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 Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé]

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MessageSujet: Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé]   Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé] EmptyJeu 9 Juil - 23:57

J’avais appris, à mes dépens, que l’absence de nouvelles était bien plus affreuse que les mauvaises nouvelles.

Yoren était trop secret vis-à-vis de ses manœuvres militaires, et bien trop entiché de son épouse pour que je puisse espérer soutirer des informations en attirant son attention ou en m'approchant de sa personne. Helena ne me portait guère dans le cœur et n’était malheureusement pas une commère - ou une épouse aigrie et déçue de son époux. Dès lors, je recevais les informations un brin trop tardivement, une fois que l’action était passée et que les vainqueurs et les vaincus étaient déterminés.  J’étais, encore et toujours, cette poupée extravagante qui se baladait dans un campement militaire, un lieu qui commençait à être un brin inapproprié pour une dame – célibataire, mariée, enceinte ou non enceinte – à mon humble avis.

Si cette situation était un tantinet frustrant, je n'étais pourtant guère surprise ou déçue vis-à-vis du couple royal. En vérité, ma colère était orientée vers d'autres figures : le Mestre, et ma Principauté. Le premier pouvait garder jalousement des lettres qui m'étaient adressés soit pour des raisons sournoises, soit par incompétence ou négligence. Quant à la Principauté, et plus particulièrement ma famille, la possibilité d'être "oubliée" n'était pas à exclure. Certes, j’avais demandé à ma sœur de ne point s’inquiéter à mon sujet, et nous nous étions séparés un tantinet à froid mais j’avais sincèrement espéré que ces longs mois auraient abouti à un échange chaleureux et régulier. Si ce n’est pas de Deria, ou d’Anders, j’avais eu plus d’espoirs de Roward.

Or rien. Etait-ce le silence que l’on infligeait aux oubliés et aux exilés ? Ou était-ce un silence d’un plus mauvais augure ? Deux questions qui occupaient bien de mes soirées, me condamnant à de longues nuits d'insomnies que je pouvais difficilement cacher avec le peu d'artifices à ma disposition. Et, lors d’une de ces nuits, une drôle d’idée était née dans cet esprit.

Je profitais de l’absence de mes deux serviteurs, Perle et Emris, dépêchés à une quelconque course pour m’extirper de la tente et offrir mon plus beau sourire à un garde que je connaissais : Talbert. Il avait été la première personne avec laquelle j'avais pu sympathiser lors de mes premiers jours passés à Pierremoutier et qui continuait à me suivre depuis, tant que Yoren n'exigeait pas sa présence ou sa force pour une quelconque mission. Il semblait être bon vivant, un tantinet comme moi. Dès lors, j’avais fait de grands efforts pour entretenir un lien amical avec ce dernier, lui offrant plus d’une fois du vin de Dorne pour l’aider à supporter la longue garde, en le gratifiant de mille et un sourires et rires à chacune de ses vantardises ou encore en écoutant tous ces récits - qu'il n'hésitait pas à répéter à plusieurs reprises.

- Puis-je abuser de votre gentillesse, et vous demander de m’accompagner pour une marche ? demandais-je.

Il n’était guère nécessaire de dire « Bonsoir » ou « Bonne nuit » tant la garde qu’on m’attribuait me quittait à peine des yeux, sauf si elle était appelée au combat. Toujours est-il qu’il y avait toujours une personne, au moins, à garder un œil sur moi. J’étais habituée à ce genre d’attention depuis ma plus tendre enfance, ou devrais-je dire depuis que j’avais mis pied à la cour de Lancehélion et que je devenais une jolie fille. Et pourtant, je n’étais guère à l'aise par ces regards étrangers : ce n’était pas mes gens qui me gardaient, mais des inconnus, qui obéissaient à un Roi qui n’était pas le mien. Si ce dernier désirait me décapiter, ils s’exécuteraient à n’en point douter.

- Vous devez être très fiers de ces victoires récentes, et successives, débutais-je. Entre temps, j’avais déjà fait quelques pas vers une direction quelconque. Est-ce que vous avez des traditions pour fêter de telles victoires ?



