La mort de Nymeria me hante encore alors que dressé face à mon pupitre de campagne je contemple une carte de la Principauté. Mes entrailles se tordent de bien funeste manière alors que je cherche un échappatoire à cette souffrance dans la planification de la libération de ma contrée. Il y a tant à faire que la tache semble absolument titanesque. Mais, je ne renoncerais pas avant d'avoir réussi ou perdu la vie en essayant. Car, je le devais bien à feue ma princesse celle qui fut ma plus proche amie depuis que nous nous étions rencontrés à Salrivage lorsque j'y avais été envoyé servir son pater en tant qu'écuyer. Nos derniers instants passés ensemble chargent ma mémoire endolorie à l'instar d'une cavalerie ennemie s'étant insidieusement insinué sur les arrières de mon armée. Je me remémore la lassitude dans ses beaux yeux marqués par l'intelligence admirable dont elle avait toujours su faire preuve. Je me souviens de son sourire rassurant tandis qu'elle me disait que tout allait bien. O Nymeria tu me mentais en ces instants fatidiques. Tu m'as caché ton projet afin de ne point me condamner à subir le même sort que toi. Hélas sœur de cœur en te sacrifiant ainsi tu m'as bel et bien condamné. Condamné à te venger, condamné à faire ce que je considère juste pour ma Principauté et mon peuple, condamné à vaincre ou mourir. O ma tendre amie tu nous a tous montré l'exemple toi qui représentait le summum de la collaboration. Quel Dornien osera se prétendre plus brave que toi Nymeria ? Toi qui a su sacrifier ta vie pour abattre un dragon. Toi qui a su renoncer à une vie d'extase et d'aisance pour le plus grand bien. Quel Dornien osera te nier ta postérité fameuse d'héroïne de ton pays ? Que celui se présente devant moi et perde sa tète de ma lame. Tu t'es montrée digne du prénom que tes parents t'ont offerts et nul doute que la Rhoynar sourit de fierté depuis sa demeure d'outre tombe. 

Tu m'as abandonné avec une mission tellement grande que je ne suis pas sur d'en avoir les épaules. Quelle ironie piquante et plus mordante qu'un aspic des sables n'est ce pas ? Moi l'éternel ambitieux à présent pétri de doutes quant au projet si désiré. J'ai lancé la machine et désormais le train est en marche. J'ai fait ce qu'il fallait. A présent, je n'ai plus qu'à me cacher loin de mes terres afin d'épargner à ma famille mise à l'abri le courroux de la vengeance impérialiste des envahisseurs d'outre détroit. La graine de la rébellion est profondément ancrée dans la nature de mon peuple aussi je n'ai qu'à rester en vie suffisamment longtemps pour que tous mes efforts portent leurs fruits. J'ai de très grands projets pour Dorne. L'aboutissement de toute une existence de servitude loyale envers l'ancienne maison suzeraine. La réflexion aboutie de deux décennies d'adulte. Qu'il s'agisse de commerce, d'économie, d'agriculture, de finance, d'architecture, de la chose militaire, de diplomatie ou de n'importe quel domaine humain j'ai des plans pour rendre à ma patrie sa gloire dans sa fierté et son indépendance. Mais pour cela il faudra arracher la liberté à tous nos ennemis et me faire couronner prince. Je me détourne de la carte un instant pour m'agenouiller face à l'étoile à sept branches accrochée à mon pavillon puis je prie longuement pour l'âme de Nymeria et pour que les Sept me prêtent la force d'accomplir ma destinée. Une fois ma prière achevée une heure plus tard, je constate un détail incongru à travers la toile fine de ma tente. Le vol plané caractéristique d'un faucon. On use guère d'un faucon pour envoyer des messages et il s'agit d'un animal trop noble pour être usé de bien douteuse manière. Les Valyriens n'en utilisent point. Certainement un chasseur solitaire et sauvage cependant un détail me turlupine. Cette zone désertique n'est guère abondante en proie pour un chasseur aussi impétueux. Se pourrait-il que ? Non, cela ne se peut. Je lui ai défendu de chercher à me revoir pour son propre bien. Pourtant, le doute me taraude. 

Je m'allonge sur mon lit de coussins aux motifs harmonieux et me couvre d'un long drap de soie afin de prendre un peu de repos. Le confort est sommaire mais le palais luxueux. Un de mes hommes se met à préparer du thé tandis que je m'endors paisiblement confiant dans ma garde personnelle pour me sauver la vie ou me tuer avant que je ne tombe entre les griffes des Valtigar. Mais, je ne stresse guère. Le désert n'est pas leur élément et il est leur plus farouche ennemi. Ce sont des cris qui me tirent de mon sommeil réparateur bien que mouvementé car hanté par des cauchemars au sein desquels ma famille est exécutée sous mes yeux tandis que Nymeria pleure toutes les larmes de son corps en me voyant à ses cotés. Les éclats de voix me pousse à bondir sur mes jambes et passer mon ceinturon à ma taille rassuré par la présence de mon sabre et mes dagues. Cependant, quelque chose de familier me fait changer d'attitude et passer de l'alerte à l'inquiétude la plus féroce. Une voix de femme. Je connais cette voix. Non ! Par les Sept ne me dites pas que. La surprise la plus complète se pare sur mes traits soucieux tandis que mon capitaine et oncle ser Lyonnel passe le pas de la vaste tente pour m'annoncer que mon épouse est là. Il le fait avec malice car il sait bien que je vais comprendre le message. Le vieux chevalier chevronné se paie le luxe de se moquer de moi avant de me rappeler que nous n'avons pas besoin d'une femme civile dans nos pattes alors que nous avons défié le plus grand empire du monde connu. Comme si je n'en avais pas conscience. Le bougre souligne qu'elle doit ètre sacrément amoureuse de moi pour se jeter ainsi au devant du danger en toute inconscience et je sens mon coeur se serrer. Terrifié à l'idée de la perdre elle aussi. J'allais devoir la chasser sans une once de ménagement et ce pour son propre bien. Mais, je ne pouvais me résoudre à ne pas la voir. J'avais plus que jamais besoin d'elle et c'était bien cela qui rendait tout cela difficile. 

