Moon reminds me of your grace

You hold me up
So I, I can fly
When that cold creeps on in
And I start to wonder what could have been
I'm just gonna close my eyes so tight
Take your hand and run to the winter light

Les jours défilent à une vitesse surprenante et avec eux, la peur qui grandit. Celle qui découle directement du conflit politique mais aussi celle qui repose dans ses entrailles, avec l'enfant qui s'y trouve actuellement. Elle passe ses nuits la main sur son ventre, à se rassurer en le sentant bouger. Il semble aller bien, il continuera d'aller bien. Son sort à elle lui importe moins. Les nuits sont cependant difficiles, malgré la patience de Lyman qui reste parfois des heures à lui parler lorsqu'elle ne parvient pas à trouver le sommeil. Si leur relation se trouve considérablement abimée de la guerre, les deux époux ont fait la paix et font de leur mieux pour se soutenir. En résulte tout de même une certaine distance, qu'elle déteste. Une certaine rancœur aussi, qu'elle déteste plus encore. Et puis il y a toutes les appréhensions qui accompagnent le départ d'Alys.

La jeune Lady a pris la route avec sa complicité, incapable de rester à Castral Roc plus longtemps alors que son fiancé et ses frères se trouvaient à quelques jours d'ici. Jeyne l'avait compris, et soutenu dans cette démarche, même si elle la savait risquée. Elle préférait voir Alys prendre des risques que la retenir contre son gré, simplement par peur qu'il lui arrive quelque chose. Elle y a pensé, pourtant. Sans doute parce que perdre Alys d'une manière ou d'une autre, à cet instant de sa vie, lui paraissait impossible à surmonter.

Jeyne s'est donc fait du souci, longtemps. Durablement. Jusqu'à perdre une partie de son sommeil. Elle s'est occupée comme elle a pu, recevoir cette missive surprenante de son père l'a grandement aidé. Les appréhensions, politiques, personnelles, se sont mélangées, jusqu'à faire de sa vie une constante symphonie désordonnée de joies, d'espoirs, de craintes et de déceptions. Elle n'a pas tardé à recevoir des nouvelles d'Alys également, ce qui l'a rassuré. Elle guettait maintenant tous les jours les environs, espérant voir apparaître une calèche aux couleurs de sa maison.

Et puis elle a fini par apparaitre, comme une fée dans la nuit. Sa douceur et son parfum l'ont réveillé d'un sommeil qui reste toujours léger. Bon sang, ce qu'elle lui avait manqué. Jeyne émerge et ouvre les yeux pour trouver le visage d'Alys. Elle inspire une grande bouffée d'air, comme elle ne l'avait plus fait depuis très longtemps. Un poids en moins sur sa poitrine.

- Alys.

L'ancienne Stark se redresse pour s’asseoir sur son lit et enlace son amie, la serrant contre elle, sûrement un peu trop fort. Elle reste ainsi un assez long moment, simplement parce qu'elle avait besoin de ce contact.

- Tu m'as manqué.

Qu'elle souffle, encore à moitié endormie. Jeyne frotte ses deux paupières fermées et essaie de revenir au plus vite, se moquant bien d'écourter sa nuit. Elle se décale un peu pour laisser de la place à Alys et à leur douce complicité, qui lui rappelle terriblement celle qu'elle trouvait entre les murs de Winterfell.

- Hors de question qu'on attende demain. Je veux tout savoir.

Elle exige, presque.

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You hold me up
So I, I can fly
When that cold creeps on in
And I start to wonder what could have been
I'm just gonna close my eyes so tight
Take your hand and run to the winter light

Ce n'est sûrement pas très raisonnable de poursuivre leur discussion maintenant, mais les deux jeunes femmes n'ont de toute manière jamais su l'être. Et surtout, Jeyne apprécie le calme dont elles disposent, loin de tout et des autres. Cette quiétude lui est plus agréable d'autant plus puisqu'elle est partagée avec Alys. Elle lui dit avoir souffert de leur distance elle aussi et Jeyne ne peut s'empêcher de s'en sentir reconnaissante d'avoir à nouveau la confirmation de leur attachement réciproque. Elle est en quelque sorte devenue sa famille ici et il est vrai, la perdre lui est intolérable. Encore une chose qu'elle s'était promis de ne pas laisser arriver, marquée par la mort de sa mère et la peur de perdre ceux qu'elle aime.

