Withered roses

Mina Swann & Isla Chelted

Elle étouffait.

Elle devait sortir, à tout prix.

Isla repoussa tout et tout le monde, maladroitement. Passa la porte de ses quartiers. Arpenta le couloir d'Accalmie, descendit les marches qui la menaient à l'extérieur, ignora les hommes qui la saluèrent sur son passage. Fit un pas, deux, douze ou plus, impossible de les compter.

Arrivée sur un petit promontoire, face à la mer, enfin, elle releva la tête et enfin elle tenta de prendre une inspiration. Rien. Le cœur battait fort, trop fort. La tête lui tournait et la nausée lui tordait les tripes. Elle n'entendait plus rien, voyait à peine devant elle. Etait-ce sa vision qui était brouillée ou la pluie qui tombait ?

Qu'était-elle en train de faire ?

Fermant les yeux, elle réessaya, inspirant par le nez. Un peu d'air s'engouffra. Les larmes lui brûlaient les yeux mais refusaient de tomber. Sa respiration était bloquée. Impossible d'inspirer de nouveau, d'expirer. Elle rouvrit les yeux, paniquée. Etait-elle en train de mourir ?

Non. Elle était bien vivante. Le vent lui piquait la peau, jouait avec ses cheveux. Le sol, sous ses pieds, était mou d'humidité et de terre retournée. La vue qui s'offrait à elle montrait la mer, agitée, comme toujours dans ce pays maudit. Le chemin du bord de plage, tant de fois arpenté par les hommes, l'Empereur, elle-même. Des souvenirs douloureux, à présent, colorés de l'amertume d'un acte manqué.

Bientôt elle partirait vers Pierremoutier. Et n'aurait d'autre choix que de divulguer ce mensonge créé de toutes pièces par Torrhen. Isla lui en voulait, d'avoir pris la bonne décision. Et c'était ridicule, elle le savait. Mais il était plus facile de lui faire porter la faute et d'ignorer tout le reste, même si elle avait conscience en son for intérieur qu'il n'y était pour rien. L'insulaire baissa les yeux, se remémorant les falaises de Peyredragon secouées par des vagues de cinq, dix fois, quinze fois sa hauteur, peut-être. Il serait si simple, de tout abandonner. De tout laisser tomber, ici et maintenant. Etait-elle à une hauteur suffisante ?

Non, elle devait vivre. Vivre et porter la vie en elle, cette vie qui avait pourtant tout détruit. La dernière impulsion, le dernier souffle. Le chant du cygne qui, à trop jouer avec le feu du Dragon, avait fini par se brûler les ailes. Le vent s'apaisa, juste un instant, suffisant pour elle d'entendre un bruit, derrière. Elle se retourna, yeux humides, replaçant correctement la cape qu'elle avait négligemment jeté sur ses épaules avant de sortir.

« Lady Mina ! ... Je ne vous avais pas entendue arriver. »