L’Ouest a connu des lendemains plus heureux. Les adieux au Roi Loren à peine prononcés, la Guerre à peine déclarée, il convient désormais d’aller de l’avant. Westeros voit la guerre poindre de partout et l’Ouest est convié à la table des participants. La jeunesse du Roc est passée de l’insouciance à la gravité, de la sérénité à l’inquiétude. Gareth endosse sa tunique de Grand Maître de l’Ouest aux couleurs sang et or. Cette discussion entre jeunes gens de la même génération est importante, ce qui rend ce moment relativement solennel. Son arrivée dans les appartements privés de Jeyne et Lyman est sobre. Il a déjà une idée de ce qui l’attend mais ce n’est définitivement pas dans sa nature d’afficher une quelconque affliction. Megara, Lyman et Jeyne prennent place avec lui autour de cette table sur laquelle est disposée une carte. Les mets froids, ce ne sera pas pour tout de suite tant il y a matière à parler. Le jeune Kenning ne connaît rien de ce jeu des trônes. Il connaît peu la guerre, ce qu’elle engendre sur le terrain et dans les esprits. Il ne rebrousse pas chemin malgré tout. C’est dans sa nature d’être pleinement investi pour son royaume, même dans l’adversité. De toute manière, qui peut lui reprocher son manque d’expérience ? les hommes plus âgés, ceux qui ont connu la guerre comme Loren, ne sont pas nombreux à être encore de ce monde…Et ont-ils encore la volonté, l’ardeur pour se battre ? Certaines maisons pourraient être timorées à l’idée de voir l’Ouest affronter les forces de Empire.

La Reine prend la parole en premier et introduit les débats. Elle ne se perd pas dans d’infinis détails tant son approche est directe, celle-ci amenant même Gareth à soulever brusquement ses sourcils. Si les réunions comme celles-ci se poursuivent sur une ou deux décennies, l’homme né à Kayce verra bien quelques mèches blanches apparaître dans sa chevelure élégante et soignée tombant sur sa nuque. Il lui faudra également une certaine ténacité d’esprit pour tenir tout le long de cette réunion tant les responsabilités liées à la paternité impose au chevalier de répondre au moindre besoin exprimé par la Princesse Megara ou leurs enfants. Sa bonhomie et sa jeunesse parviennent à dissimuler quelque peu les stigmates des nuits précédentes qui ont pris forme sous ses yeux, noircissant légèrement dans le même temps son regard bleuté. Sans compter son rôle de Grand Maître de l’Ouest qui peut l’amener à être sollicité assez souvent que ce soit par des correspondants à travers le royaume ou par la Garde Castral Roc. Car il n’est pas que question de la sécurité de ses enfants et de son épouse, voire même de la noblesse vivant dans la forteresse de Castral Roc. Non, il s’agit d’un royaume entier pour lequel il est le visage de celui qui est censé apaiser les inquiétudes. Malgré tout cela, son esprit dessine déjà les contours d’une réponse. Une réponse construite en plusieurs fois, à chaque moment où l’homme a dû garder l’œil ouvert ces derniers temps. Il n’est donc pas venu ici sans idée en tête. De là à ce que ses amis de longue date, Jeyne et surtout Lyman, et son épouse, Megara, se montrent favorable…il n’en a aucune idée tant tout ceci est nouveau.



(La partie hide de ce post également dans les coulisses de l'Ouest, pour ceux qui n'ont pas encore RP ici. )

