Tissu ou vérité ?

Alyssia était partie et Eleanor se retrouvait bien seule pour son projet de nouvelle robe. Elle décida donc d’aller au marché avec Khayley. La valétudinaire jouvencelle était certes aveugle, mais elle devait savoir reconnaître la qualité d’un tissu au toucher, et pour les couleurs, la Reine se chargerait de choisir les plus appropriées. Elle aurait aussi bien pu faire venir un grand marchand de tissus au château, mais elle voulait voir ce que les marchands avaient. Les tissus seraient probablement plus locaux et dans des couleurs habituelles pour le nord. Or c'est ce qu’elle recherchait. Et puis ce serait l’occasion de prendre l’air et de faire un tour dans la ville d’hiver qui se vidait peu à peu depuis le début du printemps, de prendre la température chez les habitants, de se montrer aussi, accompagnée de quelques gardes. Depuis son arrivée à Winterfell elle avait l’impression de faire tâche avec ses robes colorées et richement décorées en velours, brocart ou soie. Ici on portait plutôt de la laine ou des velours sombres. Mais elle se souvenait aussi du choix d’Alyssia pour la robe, et ça n'était pas la plus sombre ni la plus sobre qu’elle avait choisi.

La Stark n’avait pas revu la jeune Ardoise depuis qu’elle avait fait venir le Mestre, la voyant si faible qu’elle avait pensé au pire, le déshonneur d’une grossesse hors mariage. Mais ce n’était pas ça, elle le savait à présent. Jon l’avait mise en garde contre cette femme, contre ses pouvois plutot, mais pour lui c’était pareil. Sauf qu’elle ne pouvait pas s’isoler davantage, elle ne pouvait pas vivre à distance de Khayley alors qu’elle était sa dernière amie à la cour. Elle l’avait donc fait prévenir au matin et se prépara avant de vaquer à ses occupations quelques heures jusqu'au déjeuner. Après manger, elle confia Sigyn à ses nourrices, prit son frusquin et retrouva Khayley dans le hall comme convenu avec Jenny. Elle découvrit une jeune femme amaigrie, recrue, et eut un bref moment d’hésitation : la vervoyante serait-elle suffisemment en forme pour la suivre ?

__ Lady Ardoise, j’espère que vous n’êtes pas trop fatiguée pour m’accompagner, n’hésitez pas à me dire si vous voulez écourter la promenade.

Fit la jeune pantophile en réponse à l’aveugle avant de lui prendre le bras et de l’emmener à sa suite et passèrent la grande porte avant de traverser la cour. Si on doit être invalide, mieux vaut être un invalide riche, se dit la jeune Reine en songeant à quel point la vie était difficile en tant qu’aveugle, même noble. Elle semblait toujours s’acagnarder, mais que pouvait-elle faire d’autre, et pire encore avec cette malédiction. Il y avait de quoi devenir un prône-misère et faire preuve d’acédie.

__ Ma Dame, c’est certainement un honneur que je vous fait, mais sans vouloir vous vexer, je n’ai pas eu l’embarras du choix. Cependant, je suis sincèrement contente de vous revoir. Il va falloir que nous nous serrions les coudes une fois les hommes repartis à la guerre ? Tous les hommes doivent mourir. Mais nous ne sommes pas des hommes, n’est-ce pas ? Alors vivons !

Elles sortirent de la forteresse, Eleanor calant autant que possible son pas sur celui de la jouvencelle et descendirent dans la rue principale de la ville d’hiver où se tenait le marché. Un garde ouvrait la voie, un autre surveillait leurs arrières, mais ici, elle était en territoire ami et ne risquait pas grand-chose à priori. Un silence s’installa… Heureusement brisé par la rumeur du marché.

Un forgeron expliquant la bagatelle à son client tandis qu’il déballait une belle épée ornée d’une happelourde:
__ La première fois qu’on vend une arme c’est un peu comme la première fois qu’on fait l’amour. On ne sait absolument pas ce qu’on fait mais c’est très excitant et quoi qu’il arrive on trouve que ça se termine beaucoup trop vite.

Deux paltoquets imbriaques se tenant par l’épaule et titubant au milieu de la rue échangeaient quelques leçons de vie :
__ Moi, à une époque, je voulais faire vœu de pauvreté (...) Mais avec le pognon que j'rentrais, j'arrivais pas à concilier les deux.
__ Moi j’ai appris à lire, ben je souhaite ça à personne.
__ Dans ce pays, il faut d’abord faire le fric. Et quand tu as le pognon, tu as le pouvoir. Quand tu as le pouvoir, tu as toutes les bonnes femmes.

Ils manquèrent de percuter un des gardes.

__ Qu’est-ce que ceci ? Un garde qui ne prend pas garde ?

Et s’en retournèrent à leur conversation.

__ La joie de vivre et le jambon, y'a pas trente-six recettes du bonheur !
__ La différence entre toi et moi, c’est que moi j’ai la classe.