Quittant finalement ma tente dans la tenue qu'elle m'avait offerte dans une oasis mon armure se trouvant sous mon pavillon, je rejoins le cordon sécuritaire de mes chevaliers et cavaliers légers tous plus tendus les uns que les autres en raison des évènements passés mais plus encore à venir. Le mécontentement s'empare de moi lorsque je constate que ses vêtements sont froissés et sa mine éreintée. Une part de moi voudrait lui briser le coeur là tout de suite en niant notre relation car cela pourrait certainement la faire fuir loin de moi, loin de chaos monstrueux dans lequel je me suis jeté à corps perdu, loin de la mort et des larmes. Mais, je ne parviens point à m'y résoudre tant la contempler ainsi préoccupée par mes mots et mon sort me procure une émotion lancinante. Je suis plus isolé que je ne l'ai jamais été à présent. Moi qui avais vécu toute ma vie entouré de soldats, de chevaliers, de nobles, de serviteurs, de courtisans, de toute une foule de gens. Résistant de toutes mes forces à l'envie de passer mes nerfs tendus dans une récrimination verbale sur mes hommes car ces derniers n'avaient fait que leur devoir envers moi en repoussant la jeune femme. Les assassinats prenant souvent des formes particulièrement retorse et distinguée de nos jours. Je me contente de prendre la parole. "Messieurs. Est ce ainsi que l'on traite une dame ? Elle va se faire une bien triste représentation de la maison Toland à présent. Merci de votre dévouement compagnons d'infortune. Laissez la passer." Mes partisans et protecteurs s'écartent de mauvaise grâce mais néanmoins soulagés de ne pas avoir à rudoyer davantage une femme. Aussitôt, je la serre contre moi de toutes mes forces à l'en étouffer avant de l'embrasser passionnément avec une telle intensité que l'on eut pu penser que je cherchais à chasser toutes les émotions néfastes devenues mon quotidien par cet élixir physique. "Oh ma reine des fleurs ! Que fais tu là ? Je t'ai pourtant interdit de chercher à me revoir. Tu te mets en danger. Je ne me pardonnerai pas s'il t'arrivait quoi que ce soit par ma faute. Pars maintenant avant que cela ne soit trop insupportable à mon ame meurtrie." 

L'étonnement d'une partie de ma garde rapprochée face à la révélation expéditive de cette relation ne dure que l'espace d'un fugace instant car ces hommes chevronnés prêts à mourir pour mon nom et ma cause n'ont rien de vulgaires cancanières de village avides d'attention procurée par des messes basses intimes. Ce sont des tueurs froids et aguerris soldats permanents de ma maison ils ne connaissent que la bataille qu'elle soit rangée ou d'envergure moindre. Que leur seigneur entretienne une relation avec une marchande ou la femme d'un autre seigneur si cela lui chante, ils s'en moquent comme d'une guigne. Ce qui les préoccupe en cet instant précis est la perspective de faire face aux légions Valyriennes de la maison Valtigar en sous nombre écrasant. Cela et leurs propres femmes restées dans mon fief. S'ils s'étaient montré quelque peu rugueux dans leur intervention pour barrer le passage à la jeune femme ce fut uniquement par zèle face à une menace potentielle aussi incongrue qu'elle eut pris la forme d'une ravissante et fougueuse jeune femme. Le poison était une arme relativement répandue à Westeros et particulièrement à Dorne ou cela représentait une véritable tradition depuis l'aube des temps. La possibilité qu'il eut s'agit d'une assassin envoyée par la capitale pour s'épargner une traque eut été tout aussi envisageable à cela près que les envahisseurs de la Principauté s'échinant à la maintenir sous leur talon ne maitrisait pas le désert contrairement à nous et qu'il nous suffisait de nous fondre en son coeur pour s'assurer une sécurité relative. Nous connaissions les oasis autant que les points d'eau ainsi que les endroits à éviter. Une fois mes hommes dispersés dans le camp, je prends le temps de réaliser sa présence irréelle en ces lieux reculés et réprouvés du commun des mortels.