Fuir ses responsabilités et se montrer en-deça de son rang n'étaient point des habitudes de la jeune femme, et elle n'aspirait non plus en rien à y succomber un jour. Après tout, elle avait été élevée et éduquée pour savoir où était sa place et donc, pour l'occuper du mieux possible. Avec des parents comme les siens, et surtout avec une mère comme la sienne, si l'erreur était permise, elle ne devait pas se reproduire, et il fallait en tirer conséquences et responsabilités, tout en en tirant des leçons suffisamment bénéfiques pour qu'on ne vous y reprenne plus. Et même si, aujourd'hui, sa trajectoire initiale, celle-là même qui avait été tracée au jour de sa naissance, s'était quelque peu retrouvée déviée, la conduisant à épouser un noble et proche de son frère plutôt qu'un prince ou un roi étranger, Megara continuait de tenir son rang. Et de ne point être une Princesse dont on attendait rien de plus qu'elle soit jolie, sache sourire et tenir le verbe aux courtisans. En temps que sœur du monarque régnant, elle se devait de lui tenir conseil dès lors qu'il en ressentait le besoin ou lui en faisait parvenir la nécessité. Sans parler de cette close dans son contrat de mariage, qui la tiendrait responsable de la régence et de la gestion du Royaume jusqu'à la majorité de son neveu, si malheur devait survenir aux parents du petit Martyn. Là où, également, elle avait repris quelques unes des charges jusqu'à là tenues par son frère, et particulièrement la Gouvernance de la Banque Lannister. Ce qui n'était pas rien. Mais si, d'ordinaire, elle ne se faisait pas prier pour se plier à ses responsabilités, et qu'on ne la voyait pas traîner la patte pour s'en occuper, aujourd'hui était un peu différent. Elle avait mal dormi, ne sachant trouver la position adéquate pour parvenir à respirer sans écraser son ventre qui continuait de s'arrondir, et sans étouffer sur son oreiller et sous ses couvertures. Sans parler de ses nausées intempestives, quand il ne s'agissait pas de fausses alertes qui l'obligeaient tout de même à devoir se lever, au risque de réveiller son époux, ou, pire encore, leurs fils. Car les jumeaux n'étaient pas venus seuls en ce monde pour rien : ils agissaient et réagissaient si souvent d'un commun accord, ou comme un seul poupon, que cela devenait très compliqué si vous réveillez l'un d'entre eux en espérant ne pas voir l'autre se réveiller. Alors, elle aurait préféré rester au lit, ce matin, et elle s'en sentait honteuse. Honteuse et égoïste, car il s'agissait d'une entrevue entre le couple royal, son époux et elle, auxquels se rajouterait Lord William Potter, si elle avait bien compris. Et cela concernerait un sujet qui était autrement des plus importants. Alors elle avait serré les dents et ravalé les remontrances qu'elle voulait s'administrer à elle-même concernant sa volonté initiale en totale contradiction avec ses devoirs. Tout en espérant que personne ne remarquerait rien aux cernes qu'elle avait essayé de dissimuler sous son teint, et à ses joues qui marquaient un peu plus l'arête de ses mâchoires. Même si, évidemment, Gareth, lui, ne pourrait être dupe, vivant au plus proche d'elle tout ceci.

Fort heureusement, elle sent qu'elle peut d'ores et déjà compter, d'emblée, sur la bienveillance et l'affection de ses proches, tant en provenance de son époux que de son frère. Ce dernier l'honore d'un tendre baiser fraternel sur le front, auquel elle répond avec un sourire doux mais néanmoins vif, là où il n'y a aucun doute possible concernant son amour pour Lyman, rien que dans la lueur de son regard. Quant à Gareth, elle n'a point besoin qu'il la tienne physiquement tout contre lui pour savoir qu'il sera là et saura quoi faire si elle en ressentait le besoin. Peut-être même agirait et réagirait-il d'instinct, de par le lien et la connivence qui se tissaient entre eux depuis leurs noces. Quoi qu'il en était, c'était auprès de lui qu'elle se tenait, suffisamment proche pour ressentir sa présence et sa chaleur près d'elle, mais suffisamment éloigné pour qu'elle n'apparaisse pas comme devant obligatoirement s'appuyer sur lui pour savoir tenir et se tenir. Mais tous trois, avec Jeyne, sont tout de même bien plus vifs qu'elle, qui a encore un peu la tête à sa nuit agitée, et qui se préoccupe de ses fils, imaginant le pire de ce qui pourrait leur arriver, tant par sa propre psyché que par les risques soulevés par sa reine et belle-sœur.