- Ça m'est égal que tu sentes le cheval.

Elle est de retour saine et sauve et c'est bien tout ce qui lui importe. Les questions qui suivent font sourire la jeune reine, éternellement touchée des attentions d'Alys à son égard. Elle se décale un peu pour laisser à Alys la place de s'installer, prenant elle-même celle de Lyman laissée vacante. Bien sûr, cette pensée lui mord le cœur. Mais la présence d'Alys, comme un baume apaisant, soigne tout. Au moins sur l'instant. Jeyne sourit, installée sur le côté, une main sur le ventre.

- Je suis... trop enceinte. Et j'ai l'impression d'être une sorte de boule plus ou moins mobile. Autrement je vais bien, ne t'en fais pas.

Ou aussi bien que possible, du moins. Elle va mieux maintenant qu'Alys est avec elle, apportant sa légèreté pourtant récemment égratignée par les conflits qu'elle a pu observer de près. Jeyne le voit dans ses yeux, quelque chose a changé.

- Et toi, comment vas-tu ?

Mais les informations ne tardent pas à pleuvoir et Jeyne les écoute avec une attention particulières, yeux grands ouverts. Elle glousse comme une enfant lorsqu'elle exécute ses semblant d'ordres, ce qui lui fait tant de bien. Mais le sérieux s'impose à nouveau, inévitablement.

- Je suis désolée que tu aies eu à vivre tout ça. D'autant plus pour serrer tes proches dans tes bras, c'est... c'est toujours aussi injuste.

Jeyne passe son temps à être désolée, ce qui en devient lassant y compris pour elle-même. Elle pose sa main sur l'avant bras de la jeune femme lorsqu'elle mentionne ses frères, son fiancé.

- Les dieux en soient remerciés.

Peu importe lesquels. Jeyne souffle et encaisse les informations. Toutes celles qu'on lui décrivait déjà mais qui semblent d'autant plus réelles maintenant qu'elle voit la réalité dans les yeux d'Alys. Elle déglutit. Des doutes. Une ambiance maussade. William blessé et Alys qui se sent chanceuse de n'avoir encore perdu personne. Il faut qu'elle fasse quelque chose pour arrêter tout ça, et vite.

- Tu l'as vu alors. Est-ce que... est-ce que tout s'est bien passé ?

Parfois, la guerre change les hommes. Pour le mieux, ou pour le pire. Elle espère qu'Alys a été traitée là-bas avec tout le respect qui lui est dû et surtout, qu'elle n'a pas été déçue par William.

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Jeyne rit franchement au terrible constat qu'Alys fait, avant de se rappeler qu'elles se trouvent au milieu de la nuit et qu'il vaudrait mieux se faire plus discrètes. Une pensée qu'elle chasse bien vite puisqu'après tout, si réveiller tout le monde dans ce maudit château n'est pas un privilège qui vient avec la couronne... eh bien cette couronne ne lui sert définitivement pas à grand chose.

- Si tu veux, on fait l'expérience demain.

Elle n'est pas tout à fait sérieuse. Ou en tout cas, elle n'est pas sûre d'être sérieuse. Jeyne pouffe encore une fois avant de se reprendre comme elle peut.

- Même si je ne pense pas que ce soit nécessaire en vérité. On sait toutes les deux que je roulerais parfaitement.

Elle secoue la tête, sourire aux lèvres. Tout ça lui avait définitivement manqué et égoïstement, elle aimerait qu'Alys reste éternellement. Elle est la seule personne au Roc dont elle n'ait plus souvenir d'une quelconque ombre au tableau, une mésentente, des conflits d’intérêts qui viendraient gâcher leur amitié. Alors évidemment, elle aimerait qu'elle reste à jamais son alliée. Mais elle sait qu'elle devra s'éloigner d'une manière ou d'une autre, un jour. Construire sa propre famille et être heureuse à son tour. C'est un de ses plus grands paradoxes personnels, finalement. Vouloir le mieux pour elle, avoir le cœur brisé en sachant que ce n'est pas ici qu'elle le trouvera.

