous voués qu’à répéter inlassablement les mêmes schémas, les mêmes errements. Croire en autre chose qu’aux paroles que l’on nous avait inculquées était-il un crime. « Pendant, et jusqu’à peu, je pensais me battre pour des morts. Or, l’on se bat pour les vivants, et ceux qui viendront à naître. » C’est cela à mon sens, ce qui définit le juste. Ce qui a trépassé ne saurait revenir tristement. Alors peut-être pouvions nous exister en créant notre propre voie, sans dépendre de l’ombre de notre passé. Même si de cela, je n’en étais pas si certain. Rien n’était simple et pour un soldat, mieux valait éviter de se poser trop de questions. Cela ne faisait qu’instiller le doute au moment le moins opportun.

Ses paroles suivantes me glaceraient presque le sang. « Ce n’est pas les Dieux qu’il faut prier, mais nous-même. » disais-je sur un ton presque attristé. La vengeance rendait aveugle et sourd. Je ne pouvais que trop bien le savoir avec Rhaenys. Aucun mot, aucune parole, aucune raison, ne permettrait de changer ce cycle. Alors qu’il en soit ainsi. Ceux qui ne souhaitaient être sauvés ne pouvaient l’être. C’était si facile dit ainsi. Mais tout était toujours compliqué. Je n’ai aucune pitié à lui offrir, mais de la peine oui. Comme si, cette proche que je venais de retrouver n’allait pas tarder de nouveau à disparaître. C’était finalement ça le plus douloureux dans cette situation. Perdre un être cher. Quel égoïsme de ma part.

Arianne alla chercher une carafe afin de célébrer les morts. Deria et Anders. « À leur gloire passée, et aux souvenirs qui les feront vivre à jamais en nous. » m’exclamais-je presque titmidement alors que je récupérais la coupe que me tendait la dornienne. Suivant les paroles de mon interlocutrice, je poursuivis. « A Deria. Une femme de braises et de passion qui a toujours défendu les intérêts de Dorne envers et contre tout. » Le vif me conduisit à avoir la larme à l’œil. Il était encore trop tôt pour terminer ce deuil. Oui, il me restait encore une chose à faire pour elle. Une dernière, une ultime chose. Nos regards, avec Arianne, se croisèrent, mêlant nos tristesse. L’exercice devait être davantage douloureux pour la Martell.

« A Anders. L’homme qui croyait en des idéals bien grands mais si justes. A celui qui manqua de me tuer dans une compétition de nourriture épicée. » Léger éclat de rire avant de cracher un sanglot et que des torrents de larmes ne s’échappent maintenant de mes yeux violacés par la fatigue.

« A toi, Arianne Martell, qui aura réussi à donner un autre sens au mot famille et ainsi d’avoir participé à pleinement m’épanouir à Dorne. Merci pour tous ses instants passés. Merci. » Parce que sans elle, je n’aurais pu apprécier à sa juste valeur les Martell, sans elle, j’aurais perdu quelques lunes à connaître la sensation d’être dans une famille sans culpabilité quelconque, sans le poids du parjure. Sans elle, tout cela aurait été impossible.

Alors, ici, à l’abri des œillades indiscrètes, les faiblesses se dévoilent par des sanglots, une plaie qui se rouvre pour ne pas totalement se refermer. Incapable de préserver ce que nous avions dans le présent, nous avions perdu beaucoup. Elle devrait débuter le dur labeur de reconstruction. Quant à moi, comme l’avait souligné Isla, je devais grandir. Coûte que coûte.
De nouveau, mes bras vinrent l’enlacer comme pour former un barrage à tout ce qui pouvait sur l’instant la briser.

Pleure, crie, frappe, exulte, marmonne, détruit. Libère une partie de tes remords, qui finiront par avoir ta peau. Et canalise les autres pour achever ce que tu dois achever, qu’importe le prix.

Au moins elle est honnête sur son statut de condamné, contrairement à d'autres.

« Jure moi que tu feras tout pour exister. Qu’importe que existence soit vouée contre l’Empire ou contre moi. » Je lui pardonnerai tout, c’est moi qui l’ai abandonné, comme tant d’autres personnes. Targaryen d’abord, Martell ensuite… Alors qu’elle vive selon des choix et ses préceptes, qu’importe les conséquences, qu’importe si nos chemins finissent dans l’entrechoc de la vindicte du Talion.

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MessageSujet: Re: The good old days [Ft. Arianne]   The good old days [Ft. Arianne] EmptyLun 18 Mar - 0:35

- Mes songes passés ne sont pas une boussole, Orys. Ils sont un avertissement. Je les garde auprès de moi, je m’y accroche même, afin de ne plus être tentée par de nouvelles bêtises similaires, de ne pas oublier la promesse faite, de m’en servir comme une leçon. Je ne cherche pas vengeance uniquement pour ceux qui sont tombés, mais également pour les vivants présents et à venir. J’ai à éponger ce déshonneur et cette injustice dans le sang, Orys, et à brandir cet étendard écarlate à la face du monde. Mes ennemis doivent savoir que, dorénavant, il est dangereux de s’attaquer à Arianne Martell, née Sand, sans subir un courroux. Et si je suis incapable de rétablir ma propre justice, alors autant que je crève. Car, plus jamais, je ne peux supporter d’être une nouvelle victime de plus puissant. La victoire, ou le trépas … c’est tout ce que j’accepte.

