Cela fait quelques instants que j'ai émergé de mon sommeil réparateur ayant suivi le feu de nos ébats passionnés à ma sirène des sables ayant débarquée dans la plus grande des surprises au sein de mon camp de fortune. Camp rebelle tant à la princesse auto déclarée Mahée Allyrion qu'aux envahisseurs de la maison Valtigar. Un bien piètre rassemblement pour un prétendant au trône princier mais cela ne m'inquiétait guère pour l'instant. En effet, j'avais emporté tous les cavaliers disponibles soit une infime poignée étant donné que mes effectifs se trouvaient en partie auprès des forces du conquérant Valyrien. Je pouvais en lever d'autres puisque j'avais menti sur mes capacités martiales lors des dernières estimations par le pouvoir suzerain. 

Et puis, nous n'étions qu'aux prémices de ma guérilla visant à chasser les envahisseurs d'outre détroit de nos terres tout autant qu'à livrer une guerre sans merci aux Allyrion et l'amas de parjures et de rebelles la soutenant. Si, je m'étais dressé pour la couronne de Dorne ce n'était pas tant par ambition personnelle que refus de voir ma patrie aux mains de rebelles inféodés à un empire qui avait trahi ma suzeraine et contre lequel elle avait lutté ou aux mains d'étrangers aux velléités conquérantes pour lesquels Dorne ne représentait qu'un marchepied ou une vulgaire base arrière pour des desseins bien plus sombres. Dorne retrouverait son âme en même temps que sa liberté, son indépendance, son honneur et sa prospérité sous mon règne. Et si je devais frayer avec le Bief, l'Ouest ou la Foi je n'hésiterais pas un seul instant. 

J'émerge donc du sommeil réparateur dans lequel j'avais basculé dans le dos de mon aimée pour constater que cette dernière s'était également endormie à mes cotés certainement épuisée par le trajet erratique qu'elle avait effectuée à toute allure dans l'espoir de me retrouver avant que le pire ne soit arrivé. Je prends le temps d'observer affectueusement la jeune femme courageuse et téméraire mais également fidèle et dévouée se reposant la tète sur mes cuisses. Mes doigts caressent les traits de son visage avec une adoration complète alors que je cherche à les imprimer sous mes doigts pour pouvoir ne jamais les oublier. Cette manifestation d'amour pur m'apaise quelque peu. 

Car, je ne suis pas fou au point de ne pas avoir de craintes me déchirer les entrailles et me serrer les trippes. Les Valyriens allaient certainement vouloir faire un exemple de ma personne. Je craignais qu'ils ne s'en prennent à ma maison. Raison pour laquelle j'avais anticipé en les faisant mettre à l'abri dans les cachettes troglodytes de nos montagnes. Cachettes uniquement connues d'une poignée de personnes en dehors des membres de ma famille. Si la peur ne se déclarait point dans mon ètre alors je n'aurais rien d'un homme. Mille et unes questions tournaient en permanence dans mon esprit et je ne possédais que bien peu de réponses afin de me soulager de cette tortueuse condamnation auto infligée. 

Fatalement, mes mouvements du bout des doigts sur les mèches de ma lune ainsi que son visage finissent par provoquer une réaction de sa part quand bien même j'eus préféré qu'elle reste plongée dans ce sommeil réparateur encore de longues heures tant sa mine me parait éreintée par le trajet. Ses yeux d'un noir d'encre s'ouvrent lentement pour venir découvrir le mien perché au dessus du sien en pleine contemplation adoratrice. Mes lèvres viennent s'écraser sur les siennes avant que je ne brise le silence. "Nous nous sommes endormis il me semble. J'ai lâché le premier tandis que tu m'exposais tes découvertes des terres de l'Ouest. Tu as du me suivre peu après je pense. J'aurais voulu que tu te reposes davantage car tu m'as l'air éreintée. Tu voulais que je te présente à la troupe et visiter le camp n'est ce pas ?"

Le sommeil léger et agréable, les fumées d'encens virevoltent dans le pavillon, tandis qu'un léger courant d'air chaud fait parfois frissonner le tissu. Jasmyne dort, paisiblement, le corps enlacé a celui qu'elle aime, celui qu'elle rêvait de retrouver. Les retrouvailles ont ainsi été tout aussi mouvementées que les précédentes et après une longue chevauchée voilà qu'il l'épuisait entre les draps de leur couche. Une union charnelle pour le moins libératrice, ainsi comblée et le ventre qu'elle espère fertile, elle s'est laissée emportée par les songes après luia voir conté ses aventures au nord. Il s'est endormi, elle a suivi, quelques minutes a peine après lui. Il s'écoule une heure, deux, peut être trois...La sieste est revigorante et des ses rêves il la baptise de douces caresses au visage, passe ses doigts dans ses longs cheveux noirs, et elle sent son souffle chaud contre sa peau. Un rêve qui se mêle a la réalité alors qu'elle a l'impression de percevoir le toucher de son soleil .

Lentement ses paupières se rouvrent sur la plus belle des visions qu'il puisse exister en ce monde. Instantanément, ses prunelles brillent telle la voute céleste en pleine nuit quand elle l'a dans son champ de vision. Ses lèvres terminent de la réveiller d'un doux baiser, elle soupire de bien être tout contre celles ci. Elle se sent si protégée en sa présence qu'elle ne s'est même pas rendue compte qu'elle s'était assoupie. Ses doigts glissent dans ses boucles cuivrées, tandis qu'il se sépare de ses lèvrees, elle fait en sorte de le garder tout près de son visage afin de le détailler et de l'admirer de près. Jasmyne a le cœur conquis, qui se gonfle d'amour a son égard, le rythme du plapitant légèrement en cadence accélérée.  Un sourire enfin s'étire, il lui propose de visiter le campement ainsi qu'il le lui avait proposé a la base.

« D'accord mon aimé, laisse moi d'abord me vêtir d'autre chose que tes bras et je te suivrai. » La nymphe du désert nue contre son aimé se redresse du lit à contre cœur et enfile une chemise recouvrant son corps orné de décorations géométriques et florales. Un petit regard par dessus son épaule alors qu'elle se sent observée elle lui adresse un large sourire espiègle. Puis elle vient enfiler la robe qu'il lui a offerte, aux couleurs de la maison Toland. Même si la vie dans le désert n'est pas forcément adapté pour une tenue aussi luxueuse, elle tenait a la porter. « Pour mon premier jour en tant que vassale de la maison Toland, je souhaitais marquer le coup avec cette magnifique robe que tu m'avais offerte. » Il peut voir qu'elle en a pris grand soin, elle a toujours l'air aussi flambante neuve.

Jasmyne aime cette robe, elle aime la porter et vient sublimer cette tenue avec l'une de ses coiffes ornées de bijoux. Elle ne sait pas encore comment tout le monde prend son intrusion ici, si quelques uns de ses hommes la connaissent déjà elle se doute que pour certains sa présence ici est mal justifiée. Elle espère les convaincre ainsi tous qu'ils peuvent avoir confiance en elle, qu'elle est près de Moran parce qu'elle l'aime et qu'elle lui est dévouée. « Qu'en penses tu mon beau seigneur ? Suis-je comme tu aimes?» Un tour sur elle même, elle le laisse désormais juge seul de son apparence, il peut voir ainsi sur son visage, a quel point elle est toujours aussi fière de la porter. Dans le Nord cette robe avait fait sensation et elle a eu nombreux compliments alors elle n'a jamais hésité a parler de la maison Toland, de son histoire et de la bonté d'âme de leur seigneur. Pour la plupart ils ne connaissaient pas tout de Dorne et de sa principauté encore moins de ses maisons nobles. Cette fois c'était elle l'enseignante.

La vie est tellement simple lorsque l'on prenait la peine de se contenter des choses essentielles. Cette lecon infiniment précieuse c'était la sublime sirène des sables se trouvant entre mes bras qui me l'avait enseignée. Et cela s'était avéré aussi radical que terriblement rafraichissant pour le sang bleu que j'étais. Rompu à voir tous mes ordres exécutés dans les plus brefs délais et à jouir de tous les bienfaits de mon rang, découvrir que me décharger de bien des considérations pour me complaire dans la douce aisance de l'acceptation de la simplicité avait été une véritable révélation. 

Mes souvenirs préférés de ces deux dernières années avaient été crées au milieu du désert et ses imposantes dunes avec de la nourriture généreuse mais non trop raffinée, quelques coussins en guise de couche et la présence inestimable de ma nouvelle compagne. Nos regards se croisent pour ne plus se détacher comme souvent et je sens mes propres lippes dissiper le regret de l'avoir tiré du sommeil réparateur dont elle avait semble t'il besoin face à son sourire rayonnant. 

