Smaug Corbray

Ronnel Arryn est de retour de son pèlerinage mouvementé au coeur même du Val. Tous les seigneurs sont présents aux Eyrié sous l'injonction sévère de la Reine-Mère Sharra Arryn. La situation est des plus tendues dans le royaume et une rencontre entre le Roi et son capitaine de la garde royale s'impose.

Smaug avait pris le soin de laisser son neveu et sa sœur se retrouver ensemble la veille au soir. Il ne pouvait que de se souvenir, il y a quelques semaines de cela, des discussions qu'il avait pu avoir avec la reine-mère du Val et de la Montagne et malheureusement, il n'avait pu que se rendre compte du gouffre qui s'était creusé profondément entre la mère et le fils. Le capitaine de la garde royale avait tenté, tant bien que mal, d'apaiser la colère que Sharra pouvait avoir à l'égard de son fils. Elle n'avait pas fait tout cela, elle n'avait tout donné, jusqu'à sa vie privée pour à présent laisser son héritier et son héritage ainsi partir en fumée. Malgré les cris, malgré les silences tenaces, il connaissait assez son aînée pour savoir que sous toute cette souffrance, elle continuerait à accomplir son devoir de reine, mais aussi de mère et de femme pour pouvoir être un soutien pour Ronnel, même si elle le cachait pour le moment sous des mots acerbes, et quelques nouvelles rides de contrariété sous son charmant visage. Elle avait même eu à souffrir de quelques problèmes de santé, la poussant à garder le lit pendant plusieurs jours durant. Ce n'était sans doute que de la fatigue qui était causé par un important niveau d'angoisse mais Smaug s'était sincèrement étonné et inquiété pour l'état de cette dernière. Cela ne lui ressemblait clairement pas et même si elle avait fait en sorte de minimiser au mieux l'impact de sa faiblesse temporaire, en laissant juste planer la rumeur d'un malheureux rhume, cela venait à tomber à un moment où la relation entre Ronnel et sa mère était critique et où les différents semblaient alimenter toutes les conversations au cœur même des Eyrié. Il aurait sans doute aimé pouvoir s'entretenir personnellement avec sa sœur pour expliquer ce que le jeune roi avait pu rencontré comme problèmes au cours de son long voyage, mais il valait sans doute mieux que les deux se retrouvent et se concertent pour le meilleur ou pour le pire. Surtout qu'avec la venue de tous les seigneurs du royaume du Val dans le fief même de la maison Arryn allaient sans doute provoquer de nouvelles tensions, et il leur faudrait sans doute travailler main dans la main pour pouvoir maintenir le royaume à flot.

Smaug avait de nombreuses choses à faire à présent qu'il était de retour aux Eyrié, il était nécessaire qu'il réaffirme la protection du roi après les derniers événements qui avaient douloureusement égrainé le voyage de Ronnel au sein du Val et surtout à la fin de son pèlerinage malheureux qui n'avait clairement pas eu les résultats escomptés. Avec tous les seigneurs présents au cœur du nid du faucon, il était certain que la menace serait plus grande et viendrait aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur du palais. Ce n'était pas une situation évidente, même si sans doute nécessaire pour l'avenir du royaume. Il irait sans doute voir sa sœur rapidement dans la journée pour pouvoir prendre de ces nouvelles et discuter un peu en tête à tête comme ils avaient l'habitude de le faire. Mais même s'il avait sans doute en partie des comptes à rendre à sa sœur, notamment après les oppositions claires et violentes dont Ronnel avait été la victime, il devait avant tout répondre à son souverain et à son neveu et il avait été invité à prendre le petit déjeuner avec lui, ce qu'il avait bien évidemment accepté. Il s'était donc fait annoncer aux portes des appartements du souverain et que celui-ci accepte de le recevoir.

Si une partie de ma nuit s’était passée en compagnie de ma Mère, l’autre partie avait été avec les fantômes de l’homme que j’étais, de la femme que j’ai aimée et de ces espoirs et rêves perdus et brisés entre les quatre murs de mes appartements. J’avais à peine fermé l’œil de la nuit, ayant préféré finir cette nuit sans grand sommeil en me plongeant corps et âme dans l’étude de lettres, de cartes ou la rédaction d’une liste d’ouvrages et d’instruments dont j’ai besoin pour de futures décisions – et transmis au Mestre aux aurores.

Les nobles, le peuple et Mère avaient montré et démontré à bien des reprises que mes nombreux impairs et erreurs avaient coûté à ma réputation et à l’honneur de ma maison, et que je n’avais plus droit au moindre faux pas, au risque d’être considéré comme un Roi incompétent pour le restant de mes jours, à l’ombre de ces adultes suffisants et qui se déchiraient sans aucun égard, divisant et brisant le Royaume. Je l’avais vu, je l’avais vécu, et cela m’avait suffi. Cependant, comment pourrais-je réunir ce peuple si ma propre maison était divisée ?