Parfois, ce n'étaient ni le rang ni le sang qui faisaient l'honneur et le prestige. Ou tout du moins ne pouvaient-ils pas toujours permettre d'acquérir la plus glorieuse des réputations, surtout en temps de guerre. A dire vrai, nul ne savait trop d'où venait Lann le Futé, quelles étaient ses origines généalogiques, et quel glorieux sang coulait exactement dans ses veines, tous les récits à ce sujet n'étant pas d'accord les uns avec les autres, et tout ceci étant survenu à une époque où, visiblement, les Mestres n'étaient pas des plus pointilleux quand au degré de détails et de précisions de leurs écrits. Mais personne, dans l'Ouest comme ailleurs, ne pouvait nier que Lann le Futé ait eu une destinée glorieuse et prestigieuse, royale, même. On ne savait d'où il venait et ce qu'il avait fait, avant, mais il n'y avait aucun doute quant au fait qu'il était parvenu à s'adjuger la Couronne des Terres de l'Ouest, par quelque stratagème futé et rusé, pernicieux, peut-être aussi, mais c'était tout de même la finalité qui présidait : sans prétention sur le trône, il était tout de même parvenu à s'y asseoir, et c'étaient ses descendants qui y siégeaient encore. Megara, Lyman, et aujourd'hui Martyn et les jumeaux étaient au nombre de ces Lannister qui continuaient de présider sur la destinée du Royaume, de façon plus ou moins directe. Si Lyman était Roi et que Martyn était son héritier, la jeune femme et ses deux fils, eux, venaient à la suite, dans le rang de succession, Cadwyn et Tybalt avant leur mère. Et Megara occupait un poste de choix au sein du Conseil, se faisant et se devant d'être auprès de son aîné pour le soutenir et le conseiller. Elle savait que cette position, elle la devait en premier lieu à son titre et à son sang, sans réellement avoir de problèmes avec cela, dans le sens où elle se savait avoir été élevée et éduquée pour ne point faillir au premier accro. Mais elle n'avait qu'à poser ses yeux noisettes sur son époux pour voir et savoir que le Conseil ouvrait ses portes aux plus méritants également, qu'ils soient de sang royal ou non. Et sans que cela n'ôte l'importance des Lannister, de leur lignage et de leur sang. Il était même fondamental que les Lions demeurent unis et soudés, que les plus anciens prennent soin des plus jeunes. Même s'il était encore assez amer pour la jeune femme de constater qu'elle figurait désormais parmi les premiers, là où, encore récemment, elle était de ses lionceaux bénéficiant de l'aura et de la protection de ses aînés ... Le temps passait et allait, et l'existence n'était point vierge de rebondissements et de sauts majeurs vers l'inconnu. Dès lors, il était tout autant évident pour elle de mettre ses connaissances et ses compétences au service de son royal frère et, plus largement, au service de la Couronne, que d'offrir le serment de protéger et de défendre son neveu tout comme s'ils étaient lui aussi l'un de ses fils. Il n'y avait aucune arrière pensée intéressée ou manipulatrice dans tout cela, Megara ne pouvant guère se plaindre des responsabilités qui lui avaient été adjugées depuis l'accession sur le trône de Lyman, et elle pouvait continuer de bénéficier de milles et une facilités et passe-droits depuis sa naissance, sans que le changement dans la dynastie n'y ait changé quoi que ce soit. Pour ainsi dire, elle était même quelque peu monté en grade, là où, bien entendu, malgré l'affection et le respect qu'elle portait à son aîné, elle aurait mille fois préféré pouvoir encore servir son père en tant que Roi ...

L'entrée de Lord William Potter fut presque comme une césure appréciable, pour Megara, quant à continuer de laisser son intellect et ses pensées fuser en tous sens. Elle ne pouvait cependant que se dire que le jeune Lord, qu'elle commençait à connaître de mieux en mieux, n'était sans doute pas le plus à son aise, actuellement, et qu'il pouvait même s'agir d'un des instants les plus stressants pour lui. Ce qui la poussait à lui offrir le plus doux des sourires, en espérant qu'il le perçoive, le tout pour le rassurer et lui faire comprendre que nul ne viendrait le manger. Ou peut-être seulement Lyman, qui allait déjà droit au but, sans ambages. Mais le ton n'était en rien menaçant, et elle savait que Lord Potter était bien plus fort et résistant qu'il ne le pensait lui-même. Il avait, après tout, traversé une terrible épreuve tout en s'en relevant, là où il avait désormais repris en main la gestion et la gouvernance des terres et du fief familial, le tout en ayant obtenu justice auprès de la Couronne. Tendant finalement une main en direction de son verre, elle en but une gorgée, uniquement faîte d'eau, comptes tenus de cette nouvelle grossesse que Gareth et elle n'avaient cependant pas encore rendue officielle auprès de qui que ce soit. Posant les yeux sur son époux, sans doute voulut-elle partager un bref instant à deux, ne serait-ce que par le regard, à moins qu'elle n'échange, silencieusement, quelque plaisanterie mutique et complice avec le jeune homme quant au sérieux et à la visée directe de son frère, tel qu'il savait déjà le faire, enfant.