“Prends le temps qu'il te faut ma déesse. Je saurais apprécier ta vue à sa juste valeur.” Bien que mes bras étaient selon moi sa tenue la plus seyante. Il était tout bonnement hors de question qu'elle se présente en dehors de cette tente de manière délurée. Ce n'était pas tant par jalousie quoi qu'elle se serait déversée en moi avec une fureur sans égale à l'idée que d'autres se rincent l'œil de sa perfection secrète. Mais bien parce que la présence d'une unique femme au sein d'un campement d'hommes pouvait s'avérer source de frustration en vertu de nos appétences masculines. 

Non pas que mes guerriers soient des sauvages seulement les réalités étaient ce qu'elles étaient... Mieux valait faire preuve de tact. Et puis, en tant que femme d'un seigneur prétendant au titre suprême d'une couronne elle devrait renvoyer une certaine image de marque. Je n'ai guère à souligner tout cela tant ma dulcinée a la tète bien faite et décide avec raison et sagesse. Bien que la dite robe puisse paraitre inadaptée au désert, il s'agit du choix concordant le mieux avec la direction de mes pensées. 

“Je pense qu'il s'agit là d'un choix particulièrement éclairé ma mie. Tu es décidément parfaite.” Un sourire illumine mon visage en la contemplant enfiler le tissu précieux avec une délicatesse témoignant du respect qu'elle ressentait envers ce présent. Mes yeux scintillent littéralement d'admiration devant le spectacle de la jeune femme apprêtée dans ces atours de bal. L'ajout d'une coiffe et de colliers massifs mais néanmoins dénués de vulgarité rendent l'ensemble proprement saisissant de majesté. “Ce que j'en pense c'est que les mots me manquent pour te rendre honneur. Si j'aime ? Tu es plus altière que bien des princesses. Je suis votre serviteur dame Desdunes.” 

Je me redresse et quitte ma couche afin de la rejoindre en quelques foulées. Lorsqu'elle tourne sur elle même, je saisis sa main et la fait tourner une fois de plus. “Laisse moi le temps de me couvrir également ma douce. Je vais avoir l'air terne à coté de toi. Je n'aurais besoin que de quelques minutes.” Puis, après avoir déposé un baiser sur sa main. Je vais enfiler mes chausses ainsi qu'une tunique aux couleurs simples mais néanmoins élégante. Je mets plus de temps à enfiler mes bottes de cavalerie. Puis, je passe mon ceinturon d'arme à la ceinture. Je lui tends mon bras afin qu'elle s'y accroche. ”Bon. Il est temps de te faire visiter les lieux.”

Jasmyne s'habille, avec délicatesse, avec soin. Elle nate ses cheveux noirs et les recouvre d'une coiffe scintillante de bijoux avant de montrer le résultat a son aimé. Tandis qu'elle enfle des bracelets qu'il lui a aussi offerts, elle sent que le jour est a marquer d'une pierre blanche puisqu'elle lui a prêté allégeance, alors porter ces couleurs là lui semble adapté. Elle requiert l'avis de son aimé qui approuve son choix, lui fait même l'honneur de la comparer aux princesses. Jasmyne rougit, espère que les dieux ne la trouveront pas orgueilleuse d'apprécier le compliment bien que son rang soit loin d'égaler celui d'une princesse. Elle est aujourd'hui Jasmyne, sujet du Seigneur Moran Toland de Spectremont et pourquoi pas de manière officieuse, Jasmyne Desdunes. Peut être que ce nom là commencera a signifier quelque chose maintenant qu'elle est sous sa protection et qu'elle le sert ? Lui offrir un nom est sans doute le plus beau cadeau qu'il lui ait fait.


« Tu me flattes mon aimé...Si je suis ainsi en beauté c'est grâce a toi ! » Elle lui figure, dans un large sourire, après tout c'est lui qui lui a offert cette robe, les mesure sont été faites sur son ordre dans le but de sublimer sa silhouette. Avec un tissu noble qui la met a son avantage. Alors elle lisse machinalement la robe de ses mains a plat sur le tissu et l'observe tandis qu'il se lève de leur couche dans le but d'aller se vêtir. Nu comme un ver, elle ne perd pas une miette du spectacle de son corps athlétique et désirable. Il est si beau dans son plus simple appareil, elle aime comment il est bâti, comment il marche, comment il s'affaire a habiller ses épaules carrées, quand il vérifie que tout est bien mis. Il a une prestance de Prince, ainsi il sera parfait dans ce rôle, le jour où il sera couronné. Un petit soupir d'admiration alangui d'amour a son égard, elle sourit lorsqu'il revient près d'elle. Le moment est donc venu de visiter le campement. Jasmyne embrasse une dernière fois ses lèvres avant de prendre le bras qu'il lui offre pour marcher avec galanterie. Ainsi elle le suit hors du pavillon et elle observe les alentours. Son cheval a l'ombre au loin la voit sortir, curieux, il l'observe. Il dénote dans sa robe couleur dorée, si fine qu'on le dirait métallisé. Ce cheval lui a couté cher, mais c'est l'un des plus rapides et il est habitué aux chemins difficiles. Grâce à lui elle est arrivée vite a ses côtés et maintenant il se la coule douce avec les autres chevaux dans l'écurie. Elle a demandé a ce qu'on s'occupe bien de lui mais ne manquera pas d'aller le récompenser plus tard pour le panache qu'il a mis dans son galop.

« Il y a t-il d'autres personnes de ta famille ici, j'ai vu Milo et Ser Lyonnel déjà, je serai curieuse de faire la connaissance de ceux qui pourraient te suivre d'aussi près. » Jasmyne sourit, elle voit quelques regards intrigués sur leurs deux personnes. Il y a ceux qui l'ont déjà vue, et ceux qui ne savent toujours pas qui elle est pour leur Seigneur. Elle espère se faire tout de même apprécier.

Le soupir alangui que ma douce laisse fuir hors de ses lippes à l'image du cerf fuyant la meute du seigneur m'arrache un sourire amusé. Lisant l'admiration dans ses yeux sombres pour lesquels je pourrais commettre des folies, je ressens une intense dose de fierté toute masculine face au fait de briller dans le regard de la femme que j'aime. Une fois de nouveau bénis par une promiscuité naturelle autant que nécessaire à nos deux cœurs langoureusement liés, je cède sans négociation à la reddition face à ses lippes si charnues et au teint délicieusement carmin. Il me faut par contre me réprimer durement comme lorsque je réfrénais les envies de liberté de l'un de mes palefrois en me montrant ferme avec les rènes. A cela près que j'étais en ce cas l'étalon devant faire preuve de rigueur en acceptant l'effet du mors. Douloureuse obligation que celle de ne point la noyer sous un déluge de contacts charnels à la moindre seconde. Mon astre personnel rayonnant de mille feux au point que la surnaturelle perfection de sa personne m'éblouisse saisit le bras que je lui tends de manière fort galante. Un sourire satisfait vient compléter l'expression comblée de mon visage. C'est aussi altier qu'un couple royal que nous abandonnons en une posture complice la pénombre de mon pavillon symbole de la vie nomade que je me suis imposé pour le bien commun. 

Notre passage d'un monde à l'autre se fait sans le moindre heurt mais n'est pas exempt de conséquences. Le souffle du vent vient fouetter nos visages et tournoyer les pans de sa majestueuse toilette. Les affres de la vie dans le désert en somme. Nous y étions tous deux rompus depuis longtemps aussi cela ne représente qu'un infime détail anodin. Mes yeux suivent ceux de mon aimée alors qu'elle observe les alentours avec une attention pleine de célérité. Ses prunelles de jais valant mille mots et autant d'or semblent accrocher le point ou se situe sa monture. Je prends alors le temps d'observer à mon tour l'impétueux compagnon de route de ma moitié. Il s'agit d'un cheval de grande valeur à la robe ocre tirant sur l'or. Une robe d'une grande rareté tant l'ébène, l'ivoire, le bai ou l'acier sont les teintes les plus répandus parmi nos cheptels d'élevage du moins de ce coté du détroit. Je me demande l'espace d'un instant si cette brave bête avait été croisée avec un cheval étranger. L'animal semble noble et fougueux. Une monture digne de ma Jasmyne. Une monture digne d'une... La jeune marchande désormais partisane de ma princière prétention et sujet de ma personne me tire de mes pensées. 

