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Bruna Marquezine est <a href="http://bloody-crown.forumactif.org/t5654-shalya-antharyon"><span class="Gp_Etranger">Shalya Antharyon</span></a>

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<span class="Gp_Etranger">Shalya Antharyon</span> -  Je suis fidèle à mon souverain - Lady Antharyon - <a href="http://bloody-crown.forumactif.org/t5654-shalya-antharyon">Personnage inventé</a>

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C'était comme si elle plongeait dans un trou noir sans fond. Tout son corps la torturait, sa gorge était sèche et elle se sentait trembler d'être aussi perdue. Elle allait en avant, enfilant l'une après l'autre une succession de néants, tournant en rond jusqu'à ce que l'interminable et obscure immensité des profondeurs s'ouvre devant elle. Il lui semblait qu'elle butait contre quelque chose de dur, froid et détrempé, endurant un surcroît de souffrance. Elle cru entendre des cris la poursuivant, tout proches. Alors, dans un effort désespéré, elle piqua droit devant, et n'écoutant plus que sa terreur, murmura « Valar Morghulis... » avant de se laisser tomber. L'eau été glacée, mais après sa course éperdue, elle lui parut bonne mais elle était épuisée et à bout de force, elle n'arrivait plus à nager. L'idée la traversa que la Mort n'était pas la solution, mais que pouvait-elle faire d'autre ? Elle se sentait s'abandonner, et la violence de la Mer se refermer sur elle...

Entre la vie et la mort, elle commença alors à se débattre contre un interminable cauchemar. Dévorée par la fièvre, inconsciente, elle alternait les crises de souffrance où ses poumons ressentait la brûlure de l'eau salée et l'angoisse du trou noir où elle s'était volontairement précipitée. Absente de son enveloppe charnelle, son âme menait un épuisant combat contre les fantômes de la peur et du désespoir. Par instants, elle revivait l'abominable nuit striée d'éclairs déchirant les voiles du navire tandis qu'autour d'elle, les matelots devenaient des démons nus, l'imprécation à la bouche et venant menaçants dans sa direction. Dans l'Horreur, elle entendait, impuissantes, les voix agonisantes de Desmond et Baelon, tandis que la haute silhouette de Lyderik se retournait une dernière fois vers elle avant de se laisser sombrer par dessus bord. Le tout coupé d'épuisantes quintes de toux.

Durant des jours, elle ne vit ni l'aube ni le crépuscule. Parfois, il lui semblait sentir un souffle au fond d'un étroit passage obscur au bout duquel brillait une lueur. Alors, essayant d'atteindre cette clarté, elle se traînait le long du tunnel noir qui n'avait pas de fin, parce que la lumière s'éloignait à mesure qu'elle s'en approchait. Jusqu'à ce qu'un soir, enfin, son horizon s'éclaircit. La jeune fille émergea enfin des ténèbres de l'inconscience. Les objets et les vagues silhouettes se fixèrent, et ses yeux s'ouvrirent sur un décor qu'elle ne connaissait pas. Elle comprit qu'elle était couchée dans un lit aux courtines jaunes faisant face à une cheminée dans laquelle flambait un bon feu. A son chevet, une femme inconnue était assise. Elle avait des cheveux argentés, un doux visage rose et un regard bleu levé sur quelqu'un qui était debout de l'autre côté du lit et qui tenait le poignet de la rescapée.

***

« Alors ? » demanda-t-elle. Sa voix était chaude et optimiste, comme celle d'une mère, mais avec un arrière gout d'évidente inquiétude. « La fièvre a baissé incontestablement et à mon avis, notre malade ne devrait plus tarder... Mais regardez ! Elle vient d'ouvrir les yeux ! » C'était un homme qui devait avoir entre soixante et soixante-dix ans, à en juger par la peau très pâle pétrie par le temps, et la longue barbe blanche qui se perdait dans une longue et lourde chêne où se mêlaient différents maillons. Il avait une voix beaucoup plus aiguë, presque haut perchée, mais les petits yeux noirs à moitié caché par un mono sourcil broussailleux étaient emplis de douceur. De son côté, la jeune fille clignait frénétiquement des pupilles. Elle sentait ses tempes cogner contre sa tête, incapable de comprendre le moindre mot. C'était une langue âpre, peu mélodieuse, et qui lui donnait l'impression que les deux personnages au dessus d'elle se disputaient. Pourtant, elle avait l'impression que ce n'était pas la première fois qu'elle l'entendait, et referma les yeux, fouillant sa mémoire pour en retrouver la trace.

