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 Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé]

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MessageSujet: Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé]   Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé] EmptyLun 1 Avr - 13:58







Stupeur & Tremblements
Garlan & Argella


Argella s'entraînait presque quotidiennement au maniement des armes, couteaux, épée et lance, à pied comme à cheval et à l’équitation. En temps de paix, cela pouvait lui prendre des journées entières et fort heureusement, elle ne boudait pas ses efforts, c’était même une travailleuse acharnée. Cela lui avait permis d’atteindre un certain niveau et de se développer physiquement malgré son sexe afin de prétendre rivaliser avec les hommes en usant de ses qualités propres et de sa technique. Mais là, avec les derniers événements, la menace du Tigre, la préparation de la guerre, le départ de Kevan, la réorganisation du Collège, la perspective du remariage, du retour à Accalmie, et tant d’autres choses, elle ne pouvait y consacrer que quelques heures par jour, généralement en fin d’après midi quand elle avait rempli ses devoirs Royaux. Elle venait alors sur la lice avec son écuyer parée d’une armure légère en cuir gravée à l’effigie de la Maison Durrandon, son épée au coté, sa lance à la main et ses couteaux en bandoulière et après s’être échauffée seule avec quelques passes contre le vent, elle choisissait un adversaire, le plus souvent le gagnant du combat précédent. Parfois elle gagnait, parfois elle perdait, mais c’était toujours instructif et joyeusement salissant ce qui lui permettait de prendre ensuite un bain bien mérité avant le dîner, sauf urgence de cour. Un véritable emploi du temps de Ministre, ou de Reine…

Ce jour là, le soleil hivernal commençait à devenir dangereusement rasant quand la Reine de l’Orage arriva sur la lice. Mais, alors qu’elle allait faire quelques mouvements avec sa lance afin de se mettre en jambe, elle eut la surprise d'apercevoir Garlan Goldwyne à quelques encablures de là. Elle cligna des yeux quelques instants, interdite en se demandant si Kevan Gardenner était lui aussi revenu, mais elle ne le vit nulle part et son coeur fit un bond dans sa poitrine. Elle tendit alors sa lance à son écuyer et la lacha sans attendre qu’il l’ait attrappée, ce qu’il fit néanmoins avec quelques difficultés après être passé à deux doigts de se la prendre sur la tête. Puis elle se dirigea à grandes enjambées vers le Chevalier de la Treille.

__ Ser Garlan ! Où est Kevan… heu… Le Roi… Sa majesté Gardenner.

Lorsque la brune aux yeux céruléens se planta devant le jeune homme sans prendre garde un instant à ce qui se déroulait autour d’eux, ayant passablement oublié qu’elle était sur la lice, au milieu de la cour principale de Fort-Darion et heu… à peu près tout le reste avec, son visage reflétait la peur et son regard inquiet était plein de questions non encore formulées qui ne tardèrent pas à sortir en un flot ininterrompu teinté d’angoisse.

__ Il ne lui est rien arrivé. Dites moi tout, ne m’épargnez pas. Une embuscade ? Est-il en vie, y’a t-il une chance qu’il soit en vie. Je vais le chercher.

Se tournant vers son écuyer l’Impétueuse ordonna d’une voix forte mais qui se coinça dans sa gorge.

__ Va seller Dame Hélion immédiatement et fait quérir ma garde.

Le jeune garçon regarda un instant sa Reine et le chevalier, mais il ne chercha pas à comprendre plus longtemps courant vers les écuries avec la lance pour remplir sa mission au plus vite. Sachant très bien que si la tempétueuse Orageoise voulait monter, il avait tout intérêt à préparer la jument dans les plus brefs délais. Il fit ainsi une dizaine de mètre, revint sur la lice pour ranger la lance dans un râtelier, et reparti aussitôt.

__ Vous ne l’avez quand même pas… abandonné ! Pas vous ! Comment-va-t-il s’en sortir sans vous ? Qui le protegera , qui le conseillera ? Vous… non pas vous ! Vous ne pouvez… vous aviez prêté allégeance à l’Empire…

Argella s’arrêta de parler. et aussi de respirer. Et fixa Garlan avec les yeux écarquillés pendant un long moment avant de se rendre compte qu’elle n’avait plus d’air et de prendre une grande inspiration. Puis, reprenant peu à peu conscience de la réalité, la lice, la foule autour qui l’observait comme si la situation allait dégénérer. Ne sachant trop que dire, elle ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois en inspirant comme pour parler avant de se raviser. Elle cherchait toujours à comprendre ce qui avait bien pu se passer entre Garlan et Kevan pour qu’elle croise le jeune homme ici sans son Roi sachant parfaitement qu’il était d’une loyauté sans faille et d’un grand courage. Mais surtout, elle avait toujours peur, peut-être encore plus, de ce qui pourrait advenir de son amant maintenant qu’il n’avait même plus Ser Goldwyne a ses côtés. Parce qu’elle avait beaucoup de respect pour le chevalier et savait combien il était précieux pour le Gardenner, parce qu’elle avait confiance en lui et était triste pour eux deux de cette situation, parce que cela laissait bien trop de place aux turpitudes de son amoureux et que ce ne pouvait pas être une bonne chose.

Son départ était une catastrophe, pour lui surtout, pour l’Empire potentiellement et un déchirement pour la Reine de l’Orage, entre l’amour et ses obligations de Reine, entre sa fidélité à Rhaenys et ses sentiments pour le Roi fédéré du Bief. Elle avait jusqu’ici tâché de garder la tête froide et de faire la part des choses, d’être raisonnable ce qui pour elle, pouvait relever du tour de force. Elle n’avait pas quitté Fort-Darion pour partir à la recherche de Kevan afin de ne pas se mettre en danger inutilement alors que Rhaenys l’était déjà et bien plus rapide et mieux protégée par Meraxes. Mais surtout pour ne pas se mettre dans une situation où elle aurait dû choisir entre lui et l’Empire, éviter d’être en mesure de craquer. Car ce choix, elle avait déjà fait, mais elle savait qu’il encore fragile, qu’elle pouvait faire une bêtise, que ses sentiments n’étaient pas éteints et la consumaient dès qu’elle se retrouvait en face de lui, et encore plus s’il lui souriait ou qu’il faisait une plaisanterie. Elle se connaissait, ses points forts et ses faiblesses, Kevan avait toujours été sa faiblesse, sa passion l’était, même si elle était aussi sa force. Elle savait composer avec et n’avait jamais cessé d’écouter les conseils de ceux qui savaient mieux qu’elle, faire appel à la raison pure. Qu’adviendrait-il de son ancien amant laissé seul face à ses passions sans personne pour le protéger de lui même ? Le gouffre qui menaçait de l'engloutir, de les engloutir tous les deux était effrayant et terrible.

La guerrière aux yeux azur fit non de la tête, lentement, comme si le temps venait de s’arrêter en elle. Son cou se contracta, dessinant ses clavicules sous sa peau claire ayant trop vu le soleil et les combats pour être diaphane. En dehors de ça, elle ne broncha pas, fixant toujours Garlan du regard.


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MessageSujet: Re: Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé]   Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé] EmptyLun 22 Avr - 14:25

Rentré tôt dans la matinée  à la capitale, il avait fais le voyage de retour aussi vite qu’il le put, mais surtout autant que sa monture pouvait en supporter. Il se refusait à tuer son cheval, bien trop accroché à sa jument, Brume, par rapport à toutes les aventures qu’il avait connu avec, remontant à il y a bien des années dans le Bief. Les seules pauses qu’il avait pu faire pendant le trajet furent pour reposer son destrier pour qu’elle se nourrisse, boive et se repose quelque peu ; et pour se soulager lui-même.  Il était de retour à Fort-Darion éreinté et surtout frigorifié par la température ambiante, n’ayant pas vraiment cherché à se réchauffer  depuis qu’il avait quitté la troupe de Kevan.  Garlan fut arrêté au niveau de l’une des entrées de la ville, on le fit patienter un bon bout de temps dans le froid en attendant de savoir ce qu’il allait advenir.