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Arianne Martell
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MessageSujet: Re: Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé]   Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé] EmptyDim 2 Aoû - 11:25



Talbert

Talbert est un soldat d'élite, un des Chevaucheurs du Crépuscule du Roi Yoren Hoare. Mais Talbert a eu une vie difficile, dernièrement. Blessé à diverses batailles dans le Conflans, il a vu la mort d'un peu trop près. Rustre et ivre, il a la langue bien pendue, aussi leste que son épée. Il a été placé devant les appartements de la soeur de la Princesse de Dorne, pour assurer la mission d'en protéger l'entrée sur ordre du Roi. Étant tous les deux à présent partis en campagne militaire, Arianne cherche à en apprendre plus sur le fonctionnement du camp, des hommes mais aussi de la guerre à venir.


Talbert s’enivrait d’alcool et gloire depuis plusieurs jours déjà. On lui fit d’ailleurs la remarque, dans cette même journée, ou bien la veille… Ou l’avant-veille, peut-être… Le bon soldat aussi brave qu’ivrogne avait perdu la notion du temps, si bien qui ni lui ni ses compagnons ne se souvenaient de quand il fut sobre, et de quand il n’avait pas son épée en main.

Le soldat expérimenté avait vu de belles batailles, gagné certaines, perdu d’autres, mais auprès du Dieu Noyé, il pourrait conter ses histoires les plus folles. Les récentes batailles qu’il gagna avec ses hommes n’étaient pas les plus décisives ou les plus impressionnantes, mais elles s’ajoutaient à son impressionnant palmarès. Il avait soif de vin et de sang, et dans l’état dans lequel il était la plupart du temps, il pourrait bien confondre les deux. Initialement, les hommes et les femmes des îles de fer boivent surtout de la bière, mais hypocrites seraient ceux disant qu’ils ne profitaient pas du rouge breuvage lorsqu’ils pillaient, à l’époque, les côtes du Bief.
Les relations avec le Bief s’étaient depuis adoucies, et ce n’était plus de l’ordre de la nouveauté… Alors Talbert assuma pleinement son amour pour le vin, bien que ce jus délicat soit encore sujet à moqueries chez les plus gaillards soldats des îles de Fer.

Une fois de plus, ce soir-là, Talbert était de garde. Les nuits étaient courtes, la plupart du temps, aussi avait-il appris à fréquenter les bonnes personnes, du moins s’en persuadait-il. Cette nuit là encore, il était avec deux autres hommes, dont il avait oublié les noms, mais qui avaient une bonne descente. Le premier, au crâne chauve et luisant, n’était rien d’autre qu’un tas d’os. Il buvait vite, mais mal, et vomissait régulièrement. Le second était un jeune garçon, mais déjà bien farci à en juger son embonpoint. Il avait les joues rondes et parsemées de poils rebelles qu’il qualifiait de barbe, même si Talbert se vantait d’avoir des poils plus gracieux sur son engin. Ensemble, les trois riaient bien, à gorge déployée, lorsque le dégarni ne déglutissait pas, du moins. Une euphorie les emportait, et Talbert expérimentait cela chaque soir, alors que son esprit voulait se remémorer les camarades qu’il avait perdu au combat. Glisser les sombres idées sous un tapis imbibé d’alcool, Talbert savait le faire, mais un jour, celui-ci finira bombé, et les mauvaises pensées finiront tôt ou tard par resurgir ou se voir de l’extérieur.
Il fut un instant seul, dans le début de la soirée, cependant. Tous les trois avaient déjà bien bus, et le chauve devait évacuer l’alcool par la bouche, tandis que l’autre s’était éclipsé pour se vider par l’autre extrémité.

C’était à ce moment-là que Talbert perçut un parfum qui lui était familier. La belle captive surgit dans son champ de vision, et aussitôt, Talbert lui sourit maladroitement.

- Tiens donc, la p’tite princesse de Dorne !