Le garde riota et se rasséréna.

Tissu ou vérité ?

Khayley, malgré son air fatigué, accepta la balade avec joie. La Reine en fut ravie, elle se demandait si la jouvencelle ne faisait pas cela pour lui faire plaisir que par réelle envie ou réelle capacité, mais elle le prendrait sûrement mal si elle la renvoie dans sa chambre sans raison apparente autre que son visage aux traits tirés et sans être finalement sortie. Après tout, peut-être que prendre l’air lui ferait effectivement du bien, Jenny avait tendance à surprotéger sa maîtresse et à lui empêcher toute sortie, ce qui n’était pas nécessairement une bonne chose, ni pour sa santé générale, ni pour retrouver le sommeil. En tout cas, quand la Stark voyait cette jeune fille, elle mesurait toute la chance qu’elle avait, de voir en premier lieu, d’être mariée, à Jon en plus, d’avoir sa fille et un autre enfant dans son ventre. Elle n’était pas totalement libre de ses mouvements, en tant que Souveraine du Nord elle devait faire attention, être prudente et digne, mais elle était tout de même nettement plus libre que l’aveugle, et cela n’avait pas de prix.

Eleanor eut un petit rire à la réplique de Lady Ardoise. Effectivement, elle ne voyait pas ses propres murs et la née Tully n’y avait pas songé, mais cela devait être terriblement ennuyeux de rester enfermée toute la journée sans rien pouvoir faire, même pas lire. Elle espérait que Jenny, sa servante, sache lire et puisse lui lire de temps en temps des histoires. Mais si non, elle le ferait un jour. Elle aurait aussi aimé pouvoir la laisser jouer avec Sigyn, mais Jon avait été très clair sur ce point, elle ne devait approcher sa fille sous aucun prétexte. Il faudrait donc trouver autre chose.

__ Oui, comme vous dites, la ville d’hiver se vide, mais il y a encore du monde.

En imaginant la tête de Jenny au retour de Khayley avec un chien, Eleanor eut un petit rire cristallin.

__ Hé bien, si je l'ai bien cernée, elle n’a pas dû apprécier la surprise ! Fit-elle

Les gardes étaient silencieux, mais très concentrés et prêts à protéger la Reine et sa compagne. Elles arrivèrent aux premières étales du marché, on y vendait de la viande séchée et les premiers légumes de la saison. Sur le suivant, de nombreuses peaux étaient entreposées, cuir tanné et fourrures de toutes sortes. En face, un marchand de tissus vers lequel Eleanor se dirigea sans hésiter, emmenant avec elle la jeune femme.

__ En vérité j’en cherche plusieurs, un ou deux beaux draps de laine, un brocart, de la toile de lin et du velours gaufré. Il me faudra aussi de la fourrure, mais nous irons voir après ce que le marchand d’en face a à nous vendre.

Le marchand en voyant les deux femmes approcher avec les gardes eut un petit mouvement de recul, regarda les soldats de Winterfell, l’allure de la Reine et comprit la situation.

__ Votre Majesté, c’est un honneur de vous voir à mon étal. que puis-je faire pour vous.
__ Sortez nous vos plus beaux draps de laine pour commencer, dans les tons gris ou noirs, je vous prie.
__ Bien sûr votre majesté.

La Reine prit la main de Khayley et la posa sur un des tissus tout en restant proche d’elle pour qu’elle puisse retrouver son bras quoi qu’il arrive. Elle aussi se mit à regarder et toucher les tissus, mais l’un d’entre eux attira tout de suite son regard plus que les autres. Une laine aux motifs géométriques noirs et gris.

Tissu ou vérité ?

Khayley confirma ce qu’Eleanor avait envisagé concernant l’arrivée d’Atka dans la vie de la jeune Ardoise et surtout l’avis de Jenny sur cette situation. Elle avait bien conscience que la servante sur protégeait l’aveugle quitte à l 'étouffer et à l'empêcher d 'avoir sa propre vie et que cela devait lui peser à la longue, surtout à l'âge ou les jouvencelles tombent amoureuses et se marient, parfois avec deux personnes différentes d’ailleurs.

__ Oui, j’ai cru comprendre, j’espère qu’elle ne m’en voudra pas trop de vous faire sortir un peu, mais je crois qu’il faudrait qu’elle vous lâche un peu. A votre place je serais devenue folle depuis longtemps, dja que je refgette la liberté que j’avais lorsque j’étais simple Lady dans le Conflans...

