Lucas Racin

Jeune écuyer du Roi Lyham Tully, Sacha suit ce dernier où qu'il aille. En temps de guerre, les voyages sont synonymes de campagnes militaires. Avant le départ de son jeune frère, dix ans son cadet, Lucas Racin désire s'entretenir avec ce dernier. Il se peut que ce soit leur dernière conversation.

Il était des choses dont on ne pouvait estimer la valeur que lorsqu’on les perdait. Non. Ce n’était pas vrai. Lucas appréciait foncièrement son frère cadet Sacha depuis longtemps. Mais l’aîné des Racin se rendit compte du trou béant qu’allait donner le départ de son frère auprès du roi des Conflans. La culpabilité n’était pas étrangère à l’humeur maussade du chevalier qui avait juré fidélité à son royaume et à l’Empire. Des années durant, il avait fermé les yeux sur les sévices que son père se murant dans un silence d’or. Par peur de décevoir, par crainte d’être le nouveau réceptacle de la colère paternelle. Lui qui était seigneur, il n’avait pas fait preuve d’un grand courage ou d’une grande volonté. Un mauvais grand-frère il avait été à n’en pas douter. Oui parfois il intervenait lorsque Daenar ankylosé Sacha de quelques bleus, mais au fond cela avait été bien insuffisant. D’une certaine manière, le départ de Sacha laissait une douce amertume dans la bouche de l’aîné. Auprès du roi, le cadet serait mieux traité et pourrait grandir en dehors d’une influence néfaste. Mais en contrepartie il connaîtrait certainement les affres de la guerre. Et il était impossible de savoir lequel de ces deux éléments était le pire.  Pathétique.

Le tocsin du départ sonnerait prochainement et Lucas était resté longtemps incertain sur la manière d’agir à l’égard de son frère. Les mots qui pourraient s’échapper de ses lèvres coupables d’un silence bien long. Avait-il réellement le droit de se présenter à lui pour lui souhaiter bonne fortune. Cette question le tracassait alors que son esprit semblait s’assombrir de pensées négatives. Toute la famille était là, autour de cette table alors que le petit allait prendre son envol. De la bonne ripaille, puis quelques remarques fusèrent sur le cadet. Même absent, il était l’objet d’une haine atrabile, injuste. Daenar était le premier à lancer l’initiative en se moquant d’un geste maladroit d’Oscar, le plus jeune frère présent à la table. Évidemment la comparaison envers la naturelle malhabileté de Sacha fit rire la tablée sauf Liane, la mère, qui n’avait à offrir à son dernier enfant que la plus profonde indifférence. Les propos acérés de chacun venaient agacer Lucas. Poing tapant sur la table. Lucas aurait voulu dire à son père que cela suffisait, qu’il y en avait assez de ces conneries, qu’il avait eu ce qu’il voulait en envoyant Sacha auprès de la truite. Pourtant, de cette colère ne s’échappa qu’un modeste « Je ne me sens pas bien, je vais faire un tour. Veuillez m’excuser. » Docile et loyal, trop, c’était les défauts de cet aîné qui malgré un cœur juste voyait sa piété familiale l’étouffer.

Le vingtenaire se mit en quête de cadet. Si ce dernier ne courrait pas, sa marche était rapide, suffisamment pour qu’il en oublie presque de respirer et que cela lui donne un affreux point de côté en dessous de la partie droite de la poitrine. Il lui fallut reprendre son souffle avant de repartir en quête de son cadet. Il interrogea plusieurs personnes avant finalement de localiser celui-ci dans les écuries en train de préparer les chevaux, pour son roi et pour lui. Lucas s’inquiéta d’interrompre une discussion lorsqu’il pénétra dans les lieux. Visiblement son frère semblait occupé à parler à son destrier, cadeau de son frère. Pendant quelques instants le jeune homme hésita à faire savoir sa présence. Presque résigné. Puis finalement il s’élança. Peut-être pas au meilleur moment d’ailleurs. « Dois-je m’inclure dans ce tous Sacha ?» Sourire un peu aguicheur, le ton était un peu plus marqué par la tristesse. La voix manqua de tressaillir. Il s’approcha de son frère et passa sa main dans l’ample chevelure de son petit frère. « Je venais juste voir si Sachouille s’en sortait et visiblement il s’en tire à merveille. Pas vrai Danseur ? » C’est sur le cheval que l’homme posa ensuite une caresse, ce dernier sembla marquer son accord par un léger hennissement. « Je suppose que tu es pressé de nous quitter. » Léger soupir que Lucas regrettait déjà, il n’en avait pas le droit. « Je venais t’apporter un peu d’aide, au cas où tu en es la nécessité. » Le ton était plus hésitant. « Et passer un peu de temps avec toi… enfin, si tu le souhaites. » Il lui montrait son poing droit, pour faire un poing à poing, un signe fraternel un peu funeste qui venait certainement trop tard.