Rien n’était certain en ce le concernait, ça n’était déjà pas forcément le cas avant, ça l’était encore moins aujourd’hui.  L’Empereur lui accorda tout de même une entrevue, lui laissant l’opportunité de s’expliquer, ce qui avait provoqué leur départ et également son retour. Après que les explications furent données, il lui laissa une chance de se faire pardonner, de servir pleinement l’Empire, c’est ce que le jeune homme voulait.  Après l’entretien avec le vieux loup, Garlan put retrouver son épouse, ne pensant pas la revoir avant longtemps avec le départ de la troupe de Kevan, il était heureux de déjà la retrouver. Ils discutèrent ensemble un long moment de la situation, le chevalier ne le gêna guère davantage dans ses occupations. Il déjeuna en sa compagnie, sa matinée avait été prise par les héritiers, elle n’en avait pas eu le temps. Pour sa part, il se reposa quelque peu avant de se rendre au corps de garde du castel pour se présenter au chef de corps de la cavalerie impérial et se mettre à sa disposition.

Son supérieur avait été prévenu de cette affectation, peut-être par l’Empereur en personne ou par quelques mots couchés sur le papier émanant de sa part. Mais soit, ce ne fut donc pas une surprise pour l’homme qui lui faisait face de le voir ici. C’était bien mieux ainsi. Ce dernier lui dit clairement ce qu’il attendait de lui, au moins il ne tournait pas autour du pot. Fort bien, la discussion n’en serait que plus aisée. Ils échangèrent quelque peu, puis Garlan fut amené à faire la connaissance des hommes qui seraient placés sous son commandement. C’était essentiel de connaître les éléments qui seraient sous ses ordres, primordial qu’il était de pouvoir jauger un individu qui risquait de se battre côte à côte avec vous sur le champ de bataille.  Remettant dans certaines situations votre propre vie dans leurs mains. Mais pour cela, il fallait qu’il y ait une relation de confiance. Du moins à minima, de respect pour qu’ils obéissent aux ordres le moment venu.

Garlan ne les lâcherait pas, jamais, il espérait qu’il en soit autant de leur côté, bien que cela mettrait du temps.  Son supérieur souhaitait voir ce qu’il valait l’épée à la main, si bien qu’il se confronta contre plusieurs hommes placés sous son commandement, parfois il tombait sur deux adversaires. On cherchait vraiment à l’évaluer, et le bieffois montra pleinement de quoi il était capable. Il retint certains de ses coups qui auraient pu faire bien mal et qu’il réservait pour de vrais combats, gardant certaines bottes secrètes à sa disposition pour surprendre ses ennemis le moment venu. Le chevalier se montra respectueux avec ses adversaires vaincus, en les aidant même à se relever lorsqu’ils étaient à terre et en les complimentant sur leurs capacités. Cela lui permettait également de voir les points à travailler pour leurs entraînements futurs.

Suite à cela, ils rejoignirent ensemble la lice, c’était le moment de monter pour s’entraîner tous ensemble. Après tout, c’était bien des cavaliers qu’il avait sous ses ordres. Ils échangèrent un bon bout de temps, Garlan s’apprêtait à aller chercher Brume dans les écuries, lorsqu’une voix qu’il reconnut sans aucun mal l’interpella. Le jeune homme se tourna alors vers la reine de l’Orage qui arrivait vers lui comme une furie. Elle lui avait demandé où était le roi du Bief Fédéré. Garlan s’inclina légèrement pour présenter tout le respect qu’il avait vis-à-vis de son titre et de sa personne, mais son interlocutrice partait bien trop vite en vrille et ne lui laissait pas le temps de répliquer.  Elle supposait déjà qu’il ait été pris dans une terrible embuscade et l’instant d’après elle souhaitait déjà  aller le chercher en hélant son écuyer pour qu’elle lui apporte sa monture. Le chevalier ne pourrait pas la laisser partir, en aucun cas.

La reine de l’Orage le questionna de nouveau, paraissant presque choqué par le fait qu’il avait pu le laisser ainsi , le laissant à la merci de quelconque danger que ce soit. Garlan avait sa bouche légèrement ente-ouverte, il regarda autour de lui, de nombreux regards se posaient sur eux. Autant dire qu’il n’aimait pas trop ça, il aurait préféré que cette discussion se déroule en privé, mais il n’avait pas trop le choix, et la Durrandon était bien trop imprévisible pour se faire. Son regard fixant le sien, il essaya de répondre le plus sereinement possible :   « C’est justement ce serment d’allégeance à l’Empire qui m’a poussé à revenir à Fort-Darion, votre majesté. » Il s’expliqua suite à ces mots, sans non plus entrer dans amples détails, pas en public en tout cas : « J’ai pris la décision de revenir lorsque j’eu appris que notre départ n’avait pas été porté aux oreilles du commandement impérial. Une nouvelle qui pouvait être pris pour une désertion bien entendu. Etant moi-même considéré comme un déserteur pour avoir suivi sa majesté Gardener lorsqu’il quitta l’armée royale, il ne m’était pas possible d’être considéré comme tel, pas une nouvelle fois. Cela, plus d’autres signes de défiance à l’encontre de l’Empire m’ont poussé  à prendre cette décision.  »

Kevan était un très bon guerrier et un commandant émérite, il fallait lui reconnaître cela, si bien qu’il ne se faisait pas trop d’inquiétude quant au fait qu’il pourrait survivre aux épreuves qui se dresseraient sur son chemin. « Lorsque que j’ai quitté la troupe de sa majesté Gardener, il se portait bien si cela peut vous rassurer et entourer de fines lames qui sauront à la fois le protéger de moult dangers et le conseiller dans des situations critiques. Quant à moi, j’étais prêt à donner ma vie pour lui contre bien des ennemis, mais en réalité, il s’est avéré que je ne pouvais le protéger de lui-même, votre majesté… » La personne qu’il avait suivi pendant plus de dix ans avait bien changé, c’était un fait et pas de la meilleure des manières. Garlan en avait mis du temps à le constater, à se faire une raison.  Il s’avança de deux pars vers la reine de l’Orage, se faisant quelque peu pressant,  cela allait être difficile d’effectuer une telle demande, d’autant plus à une personne qui était à la tête de royaume et qui avait la réputation de faire tout ce qui lui passait par la tête : « Veuillez m’excuser, votre majesté, mais je ne puis vous laisser partir. »


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MessageSujet: Re: Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé]   Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé] EmptyLun 29 Avr - 18:14






Stupeur & Tremblements
Garlan & Argella

Lorsque la Reine Guerrière se tut enfin, Garlan confirma ce qu’elle pensait. Le jeune homme avait dû faire un choix entre son Roi et l’Empire, et tout comme pour elle, ce choix avait dû être terriblement difficile. La loyauté et la dévotion portée à l’un ne pouvant se conjuguer avec l’honneur et la fidélité dûs à l’autre. Après la peur qui avait pris toute la place dans son esprit et dans son corps, comme une vague de chaleur bouillonnante qu’il lui plaisait de ressentir avant la bataille mais qui, dans l’impuissance lui était insupportable, ce fut au tour du chagrin de s’emparer d’elle. Le cœur serré,  fixant toujours le Goldwyne, elle hocha la tête et lui sourit en guise de marque de soutien. Parce que même si ses sentiments pour Kevan étaient bien différents, elle pouvait imaginer ce par quoi il avait dû passer pour en arriver à se désolidariser du Gardenner et revenir à Fort-Darion. Elle savait aussi que, malgré son courage et son serment à l’Empire, il n’en avait pas fini avec le sentiment d’avoir failli à sa mission.

Le Souverain du Bief se rendait-il seulement compte des situations dans lesquelles il mettait ses proches ? Elle était Reine de l’Orage, elle avait un statut en dehors de sa relation avec son amant, elle avait dû faire un choix entre la passion et la raison et elle l’avait fait, aussi dur soit-il et aussi fragile se sentait-elle vis-à-vis de lui. Mais Garlan, pour lui c’était encore pire, abandonner le Roi c’était aussi abandonner son pays et tout espoir d’y avoir encore une place si le dernier Gardenner reprenait le trône. L’amour qu’elle portait à Kevan ne saurait occulter cette réalité, il prenait des décisions sur un coup de tête sans se soucier, non seulement des répercutions sur lui, mais pas non plus sur les personnes dont il était responsable. Et il semblait que la fuite soit la seule solution qu’il envisageait à la moindre déconvenue. Car oui, il y en avait eu, même plusieurs des déconvenues pour le Roi fédéré du Bief, elle en était consciente, mais aussi des opportunités, la première étant de faire corps avec les armées Impériales pour reprendre son Royaume.