Les redditions, les compromis, les ententes sont révolues. J’ai essayé d’employer la langue de la paix, de croire en la bonté dans le cœur de chaque homme et femme et de pardonner bien des trahisons et crimes tant de la part des miens que des alliés ou ennemis de circonstances. Or, tous, sans exception, m’ont déçu. La maison Martell m’a abandonné au possible sort d’être femme-sel d’un ou plusieurs fer-nés. La moitié d’un territoire a craché sur leurs vœux au profit d’une rebelle aussi jeune et aussi naïve que Deria : elle va gouter à l’amertume du pouvoir et elle va céder à ses appels et à ses erreurs. Manfred Hightower a saisi une occasion d’humilier, encore, mon sang et j’ai cédé, sans véritable défense. Ils ne sont pas tous fautifs, et je ne suis pas uniquement une victime. Je n’ai pas la prétention, ou l’hypocrisie, de proclamer que je suis une sainte. Je suis faillible comme d’autres, j’ai autant de défauts que d’échecs que d’autres. Cette colère persistante, cette paranoïa de jour comme de nuit font partie de mes faiblesses. Je n’arrive pas à m’en débarrasser, quoi que je fasse.

Le Mal est partout, car il est bien implanté en moi. Je ne cesserai pas de Le voir partout, tant que je vis. Telle est ma malédiction.

Or, ce mal s’éclipse dès que j’entends le prénom d’Anders. Mille et une souvenirs m’écrasent. La joie supplante la honte, la mélancolie remplace le deuil. Je me plais à vivre avec ce fantôme, à lui sourire aussi simplement, à lui verser quelques larmes de joie et de tristesse. O que j’aimerai qu’il soit là, à récolter ces gouttes de pluie du bout de ses doigts, avant qu’elles ne terminent leur trajet jusqu’à mon menton. O que je souhaiterai qu’il soit là, à me gronder sur cette tristesse, à chercher l’origine – ou, à défaut – à essayer de m’arracher un rire. Il savait s’y faire. Il me connaissait par cœur. Il était ma moitié.

Et puis, le dernier cri de chœur d’Orys m’arrache un hoquet de surprise. Là où il pense m’honorer, il m’enterre – ou plutôt, il enterre celle que j’étais jadis. Là, à cet instant, l’homme apporte une réponse à l’une de mes innombrables questions. Oui, le deuil de ma sœur, de mon frère, de cet enfant jamais connu ont été nécessaire mais insuffisant. Quelqu’un avait à ouvrir le sol sous mes pieds et à y écraser mon passé, mon essence passée, mon identité révolue. Naïve, précieuse et compatissante Arianne n’a plus sa place dans ce monde et, surtout, dans ce futur sanglant que je compte me forger.

Mon croquemort m’enlace. Je ne réponds pas immédiatement. Je réapprivoise un nouveau corps ou, plutôt, une nouvelle âme. Quelques minutes plus tard, les bras se relèvent et s’écrasent sur son dos, mon visage s’engouffre dans son cou et mon nez hume ce parfum de mer, de sel et d’autre chose d’indiscernable. Je lui souffle quelques mots, avant de m’éloigner.

- Tu dois sentir le ciel. C’est particulier. C’est différent. Ce n’est pas la terre.

A nouveau, la nouvelle vie que je suis écoute l’homme avec attention mais également hébétude.

- Non, Orys, je ne peux pas te le promettre. J’ai préservé mon existence coûte que coûte jusqu’à aujourd’hui et je n’ai rien récolté, si ce n’est la misère. Mais, je peux faire une promesse qui peut être ton baume ou ta détresse. Je promets de me venger de ceux qui m’ont fait mal, de me défendre de ceux qui veulent me faire du mal et d’attaquer ceux qui me menacent. Je promets que je m’évertuerai à respecter ces trois principes, qu’importe l’honneur, qu’importe la morale, qu’importe les mœurs, qu’importe les dieux.

Je ne promets plus rien. C’est déjà beaucoup.

- Souviens-toi bien de ces paroles si le doute t’étreint vis-à-vis de mes actions futures.

Quand le monde me croira irrationnelle ou folle, qu’il voit bien au-delà des apparences et de quelques actions, qu’il devine la finalité.

- Je ne te demande rien, si ce n’est de vivre selon tes propres préceptes. Si nos préceptes s’accordent, nous serons amis. Si nos préceptes sont en conflit, nous le serons sûrement. Mais jamais, ô grand jamais, je ne pourrais t’en vouloir. Sache-le. Parce que je sais que tu as promis de faire preuve d’une once de compassion, le temps venu. Et pour cette once de compassion que beaucoup te condamneront surement, je te dois au moins le respect.

Là, je me saisis de son visage, l’amène vers moi et dépose un baiser sur son front.

- Le destin décidera si c’est adieu, ou un au revoir, très cher ami.

Qu’importe la solennité d’un instant, le départ est toujours annoncé. Nos pieds se tournent, notre corps quitte le lieu, notre esprit se détache petit à petit. De cet accord, il n’y a aucune trace. De ces promesses, il n’y a aucune preuve. Nous ne pouvons faire confiance qu’à nos cœurs et à nos mémoires. Que le temps ne commette pas de dégâts sur cet instant solennel.



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