Lucas Racin

Jeune écuyer du Roi Lyham Tully, Sacha suit ce dernier où qu'il aille. En temps de guerre, les voyages sont synonymes de campagnes militaires. Avant le départ de son jeune frère, dix ans son cadet, Lucas Racin désire s'entretenir avec ce dernier. Il se peut que ce soit leur dernière conversation.

Lucas se trouvait face à son jeune frère et la situation était d’une certaine manière un peu gênante, plus que ce qu’il n’aurait pu croire. Il s’était imaginé la rencontre plusieurs fois dans sa tête -et déjà, celle-ci ne se faisait pas dans une écurie-, préparant des phrases toutes faites qui instantanément perdrait tout leurs poids se brisant sur une réalité bien différente que tout ce qu’il avait pu imaginer. Le sentiment qui habitait le Racin lui était étranger, un mélange de liesse et d’amertume. Il se sentit un peu plus léger lorsque son frère cadet lui annonça que son aîné avait toujours été à part. Pas qu’un peu, entièrement. De quoi offrir un peu de répit à cette culpabilité qui pesait lourd sur les épaules du conflanais. Lui qui était d’ordinaire si prompt à la gaieté et aux envolées amusantes. « Tu deviens un peu trop grand pour que je te surnomme le gnôme. » pouffait-il. « Au rythme où tu grandis, je deviendrais bientôt te renommer l’asperge. » Le petit Sacha ne sera bientôt plus. Et ironiquement, c’était le dernier qui quittait en premier, véritablement, la maisonnée. Un constat qui dans d’autres circonstances aurait certainement étiré les lèvres de Lucas pour afficher un large sourire.

« Il aurait été difficile de croire que tu ne sois pas pressé en effet. Et à raison. » Quant à la suite de l’affirmation de benjamin, fallait-il vraiment la commenter; « J’aimerais te dire que c’est faux mais tu connais la situation. Je suis désolé. » Lucas aimerait lui dire que les choses finiraient par s’améliorer mais c’était très peu probable, lui-même en avait conscience. Le mal fait était profond et il ne guérirait probablement jamais. « Parfait alors. Je vois que tu as fait un travail remarquable. Ton roi sera fier de toi. » Certainement autant que Lucas l’était à l’égard de Sacha. L’aîné suivit le cadet vers la cime de la grange, un endroit presque secret où visiblement Sachouille avait l’habitude de se rendre. La discussion tourna sur un sujet bien plus important. « Pour l’usage il faudra le faire. Un dernier effort avant que tu ne prennes ton envol. Cela montrera que tu auras été plus fort que lui. » narrait Lucas pour rassurer son frère. « Cela ne sera pas facile pour toi j’en ai bien conscience. Mais après tu seras libre. » lui demandait encore un effort, voilà qui était bien cruel, mais quel autre choix y avait-il ? « Et d’ici quelques années un fier chevalier ! » Une projection heureuse, lorsque la guerre se conclura.

« C’est quoi la première chose que tu feras lorsque tu auras du temps libre et à l’abri des représailles des membres de notre famille ? »

Lucas Racin

Jeune écuyer du Roi Lyham Tully, Sacha suit ce dernier où qu'il aille. En temps de guerre, les voyages sont synonymes de campagnes militaires. Avant le départ de son jeune frère, dix ans son cadet, Lucas Racin désire s'entretenir avec ce dernier. Il se peut que ce soit leur dernière conversation.