La femme frêle venue du sud, qui ressemblait à une grue gracile, lui demanda de l’accompagner pour… Une ballade… Semblait-il… Talbert entendait les mots comme s’ils tanguaient, à moins que ce ne soit lui qui tangue… Peut-être les deux.

- Vous accompagner ?! S’écria-t-il. Mais bien sûr, avec plaisir ! Ici, y’a que des ivrognes, dit-il, et ils sont de bien mauvais compagnons, ironisait-il, sachant pertinemment que lui-même n’avait pas fière allure.

Les deux entamèrent une marche au rythme lent, ce dont Talbert n’avait pas l’habitude. On eut dit que la jeune femme se baladait comme au sain de la cour de Lancehélion, juste pour se dégourdir les jambes. Elle ne devait probablement pas se rendre compte qu’elle faisait plus tache dans le Paysage par son allure que par son accoutrement. Cependant, Talbert appréciait sa compagnie. Il eut déjà l’occasion d’échanger un peu avec elle, et malgré ses airs de petit oiseau, elle était une bonne vivante, et savait autant s’amuser que lui. Avait-elle aussi des plaies à cacher sous une apparente jovialité, ou était-elle conditionnée à rire et sourire à toutes occasions pour plaire à sa Cour ? Talbert ne sut y répondre, pour une simple raison : le seul roi qu’il connaissait jusque là n’avait que faire des formalités de nobles.
La jeune femme entama la discussion sans plus attendre, ce qui surpris Talbert, qui était un tantinet aviné. Elle semblait pressée malgré sa lente marche.

- Si je suis fier ?

Talbert trouvait la question bizarre, car presque rhétorique.

- Beh ! Evidemment qu’je suis fier, quelle question ! Répondit-il en riant de bon cœur. Vous ne le seriez pas, vous ? Et pour fêter ça, effectivement, on a quelques traditions, mais je ne suis pas sûr que cela convienne à une petite princesse telle que vous !

Talbert se frotta la lèvre avec son coude pour essuyer une goûte de vin. Sans s’en rendre compte, il avait repris quelques gorgées.

- Aaaargh ! Le vin Bieffois est à la subtilité ce qu’est le vin Dornien au caractère ! Je me souviens encore du jour où vous m’avez fait goûter votre vin de chez vous. Quand certains appelleraient ça de la piquette, moi, je le qualifierais plus de… Friandise ! Voilà, c’est ça !  Une petite friandise ! Il vaut le vin Bieffois, nul doute !


Il rebut encore derrière, presque compulsivement, ce vin qui provenait du Bief.

- Et vous alors ? Enfin … Pas "vous", mais vos hommes, les Dorniens ? C’est quoi leurs trucs qu’ils font après une bataille ? J’ai entendu dire que vos soldats étaient parmi les plus imprévisible de tout Westeros, surtout en terrain connu ! Sur vos terres, vous êtes imbattables ! Pourtant, récemment, vous les avez succédé les mauvaises décisions… D'abord le mariage de … C’est vot’frère ou vot’père … ? Avec la princesse, enfin, la Reine, maintenant, de l’Orage … Bizarre de vouloir se marier avec une femme qui tient une épée et manie la dague… ‘Pas que ça me dérangerait, hein. Mais bon, autant s’marier avec un de mes compagnons de bataille ! Et ensuite, vous avez accueilli le conquérant venu d’Essos… Ensuite.. Ensuite… J’avoue m’être perdu en ch’min. Avec qui faites vous copain-copain maintenant, à Dorne ? Euh… Attendez… Non, d’abord, répondez moi à ma première question… Je parle beaucoup, je suis désolé… Heu… Dites-moi, quelles sont vos coutumes, après une victoire ? Voilà, c’était ça la question !

La langue de Talbert ne semblait décidément pas vouloir cesser de fonctionner, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il pouvait vexer Arianne Martell, et là n’était pas le but, évidemment. Il s’avoua à lui-même à cet instant précis que des alliés comme les Dorniens pouvaient venir et s’en aller, mais heureusement pour eux, ils avaient une assurance, et elle se trouvait devant lui.