L’avantage d’avoir l’amitié d’une Reine c’est que Jenny ne pourrait jamais refuser à la Stark de voir Khayley, elle était bien obligée d’accepter leurs sorties, et puis Eleanor n’était pas toujours d'une grande sagesse, mai elle était toujours plus sage et plus calme que Lyanna, cela pourrait rassurer la servante et ainsi permettre un peu pus de liberté à la jeune femme. En tout cas, la jeune mère comptait bien profiter pleinement de cet après-midi avec la soit disant voyante. Elle avait du mal à croire que Jon se laisse impressionner par ce pouvoir qui pour elle n’était qu’une invention pour faire peur aux enfants et expliquer sa faiblesse de constitution et son handicap. Et en même temps, elle ne cessait de ce dire qu’effectivement, cela expliquait bien des choses et pourrait être logique, mais sa raison lui disait de ne pas croire à ses sornettes quand son coeur lui disait que si c’était là ce que son amie lui avait caché jusque là, elle ne savait pas trop si elle devait lui en vouloir de ne pas lui avoir dit la vérité plus tôt ou avoir pitié d’elle pour cette malédiction qu'elle portait seule depuis de longs mois. Pas étonnant qu’elle soit dans un tel état…

C’était ce à quoi Eleanor songeait en observant Khayley qui touchait les tissus. Elle sortit bien vite de ces turpitudes quand elle lui dit que l’étoffe qu’elle préférait elle-même était de meilleure qualité et en fut ravie. Elle l’avait aussi touché et elle avait tiré la même conclusion, mais elle faisait encore plus confiance à Khayley pour en juger au toucher.

__ M'est avis que vos doigts ont une très bonne vue.

Fit la jeune femme aux cheveux auburn en riant avant d’annoncer au marchand.

__ J’en prendrais dix mètres, s’il vous plaît.

Tandis que le marchand coupait la longueur demandée et la pliait pour la mettre de côté, Eleanor conduisit Khayley par le bras jusqu’aux draps de lin et posant délicatement sa main sur celle de l’aveugle, la guida jusqu’aux tissus. C’est alors qu’elle lui parla de sa fille.

__ C’est une bonne idée, je n’y avais pas songé, nous prendrons du lin blanc et de la laine claire pour Sigyn.

Fit elle avec enthousiasme avant d’ajouter en souriant, à la fois joyeuse à la pensée de sa fille et triste que Jon ait interdit à Khayley de la voir.

__ Elle va bien, elle grandit vue d’œil.

Tissu ou vérité ?

__ Cela n’a jamais été à ce point, mais j'avoue m’être sentie prisonnière à mes débuts à Winterfell. J’étais enceinte et affaiblie par une grossesse difficile, je ne pouvais pas vraiment sortir et en plus pour la première fois de ma vie, je devais prendre garde à ma sécurité personnelle en temps de guerre à cause de nos ennemis et à celle de mon enfant que je craignais à chaque instant de perdre. Cela n’a pas été facile et pourtant cela n’a duré que quelques mois et je n’étais pas vraiment enfermé. Alors je n'ose imaginer combien cela doit parfois être dur pour vous. J’espère que cette sortie vous ravit autant que moi et qu’il y’en aura de nombreuses autres.

Eleanor sourit à Khayley, pleine de compassion pour cette jeune fille qui n’avait vraiment pas de chance. Elle avait un peu pitié, mais était surtout désolée pour elle et tous ses malheurs, sa cécité, la décision du Roi, sa maladie. Qu’elle ait ou non ce pouvoir et qu’elle ait menti pour le dissimuler lui semblait à présent bien dérisoire. Un instant elle resta les yeux fixés sur l’aveugle et se dit qu’elle avait bien de la chance, se promettant de ne plus jamais se plaindre et de ne plus lui en vouloir de lui avoir caché ce soit disant don. En même temps peut-être avait-elle dit ça au roi pour se rendre intéressante et se faire des amis, mais même ça elle pouvait tout à fait lui pardonner. De toute façon, personne ne pouvait croire qu’elle voyait l’avenir, enfin Jon lui semblait le croire, mais il avait été bercé de contes du Nord dans son enfance, peut-être que ceci expliquait qu’il soit si naïf sur les soit disant pouvoirs surnaturels d’une jouvencelle.

Soudain, sentant que le silence s’était installé et qu’un moment de flottement gagnait les âmes, la née Tully se ressaisit et dit en touchant le tissu que la jeune Ardoise lui tendait.

__ Oh oui, il est très doux.

La Reine prit un coin et leva le tissu.

__ Il a un beau tombé.

La Stark prit le suivant que lui tendit Khayley et fit les mêmes constatations. De son coté le marchand après avoir déchiré le rouleau de tissu aux dix mètres et l’avoir plié, revint vers les jeunes femmes et il déroula une partie du tissu pour que la Reine puisse apprécier les plis doux qu’il dessinait et son tombé.

__ Votre Majesté a un goût très sûr.
__ Merci, mais c’est grâce à ma complice du jour. Lady Ardoise.
__ Mmmh, je vois…

Fit l’homme perplexe devant l’aveugle.

__ Ils sont parfaits !

Répondit la Dame de Winterfell pour couper court à tout malaise

__ Je vais prendre 2 mètres de celui-ci et 1 de chacun de ces deux là.

Puis Eléanor répondit à Khayley pendant que le marchand découpait ce qu’elle avait demandé.