Si mon Oncle était un Corbay avant tout, il avait toujours été fidèle à la maison Arryn et avait été comme un père pour moi suite à la mort de ce dernier. Dès lors, je le considérais comme un membre de ma maison avec qui je devais savoir comment agir en Souverain juste mais également en neveu respectueux. Enfin, et plus important, je crois qu’il est l’un de mes rares parents que je n’ai pas encore blessés, et qui supporte ma compagnie.  Il était aussi l’un des rares Lord dont je ne doutais pas de sa fidélité à l’égard de la Couronne, et qui acceptera les décisions sans remettre en question leur légitimité. Du moins, je le croyais – et je l’espérais.

Lorsque le domestique m’annonce que Lord Corbay, mon Oncle est arrivé, je me hâte de quitter le fauteuil où j’étais assis et où je recevais du mieux que je pouvais les rares lève-tôt qui souhaitaient me saluer – ayant manqué mon arrivée d’hier. J’aurais bien voulu m’éclipser de mes appartements, pou apprécier un repas dans la salle adéquate mais je doutais que celle-ci soit vide. Les nobles arpentaient les pièces par-ci et par-là, et prêts à m’interrompre à chaque instant – ou à me suivre. Je préférais éviter cette compagnie autant que possible et apprécier un instant de calme et de paix. Je demande au garde de laisser passer mon Oncle sans plus tarder.

- Bonjour, mon Oncle. J’espère que tu as bien pu te reposer suite à ce long voyage.  

L’homme ne m’avait pas quitté et m’avait protégé à quelques reprises des aléas du voyage. Je lui devais beaucoup, à n’en point douter.

- Je te remercie d'avoir accepté mon invitation. J'espère ne pas te décevoir en te proposant un petit déjeuner frugal, dans mes appartements même. Autrement, il sera l’heure du déjeuner le temps d’atteindre la salle à manger et l'heure du dîner le temps d'avaler quelques morceaux avec tous ces gens au Palais.

J’indique au domestique d’apporter le repas, et ce dernier s’empresse de sortir et d’accourir aux cuisines. Il était efficace et avait sûrement déjà donné ses propres ordres au cuisiner. Il n’était question que d’apporter les mets chauds – ou froids – dorénavant.

- J’aurais grand besoin de toi en cette belle matinée, mais nous verrons après, quand nous aurons mangé un peu.

Je devais devenir plus fort, plus solide et plus imposant physiquement pour que les autres cessent de me voir comme un enfant mais davantage comme un adulte. Evidemment, je devais également me cultiver davantage, et aiguiser mon esprit autant que mon épée. Plus que jamais, je ne devais pas relâcher mes efforts, et travailler bien plus dur que je ne l’avais fait jusqu’à maintenant. Cependant, c’était un travail que je ne pourrais pas accomplir seul, et je devais savoir m’entourer de personnes fidèles et compétentes à la fois. Certes, il y avait le Conseil du Faucon mais je doutais considérablement des qualités de certains membres, au vu de la situation actuelle du Royaume. Je ne pouvais pas jeter entièrement la pierre, ayant ma part de responsabilité.

- Je n'ai pas pensé à te poser cette question, mais as-tu expérimenté de longues campagnes avec de longs trajets constants ? , introduis-je.

Smaug Corbray

Ronnel Arryn est de retour de son pèlerinage mouvementé au coeur même du Val. Tous les seigneurs sont présents aux Eyrié sous l'injonction sévère de la Reine-Mère Sharra Arryn. La situation est des plus tendues dans le royaume et une rencontre entre le Roi et son capitaine de la garde royale s'impose.

Smaug avait toujours été présent pour la famille royale, présent pour ses neveux et présent avant tout pour sa sœur aînée. Il y avait eu longtemps de la jalousie envers elle, de la colère, de la rage même parfois et avait cherché d'une certaine façon à lui faire payer des choses dont elle n'était finalement pas coupable. Feu Lord Corbray avait eu de grandes espérances pour son fils, mais encore plus de grandes attentes. C'était sans doute ainsi que les choses devaient se passer pour l'héritier de la maison et du domaine familial, et sûrement que Smaug avait espéré que chacun de ses progrès, chacun de ses combats, serait un moyen d'avoir la reconnaissance de ce paternel qui n'était pas tendre avec lui. Cependant, il s'était souvent leurré sur les réactions de ce père envers lui, mais ne pouvait néanmoins que constater l'amour et la fierté qu'il exprimait volontiers pour sa fille. Il était impossible de passer à côté de Sharra Corbray sans la remarquer, et c'était par ailleurs ce que voulait leur père, que la belle jeune femme soit reconnue pour ce qu'elle était, elle était belle comme le jour, elle était douce et cultivée. Elle ferait une femme parfaite pour l'homme qui aurait le désir de l'épouser. Puis une nuit, il avait découvert le terrible secret qu'elle portait, alors qu'elle était violentée par le mestre qui était censé soigner leur mère. Il s'en était voulu de ne pas l'avoir protégée, il s'en était voulu d'avoir toujours mis une distance entre lui et elle. Peut-être que s'il avait fait plus attention, il aurait pu apprendre l'horrible vérité avant et la sortir de cette situation bien plus tôt. Il s'était promis de veiller sur elle et alors qu'elle devenait Reine, il rentrait comme soldat auprès de son royal beau-frère. Mais finalement, c'était la culpabilité qui avait continué à guider ses pas, alors que Jehan venait à mourir sous l'épée des Orageois. Il avait à nouveau failli à sa tâche et même si sa sœur l'avait mis comme capitaine de la garde royale, et semblait ne pas le rendre coupable de la disparition de son époux, il en était tout autre dans sa tête. Il se devait cette fois de ne pas échouer non plus auprès de son neveu qui portait la couronne et le poids des problèmes que cela pouvait incomber. Et il avait cru qu'il allait perdre Ronnel pendant le voyage qu'il avait effectué au cours des dernières semaines au sein du royaume du Val. N'était-il donc pas capable d'assumer le rôle et la charge qu'on le lui avait confié ? Il se posait de nombreuses questions et n'avait que peu de réponses.