__ Vous avez fait le bon choix Messer. Je suis… désolée pour vous et pour votre amitié avec Kevan. Je suis encore plus désolée d’avoir contribué à faire de vous un déserteur et heureuse que vous ne le soyez plus.

Dit la brune aux yeux céruléens en retenant ses larmes dans un regard le plus martial possible avant d’attraper le bras de Garlan avec vigueur et de lui serrer comme elle l’aurait fait à un vieux guerrier de sa connaissance.  Ne l’était-il pas d’ailleurs ? Tiniviel. Elle se souvint et avec le recul se rendit compte de ce que sa victoire à elle face aux armées du Bief, la mort de Mern aussi, impliquait pour Kevan et pour Garlan. Petite conne. Elle baissa les yeux un instant.

__ Je vous remercie d’essayer de me rassurer et je ne doute pas que le Roi du Bief a su bien s’entourer, mais vous étiez pour lui la voix de la raison et je crains qu’à présent, il n’y ait plus personne pour s’opposer à lui afin de lui rappeler ses devoirs. J’ignore ce qu’il adviendra de lui et plus encore les répercussions que cela aura pour l’Empire, mais si un Roi trouve toujours quelqu’un pour le conseiller et le protéger, il ne trouve pas toujours la bonne personne.

La Durrandon ferma un instant les yeux et les rouvrit en soupirant. Elle avait toujours été bien conseillée, bien entourée, et, peut-être parce que, malgré son caractère orageux et son impétuosité, elle écoutait les conseils avisés de son entourage, bien qu’elle ne les mette pas toujours en pratique. Elle était consciente de sa chance et espérait que Kevan retrouve la raison avant de trouver la mort. Si elle pouvait, elle lui ferait recouvrer la mémoire et le sens des priorités à grands coups de pied dans le derche, mais il n’était pas là et si elle allait le chercher, c’était elle qui allait se prendre, à raison, des coups de pieds dans le derrière. Si Garlan ne l’impressionnait nullement, l’Empereur, si. Elle savait que les paroles du Chevalier étaient sage, même si au fond d’elle, elle avait toujours envie d’enfourcher sa jument pour galoper à travers la campagne et le retrouver. Mais parviendrait-elle à le faire changer d’avis ? Pourrait-elle, d’une manière ou d’une autre, le remettre dans le droit chemin si tant est qu’elle ait la moindre idée du chemin qu’il devait prendre ? Tous sauf celui-là, c’était la seule chose dont elle était sûre. Kevan, Kevan… Qu’es tu donc allé faire.

__ Soyez rassuré, je ne vous obligerais pas à m’arrêter, je n’irais pas le chercher. Vous auriez peut-être pu m’arrêter, et je crois que l’Empereur Torrhen me tuerait. Mais surtout, je ne peux pas mettre en danger mes hommes, mon Royaume et l’Empire par amour. Il ne m’écoutera pas plus qu’il ne vous a écouté, comme toujours il n’en fera qu’à sa tête et moi, je n’en ferais qu’à la mienne, et cela finira probablement très mal pour nous deux. Je ne saurais être la voix de la raison, je ne suis pas née pour être raisonnable, mais d’autres le sont pour moi, fort heureusement !

La Durrandon qui n’avait toujours pas lâché le bras de Garlan et le tenait fermement, un peu trop peut-être, l’attira brusquement vers elle et passa son autre bras derrière ses épaules en le serrant fort contre elle. Se faisant, elle lui murmura quelques mots à l’oreille d'une voix qui avait du mal à sortir de sa gorge serrée.

__ Je veux savoir ce qui a poussé Kevan à fuir Fort-Darion, je veux savoir quels autres signes de défiance vous ont poussé à prendre cette décision. Je veux comprendre ce qui arrive à l’homme que j’aime. Me feriez-vous la faveur de tout me raconter, s'il vous plait ?

La Reine de l’Orage relâcha son étreinte et tapota l’épaule de Garlan en serrant les dents pour ne pas pleurer. Elle prit une grande inspiration et essaya de sourire, mes sentant ses lèvres trembler, elle détourna le regard et écrasa subrepticement la larme qui venait de s’échapper d’un de ses yeux. C’est alors que son écuyer arriva avec la belle jument dornienne de robe isabelle suivi de près par la maigre garde d’Argella, prête à se mettre en selle.

__ Ah bah voilà ! On va pouvoir se mettre sur la gueule, ça fera du bien à tout le monde ! LANCE ! ENTRAINEMENT !

Hurla-t-elle désormais dos au Goldwyne avant de se retourner vers lui avec un sourire, malgré ses yeux qui menaçaient de se liquéfier d’un instant à l’autre. De toute façon, il était urgent qu’elle s'entraîne pour se changer les idées, sans quoi, elle allait faire une connerie.

__ Ser Garlan, si vous nous permettez de participer, mes hommes et moi nous tenons à votre disposition pour l’usage qui vous conviendra.

Le jeune garçon tendit les rênes du coursier des sables à Argella et qu'elle enfourcha lestement. Sa monture ne payait pas de mine, petite et fine, elle n’avait rien d’un destrier. Son nouveau cheval de guerre était resté à Accalmie pour terminer son dressage et être prêt pour le printemps. Mais la jument avait quelques atouts dans ses balzanes et s’avérait nettement plus gérable que Sombre Orage. Son Capitaine avait prit l’arme demandée dans la râtelier en passant à côté et lorsqu’il fut suffisamment près pour ne risquer de blesser personne, il la lui lança. Elle l'attrapa sans mal et la leva afin que les dix chevaliers et les dix archers montés se rassemblent autour d’elle puis posa l'extrémité de la hampe sur son pied, les rênes dans une main attendant la réponse du Goldwyne.


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MessageSujet: Re: Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé]   Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé] EmptyDim 12 Mai - 19:25

Ce choix, il l’avait fais. Un choix déchirant. Mais il n’avait pas d’autres alternatives. Poussé par ses valeurs et par le serment d’allégeance prêté à l’Empire, il ne vit pas à l’instant donné d’autres solutions qui s’offraient à lui. S’il aurait dû suivre Kevan. Certainement pas, pas avec ce qu’il avait fais, de plus l’individu avait tout de même bien changé depuis leur départ du Bief, probablement par rapport à tous les événements qu’il avait traversé.  Garlan était son conseiller et un proche ami, il avait cherché à plusieurs reprises de lui montrer en quoi il pouvait avoir tord. Il pensait également que leur toute dernière discussion aurait pu le ramener in-extremis à la raison, le faire rentrer après qu’il ait réfléchi à ses mots. Mais non. Il ne regrettait pas sa décision, mais c’est qu’il regrettait c’était l’échec vis-à-vis de Kevan, celui de ne point avoir réussi à le raisonner à temps.

De ne pas avoir su le conseiller comme il le fallait peut-être, car oui c’était son rôle après tout, l’ancien Connétable l’avait nommé en tant que deuxième voix du Bief Libre au Collège Impérial. Cela n’était certainement pas pour appuyer toutes les positions de Kevan, mais pour donner son propre avis. C’était cela aussi la loyauté. Être là pour quelqu’un qu’il soit dans le vrai, comme dans le faux, mais s’il était dans la deuxième situation, lui dire pourquoi il était dans le faux et l’aider à remonter la pente.  Mais son souverain avait refusé toute aide, même la sienne , alors que Garlan avait cherché à maintes reprises de lui ouvrir les yeux sur la situation, mais rien n’avait fais. C’était aussi son échec. Avec ce qu’elle avait vécu avec le Gardener, il imaginait très bien que c’était une situation compliquée pour la reine de l’Orage. Ses premières réactions démontraient cela, elle soutenait sa décision.

Elle vint également à s’excuser pour ce que sa lettre, adressé à Kevan, avait provoqué dans sa vie, ce à quoi il rétorqua en lui adressant un respectueux signe de tête :  « Je vous remercie pour vos mots, votre majesté. Bien que vous n’avez point à être désolé, Kevan a fais un choix à l’époque, tout comme moi à vrai dire. Nous étions alors maître de nos destins, prêt à assumer tous les…disons…inconvénients de notre décision. Je doute cependant que mon statut de déserteur ait changé pour autant aux yeux des miens dans le Bief et auprès des mes anciens frères d’armes bieffois, en plus de certainement être considéré comme tel désormais auprès des compagnons de route de Kevan.» C’était un état de fait, on ne changeait pas ainsi d’allégeance sans conséquence. Un statut qu’il allait devoir assumer, un poids. Le regard des autres, les messes basses dans son dos.