Durant un instant alors que je viens de la serrer contre moi puis de l'embrasser, je me remets à douter de la réalité de cette vision et me figure que j'ai du faire un merveilleux songe au plus profond de mon sommeil. Ma reine des fleurs ne m'avait pas écouté alors que je lui avais intimement spécifié de ne pas agir de la sorte car je ne parviendrais guère à prendre tous les risques nécessaires à la réussite de mon projet si jamais je devais également m'inquiéter pour elle. Aussi, bien que profondément satisfait de son contact et du gout salvateur autant que rassurant de ses délicates lippes nimbées de vermeil, je m'apprête à la repousser sèchement pour son propre bien. Hélas, mon amante aimée ma compagne de cœur la responsable de ma renaissance sentimentale me prend de vitesse en se redressant sur la pointe de ses ravissants souliers avant de saisir mon visage entre ses doigts fins, gracieux et délicats. Ses lèvres se plaquent avec affection sur les miennes et relance une osmose aussi naturelle que délectable. Mon palpitant danse la sarabande dans ma poitrine au son murmuré de sa voix suave. Nos fronts pressés l'un contre l'autre j'ai tout loisir d'admirer ses yeux aux nuances de jais dans lesquels j'aime tant me perdre. Espérant sincèrement qu'elle finisse par se rendre à l'évidence et se décide à m'obéir, je me prépare à lui dire adieu le coeur serré à l'idée de ne plus la revoir. Mais, je m'oppose à un véritable rempart en ce jour. Mon visage abattu encore entre ses paumes, j'écarquille les yeux de surprise face à ce non. C'est une nouvelle Jasmyne que je découvre là. Je lis dans ses prunelles mirifiques un refus incontestable et intraitable. Rien de ce que je pourrais faire ne parviendra à lui faire changer d'avis. Elle a pris sa décision et je me dois de la respecter. Je lève les yeux au ciel avant de m'arracher à son contact. "Tu ne sais pas à ce à quoi tu t'exposes mon aimée. Les Valtigar sont implacables comme tous les Valyriens. Ils sont froids, sanguinaires, méthodiques et rancuniers. Ils n'hésiteraient pas à massacrer des villes entières. Non ! Non, il est absolument hors de question que tu te mettes en danger pour moi et ce même par amour."  

Un plan germe dans les méandres tortueux de mon esprit au moment ou ser Lyonnel s'approche de nous d'un pas martial. Je sais comment procéder. Elle ne me laisse pas le choix. Nous allons la ligoter et l'un de mes hommes la ramènera à Bourg Cabane avant de la délivrer là bas sur place. Je refuse de risquer sa vie pour ma cause. Je refuse qu'elle décide de la risquer. Je refuse de devoir affronter la terreur de la perdre comme j'ai perdu Nymeria. Quand bien même cela me fait me sentir comme un fieffé lâche. Seulement ma mie me prend au dépourvu pour la seconde fois consécutive signe que je ne suis clairement pas en état optimal lorsqu'elle se jette au sol à mes pieds. Traumatisé de voir cela, je cherche à la relever mais elle reste résolue à s'agenouiller devant moi. Le serment qu'elle prononce me tord les trippes mais avant que je ne puisse reprendre la parole mon oncle se place à coté de moi. "On ne peut pas refuser un serment d'allégeance mon seigneur. Les Dieux n'apprécient guère. Et puis du poison serait un atout indéniable pour notre lutte. Grace à cela nous pourrions faire de la vie de certaines ennemis un enfer. Psychologiquement parlant c'est un plus. N'as tu pas envie de faire mourir nos ennemis dans des souffrances atroces pour ce qu'ils ont fait à Nymeria ? Plutôt que par une mort propre et expéditive. La petite doit également maitrisé quelques onguents qui plus est. Et puis franchement ? Tu peux te passer de messagers fiables Moran ? Soyons sérieux. Sans oublier le fait que sa présence t'empêchera de chercher à te montrer trop intrépide ou téméraire à la bataille. Tu l'aimes ca crève les yeux. Tu te languissais d'elle à Spectremont aussi bien qu'à Lancehélion. Cesse donc de jouer les matamores neveu. Si jamais nous devons y passer, je préfère largement que tu quittes ce monde le coeur épanoui que triste et éploré. Il fait bien froid la nuit dans le désert. Tu seras le seul chanceux à avoir une femme pour réchauffer ta couche... Bref, je m'en vais superviser les patrouilles. A plus tard. Et bienvenue dans la Dorne libre mademoiselle. Vous ètes une véritable Dornienne. Il a de la chance de vous avoir."

Interloqué par la prise de parti de mon oncle et capitaine de ma garde, je grommelle dans ma barbe à propos des vieux bardons impertinents avant de la faire se relever avec fermeté mais délicatesse. "Je sais bien mon amour. Je sais bien. Et je sais que tu es une femme de parole parce que tu es une personne droite, digne et loyale. J'accepte ton serment puisque je n'ai à priori pas le choix étant donné que même le chef de ma garde se ligue contre moi. Je t'aime Jasmyne. Je t'aime et je ne veux pas être responsable de ton trépas. Je ne saurais me le pardonner." Puis, la saisissant doucement par le bras je l'entraine avec moi vers mon pavillon. Une fois dans l'intimité de mon modeste quartier général, je pousse un soupir le visage toujours boudeur. "Bienvenu dans le cœur de la résistance Dornienne. La résistance non inféodée à l'empire du nord j'entends. Et moi qui souhaitais te faire découvrir ma forteresse. Les Dieux ont un bien cruel sens de l'humour." Je m'approche ensuite de la jeune femme et la serre dans mes bras avant de déposer un baiser sur la pointe de son crane, inspirant avidement l'effluve doucereuse de son parfum boisé et fleuri. Je prends le temps de savourer ce contact réconfortant avant de la libérer. "Tu as l'air épuisée et affamée. Je vais dire à ser Lyonnel de nous apporter un morceau de mouton avec du bouillon. Ne me dis pas que tu ne t'es pas reposée durant la chevauchée ? Et comment nous as tu trouvé ma lune ? Je t'en prie installe toi."