Smaug avait laissé le fils et la mère se retrouver la veille au soir, ils avaient espéré que les choses s'étaient bien passées entre eux, il savait que Sharra pouvait être redoutable, et que Ronnel avait traversé de lourdes épreuves au cours de son voyage, et que cela l'avait quelque peu perturbé comme ils avaient pu en discuter très rapidement tous les deux. Cela ne le regarderait pas, si ni l'un ni l'autre n'avait le désir d'en discuter avec lui. Il devait continuer à agir comme sa fonction l'exigeait et c'était sans doute tout ce qui comptait, même s'il était certain qu'il ne pouvait pas non plus ignorer l'aspect familial qui venait à s'insinuer dans tout cela. Pour le moment, il devait se concentrer sur Ronnel et ce dont son souverain avait besoin. Il resta à attendre devant la porte des appartements qu'on vienne le faire entrer auprès du jeune roi. Il s'inclina devant lui une fois face à Ronnel et il lui adressa un léger sourire. « Oui oui, la nuit aurait sans doute été plus longue, mais avec la présence des importants dignitaires du Val, il me fallait voir comment l'organisation de la sécurité avait été pensé. Et toi, les choses n'ont pas été trop compliqués hier soir ? Tu as pu te reposer un peu quand même ? » Il se mit à rire à sa réplique. « Un petit déjeuner frugal m'ira parfaitement, il n'y a guère besoin de se gaver dès le matin, si nous ne voulons pas être alourdi pour le reste de la journée. Pour autant, tu ne pourras pas éternellement te cacher ici dans tes appartements, le Val tout entier s'est déplacé aux Eyrié à la demande stricte de ta mère. En tout cas, je suis à ton service, aussi longtemps que tu auras besoin de moi ! » Il vint s'installer dans un siège autour de la table, continuant à observer Ronnel attentivement. « J'ai suivi ton père dans les combats qu'il a mené, mais la dernière fois que j'ai participé à une guerre, celle-ci c'est malheureusement soldée par la mort de Jehan aux portes sanglantes … Pourquoi cette question ? »

La présence était d’un grand confort suite à cette longue et pénible nuit, partagée entre les humeurs de Mère et le fantôme de ma défunte épouse. Il était cette brise fraîche, promettant une belle et nouvelle journée, et m’arrachant en même temps un rire lorsqu’il disait que je ne pourrais pas me cacher éternellement de toutes les personnalités dépêchées aux Eyrié. Ce n’était assurément pas le but, au contraire ! Chaque Seigneur allait avoir droit à un entretien privé avec moi pour faire part de ses doléances ou pour partager leurs doutes vis-à-vis des décisions futures qui allaient être prises par le Royaume, et la maison Arryn.

Malgré tout, je ne répondis pas immédiatement à mon Oncle. Ces dernières semaines m’avaient éprouvé considérablement, et j’en avais tiré de grandes leçons. Une première résolution était de réfléchir attentivement avant de prononcer la moindre parole, ou de faire un quelconque geste que ce soit à l’égard des membres de ma famille, de mes sujets ou des étrangers – alliés, comme ennemis. Si ma confiance était grande à l’égard de Mère, de mon Oncle ou de Jonos, il semblerait que les vautours qui m’entouraient s’amuser à user et à profiter du moindre conflit qui pourrait éclater. La situation de mon Royaume était, entre autres, ma faute : j’avais laissé ces maudits rats pulluler entre les couloirs et les personnes et à empoisonner leurs esprits. J’avais échoué à être le Protecteur, le Souverain et le Roi du Val et de la Montagne.

C’est ce sentiment profond mêlant culpabilité et responsabilité qui m’animait aujourd’hui, me donnant la force nécessaire pour quitter ma retraite et pour m’asseoir sur ce trône, qu’importe les dangers, les critiques et les difficultés. Je n’avais pas le choix : je voulais réparer mes erreurs, et aider mon Royaume à retrouver sa splendeur d’antan.

- Ils sont mes sujets. Quel Roi serais-je, si je les fuis ! Je vais les écouter, mais en temps et en heure, répondis-je, le ton mi-léger, mi-sérieux. Si mon Oncle était l’un de mes proches, ainsi que Capitaine de la Garde, il n’en restait pas moins un Seigneur. Il était assurément à mon service, mais la réciproque l’était tout autant. Et tu as bien eu raison, nous devons nous assurer que cet assemblement ne sera pas l’opportunité pour quelques personnes malintentionnées de créer des troubles nouvelles. Je ne doute pas un instant que toi, et Mère, vous vous êtes assurés et avez pris de grandes précautions.