- Avant d’répondre… Pardonnez-moi pour tout ce que je viens de dire. Je parle avec une maladresse de saoulard, et la fatigue pèse. Je vous laisse parler, à présent.

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MessageSujet: Re: Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé]   Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé] EmptyLun 24 Aoû - 21:40

Je ne me départis pas de mon sourire lorsque Talbert fait preuve, une fois encore, d’un manque cruel de manière et de délicatesse. Cette longue captivité m’avait rendu à la fois insensible à la bêtise des hommes, qu’ils aient ou non une gourde de vins entre les mains, et nostalgique des hommes de la Principauté. Ils savaient parler à une conseillère de leur Princesse, eux. Ici, je ne représentais guère plus qu’un trophée de guerre et un caprice de leur Roi.

Cette patience n’était pas uniquement due à une certaine fatigue et nonchalance développées à force de fouler ce sol boueux ou traîner sur dos de cheval d’un point A à peine découvert à un point B inconnu. Non, j’éprouvais également une forme de sympathie à cet homme avec qui je nouais des liens amicaux, il semblerait. Je lui pardonnais donc ses manières maladroites, comme son amour des boissons ainsi que cette fâcheuse tendance à se vanter de trop.

Je devais admettre que j’avais été un brin timoré de prime abord de côtoyer des hommes ivres dans ce campement. Une méfiance et une timidité balayée d’un revers lorsque je compris que c’était chose commune au sein d’une armée et qu’il n’y avait nulle réelle échappatoire, si ce n’est la tente de la Reine. Or, j’étais lasse de côtoyer l’épouse – enceinte – de mon ancien amant : consciemment ou inconsciemment, on mettait la patience de l’autre à mal très facilement. Et surtout, en raison de sa condition, elle n’avait pas grand appétit ni grande soif. En somme ses hommes étaient une meilleure compagnie …

- Les hommes devraient se battre autour du vin que dans des champs de bataille. Je ne doute pas que ce serait un grand plaisir pour tout le monde, soufflais-je, amusée par la comparaison. J’imaginais, un court instant, ce fameux concours de boissons, listant déjà de fous critères. Une douce rêverie que seul Talbert avait le don de m’offrir.  

Et puis, l’homme interrompt ces pensées légères et enfantines pour me rappeler brutalement et violemment à la réalité, brisant une à une chaque verrou de mon cœur, libérant des émotions que j’ai à dompter jour après jour, et nuit après nuit, pour ne pas devenir folle. Les mauvaises décisions avaient été bien trop nombreuses pour pouvoir les compter sur les doigts d’une main.

La première erreur avait été de ne pas retrouver le coupable – ou les coupables – de l’empoisonnement d’un père et d’une grand-mère, et de se lancer dans une guerre. La seconde erreur avait été de faire bien trop confiance à Deria, et à ses décisions, sans avoir fait une opposition claire et nette. La troisième erreur avait été de m’être laissée guidée par des sentiments stupides, et permettre à Yoren de commettre son crime – me discréditant par la même occasion. La quatrième avait été ces deux mariages avortés, ou encore le dédain incompréhensible de ma sœur vis-à-vis du statut de bâtard légitimé d’Orys : n’étais-je pas, moi-même, une bâtarde légitimée ? Et puis, toutes les erreurs cumulées lors de décisions militaires, qui avaient conduit à perdre les Montagnes Rouges et la confiance de grandes et nobles familles dorniennes, comme la famille Noirmont.

« Avec qui faites vous copain-copain maintenant, à Dorne ? ». En voilà une bonne question ! Qu’avait donc ma sœur en tête ? Et qui était autour d’elle pour lui faire entendre raison ? Je n’avais pas reçu de nouvelles de ma fratrie depuis de longues semaines et, inversement, je n’avais rien écrit. Mes lettres étaient assurément surveillées – voire lues – et je me refusais de me livrer à un quelconque simulacre de courtoisie ou de rester à ma faim avec des lettres superficielles.