« Ah non mais ça n’ira pas. Qu’est-ce que serait un gnôme grand et en plus musclé. Imagine, tu risques de me battre en duel d’ici quelques années. »Le ton était à l’amusement mais la finalité ne serait pas un mal bien au contraire. Cela prouverait que le petit Sachatouille était devenu un chevalier puissant et c’était bien le minimum que Lucas pouvait souhaiter au benjamin Racin. La discussion légère laissa place à un sujet plus compliqué. « Tu la connais, elle n’a jamais été très forte pour exprimer ses sentiments. Je suis sûr que bientôt elle t’enverra une lettre. » L’aîné tentait d’être réconfortant mais il était bien incertain de son propos. Sacha avait toujours été spéciale pour elle. Déjà que celle-ci ne témoignait plus grand geste d’affection pour les autres, la situation avec le cadet était plus complexe encore. C’était d’ailleurs la passivité de leur mère à l’égard de celui-ci qui était l’une des racines du courroux paternel sur le pauvre Sacha. « Ne pas pas défaitiste, je suis certain que Lyham sera reconnaitre tes qualités. Tu en as beaucoup, peut-être plus que moi-même. » Les propos échappés étaient sincères. Sacha était combatif, honorable, résilient… Certainement que si leur places avaient été interchangées, Lucas n’aurait pas supporté les assauts de père. Ou peut-être pas, il n’en savait rien certes, mais il considérait sa force d’esprit inférieur à celle de son benjamin notamment car il n’avait jamais osé frontalement s’imposer entre lui et le patriarche de la famille. « Il ne te punira pas. Tous les hommes ne sont pas comme père. » Même là, Lucas ne parvenait pas à lui affubler le qualificatif de mauvais parce qu’il n’avait jamais directement été concerné par les sévices du paternel. Au contraire même, il était peut-être le favori, en tant qu’épigone de la famille. « Un dernier effort aller, courage. » Il lui tapa sur l’épaule.

L’aîné suivait le benjamin dans le grenier à foin, pas un endroit des plus attirants de prime abord mais plutôt confortable il fallait bien le reconnaître. Lucas questionna son interlocuteur sur son futur et ne put s’empêcher de rire sur l’ambition de son frère. « Et bien, voilà quelque chose d’original écuyer Racin. » Cette phrase simplette lui rappela que Sacha demeurait encore un enfant malgré toute sa maturité. « Je croise les doigts pour que cet avenir se réalise bien rapidement. » Et le Racin s'exécuta aussitôt, avant de poursuivre sur un ton plus triste lorsqu’il entendit le second souhait de son frère. « D’ici deux jours, ce rêve devrait se concrétiser, tu seras loin de père, auprès d’un roi juste qui te protégera. » Quant à la question de l’avenir, c’était bien compliqué d’y répondre et en même temps pas tellement. « Je continuerais à remplir les devoirs familiaux. Et j'essaierai de rendre père un peu meilleur. » Le conflanais prit quelques secondes de réflexion. « J'essaierai également d’avoir un enfant pour faire de mes frères des oncles. » Franc sourire d’un onirisme qui peut-être se réaliserait sous peu, qui savait ?

L’esprit de Lucas se ternit toutefois, car il repensa à la conduite de Richard vis-à-vis de son benjamin et cela inquiétait un peu notre homme. « Mais j’ai un peu peur d’être comme père je dois t’avouer. et je suis désolé de ne pas avoir pris plus souvent ta défense. Je n’ai pas toujours été un bon grand frère... » Son regard alla se perdre dans le foin.  « Peut-être même jamais. » haussement d’épaules avec un soupir bien amère venant conclure cet aveu qui depuis longtemps rongeait sa culpabilité.

Lucas Racin

Jeune écuyer du Roi Lyham Tully, Sacha suit ce dernier où qu'il aille. En temps de guerre, les voyages sont synonymes de campagnes militaires. Avant le départ de son jeune frère, dix ans son cadet, Lucas Racin désire s'entretenir avec ce dernier. Il se peut que ce soit leur dernière conversation.

Lucas taquinait son cadet en imaginant leur avenir et cette pensée de savoir Sacha plus grand et vigoureux que lui l’amusait pas mal. « J’ai hâte de voir ça, mais je ne retiendrais pas mes coups à ce moment-là je te préviens. » Il riait à gorge déployé parce que cet avenir serait certainement l’une des plus belles pour le benjamin qui témoignerait ainsi que les sévices paternelles n’auront pas affecter son développement et qu’ainsi, il s’était pleinement émanciper d’un antan bien rance. « Mais il me tarde de voir ça… mais en attendant, je domine encore. » Ce fut le poing du conflanais cette fois-ci qui alla lui ébouriffer le crâne, pour mettre en total bataille ses cheveux qui se retrouvait à la verticale désormais alors que le compagnon à quatre pattes semblait lui aussi émettre un avis sur la question en émettant un amical hennissement.