- Tu as eu le courage de te rendre là-bas, Alys. Tu ne dois ces moments qu'à toi.

Un courage que beaucoup n'ont pas, elle y compris. La Kenning ne la laisse pas davantage dans l'incertitude et lui apprend qu'elle n'est plus vraiment une Kenning. Jeyne écarquille les yeux, ses lèvres s'ouvrant pour former un O parfait avant qu'elle n'étouffe dans sa main le léger cri de surprise (et de joie) qu'elle pousse en apprenant la nouvelle. Elle se redresse avec toute la vitesse qu'il lui est possible d'atteindre dans sa condition, et regarde Alys depuis cette nouvelle perspective. Bon sang, celle-là, elle n'aurait pas pu la deviner.

- Par tous les dieux, Alys, BON SANG.

Cette fois c'est sûr, plus personne ne dort au Roc.

- TU ES MARIÉE.

Jeyne laisse tomber ses mains de chaque côté de son corps et regarde un moment le mur, sincèrement surprise par cette nouvelle qui la laisse pour le moment seulement sonnée et heureuse pour son amie. Elle prendra la mesure de tout ce que cela signifie plus tard. Elle se laisse ensuite à nouveau tomber dans le lit et laisse passer une seconde ou deux avant de recommencer à poser des questions.

- Alors cette fois il s'agit vraiment d'un ordre, je veux TOUT savoir.  

Elle plaisante. Presque. La jeune femme reprend sa place auprès d'Alys en se couchant à nouveau sur le flanc pour lui faire face. Elle a toujours le sourire aux lèvres, sincèrement heureuse parce qu'Alys a aussi l'air de l'être. Et ça lui fait du bien, tout simplement.

- Félicitations, Alys. Félicitations.

Tout simplement.

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Alys se redresse et raconte. Les retrouvailles avec William, la peur de le trouver différent, le trouver effectivement différent, décider de se marier sur un coup tête parce qu'elle en avait besoin, la robe beige avec des fleurs, la fête. Toutes les images défilent sur les prunelles nuit de l'ancienne Stark, alors qu'elle fait de son mieux pour vivre cette soirée avec Alys. Pour la garder au fond d'elle et pouvoir l'évoquer avec nostalgie lorsqu'elles seront plus vieilles. La désormais Potter noue sa main à la sienne et Jeyne sourit doucement. Elle se penche brièvement pour embrasser le dos de sa main.

- Je suis tellement heureuse pour toi, Alys.

Une larme glisse sur sa joue sans qu'elle ne puisse l'en empêcher, sans même qu'elle ne la sente tomber. Pour tant de raisons différentes. C'est la déception de ne pas avoir été là, le sentiment de plénitude en sachant qu'elle aura au moins pu faire ça avant qu'il ne reparte combattre. Les souvenirs de son propre mariage qui meurt doucement désormais. L'assurance que bientôt, Alys aura ses propres enfants. Son propre domaine à administrer. Et qu'elle devra partir.

- Je suis désolée, c'est la grossesse, ça me rend... ouais.

Qu'elle dit en essuyant l'émotion de son visage. C'est en partie vrai, sa dernière grossesse l'a rendue particulièrement émotive et celle-ci ne fait pas exception à la règle. C'est aussi l'une des raisons les moins honteuses à évoquer. L'une de celle dont elle peut parler sans risquer de continuer de pleurer toute la nuit. Jeyne se reconcentre sur elle.

- Ça avait l'air fabuleux, Alys. Il n'y a vraiment que toi pour transformer un champ de bataille en fête.

Elle acquiesce, la voix toujours empreinte d'émotion.

- Et ne t'en fais pas, je suis sûre que tes parents étaient là d'une certaine manière. Et moi, j'étais avec toi en pensées. Et je serai là pour tout ce qui sera important pour toi, je te le promets.