"Hélas non ma mie. J'ai préféré laisser ma famille à l'abri dans les cachettes troglodytes de la montagne. Seul Daemon Sand mon cousin et fils de ser Lyonnel fera des allers retours entre mon fief et nos positions afin de me transmettre mon courrier et donner des instructions. Cependant, le jeune Damian Montbrun mon écuyer est mon cousin car sa mère est ma tante." Une fois la question de ma dame réglée, je m'interroge sur la marche à suivre en constatant les regards appuyés et intéressés d'une partie de la troupe. Certains de ces hommes connaissaient déjà la jeune femme pour avoir fait partie de mes escortes lors de mes retrouvailles avec elle tenues au milieu de l'océan des dunes mais d'autres découvraient avec étonnement ma compagne. Le sourire de ma fleur du désert me fait chaud au coeur. Et j'apprécie de la découvrir aussi à l'aise au milieu de tant d'hommes dans un environnement profondément hostile. La fierté irradie de mon regard tandis que je dépose un baiser sur sa joue. "Il faudra que nous fassions une course un jour prochain sur nos montures respectives. Ton compagnon équin a l'air particulièrement vif. Quant à ces présentations. Préfères tu que je fasse rassembler la troupe ou que nous nous déplacions ?" 

Ils sortent bras dessus bras dessous du pavillon, après avoir longuement profité de l'un et de l'autre pour ces retrouvailles survenues plus vite que prévu puisqu'elle comptait aller a Spectremont s'établir. Il semblerait que les plans d'avenir aient changés avec les récents événements ; mais elle est contente d'avoir choisi de le suivre et de le servir. Jasmyne découvre alors le visage de ses hommes de confiance. Dont pour certains elle connaissait déjà les traits. Elle dit bonjour, d'un mouvement de tête, d'un sourire un peu timide quand certains s'inclinent pour la saluer. Elle n'a pas l'habitude d'être traitée de cette façon alors qu'elle a un rang très inférieur au leur. Elle cherche Moran du regard comme pour se rassurer, apprécie la politesse de ses hommes et l'attitude qu'ils sont a son égard. Au loin ils voient alors les écuries improvisées sous des moitié de chapiteau pour les protéger du soleil, sa monture se démarque des autres par la robe presque féérique du sien. Il se fait certes remarquer, autant c'est un cheval facile a manier mais ils sont très nerveux une fois sans cavalier et l'écuyer en a dû en faire les frais.

« Et bien je comptais te faire les présentations après notre tour, mais allons y maintenant. » Elle sourit, tandis que son bras est toujours lié au sien. Et si elle l'y emmène, ce n'est pas par hasard. « Ces chevaux sont les meilleurs destriers du désert. Tu perdras la course mon aimé...Mais... » Elle sourit, et le laisse faire connaissance avec l'animal qui devient plus vif a leur visite. « A condition que tu prends celui dont je t'ai fait cadeau...Alors il y aura une chance pour que tu me battes. » Hélas dans l'empressement, ce cheval là est resté a Bourg Cabane, il lui faudra aller le chercher avec ses affaires. Elle voulait lui faire la surprise, mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévues, elle comptait aller a Spectremont en cariole avec ce présent mais sa lettre a fait qu'elle a dû s'empresser de quitter son fief en laissant derrière elle ses biens et dont ce fameux étalon. « En amateur, je me doutes que tu connaisses déjà cette race...Ils sont rares mais les plus endurants, il sera un bon allié quand tu auras besoin de vitesse et d'efficacité. » Elle sourit et lui prend la main, le guide alors vers celui qu'elle possède déjà, robuste, taillé pour la guerre et pour la course. Elle est heureuse de pouvoir lui faire ce présent.  « Une monture princière, pour un Prince. Mais le tien est plus impressionnant, sa robe est noire, brille sous les rayons du soleil...Tu le verras quand je reviendrai de Bourg Cabane»

Elle espère que ça lui fait plaisir, mais aurait quand même préféré être en présence de ce dernier au moment où elle lui faisait la surprise. Ce n'est pas grave, la rencontre se fera tôt ou tard, en attendant ils sont là avec les troupes. « Ne les fais pas déplacer, nous allons continuer de marcher, présente moi ceux dont je dois absolument connaître le nom et leur fonction. »

Nous émergeons de mon modeste palais de toile et de juste aux couleurs de mon blason familial à l'instar d'un couple royal pénétrant dans une salle de bal bondée de courtisans et provoquons d'ailleurs des réactions apparentées à celles que nous aurions causé dans le dit cadre. En effet, tous les regards de ma poignée de partisans actuels se portent sans l'ombre d'une hésitation vers le couple d'exception que nous formons. Mes guerriers n'auraient pas dévisagé une table de jeu aux godets recouvertes d'un monceau de pièces d'or avec une intensité moindre. Je me figure donc par conséquent que ma dulcinée doit s'avérer aussi saisissante de charme et de grâce que ce que j'avais constaté dans l'intimité de mon quartier général de fortune. Je ressens implicitement le malaise de ma compagne face à tant d'attention assortie de marques de respect et de déférence envers sa personne. Pour ce qu'ils en savent leur seigneur a décidé de réclamer la couronne princière. Une femme apparaissant à son bras ne saurait donc par conséquent être moins qu'une dame de haut parage. N'en déplaise au reste du monde ma fleur des sables en a la dignité et les manières à défaut du sang. Je la rassure en la couvant d'un regard énamouré se voulant encourageant avant de porter l'une de ses mains à mes lippes pour y déposer un baiser aussi tendre que chaste. 

Nous rejoignons les écuries de fortune de ma petite troupe en quelques foulées d'un pas paisible. Deux jouvenceaux en lune de miel au milieu des dunes si l'on faisait abstraction des hommes en armes aux quatre coins du camp. Son bras sous le mien s'avère aussi réconfortant que les retrouvailles avec un parent après des années de disette en nouvelles communes. Ce geste complice me fait le plus grand bien. Et peu à peu, je me rends compte que la présence de ma moitié à mes cotés dans ce qui s'apparente comme l'aventure la plus hasardeuse de mon existence est une bénédiction car source de motivation supplémentaire et de soutien indéfectible. "Nous pouvons commencer par cela. Tu sais bien à quel point j'adore littéralement les chevaux. Les meilleurs dis tu ma douce ? J'ai ouie dire que les chevaux les plus renommés de la contrée se trouvait chez mon chevalier et mentor le seigneur Gargalen à Salvrivage. Mais, je t'accorde qu'il a l'air si exceptionnel que mon étalon risquerait de manger le sable à sa poursuite." Ma lune m'offre un sourire aussi superbe que sa monture avant de m'annoncer une nouvelle qui me transporte littéralement de joie. Et aussi rapidement que cela tout le poids de mes responsabilités écrasantes et de mes choix politiques téméraires s'effacent de mon esprit pour céder la place à un plaisir juvénile vieux comme le monde et commun à tous les hommes qu'importe leur age, leur origine ou leur condition. 

J'embrasse ma reine des fleurs avec une fougue vigoureuse empreinte de bonheur absolu. Un nouvel étalon aussi puissant, véloce, robuste, altier et majestueux que sa propre monture représente un présent princier. Nul doute qu'elle avait du dépenser une petite fortune pour l'acquérir. Ce qui signifiait que son commerce s'avérait particulièrement prospère depuis son voyage dans les terres de l'Ouest. "Il s'agit de la plus exceptionnelle des races. Des purs sangs de nos déserts. Il deviendra mon compagnon de chaque instant. Noir comme la nuit. Noir comme la couleur de tes superbes prunelles parvenant à m'hypnotiser sans le moindre mal. Une monture princière pour un prince... Oh mon aimée, si tu savais comme je t'aime !" Conclus-je en la soulevant dans mes bras et la faisant tournoyer avec élégance au dessus du sable brulant avant de l'inonder de baisers. Achevant de la reposer sur le sol, je me mets à câliner et caresser affectueusement sa monture à la robe vespérale en lui flattant l'encolure avant de lui souffler dans les naseaux. Nous quittons finalement l'écurie pour arpenter le camp d'un pas nonchalant savourant notre présence mutuelle à l'instar d'un couple d'aigles avides de se toucher pour s'assurer de la réalité de la présence de l'autre. Parvenant devant l'un des guerrier, je lui adresse un sourire amical avant qu'il ne s'incline respectueusement. "Je te présente Sandor l'un de mes plus vieux hommes d'armes. Ce dernier de la génération de ser Lyonnel sert la maison Toland depuis plusieurs décennies. Je ne connais point de manieur de lance plus valeureux !" 