La conversation bascula de nouveau sur un sujet bien délicat. « C’est difficile aussi pour elle. J’ai l’impression que chaque lune qui s’écoule l’éloigne un peu plus de nous Sacha. » avouait l’épigone Racin qui avait remarqué une détérioration de l’esprit lié à ses accouchements, le dernier ayant été particulièrement difficile. Le chevalier avait l’impression que celle qui avait donné la vie à tant de chérubins avait perdu une part de son âme à un moment et que celui-ci ne reviendrait jamais. Etait-ce le prix d’offrir à autant d’êtres la vie ? C’était un sujet sur lequel Lucas ne s’aventurerait pas notamment à cause de son ignorance mais également des réponses qu’il pourrait trouver. L’aîné tentait de se montrer optimiste contrairement au benjamin. Il fallait bien lui donner un peu d’espoir sincère pour qu’il parvienne à prendre son envol. « On va dire qu’on en a autant alors. » et il lui tendait sa main pour faire un tope-là, acte fraternel bien commun mais qui signifiait beaucoup pour celui qui serait un jour le patriarche de la maison. Lui, il avait l’espérance, un peu folâtre, que rien ne saurait être irréparable et qu’un jour toute la famille se réunirait sans couteau tiré. Un songe certainement, mais il ferait tout pour pavé cette voie, maintenant ou quand la génération précédente aura rejoint les Sept, le plus tard possible si c’était envisageable.

« Un homme simple qui apprécie les tartes à la myrtilles alors. » soulignait amusé Lucas face à cette candeur qui persistait bon gré mal gré la situation familiale difficile qu’il vivait. Sacha lui fit la remarque d’ailleurs qu’il courait après des chimères en voulant rendre leur père meilleur. « Peut-être cependant, si je n’essaye rien, alors j’aurais des regrets. Et j’ai l’avantage d’être son favori aussi, ce qui me protège de ses accès de colère. » Ce qui ne serait pas forcément le cas des cadets. L’une des craintes de l’aîné était que l’ire paternelle retombe sur Oscar ou Daenar et donc, de se retrouver dans les mêmes circonstances d’impuissances que pour Sacha. Et ça, il ne se le pardonnerait certainement jamais. Parce que la vie était bien trop courte et qu’il ne voulait pas voir plus sa famille être déchirée.

La teinte des joues de Lucas vira au pourpre lorsque Sacha évoque lady Eira. « Mais, mais non enfin ! Je ne vois pas de quoi tu parles. Et cela ne te regarde pas… et puis elle doit déjà avoir un prétendant. » La rousse flamboyante faisait tourner quelques têtes. Des rumeurs disaient également qu’un rapprochement avec la maison Lothston était envisagé par les Mallister. Un sujet donc bien compliqué qui devrait être résolu dans les lunes à venir.

Lucas aborda ensuite un sujet bien sensible, une de ses craintes et des excuses. La réaction du benjamin ne se fit pas attendre et il lança de la paille dans la tête de son frère. en vociférant des mots brutaux qui apportaient tout de même un peu de baume au cœur. Le conflanais eut bien du mal à savoir rebondir dessus pensant qu’il lui faudrait poser les termes juste mais finalement, la suite lui vint assez naturellement.  « C’est gentil. » Il ne voulait pas, par égoïsme, mettre plus en avant ses doutes sachant que celui qui avait souffert de cette situation méphitique -pathétique-, c’était Sacha et pas lui.  « Je suis vraiment heureux de savoir que tu me considères comme un bon grand frère. Et je veux que tu saches que tu as été également un très bon petit frère. Le meilleur benjamin que l’on puisse imaginer. Je suis très fier de ce que tu es, et de ce que tu deviendras, n’en doute jamais. » Des mots qui devraient normalement être prononcés par un père. « Par contre évite de te marier avant moi, ça ferait un peu tâche. » concluait Lucas sur un trait humoristique afin d’éviter qu’une larme ne s’échappe de sa pupille droite, certainement provoquée par un bout de paille. D’ailleurs, il ne tarda pas à en récupérer entre ses deux mains pour en lancer sur le gnome. « Vengeance !! »

Lucas Racin

Jeune écuyer du Roi Lyham Tully, Sacha suit ce dernier où qu'il aille. En temps de guerre, les voyages sont synonymes de campagnes militaires. Avant le départ de son jeune frère, dix ans son cadet, Lucas Racin désire s'entretenir avec ce dernier. Il se peut que ce soit leur dernière conversation.