__ Quatre, deux pour moi et deux pour ma fille.

Elle prit la main de Khayley.

__ Mais et vous ? Ne voulez vous pas une nouvelle robe ? Je vous l’offre, en l’honneur de notre amitié et du grand air. Après tout, Jenny m’en voudrait si vous n'étiez pas suffisamment couverte pour toutes nos futures sorties, autant que nous prenions les devant.

Dit Lady Stark en riant.

Tissu ou vérité ?

En voyant tous les tissus achetés, Eléanor se rendit compte qu’il faudrait certainement un chariot pour les apporter jusqu'au château et encore, elle n’avait pas terminé et comptait bien aller voir du côté des fourrures ensuite. Elle demanda donc au vendeur de les garder et lui dit qu’elle enverrait un serviteur les récupérer dès qu’elle rentrerait. Elle s’était un peu lâchée, mais c'était si plaisant de se sentir libre de s’adonner à une de ses passions : la mode. Elle savait coudre et aurait pu fabriquer les robes qu’elle avait dessiné, peut-être travaillerait-elle sur celle de Khayley. Mais elle avait tout de même quelques devoirs à accomplir, aussi les servantes feraient la majorité du travail sur les siennes. Elle avait toujours aimé ça, dessiner et coudre ses propres robes. En plus, elle était en excellente compagnie et heureuse de pouvoir faire prendre l’air à Lady Ardoise. Peut-être que cette dernière était habituée à être enfermée, par habitude et par manque de choix, mais vu la vitesse à laquelle elle dépérissait, il était grand temps de changer de stratégie. Jenny pensait certainement agir ainsi pour sa protection, mais c’était au détriment de la vie elle-même, ce qui selon la née Tully était une grossière erreur. Si vraiment, c’étaient les rêves qui la rendaient si malingre, il fallait peut-être remplacer l’absence de sensations agréables chaque heure de chaque jour par d’autres choses plus amusantes et plaisantes afin que ses rêves se remplissent d’autre chose que ce qui la fragilisait à vue d’œil.

Évidemment, il ne s’agissait pas de lui faire prendre des risques inutiles, la jeune mère était bien moins aventureuse que Lyanna et n’avait pas vraiment le goût du risque. Elle aimait son confort et la sécurité que lui procurait Winterfell, maintenant qu'elle s’y sentait un peu plus chez elle. Mais tout en manipulant les tissus et en riant avec la jouvencelle, elle faisait la liste de tout ce qu’elles pourraient partager et faire ensemble, adaptant les activités qu’elle aimait au handicap de son amie. Car oui, de gré ou de force, elle devaient bien l’être, amies, sans quoi l’une comme l’autre se retrouveraient bien seules. Elle n’oubliait pas non plus d’exclure Sigyn de l’équation, pour sûr elle aurait aimé partager des moments avec sa fille en présence de Khayley, mais il n’en était pas question, Jon le lui avait interdit. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi et trouvait son choix excessif et pour tout dire un peu ridicule, mais elle le respecterait. Il était son Roi, son époux, mais en dehors du fait qu’elle était censée lui obéir sans hésiter, elle ne voulait surtout pas le contrarier.

__ D’accord ! Alors ce sera une surprise.

Khayley semblait aimer le vert, si tant est qu’une aveugle puisse aimer une couleur. Mais la Reine ne se voyait pas changer radicalement son style. En revanche, elle chercha sur l'étale un vert plus lumineux que celui qu’elle portait. Elle tomba sur un velours vert émeraude avec des reflets magnifiques qu’elle désigna au drapier qui en découpa quelques mètres. Et puisque Jenny ne la laissait pas sortir sans manteaux, elle fit aussi couper quelques mètres de laine blanche.

__ Cela me ferait très plaisir. Je vais tâcher de faire quelque chose de beau et de confortable. Je viendrais prendre vos mesures, ça fera une bonne occasion de se revoir et de passer un moment ensemble.

Elle hésita un instant.

__ Enfin... si ça ne vous dérange pas que je vous voit en petite tenue. Je comprendrais que vous préfériez qu’une servante s’en charge, ou même Jenny si vous êtes plus à l’aise.

Tissu ou vérité ?

