Il était encore tôt. Le soleil s’était déjà levé mais depuis peu d’heure si bien qu’il n’était pas encore mordant. Qu’importe. Ce n’était pas comme si cela pouvait m’incommoder. Dragon, je ne craignais que peu les températures et bien plus la fraicheur que la chaleur d’ailleurs. J’étais arrivée plusieurs heures avant. Mon escorte était à plusieurs lieux d’ici, avec pour ordre d’attendre le zénith avant de venir à ma rencontre si je n’étais pas revenue. Cela ne m’inquiétait que peu. Meraxès veillait non loin et Roward n’était pas assez sot pour tenter la moindre chose. Il aurait bien trop à perde : ses hommes, sa vie mais surtout une potentielle alliance avec l’Empire. Lui comme moi savions qu’il n’était pas dans une bonne posture. Entre la soumission de Dorne au Bief et l’arrivée d’Essos d’un ennemi tout aussi redoutable, accompagné de son Dragon, sa situation était de plus en plus périlleuse. Je lui tendais la main et il serait regrettable pour lui de tenter la moindre attaque avant même que nous discutions.

J’étais vêtue de ma tenue en cuir de voyage. La seule couronne que je portais était composée de cheveux et de tresses. Aucun bijou, ni signe ostentatoire. Je n’avais nullement besoin d’eux pour être impératrice et cela ne commencerait pas aujourd’hui. J’ouvrais ma gourde et en avalais une gorgée avant de la renouer à ma taille. De l’autre côté se tenait Noire-Sœur qui ne me quittait jamais. Rangée dans un fourreau des plus légers, sa garde était le seul signe matériel de ma noble naissance. Je fermais un instant les yeux en sentant une légère brise pour épargner mes yeux des grains de sable qui volaient inévitablement mais aussi pour en humer les senteurs si particulières. Le grognement de ma sœur me tira de cela. On approchait et ce n’était plus l’heure à des distractions.

D’abord des bruits de pas, puis des silhouettes. Elles restèrent à distance, sauf une qui s’avança légèrement. Je me retournais et posais ma tête sur le museau de ma sœur, avant de lui ordonner de s’envoler. Pas de menace de son côté, ni du mien, même si l’ombre de ma Dragonne planant au-dessus de nos têtes se fera bien plus présente que des dorniens. Mais Roward savait que je n’étais pas femme menteuse et qu’il ne lui arriverait rien. Je lui en avais fait la promesse par écrit et j’avais engagé non seulement ma parole mais également celle de tout l’empire. J’y avais apposé mon sceau et si je venais à revenir sur ma parole, ce serait tout l’Empire qui serait mis à mal. Il ne risquait rien tant qu’il n’attentait rien.

Je m’avançais jusqu’à lui, suivi d’en haut par ma sœur. Elle était autant une protection pour moi-même que pour lui d’ailleurs. Dès que son visage fut visible, je lui adressais un signe de tête et m’arrêtais. Je lui laissais l’opportunité de rester à distance ou de s’avancer plus. Prince. J’aurai préféré vous revoir dans de meilleures circonstances. Veuillez tout d’abord recevoir les condoléances de l’Empire, et cela qu’importe nos différents et griefs passés. A titre plus personnel, je ne peux que comprendre la douleur qui étreint votre cœur et votre âme. Un frère et une sœur, tués par un ennemi ayant fait preuve d’une félonie et de lâcheté.  C’est là quelque chose que je n’ai souhaité  à personne, pas même à mes pires ennemis. Je ne mentais pas. Je n’usais pas de manipulation non plus. Je n’évoquais que la vérité et les faits.