Mais il était prêt à supporter cela, il n’en avait cure, ce qui importait, c’était qu’il reste fidèle à sa personne, à ses principes. Et c’est aussi ces derniers qui l’avaient poussé à prendre ces décisions lourdes de conséquences. La situation devait être également difficile à gérer pour la jeune femme, son comportement parlait pour elle, bien qu’elle essaye de s’en cacher. L’art de garder la tête haute en public, ne pas flancher, voilà qui n’était guère évident. Elle vint chercher son contact, en échangeant une poignée de main virile comme l’aurait fais deux vieux combattants ou des personnes qui se connaissaient depuis bien longtemps. Etait-ce le cas ? Garlan ne connaissait guère la reine de l’orage en personne depuis des lustres et ce qu’il savait d’elle, il le tenait surtout de Kevan et de ce qu’on avait pu lui raconter sur elle.

Cependant, ils avaient combattus ensemble à Tinivel, dans un seul et même but, la victoire, peu importe le coût exigé pour l’obtenir. C’est lors de cet événement et lorsqu’il l’avait regardé s’entraîné à quelques reprises qu’il avait pu constater la farouche guerrière qu’elle était. « Si j’avais vraiment été la voix de la raison comme vous le décrivez, votre majesté, alors la situation ne serait certainement pas la même aujourd’hui. Il serait très certainement ici, avec nous. Peut-être que si j’avais su mieux le conseiller, cela ne serait pas arrivé. Je ne puis alors qu’espérer qu’il saura trouver quelqu’un qui saura lui administrer des conseils de meilleures qualités, ainsi que de savoir avoir une réelle influence, positive il va de soit, sur ses agissements. » Il avait terminé avec un vif hochement de tête, comme pour s’en convaincre. Il s’agissait également de son échec, il avait été nommé à ce poste, il connaissait Kevan depuis bien des années.

Et pourtant il n’avait pas réussi à l’arrêter, à le raisonner, à le faire changer d’avis.  Un poids qu’il devrait porter, assumer ses responsabilités, c’est ce que l’on attendait de tout à chacun lorsqu’on confiait un poste à décision à un individu. Garlan était prêt à tout aujourd’hui pour racheter sa conduite, ses erreurs n’étaient pas oubliées et dans un sens il ne le souhaitait pas. Ces dernières étaient là pour lui rappeler de ne plus jamais les reproduire.  Argella le rassura quant au fait qu’elle ne s’en irait pas chercher Kevan. Le bieffois aurait été obligé de faire opposition à sa manœuvre, ne se souvenant que trop bien de sa discussion avec l’Empereur. Il savait la talentueuse guerrière qu’elle était, cependant lui aussi avait une très bonne maîtrise des armes blanches, il lui donnerait du fil à retordre assurément. Du moins impossible de le savoir sans l’avoir confronté au moins une fois.

Il feint un fin sourire aux propos de la Durrandon  et lui répondit : « Vous prenez une sage décision en agissant ainsi, votre majesté.» Des mots pour la rassurer et pour essayer de convaincre qu’elle faisait le bon choix, c’est ce qui lui fallait probablement le plus à l’heure actuelle. Se sentir soutenue et Garlan ferait en sorte qu’elle ait ce sentiment.  Le bieffois ne s’attendit pas au geste qui suivit et le comprit pas de suite lorsqu’elle vint se serrer contre lui. Il s’apprêtait à la questionner, mais elle fut plus rapide que lui et lui fit une demande. Il fallait surement s’y attendre au vu du lien qu’elle avait partagée avec Kevan, lorsqu’elle se dégagea, il lui souffla quelques mots en réponse pour qu’elle soit la seule à les entendre : « Je vous ferai cette confidence si tel est votre désir, mais plus tard et...en privé.»

Elle se détourna ensuite de lui, prête visiblement à en découdre pour se défouler quelque peu. Le combat était un bon exutoire pour cela. Simple, à la portée de tous pour laisser libre cours à ses pulsions et faire taire la frustration qui nous habitait. L’écuyer de la reine vint lui rapporter sa monture, splendide créature que voilà qu’elle s’empressa d’enfourcher et d’attendre une réponse du Goldwyne, la lance à la main. Comment dire non à un appel à l’entrainement ? Avec la reine de l’orage connue pour ses capacités martiales ? Brume était encore à l’écurie, il lui faudrait un peu de temps pour la chercher et la préparer, si bien il proposa à la Durrandon : « La cour ne se prête pas à ce qu’autant de cavaliers ne s’y entraînent, votre majesté. Je vous propose donc de nous retrouver à l’extérieur de la ville où nous pourrons nous déployer à notre guise. Je vous y retrouverai, je dois aller préparer ma monture dans les écuries avant cela.»

Sur ce, la Durrandon et son groupe le devancèrent pour l’attendre au lieu de rendez-vous. Garlan fit signe à quelques cavaliers placés sous son commandement pour qu’ils suivent Argella. Sur ce, il se rendit dans les écuries afin de préparer sa jument, Brume, une amie fidèle qui l’avait accompagné dans bien des aventures et des combats depuis un bon nombre d’années. Il lui fallait un peu de temps pour la sceller convenablement et s’assurer que rien ne lui manquait. Cela serait beaucoup plus simple avec un écuyer, mais le chevalier n’en avait pas pour le moment.  Une fois prête, il monta Brume et l’extirpa des écuries pour aller prendre une lance. Avant de rejoindre l’orageoise, il croisa le chef de corps qui vint à lui porter à connaissance d’un emplacement préparé en dehors des murs où la cavalerie impériale avait l’habitude d’y mener des exercices. Ainsi il pourrait à nouveau s’y rendre à l’avenir avec ses hommes pour opérer.

Il quitta le chef de corps en le remerciant pour l’information, il fut suivi par plusieurs cavaliers. Il leur fallut un peu de temps pour sortir de la ville, les voies d’accès grouillaient de monde à ce moment de la journée. Le groupe arriva finalement à portée de celui d’Argella, il s’avança à ses côtés, lui adressant un sourire : « Mes excuses si nous vous avons fais attendre, votre majesté. On m’a conseillé un lieu pour pouvoir nous entraîner efficacement, si vous voulez bien me suivre. » Après son accord, Garlan prit la tête de la troupe, ce n’était pas très loin, du moins à cheval et à bonne cadence, ils y arrivèrent rapidement, cela leur permettait ainsi de s’éloigner quelque peu de Fort-Darion, ils pourraient bouger à leur aise ici. Le terrain était plat, sans aucun élément rocheux en vu, parfait pour les exercices de cavalerie, il y avait également quelques arbres où des cibles étaient installées, ainsi que des bouts de troncs d’arbre étaient suspendues par des cordes afin de simuler des cibles mouvantes si on les balançait.

Le chevalier vint à faire une proposition à leur reine de l’Orage : « Si cela vous convient, vos archers montés peuvent s’entraîner au tir sur cible statique et mouvante, là-bas. » dit-il en les désignant du doigt. « Quant aux autres, nous pourrions nous exercer dans des formations et manœuvres, un exercice essentiel pour augmenter la cohésion lorsque le champ de bataille s'offrira à nous, vous êtes d'accord ? »


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MessageSujet: Re: Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé]   Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé] EmptyLun 20 Mai - 14:52






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Garlan & Argella

Argella passa sur le terme de déserteur qui allait effectivement coller à la peau du Goldwyne comme du Gardenner pendant longtemps, dans le Bief et ailleurs. Elle le trouvait inapproprié pour Garlan et jusqu'ici pour Kevan, mais elle ne savait pas trop quoi faire de ses convictions envers le compagnon de son amant et encore moins envers celui-ci. Elle ne savait plus quoi penser du Roi fédéré du Bief, héritier de la couronne par son nom et son sang, mais qui malgré cela, avait fui Fort Darion sans prévenir. Et elle ne savait que faire où que dire pour assurer au chevalier qu'il était quelqu'un de bien, malgré ce que d'autres pourraient penser. Alors pour une fois, plutôt que de dire une connerie, elle préféra se taire sur cette question, elle se sentait suffisamment coupable de ce qui s’était passé pour ne pas en rajouter une couche, sans pour autant nier que leurs noms en avaient été entachés, par sa faute, à elle. Et le chevalier avait beau dire qu’elle n’avait pas à être désolée, ce sentiment lui collait à la peau pour tout ce qui concernant Kevan, de leur relation houleuse à leur mariage impossible, de cette lettre égoïste à son couronnement et maintenant à sa fuite. Elle savait qu’elle n’était pas seule fautive, mais elle avait merdé de A à Z et elle ne s’en rendait compte pleinement que maintenant, alors que la fuite du Gardenner mettait tout l’Empire au bord du précipice. Elle souffla quelques mots en baissant les yeux.