Eléanor rit doucement. De toute façon, elle n’aurait pas jugé le corps de Khayley, mais elle s’était dit que peut-être cette dernière était trop pudique pour se montrer à la Reine. Elle aurait compris, quand bien même étaient elles amies, elle n’était pas n’importe qui et, mariée, elle avait passé l’âge de l’innocence. C’était amusant de se figurer que l’aveugle ne s'était jamais vu dans un miroir et ignorait totalement à quoi elle ressemblait. Sa fatigue et sa maigreur se lisait sur son visage pour la Reine qui l’avait vue dépérir au fil des mois alors qu’elle même reprenait des forces et perdait les kilos de sa grossesse. Elle se demanda comment elle s’imaginerait si elle ne s’était jamais vue et qu’elle n’avait jamais pu se comparer à d’autres, certaines bien plus belles et d’autres moins. Elle se demanda aussi comment Lady Ardoise l’imaginait. Mais finalement tout ceci n'avait que peu d’importance. Le plus important pour un corps restait d’être en bonne santé et bien que celui de la jouvencelle semblait faible, la Stark espérait qu’elle se remettrait de tout ça rapidement et ne nagerait bientôt plus dans ses anciennes robes. Jenny ne devait effectivement plus avoir les bonnes mesures et elle devrait songer à reprendre les robes pour qu’elles ne soulignent pas la maigreur de sa maîtresse plutôt que de chercher à l'enfermer à tout jamais dans une chambre sombre.

La née Tully eut un regard affligé et compatissant envers son amie. Regard que Khayley ne voyait pas, mais qui n’en était pas moins sincère.

__ C’est certainement sa façon de vous protéger. Vous savez, vos… rêves… ou quoi que ce soit, cela semble être bien réel et totalement terrifiant pour certains. Je ne comprends pas plus que vous ce qui pousse les gens de notre entourage à vous éloigner du monde et de tout ce qui donne du sens à la vie, comme si l’on voulait vous soustraire à la réalité pour que vous le soyez moins. J’ai remarqué aussi que plus le temps passe et plus elle vous empêche de vivre, je comprends que ce soit pensant pour vous. Vous n’êtes pas ingrate ou geignarde, vous voulez seulement vivre. Je ne pourrais pas supporter un tel traitement bien longtemps. Mais ne vous inquiétez pas, je suis là maintenant et Jenny ne peut pas refuser que vous accompagnez la Reine.

Elle termina sa phrase sur un sourire plein d’espoir. Il y aurait des tas de prochaines fois, avec Atka ou sans, à pied, à cheval ou simplement pour un déjeuner dans la chambre royale. Parce que même si les amies potentielles n’étaient pas légion à Winterfell et que de fait, Eléanor avait choisi Khayley un peu par défaut, cette après midi tissus s’avérait très agréable et la jeune fille véritablement drôle et pleine d’esprit. Si bien que la Reine avait envie d’en découvrir plus et de discuter avec elle pour apprendre à la connaître, bien plus que ce qu’elle aurait pu imaginer. Mais peut-être qu’un jour prochain il faudrait aborder cette histoire de vervoyant à laquelle elle n’entendait rien et qu’elle ne voulait pas croire...

__ Allons voir les fourrures, voulez vous ?

Fit-elle en posant sa main sur celle de l'aveugle afin de la guider en douceur jusqu'à un autre étale.

Tissu ou vérité ?

Eleanor se garda d’affirmer que la mère de Khayley faisait fausse route en la gardant enfermée, d’ailleurs elle n’en savait rien, elle ne comprenait ni les rêves ni la malédiction qui semblait y être liée pour beaucoup, dont Jon. Elle n’y croyait pas vraiment, mais ne pouvait cependant que constater que depuis son arrivée à Winterfell, la jouvencelle avait maigri et ses traits s’étaient creusés. Il y avait certainement quelque chose, mais quoi. Peut-être était-elle surtout de mauvaise constitution, déjà aveugle et en plus affublée d’un corps qui semblait ne même plus pouvoir la porter. Mais pourtant elle marchait bel et bien, elle parlait et elle riait même. Son esprit était vif et son corps tenait le coup. Pourquoi alors vouloir la préserver de tout et l’éloigner de tous alors que cela ne donnait pas du tout les résultats escomptés ? Pour la Reine, il fallait changer de tactique et surtout, si la jouvencelle devait perdre la vie à cause de sa santé fragile, elle devait pouvoir profiter des années qu’elle avait à vivre et se faire des amies. Il y avait déjà peu de chances qu’elle se marie et qu’elle ait des enfants, alors la priver de tout le reste, de l’existence en fait, était bien cruel. Cependant, en y réfléchissant, la née Tully comprenait la démarche de sa mère et de sa servante. Elles voulaient la sauver, l’aider à survivre, la protéger. Ce n'était certes pas ce qui était le plus juste pour son amie, mais ce qu’elles estimaient le mieux pour Lady Ardoise. Et peut-être qu’à leur place, peut-être que si Eleanor avait craint pour la santé de sa propre fille, pour sa survie, elle aurait fait de même. Elle l’avait d'ailleurs fait, pour elle-même, à quelques exceptions près. Afin de sauver sa fille. Elle aurait fait n’importe quoi. Mais cela n’avait duré que quelques mois bien heureusement et non toute une vie de sacrifice et d’isolement. Il était grand temps que Khayley vive pleinement, parce que ce qu’elle avait connu jusqu’ici, ça n’était pas une vie et que la Stark ne pouvait pas l’aider autrement, elle ne pouvait rien faire d’autre, rien de plus, mais rien de moins.