Elle ne raterait que le commencement de ce mariage, ne laissera aucune urgence primer sur les besoins de son amie. Elle s'en fait la promesse mentale, celle de continuer à être humaine, à être là pour elle. De s'accrocher à cette bribe de normalité comme si sa vie en dépendait. Mais elle ne peut pas s'accrocher à Alys, elle le sait.

- Quand pars-tu pour Godric's Hall ? Tu dois être impatiente de retrouver ton fief ?

Ce fief qui est le sien aussi, désormais. Dont ses enfants hériteront, qu'elle doit connaitre, dont elle doit rencontrer les gens. Comme elle l'a fait à Castral Roc, comme toutes les autres Lady l'ont fait avant elles. Et dans tout ça, dans cette formidable étape de vie, elle ne peut pas s'empêcher d'y voir Alys qui s'éloigne.

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Il est drôle comme finalement, ni l'une ni l'autre ne semble prête à évoquer frontalement le fait qu'elles devront un jour se séparer. Parler de mariage, faire des projets, pleurer et rire ensemble ne leur a pas permis de se préparer à ce fermer de chapitre de leur vie. Ce chapitre court, mais intense et terrifiant, qu'elles auront partagé. Les deux années qu'elle a passé aux côtés d'Alys ont été déterminantes pour Jeyne. Elle est devenue épouse, mère, traitre et reine. Et à chaque instant, elle était là. Ils se sont presque tous méfiés, mais pas Alys. Alors l'imaginer partir et avancer sans elle, c'est comme se retrouver étrangère à nouveau. C'est perdre une bonne partie de ce qu'elle connait ici. C'est recommencer quelque chose et essayer d'être plus adulte qu'elle ne l'est en vérité.

Ça lui brise le cœur.

- Je vais bien, ne t'en fais pas.

J'ai seulement besoin de figer le temps. Au fond, elle sait qu'elle n'en a pas le droit. Qu'il est nécessaire qu'Alys avance, devienne davantage qu'une dame de compagnie, passe moins de temps avec elle et plus avec son mari, ses gens, bientôt ses enfants. Elle le sait et ne sera jamais un obstacle au bonheur de son amie. C'est seulement de voir les choses changer, encore, qui la rendent infiniment fébrile.

- J'en suis sûre, Alys. Ils auraient été si fiers de te voir devenir qui tu es.

Elle, elle l'est. L'ancienne Kenning lui affirme que faire ses quartiers à Godric's Hall n'est pas une de ses priorités pour l'heure, qu'être une simple dame de compagnie lui manque. Et Jeyne n'est pas assez stupide pour savoir qu'il s'agit d'une vérité parfaite. Elle s'en contente pourtant, égoïstement, mais regrette d'avoir pleuré. Devenir une ombre dans le paysage de ses noces, la freiner, est bien la dernière chose qu'elle souhaite. Elle la laisse alors parler, parce qu'elle ne sait pas quoi dire pour les aider à s'extirper du paradoxe dans lequel elles sont coincées. La douce étreinte dans laquelle Alys l'enveloppe l'aide à reprendre un peu du courage qu'il lui manquait, elle souffle.

- Je n'ai besoin de rien, je t'assure. Et je ne veux pas que tu me fasses passer avant toi, jamais. Tu comprends ? C'est important.

Parce qu'elles valent mieux que ça, toutes les deux. Mieux qu'une dépendance mutuelle dans laquelle l'une se sacrifie pour l'autre.

- Tu iras à Godric's Hall quand tu seras prête. Et ce sera merveilleux.

Elle acquiesce pour s'en convaincre elle-même, essaie de dissiper les doutes sans pour autant verbaliser tout ce qu'elles se cachent.

- Mon père m'a écrit.

Qu'elle lui confie dans un murmure. Ses doigts cherchent les siens, pour s'y accrocher.

- Il veut que j'aille rencontrer mon frère à Pierremoutier.