 "Vaillance contre fureur. Prendra les armes et le combat sera bref. Car l'antique valeur dans les cœurs italiques n'est pas encore morte." Pétrarque.

Une douleur sourde s'empare de mes trippes et me frappe comme un coup de gantelet dans la poitrine lorsque je constate avec effarement l'effroi teinté d'un épuisement sans nom sur les traits chéris de mon palpitant. Ce dernier s'est élancé dans une sacrée sarabande un brin perdu par les différentes directions contradictoires de ma psyché face à cet évènement. Une part de moi jubile d'un bonheur extatique de la retrouver là près de moi après plus d'une longue année privée de sa présence salvatrice tandis qu'une autre grogne de dépit qu'elle ne m'ait point écouté et qu'une autre craint déjà pour les mille dangers auxquels ce choix va la confronter là ou une dernière se sent profondément coupable de la fatigue cernant ses magnifiques yeux de jais. La satisfaction de l'instant présent parvient prestement à prendre l'ascendant sur tous les autres élans. Ce qui est probablement naturel puisque je me suis languis d'elle durant d'interminables mois. Quand bien même, les complexes ramifications de la situation politique de la Principauté m'ont éloigné de son souvenir je finissais toujours par revenir à elle que je le veuille ou non à l'instar d'une évidence pour mon âme. Alors, je puise un soulagement immense dans cette étreinte capable de chasser des sombres nuages tout en me libérant d'une frustration sans égale bien que de nouveaux se dressent à présent dans un ciel tumultueux. Jasmyne m'a choisie moi. Et la puissance de ce constat me pousse à m'agripper à elle avec plus de passion encore. Je m'en veux de lui causé ces larmes iniques mais ma réaction avait été celle d'un homme amoureux souhaitant protéger l'élue de ses sentiments. Ses bras enlaçant mon dos sont semblables à des serres tant je sens l'énergie qu'elle met dans ce mouvement. Sa tète libérée du foulard posée sur mon torse, je la laisse ressentir les battements de mon cœur. Lorsqu'elle m'exprime son inquiétude d'alors, je laisse un sourire amusé se peindre sur mes traits. Je dépose une pluie de baisers sur ses cheveux d'ébène avant de répondre. "Je t'aime aussi ma lune. Oh ne t'en fais pas. Tu t'es fait du souci pour rien. Je ne suis pas si facile à abattre. Les Valtigar vont le découvrir à leurs dépens bien assez tôt." Puis, saisissant son visage souillé des traces de Khol ayant coulé suite à ses larmes je l'embrasse avec une douceur infinie avant de reprendre. "Tu ne peux pas me perdre. On se l'est promis." 

Mes doigts essuient les traces de maquillage égrenées au gré des stries de ses perles lacrymales avec patience et méthode comme si je me sentais obligé d'effacer le plus lestement possible les preuves de mon méfait. J'ai causé de la tristesse à ma compagne de cœur ma reine des fleurs et cela m'est aussi intolérable qu'insupportable. Aussi, je m'attèle à lui rendre sa beauté inhumaine avec une affection libératoire. Le sourire coupable qu'elle ne tarde pas à afficher suite à ma remarque sur son état d'épuisement incarne une preuve suffisante pour que je comprenne qu'elle avait chevauchée à bride abattue sans chercher à prendre soin d'elle. Mes sourcils se froncent de mécontentement mais je m'abstiens de la réprimander afin de ne point briser l'alchimie doucereuse de ce climat apaisé. Elle m'avait vaincue avec l'aide d'un allié de fortune. Elle allait rester avec moi, avec nous maquisards de rien face à un empire vengeur. L'éclat d'intérêt dans ses yeux à l'évocation de la nourriture comme du repos ne témoignent que trop en faveur de mon diagnostic et je me promets de ne point abuser et de la faire se coucher dès qu'elle aura la panse pleine. A mon tour de la choyer comme elle le faisait si bien à chacune de nos retrouvailles. Son annonce me fait hausser un sourcil d'étonnement car je la pensais farouchement indépendante. "Tu n'étais qu'à un jet de pierre de la capitale en ce cas. Par les Sept ma lune ! Tu as eu de la chance. Il parait que les Valyriens ont maté des révoltes dans toute cette zone. Quel effroi." Saisissant doucement le pendentif en perle de jade suspendu à son cou, je l'observe avec attention avant de reprendre. "Tu as bien fait. Je n'ai entendu que du bien de cette compagnie. Elle prospère bon gré mal gré en dépit de la situation chaotique de la Principauté. L'identité de son propriétaire reste cependant un mystère. S'ils te versent une rente qu'importe tes ventes alors en effet tu peux te rassurer. Je suis très fier de toi ma douce. Tu en as fait du chemin depuis les premières ventes aux Météores." Sous mon règne, elle deviendrait la plus grande marchande de toute la Principauté avec des licences d'exploitation privilégiées de certaines activités et elle n'aurait rien à envier aux biens nés de ce continent. Mais, il ne fallait point placer la charrue avant les bœufs. "J'ai quitté la capitale depuis une semaine à la demande de feue la princesse Nymeria. Je n'ai quitté ma forteresse que depuis quelques jours mon aimée. Le désert est notre allié. Nous sommes ici aujourd'hui et demain nous pouvons être ailleurs."