Eleanor sourit et posa à son tour sa main sur celle de Khayley sans rien ajouter jusqu’au nouvel étalage.

__ En vérité je ne sais pas exactement, les tissus sont liés à des projets précis, pour les fourrures, c’est surtout pour rehausser les manteaux et certaines parties des vêtements, mais si je ne trouve pas la fourrure parfaite, ça n’ira pas et je m’en passerais.

La Reine regarda Khayley un instant et sourit, une nouvelle idée en tête. S’adressant alors au vendeur elle demanda :

__ Bonjour, montrez nous, je vous prie, vos plus belles fourrures en blanc, en gris foncé, en brun et en beige.

Le vendeur, après s'être incliné devant la Reine, s'afféra quelques minutes pour étaler devant les deux visiteuses les fourrures demandées. Évidemment, les couleurs étaient tout sauf identiques d’une fourrure à l’autre, monter plusieurs fourrures ensemble demandait un œil averti pour le choix des peaux à assembler. Mais pour la plupart des usages qu’Eleanor voulait en faire, c’était inutile. Elle se contenta donc de choisir celles qui lui plaisaient le plus vis à vis de la couleur avant de la toucher et de la passer à Khayley pour qu’elle en apprécie la douceur à son tour.

Tissu ou vérité ?

La douceur des fourrures ne faisait aucun doute pour Eleanor, mais elle préférait que Khayley s’en assure malgré tout. La jeune aveugle sentait certainement des choses qu’elle ne sentait pas et, qui plus est, elle était bien moins habituées aux fourrures qu’aux tissus. Il y en avait aussi dans le Conflans et les moyens n’avait jamais manqué à la Tully pour en acheter afin d’avoir chaud l’hiver, mais les meilleures venaient du Nord et elle voulait les plus belles pour se sentir un peu plus Reine du Nord et pour protéger sa fille du froid nordien autrement plus piquant que n'importe quel hiver dans le Conflans.

__ C’est moi, en vérité qui ai dessiné les modèles auxquels sont destinés les tissus, j’ai toujours aimé dessiner mes robes et avant il m’arrivait même de les coudre. Cela occupait mes journées et même certaines nuits, j'adorerais ça. A présent, je suis bien assez occupée avec Sigyn et mon nouveau rôle de reine et je crains que coudre mes vêtements serait mal vu. [/b][/color]

La Stark se mit à rire lorsque Khayley avoua ne lui être d’aucune utilité ici.

__ Allons bon, vous m’avez déjà bien aidée pour les tissus. J’ai toute confiance en vous.

La jeune femme prit quelques minutes pour choisir les fourrures qui iraient bien pour rehausser ses projets de robe et faire des manteaux assortis, puis fit signe au tanneur d’empaqueter les fourrures marchandises et de les mettre de côté afin qu’un serviteur de Winterfell puisse passer les chercher.

__ J’aime lire, écouter de la musique, me balader, pique niquer et discuter avec mes amies. Et vous ?

Elle saisi la main de Khayley et la serra doucement.

Fut un temps, elle aimait aussi chevaucher dans les champs et les bois autour de Vivesaigues, mais elle n’osait pas trop monter à cheval lorsqu’elle était enceinte. Son dernier voyage, bien qu’elle l’ait passé en calèche, lui avait valu un fin de grossesse très compliquée et elle ne voulait pour rien au monde revivre la même chose ou pire, risquer de perdre l’enfant. Pourtant, si la moindre sortie était effectivement extrêmement dangereuse lorsqu’elle était fille du Roi fédéré du Conflans à Vivesaigues, promise au roi du Nord avec la moitié du pays qui aurait aimé la voir captive ou morte, ici, tout était différent. Il semblait que personne ne lui voulait le moindre mal et qu’elle aurait pu sortir dans les environs sans prendre le moindre risque, même seule, mais Jon ne l’autoriserait probablement pas. Les enfants s’approchaient doucement, un peu curieux, un peu craintifs, pour la voir de plus près, la belle Reine du Nord, l’épouse du jeune loup. Ils semblaient émerveillés alors qu’elle n’avait rien de spécial à part la chance d’avoir été donnée en mariage à Jon. Elle leur sourit et elle se dirigea vers une étale qui sentait bon la tourte au lard. Elle en acheta pour elle et Khayley et aussi pour les enfants, après la distribution, ils la remercièrent et s’enfuirent en courant à travers la foule du marché.

Tissu ou vérité ?