Mère et Oncle formaient un duo des plus efficaces, à n’en point douter. Tantôt admiratif, tantôt jaloux, j’espérais secrètement que Jonos et moi pourrions arriver à terme à une entente convenable et arrangeante, nous soutenant mutuellement. Jonos, petit frère dont je devais prendre soin également, et impliquer petit à petit dans les affaires du Royaume. La question était de savoir « comment ». Une réponse que j’espérais trouver avec Mère, quand cette dernière serait un tantinet plus encline à discuter avec moi, son fils aîné, et non à cette autre personnalité que je représente, le Roi.

- Ce rassemblement est nécessaire. Le voyage que nous avons entrepris, et qui fut écourté subitement nous l’a prouvé. Des décisions importantes, et sûrement radicales, devront être prises. L’une d’elles pourraient être des guerres et de longues campagnes. Je souhaiterais savoir dans quelle situation je vais, peut-être, pousser des hommes loyaux à ce Royaume, à la maison Arryn et à leur Roi, débutais-je. Lorsque j’ai été couronné, j’étais très jeune. J’ai répété des vœux sans réellement comprendre leurs portées. J’ai étudié des ouvrages sans saisir tout le travail qu’il y avait derrière et tous les sacrifices qu’il a fallu pour que ces livres d’histoire ou de stratégies existent. J’ai eu des entraînements pour manier l’épée, l’arc ou le bouclier sans comprendre pourquoi, moi qui suis entouré de gardes à longueur de journée. J’étais un gamin, qui pensait que tout était simple, qu’il y a toujours possibilité de recommencer si l’on perd, qu’il y a toujours des règles et des réponses claires, et que les changements n’arrivent que très, très tardivement… Je me suis trompé. Rien n’est simple, ou définitif ou clair.

Il en était de même pour ce sentiment que l’on nommait Amour. Aimer n’était pas simple : aimer supposait aussi la peur et la douleur de la perte. Voici la seconde leçon apprise sur ces derniers mois : rien n’est absolu. Ni la joie, ni la colère, ni la tristesse … on pouvait aimer tout en souffrant, on pouvait être heureux tout étant triste et bien d’autres subtilités.

Smaug Corbray

Ronnel Arryn est de retour de son pèlerinage mouvementé au coeur même du Val. Tous les seigneurs sont présents aux Eyrié sous l'injonction sévère de la Reine-Mère Sharra Arryn. La situation est des plus tendues dans le royaume et une rencontre entre le Roi et son capitaine de la garde royale s'impose.

Smaug avait vu Ronnel grandir autant que possible, tout comme Jonos d'ailleurs. Il avait tenté tant bien que mal de jouer le rôle du père pour les deux enfants de sa sœur, sans pour autant venir à prendre la place de celui-ci. Personne ne pouvait jamais prendre la place du père, quoi qu'on puisse dire ou en penser. Pour autant, Smaug ne se souvenait pas réellement des moments que le jeune souverain avait pu passer avec son défunt père. On ne pouvait pas dire que les deux beaux-frères étaient réellement très proches, l'héritier de la maison Corbray était parfaitement conscient que s'il avait pu obtenir une place de choix auprès du souverain du Val c'est parce qu'il était marié à sa sœur et que ce genre d'alliance devait retomber sur toute la famille de la jeune mariée. Smaug était donc rentré dans l'armée du royaume, mais il serait sans doute rentré de l'armée de toute façon car c'est ce qu'on attendait d'un homme de la haute noblesse, qu'on vienne à prendre les armes pour pouvoir protéger le royaume. Mais en dehors de cela, les deux hommes n'avaient que peu de conversation et surtout des confidences plus intimes. Il ne voulait pas savoir ce que son roi faisait, car s'il venait alors à l'apprendre, il saurait ce que l'époux faisait et il ne pourrait accepter qu'on vienne ainsi à bafouer la reine, et encore moins la sœur qu'il voulait protéger. Et puis l'Orage était venu à se mêler de tout cela, déclarant ouvertement la guerre contre le Val et venant à prendre la vie du souverain. Quoi qu'il puisse y avoir ou ne pas y avoir entre les deux hommes, il se devait de protéger l'homme et n'avait pas réussi. Il avait fait en sorte ensuite d'être le meilleur soutien pour sa famille mais avait-il réussi la tâche, il n'en savait rien. Ronnel était devenu un homme à présent, et Jonos … Ah Jonos était aussi insondable que pouvait l'être Sharra. Il tenait de sa mère de nombreuses qualités et les défauts qui allaient avec. Ronnel avait un tel bon fond, il était difficile de savoir de qui il tenait ça, de son père ou de sa mère. C'était un homme utopiste d'une certaine façon, qui ne voyait que le bon côté des choses.