Constatant qu'elle ne s'installe guère plus confortablement, je plonge mes yeux dans les siens et ressens une profonde émotion face à ses mots de réconfort alors qu'elle prend mes mains dans les siennes avec douceur. Je baisse les yeux sur le tapis de la tente non pas pour fuir son regard ou le soutien inconditionnel qu'elle m'apporte mais bien par pudeur face à un deuil encore tout frais et auquel je ne parviens point à m'habituer puisqu'il m'arrive parfois de parler à voix haute à Nymeria comme si elle était présente. "Oh ma lune. Je te remercie pour cette attention. Nous nous étions quelque peu éloigné l'un de l'autre en raison de nos trajectoires respectives cependant nous avions au cours des derniers mois pu nous rendre compte de la solidité de notre amitié. Je la connaissais depuis que j'avais huit ans. C'est son pater qui a fait de moi un chevalier et l'homme que je suis aujourd'hui. C'était ma meilleure amie. Elle avait ses défauts. Elle pouvait se montrer rusée, ambitieuse et bien d'autres choses. Mais, elle avait un grand cœur et un bon fond. Je me souviens de nos jeux quand nous étions enfants. Elle a su devenir une vaillante jeune femme. Elle me manque et va énormément me manquer. C'est une martyr à mes yeux. Martyr pour la liberté et la souveraineté de son peuple. Si elle a agit comme elle l'a fait c'est qu'elle estimait ne pas avoir le choix." Soudain, l'entrée dans le pavillon de ser Lyonnel mon oncle et traitre en ce jour me détourne de ma tirade ce qui est fort heureux car j'eus pu me perdre dans ma tristesse sans cette intervention. Ce dernier dépose une marmite sur le sol ainsi que du pain conservé dans une serviette de cuisine puis après une inclinaison il me détaille l'organisation des patrouilles en disant que mon frère va diriger l'une d'elle tandis que Sandor mon écuyer montera la garde devant la tente. Une fois mon oncle parti, je m'accroupis au dessus de la marmite et soulève le couvercle. "Les plats se trouvent derrière toi avec une louche. Viens te sustenter ma reine. Je ne peux supporter de te voir avec une si petite mine. Aujourd'hui c'est moi qui vais prendre soin de toi." 

J'aime cette femme. Je l'aime avec passion, adoration et dévotion et ce depuis nos premiers mos échangés sur cette place animée des Météores. Je l'aime et c'est la raison pour laquelle sa présence en ces lieux tumultueux me déchire autant le cœur qu'elle le ravit. Je ne suis plus qu'un amas de paradoxe tiraillé entre une avalanche de sentiments contradictoires. J'ai l'impression de devenir complètement fou en ce moment précis. Une fois de plus au cours de ma vie, c'est elle qui me sauve de ce dilemme psychologique intenable lorsque qu'elle lève ses magnifiques prunelles sur mon visage torturé. Anéanti par sa beauté naturelle et ce même en pareilles circonstances, je ne puis faire autrement qu'abandonner mes griefs internes à ma propre encontre face au spectacle de son affection dévorante libérée de sa cellule sombre. Un sourire amusé parvient à adoucir la trogne marquée qu'est mon visage. "J'ai entendu le cri d'un faucon tout à l'heure. Cela m'a interrogé car le désert n'est guère leur terrain de prédilection. J'ai bien cru que mon imagination me jouait des tours et que ton absence me poussait à croire que tu allais arriver. Et tu es arrivée telle une déesse sortie du songe traumatisé d'un amoureux éploré." 

Les propos réconfortants de la jeune femme au sujet de feue ma princesse et proche amie me touchent particulièrement non que je ne les entendu des dizaines de fois depuis l'annonce de sa disparition mais bien parce qu'ils sont offerts gracieusement par celle détenant mon équilibre émotionnel entre ses petites mains. Son contact et son regard compatissant m'apaise au moins davantage que lorsque je me morfondais dans le pavillon en revoyant nos derniers instants encore et encore. "Sa place est auprès de ces derniers. C'était une bonne personne. Une femme au grand coeur en dépit des apparences. Peu importe ou elle est à présent, je souhaite qu'elle soit en paix et je compte bien la rendre fier en reprenant ce combat à mon compte." Un sourire en coin étire mes lippes face à la réaction de ma douce à l'irruption bienvenue de mon capitaine les bras chargés de ragout de mouton aux légumes et d'une bonne miche de pain. Le chevalier vétéran s'incline devant Jasmyne avant de quitter les lieux d'un pas martial. Puis, ma lune me rejoint et dépose un baiser sur ma joue barbue avant de se servir généreusement dans la marmite. En l'observant, je reconnais sa posture lorsqu'elle oeuvre à quelques taches de parfumerie et me figure qu'elle va analyser la cuisine de ce vaillant Symeon sans la moindre difficulté. 