Impressionnant ? Eleanor n’avait jamais trouvé le travail de couture impressionnant, même si on l’avait souvent félicitée pour les tenues qu’elle avait confectionnées. Cependant, oui, pour une aveugle, étant donné la bonne vue que cela nécessitait, ce devait être impressionnant. Elle ne voulait cependant pas remuer le couteau dans la plaie et se contenta de répondre sur un ton léger :

__ Vous savez, mes devoirs se limitent à m’occuper de mes enfants et de mon époux et à regarder l’intendant de Winterfell superviser le travail de tous les serviteurs à ma place. En vérité, je n’ai pas grand chose à faire si ce n’est avoir une tenue exemplaire. J’espère que ces robes y contribueront, mais en dehors de ça, mon devoir est d’un ennui mortel. Cela m’occuperai, mais j’imagine qu’une Reine n’a pas à coudre ses tenues et que cela fait partie de ses devoirs de déléguer ce genre de tâche.

La jeune femme sourit et écouta ensuite Khayley lui parler de ce q’elle aimait faire. Elle avait hâte de faire une balade à cheval avec elle et cette fameuse jument dressée pour elle. Et aussi pourquoi pas de voir son chien, même si on pouvait craindre qu’il ne s’entende pas très bien avec Ulva...

__ Tout ceci me semble être un très bon programme pour les semaines à venir !

Fit-elle avec enthousiasme. Elle organiserait quelques sorties et activités avec la jeune aveugle, autant pour s’occuper que pour l’occuper elle.

__ Je vous remercie Ma Dame, je l'espère et y travaille… Vous voyez, mon devoir n’est pas trop difficile à remplir.

La Reine du Nord rit doucement en croquant à son tour dans un part de tourte. Khayley proposa alors d’aller chez le tanneur pour prendre quelque chose pour Jon… et peut-être pour Jenny.

__ C'est une excellente idée !

S’exclama-t-elle avant d’hésiter.

__ Mais je n’ai jamais rien dessiné pour un homme… Je ne sais faire que les robes.

La Stark avait peur de rater sa création ou pire, de faire quelque chose qui ne lui plairait pas. La panique la gagnait, elle voulait vraiment faire quelque chose pour lui mais ne savait pas comment s’y prendre et soudain, toutes leurs disputes l'empêchaient de réfléchir posément. Elle prit une grande inspiration pour retrouver un peu son calme et ajouta.

__ Quand à Jenny, je pense que cela lui fera plaisir. En plus, nous devons faire en sorte qu’elle m'apprécie suffisamment et me fasse confiance pour que nous puissions sortir plus souvent.

La jeune mère fit un clin d'œil à l‘aveugle avant de lever les yeux aux ciel en se rappelant qu’elle ne pouvait pas le voir. Puis elle la prit par le bras et se dirigea vers l’étale du tanneur en terminant leur tourte.

Tissu ou vérité ?

__ J’ai été éduquée pour remplir ce rôle, mais j’avoue, mon insouciance me manque parfois. La vie était plus simple quand j'étais une simple jeune fille de haute naissance du Confans. Maintenant je suis reine, et ça change tout, les yeux sont braqués sur moi à chaque instant et cela me pèse. De plus, je pensais pouvoir avoir quelques activités dans la gestion de ma maison en tant qu'épouse d’un noble Riverain. Mais ici, il y a tellement de serviteurs que je ne sais pas ce que je pourrais faire qui ne serait pas vu comme un cheveu sur la soupe, une maladresse, ou quelque chose d’inutile. Je suis néanmoins heureuse, parce que ma fille grandit bien et surtout parce que ma relation avec le Roi s'est améliorée. Désormais, j'espère pouvoir réellement m’occuper de lui aussi bien que je le peux sans que ma présence le dérange. Je me sens ainsi moins inutile.

Eleanor rit doucement et garda un doux sourire en repensant aux bons moments passés, ses dernières semaines, avec Jon. Tout n’était pas parfait et il leur faudrait encore du temps pour se comprendre, mais les choses allaient dans le bon sens et leurs efforts à tous les deux commençaient à payer. L’ambiance était moins tendue et le jeune loup se montrait sous un jour nouveau, surtout avec Sigyn.

Khayley proposa ensuite quelques idées pour la pièce à fabriquer pour Jon. La Stark ne savait pas travailler le cuir aussi bien qu’elle travaillait le tissu, un étui ou même une ceinture demandait une certaine pratique et elle ne voulait pas faire quelque chose qui ne soit pas parfait pour son époux. Il avait en sus les moyens de se payer toutes les ceintures et les étuis dont il avait besoin, de bien meilleure facture que ce qu’elle pourrait envisager de faire. Elle n’avait jamais fait de maroquinerie pure, elle utilisait le cuir dans ses créations parfois, mais cela restait de la couture, elle ne savait ni graver ni repousser le cuir, et une ceinture simple n’était pas digne de son époux. Elle dodelina de la tête en réfléchissant. La meilleure option restait effectivement le gilet, cela ne serait pas simple d’avoir une idée suffisamment sobre pour Jon mais assez élégante pour le présent d’un roi, ni de dessiner un modèle pour homme, chose qu’elle n’avait jamais faite. Mais elle prendrait les conseils et l’aide de la couturière du château pour être certaine de réussir ce projet.