C'était un exercice périlleux. Une succession d'images rapides se bousculaient dans son esprit, à tel point que pendant un court instant, elle ne savait même plus qui elle était. Elle voyait le soleil lancinant de l'Est qui déversait ses élégants rayons sur un grand palais de marbre, dont les deux tours principales et d'égale hauteur semblaient s'étirer dans l'infini du ciel. Quelque part, un luth et une harpe jouait un air doux, un air comme on les chante quand l'existence n'a été qu'une succession de bonheurs et de fêtes. La demeure de ceux qui n'ont jamais manqué de rien. Elle sentit une vague de chaleur traverser son corps, et un léger gémissement sortir d'entre ses lèvres. « Oh non, ça recommence ! Elle délire à nouveau ! » La femme s'était levée et dirigée vers un petit cabinet d'où elle prit une bouteille où reposait un liquide de couleur ambrée. « Attendez, Honorine, attendez ! Peut-être que nous allons enfin pouvoir savoir qui elle est ! » Le vieil homme l'avait coupée en levant une main protectrice devant le corps secoué de spasmes et d'où s'échappaient doucement une succession d'incohérences : « Antharyon... Braavos... Argillac... »

Elle avait un accent chantant, et délivrait chaque parole dans un flot doux comme coule l'eau dans une rivière. Dans sa fièvre, elle avait reconnu les murs de son enfance, ceux qui l'avaient vu grandir. Elle avait vu le lourd blason familial frappé de la chouette aux ailes déployées en balance, comme l'idéal de justice et de vérité qui avait porté ses ancêtres depuis l'Ancienne Valyria jusqu'à la grande et majestueuse Citée du Titan. Le Titan, qui avait vu passer dix années de sa vie entre l'insouciance et la tristesse ; l'insouciance de celle qui évolue dans les hautes sphères privilégiées de l'Etat, et la tristesse de la perte au berceau d'une mère sacrifiée pour lui permettre de voir le jour, suivie plus tard par l'agonie d'un père dont la présence filiale n'avait pas suffit à le consoler de la perte de la seule femme qu'il avait jamais aimée. Son dernier souvenir de lui, c'était celle d'un homme malade gisant dans un fauteuil, mais à l'esprit suffisamment aiguisé pour conclure pour son Seigneur et beau-frère des amitiés au delà du Détroit.

***

Il fallut plusieurs semaines à Honorine la Bonne, tenancière de "La Bonté Divine", et à mestre Jason, pour requinquer la jeune fille trouvée un lendemain de tempête sur les plages noires de la Baie de la Néra. Soignée, nourrie, elle avait progressivement retrouvé la vie et ses esprits. Elle s’appelait Shalya Antharyon, orpheline élevée par son oncle de la main gauche Cysalyon Fregar, Seigneur des Mers de Braavos. Elle avait vécu dans l’opulence d'une vie de princesse, promise à un grand mariage avec l'une des familles les plus influentes de la Cité. Une promesse qui s'était envolée avec les jours heureux ; dans le sang et la terreur, le grondement lointain de la vague conquérante venue de Volantis l'avait conduite sur la petite île de Lorath. Pour apaiser un cœur qui n'avait pas eu le temps de battre, et pour protéger des intérêts communs. On l'avait crue en sécurité dans ce royaume où le courage venait à bout du feu et des tempêtes, adopté comme sien une fois devenue pupille de son souverain. Et puis de nouveau, le Destin s'était déchaîné, actionnant son impitoyable roue écrasant sur son passage vies et horizons au rythme des avancées d'un Tigre lanciné d'une ambition impériales qui ne connaîtrait aucune mesure. Elle avait, comme ses cousins et son prince devenu Roi dans la double perte de son père et de celui qui lui avait confié fils et nièce, embarqué pour la folle traversée du Détroit qui devait conduire les survivants d'une civilisation éteinte dans le giron ami de la puissance de l'Orage, attachée à son nom par des liens d'une ancienne mais néanmoins solide amitié.

C'était ce qu'elle avait tenté de narrer à ses sauveurs. Mais comme pour marteler son injuste joug, la main invisible de la terreur éprouvée s'était nouée autour de sa gorge, la privant d'une voix suffisamment audible pour être parfaitement comprise. Des bribes de mots s'échappaient ça et là, indiquant qui elle était, d'où elle venait et qui elle cherchait si désespérément à atteindre. Elle n'avait même pas essayé de savoir ce qu'il était advenu de ses compagnons. Ils avaient probablement péri dans le naufrage, leurs corps si braves gisant à présent dans les tréfonds de l'océan. Il fallait aller de l'avant, et retrouver celui qui avait serré la main de son père dans les jardins ensoleillés du Palais de la Vérité. Argillac Durrandon, Roi de l'Orage, était son seul secours, le seul qui pourrait la légitimer comme celle qu'elle s'évertuait à dire qu'elle était, la restaurer dans ses droits et lui offrir une nouvelle vie sur ce continent étranger et si différent de celui qu'elle connaissait.

Pendant deux ou trois jours, voyant qu'elle n'arrivait pas à se faire comprendre et l'esprit cloué par les images atroces des visages sans vies de ceux qu'elle avait tant aimés, elle avait pensé se laisser mourir. Après tout, tout homme doit mourir. Mais de sa voix faible où coulaient les mots dans la langue des Dieux, elle l'avait décidé : « Je ne suis pas un homme ! »