Je me redresse alors et m'en vais chercher du vin corsé de nos contrées ainsi que des dattes et des fruits que j'avais emporté de Spectremont. Une fois tout cela déposé devant nous, je saisis un coussin et m'installe dessus avant de me servir à mon tour. Puis, j'entame le repas dans un silence paisible entrecoupé de regards aimants en direction de Jasmyne qui mange avec autant de raffinement qu'une dame de la cour. "En effet Symeon est très doué. Je préfère néanmoins largement tes plats aux siens. Cesse de t'excuser ma lune. Tu es parti pour accomplir tes objectifs et je n'aurais pour rien au monde voulu que tu y renonces. Je me sens d'ailleurs coupable du fait que tu n'exerceras plus à cause de moi." Détournant le regard, je nous sers deux coupes de vin clair avant de reprendre. "Moi aussi je n'ai point cessé de t'avoir en tète durant cette longue séparation ma reine des fleurs. Je ne parvenais pas à trouver le sommeil sans revoir ton visage rayonnant. Je me suis surpris plus d'une fois à humer tes créations afin de m'imaginer que tu étais là avec moi plutôt qu'à des centaines de centaines de lieux de moi. Mais tout cela est révolu puisque tu es ici à présent." 


Me rapprochant de ma compagne de cœur comme d'infortune, je m'assois près d'elle en tailleur et la place sur mes genoux avant de reprendre mon repas. "Voilà qui est bien mieux ainsi." Un baiser affectueux sur ses cheveux plus tard, je mange tranquillement avant de reprendre. "Ressers toi autant que tu le souhaites. Nous devons nous rationner en raison de cette guérilla mais je veux que tu te sustentes suffisamment. Goute également ces dattes au miel. Elles ont été confites il y a une semaine à peine. Je tiens à m'excuser Jasmyne. Je tiens à m'excuser de t'avoir inquiété. Je tiens à m'excuser de te mêler à tout cela. Je tiens à m'excuser de te mettre en danger. Je tiens à m'excuser de t'empêcher de pouvoir poursuivre ton rêve de prospérité." Une mine pataude et mes regrets imprimés sur le visage, je porte la coupe à mes lippes et avale quelques rasades de ce clair avant de pousser un soupir de dépit.

La complicité naturelle se nouant sans la nécessité de la moindre dépense verbale entre mon oncle paternel et l'élue de mes sentiments me procure une satisfaction profonde et indicible. A l'instar, d'un constat favorable sur un sujet incertain je suis plus qu'heureux de contempler cette intégration mi familiale mi martiale à mon cercle de partisans de confiance. La seconde épreuve à venir afin de découvrir si ma reine des fleurs ferait l'unanimité dans ma lignée viendrait avec le retour de mon Milo mon cadet actuellement en patrouille avec une demi douzaine de cavaliers légers au sud de notre position. Mais pour l'heure, je savoure ces mets simples mais généreux capables de remplir une panse soumise aux rigueurs éprouvantes d'une vie dans cet environnement hostile. Si j'avais le respect de tous mes soldats c'était parce que depuis mon plus jeune age je n'avais jamais rechigné à partager les affres de leurs conditions et malgré un sens poussé de l'épicurisme me permettant d'apprécier à sa juste valeur toutes les bonnes choses présentes en ce bas monde J'appréciais aussi bien la rusticité que le confort le plus délicat et n'avais pas le moindre problème à supporter le dénuement. La direction par l'exemple représentait la manière la plus sure de se gagner la loyauté des hommes sous son commandement. Tandis que nous savourons la nourriture de Symeon dont les talents de cuisinier s'étaient affinés au gré de sa participation aux campagnes de la Principauté, je focalise toute mon attention sur la lune de mes jours. 

Sa remarque relative à la gestion de ses activités me fait me rendre compte à quel point ma compagne de cœur est une jeune femme pleine de ressources. Mon amante a en effet déjà réfléchie à des possibilités de continuer d'assurer à son commerce une croissance prospère sans continuer d'arpenter elle même les routes du continent et de la Principauté ni se présenter en personne à la clientèle. L'éclat de mes prunelles luisant d'admiration à son encontre dénote suffisamment de la fierté que je ressens envers elle. “J'imagine que tu pourrais en effet disposer d'un comptoir dans la plupart des grandes cités avec des stocks de tes produits ainsi que des employés que tu pourrais engager en fonction de leurs compétences en parfumerie. Tu devrais néanmoins les former à la reproduction de tes productions sinon ils seraient dépendants de ton propre travail. Ce qui te permettrait de garder la main mise sur toute la chaine et t'assurer de la rareté de tes créations en vertu des délais avant les nouveaux approvisionnements. A toi de voir ma douce. Mais la rareté te permettrait d'hausser tes tarifs. Et donc de gagner davantage...” 

Je sais depuis déjà longtemps que Jasmyne est brillante en dépit de son statut de fille du commun mais elle me le prouve encore un peu plus à chacune de nos rencontres. Puis, alors que nous reprenons notre repas en entrecoupant nos mastications d'aveux liés à l'étendue de notre affection réciproque en dévoilant des secrets de cœurs énamourés ayant été par trop longtemps éplorés en raison de la distance extrême nous ayant séparé l'un de l'autre je souris de contentement en la voyant apprécier toutes les nuances de mon vin corsé importé de l'ouest de la Principauté. “Je sais bien que tu ne trahiras pas ta parole mon aimée. Je ne le sais que trop bien.” Nous continuons de nous sustenter dans un silence paisible témoignant de l'apaisement en train de s'imposer malgré le tourbillon coupable de mes émotions contradictoires. Nos regards semblent condamner à s'accrocher à l'instar de deux aimants. Et transmettent nos élans passionnés nimbés de complicité fusionnelle par ce biais privilégié. Hélas, je ne parviens guère à parvenir à profiter pleinement de ces retrouvailles tant l'inquiétude à son sujet vient me déchirer les entrailles cela et le fait que j'ai l'impression de l'avoir soustraite à son rêve de vie par pur égoïsme quant bien même il s'agissait de sa propre décision. 