Même si la surprise n'est pas sur place, ainsi il sait de quoi il en retourne, elle a sélectionné les deux meilleurs chevaux de cette race, un pour elle et un pour son futur prince, pour qu'il puisse parader fièrement sur une destrier élégant et athlétique ainsi qu'est l'image qu'il renvoie lui même. Il est heureux et apprécie ce geste qu'elle a, a toujours rêvé de lui offrir un cheval de cette qualité et maintenant qu'elle en a les moyens, elle ne s'est pas privée pour lui en faire cadeau. Ainsi elle a hâte qu'il rencontre son nouveau compagnon, le ramènera lors de son voyage retour depuis Bourg Cabane et elle les observera faire connaissance avec une attention toute particulière. Elle aime la façon dont il accueille sa surprise, il y a presque quelque chose d'enfantin dans son regard. Mais elle sait a quel point c'est un amateur d'équidés, elle pense avoir vu juste quand elle a pensé qu'il n'avait point cette race en possession dans ses écuries. Jasmyne est alors fière d'être celle qui lui en fait cadeau. Il vient la remercier de baisers, auxquels elle répond, avant que ses pieds ne quittent le sol tandis qu'il la soulève au dessus de lui afin de la faire tournoyer, provoquant un éclat de rire à la marchande.

Les quelques regards qui se posent sur eux découvrent alors ce que certains avaient déjà vus : un couple amoureux, un seigneur conquis, une marchande comblée. Elle le laisse saluer son beau cheval, alors qu'il rencontrera bientôt le sien, puis ils repartent des écuries, laissent les chevaux tranquilles et Moran lui présente l'un de ses guerriers qui les salue avec élégance. « je suis ravie de vous connaître Sandor, j'espère avoir l'occasion de voir vos talents. » Elle sourit, le concerné lui rend son sourire et la salue en guise de remerciement. Ainsi le couple continue sa ronde, ils croisent el cuisinier, qu'elle remercie pour le repas, ils échangent ainsi quelques banalités, Jasmyne étant amatrice en termes de cuisine aurait beaucoup a apprendre de ses conseils. Elle découvre qu'il a notamment l'expérience du désert et qu'il connait les techniques qu'elle use pour chauffer ses plats. A l'occasion peut être, elle viendra avec lui pour faire au campement quelques douceurs traditionnelles. Se retrouver en plein désert n'est pas chose aisée, si elle peut participer au moral général en faisant cela, alors ce sera avec grand plaisir. Puis le couple quitte la tente du cuistot où alors ils abandonnent les douces effluves d'un ragout en train de mijoter. « Quand seras tu Prince mon aimé ? » Elle demande, son bras lié au sien, ils marchent doucement, elle apprécie la balade. Elle est heureuse pour lui qu'il poursuive avec fermeté ses ambitions, mais elle a aussi besoin de savoir ce que cela aura comme impact pour leur relation. « Comment cela se passera pour nous ? » Etre proche d'un seigneur est une chose, proche d'un prince en est une autre, il sera sans doute bien plus surveillé.

Le guerrier chevroné de plusieurs décennies vétéran de la maison Toland s'incline respectueusement face à la compagne de son nouveau prince et fait preuve d'un respect infini envers cette fleur délicate qui aurait pu passer pour incongrue aux yeux de ces brutes civilisées. Tout ces hommes sont des soldats aussi durs que sanguinaires. Ils ont connu des escarmouches depuis leur jeunesse et ont su se montrés suffisamment coriaces pour cracher au visage de la faucheuse encore et encore ce qui signifiait qu'ils étaient soit très méthodiques soit très habiles mais certainement pas insouciants ou distraits dans la pratique de leur art. Un adage affirme que celui qui vit par l'épée périra par l'épée. Celui qui a affirmé cela ne devait point connaitre de professionnels de la guerre ! 

Car, si la piétaille avait la fâcheuse tendance à encaisser le pire lors des affrontements les matamores aux mines de mauvais garçons triés sur le volet m'accompagnant avaient des centaines de combats à leurs actifs et s'en étaient sorti avec des cicatrices et des cauchemars mais étaient néanmoins bel et bien vivants. “Oh mais vous en aurez l'occasion dame Jasmyne. L'aube s'annonce bien écarlate pour nos ennemis.” Sandor présenté à notre nouvelle messagère et maitresse des poisons, nous reprenons dès lors notre chemin à travers le camp afin de continuer les présentations à toute ma petite troupe. Me trouver au coté de l'élue de mon cœur tempère de bien étrange manière la gravité de tout cela. Nous sommes une bande de rebelles à l'autorité conquérante d'un empire étranger et ennemi de nos propres frères parjures et fratricides et pourtant je ne ressens pas le poids écrasant de ce constat implacable. Pas alors que ma moitié s'accroche amoureusement à mon bras de la sorte. 

Je me rends alors compte que ser Lyonnel avait été réellement dans le vrai lorsqu'il m'avait affirmé que sa présence me permettrait de ne point me laisser aller à la morosité d'un défi sans précédent. Impossible de céder au découragement face à mon espoir alors que ma dulcinée m'accompagnait sur ce chemin aussi douteux qu'incertain. Elle représentait la lueur qui oblitérait la noirceur galopante de mon esprit soumis à une pression extrème. Une fois Symeon notre chef de pitance quitté à l'issue d'un débat sur les meilleurs herbes à utiliser au milieu du désert. Débat m'ayant autant passioné que les diatribes Valyriennes anti Dornienne. Les narines embaumées de délectables senteurs culinaires, nous nous éloignons du coin cuisine pour reprendre notre marche dans les sables. 

Son interrogation soudaine me ramène brutalement dans la réalité présente et son lot de déplaisantes conséquences. Je prends le temps de peser mes mots avant de lui répondre. Me plongeant ainsi dans l'intimité de mon esprit tapageur afin de mesurer les intentions derrière ces questions anodines. Je fais cesser notre déambulation énamourée d'amants dévoués pour saisir délicatement son visage entre mes mains. Je la couve d'un long regard profond particulièrement éngimatique avant de l'embrasser. ¨Puis, sans la lacher je lui offre une réponse hasardeuse. “Je compte me couronner prince dans quelques jours ma lune. J'attends simplement quelques retours diplomatiques ainsi que le retour de certains de mes agents. Cela se fera en petit comité car je n'ai pas encore d'armée digne de ce nom. Mais, je n'ai pas le loisir de patienter jusqu'à une occasion plus solennelle. Je veux que ce soit toi qui place la couronne sur ma tète. Tu es une enfant du peuple. Tu es un symbole à toi seule. J'entends sauver le peuple de Dorne alors tenir ma légitimité de ce dernier me parait nécessaire.” 

Mes lèvres reviennent se poser sur les siennes encore et encore avec tendresse avant que je ne reprenne avec un sourire caustique. “Souhaiterais tu devenir princesse ?” Un prince pouvant anoblir qui il souhaite je comptais bien lui offrir cet honneur tant en raison de son statut de bourgeoise prospère de la Principauté que de sa loyauté à ma cause. Elle m'avait rejointe et prêtée serment sans réfléchir. Par ailleurs, des maisons allaient disparaitre dans le chaos ravageant notre contrée. C'était aussi inévitable que nécessaire. Et pour finir, ne point prendre une épouse parmi mes vassaux me permettrait malgré leur déplaisir de ne point causer de tumultes et de rivalités entre ces derniers. Je me maintiendrais ainsi au firmament du pouvoir. Une nouvelle maison pour une nouvelle lignée. La rupture se devra d'ètre totale.

Ils marchent en se tenant le bras, Jasmyne profite quand ils n'ont pas de guerriers a saluer pour poser sa tête contre son épaule. Elle pense au fait qu'il va devenir prince et se demande comment cela va se passer pour eux par la suite, craint que cela ne les éloigne encore. Moran fait alors cesser la marche, lui offre un baiser qui réchauffe son cœur avant de lui expliquer comment il sait que cela va se passer. Avec attention elle l'écoute. Mais le palpitant accélère accélère la cadence quand il lui demande, elle, fille du peuple, d'être celle qui va le couronner. Un honneur plus que n'importe quel autre de couronner un Prince tel que lui, au nom de Dorne. Elle comprend sa démarche et la symbolique qu'il désire mettre par le biais de sa personne. Un message fort et positif pour les Dorniens qui peuvent se sentir abandonnés, qu'elle espère venir en nombre ployer le genou devant sa couronne. Quant à elle, elle sera à la meilleure place pour ce jour béni. Même si la tâche lui sera facile elle a l'impression que cela revêt d'un très grand rôle. Elle ne sait pas quoi lui répondre au début, mais la surprise l'émeut beaucoup, aussi sans doute peut il apercevoir les quelques perles salées qui viennent au bord de ses yeux. « Ce-...Ce sera un très grand honneur pour moi mon aimé... » Elle se souviendra de ce jour là quand il arrivera, jusqu'à sa mort. Elle l'embrasse en retour, ses mains se posant aussi sur ses joues, le bonheur a l'état pur de le voir lui faire ainsi confiance. Elle presse ses lèvres contre les siennes, mais n'est pas au bout de ses surprises.