Smaug observait attentivement Ronnel, le voyage que celui-ci venait de faire au travers du royaume du Val. Les heurtes avaient été violents et tous les seigneurs n'avaient pas accueillis leur souverain dignement et même pour certains avec hostilité. Pour autant, il n'aurait pas cherché à le forcer à parler de ce qu'il avait ressenti à ce moment-là, c'était à lui de se confier. Après tous les mois qui s'étaient écoulés et où il était resté plutôt passif dans la gestion du Val, tout le monde avait tenté sa petite technique pour pouvoir faire sortir Ronnel du gouffre dans lequel il s'était plongé et l'oncle et le neveu avaient semblé continuer à pouvoir parler malgré le chagrin et la douleur. Il lui sourit quelque peu amusé. « Ce n'est pas parce qu'on ne fuit pas quelque chose que pour autant, on n'a pas la volonté de le faire. Et je sais que certains d'entre eux sont quelques peu hostiles à la maison Arryn et que c'est une situation qui est certainement très difficile à gérer. Pour ta sécurité, et pour la sécurité de tous nous avons fait au maximum pour parvenir à un bon résultat. Et ta mère a essayé de le faire tout autant pour toi quand tu es parti. Ce n'est jamais parfait il est certain mais le but est que tout cela se passe au mieux pendant les jours à venir. » Il reprit un ton un peu plus sérieux, tout en continuant à l'observer. « Tu sais je ne suis qu'un soldat et à présent un capitaine de la garde royale, les enjeux politiques n'ont jamais été ma préférence. Mais je suis d'accord avec toi. Tu vas devoir prendre des décisions, et elles ne seront pas simples à prendre ni à faire appliquer ! Des fois, les choses prennent du temps à se mettre en place, et parfois, il ne faut pas grand chose pour que cela vienne à claquer comme un éclair et que la population vienne à prendre feu tout simplement. La situation extérieure au Val n'a fait que renforcer les divisions au sein du royaume. On fait tous des erreurs, il faut pour autant essayer de les rattraper. C'est loin d'être simple et cela peut être long. Mais tu sembles être à présent décider et c'est ça que tu dois montrer aux seigneurs du Val. »

Je serais bien ingrat de dire que Mère ou Père ne nous avaient pas aimé, Jonos et moi. Au contraire ! Malgré leurs désaccords croissants entre époux et épouse, les deux s’accordaient sur un point : leurs amours inconditionnels et sincères à l’égard de leurs deux fils. Cependant, la politique avait apporté son lot de tensions et de frustrations. Les occasions de rire en famille étaient rares car les affaires de l’Etat retenaient régulièrement Père ou Mère et les jeux débutés avec l’un ou l’autre était constamment interrompus par des messages ou des urgences. En somme, Père était très occupé, et Mère ne pouvait pas m’enseigner certaines choses que seuls les hommes pratiquaient.

En raison de son rôle au sein des Eyrié, mais également de ce lien familial qui nous liait, c’était auprès de notre Oncle que nous nous réfugions dès que nous avions du temps libre mais que nous étions seuls, Jonos et moi. Précisément, il n’était pas un homme versé ou passionné de politique, il était moins pris que Père et il était un homme fait qui pourrait nous apprendre ce que tout garçon devait connaître. Naturellement, c’était avec lui que je m’étais davantage entraîné à l’épée ou au bouclier – malgré le maître d’armes – ou encore à lui que j’avais demandé à venir jouer avec moi, tantôt à la guerre, tantôt à des jeux plus subtils ou stratégiques. Il était donc plus qu’un simple Oncle lointain, ou un Capitaine de la Garde Royale fidèle. Il n’était pas comme un Père, mais on pourrait dire comme une moitié d’un Père.

Si Père m’avait appris des choses, c’était mon Oncle et Lord Grafton qui avaient complété sa tâche inachevée. Encore aujourd’hui, lorsque je souhaite me référer à une figure masculine, je pensais à ce trio. Le premier avait été fauché trop jeune par des Orageois, le second avait toujours été présent et le troisième me considérait comme le fils qu’il n’avait jamais eu. Trois figures importantes, mais trois figures qui pourraient être aisément éclipsée par Mère, brillante comme un phare. Elle s’était donnée corps et âme à mon éducation, me poussant constamment à l’excellence et au dépassement de soi, d’une certaine manière. Dure, à n’en point douter, mais aimante. Une femme que j’avais blessé, bêtement.

- Je pense que je ne pourrais pas corriger mes erreurs avant de très longues années. J’ai humilié Mère devant le Conseil du Faucon et j’ai blessé ses sentiments en tant que Mère. Elle ne me pardonnera pas pour de très longues années, quoi que je dise et quoi que je fasse. Enfin, avec mon deuil et mon absence, je ne sais pas si les Seigneurs voudront me suivre ou, s’ils me suivent, s’ils auront le cœur à me suivre si mes décisions futures mèneraient à une succession d’échecs. Je ne sais pas quelle tâche est la plus facile : Diriger un Royaume, ou obtenir le pardon de Mère.

Je me tais, posant le dos de la main sur mon front.

- Elle risque de quitter les Eyrié, mon Oncle, en raison de toutes ces choses que j’ai dit ou que j’ai fait avant mon départ. Je pourrais essayer de la retenir, en prétextant les affaires du Royaume, mais je ne sais pas combien de temps. Je préfère t’avertir dès maintenant, car tu fais partie de la famille et que tu puisses faire ta propre opinion du vrai, et du faux, lorsque de stupides rumeurs circuleront, encore. Si tu veux savoir l’origine de notre dispute, je te le dirais aussi. Cependant, nous n’en parlerons plus qu’aujourd’hui, et entre ces murs. Le futur est incertain et le temps pour une discussion sans interruption et sans urgence pourrait ne plus se présenter.  