La migraine reprend et mon cœur s’enflamme à nouveau. Dans ces instants, je n’avais qu’un désir : faire fi de ce maudit traité de Boycitre, et rejoindre la Principauté par mes propres moyens. Un projet fou dont les limites et les dangers étaient trop nombreux. L’élite de l’armée de Yoren me rattraperait avant d’avoir parcouru un lieu. Si, par miracle, j’arrivais à m’échapper, je m’exposais au danger des zones de conflits ou de pillages. Et puis, pour finir, je n’avais aucune connaissance de ce « terrain » et de ce pays, que ce soit sa faune, sa flore ou les animaux : comment me sustenter, ou où dormir ?

J’étais coincée. Et j’avais à subir la moquerie désobligeante de mes geôliers. Talbert n’était pas le premier, et encore moins le dernier, à me rappeler constamment les erreurs de la Principauté. Un rappel si incessant que j’en étais venue à une seule et unique conclusion : Deria avait-elle réellement les épaules pour diriger Dorne ? Et, plus important, pourrait-elle redresser la situation et être à nouveau acceptée par les siens ? Ou, au contraire, était-elle engagée dans une voie sans issu ? Selon les réponses à ses questions, les vies de Roward et Anders étaient également en jeu. Si l’idée de perdre une sœur était difficile à accepter, celle de perdre toute ma fratrie m’était tout bonnement inconcevable.

Subitement, je me sentais étouffée et je ne tarde pas à me débarrasser de cette cape épaisse qui me protégeait de la fraîcheur de la nuit.

- Votre affront est bien trop grand, pour que je me contente d’une simple excuse, répondis-je, le ton tremblant. Je n’avais pas pu le rendre aussi ferme que je l’aurais voulu. Cependant, le tremblement n’était pas dû en raison du froid ou de la peur. Non, j’étais pleine de rage, et j’étais incapable de dissimuler cette émotion davantage. Quant à la position de Dorne, ma présence ici même en qualité d’otage, à subir les moqueries des uns et des autres, n’est-il pas une réponse suffisante ? Auriez-vous déjà oublié que je ne suis pas une vulgaire femme commune mais la sœur de la Princesse ?

Je me tais quelques secondes, pour reprendre parole.

- Quant à votre première question, les hommes sont les mêmes partout. Vous fêtez avec des femmes, jusqu’à rendre malade votre panse et votre … intimité.

Et je continue ma marche, regardant à peine si l’ivrogne me suit ou non.



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MessageSujet: Re: Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé]   Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé] EmptyMar 20 Oct - 17:52



Talbert


Il souffla en se vidant les poumons, laissant s’échapper une vapeur épaisse à l’odeur de vin. Il ne sut s’il était agacé de la jeune princesse ou de lui-même. Tout saoul qu’il était, il se rappelait précisément de la fois où il l’avait rencontré, et ce jour-là, il n’avait nul doute sur le fait qu’il l’appréciait. Guidé par ces souvenirs, il décida de la laisser parler, l’écouta, et la laissa lui tourner le dos un instant. Il vit la princesse s’éloigner doucement, avec une certaine grâce, même si elle dégageait une aura de rage qu’il n’avait que rarement vu. Il songeait, fixant sa gourde presque vide mais bientôt pleine. Il observa autours de lui les yeux d’autres soldats, qui avaient détourné leur regard vers la princesse rouge de colère… Enfin, il reprit ses esprits et inspira un grand coup, dans l’espoir avorté de diluer sa panse pleine d’alcool avec de l’air frais puis la rattrapa.

- Princesse. Vous vous trompez. Vous pensez savoir qui vous êtes, votre rôle, mais vous l’ignorez encore.

Son ton se voulait bienveillant, pour autant, il n’avait aucune envie de bercer la dornienne d’illusions.