__ Oui, un gilet, je pense que je peux faire ça.

Surprise par la remarque de Khayley au sujet des craintes étranges de Jenny, la jeune femme s’exclama :

__ Ah oui ?! Un enlèvement ? Mais pourquoi on vous enlèverait ? Et puis qu’elle se rassure, ici à Winterfell cela n’a aucune chance d’arriver…

Répondit naïvement la née Tully, croyant toujours que ses pouvoirs n’étaient soit pas si importants, soit carrément un mensonge. En tout cas, elle n’imaginait pas que qui que se soit puisse enlever Khayley. Et elle était sincère quand elle disait qu’à Winterfell c’était impossible. Personne ici n’oserait faire une telle chose. En souriant, elle ajouta :

__ Je ne sais pas si Jenny m'apprécie, mais en tout cas on ne se débarrasse pas de moi si facilement.

La Reine passa ensuite sa commande au tanneur.

Tissu ou vérité ?

__ Justement, à chaque fois que je leur demande ce que je pourrais faire pour aider, ils me disent qu’ils s’occupent de tout et que si j’ai besoin de quoi que ce soit, je n’ai qu’à ordonner. Lorsque j’essaye de prendre quelques responsabilités, ils se précipitent pour m’aider et finissent par tout faire à ma place. Cela me donne encore plus l’impression d’être une incapable et d’être à côté de la plaque, car la plupart du temps, ils ne font pas les choses comme moi je les aurais faite. Je ne sais pas si ma façon de faire est mauvaise, mais en tout cas, elle n’est pas appréciée ici, personne ne souhaite me voir mettre la main à la pâte et on me le fait bien sentir. Mon seul rôle est de m’occuper de mon époux et de mes enfants et éventuellement de gérer les nourrices, encore que la gouvernante s’en occupe très bien. J’imagine que cela est en partie dû à l’état dans lequel j’étais à mon arrivée ici. J’étais enceinte et je risquais de perdre l’enfant, le Mestre avait préconisé du repos et ainsi, tout le monde a pris soin que ni les problèmes, quels qu’ils soient, ni les tâches du quotidien ne m'empêchent de me reposer. J’étais protégée de tout, et en même temps exclue de fait de tout ce qu’il se passait à la fois ici et sur le front dans le Conflans. Ils ne pensent pas à mal, ils font tout cela pour obéir aux ordres du Roi, me préserver et m’aider, je le sais, mais j’aimerais me sentir utile de temps en temps et ils ne semblent pas enclins à me laisser prendre la moindre initiative.

La Reine était un peu mélancolique.

__ Oui, absolument, je fais l'aumône, quelques pièces, une tourte, à chaque sortie je fais un don. Cela dit, je ne peux pas vider les caisses de Winterfell pour la population, je ne sais pas combien je peux dépenser. Peut-être pourrais-je leur demander, mais cela ne serait pas grand chose de toute façon. La construction de l'orphelinat pour les enfants des soldats disparus a été un gros investissement et la guerre est loin d’être terminée. Je dois prendre garde à ne pas dilapider l’argent, surtout ici où un mauvais été pourrait engendrer une famine sans précédent. Mais je verrais avec l’intendant ce qu’il est possible de faire et ce qui serait utile, se sera mieux que rien.

Bientôt, la née Tully passa commande chez le tanneur et Khayley en profita pour acheter un sac. La jeune mère hésita à le lui payer, mais son argent pouvait servir une cause plus noble et Lady Ardoise devait sans problème avoir de quoi payer un sac à sa servante. De plus, il était probable que cela lui fasse plaisir de lui offrir avec ces derniers plutôt que de se le voir payé par la Reine. Alors elle s’abstint et quitta l’étale en souriant. L’air se rafraichissait et ainsi, elle acquiesça lorsque sa compagne proposa de rentrer.

__ Vous avez raison, rentrons.

Bras dessus bras dessous elle prirent la direction de la puissante forteresse qui imposait sa grise stature sur la ville d’hiver. Il fallait qu’en arrivant, elle fasse prévenir l’intendant et des serviteurs d’aller prendre ses achats au marché, et bien sûr de les payer. Ensuite, elle commencerait à dessiner le pourpoint pour Jon, elle avait déjà des idées et cela la fit sourire de voir que même pour un vêtement qu’elle n’avait pas l’habitude de confectionner, son esprit se démenait déjà à trouver quelque chose d'original et d'élégant. Comme toujours, elle observait les tenues des personnes qu’elle croisait avec son œil affuté, regardant les couture, les éléments qui rendait chaque veste unique. Dans la cité, il y avait surtout des roturiers, rien de bien intéressant à voir par conséquent, mais dans Winterfell, elle aurait tout le loisir de regarder les tenues des hommes.

Eleanor raccompagna Kyhaley jusqu'à sa chambre et prit congé, promettant de se revoir dès le lendemain pour souper ensemble une fois Sigyn couchée.