Ce qui ne semble point plaire à ma reine des fleurs puisque celle-ci nous libère de nos plats respectifs avant de venir s'installer à califourchon sur mes genoux. Je me perds comme toujours dans la noirceur sublime de ses prunelles alors qu'elle tente de m'assurer que je n'ai pas à me sentir responsable de son destin. C'est finalement le contact salvateur de ses lippes chaudes sur les miennes qui parvient quelque peu à chasser le tumulte de l'orage intérieur. Son rire mélodieux résonne comme une divine mélopée à mes oreilles tandis que ses doigts gracieux se mettent à dérider les traits de mon visage. “Je t'aime Jasmyne. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour que les Dieux me bénissent ainsi en te plaçant sur ma route. Je ne te mérite probablement pas. Quant à ta prospérité, si les Sept m'accordent de vaincre et d'atteindre mes buts elle sera si haute que ta bravoure sera royalement récompensée. Ne veux tu pas te nettoyer un peu ? Laisse je vais m'en occuper. Raconte moi plutôt comment as tu trouvé le reste du continent.” Appelant mon écuyer, j'envoie ce dernier me chercher un baquet d'eau avant d'embrasser langoureusement la jeune marchande devenue rebelle par amour. 

 "Vaillance contre fureur. Prendra les armes et le combat sera bref. Car l'antique valeur dans les cœurs italiques n'est pas encore morte." Pétrarque.

Œuvrer à la prospérité de l'élue de mon cœur me parait tout aussi légitime que de me battre jusqu'à mon dernier souffle pour la libération de ma contrée et le retour de sa fierté comme son indépendance souveraine. C'est d'ailleurs un véritable devoir à mes yeux de butor dévoré de passion pour sa dulcinée. Dulcinée ayant tellement d'affection pour moi qu'elle venait de se jeter dans le danger sans la moindre once d'hésitation afin de se tenir à ma senestre dans la guerre asymétrique à venir. La jeune marchande plus altière qu'une statut dans un palais en dépit de ses origines modestes est un esprit brillant et autodidacte qui n'a rien à envier à une âme mieux née. Bien des idées se bousculent en un pensum désordonné dans ma caboche quant aux manières dont elle pourrait continuer d'accroitre ses possibilités de progression commerciales cependant je les place pour l'heure dans des tiroirs mémoriels afin de me concentrer sur l'instant présent non sans avoir assuré ma douce de mon impérissable soutien à son égard. "Mon esprit éclairé t'appartient ma lune. Je te seconderais autant que tu le souhaiteras en temps voulu." Mes ambitions pour la Principauté étaient tout aussi écrasantes que le poids moral de la vengeance nécessaire pour la mort de ma princesse et l'imposition d'un joug étranger inique aussi cet exercice ne pourrait manquer de se montrer inestimable pour bien des raisons. 

Nous nous sustentons dans une paix relative au sein de laquelle s'épanouissent des échanges complices de regards s'accrochant à l'instar du chant de deux lames au cours d'un duel. Nos prunelles semblent comme aimantées l'une à l'autre tant ces contacts instinctifs se multiplient. Pourtant en dépit de ce bonheur indicible, la culpabilité ne cesse de me ronger les veines et me tirailler les entrailles. Par mon choix de me rebeller j'avais mis en danger ma famille et voilà que je plaçais également l'amour de mon existence dans une position détestable. Ma reine des fleurs ne semble pas décidée à me laisser me morfondre dans ma morosité tenaillante puisqu'elle s'installe sur moi et me force à contempler son visage ravissant sur lequel ne se décèle pas la moindre trace d'inquiétude ou de regret. C'est néanmoins la dimension physique de l'union de nos lippes condamnées à ce ballet incessant qui parvient à me soulager quelque peu de ce fardeau moral. Un second baiser vient tempérer la déception de la voir s'apprêter à rompre la délectable étreinte. Mes propres lippes à présent ornées d'un sourire engageant, je sens une lueur d'adoration s'embraser dans mon regard. "Chaque royaume de Westeros possède une identité propre dotée d'un intérêt certain. Chaque région a sa beauté cependant aucune n'égalera jamais Dorne à mes yeux. Je me souviens du Val d'Arryn. J'ai manqué y périr de froid malgré la beauté de ces montagnes aux sommets sans fin. C'est toi qui a manqué à Dorne mon aimée. Tu me feras découvrir tes nouveaux parfums ?" 

Damian pénètre sur les lieux d'un pas martial avant de déposer de l'eau chaude devant le modeste baquet guère plus grand que quelques tonneaux avant de retourner vaquer à ses occupations d'écuyer avec célérité. La concupiscence la plus voluptueuse s'allume dans mes prunelles d'ambre devant le spectacle divin de ma douce me provoquant d'un regard malicieux tout en faisant lentement glisser les plis de sa robe. Il faut encore qu'elle se défausse de quelques couches de tissus avant que sa nudité exquise ne se dévoile à mon regard contemplatif. Mes yeux s'écarquillent de surprise face à la découverte de ses motifs harmonieux bien plus étendus que les bases de l'an dernier. Les formes géométriques embellissant sa personne rendent cette vision vespérale un brin mystique et je me figure que cela ne rend que plus désirable encore sa personne. L'ardeur du désir que je ressens pour elle en cet instant est presque douloureuse tant elle se diffuse de manière brutale et impérieuse dans chaque pan de mon corps. Puis, elle me tourne le dos et se dirige vers son bain tout en détachant sa longue tresse. Nos regards s'accrochent et je souris de manière canaille avant de me lever et de rejoindre la cuve. Posté devant ma lune, j'entreprends de lui masser les épaules alors qu'elle se prélasse autant que faire se peut dans cette petite cuve de fortune. "Pourquoi me tortures tu ainsi ma reine ? Seriez vous un agent de l'ennemi venu pour m'oter la vie de bien vicieuse manière ? Je pense pouvoir quitter ce monde en paix désormais. J'espère que mon massage te plait. J'étais sérieux lorsque je disais que c'est moi qui allais prendre soin de toi pour une fois." 
 