- A Dorne, traitez-vous vos otages d’une telle manière ? Si vous les habillez de soie et de peau de vison, alors je veux bien être votre ennemi juré et me rendre à Lancehélion. Par contre, nous, on n’les traite pas comme ça, nos otages. Nous payons nos dettes au Fer prix. Les hommes pillent, violent, tuent.  Il est bien rare que nous gardions des otages, et quand nous le faisons, nous nous assurons que leurs corps entiers s’en souviennent. Vous, à part de petites engelures à cause du froid, vous ne risquez rien !

Talbert usa de la sympathie qu’il ressentait envers la princesse pour lui faire comprendre la réalité "en douceur". Elle peut blesser, mais comme le ferait du feu sur une plaie purulente.

- Regardez donc autours de vous. Vous n’y voyez pas votre Cour avec vos larbins vous faisant des courbettes à chaque fois que vous flatulez, certes. Vous y voyez des hommes, des îles de Fer, ouais, mais des soldats comme vous en croiserez partout. On est fiers comme des coqs, mais celui qui dira connaître l’issue de cette guère est un putain de menteur. On n’est pas futés, en tout cas les simples soldats, mais on sait qu’un p’tit détail, une seule p’tite personne peut faire pencher la victoire d’un côté. On se bat comme des hommes, mais qu’on s’le dise, on est tous aussi trouillards que des gosses. Voyez-vous un peu plus clair ?

Talbert articula, bien qu’il ne fût pas aidé par son ivresse. Il se voulait le plus clair possible.

- Non, vous n’êtes pas un otage, madame. Vous êtes une garantie. Vous êtes "Dorne".

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MessageSujet: Re: Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé]   Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé] EmptySam 31 Oct - 12:28

Loin de se faire pardonner, et malgré un ton qui se voulait sympathique, Talbert attisait davantage ma colère. Cependant, la mienne n’était pas brûlante et destructrice comme celle de mes frères ou de ma sœur : elle était froide et discrète, attendant patiemment le moment opportun pour être tranchante. L’homme d’arme avait brisé cette maigre confiance et sympathie que j’avais à son égard et, par extension, pour certains de ses compagnons. Je n’avais pas grand espoir qu’il me comprenne mais j’avais naïvement cru qu’une amitié s’était construite entre nous, et qu’un respect mutuel régnait. Je m’étais leurrée : Sand je suis née, Sand je restais.

Maladroitement, il tente de se justifier mais, en réalité, il s’enfonce et il nourrit davantage le ressentiment que j’ai à son égard ainsi qu’à ses Souverains. Il dit que j’ignore qui je suis, ou encore mon rôle, clamant haut et fort de son ton bourru que je suis Dorne. Je le pensais aussi et je m’étais enfermée dans cette illusion noble que j’avais une importance aux yeux de ma fratrie ou de celle qui me retenait otage. Voilà une bien belle et grossière erreur.

Si j’étais Dorne, son peuple se serait soulevé avec sa Princesse et ses Princes pour récupérer chaque parcelle de terrains et chaque otage détenu, le Roi Yoren Hoare me traiterait avec bien plus d’égard qu’un trophée de guerre à exhiber avec vanité et j’aurais avec moi des gens de confiance – et non isolée au milieu d’étranger. Par ses insultes, Talbert venait de me réveiller d’une longue léthargie, me rappelant bien des scènes de mon passé : les humiliations constantes de feu ma belle-mère, les rares mais dures paroles de ma grand-mère, la passivité et son amour discret à mon égard de mon père, l’absence de ma mère, les convictions de ma sœur – se sentant humiliée d’épouser un bâtard, alors qu’elle m’avait toujours dit me considérer comme sa sœur et non comme une bâtarde indésirable –, ma participation complice au massacre de Hautjardin et de la mort de nombreux innocents…

La colère qui bouillonne en moi depuis des années forme, petit à petit, quelque chose : une idée, ou plutôt une certitude. J’inspire profondément, appréciant cet étrange sentiment de « liberté ». Un jour, grand-mère m’avait dite que je ne pourrais pas prétendre être une Martell, si je ne changeais pas. J’avais cru, bêtement, que j’avais à nouveau à adopter une nouvelle personnalité, à me montrer conciliante et adorable et charmante pour glaner un soupçon d’amour et de respect … J’avais tenté différents masques et costumes. J’avais continué ma mascarade, alors qu’en vérité, elle me demandait d’arrêter.