__ Je sais que vous avez fait vos choix en votre âme et conscience. Mais je sais aussi ce qu'ils vous ont coûtés et je crois que je n'aurais pas dû mettre Kevan… sa Majesté Gardenner, face à un tel choix. C'était une erreur que je ne parviens pas à me pardonner, même si elle nous a apporté la victoire.

La Reine de l'Orage plongea son regard céruléen dans celui du bieffois. Elle comprenait parfaitement ce qu'il voulait dire et elle le rejoignait dans ce sentiment d'échec, car elle non plus n'avait pas trouvé les mots pour convaincre Kevan de garder patience et de faire confiance à Rhaenys et Torrhen Braenaryon. L'Empire était sa chance de recouvrer ses droits et son trône, mais l'Empire avait encore trop d'ennemis pour foncer tête baissée dans une entreprise aussi périlleuse. Il fallait d'abord reconquérir l'Orage, acculer Manfred l'usurpateur, le mettre en défaut et proposer une alternative légitime avec le Gardenner. Mais en discutant avec le Roi du Bief Fédéré et avec d'autres, elle avait appris à relativiser son rôle dans ce genre de combats. Elle savait se battre, elle savait mener des troupes et gagner le respect des soldats, elle connaissait la stratégie et même la politique. Mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait pas plaire à tout le monde, quoi qu'elle fasse et quoi qu'elle dise, il y aurait toujours des dissidents. Alors puisque c'était ainsi, elle préférait rester fidèle à ce qu'elle était en toute circonstance. Ainsi, sur un champ de bataille comme sur l'estrade ou dans le privé, ceux qui la suivraient auraient choisi de le faire. Et pour ceux qui ne le feraient pas, elle ne pouvait rien de plus.

__ Hélas Messire, on ne change pas les gens, même avec les conseils les plus avisés et la meilleure volonté du monde. Tout ce qu'on peut faire c'est choisir ses mots en espérant qu'ils fassent leur chemin chez l'autre. Mais on ne peut forcer personne à prendre conscience de ses erreurs, il doit faire ce travail tout seul. Je lui souhaite de trouver sur sa route quelqu'un qui trouvera les mots que nous n'avons pas su avoir pour lui, ni vous, ni moi.

Cela pouvait relativiser les erreurs de chacun, mais l’Impétueuse assumait pleinement les siennes et espérait en tirer les enseignements qui s’imposeraient à elle, dont celui qu’elle venait d’exposer au jeune homme. Elle avait mangé suffisamment de boue pour savoir tomber et se relever, elle avait mangé suffisamment d’acier pour faire sienne la douleur du combat, elle avait suffisamment perdu pour que la peur elle même devienne un moteur plutôt qu’un frein. Ainsi apprenait-elle, en commettant tout un tas d’erreurs et en apprenant de celles-ci, sans les mettre sur le dos de quiconque, assumant sa part de responsabilité malgré son caractère passionné et belliqueux.

La Durrandon regarda Garlan d'un air circonspect alors qu'il lui disait qu'elle prenait une sage décision. Après un instant de doute, elle dit avec orgueil :

__ N'en parlez à personne…

La brune aux yeux azur avait une réputation à préserver, elle y tenait ainsi qu'à son surnom, il était hors de question qu'une sage décision vienne entacher sa légendaire impétuosité qu'elle avait gagné à la sueur de son front et à la lueur de ses emportements furibonds. Elle ajouta dans un souffle, levant un doigt menaçant vers le Goldwyne :

__ Et ne redites jamais ça.

Argella sourit en réponse à la proposition du jeune homme de discuter de Kevan plus tard et en privé, elle ne comptait pas faire cela sur la lice et cet arrangement lui convenait. Mais elle ne pouvait pas parler, la gorge serrée, sa voix trahirait son émotion et s’il n’y avait nulle part où pleureur pour la Reine de l’Orage, ici, devant ses hommes et ceux de l’Empire était probablement le pire endroit. Elle plissa les yeux pour empêcher une larme de s’échapper et se détourna vivent de Garlan après lui avoir lancé un dernier regard entre fierté et tristesse.

Une fois ses larmes ravalées, la Durrandon hocha la tête en signe d’approbation et fit signe à son écuyer d’accompagner le chevalier pour l’aider.

__ Très bien. A tout de suite alors.

La troupe de l’Orage sortit au petit trot accompagnée de quelques cavaliers de l’Empire, mais ils furent contraints de repasser au pas car les routes entrant dans la cité étaient noires de monde. Ils attendirent à l'extérieur et la jeune femme en profita pour demander à son capitaine comment se portaient les hommes et s’ils étaient prêts pour le départ qui s’annonçait imminent. Les autres se placèrent de manière à protéger au mieux leur Souveraine comme ils en avaient l’habitude et ce même si elle savait se défendre. Elle sourit en voyant Garlan arriver.

__ Ne vous excusez pas, je vous ai pris de cour. Je vous suis.

En fait, Argella se mit au botte à botte avec le Goldwyne, mais comme ses hommes ne savaient pas où ils allaient, ils ne pouvait pas se mettre en formation de manière à la protéger. Cependant en armure et armée jusqu’au dent il n’y avait pas grand chose à craindre, aussi le capitaine se contenta de se placer sur le flanc de la colonne à côté d’elle jusqu'à leur arrivée sur le terrain d'entraînement où de nombreux chevaux avaient déjà labouré la terre.

__ Oui. Cela me convient parfaitement.

Fit la brune aux yeux céruléens sur un ton martial en inclinant brièvement la tête avant de se tourner vers ses hommes.

__ Vous avez entendu ? Archers entraînement sur cible fixes et mobiles là-bas.

Argella montra l’endroit prévu à cet effet. Elle avait l’habitude de commander et ses soldats avaient l’habitude de lui obéir, cela se voyait à la façon dont ils réagirent à son invective. Les archers se dirigent vers les cible sans une once d’hésitation.

__ Les autres, avec moi, en formation !

Les chevaliers en armure de plate avec leurs destriers lourdement caparaçonnés encadrèrent la Reine de l’Orage comme ce serait le cas lors d’une bataille. Elle ne portait ce jour là qu’une armure de cuir réservant la plate aux batailles parce que non seulement Dame Hélion n’en supporterait pas le poids bien longtemps, mais elle non plus n'appréciait que peu la sensation de lourdeur qu’une armure complète lui procurait. Il allait cependant falloir qu’elle s’exerce avec avant le printemps, ou qu’elle fasse un choix entre protection et liberté de mouvement.

__ Nous attendons vos ordres Ser !

La cavalière des tempêtes se tenait droite comme un I au milieu de ses chevaliers, plus petite de taille et d’autant plus que sa monture était petite, elle n’en gardait pas moins la stature et le port qui étaient siens. Un sourire en coin sur son visage creusait sa cicatrice à la lèvre supérieure et son regard ne présentait plus trace de la moindre tristesse, du moindre doute. Elle n’était plus une femme amoureuse en proie à ses intenses émotions, elle n’était ni une maîtresse ni une amante, elle était une guerrière et elle n’en était, étrangement, pas moins femme pour autant, peut-être même que cela la transcendait en tant que telle, par delà les rôles, par delà les genres. Elle fit un nœud à ses rênes, raffermit sa prise sur sa lance et mit ses talons au contacte des flancs de sa petite jument qui n’attendait qu’un signe de sa part pour se défouler elle aussi et commença alors à piaffer d’impatience. Obéir aux ordres d’un autre n’était pas trop dans ses habitudes, mais ce n’était pas non plus la première fois. De plus, s’il lui arrivait de déléguer la tête de ses troupes à d’autres elle gardait toujours la main, mais là, c’était différent, il s’agissait surtout de savoir ce que le Goldwyne valait en tant que commandant, de le jauger. Il viendrait peut-être avec Torrhen au printemps, elle l'espérait d’ailleurs, d’une part parce qu’elle l'appréciait, d’autre part parce qu’elle l’avait vu à l’œuvre quelques fois et connaissait sa valeur et enfin parce que l’Empereur n’avait pas choisi de le nommer commandant pour rien. Quoi qu’il en soit, elle aimait connaître les personnes avec qui elle combattait et avec qui elle allait diriger les troupes, établir la stratégie sur place et mener à bien les tactiques durant toute la campagne.