Car il lui demande si elle veut devenir princesse. SA princesse. Alors elle n'en croit pas ses oreilles, il lui faut quelques secondes pour réaliser. Qu'il lui propose un rôle tel que celui ci alors qu'elle vient de rien est plus que touchant, ça lui prend le cœur, il se serre. Mais surtout pour elle, ça veut dire qu'il compte l'épouser. Il ne pouvait pas lui faire plus plaisir. Elle balbutie un instant, peine à trouver ses mots, son visage devient rouge d'émotion avant de se contenir. « Oui ! Oui bien sûr ! Je serai ta princesse ! Ca me touche tellement mon aimé... » Elle se blotti entre ses bras, une étreinte serrée et pleine d'amour où son visage logé dan le creux de son cou trouve refuge pour cacher les quelques larmes de joie qui perlent à ses yeux. Elle pleure, laisse sa joie exploser tandis qu'ils pourront être un couple sans avoir besoin d'aller a des miles pour pouvoir passer du temps ensemble, ça veut dire qu'elle va pouvoir rester près de lui pour l'épauler, qu'elle fera partie intégrante de sa vie. Le fait de devenir princesse va lui demander d'apprendre de nouvelles choses pour ne pas faire de faux pas et pour ne pas décrédibiliser le choix de Moran auprès de ses vassaux. Une certaine pression sur les épaules qu'elle supportera largement pour lui. A côtoyer des nobles elle a déjà les bonnes manières, mais en tant que princesse elle a conscience qu'elle a des choses a savoir. « Merci de me faire a ce point confiance. » Elle redresse le visage, revient poser ses lèvres sur les siennes, un baiser d'amour, empli d'émotions et de sentiments. Puis elle pose son front contre le sien, son esprit comme entrant en communion avec le sien tandis qu'ils profitent tous deux de cet instant unique. «Tes vassaux ne risquent ils pas de ne pas apprécier que tu ne choisisses pas une de leurs filles? Ai-je la capacité de les convaincre? »

L'histoire est en train de s'écrire sous mes yeux, sous nos yeux énamourés. L'histoire avec un grand H. L'histoire de notre contrée à mon orpheline devenue grande marchande par la seule force de sa déterminante volonté bientôt bourgeoise et bien plus encore et à moi le seigneur ambitieux et roué d'une maison ancienne et vénérable première parmi les loyalistes de la suzeraine déchue en dépit des apparences à présent porté par le désir de sauver son pays des influences extérieures ainsi que des jougs étrangers. Seule Dorne pourrait sauver Dorne de la déchéance la plus abjecte dans laquelle elle s'était engoncée depuis désormais près de deux longues et douloureuses années. Car, si un homme ne possédait pas la bravoure pour se tirer lui-même des griffes de la camarde alors le destin ne devait en rien jouer en sa faveur.

Car pour bénéficier de la chance des audacieux, il fallait s'avérer capable de faire montre de la bravoure des téméraires les plus fols. La chance était une femme et par conséquent elle privilégiait de préférence les hommes capables de la forcer. L'Histoire s'écrivait par les choix d'hommes capables de prendre tous les risques pour atteindre leurs objectifs. Qu'importe le résultat final de cette aventure incertaine, l'Histoire de la Principauté de Dorne serait à jamais marquée par le nom de la maison Toland, de son seigneur Moran, de la maison princière Garland, d'une poignée de braves suffisamment fous pour défier deux empires et d'une jeune femme s'étant montrée tellement forte qu'elle avait su transcendée son sort tragique d'orpheline mendiante et voleuse des rues pour s'élever encore et encore à force d'efforts et de talent jusqu'à séduire un seigneur au destin inatendu. 

Quelle meilleure épouse qu'une femme du peuple ayant su dépassée tous les obstacles pour parvenir à la prospérité par ses seules aptitudes alors mème que tous les dés semblaient pipés pour la partie dont elle était la protagoniste. Une telle femme serait digne, altière, compétente sur certains sujets, consciente du statut du peuple et conciliante. Bien entendu, cela ferait grincer de nombreuses dents de nobles personnages... La société reposant sur des bases particulièrement lourdes dont le mouvement des rouages s'avéraient bien délicats à graisser. Cependant, le cours des choses lui-mème semblait incliner à ce choix sans précédent. Une nouvelle maison princière, la moitié de la noblesse traitre parjure et ralliée à l'ennemi Braenaryon, des maisons sur le point de disparaitre, l'ancienne maison suzeraine déchue par sa propre volonté tout cela représentait un chaos sans égal. 

Et dans ce chaos, le peuple souffrait toujours le plus des querelles des puissants. Par mes choix, je lui montrais que si j'arrachais le pouvoir suprême c'était avec, grâce et pour lui. Ma nouvelle tire des larmes de surprise et d'émotion à ma dulcinée et je réprime l'envie impérieuse de la prendre dans mes bras pour la bercer affectueusement comme j'aimais tant le faire dans l'intimité doucereuse de nos ébats plein de tendresse. “Je savais que tu accepterais. Tu es le pilier de mon existence Jasmyne. L'astre qui me permet de ne point sombrer dans la noirceur.” Un baiser énamouré aussi plaisant que délicat vient mouiller mes lèvres tandis que mes mains encadrent délicatement ses pommettes ravissantes. Toujours paré d'un sourire énigmatique, je la contemple céder à la plus grande des surprises suite à ma proposition. 

Proposition car bien que je sois son suzerain je ne la contraindrais jamais à quoi que ce soit en ma faveur. Les traits graciles de son visage de gravure divine se parent de l'émoi le plus complet tandis qu'il lui faut du temps pour réaliser. Quelques instants sont nécessaires avant qu'elle ne parvienne à me répondre. “Ne me remercie point de la sorte ma douce. Car c'est un fardeau sans égal que je viens de placer sur tes épaules. En acceptant cela mes ennemis deviendront tes ennemis. Mes sujets deviendront tes sujets. Mes devoirs deviendront tes devoirs. Je m'en veux déjà de t'infliger cela ma lune.” Ma compagne de fait allant devenir ma compagne pour de bon se laisse aller à l'émotion la plus vive en se blottissant au creux de mon épaule afin de masquer à ma vue l'effet de cette révélation. J'entends ses douces larmes et la laisse humer mon effluve tout en la réconfortant de caresses amoureuses dans son dos du bout des doigts agrémentés de baisers affectueux sur son crane. J'hume à mon tour son effluve délicate et unique qui me donne tellement de vigueur et de courage. 

“Tu es avec ma mater la seule femme en qui j'ai toute confiance. Le choix est donc somme toute naturel.” Son doux minois se redresse pour chercher mon regard et tandis que nos lippes se réchauffent mutuellement je sens un sourire s'épanouir sur mon visage alors que nos fronts se plaquent l'un contre l'autre avec douceur nous liant dans une étreinte symbolique profonde. “Oh si ! Bien entendu. Ils vont me rendre la vie détestable afin de tenter de me faire changer d'avis et de placer l'une de leurs filles dans les pattes. Mais que ferais je d'une jeune femme plus concerné par sa propre beauté que l'état du pays ? Que ferais je d'une jeune femme incapable de savoir comment créer de la richesse pour sa contrée ? Que ferais je d'une jeune femme plus intéressée par son statut de princesse que par le bien ètre émotionnel de son mari ? Qu'ils essaient. La maison Garland de Dorne plie mais ne rompt pas... Tu es la seule que je vois à mes cotés pour me seconder dans cette tache titanesque. Merci pour ta bravoure et ta dévotion. Je ne suis pas sur de les mériter.” 

C'est le cœur serré d'émotion qu'elle réalise qu'elle va pouvoir réaliser son vœu le plus cher qui est de vivre a ses côtés. Le rang n'aura plus d'incidence sur cette volonté de faire vivre leur histoire d'amour puisqu'il la choisit elle, symbole du peuple de Dorne a ses yeux pour lui offrir la vie qu'elle n'aurait jamais pensé un jour avoir. C'est un vertige qui la prend, est elle assez digne de cette chance ? Elle travaillera dure pour être méritante, sa foi en les sept ne sera que plus intense après cela. Il s'excuse de lui mettre sur les épaules le poids de ce rôle, mais il lui fait confiance pour l'endosser plus que personne d'autre.