Smaug Corbray

Ronnel Arryn est de retour de son pèlerinage mouvementé au coeur même du Val. Tous les seigneurs sont présents aux Eyrié sous l'injonction sévère de la Reine-Mère Sharra Arryn. La situation est des plus tendues dans le royaume et une rencontre entre le Roi et son capitaine de la garde royale s'impose.

Le pouvoir pouvait donner beaucoup mais il pouvait prendre tout autant. Smaug mentirait s’il venait à dire que le pouvoir ne l’avait jamais intéressé. Il était après tout le lord de la maison Corbeau, le seigneur des terres de Cordial. Son père avait toujours été quelqu’un de très ambitieux et il avait fait en sorte que cela fonctionne pour lui et qu’il vienne à se hisser jusqu’à la plus haute marche ou presque, et c’était ce qu’il avait réussi à faire en parvenant à faire de sa si jolie fille la nouvelle reine du royaume du Val et de la Montagne. Smaug avait fait en sorte de suivre ses pas et de se montrer à la hauteur de son estime. Cela avait toujours été délicat, il montrait tellement d’admiration pour Sharra et si peu de considération à son égard. Pour autant, aujourd’hui il était toujours là. Après avoir été un proche du dernier roi de la maison Arryn, d’avoir compté parmi les soutiens indéfectibles de sa sœur, il avait espéré jouer un rôle auprès de son neveu et nouveau souverain, tant au niveau affectif que dans d’autres domaines plus réglementaires pour la gestion du royaume. Et de tout ça, il en était fier et il continuerait à assumer ce rôle aussi longtemps que le voudrait Ronnel, et d’une certaine façon, Sharra. En regardant son neveu, son roi, il était fier du parcours qu’il avait effectué au cours des dernières semaines. Si le voyage de ce dernier au cœur du Val était un échec sur de nombreux plans, Smaug voyait enfin la différence, la différence entre un petit garçon apeuré dont on avait enlevé l’attraction préféré et un jeune homme qui prenait enfin conscience de tout ce que le terme de roi et de pouvoir royal pouvaient impliquer comme charge physique mais bien plus moral. Certes, il était l’as, les choses n’avaient pas été simple et son retour aux Eyrié avait été plus que compliqué. Mais il pouvait voir rien qu’en l’observant, ce changement de cap dans l’esprit de Ronnel et il en était profondément soulagé.

Smaug ne se serait jamais permis de faire une quelconque critique sur les derniers mois désespérés qui s’étaient écoulés. Il avait voulu jouer le rôle de guide, de conseiller et d’épaule sur laquelle on pouvait pleurer, mais en aucun cas il n’avait eu envie d’être celui qui allait sermonner. Il y avait sans doute bien d’autres personnes pour cela, même on se permettait rarement de faire des remarques désobligeantes à un souverain, quelque soit l’âge ou l’expérience que celui-ci avait. Et visiblement, c’était le rôle que Sharra avait tenu dernièrement avant et sans doute après que son fils fasse ce voyage qu’il avait décidé seul. L’état de santé physique, mais surtout morale de Ronnel, était une préoccupation importante pour sa sœur. Elle avait toujours veillé précieusement sur ses enfants et elle resterait toujours présente pour eux quoi qu’il puisse arriver à eux ou bien à elle. Elle avait été là pendant tous ces mois où il avait été dans l’incapacité presque la plus complète de prendre la moindre décision, même celle de se vêtir. Elle n’avait pas voulu le brusquer, était-ce une bonne ou une mauvaise idée, il n’était pas là pour en juger ; mais il était certain que Sharra avait du supporter beaucoup de choses sur ses épaules et prendre des décisions plus que difficiles à assumer. Puis il y avait eu cette réunion du Conseil du Faucon et l’entrée fracassante de Ronnel. Bien que c’était sa place naturelle, personne ne s’attendait à le voir et encore moins à ce qu’il vienne à débouter devant ses plus proches conseillers, sa propre mère. Elle n’avait rien dit face aux autres membres présents, toujours parfaite dans son rôle et son attitude mais il savait aussi que les deux s’étaient expliqués juste après et Smaug n’avait pas manqué de voir le changement de ton s’opérer entre eux.