Pour certains, politique et diplomatie n'étaient que d'énièmes jeux où l'on faisait se mouvoir des pièces, des statuettes ou tout autre token censé symboliser quelque chose, quelqu'un, ou un ensemble de choses et de personnes. Peut-être était-ce plus simple de voir et de percevoir ainsi ces deux grands piliers de la gestion d'un royaume ou, à plus petite échelle, de la gestion d'un fief, quels que soient sa taille, son prestige et sa puissance. Peut-être était-ce plus simple de détacher la dimension humaine et de faire comme si des vies n'étaient pas en jeu, et comme si on ne jouait pas à faire et défaire la destinée d'autres que nous. Mais Megara n'adhérait point à une telle vision des choses, et aussi tolérante et ouverte d'esprit qu'elle pouvait être, elle avait tout de même toutes les peines du monde à comprendre comment on pouvait suivre un tel raisonnement sans se sentir coupable ou sans coeur. Mais il fallait de tout en ce monde, et tous n'étaient pas tels qu'elle. Sans parler du fait que certaines de ces personnes savaient être bien plus ouvertes et humaines dès que l'on abordait d'autres sujets. C'était peut-être une façon pour elles de se barricader derrière quelque prétention, de se ranger derrière un bouclier détaché censé les protéger des répercussions et leur facilité la tâche ? Car, après tout, lorsqu'on prenait en compte tous les tenants et les aboutissants, quand on s'ouvrait à toutes les données qui pouvaient intervenir, on se mangeait en pleine figure une foule de cas de conscience, d'hésitations et de décisions qui vous arrachaient une partie du cœur, car combler les uns revenait forcément à décevoir les autres. Et qu'il n'y avait jamais de solution idéale où toutes et tous en sortaient gagnants. Là où les jeux habituels, de ceux qui ne revêtaient à rien d'autre qu'à se détendre et à passer un bon moment avec des proches, sans aucune incidence sur la vie réelle, revêtaient eux aussi cette dimension cruciale de victoire : pour gagner, il fallait faire échouer quelqu'un d'autre, là où le vainqueur couronné triomphait finalement toujours d'un ou plusieurs adversaires venant d'être défaits. Très tôt, la jeune femme avait goûté à cette dure et âpre réalité, et le moins que l'on pouvait dire, c'était que l'amertume et l'acidité lui dévoraient toujours les lèvres et l'esprit, à chaque instant où son rang et son rôle l'amenait à devoir prendre part à des discussions ou à des décisions à enjeux un temps soit peu conséquents. Alors elle s'attachait à toujours être la plus efficace possible, bien qu'elle était toujours consciente que cela requérait d'elle qu'elle prenne sur elle et accepte d'être quelque peu heurtée, quoi qu'il arrive. Elle savait cependant que ceux qui la connaissaient savaient à quel point, même dans ses silences, elle n'était pas détachée et ne cherchait pas à être ailleurs. C'était juste que, plus simplement, quand on sait à quel point ses paroles peuvent avoir un impact et du sens, on prend la peine de ne pas les multiplier à tout va comme si cela n'avait aucune importance ou que cela n'incluait aucun renoncement sur ce monde idyllique qui ne pouvait être mais que l'on voulait tant vouloir exister. Et puis, d'un point de vue plus personnel et inconnu de tous sauf de son époux, lui aussi principal concerné, elle n'était pas actuellement au sommet de sa forme physique, ces premières semaines de grossesse l'éprouvant plus qu'un peu, notamment concernant la quiétude des troubles intestinaux et la barre qu'elle sentait dans son dos, même assise. Sans parler de la fatigue et des inquiétudes.

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