« Je n'ai pas peur...Avec toi a mes côtés, je pourrais tout faire. Et je donnerai du maximum de ma personne pour honorer ce rôle pour que tu sois toujours fier de moi et pour pouvoir rester a tes côtés. » Ce point là est le plus important pour elle, elle a conscience que vivre aux côtés d'un prince se mérite, que de pouvoir vivre son histoire d'amour au grand jour n'est pas sans contrepartie. Elle les assumera tous sans exception et apprendra de lui, pour être une princesse irréprochable et avoir la chance de vivre a ses côtés jusqu'à la fin. Ses mots la touchent, elle a du mal a se contenir et il peut voir son regard brillant d'étoiles, alors qu'elle retient les quelques larmes qui perlent au coin de ses yeux. Son front contre la sien, en plus de lui avoir offert le nom de la maison DesDunes, il lui fait l'honneur de l'intégrer dans sa nouvelle maison princière. « La maison Garland de Dorne plie mais ne rompt pas. » Elle murmure en écho, cela sonne comme une devise, elle serait bien belle, elle irait pleinement au caractère de leurs histoires respectives, où ils ont l'humilité de savoir que rien n'est acquis et que quels que soient les obstacles, ils y feront face avec la plus solide des volontés.

« Je t'aime. » Elle murmure, avant de poser ses lèvres sur les siennes, ses mains posées sur ses joues, elle vient ensuite déposer une multitude de baisers sur son visage. Ils seront solides tous les deux, pour veiller l'un sur l'autre, pour s'inspirer l'un de l'autre. Et elle espère que tout Dorne tombera amoureux de lui comme elle est tombée amoureuse de lui. Que tous le suivront, que tous seront inspirés par sa volonté de fer pour vaincre l'ennemi. « Ce soir, faisons un festin pour les Dieux » Elle murmure, elle veut que les Sept gardent leur attention tournée sur Moran pour l'accompagner dans les épreuves qui l'attendront, qu'ils bénissent cette union que sera le mariage qu'ils célèbreront plus tard et qu'ils donnent aussi le courage a Jasmyne d'être une bonne princesse et une épouse irréprochable. Si être princesse lui donnera bien des choses a faire, elle aimerit aussi profiter de ce statut pour mettre en place des choses qui lui tiennent a cœur avec l'accord de Moran. Notamment développer les orphelinats pour que les enfants des rues puissent avoir une chance dans la vie, qu'on les accompagne a devenir de bonnes personnes et a trouver leur place, que jamais ils n'aient faim...Mais aussi aider les marchands du pays, et aider la compagnie commerciale de Jade. Pourquoi ne pas enfin découvrir qui se cache derrière cette belle initiative ? Elle voudrait s'impliquer, proposer, montrer qu'elle n'est pas juste une épouse qui se contente de sourire, elle veut continuer de travailler pour lui, avec lui, pour Dorne et avec Dorne.

Mes prunelles se sont rivées sur celles sombres comme une nuit d'encre de ma dulcinée à l'instar d'un carreau d'arbalète préventif s'étant fiché à quelques pas de la cible menacée. De mes yeux aux nuances d'ambre, j'analyse les réactions faciales de la jeune femme dont j'étais tombé éperdument amoureux sans la moindre once de mesure rationnelle depuis deux longues années à présent. L'émoi le plus vif semble avoir saisi le palpitant de ma lune pour ne plus la laisser en paix. Et cet émotion se répercute dans tout son physique ravissant à une allure semblable à celle d'un navire dont le gréement se verrait renforcé par une succession de vents favorables. Pourtant, derrière la plus vivace des surprises je parviens à déceler une certaine pointe de soulagement. Cet éclat fugace me ramène à un autre face à face langoureux au cours duquel nous avions évoqué la question matrimoniale alors incroyablement délicate. 

Le Destin aussi incongru et joueur pouvait il s'avérer venait de lui offrir sur un plateau d'argent la réponse favorable à l'une de ses plus féroces aspirations intimes. Mais, le sentiment final qui réussit à se frayer un chemin dominateur à travers les deux billes d'ébène pour lesquelles je pourrais tant donner m'apparait comme le plus satisfaisant au regard de ma situation. Cette lueur vigoureuse empreinte d'une détermination sourde à accomplir cet exploit. Exploit au regard de la partie tronquée qu'avait représentée son existence au vu des dés pipés qui avaient été les siens. Les Sept aimaient visiblement les âmes dévouées et fidèles ayant su trouver le ressort de les honorer même là ou tout semblait souligner leur terrible absence. En cela, ce choix était également un symbole fort au niveau religieux. N'en déplaise à certains théologiens fumeux par trop portés sur le dogme pur dénué des subtilités d'une réalité propice à la réminiscence de la beauté la plus étonnante. 

“Je n'en attendais pas moins de toi Jasmyne. Contrairement à ce que beaucoup de mauvaises langues affirmeront certainement si je t'ai offert ce rang et ce rôle, ce n'est pas parce que nous couchons ensemble et que mon amour pour toi est aussi puissant que mon aspiration à faire renaitre ma contrée de ses cendres...” Tandis que je continue de l'observer avec attention en notant avec félicité le degré de sa détermination à remplir un rôle tellement grand qu'il dépasserait aisément la majorité écrasante des habitants de notre pays mes mains saisissent de nouveau son visage avec une douce fermeté. Nos fronts en train de communier comme si nos esprits n'étaient point séparés par une barrière d'os et de chair mais pouvaient fusionner à l'instar de nos corps enchevêtrés lors de nos ébats extatiques semblent comme aimantés. 

Les deux lacs sombres de ses yeux semblent aussi rayonnants que la voute céleste nocturne tapissée d'étoiles innombrables et je peux sentir instinctivement qu'elle lutte vertement pour réprimer une cascade de larmes ne souhaitant que trop dévaler les pentes mirifiques de ses pommettes admirables. “Si je t'ai choisi toi c'est en partie pour cela. Mais bien davantage parce que tu es une jeune femme lumineuse, bienveillante, intelligente, courageuse, douce, travailleuse, aimante, forte, autodidacte et dépourvue de la moindre nuance de malveillance. Je me souviens lorsque tu avais été effarée que je fasse exécuter tes agresseurs par Daemon. Tu seras le soleil de Dorne. Là ou je n'hésiterais jamais à en être la nuit nécessaire à son élévation. Les femmes de la Principauté aspireront à te ressembler, les enfants ressentiront ta douceur, les anciens ta bonté, les hommes ta vaillance...” 

La vérité était que je ne voyais nulle autre femme capable de représenter suffisamment bien mon projet politique que mon aimée. Sans oublier le fait que je ne souhaitais certainement pas créer des dissensions parmi mes vassaux par rivalité provoqué par le désir d'accession à la famille princière. Et que je ne saurais me résoudre à supporter une pimbèche arrogante qui ne ferait que me distraire inutilement et me gêner de mes devoirs. Par l'honneur sans égal que je lui accordais ma moitié quant à elle qui ne pourrait jamais oublier d'où elle venait et tout ce qu'elle avait traversée me serait d'une loyauté sans faille. Et donc à Dorne par extension...Lorsqu'elle reprend mon propos sur la maison Garland dans un murmure faisant écho, je sens un sourire éclatant s'imposer sur mes lippes. Elle l'a murmuré comme un défi jeté à la face des hommes et un serment à celles des Dieux. Ses lèvres vermeilles aussi désirables qu'une coupe d'eau au milieu du désert viennent se plaquer sur les miennes avec une tendre autorité. Mais avant que je n'ai pu lui rendre cet élan amoureux d'une simplicité désarmante mais produisant toujours un effet indicible sur ma personne me voilà noyé sous un raz de marée de baisers à l'affection humide. 

Tout mon visage n'est plus qu'un champ de bataille sur lequel les traces de carmin témoignent de l'intensité de la charge passée. Un rire enfantin s'échappe de mes lippes closes tandis que je savoure cela avec une plénitude de rigueur. Puis, avant de l'embrasser fougueusement je lui susurre. “Je t'aime aussi ma colombe. Une superbe idée que celle ci. Certes nous devons rationner les vivres mais une quantité double de nourriture représente en soit un festin. Et puis le gout est plus important que la quantité pour être qualifié de ripaille. Veux tu t'en charger ou vas tu laisser Symeon s'en occuper ? Une princesse ne cuisine pas.” Reprenant ma position initiale, je lui tends de nouveau mon bras afin que nous continuions de nous déplacer à travers le camp de fortune de ma modeste troupe partisane puis une fois que nos pas se sont de nouveau multipliés dans le sable. “Parle moi de ce que tu ferais en tant que princesse de la maison Garland. Tu as certainement des idées ? N'hésite pas. Dis moi tout.”