Oui, Ronnel était en train de devenir un véritable souverain, il prenait ses mesures, ses dispositions et c’était ce que tout le monde voulait depuis longtemps maintenant et Sharra la première. Malheureusement pour pouvoir arriver à cela, il en était venu à blesser la personne qui ne lui avait jamais fait défaut depuis sa naissance. Et il voyait bien que c’était une préoccupation de premier plan pour son neveu. Smaug eut un petit rire en écoutant ses paroles et un léger sourire tout en le regardant. « Je ne prendrais pas le parti de ta mère contre toi, ne t’attends pas pour autant à ce que je prenne ton parti contre elle pour autant. Ma sœur a toujours été une femme intelligente et c’est pour ça qu’on l’admire autant qu’on la craint. Il n’y a pas seulement qu’une jolie façade, elle a un esprit qui l’emmène là où elle le désire, en bien ou en mal parfois, mais elle y parvient néanmoins. Ton absence l’a poussé à revenir sur le devant de la scène politique que ce soit dans le Val ou dans Westeros et elle a tenté de faire ce qui lui paraissait juste pour le royaume et pour toi. Mais pour ceux qui étaient ambitieux, qui la jalousaient ou pour toute autre raison, il fallait la faire tomber et malheureusement, dans ton sursaut à la vie, dans ton réveil à la fonction de souverain, tu as donné les moyens à ses détracteurs de lui reprocher quelque chose. Tu es et tu dois être le souverain du royaume du Val, le seul et l’unique, et je pense que tu es sur la bonne voie pour y parvenir. Ta mère sera toujours là pour toi, quoiqu’elle puisse dire, elle et son foutu caractère. Mais les choses ne seront plus pareilles qu’auparavant, même si elle vient à te pardonner. Tu es le roi, elle n’est plus que la mère du roi. Le pardon viendra peut être plus vite que tu ne le penses mais pour le moment, elle est bien trop blessé encore dans son orgueil pour prendre une décision vous concernant. Elle t’aime et ça tu ne dois jamais en douter. Tu te dois de diriger le royaume, et d’espérer qu’un jour elle te pardonne mais ce n’est malheureusement pas le plus important pour la gestion du royaume. »

Il soupira doucement, il n’aimait pas se retrouver entre deux feux, surtout qu’il n’avait pas eu l’occasion de discuter avec sa sœur depuis plusieurs semaines déjà. « Si elle décide de quitter les Eyrié laisse la faire. C’est qu’elle en aura besoin. C’est une femme intelligente et si elle le dit, c’est qu’elle est prête à le faire, ce n’est de pour qu’on la supplie de rester. Elle a toujours su s’effacer quand on le lui faisait comprendre. Pour ce qui est savoir le vrai du faux, j’étais présent au Conseil du Faucon, et je te rappelle que quand tu es parti en voyage, je suis resté avec ta mère. Nous en avons parlé ensemble, longuement. Puis quand elle a vu que les choses tournaient mal pour toi, elle m’a envoyé à tes côtés. J’ai eu sa version, si tu veux me donner la tienne je t’écoute avec intérêt, mais encore une fois je ne prendrais parti pour personne. Je vous aime tous les deux, vous êtes mon sang, ma famille. Pour autant je n’oublie pas une chose, je suis le capitaine de la garde royale, mais plus particulièrement du roi aujourd’hui, donc cela ne changera rien à mon devoir envers toi. »

J’écoutais mon Oncle. Si ses paroles m’enchantaient, elles me gênaient tout autant. En effet, il était idiot de penser que Mère avait des secrets à l’égard de ce frère, et davantage pour avoir pensé que celui-ci prendrait parti activement – ou un brin plus passivement. Il était franc, comme bien des membres de la Maison Corbray, indiquant qu’il ne soutenait ni l’un, ni l’autre. Loin d’être heureux, ou malheureux, j’étais davantage critique envers moi-même.

- Non, mon but n’était pas que tu prennes position pour Mère ou pour moi. Nous avons à régler cette affaire à deux, et sans intervention de quiconque. Je sais bien qu’elle ne me pardonnera pas de sitôt, mais je sais aussi qu’il est vain d’en discuter davantage. J’ai à agir, comme un Roi, comme tu l’as si bien souligné. Je voulais juste m’assurer que tout était clair entre nous, mon Oncle, et pour ce que le futur pourrait bien nous réserver. Je ne peux pas me permettre qu’un doute existe entre nous, et qui pourrait servir à toute personne désireuse d’influencer la politique du Royaume à sa guise, en me discréditant ou en essayant de faire de moi son jouet.

J’avais commis l’erreur une fois, et avec la personne la plus fidèle à ma personne – et depuis ma naissance. Je ne pourrais pas souffrir de perdre encore d’autres membres de ma famille, tel que mon Oncle, ou mon petit-Frère pour de sordides ou mensongères accusations - ou en devenant, encore, leur marionnette dans cet acte traître. D’ailleurs, j’avais à m’assurer que Jonos comprenait également la situation à son tour. Il avait l’esprit vif, et je ne doutais pas un instant qu'il saura mesurer l'importance de chacune de mes paroles. A l'image de Mère et de notre Oncle, je devais le mettre davantage dans la confidence de certains projets et l'impliquer graduellement dans les affaires du Royaume.

- J’ai eu grandement tort dans cette affaire, alors je ne chercherai pas à me défendre ou quoi que ce soit. Comme dit, il n’est pas question de te convaincre ou de te pousser à choisir. Quoi qu’elle a dit est suffisant, je n’en doute pas. Nous n’aurons donc plus à en parler, sauf lorsque l’affaire sera réglée. Alors, nous en rirons, sûrement.

Par ces paroles, j’indiquais que ce sujet de discussion était dorénavant tabou et clos. J’avais à prendre mon mal à patience avec Mère et ménager mes efforts non pas pour obtenir son pardon, mais pour diriger convenablement ce Royaume qu’elle avait préservé avec bien des sacrifices jusqu’à ce que mon Règne débute. J’avais à faire honneur à mes ancêtres, à Père, au Royaume, à la maison Arryn et surtout à Elle.