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MessageSujet: Re: Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé]   Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé] EmptyLun 15 Juil - 21:32

Il fallait savoir vivre avec les choix que l’on faisait. C’était essentiel. Certains étaient beaucoup plus lourds à porter que d’autres, c’est certain. Cependant, si on en était incapable, alors à quoi cela servait de vivre si c’était pour passer chaque minute de son existence à avancer à regret. En se demandant ce que l’on pouvait changer, ce que l’on aurait pu améliorer chez sa personne, sur la façon dont les événements auraient pu prendre une tout autre tournure. Garlan essayait le moins possible de ressasser le passé, car il était toujours plus facile de regarder en arrière et d’avoir la critique facile, on était alors prêt à remettre tout en cause. Il était cependant bien plus compliqué d’avancer sans retourner et de faire face à un avenir dont on ignorait tout, c’était l’inconnu qui était effrayant, pas les événements, aussi dramatiques pouvaient-ils être, qu’on avait vécu.

En ce qui concerne Kevan, il avait servi l’homme pendant plus de dix ans et l’événement récent qui l’avait amené à quitter son service était encore trop frais dans son esprit pour qu’il évite d’y penser, de voir ce qu’il aurait pu faire d’autre, aussi bien en tant qu’ami et également en tant que conseiller. Il détestait être dans cette situation, il aurait préféré que ça ne soit pas en arriver là, mais il était trop tard désormais. C’était fais et cela allait avoir des répercussions sur la vie de plusieurs personnes, pour les agissements d’une seule. Chaque acte, bon ou mauvais, et encore cela dépend du point de vu adopté, a son lot de conséquence, c’est ce qu’était en train de mettre en lumière la reine de l’Orage par ses mots. Dans un sens, elle avait peut-être amené le choix à Kevan, mais c’était bien lui avait eu la liberté de choisir, il avait endossé cette responsabilité. Si bien qu’elle n’avait pas davantage de raisons de s’en vouloir, mais peu importe ses mots, il se doutait qu’il n’arriverait probablement pas à la convaincre.

Garlan garderait pendant longtemps ce sentiment d’échec, persuadé qu’il aurait pu faire mieux ou qu’il n’avait pas fais quelque chose au bon moment. Certes Kevan avait toujours été quelqu’un de têtu, mais il l’avait maintes fois écouté à l’époque, il ne comprenait pas pourquoi ça n’avait pas été le cas cette fois-ci encore. Comme le disait si bien la reine de l’Orage, on ne pouvait pas forcer quelqu’un à constater ses erreurs. On aura beau dire ce que l’on veut, tout faire pour que cette personne entende raison, cela ne veut pas dire que cela fonctionnera forcément. L’effort devait avant tout venir de la personne concernée, pas de ceux qui la conseillaient. Cela n’enlevait rien à la peine que le bieffois ressentait, il approuva tout de même les derniers mots de celle qui lui faisait face :  « Je ne peux également que le lui souhaiter, votre majesté.»

Le jeune homme eut dû mal à contenir un sourire face à la réaction d’Argella, cette dernière s’avérait changeante et cela le prit au dépourvu, d’où sa réaction. Pointant son doigt vers lui, elle lui conseillait vivement de ne plus jamais dire cela et de ne pas l’ébruiter également, disons le clairement elle le menaçait. Cette réaction surprenante était surement provoquée par tous les événements qui s’étaient enchaînés, une espèce d’instabilité dirons-nous. Mais en soit, Garlan ne le prit pas mal, ravalant difficilement son sourire, il tenta de retrouver son sérieux pour le lui affirmer : « Je vous le promets.» Et il ne faisait pas ses promesses à la légère, c’était un homme de parole, s’il disait quelque chose, il le faisait. C’était une question d’honneur, de fierté. Suite à ce court échange, Argella prit avec elle ses cavaliers pour l’attendre à l’extérieur de Fort-Darion.

Cela lui donna le temps pour aller équiper Brume et rejoindre ensuite la reine de l’Orage avec l’escadron que l’Empereur lui avait confié. Il fit en sorte de ne pas la faire attendre trop longtemps, du moins le moins longtemps possible, mais cela n’était pas de son seul fait. En effet, les rues de la capitale étaient bondées de monde et il n’était guère aisé de circuler à sa guise, que l’on soit à pied ou monté. Il s’excusa bien naturellement à son arrivée, il détestait faire attendre les gens ou être en retard, encore plus lorsque ces personnes étaient de sang royal. Ceci fait, toute la troupe se dirigea au trot jusqu’au terrain d’entrainement, privilégiant un déplacement ordonné en colonne. Ils ne tardèrent pas à y arriver, le lieu, où cela se déroulerait, était déjà labouré par le passage de nombreux chevaux qui avaient laissé les stigmates des entrainements précédents.

Mais en soit, rien qui ne serait vraiment gênant pour les manœuvres, après tout sur un champ de bataille on retrouvait des terrains similaires, on pouvait même affirmer que celui-ci était en bon état si on devait le comparer à certains terrains accidentés avec lesquels il avait dû composer dans le passé. Argella possédait des archers dans sa troupe, et il faudrait composer avec ces derniers, si bien il proposera un exercice pour eux pendant que le reste des cavaliers s’échinerait à renforcer leur cohésion de corps pour être plus efficace le moment venu. L’orageoise semblait d’accord avec ce qu’il proposa si bien qu’elle répéta les directives aux hommes qui étaient placés sous son commandement, alors que ceux de l’escadron de Garlan appliquaient déjà les consignes en attendant.  Son escadron était composé de façon hétéroclite en termes d’expérience, il savait que certains d’entre eux avaient déjà participés à des batailles et cela sur le dos d’un cheval par le passé. Mais pour d’autres, ils n’avaient jamais participé à la moindre escarmouche et leur entrainement pouvait laisser à désirer.

Il fallait donc partir sur de bonnes bases, pour se faire, le capitaine se présenta au devant de la troupe pour donner ses directives, haussant la voix pour que tout le monde l’entende distinctement : « La cavalerie est un élément clé dans une armée, on peut lui confier des missions très variées : renseignement, harcèlement, la poursuite d’une armée qui bat en retraite, ravitaillement, ainsi que le choc. Ce ne sont que des exemples, mais parmi eux, aucun ne peut être accompli avec efficacité sans de l’organisation et de la discipline. La cavalerie se doit d’être mobile et pouvoir se remettre en formation rapidement. Nous verrons quelques-unes formations possibles plus tard. Tout d’abord, les bases, les déplacements. Ce sont le chef d’escadron et ses sous-officiers qui donneront le rythme et la direction. En tant que capitaine, je me placerai en tête d’escadron, donnant la vitesse et la direction à suivre. Deux sous-officiers seront placés à chacune des deux extrémités de la formation afin de la faire se déplacer d’un côté ou d’un autre selon les éléments qu’ils pourront constater et enfin un dernier en fin de formation.  Moi-même et les sous-officiers porteront des fanions aux couleurs de l’Empire que nous maintiendront bien en l’air pour désigner la direction, une halte ou une cadence qui se voudra plus rapide. Commençons. »

Les cavaliers se mirent sur plusieurs rangées, Garlan a leur tête, il pointa sa lance vers l’avant et l’escadron avança. Les sous-officiers rappelèrent à l’ordre certains cavaliers qui ne maintenaient pas correctement la formation serrée, cette masse était utile dans le cadre du choc et ils allaient devoir apprendre à la maîtriser. Ils avancèrent  sur le terrain d’entrainement, à un moment le capitaine donna de l’étrier afin d’augmenter la cadence, pour ensuite la faire ralentir en tenant distinctement sa lance au dessus de sa tête. Il eut l’impression qu’ils eurent un peu de mal derrière, mais c’était compréhensible, c’était leurs débuts. Il laissa ses deux-officiers aux extrémités rediriger la troupe lorsqu’ils arrivaient à la lisière des arbres. Ils manœuvrèrent ainsi un moment avant que le bieffois ordonne une halte.