Moran tient  a lui expliquer pourquoi c'est elle qu'il a choisi plutôt qu'une Dame de maisons vassales. Elle n'a pas ce privilège uniquement par l'amour qu'il lui porte ou le fait qu'elle partage sa couche, ainsi il énumère toutes ses qualités en argumentaire. Une reconnaissance de sa personnalité qu'il désire mettre en lumière. Si elle se décrirait, elle n'userait pas d'autant de flatterie, mais plus il allonge ses qualités et plus elle sent l'émotion la transpercer. « Tes compliments me touchent...Beaucoup...Si tu me penses digne alors je ferai tout pour te rendre fier, en tant que Prince et en tant qu'époux. Tu es un homme merveilleux, j'ai tellement de chance...Les dieux m'ont assurément bénie pour avoir fait en sorte que tes yeux se posent sur moi...» Jasmyne a les yeux qui brillent d'émotion. Elle n'attendait pas tant, ils auraient pu vivre dans l'oasis où ils avaient l'habitude de se retrouver que cela lui aurait convenu, tout ce qu'elle veut c'est être avec lui. Elle est contente de pouvoir le suivre sur ce projet qu'il entreprend, se sent même honorée de pouvoir y prendre part. Elle ne se voit nul part ailleurs dans cet univers que près de lui.

« Oui, tu as raison, je m'emballe mais je suis trop heureuse ! Nous festoierons quand nous aurons retrouvé Spectremont ! De bonnes rations pour le couronnement feront guise de pré fête, cela pourrait réchauffer le cœur de tes hommes pour l'occasion ! » La vie dans le désert est difficile, elle même a connu des moments où ces dunes l'ont tourmentée dans la solitude, a croire que cet endroit n'avait pas de fin. Ceux qui ne sont pas habitués peuvent baisser les bras. Un moment convivial pourrait être le bienvenu, et aussi l'occasion a Moran de parler de son couronnement, a moins que cela n'ait déjà été fait et qu'il lui réservait en surprise. Elle sent son cœur palpiter, c'est certainement trop d'honneur pour elle, mais elle veut vraiment lui faire honneur, elle veut qu'il puisse avoir foi en son choix et donner tord aux opposants de ses choix, garde conscience de ce que cela implique pour lui aussi. Même parmi ses proches elle imagine que certains s'opposeront a leur union et elle peut comprendre. Mais Moran est seul maitre de ses choix, ce sera a Jasmyne de convaincre. Il lui demande quels sont ses projets, en tant que princesse de la maison Garland. Un titre qu'elle a encore du mal a croire qu'il lui sera dédié.

« Et bien, avec ta permission, j'aimerai m'occuper d'améliorer les orphelinats. Faire en sorte qu'aucun enfant ne se retrouve seul, qu'ils puissent tous avoir un nom et un avenir... » Puisqu'elle a été concernée, elle aimerait que les choses s'améliorent de ce côté ci, et qu'ils n'aient pas besoin de voler pour survivre. Elle sourit, n'arrive pas encore a réaliser ce qu'il est en train de se passer. Elle sait que son statut de princesse va être contesté, ce sera a elle de faire en sorte de se montrer reconnaissante et apte a remplir ce rôle. « Et j'aimerai aider pour le commerce, pour que certaines routes soient plus sécurisés, peut être aider la compagnie que j'avais rejoint a se développer. Il faudrait que je rencontre son fondateur pour ça...J'ignore encore qui c'est. » Ce sont des idées comme ça, elle ne sait pas encore jusqu'où elle pourra aller, et si tout sera possible, tout ça c'est Moran qui lui dira en temps voulu et si les projets lui semblent tout aussi intéressants. Mais elle lui montre qu'elle désire s'investir et avoir un impact positif.

Mes prunelles ambrées se firent inquisitrices dans l'observation détaillée impitoyable de ma future compagne et princesse de ma maison. Car, qu'importait l'étendue de l'amour sincère et dévorant que je pouvais lui vouer. Elle s'apprêtait en acceptant mon offre généreuse mais écrasante à pénétrer dans l'arène la plus sanglante qui soit en ce bas monde. Celle des puissants autrement dit des requins aux dents longues masqués sous des atours respectables, des serpents plus venimeux qu'un aspic des sables sous nos pieds parés de superbes toilettes, des scorpions aux mots plus sucrés que des douceurs orientales et des chacals répartis en bans de compagnons aux griffes aussi acérées que les causes temporairement communes les unissant au gré de la fortune. Pire que l'introduire au milieu d'un champ de bataille, j'avais la désagréable impression de la conduire à l'échafaud avec la tranquillité morale du tisserand rabâchant ses prix devant un étal aux marchandises mitées et rapiécées.  "Les Dieux m'ont récompensé de mon immense piété en offrant à mon ame une compagne aussi exceptionnelle que toi. Mes compliments ne sont qu'une infime partie de l'admiration que je ressens pour toi. Et, je n'ai pas la moindre once d'inquiétude quant à ton futur rang de dignitaire de la maison Garland. Nulle autre femme que toi ne saurait incarner avec brio l'esprit de ma lignée." 

Culpabilité implacable me tenaillait les entrailles devant cette perspective pourtant si glorieuse... Etais je en train de mener une adorable brebis à l'abattoir le plus sanglant qui soit ? Mon astre apparaissait si menue, si délicate, si pure, si juste, si douce, si pleine de bonté et si lumineuse que l'aspirer dans mon sillage me paraissait le plus détestable des crimes. Si les errances de la guigne l'avait poursuivi de leurs assiduités repoussantes depuis sa venue au monde, icelles n'étaient rien en comparaison à la destinée douteuse que je lui dépeignais. Au fond de moi, j'aspirai à un soubresaut de lucidité de sa part comme si m'infliger la cuisante terreur sourde de la solitude suffirait à réparer ma faute à son encontre. Mais, il n'en fut rien. Car la donzelle était aussi admirablement brave que sincèrement éprise. "En effet ma mie, après réflexion un couronnement digne de ce nom suivi d'un anoblissement puis d'un mariage princier ne saurait avoir lieu dans le dénuement d'un désert. Cela avilirait nos prétentions à la grandeur. Mais, nos braves compagnons ont bien mérité un avant gout de cette ripaille. Tu penses d'ores et déjà comme une princesse."

Face au constat prégnant de sa volonté assurée, je me libérais du poids aigri de la responsabilité et me laissai de nouveau envahir par la félicité la plus doucereuse quant au fait de partager mon existence ainsi que mes ambitions avec la source de ma joie la plus débordante. Je me permis donc un infime sourire de contentement évident alors qu'elle m'exposait de manière impériale ses premiers projets de dirigeante. Un poids se dénoue dans mon torse devant ses velléités initiales, je savais que j'avais fait le bon choix sans pouvoir deviner que quelques heures plus tard le mépris de la noblesse orientale viendrait renforcer cette décision d'une légitime nécessité. "Voilà deux idées fort nobles et hautement nécessaires. Nombre d'orphelins le sont en effet devenus suite aux affres terribles des conflits successifs nous ayant frappé et démuni de tant de nos compatriotes. Tu viens de me donner une idée à ce sujet ma lune. Quant au commerce, avec une princesse telle que toi marchande ambitieuse et avisée il ne saurait s'avérer autre chose que prospère. Nous veillerons à tout cela altesse. Cependant concernant cette compagnie... J'ai bien peur qu'il soit fort probable que son ou sa propriétaire fasse partie d'un camp opposé au notre ma princesse. Que ferais tu à ce sujet si jamais cela s'avérait le cas ?" 

Marchant a ses côtés, tout en tenant son bras, son autre main posée sur l'avant bras de Moran effectue de tendres caresses du bout de ses doigts a travers le tissu. L'annonce évoquée lui engendre tout un tas de questionnements sur a quoi ressemblera sa vie  là bas. Tant qu'il est là, elle sait qu'elle sera heureuse, même avec toutes les épreuves qu'ils traverseront sans doute. A commencer par le couronnement, le mariage, les avis opposés et ce conflit ouvert dans lequel elle sera directement liée. Il lui faudra trouver et gagner sa place. Moran lui demande si elle a déjà des idées, de choses qui lui tiennent a cœur et qu'elle voudrait mettre en place en tant que princesse. Elle lui expose ainsi ses quelques demandes, notamment pour les orphelins et le commerce.