Elle sait qu'elle a des airs de traitresse, à cet instant précis. Peut-être ne les a-t-elle jamais abandonnés. Jeyne relève les yeux vers Alys et cherche au fond de ses iris une sorte de réponse à toutes ses questions.

- Qu'est-ce que tu en penses ?

Prends ma main et guide moi, car j'en ai tristement besoin.

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Take your hand and run to the winter light

Alys balaie de la main toutes ses craintes, comme si elles ne pesaient rien. Elles semblent faites de plumes une fois remises entre les doigts de la Lady, qui lui assure qu'elles continueront à être ce qu'elles sont à chaque fois qu'elles le voudront. Jeyne sait que ce n'est pas le cas. Elle le sait, parce qu'elle ressent la même chose que lors de ces derniers jours passés à Winterfell. Cette sensation qu'une page se tourne, un livre se referme. Et elle se dit que peut-être, un jour, elle finira par s'y habituer.

- Merci.

Pour l'heure, elle se contente de remercier, la mine contrite. Elle ne peut pas faire plus et n'a aucune envie de débattre de ce sujet avec qui que ce soit. C'est une bonne chose qu'elles avancent. Elle n'est plus princesse, Alys n'est plus une Kenning. Un jour, elles devront s'en rendre compte. Pour autant, les deux jeunes femmes semblent particulièrement décidées à retarder l'échéance.

Le reste est encore plus grave, sans doute. Et marque à nouveau la fin de quelque chose, peut-être. Jeyne ne peut s'empêcher de l'espérer, même si elle n'en a pas vraiment le droit. Elle écoute attentivement les mots d'Alys qui confirment finalement ce qu'elle se répète chaque jour depuis la réception de cette lettre. Elle en a dû écrire une vingtaine de réponses, toutes ont fini en feuilles froissées au pied de son écritoire.

- Tu as raison

Elle finit par souffler, lâche un instant la main d'Alys pour enserrer son visage, passe ses doigts entre ses mèches noires. C'est exactement ce qu'elle avait besoin d'entendre, son regard est pourtant plus fatigué que jamais.

- Je vais accepter.

Alys est pourtant la seule et unique personne à qui elle a pour l'heure évoqué l'idée. Mais sa voix ne tremble pas, le ton est résolu, définitif. Elle ira, peu importe ce qu'elle doit faire pour ça. Elle ira peu importe à qui elle doit mentir, qui elle doit décevoir. Elle ira même si elle doit briser son mariage pour ça. Et cette perspective la ronge, lentement mais sûrement. Jeyne secoue la tête et darde finalement son regard sur celui d'Alys, dans lequel elle espère trouver toute la force qui lui manque. Encore.

- Je ne sais pas ce qu'en penseront les autres. La cour, Lyman. Ma belle-mère, Megara. C'est ce qui me fait le plus peur, tu sais. Qu'ils songent, même une seconde, qu'ils ne me suffisent pas.

Elle hausse les épaules, se laisse aller à exprimer cette pensée intimement personnelle devant Alys, puisqu'elle sait que la Lady peut tout comprendre d'elle. Elles se sont apprises à une vitesse étourdissante et le discours que vient de tenir la jeune femme ne fait que le confirmer.

- Mais tu as raison, encore une fois. Je ne pourrais jamais me le pardonner si je n'essaie pas. Et il faut que je vois mon frère, c'est vrai.

Elle doit le voir, puisqu'elle ne sait pas ce qu'il adviendra d'eux si le conflit ne se désescalade pas. Sans doute que l'un sera condamné, malgré lui, à périr de la main de l'autre. Elle a besoin de ce moment de paix avec lui, les précédents ne suffisent plus. Jeyne plisse les lèvres, observe le profil faiblement éclairé de son amie.

- Est-ce que tu accepterais de m'accompagner ?

Elle lui en demande beaucoup, elle le sait.

- C'est notre aventure à nous, après tout.

Jeyne sourit sincèrement, se souvenant avec une certaine tendresse des moments qu'elles ont passé à essayer de trouver des solutions hors de leur portée. Ce projet, c'est le leur avant tout.