« Bien, perfectible certes, mais correct pour un début. Voyons une première formation, celle en triangle ou fer de lance. Cette dernière n’est guère difficile à réaliser, mais demande tout de même de l’exercice pour faire ressortir toute son efficacité en situation réelle. Elle permet de s’enfoncer au cœur d’une formation ennemie, mettant ainsi à mal leur cohésion et leur moral. Elle s’avère idéal pour scinder une formation étendue et peu large, coupant ainsi les lignes ennemies en deux. Elle est aussi intéressante pour repérer plus facilement des changements dans le dispositif ennemi et d’y faire face en redirigeant la charge au besoin, contrairement à une formation en ligne traditionnelle Pour annoncer la formation, je lèverai ma lance horizontalement au dessus de ma tête. Je répéterai le geste pour l’interrompre au besoin.» Il redirigea une nouvelle fois la troupe sur le terrain, la lançant à une bonne cadence, il leva alors sa lance, la première mise en formation fut assez hasardeuse, on évita de justesses quelques chutes malencontreuses. Il fit défaire et reformer le triangle deux à trois fois de suite pour que les cavaliers s’habituent. Ses sous-officiers se chargeaient de rediriger la formation au besoin et de lancer des ordres aux cavaliers récalcitrants à leurs côtés.

De nouveau Garlan fit s’interrompre l’escadron pour proposer un nouvel exercice en félicitant tout d’abord ses hommes : « C’est vraiment pas mal, je sens qu’on tient quelque chose ! On peut utiliser également une variante de cette formation en utilisant deux unités de cavalerie qui utilise le fer de lance. Ils peuvent ainsi prendre la formation ennemie de deux côtés, en formant une tenaille. Cela demande énormément de coordination, car les deux unités de cavalerie alliées doivent coulisser l’une dans l’autre.  Ce n’est guère évidant et demande énormément de pratique. Afin d’éviter tout accident, nous pratiquons la manœuvre à une cadence faible pour commencer, il y a des mannequins d’entrainement un peu plus loin qui serviront de cible, je commanderai la première unité. Votre majesté Durrandon, me feriez-vous l’honneur de commander la seconde ? »



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Qu'on les regrette ou non, les choix que l'on faisait tout au long de l'existence definissaient peu à peu qui l'on était. Ainsi, même les erreurs étaient bonnes à prendre, elles permettaient de grandir, d'évoluer et d'apprendre. C'était peut être la capacité à se remettre en question qui avait manqué à Kevan Gardener et qui l'avait amené à fuir ainsi, trahissant l'Empire et désertant Fort Darion avant la campagne de printemps. Argella aurait voulu trouver les mots justes pour le convaincre de l'intérêt qu'il avait à rester dans l'Empire et à en accepter les contraintes, mais il avait fait ses propres choix en dépit des discussions, des conseils et des avertissements. Elle n'était pas responsable, même si elle s'en voulait de ne pas avoir pu l'aider. Il lui faudrait bientôt prendre ses responsabilités. Mais effectivement, si l'autocritique pouvait être enrichissante, elle devait, comme la critique rester constructive. Il était facile de faire un jugement à l'emporte pièce des actions des uns et des autres, mais faire mieux s'avérait souvent bien plus difficile qu'on l'aurait pensé. Quand on avait tous les éléments, toutes les conclusions, toute l'histoire du début à la fin, il était aisé de prendre une décision à posteriori. Mais quand on était face à un avenir aussi incertain que restant à écrire, les revers de fortune étaient inévitables. Quoi qu'il en soit, Garlan, tout comme Argella finiraient par tirer les enseignements de cette histoire et parviendraient à tourner la page. Le plus tôt serait le mieux car au printemps, ils devraient éviter toute déconcentration. Il restait à espérer que Kevan Gardener ne représente alors ni une menace, ni un risque, ni une source de distraction car la marge d'erreur était réduite.

Lors de la première série d'exercices, Argella se plaça aux côtés du Goldwyne, au botte à botte, ses hommes en première ligne juste derrière elle afin de pouvoir rapidement venir en couverture devant elle en cas d'attaque sans pour autant désordonner la formation de base. C'étaient tous des chevaliers expérimentés qui avaient l'habitude de travailler avec Argella, aussi, non seulement ils tinrent la formation serrée sans aucun problème, mais ils n'avaient besoin que d'un regard avec leur Reine et quelques gestes parfois, pour comprendre ce qu'ils avaient à faire. Mais la troupe du bieffois s'en sortait plutôt bien pour une première étant donné le nombre d'hommes comparé aux siens et leurs expériences disparates. Elle hocha la tête avec respect afin de signifier au jeune capitaine son admiration. Ses ordres étaient clairs, distincts, si bien que chaque homme pouvait donner le meilleur de lui même.

La brune aux yeux céruléens semblait minuscule à côté de Garlan avec sa petite jument dornienne taillée pour l'endurance et la vitesse plutôt que pour le choc. Elle avait perdu un énième destrier à Tiniviel et il fallait du temps pour former ses nouveaux chevaux. D'après le dresseur et Ser Trystan, l'un d'eux avait un grand potentiel et devrait être prêt pour le printemps. Elle avait ses préférences connues de toutes les personnes qui gravitaient autour de ses montures, la première étant qu'elle ne montait que des cheveux isabelle, ce qui était plutôt rare. Ainsi, il fallait sélectionner les chevaux royaux sur la robe et bien sur les aptitudes et les faire travailler en conséquence de la mission qu'ils devraient remplir. Roward Martell avait certainement été bien renseigné pour choisir Dame Hélion, c'était une excellente monture pour les voyages, infatigable et dotée d'une bonne pointe de vitesse, avec un pied sûr et un bon caractère. Mais elle n'avait pas l'allure ni la taille d'un destrier et il fallut qu'Argella use de toute sa science équestre et de sa connaissance de la petite jument à la robe dorée et aux crins noirs pour rester au même niveau que le Goldwyne. Presque imperceptiblement, elle reculait une jambe pour la faire pivoter, la poussait avec le bassin ou serrait les doigts pour la faire ralentir. Elle utilisait le moins possible ses mains car le coursier dornien avait la bouche sensible et aimait maintenir sa tête haute. Contrairement à Sombre Orage qui avait tendance à tirer avec force et à devoir être monté avec autorité, Dame Hélion était toute en finesse et se montait avec délicatesse.

Quoi qu'il en soit, la Durrandon n'avait pas un cheval de guerre adapté à l'exercice, encore moins à une charge croisée. Mais il était hors de question qu'elle pose son royal postérieur sur un autre cheval et encore moins s'il n'était pas isabelle. Elle était suffisamment bonne cavalière pour compenser. Pour la formation en triangle, elle se plaça juste derrière le jeune homme. Évidemment elle préférait être en première ligne, mais sur le champ de bataille, elle devrait faire attention et ne pas s'exposer inutilement. Il fallait qu'elle commence dès à présent à rester un minimum protégée et que ses hommes apprennent à connaître sa position et à se placer en conséquence autour d'elle. Ainsi, l'exercice suivant était d'autant plus intéressant que cette configuration risquait d'être utilisée lors de la campagne de printemps. Avec une position de commandement en seconde ligne qui obligeait les membres de sa garde avançant sans la voir à être très attentifs, plus ils travaillaient la coordination, plus ils seraient efficaces.

Elle accepta donc avec grand enthousiasme de mener le second groupe en fer de lance. L'allure réduite ne devrait pas trop effrayer la jument lors du croisement des formations.

__ Avec plaisir Ser Garlan.

L'impétueuse hocha brièvement la tête et siffla avant de héler ses hommes.

__ Archers, à cheval !

Tandis que les archers s'exécutaient, elle se plaça face aux cavaliers avant de faire un signe au capitaine de sa garde personnelle et d'énoncer ses directives d'une voix forte.

__ Les hommes situés à droite de la tranchée que mon capitaine va tracer seront avec moi à l'exclusion des officiers qui resterons avec Ser Goldwyne.

Le chevalier passa au milieu de la troupe afin de la séparer en deux groupes à peu près égaux. Pendant ce temps, la jeune femme choisit trois chevaliers pour charger en avant de Garlan afin de le protéger et cinq dont deux archers pour aller au devant d'elle. Le troisième archer dirigerait le flanc gauche tandis que son capitaine dirigerait le flanc droit.