Il évoque le possible positionnement politique de la compagnie commerciale de Jade. Aurait elle été trop naïve ? Elle avait toujours pensé qu'il s'agissait d'un indépendant, comme il en existe beaucoup et que cela ne profitait a personne en particulier. Mais cette éventualité la peine, car elle a beaucoup apprécié son contact avec Lin en représentante. « Oh, tu le penses ? » Elle réfléchit, de manière logique il lui faudrait quitter la compagnie, toutes ses décisions doivent se tourner vers les Garland, mais quand même, pourquoi l'ignorait elle a ce point ? « Et bien il me faudra abandonner cette idée et me concentrer sur le commerce qui profite a la maison Garland. » Elle déclare, avec un petit sourire, elle devra sans doute faire une lettre a Lin afin de l'informer d'un changement de vie et les remercier pour les quelques temps passés sous leur protection. Bien que cela n'ait pas duré longtemps, elle avait noué presque une amitié avec sa correspondante Yi-Ti, peut être auront elles l'occasion de continuer d'échanger sur les quelques centres d'intérêts qui les réunissaient, la coiffure et la couture. Cela serait il mal vu ? « Je n'ai été qu'en contact qu'avec une représentante, Lin, elle est d'origine Yi-Ti. Une charmante jeune dame avec qui j'ai beaucoup conversé, de sujets autre que le commerce. Serait il mal vu si j'entretenais une relation de correspondance avec elle ? Même pour parler couture ? » Elle préfère demander a Moran, avant que toute rumeur ne puisse s'épancher sur elle de possible trahison ou on ne sait quoi. Moran n'a pas besoin d'avoir de soupçons quant à cette correspondance, il sait qu'elle dit la vérité. Jasmyne préfère se donner la mort que de le trahir.

Alors elle adaptera selon ce qu'en pense Moran, préfère ne prendre aucun risque qui pourrait le mettre dans une mauvaise position. Elle a conscience que son choix ne fera pas l'unanimité étant donné son origine roturière et qu'elle sera certainement surveillée pour ses moindres faits et gestes. Des personnes mal intentionnées pourraient même tenter de la décrédibiliser auprès de son futur époux pour qu'il annule ce mariage a venir. Alors elle prend les devants, demande l'avis de Moran qui lui aussi a certainement conscience de la situation. Elle fera face avec lui, n'entreprendra rien sans qu'il soit au courant, sans qu'il n'ait donné son aval.

Perdu au beau milieu des dunes étincelantes d'une aridité acerbe, le futur couple princier que nous formions s'adonnait à une discussion anticipatrice d'un avenir aussi sombre que mouvementé mais également fort paradoxalement d'une lumineuse perspective chargée d'un espoir sincère. C'était bien dans le contact grisant et réconfortant à l'instar d'un lever de soleil après une nuit d'horreurs du bras enrobé d'un tissu précieux et luxueux de ma compagne d'existence que je puisais actuellement la force intérieure nécessaire à l'affichement d'une morgue altière toute aristocratique. Et cette sensation immuable d'un soutien sans fioriture ni variation aucune émanant de l'élue de mon cœur me confortait fermement dans ma décision de faire fi des convenances nobiliaires et des règles strictes régissant mon monde dans un écrin de velours nimbé d'une aura implacable. Mes yeux se mirent à briller d'une admiration sans borne réhaussée d'une bonne dose de satisfaction lorsque ma dulcinée prit le parti de se montrer aussi entreprenante qu'avisée de ses futures attributions de dignitaire suprême de la maison au sautoir. Ses idées rejoignaient les miennes sur les sujets évoqués aussi je poussai un soupir intérieur de soulagement en me figurant que je n'avais guère manqué de justesse dans mon choix de princesse. Plus qu'une sublime épouse j'avais souhaité disposer d'une seconde capable d'agir en complément de ma personne en bien des domaines. Mon astre favori répondait tellement à mes attentes que l'émotion nouait mes entrailles de fierté et faisait battre mon saignant d'une palpitante ardeur. Hélas, une ombre vint se nicher insidieusement dans ce ciel d'un turquoise saisissant lorsque je lui fis la remarque que le propriétaire de la fameuse et réputée compagnie de Jade pouvait s'avérer opposé à nos intérêts personnels. "Oui mon aimée, il s'agit je le crains d'une possibilité à ne point écarter. Tu penses déjà comme une souveraine. Je suis tellement fier de toi mon étoile." Ne pouvant décemment guère résister à l'envie de manifester ma fierté face à une telle maturité inestimable, je scellais notre engagement politique d'un baiser langoureux avant de caresser ses traits graciles d'un mouvement d'une tendresse inouïe. "Rien n'empêche que tu possèdes ta propre compagnie commerciale tu sais ? J'ai quelques idées de marchandises à exploiter. Cela prendra du temps mais entre cela et tes capacités de parfumeuse. Cela n'est qu'une question de patience..." Prenant le temps nécessaire au lissage de ma barbe rendue généreuse par notre isolement volontaire, je fis mine de jauger le pour et le contre avant de répondre d'une voix douce. "Mais princesse vous êtes la seule maitresse de vos échanges épistolaires. Vous saurez juger par vous même de leur pertinence ou leur nécessité. Si elle est une de tes amies alors je n'y vois aucun inconvénient à condition de rester mesurée sur certains sujets délicats. Parle moi d'elle. A qui va son allégeance ? Est elle venue seule en Westeros ? Est elle noble ?" 

Il y a beaucoup de choses a prendre en compte, il lui faudra un temps avant de réaliser ce qui est en train de se passer. Devenir princesse ne lui était pas envisagé, elle ne pensait jamais avoir accès à tel statut et s'en fichait plutôt, n'étant pas a ce point là ambitieuse et ayant conscience de sa place, de son statut de naissance. Mais son beau Prince du Désert l'emmène avec lui parcourir ses ambitions et ses rêves, venant la choisir comme compagne, venant la choisir pour princesse. Il y a deux aspects a prendre en compte, d'une part devenir princesse mais de l'autre c'était aussi une demande en mariage. Et elle ne réalise pas encore qu'elle va vivre ce rêve de vieillir a ses côtés et de l'épauler dans tous les aspects de sa vie. Malgré le caractère urgent et de crise, elle n'est pas assez ingrate pour ne pas se montrer reconnaissante et être heureuse de tel honneur. Représenter le peuple de Dorne, elle, symboliquement la fille du peuple qui se marie avec le sauveur de Dorne...

Elle se montre un peu gourmande, mais réfléchit aussitôt, il y a tout un tas de nouveaux paramètres qu'elle devra prendre en cmpte désormais et se promet de tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler. Dès le moment où elle sera une princesse elle sait que chacun de ses mots sera analysé, étudié, peut êtr retourné contre elle si elle ne fait pas attention. La jeune femme sait qu'aux côtés de Moran, elle n'aura pas de mal à apprendre, avec lui elle saura se montrer digne, elle fera tous les efforts nécessaires pour être parfaite tout en conservant sa personnalité et sans jamais oublier d'où elle vient. Hélas s'il lui faut quitter la compagnie de Jade, alors elle le fera, mais demande si elle peut garder contact avec Lin avec qui elle avait bien sympathisé. Il lui fait remarquer qu'elle pourra fonder une autre compagnie, éventuellement le projet l'intéresserait beaucoup, alors elle le note dans un coin de son esprit, une fois a Spectremont elle lui proposera d'étudier cela.

« Je ne parlerai d'aucun sujet délicat avec elle, nous conversons de coiffure et de couture, nous nous donnons mutuellement des conseils. » Elle sourit, c'est peut être pas grande chose mais Jasmyne s'est liée d'amitié avec cette femme et espère pouvoir continuer d'avoir ce genre de conversation entre femmes. Si simples et si rafraichissantes. Jasmyne prend le bras de Moran alors continuant la discussion pour lui donner plus de détails. Elle lui raconte alors sa rencontre avec Lin, la lettre qu'elle a reçu de la compagnie lui donnant rendez vous a Bourg-Cabane pour rencontrer sa correspondante. Elle lui parle de sa beauté, elle lui parle du thé qu'elle lui a offert et de son origine Yi-Ti. Elle lui a parlé de cet endroit, et Jasmyne a découvert ce jour là une nouvelle senteur qui l'a grandement émue. Tous deux se dirigeant de nouveau vers le pavillon pour continuer de parler des heures de leur avenir ensemble.