"Vaillance contre fureur. Prendra les armes et le combat sera bref. Car l'antique valeur dans les cœurs italiques n'est pas encore morte." Pétrarque.

Les caresses habiles de mes mains procurent des sensations agréables à ma lune au regard de son soupir de contentement suite à mon intrusion dans son espace personnel. Il faut dire que j'avais eu des occasions certes limitées mais bien productives en sa compagnie afin de me perfectionner en ce domaine. J'avais énormément appris à son contact au gré de nos étreintes et de nos ébats quand bien même j'étais loin d'avoir été un novice dans les arts du charme et de la séduction avant notre première rencontre. Cependant, ce fut en sa compagnie que j'avais atteint l'excellence dans l'exploration de cette zone aussi lumineuse que mystérieuse qu'était le plaisir. Nous nous étions adonné aux vices délectables de la luxure avec la plus grande application lors de chacune de nos retrouvailles. D'ailleurs, je prends autant de plaisir qu'elle n'en éprouve en la soulageant de ses courbatures et ses douleurs nerveuses liées à sa chevauchée courageuse et inconsciente pour me retrouver. Le contact velouté de sa peau délicate et aussi soyeuse que du cachemire en dépit de la fine pellicule de transpiration naturellement héritée de sa folle cavalcade sous un soleil de plomb. Je jouis d'une vue plongeante sur son corps superbe au vu de ma plus haute taille mais me focalise sur les régions que je cherche à dénouer tandis qu'elle penche ses cheveux de jais sur sa senestre afin de me rendre plus aisée l'exploration tactile de sa nuque.

"Oh mais même après dix ans ma lune je n'aurais de cesse de te désirer. Ce feu qui m'anime face à toi. Il te suffit d'un regard pour le rallumer. Tu as une emprise sur moi Jasmyne mais cela ne m'inquiète guère plus que cela." Je continue ma besogne délectable qui produit rapidement des effets positifs auprès de ma reine des fleurs que je suis bienheureux de pouvoir choyer pour une fois. Son teint porcelaine légèrement halé par les assauts de l'astre flamboyant contrastant avec la noirceur d'encre de ses longues mèches cascadant sur le flanc ainsi que le parfum entêtant qu'elle dégage me baignent dans une ambiance vespérale réellement fantasmagorique. Ce qui me permet durant quelques instants arrachés au destin de faire abstraction des circonstances de nos retrouvailles présentes. Je m'échine à la tache avec une application empreinte d'une dévotion sincère comme s'il s'agissait de la mission la plus importante de toute une vie. En fait, tout le tourbillon de mes sentiments passés de l'inquiétude à la félicité en passant par le soulagement et le regret trouve une libération soudaine dans cette succession de mouvements affectueux. 

Ma muse penche brusquement son joli minois en arrière projetant une rafale d'eau dans ma direction. Je n'ai guère le temps de me plaindre de quoi que ce soit qu'elle m'a déjà fait me pencher en avant avec une autorité altière. Je me contente de suivre le mouvement alors que nos lippes s'impriment les unes sur les autres en une mélopée bruyante tant nous prolongeons cette fusion durant de longs instants alors qu'elle guide mes mains sur sa poitrine au moment ou ses yeux se ferment. Mes entrailles se font tiraillantes pendant que je trace un sillon possessif sur son buste en descendant jusqu'au bas de son corps sous l'eau chaude. Nous coupons court à cet échange lorsque vient le temps des aveux énamourés. "Ma reine des fleurs. Ser Lyonnel et Milo pourraient te témoigner à quel point je me suis langui de toi. Ils te diraient combien je déprimais en regardant l'horizon depuis les remparts...Combien je m'enquérais des terres de l'Ouest à chaque instant par crainte que la guerre n'embrase également ces terres lointaines te mettant en danger. Maintenant, je crains fort de ne point pouvoir me retenir plus longtemps ma douce." Conclus-je en affichant un masque sur lequel mes yeux ne sont plus que deux brasiers. 
 

"Vaillance contre fureur. Prendra les armes et le combat sera bref. Car l'antique valeur dans les cœurs italiques n'est pas encore morte." Pétrarque.

 
 

"Vaillance contre fureur. Prendra les armes et le combat sera bref. Car l'antique valeur dans les cœurs italiques n'est pas encore morte." Pétrarque.

 
 

"Vaillance contre fureur. Prendra les armes et le combat sera bref. Car l'antique valeur dans les cœurs italiques n'est pas encore morte." Pétrarque.

 
 

 "Vaillance contre fureur. Prendra les armes et le combat sera bref. Car l'antique valeur dans les cœurs italiques n'est pas encore morte." Pétrarque.