Sacha gardait sa verve habituelle, très enfantine mais amusante. Tout n’avait pas été détruit par ce mauvais paternel. « Soit mais dans ce cas-là, il ne faudra pas venir pleurer. » Et sa main leste alla se planter dans ses cheveux, les ébouriffant dans tous les sens comme signe fraternel. Il en profitait un peu, cela serait certainement beaucoup plus dur de le taquiner lorsqu’il aura pris en masse musculaire et en taille.  « Justement, cela permettra de recommencer à t'entraîner. On devient bon en répétant.  » Sourire taquin et lèvres rieuses, le spectacle qui devait ressembler à une scène d’adieu prenait une tournure bien plus plus réjouissante. Lucas avait été loin d’imaginer que la situation se méliore autant aussi naturellement. Les liens unissant les frères étaient bien plus forts que les intempéries quotidiennes familiales. Les quelques brefs échanges sur leur mère n’aboutirent pas à grand-chose et dans le fond, l’aîné savait qu’il serait difficile de continuer sur ce sujet-là, alors il préféra se recentrer sur des sujets plus simples afin de ne pas réveiller plus que nécessaires les blessures de son frère mais aussi de sa propre famille. Parfois il valait mieux taire certaines choses pour guérir.

« Tu as toujours eu des goûts étranges. Il y a mieux que la tarte aux myrtilles quand-même ! Comme les tartelettes aux poires. » Les goûts et les couleurs pouvaient se discuter mais cela ne changerait certainement rien aux préférences de chacun et l’objectif pour Lucas était de taquiner le benjamin avant son départ. Sacha ne manqua pas de répondant est intervint sur un sujet bien plus épineux pour son aîné. Ce dernier invoqua le nom de lady Mallister pour tenter de mettre en défaut l’épigone des Racin et cela fonctionna avec un certain succès au grand damne de l’intéressé. « Essayes seulement pour voir ! » Peut-être que dans le fond ce ne serait pas un grand mal. Si Lucas n’était pas encore marié, c’est que son père attendait possiblement qu’une hypothèse de mariage plus prestigieux que d’ordinaire se dévoile.

Une bataille de foin commença et elle dura certainement quelques bonnes minutes avant que les deux garçons se retrouvent sur un plancher et qu’ils ne puissent plus rien se lancer dessus. L’aîné était hilare de la tête de son comparse, la sienne ne devait pas être beaucoup mieux. « Tu comptes lancer une nouvelle mode ? Je ne suis pas certain que cela soit du goût de ton roi. » narrait-il amusé de la situation. « On doit être de beau larron. » De nouveau un éclat de rire. La situation n’était pas digne de leur rang mais qui viendrait les trouver ici.

« Est-ce que tu as besoin d’aide pour quelque chose ? » Car le temps commençait à se presser quelque peu et par conséquent le départ se rapprochait.

Lucas Racin

Jeune écuyer du Roi Lyham Tully, Sacha suit ce dernier où qu'il aille. En temps de guerre, les voyages sont synonymes de campagnes militaires. Avant le départ de son jeune frère, dix ans son cadet, Lucas Racin désire s'entretenir avec ce dernier. Il se peut que ce soit leur dernière conversation.

« Certainement pas, merci mais non merci.  » déclara le grand-frère au propos d’Eira Mallister et du fait que son cadet souhaite jouer au corbeau avec cette dernière. Cela serait le comble du risible, un manque de courage et de chevalerie.  « Puis tu vas déjà avoir fort à faire avec ton nouveau souverain. » narrait-il sur un ton plus calme, moins paniqué. Cela n’était pas totalement faux et sonnait comme l’excuse parfaite pour éviter cette déconvenue. La bataille de foin termina d’enterrer cette discussion et les frères semblaient bien partis pour créer une nouvelle mode -non-. Cette euphorie passagère, probablement la dernière avant un moment, ne dura pas. Rapidement des sujets sérieux furent remis sur la tablée.

« Tu ne lui feras pas honte Sachouille, tu es quelqu’un de respectable et de droit. Si des impairs sont commis, je suis certain que tu sauras les réparer et te montrer digne écuyer de notre souverain. » Les paroles de l'aîné étaient sincères.  « Je me chargerai d’empêcher père de faire des siennes, comme cela tu pourras pleinement te concentrer sur tes serments et devoirs à venir. Je ne laisserai personne briser la solennité de ton départ, je te le promets. » Il lui devait au moins ça. Aucun de ses frères, ni son père, ni sa mère. Personne. Il était temps que l’oisillon quitte le nid pour un avenir meilleur. Loin de toute cette violence familiale inutile. « Tu ne pourras pas faire honneur à ta famille. Ton devoir est plus grand, faire honneur à notre monarque. Et c’est là l’essentiel. Et je sais que tu y parviendras. »

Le grand-frère mit une tape amicale dans le dos de son cadet avant de lui retirer un bout de paille restant dans ses cheveux. « Je te laisse finir de préparer le nécessaire. Nous nous reverrons lors de ton départ. A bientôt petit frère. »