Dans la soirée, Myria avait saisi une occasion de dire à Rodrik que si le moindre Fer-Né posait sa main sur elle pour lui arracher sa robe, elle sortait les griffes et les crocs. Elle avait déjà vécu la cérémonie du coucher, cette horreur de tradition et, Princesse princière, elle n’avait rien dit, pas même hurlé, ni vomi, malgré la nausée qui l’avait pris et la terreur qui lui serrait les tripes. Mais cette fois, elle avait passé l’âge de faire comme si de rien n’était et préférait que son époux sache qu’elle aimerait qu’il lui évite de devoir supporter que la moitié des mâles des Îles de Fer la touche. L’idée ne l’excitait pas du tout contrairement à ce qu’on aurait pu penser. Mais alors, vraiment pas. Une fois fait, elle se sentit plus détendue et ainsi, quand certains commencèrent à frapper les tables en ricanant, elle resta de marbre. Pas qu’elle n’ait pas hâte de se retrouver au lit avec lui, bien au contraire, mais elle ne souhaitait pas, surtout pas, et malgré la robe qu’elle portait, éveiller les instincts primaires de ces sauvages avinés. La robe, c’était pour le Harloi et elle tenait à ce que tout le monde le sache, aussi, elle l’embrassa avec passion.

Quand elle mit fin au baiser, la salle entière s’était mise à frapper sur les tables et à réclamer le coucher avec force cris, sifflement et autres joyeusetés. Les premiers convives se levèrent alors afin de s’occuper des mariés. Les femmes ne se firent pas prier plus que les hommes et Myria pria intérieurement pour que son bien aimé mette rapidement fin à cela, même si cela devait l’amuser follement d’être ainsi tripoté et deshabillé par un tas de femelles en rute et ivres. Elle se contenta cependant de grogner quand deux hommes la soulevèrent de sa chaise et qu’ils la firent passer sur leurs mains puis d’autres dans une liesse qui, malgré la formalité du moment et une certaine habitude ne parvenait pas le moins du monde à la gagner. Elle n’avait cependant pas encore sorti les griffes ni les crocs…

Dans la chambre Myria avait fait mettre des bouquets et des compositions de fleurs fraîches, des bougies, des draps propres et des fourrures. Elle avait fait en sorte que les rideaux, les baldaquins et les tentures soient aux couleurs de sa nouvelle maison. Elle avait fait disposé des assiettes avec des calissons, des pétales de rose glacés au sucre, des orangeats, du gingembre confit et des pichets de vin d'hypocras et de bière. Le grand lit seigneurial était recouvert d’un épais couvre lit gris avec une grande faux noire.

Dans la chambre, attendaient trois des plus belles prisonnières du dernier raid sur le conflans. Elles n’étaient pas vierges évidemment, difficile de trouver une pucelles dans les prises de guerre, mais elles étaient en bon état et avaient été lavées et apprêtées en conséquences. Elles avaient aussi été brieffées par la Dame de Dix Tours en personne, pas Annalys bien sûr, mais Myria, la moindre tentative de fuite leur vaudrait d’être donnée aux hommes d'équipage, mais si elles se montraient douées et obéissantes, il n’était pas exclu que la jeune mariée intercède en leur faveur afin qu’elles deviennent femmes sel du Lord Commandant de la Flotte de Fer. Si non, se serait le servage, ce qui revenait au même, mais sans le moindre statut. Elle avait longtemps hésité à faire ce cadeau à Rodrik, se demandant si, tout de même, la solennité d’une nuit de noce ne méritait pas d’être respectée. Mais bon, personne n’était dupe, elle n’était pas vierge et ils avaient déjà largement consommé le mariage, alors elle s'était finalement dit que c'était le moment parfait. En plus, elle était déjà enceinte donc il n’y avait pas l’enjeu de l’héritage à envisager. C’est pourquoi, au moment où les gardes placés devant la porte ouvrir les portes pour laisser entrer le couple, elle eut un petit sourire en coin.

Myria était un peu crispée quand les hommes la posèrent devant Rodrik. Elle comprit que les hommes qui l’avaient portée jusque là étaient ses capitaines et qu’ils avaient fait ça certainement sur son ordre quand elle constata qu’elle était toujours habillée. Elle en fut soulagée et articula un merci silencieux sans se laisser déconcentrer par la nudité de son époux. Un peu dignité tout de même. Elle pouvait bien attendre qu’ils soient dans leur chambre nuptiale pour profiter de ce corps à faire chavirer une sirène, même si elle avait eut envie de lui sauter dessus pendant tout le banquet. En plus, elle avait une surprise pour lui et elle avait hâte de voir sa réaction. C’est donc excitée comme une adolescente qu’elle se laissa porter jusqu’à la chambre. Il n’avait pas vraiment besoin d’accéder à la demande de la brune concernant la cérémonie du coucher pour la mettre dans de bonnes dispositions pour la suite, même si cela ne gâcherait rien, mais en tout cas, elle appréciait le geste. C’était une preuve de plus qu’il tenait à elle, même s’il l’avait déjà prouvé en mots et en acte, les jours précédents et une fois de plus lors du mariage en affirmant que quiconque toucherait un seul de ses cheveux aurait affaire à lui. Étant donné sa réputation sur les Îles de Fer et ailleurs, c’était une protection qu’elle acceptait volontiers après tout ce qu’elle avait dû traverser de situation mortelles et de revirements funestes depuis le retour de Joren dans le Conflans.

La princesse désormais Harloi ne fit aucun commentaire quand le Sire de Dix Tours annonça qu’il ne comptait pas la ménager. Elle s’en doutait et ceux qui les avaient déjà entendus batifoler bruyamment toutes les nuits depuis le retour du Fer-Né savaient qu’il avait le pouvoir de la faire hurler et qu’elle ne se privait pas d’exprimer son plaisir à gorge déployée, sauf quand elle avait la bouche pleine bien évidemment. Elle ne comptait pas être plus silencieuse qu’à l’accoutumée, mais peut-être que ses cadeaux le seraient et que cela lui laisserait quelque répit bien mérité. Cela dit, elle comptait elle aussi en profiter, ils étaient avant tout pour son époux, mais elle ne se ferait pas prier pour jouer avec et il y en avait assez pour tous les deux. En plus, si elles devaient devenir ses femmes-sel, il fallait bien qu’elle vérifie qu’elles étaient à la hauteur de la tâche qui leur incomberait en plus de celle de satisfaire Rodrik. Surtout que celui-ci était, depuis son arrivée, plus occupé à la satisfaire elle que ses femmes sel et elle doutait fort qu’il trouve encore le temps et l'énergie pour aller les voir après les nuits qu’ils passaient. Déjà qu’ils arrivaient régulièrement après les autres dans la grande salle malgré le fait que son homme se lève aux aurores. Il avait cette façon bien à lui de la désengourdir qu’elle aimait beaucoup et il lui serait difficile de se réveiller avant lui pour s’occuper de son cas à sa façon. Mais elle ne doutait pas qu’elle y parviendrait un jour.

__ Si tu tiens à ce que je sois la seule à te combler cette nuit, je peux les renvoyer. Cependant je dois avouer que j'apprécierais de pouvoir marcher droit demain devant nos invités, même si ce n’est pas pour ça qu’elles sont là.