__ Nous restons en formation serrée jusqu'à ce que nous croisions l'autre groupe. Ceux de devant regardent mes hommes en première ligne et les autres se calent sur le cavalier devant ainsi on espace les lignes d'environs un mètre afin de laisser passer un cavalier en sens inverse et on relève les lances et les lames. Les deux archers en avant décrocheront par les flancs avant d'arriver au contact, ne vous occupez pas d'eux. Adaptez votre allure à la mienne et souvenez vous, c'est un entraînement à faible allure.

Argella se tourna vers Garlan et dit :

__ Capitaine Goldwyne, je vous propose de charger directement depuis les flancs pour commencer.

Une fois mis d'accord, elle partit au petit galop avec son groupe vers le flanc à gauche des mannequins et leva sa lance à l'horizontale au dessus de sa tête en se dressant sur ses étriers afin que tout le monde voit. Ces chevaliers étaient déjà en pointe devant elle et elle resserra la formation en se plaçant juste derrière le premier. Arrivée à bon port, elle cria "Halte" en levant sa lance à l'horizontale, perpendiculairement à la marche et attendit que le bieffois se mette lui aussi en place. Puis après avoir échangé un regard avec lui, elle tourna sa lance dans le sens de la marche et ordonna :

__ Chargez !

Oh comme elle avait envie de partir au grand galop et d'aller malmener les mannequins de bois. Mais elle savait que ce n'était pas le moment de faire n'importe quoi et que c'était dangereux vue la situation. Elle prit donc un tout petit galop et remit sa lance sur son pied en rappelant ses hommes à l'ordre.

__ Ralentissez devant !

Les archers tirèrent plusieurs flèches sur les cibles avant de s'écarter à vive allure et de faire demi tour pour retourner à l'arrière tandis que la brune guerrière abaissait lentement sa lance et la calait sous son aisselle afin de frapper une cible. La formation rentra dans l'aire comportant les mannequins, puis, les lignes s'écartèrent et les deux groupes se croisèrent. Dame Hélion fut surprise et se cabra si bien que le cavalier derrière Argella lui rentra dedans, mais avant que celui-ci ne soit complètement arrêté et que cet incident ne mette la pagaille dans la ligne centrale, la Durrandon la relança en avant d'un violent coup de talon. Elle fit un bond en avant et il fallut quelques instants à sa cavalière pour en reprendre pleinement le contrôle, mais au moins avançait-elle en ligne. Une fois que sa jument eut reprit son calme, elle s'assura que tout se déroulait bien à l'arrière et fit pivoter la troupe en maintenant la formation.


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MessageSujet: Re: Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé]   Stupeur & Tremblements [Tour VII - Terminé] EmptySam 26 Oct - 20:55

Sans surprise, Argella accepta le commandement de l’autre troupe de cavalerie. A vrai dire, le contraire l’eut étonné et surpris. De ce qu’il avait pu voir jusqu’à présent, elle était une femme d’action qui avait appris à commander des soldats et surtout à combattre avec eux en première ligne s’il le fallait. Garlan avait vu de lui-même de quoi elle était lors de la seconde bataille de Tinivel, c’était une guerrière redoutable dont il était difficile de se défaire. Même si elle était reine désormais, elle semblait toujours se montrer indomptable, on pouvait dire aussi qu’elle était imprudente, car un lourd poids reposait sur ses épaules et certaines personnes auraient alors préférés rester en arrière afin de s’assurer de préserver leur vie, surtout lorsque la survie de sa maison se retrouvait vacillante. Mais non pas Argella. On ne pouvait pas en attendre davantage de la fille d’Argilac après tout.

Il avait commencé à « la connaître » par le biais de sa relation avec Kevan, du moins c’est lui qui venait rarement à lui en parler, mais ils n’eurent jamais d’échanges sérieux auparavant. Ce n’est que lorsqu’il avait déserté l’armée royale en compagnie du Prince qu’il avait commencé à la côtoyer, mais le comportement de celui qui avait été son ami et et son roi les avaient rapprochés. Cependant, il savait qu’il avait encore énormément à apprendre sur elle, l’avenir lui dira s’il en a l’opportunité. Dorénavant, son épée est au seul service de l’Empire, il combattra pour ce dernier jusqu’à son dernier souffle et peut-être le fera-t-il en compagnie de la reine de l’Orage en fonction de l’affectation qu’il recevra, cela dépendra des ordres du chef de corps de la cavalerie et de l’Empereur.

Ils ne perdirent pas de temps, Argella vociféra des ordres à ses hommes et plus précisément à ses archers pour commencer qui reçurent l’ordre de monter à cheval. Cette directive surprit le jeune homme, au vu de la manœuvre qui devait être entreprise, il se demandait en quoi les archers à cheval pourraient être utiles en état. Mais il savait qu’elle était une guerrière émérite et qui avait connu plus d’une bataille, elle devait avoir une idée derrière la tête. Il n’y avait plus qu’à voir ce que cela donnerait.  Elle exposa alors son plan, le bieffois resta des plus attentifs aux indications qu’elle pouvait fournir.  La reine de l’Orage l’interpella afin de lui conseiller de charger les mannequins en premier lieu par les flancs, il répondit par l’affirmative, les ordres étaient bien ficelés et chacun savait ce qu’il avait à faire.

Les deux groupes se séparèrent alors, la Durrandon en commandait un, le Goldwyne commandait l’autre. La manœuvre devait être bien exécutée, sinon il risquait d’y avoir des blessés, et qui sait, des morts dans l’opération. Mais en soit, c’est pour cela qu’ils opéraient à vitesse réduite afin de minimiser les risques dans un premier temps. Chaque troupe se mit en position, le bieffois utilisa sa lance pour donner le rythme à ses cavaliers, ces derniers semblaient plutôt bien réagir à ses directives, il était satisfait de cela, surtout qu’ils en étaient à leurs débuts ensemble. Les deux chefs de groupe échangèrent un regard, ils étaient prêts et entonnèrent l’ordre ensemble : «Chargez !»  Sur ce simple mot, il coucha sa lance vers l’avant pour coupler le geste à la parole . Les cavaliers de son escadron suivirent plus ou moins les directives indiquées.

Garlan dut en rappeler certains à l’ordre pour qu’ils maintiennent le rythme. L’impétuosité… On pouvait la trouver en chaque guerrier et pas seulement chez les chevaliers qui étaient connus pour charger à tout va malgré des ordres parfois contraire. Les deux troupes s’entrecroisèrent au niveau des mannequins, certaines lances les percutèrent assez mollement au vu de leur vitesse.  La manœuvre ne se fit pas sans anicroche, mais c’était à prévoir, certains chevaux se percutèrent, heureusement, au vu de la vitesse faible, aucune monture, ni cavalier, ne fut blessé pendant la manœuvre. «C’était vraiment pas mal pour une première fois ! On recommence et cette fois-ci on augmente la cadence ! » Ils s’entraînèrent ainsi pendant plus de trois heures en augmentant à chaque fois leur vitesse, en réajustant la formation. Il fallait y aller à petit pas pour obtenir un tout cohérent.
Et vers la fin, c’est ce qu’ils semblaient obtenir, bien qu’il était conscients qu’ils devraient encore s’entraîner plusieurs fois à cette manœuvre pour parfaitement la maîtriser.  Après un tel entraînement, les montures se fatiguaient, ainsi que leurs cavaliers. Il félicita les cavaliers présents, un mot d’encouragement était toujours bienvenue pour motiver la troupe : « Vous possédez un bon potentiel, je suis sûr que tous ensemble nous sommes capables d’accomplir de grandes choses et faire la fierté de l’Empire la lance à la main! Ne vous reposez pas sur vos lauriers, demain entraînement ! Mais pour aujourd’hui, ça sera tout, vous pouvez retourner au campement !» Il échangea quelques mots avec des cavaliers de son escadron qui souhaitaient débriefer ou en quête de conseil. Puis ils s’en allèrent vers la campement. Garlan s’approcha de la reine de l’Orage, fin sourire aux lèvres :  «Que diriez-vous de finir cette journée autour d’une choppe, votre majesté ? Je vous invite, bien entendu.»


I'm waiting for the call, the hand on the chest. I'm ready for the fight, and fate.


Garlan Goldwyne
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