Insoumis, comment l’être si on se pliait aux volontés de l’autre pour obtenir des piécettes de reconnaissance ?
Invaincus, comment se déclarer vainqueur si on acceptait passivement chaque revers du destin sans se relever et sans combattre à nouveau ?
Intacts, comment le rester si on est esclave de l’autre ?

Enfin, je comprends ce que j’ai à faire : Vive comme je l’entends et non selon les règles imposées par d’autres.

- Nous sommes tous fatigués, Talbert, par ces longues marches et ces récentes batailles. Quant à moi, les miens me manquent et je n’ai guère de nouvelles de leur part. Je m’inquiète beaucoup pour eux. Moi aussi, j’ai très peur. Je pense que c'est à cause de ça, que j'ai agi avec une telle impulsivité, et que j'ai manqué de reconnaissance envers vos Souverains pour la bonté dont ils font preuve quant à mon traitement. Je suis traitée comme ils me l'ont promis, en invité d'honneur de la Principauté. Je suis Dorne, une garantie, comme vous l'avez si bien dit et j'ai failli jeter une ombre avec une attitude aussi capricieuse. Heureusement, je peux compter sur des hommes francs et de confiance, comme vous, pour adoucir ma solitude et mon séjour.  

Ma voix était calme mais mes traits sérieux. Je ne pardonnais pas, je ne pliais pas pour obtenir de la sympathie – comme d’ordinaire – mais pour un projet plus grand, et qui me tient à cœur. J’allais donc jouer, en usant et en abusant de tous ces mimiques et de ces jeux d’acteurs que j’avais acquis avec le temps dans la Cour de Lancehélion sur ces hommes qui avouent être un brin trop stupides pour ce genre de choses.

- Faisons donc la paix, autour d’une coupe. Vous me raconterez tout de ces batailles que vous avez  ou de ces héros de guerre de vos contrées !

Au loin, je vois un feu de camp avec quelques hommes rassemblés. J’attends de voir ce que l’ivrogne va proposer.



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Talbert

La résolution de cette dispute était on ne peut plus rapide, et c’était quelque chose auquel Talbert était peu habitué. En général, les femmes lui tournaient le dos en s’assurant de cultiver leur hargne, et les homme foncaient tête baissée vers les insultes ou la bagarre. Talbert était cependant bien trop soul pour se douter que quelque chose clochait réellement. Pour lui, la princesse était seulement apte à écouter puis à s’excuser. Cela était peut-être dû à ses coutumes dorniennes ou à sa prestance royale. Talbert semblait dans tous les cas satisfait de ce cours échange.
- Le temps cicatrise les plaies madame. Les fer-nés paraissent rustres parfois mais tout le monde s’y fait, répondit-il.

La princesse proposa enfin de discuter plus sereinement autours d’une coupe de vin. L’alcool rassemblait, Talbert était bien placé pour le savoir. Il se souvenait bien de la descente de la princesse, assez surprenante pour sa carrure, et avait hâte de voir cela de nouveau.
– Bien sûr, et avec plaisir ! Je n’vais pas cracher sur une petite coupe ! Ca me changera de ma vieille gourde, et de mes vieux copains !  

Les deux se posèrent en effet devant une coupe pour le restant de la nuit. Talbert n’était pas à son poste, mais cela était peu grave. S’il gardait un œil sur la princesse, il était autorisé à festoyer. Il valait mieux boire un verre accompagné d’Arianne Martell de toute manière.
La soirée se passa. Les heures passèrent, mais cette fois-ci, tout semblait différent de la dernière fois. Talbert ne décuva pas pour autant.

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 Feu de joie, Feu de vérité [Tour VIII - Terminé]

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