- Nous avons tardé dans ces appartements. Je pense qu’il est temps de dégourdir un peu nos jambes, et nous entraîner. Qu’en dis-tu mon Oncle ? interrogeais-je.

La question était évidemment rhétorique : nous savions bien que nous allions nous lever de concert, pour nous diriger vers le terrain d’entraînement. La journée était favorable pour quelques exercices en plein air, et non entre quatre murs de l’imposante Forteresse. Si certains me conseilleraient de réfléchir à la stratégie militaire à venir, et selon les différentes options qui se présentaient pour le Royaume, ou de chercher un peu de réconfort dans quelques loisirs – comme la fauconnerie ou l’étude de quelques pierres –, je ressentais exceptionnellement un besoin d’exercices – et obtenir l’assurance que je savais maîtriser une épée après ces longs mois.

J’appelle finalement un domestique, d’une forte voix. Il se présente sans tarder, et j’ordonne qu’on prépare mes affaires pour un entraînement à l’épée, et au bouclier. L’homme s’exécute, appelant aussitôt d’autres personnes. Le concert débute, me fascinant toujours tant chacun avait un rôle spécifique et que chacun bougeait d’une façon ordonnée. On dirait bien une armée, à bien réfléchir.

Spoiler:

Smaug Corbray

Ronnel Arryn est de retour de son pèlerinage mouvementé au coeur même du Val. Tous les seigneurs sont présents aux Eyrié sous l'injonction sévère de la Reine-Mère Sharra Arryn. La situation est des plus tendues dans le royaume et une rencontre entre le Roi et son capitaine de la garde royale s'impose.

Tout ce que Smaug ne voulait pas, c'est qu'on vienne à lui demander de prendre parti soit pour sa sœur, soit pour son neveu. Ils les aimaient tous les deux, il avait juré à l'un comme à l'autre qu'il les protégerait au péril de sa propre vie. A vrai dire, il n'avait jamais imaginé un seul instant que les choses pourraient un jour tourner ainsi entre la mère et le fils. Sharra avait toujours été présente pour ses fils, encore plus pour Ronnel qui se devait de devenir roi quand son père viendrait à s'éteindre. Mais même si elle avait été une souveraine, elle avait été aussi une mère tendre et aimante envers ses garçons et jusqu'ici, ils semblaient tous les deux bien le lui rendre. Jonos était certes un peu plus ouvert que l'aîné de la maison Arryn, ses yeux brillaient d'une ruse sans borne mais d'un attachement réel pour la reine-mère du Val et de la Montagne. Ce n'est pas pour autant que le jeune roi n'était pas proche de sa mère, ils se soutenaient l'un et l'autre. Le lord Corbray n'avait pas été présent lorsque les choses avaient tourné à l'orage entre les deux dirigeants du royaume. Il avait bien vu la surprise de Sharra quand Ronnel était arrivé dans la pièce du Conseil du Faucon, il avait été bien évidemment invité à y participer mais pour autant avait fait savoir à cette dernière qu'il ne comptait pas être présent à cette réunion. Il l'avait vu blêmir pendant une fraction de seconde, mais elle s'était reprise sans doute soulagée de le faire enfin être présent et assumé sa tâche. Cependant, la suite de la conversation avait été très rapidement au désavantage de Sharra et même si elle avait réussi à garder sa stature, quand on la connaissait comme lui la connaissait, on sentait bien que la blessure était grande et le résumé qui lui avait été fait de la confrontation que les deux avaient eu dans l'intimité des appartements de la reine et cela confirmait une certaine fracture entre les deux, mais il ne voulait aucunement à participer d'une façon ou d'une autre au conflit qui pouvait exister, c'était à eux de régler le problème.

« Tout est clair Ronnel, tu n'as pas à t'en faire pour ça, je sais rester à ma place quand il le faut. Mais malgré le fait que je ne veux pas intervenir, je reste quand même à ta disposition pour discuter avec toi si tu as besoin d'en parler. Tu es certes un roi, mais tu restes quand même mon neveu et ta charge ne doit pas t'empêcher de venir me voir. » Devenir roi n'était pas une chose simple, et il s'était mis de côté bien trop longtemps, le retour ne serait pas simple et le voyage qu'ils avaient fait à travers le Val n'avait pas manqué de rappeler la dure réalité qu'était le pouvoir. « J'espère que nous pourrons en rire Ronnel, il serait triste que tout cela vienne à conduire à une mésentente de longue durée entre toi et ta mère, ce ne serait sans doute pas une bonne chose déjà pour vous, ni pour le Val. Mais je sais que vous êtes tous les deux des personnes intelligentes qui seront capables de gérer la situation même si les tensions ne disparaissent pas aussi rapidement que voulu. » Il termina son fruit, avant de hocher la tête et de se lever. « Allons y mon Roi. » Ils quittèrent les appartements du jeune souverain, allèrent dans la cour d'entraînement et passèrent presque toute la matinée à pratiquer l'art de l'épée, et diverses techniques que pouvaient exiger un combat en corps à corps avec un seul homme ou plusieurs soldats. Ils se séparèrent pour quelques heures.